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Mesures aux déversoirs d'orage

Article · November 2000

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Nathalie Le Nouveau
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Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Mesures aux déversoirs d’orages


Philippe Battaglia, Nathalie Le Nouveau, Rémi Wagner (LRPC de Nancy)

Connaître le fonctionnement des réseaux d’assainissement en temps de pluie permet de répondre à


plusieurs objectifs :
• sur le court terme, optimiser la gestion des systèmes d’assainissement existants pour réduire
globalement les flux de pollution déversés dans le milieu naturel,
• à moyen et long terme, comprendre comment le système d’assainissement collecte et évacue les eaux
de temps de pluie pour optimiser la programmation de l’assainissement, en intégrant le ratio
efficacité/coût et les objectifs pour le maintien ou l’amélioration de la qualité du milieu récepteur.
• respecter les exigences réglementaires ou contractuelles en matière de surveillance des ouvrages de
collecte et de traitement des eaux usées.
À la base, il est donc nécessaire de faire des mesures à des emplacements stratégiques du réseau pour en
comprendre le fonctionnement. Or mesurer en réseau d’assainissement, c’est difficile et cela coûte cher. Le
choix des collecteurs et déversoirs d’orage à équiper pour la mesure doit donc être rationnel par rapport à
des objectifs bien identifiés.
Les mesures peuvent être utilisées telles quelles ou de préférence servir à alimenter un modèle qui
représentera le fonctionnement global du réseau. Un des intérêts majeur de la modélisation est de permettre
une simulation du fonctionnement du système d’assainissement pour une quantité illimitée de pluies, à partir
de données collectées sur quelques points de mesure et pour quelques pluies.
L’objectif de ce dossier est donc de fournir des éléments pour aborder de manière pragmatique la mesure
des débits et la caractérisation des polluants en temps de pluie dans les réseaux d’assainissement unitaires
et en particulier au droit des déversoirs d’orage (D.O.).

1. Le contexte
1.1. Réglementation sur l’autosurveillance
Le contexte réglementaire est défini par les textes d'application de la loi sur l’eau :
− Décret du 3 juin 1994 (assainissement des agglomérations)
− Arrêtés techniques du 22 décembre 1994 (surveillance des ouvrages)
− Recommandations du 12 mai 1995 pour l'application du décret du 3 juin 1994 et des arrêtés du 22
décembre 1994
− Arrêté du 21 juin 1996 pour les petites stations d'épuration
Des contraintes spécifiques peuvent également être imposées dans l'arrêté d'autorisation au titre de la loi
sur l'eau, notamment dans le cas de milieux récepteurs fragiles ou d'usages de l'eau particulièrement
contraignants à l'aval (baignade par exemple).
En règle générale, la référence principale est l’arrêté du 22/12/94 relatif à l’autosurveillance des systèmes
d’assainissement. Trois classes de déversoirs sont différenciées sur le critère de la charge brute de pollution
collectée en temps sec par le tronçon de réseau où l’ouvrage est implanté. Les mesures réglementaires
portent sur les débits déversés au milieu naturel.
− D.O.les plus importants (à l’aval d’un réseau collectant un flux de temps sec supérieur à 600 kg / jour, soit
environ 10 000 eq hab) : mesure des débits en continu et estimation des flux déversés en MES et DCO.
− D.O.intermédiaires (à l’aval d’un réseau collectant un flux de temps sec compris entre 120 et 600 kg / jour,
soit environ 2 000 à 10 000 eq hab) : estimation des périodes de déversement et des débits rejetés.
− Petits D.O. (à l’aval d’un réseau collectant un flux de temps sec inférieur à 120 kg / jour, soit moins de
2 000 eq hab) : pas de contrainte générale en matière de suivi, hors cas particulier (milieu récepteur fragile).
Il faut faire valider la mise en œuvre de l’autosurveillance par le service de police de l’eau, en particulier
lorsqu’il y a mesure sur quelques déversoirs et pour quelques pluies afin de simuler par modélisation le
fonctionnement global du réseau et quantifier les rejets de tous les déversoirs sur une période hydrologique
de référence (une année par exemple) ou des évènements particuliers.
1. 2. Autres objectifs et problèmes rencontrés
La mise en œuvre de l’autosurveillance réglementaire sera dans la mesure du possible conforme aux
cahiers des charges des Agences de l'eau (exigences pouvant être différentes des contraintes
réglementaires).

I
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Les moyens de mesure mis en place doivent aussi permettre d’obtenir les données fiables indispensables
aux études particulières en cours ou à venir (calage de modèle, suivi spécifique, études sur le temps de
pluie).
Les charges polluantes sont évaluées à partir de la mesure des débits et des concentrations de polluants
dans les effluents. En pratique, il sera donc nécessaire de réaliser une mesure quantitative (débit) et une
mesure qualitative (concentration).
Les principales difficultés spécifiques aux mesures sur les eaux de temps de pluie en réseau
d’assainissement unitaire sont de plusieurs natures :
− Précipitations aléatoires, non-prévisibles et non-
reproductibles.
− Écoulements hydrauliques pouvant être très importants
(débit et vitesse) et variables sur de courtes périodes.
− Caractéristiques physico-chimiques variables sur de
courtes périodes au cours d’un événement pluvieux.
− Flux de pollution véhiculés par le réseau
d’assainissement dépendant de nombreux paramètres
(durée de temps sec, caractéristiques de la pluie,
activités humaines, saisons, etc.).
− Ouvrages disséminés sur le réseau, à des
emplacements et dans des configurations rarement Écoulement favorable pour une mesure de débit
prévus pour faire de la mesure dans de bonnes
conditions.

2. Techniques de mesure en continu des débits


2.1. Conditions hydrauliques en réseau d’assainissement unitaire
Les techniques de mesure utilisées sont fortement dépendantes des conditions hydrauliques en réseau :
− Écoulements à surface libre (hors événements exceptionnels).
− Débits et vitesses variables (de l’écoulement nul au régime torrentiel).
− Régime hydraulique variable sur une même station de mesure (fluvial, critique, torrentiel).
− Écoulements souvent hétérogènes (remous, tourbillons, etc.).
− Sites généralement non-prévus pour la mesure (optimum : tronçon rectiligne de pente longitudinale et
section transversale constantes).

Conséquences
La précision que l'on peut attendre des mesures de débits dans
les systèmes d'assainissement (hors station d’épuration) est très
liée aux conditions du site. Ces facteurs sont indépendants des
grandeurs mesurées pour évaluer le débit (hauteur, vitesse).
Pour les capteurs, il faut privilégier les critères de robustesse,
fiabilité et facilité de maintenance. Il n’est pas indispensable
d'investir dans du matériel sophistiqué potentiellement très
précis dans des conditions de laboratoire (< 1 %). Les valeurs
usuelles, entre 1 et 5 % de la mesure sont suffisantes, compte
tenu de l'environnement extérieur et des conditions de mesure. Écoulement torrentiel dans un déversoir d’orage
(ne permet pas de mesurer le débit dans de
2.2. Les méthodes de mesure des débits en continu bonnes conditions, quelle que soit la technique
de mesure)
2.2.1. Limnimétrie
La limnimétrie [Q = f(H)] consiste à évaluer le débit Q à partir d’une mesure de hauteur d’eau h et de la
connaissance de la loi Q = f(h). Il est impératif de pouvoir assimiler à une relation univoque la courbe qui
lie le débit à la hauteur d’eau. En aucun cas, il ne doit y avoir d’influence de l’aval vers l’amont, qui rendrait
inopérante la relation établie entre hauteur d’eau et débit, par exemple remontée de la rivière dans la
conduite ou engorgement d’un collecteur aval. Principaux Capteurs limnimétriques : ultrasons aériens, bulle
à bulle, piézo-réristif et ultrasons immergés.

II
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Limnimètre à ultrasons
aérien dans chenal de
déverse entre le collecteur
d’assainissement et le
milieu récepteur. Mesure
des débits déversés
uniquement

loi Q = f(H)

2000

1800
Loi hauteur-débit en
1600
collecteur circulaire
construite à partir de la 1400

formule de Manning- 1200


Strickler et vérifiée au
Débit

1000
vélocimétre à effet
Doppler (objectif : calage 800 Vérification d’une loi
du coefficient de rugosité 600
théorique
Profil de la hauteur-débit
du tuyau) par
ti une mesure hauteur-
400
vitesse
200

0
0 10 20 30 40 50 60 70

Hauteur

débit loi
2.2.2. Vélocimétrie associée à la limnimétrie.
La vélocimétrie [Q = V X S] consiste à évaluer le débit Q à partir de la vitesse moyenne V de l’écoulement et
de la section mouillée S. La mesure d’une hauteur d’eau h à un instant t par limnimétrie permet de déduire la
section mouillée à ce moment [S = f(h)]. La vitesse moyenne d’écoulement V est généralement déduite
d’une ou plusieurs mesures de vitesses locales v sur une partie de la section mouillée [V = g(v)].

Schéma de fonctionnement Surface libre Particule


d’un vélocimètre à effet
Doppler
La mesure de la vitesse
maximale permet de réduire le
risque d’erreur lors du passage
de la vitesse mesurée à la
vitesse moyenne dans
l’écoulement.
La sonde ci-dessous vue de dessus
n’est pas en condition de
fonctionnement (hauteur d’eau trop Transducteur
faible). On observera les flottants ultrasonore
pris dans les câbles (risque
d’arrachement).

La mesure de hauteur d’eau et le passage de la hauteur à la section


mouillée ne posent pas de difficultés particulières. Par contre, la
mesure de vitesse et la transformation de la vitesse mesurée (v) en
vitesse moyenne sur la section mouillée (V) peuvent être la cause
d’erreurs importantes.

III
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Principaux types de capteurs : ultrasons et effet Doppler, ultrasons et temps de transit, à effet
électromagnétique.
2.2.3. Dilution par un traceur chimique
Cette méthode consiste à injecter un traceur chimique (chlorure de lithium) à débit constant à l’amont puis à
analyser des concentrations à l’aval après mélange pour déduire le débit (calcul du taux de dilution du
traceur). Cette technique est adaptée aux campagnes de mesures sur de courtes durées pour de forts débits
ou sur des sites peu accessibles.

2.3. Critères de choix de la technique de mesure


Pour les équipements permanents, on recherchera systématiquement, ou on aménagera, des
emplacements pour utiliser la limnimétrie par ultrasons aériens : absence de contacts entre le capteur et les
effluents, faible coût, fiabilité, maintenance réduite.
La condition impérative pour l’utilisation de la limnimétrie est l’absence d’influence aval dans l’écoulement
(relation univoque Q=f(h)) pour une large gamme de débits sur la station de mesure. À défaut,
s’orienter vers d’autres dispositifs de mesures, adaptés au site, plus onéreux et nécessitant une
maintenance plus importante.
Préférer systématiquement la limnimétrie à la vélocimétrie lorsque les deux techniques sont envisageables
car la maintenance devient un critère prédominant. Par ailleurs, les vélocimètres à effet Doppler ne sont pas
adaptés pour les écoulements à faible hauteur d’eau (moins de 10 cm environ). Par contre, pour des
campagnes de mesure d’une durée limitée, la vélocimétrie est plus à même de donner des résultats rapides
et exploitables.
Les mesures redondantes (mesure de la même donnée par plusieurs capteurs pendant une durée suffisante
pour couvrir la plus large gamme de l’échelle des débits) permettent de s’assurer de la validité des résultats.
Pour vérifier un dispositif existant, utiliser de préférence une technologie différente de celle déjà en place
(par exemple, contrôler un limnimètre et sa courbe hauteur – débit avec un vélocimètre).
Une campagne de mesure temporaire préalable pourra aider au choix du site d’implantation et de la
technologie à mettre en œuvre pour un dispositif de mesure permanent.

2.4. Critère de choix de l’emplacement d’un site de mesure


On peut distinguer les critères fondamentaux liés aux écoulements, des conditions plus fonctionnelles pour
la pérennité du site et la sécurité des agents de maintenance.
Contraintes hydrauliques : quelle que soit la technique de mesure, choisir l’emplacement des équipements
par rapport à la configuration du site. Si possible, tronçon rectiligne de section et pente constantes pour une
mesure de qualité.
Autres critères : disponibilité des réseaux. Électricité pour l’alimentation des appareils et éventuellement
ligne téléphonique pour les installations permanentes (télétransmission des données vers un PC).
Accessibilité, sécurité, protection contre le vandalisme.
Par rapport aux objectifs assignés, il peut y avoir plusieurs possibilités de choix pour l’implantation de la
station de mesure. L’implantation dans l’écoulement permanent du collecteur principal permet de mesurer le
débit collecté et d’évaluer le débit déversé avec une seule sonde (voir l’exemple 2.5.1). Par contre, mesurer
au droit du seuil de déversement ou bien dans la conduite d’évacuation vers le milieu naturel (voir l’exemple
2.5.2) permet d’évaluer exclusivement le débit déversé, avec généralement une meilleure précision. La
solution optimale, mais aussi la plus coûteuse, est de réaliser les deux mesures.
Attention, le site parfait n’existe pas. Il faut trouver le moins mauvais compromis entre toutes les contraintes.
Le plus souvent, les critères à privilégier sont la facilité de maintenance et la robustesse du matériel. Le
critère « coût d’investissement », usuellement utilisé pour faire les choix d’investissement, est
souvent à l’usage secondaire devant les coût induits par l’utilisation et la maintenance du matériel.
Ne pas hésiter à reprendre le génie civil si nécessaire pour obtenir une mesure permanente fiable,
économique et représentative (concept de la chambre de mesure). S’il y a risque d’influence aval fréquent,
recourir à la vélocimétrie.
Accorder une priorité au critère d’accessibilité et de confort pour les agents de maintenance (par exemple,
l’utilisation d’un vélocimètre immergé dans l’effluent nécessite de nombreuses interventions sur le matériel).

IV
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

2.5. Exemple d’équipements permanents pour la mesure du débit avec un limnimètre à ultrasons
aériens
2.5.1. Mesure du débit dans l’écoulement permanent en amont du seuil (et évaluation des volumes
déversés par l’intercepteur)
Profil de la section

Chambre
déversoir
Intercepteur ∅ 1,20 m
(débit permanent de
temps sec)

Seuil Clapet anti-retour

Rivière

Canal de déverse Capteur U.S


1 m * 0,80 m fixé dans la
(débit de temps de cheminée du
pluie) regard de visite
Le capteur permet la mesure du débit de temps sec dans de bonnes conditions sur l’intercepteur. En temps
de pluie, il y a surverse de l’intercepteur vers le canal de déverse, environ 1,5 m en contrebas. Pour évaluer
le débit déversé en temps de pluie, on utilise une formule de déversement sur les seuils latéraux. En
pratique, les mesures sur ce type de seuil sont peu précises car il y a systématiquement des remous. Il est
impossible de faire des campagnes d’étalonnage dans le collecteur à l’aval du seuil latéral pour construire la
courbe hauteur-débit déversé car des eaux de pluie arrivent aussi de l’amont.
Il serait éventuellement envisageable de réaliser une mesure amont et une mesure aval par rapport au seuil
latéral de l’intercepteur pour en déduire par différence le débit déversé (peu précis).
Le clapet anti-retour est destiné à éviter que la rivière ne pénètre dans le réseau en cas de crue. La mesure
limnimétrique dans le canal de déverse n’est possible qu’à l’aval de ce clapet, ce qui pourrait permettre de
connaître les débits globalement rejetés par le chenal de déverse.
2.5.2. Mesure du débit déversé

Rivière Profil de la section

Chenal de
déverse

Capteur U.S
fixé en voûte

Seuil

Intercepteur ∅ 1 m 40
(débit permanent de temps sec)

0,80 m * 1,30 m

Chenal de déverse
Voûte 2,00 m * 1,80 m
(débit de temps de pluie)

V
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Mesure par limnimétrie des débits rejetés au milieu naturel par le chenal de déverse. La mesure par
limnimétrie est possible parce que le niveau de la rivière est trois mètres plus bas que le fil d’eau du
collecteur. En dehors des crues exceptionnelles qui ne se produisent pas tous les ans et pendant lesquelles
l’évaluation des flux déversés n’a pas d’intérêt car le réseau est inondé et la station d’épuration fermée, la
limnimétrie est opérationnelle (pas d’influence aval de la rivière).
La mesure réalisée permet d’évaluer les débits déversés en rivière par l’ensemble des collecteurs dont le
trop-plein va dans le chenal de déverse, car le réseau maillé est à faible pente, ce qui rend nécessaire un
délestage hydraulique. Ces débits proviennent de l’intercepteur et de l’amont du réseau.
Ce type de mesure est une réponse possible aux préconisations de l’arrêté du 22/12/94 relatif à
l’autosurveillance des principaux déversoirs d’orage.

3. Mesure de la qualité des effluents


Principe : évaluer la concentration de paramètres de pollutions représentatifs des effluents urbains.
Objectifs : mesurer les concentrations instantanées dans les effluents à pas de temps fixes ou variables
pour en connaître la variabilité. Utilisées avec les données relatives aux débits, permet le calcul de flux de
pollution et la réalisation de pollutogrammes (courbe d’évolution de la pollution transportée ou déversée par
unité de temps). Ce type de donnée est très utile pour comprendre le fonctionnement du réseau
d’assainissement et le cas échéant optimiser les ouvrages à réaliser pour traiter le pollution de temps de
pluie qui transite dans le réseau d’assainissement.
3.1. Les paramètres usuels représentatifs de la pollution urbaine
− Matières organiques : généralement évaluées à partir de la demande chimique en oxygène (DCO) et de
la demande biochimique en oxygène à cinq jours (DBO5). La DBO5 (sous forme dissoute et particulaire) est
le paramètre qui permet de quantifier la « charge brute de pollution organique » définie dans les textes
réglementaires (décret du 3/06/94 et arrêtés du 22/12/94).
Matières oxydables (MO) : mesure utilisée par les Agences de l’eau pour quantifier la quantité de matières
organique contenue dans des eaux.
DCOad 2 + 2 * DBO5 ad 2
MO =
3
Les valeurs ad2 sont mesurées sur des échantillons après décantation pendant deux heures.
Unité de mesure : mg O2/l, c’est à dire la quantité d’oxygène dissous consommée pour dégrader les
matières organiques. Impacts : sur la teneur en oxygène dissous dans le milieu récepteur qui conditionne la
vie des organismes vivants (poissons, macroinvertébrés, etc.).
− Matières décantables : matières en suspension (MES). Caractérise la forme particulaire donc décantable
de la pollution. Impacts : colmatage éventuel des fonds dans les milieux récepteurs. Une grande partie de la
pollution de temps de pluie et des substances indésirables sont adsorbées sur les fines (petites MES).
− Nutriments : azote et phosphore. Présents sous différentes formes, essentiellement dissoutes. Impacts :
principaux facteurs de l’eutrophisation et risque de toxicité aiguë avec l’azote ammoniacal.
− Substances indésirables : métaux, hydrocarbures et composés divers dangereux à de très faibles
concentrations (micropolluants). Toxicité à long terme généralement due à la bioaccumulation dans les
organismes.

3.2. Moyens techniques disponibles


3.2.1 Préleveur échantillonneur multiflacons
Réalise de manière autonome et programmable des prélèvements dans les eaux. Permet de constituer de
un à 24 échantillons qui peuvent ensuite être analysés en laboratoire par des méthodes normalisées.
Exemple d’utilisation : mesure temporaire des concentrations de polluants dans les eaux rejetées par les
déversoirs d'orage pour évaluer les flux déversés et réaliser des pollutogrammes des déversements:
Préleveur échantillonneur 24 flacons autonome posé dans un regard. Déclenchement à partir d’un
limnimètre à ultrasons aérien pour une hauteur d’eau supérieure à 5 cm dans le déversoir. Prélèvements à
pas de temps variable (3 minutes au début du déversement puis toutes les 6 minutes par exemple).

VI
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

Préleveur échantillonneur multi flacons installé


dans un regard au-dessus du collecteur aval
déversoir d’orage (appareil ouvert).
L’exploitation des données collectées par limnimétrie+
prélèvements analysés permet de construire des
pollutogrammes de temps de pluie (buts : connaissance
des flux rejetés par temps de pluie + optimisation de la
gestion du réseau + stratégie de traitement de la pollution
pluviale). Fourniture des éléments réglementaires au
service de police sur les déversements de temps de pluie
(caractéristiques de la pluie, flux et volumes déversés).
Pour une installation provisoire, utiliser le tuyau du
préleveur fixé avec des colliers de serrage. Attention aux
flottants. Crépine inutile.

3.2.2. Méthodes alternatives et automatisées de mesure en continu (capteurs spécifiques)


Résultats disponibles en temps réel (quelques secondes à quelques minutes après la mesure), ce qui peut
en faire un outil de gestion. Exemple : turbidimètre pour évaluer les concentrations en DCO ou en MES et
analyseurs spécifiques (ammonium, hydrocarbures, etc.). Problèmes : coût et complexité de la maintenance
pour les capteurs spécifiques.

3.3. Critères de choix


Il n’existe pas de matériel universel adapté à tout besoin. Chaque technique de mesure présente des
avantages et inconvénients. Une réflexion préalable sur les besoins (quelle mesure et pour quel usage)
permet d’orienter utilement les choix.
Aspect économique : essayer d’évaluer la notion de coût global, qui comprend l’investissement initial, la
maintenance, les réactifs, les analyses, le temps passé, etc. Le coût d’achat du matériel est généralement
marginal par rapport au temps passé pour faire fonctionner les dispositifs, valider et exploiter les données.

Préleveur échantillonneur Méthodes alternatives et automatisées


de mesure en continu
− Permet de réaliser les analyses réglementaires ou − Outil de gestion des ouvrages en temps réel
contractuelles sur tout type de paramètres − Mesures permanentes en réseau
− Fiable et autonome − Coût faible pour de grandes séries de mesures
− Beaucoup de maintenance − Fiabilité pas toujours bonne
− Nécessité de récupérer les échantillons immédiatement − Maintenance importante
après la pluie (conservation au frais) et commencer les − Attention à la dérive de la mesure
analyses les plus vite possible
− À réserver pour des campagnes de mesures ponctuelles
et pour corréler ou vérifier la mesure en continu

4. Éléments de coût
La mesure est une activité coûteuse, en matériel et en temps. Les opérations de maintenance des dispositifs
puis de collecte, validation, mise en forme et exploitation des données sont longues et répétitives. Les
éléments de coût donnés ci-après sont un ordre de grandeur. En particulier en ce qui concerne le temps
passé, les variations d’un site à un autre peuvent être importantes.
4.1. Prix d’achat
Matériel Ordre de grandeur du prix d’achat (en KF hors taxes)
Limnimètre à ultrasons aérien 5 à 15
Limnimètre à mesure de pression 3 à 10
Vélocimètre à effet Doppler (avec mesure de hauteur) 30 à 50
Vélocimètre à ultrasons et temps de transit 100 à 200
Préleveur non-réfrigéré 20 à 30
Préleveur réfrigéré Environ 50
Centrale d’acquisition de données 2 à 10
Satellite d’acquisition et de télétransmission de données 10 à 20

VII
Dossier technique de l'écho de l'eau numéro 9 – novembre 2000

4.2. Installation et maintenance


Les conditions de travail en réseau d’assainissement sont pénibles et dangereuses. Même pour des tâches
usuelles, le temps passé sera supérieur à la réalisation d’un même travail dans des conditions normales.
Respecter impérativement les consignes de sécurité (chutes, gaz toxiques, etc.). En principe, descendre
dans le réseau à deux avec une troisième personne qui reste en surface.
Le coût d’installation est au moins égal, voire supérieur au prix d’achat du matériel. L’installation d’un point
de mesure permanent des débits, y compris vérification, test et étalonnage, va coûter au minimum 50 KF.
Beaucoup plus s’il est nécessaire d’entreprendre des travaux de génie civil pour installer les capteurs ou
améliorer les conditions de mesure.
La maintenance peut être évaluée en temps passé.
Pour un limnimètre à ultrasons aérien, la maintenance est réduite. Une vérification de la mesure tous les six
mois environ et une visite de contrôle après les événements pluvieux importants sont généralement
suffisantes.
Pour un vélocimètre à effet Doppler, une maintenance hebdomadaire ou bihebdomadaire (au minimum
nettoyage) est indispensable car les biofilms qui se forment sur le sabot génèrent une dérive de la mesure.
Un étalonnage trimestriel au banc d’essai est justifié, pour vérifier la mesure de hauteur et de vitesse dans
un écoulement de caractéristiques connues.

4.3. Validation et exploitation des données


Pour collecter puis exploiter les mesures, deux approches sont possibles :
− Enregistrer les données au niveau local, sur les déversoirs
Un micro ordinateur portable sera nécessaire pour aller collecter les données sur le terrain. Au bureau, un
poste fixe et une imprimante serviront pour la sauvegarde, la validation et la mise en forme des données.
− Enregistrer les données au niveau local, sur les déversoirs et télétransmettre vers le poste fixe via
une liaison téléphonique
Pour faire face aux impondérables, il y a donc double stockage des données. Au niveau local avec
écrasement automatique des données anciennes et au niveau central, sur des capacités mémoire
importantes.
Ce type d’architecture peut permettre de disposer de l’information en temps réel pour, le cas échéant, piloter
des capteurs ou gérer des ouvrages tels que des vannes mobiles ou des bassins de stockage.
Les mesures seront validées le plus tôt possible et mises en forme pour être exploitées sous forme de bilans
annuels ou descriptifs sur des événements caractéristiques (orage d’été par exemple).

Pour en savoir plus


Bibliographie
Guide de l’autosurveillance des systèmes d’assainissement. Étude inter-agences n° 50. Agences de
l’eau, 1996.
Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement. Coordonnateur : B. CHOCAT. Éditions
Tec et Doc, Lavoisier, 1997.
Mesures en hydrologie urbaine et assainissement. J.-L. Bertrand-Krajewski, D. Laplace, C. Joannis, G.
Chebbo. Éditions Tec et Doc, Lavoisier, 2000

Contact
CETE de l’Est/LRPC de Nancy
Philippe Battaglia, Nathalie Le Nouveau et Rémi Wagner
tél. : 03.83.18.41.41

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