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Chapitre 12 La dictature de Primo de Rivera L/AccESSION au pouvoir de Primo de Rivera en Espagne n’a rien d'un phénoméne exceptionnel dans l'Europe de lentre-deux-guerres : Pais et Gomes au Portugal (1917 et 1926), Pangalos en Gréce (1926), Averescu en Roumanie (1920) ou Pilsudski en Pologne (1926) entre autres. Le primorivérisme ne fut pas un régime militariste au sens oi i] n’exerga pas une politique agressive impérialiste et n'en- tendait pas convertir la société a l'image de larmée. Son objectif était de sauver Tordre public et de doter le régime qui manquait de légitimité constitutionnelle un appui sti. Il sinscrit donc dans la famille des régimes « gardiens » d'un ordre ancien, davantage que dans celle des régimes promoteurs d'un ordre nouveau. Pour autant, la question de la nature du régime dictatorial n’a cessé d’alimen- terdes querelles. Les historiographies libérales et marxistes ont beaucoup insisté sur le caractére prémonitoire d’une expérience censée annoncer la victoire du franquisme. Le primorivérisme n’aurait été qu'un pré-fascisme. Au contraire, les tendances actuelles de lhistoriographie insistent sur les précédents de la dicta- ture et s‘efforcent de replacer le phénoméne dans la lignée des efforts régénéra- tionnistes qui caractérisent la vie politique espagnole depuis 1898. On insiste désormais sur le fait que ce régime ne fut pas transitionnel et ne se pensa pas ainsi: a Yinverse, il ne cessa d'envisager la perspective de son institutionnalisa- tion. On retrouve également au coeur du régime lidée d'une révolution « par le it » qui conduirait I'Etat 4 se renforcer. La modernisation 4 marche forcée de ‘Société et de la vie politique accompagna donc la croissance d'un Etat encore faible a la fin des années 1910. Si dans un premier temps, le Directoire mili- ‘aire tenta une politique régénérationniste ’assainissement, le régime opéra un it en 1926, Soucieux d’organiser sa pérennité au pouvoir, il tenta alors de une nouvelle forme de légalité appuyée sur une large base sociale. «chirurgie de fer » au pouvoir le 15 septembre 1923, Primo de Rivera forme un Directoire militaire de généraux, un par corps darmée et un par région militaire. La veille, 144 A Histoire de I’Espagne contemporaine de 1808 a nos jours avait chargé de constituer un gouvernement. Une fois les Coy, ae Eee ectectida position d’arbitre entre les ditfrente familles militaires qui Tavaient appuyé mais la rupture de ce fragile équijiy pouvait tout moment entrainer la réaction violente de l'un ou de autre &rOUupe i Regen pronunciamiento réussi de histoire: contemporaine de TEs fut accueilli avec une certaine indifférence. Les élites régénérationnistes Sélo. gnérent prudemment alors que les républicains voyaient dans le coup d'figtj, prélude du naufrage de la monarchie. En fait, tous pariaient sur le caractare tran, sitoire du régime, allant jusqu’A manifester de Tenthousiasme Pour les mesures « chirurgicales » promises. Un moment, la Lliga pensa que la dictature accor. derait le statut quielle avait été incapable d'obtenir lors de la campagne pour lautonomie politique de 1919. L’Eglise vit également dans Primo de Rivera son homme providentiel. La Chambre de commerce et d'industrie de Catalogne aing, que l'Institut Agricole de Sant Isidre saluérent le pouvoir autoritaire, ainsi que la majorité des associations patronales. Du cété des oppositions, la divergence de réaction fut totale : si les groupes communistes et anarchistes en appelaient a la révolution, le PSOE et le syndicat UGT hésitérent entre résistance et collabora. tion. Le Directoire se rangea lentement a une forme de normalité dans Texercice du pouvoir : les domaines ministériels furent progressivement distribués aux membres qui, de fait en juin 1924, slevaient a la catégorie de ministres. En décembre 1925, un gouvernement civil remplaca le Directoire militaire, Mais uvernement sans Cortés se trouvait libre de tout pouvoir de contréle, La de lordre public incomba totalement & Tarmée qui exergait une tutelle autorités civiles : la répression qui s‘abattit alors multiplia les obstacles & des libertés individuelles et collectives fondatrices du libéralisme, ¢ instaura un régime d’exception permanent. set de circulaires plut sur Espagne : le 14 septembre 1923, re ; le 18 septembre, la traduction des délits contre la i -vant les tribunaux militaires ; le 25, la primauté délits contre la sécurité extérieure, Le gel de te liberté d’expression : une stricte censure nt toute critique du gouvernement, apolo- ncernant des gréves et altérations 4 lordre es de subsistance ou les affaires marocaines. ‘suspension pure et simple des organes de e sure ne Parvint cependant pas a exet- régimes totalitaires. Il réussit toutefois® "NS qui passérent de 41 a 16 en 1930.14 loppa donc dans la presse étrange!e bolie. Le secret postal fut violé. Les conf + ¥ compris les déportations. On 2 © de la justice civile : en particulier, la F aux gréves et celle du délit dattentat stent La dictature de Primo de Rivera ¥ 145 onne constituée en autorité. Les deux responsables iti ie arse 4 Barcelone, Martinez Anido et ASTER furent ae . ee He Froparel de pepe ssion ce foul Espagne. Le gouvernement pouvait décider rarrestations, dexil, d'expulsions des étrangers sans aucun contréle judiciaire dip mitarisation des moyens du contréle social naboutit paradoxalernent a june amélioration objective de la situation de lordre public. Cest pourquoi Podictature opta pour un durcissement des mesures répressives ala fin de 1928 : jeRoi accepta la formation d'un Tribunal spécial lié au ministére de Mntérieur et résidé par un militaire. De méme, Tépuration de l'administration et les ferme- fures dentités et d’associations critiques vis-a-vis du régime se multiplidrent. Ces mesures visaient & retarder la question de la crise de la dictature et derriére elle, ‘elle de la responsabilité du monarque. ‘Au début, la dictature affirma que son principal objectif était la destruction du caciquisme et la lutte contre la corruption. Le « nettoyage » de l'adminis- tration locale, provinciale et nationale, la dissolution des conseils municipaux, Ja substitution des gouverneurs civils par des militaires, la lutte contre labsen- téisme au travail dans la fonction publique permirent un développement notable de I'tat et accentuérent la centralisation. Mais, le régime ne parvint pas a inquiéter longtemps le caciquisme qui continua a exercer une tutelle sur I'Etat par d'autres moyens. Sous couvert de mesures cosmétiques & caractére discipli- | naire, le régime livra surtout l’Etat & des groupes bureaucratiques de pression, tout particuliérement l'armée. Une politique réformatrice tous azimuts A partir de 1924, le régénérationnisme militariste et répressif cessa d’étre la prio- Tité de Primo de Rivera : il s'attela alors 4 tenter de résoudre les problémes qui avaient justifié le coup d’Etat « salvateur » : la question militaire, la réforme de lenseignement, les relations entre I’Etat et lEglise, le probléme catalaniste, la question marocaine et la politique extérieure. A partir du printemps 1925, Primo de Rivera fut clairement favorable a linter- Yentionnisme colonial, I] fallait trouver un compromis dans la difficile question ascensions de carriére, par ancienneté comme le souhaitaient les juntistes ©u par métite comme le voulaient les africanistes. La loi de 1918 favorisa les Premiers. La dictature concentra dans les mains de Primo le pouvoir de promou- Woit ou d’écarter les officiers, ce qui provoqua la prise de distance dun certain Tombre de généraux, Les corps d’armée des Ingénieurs, de la Santé et surtout delArtillerie devinrent alors des foyers de conspiration. Des tentatives avortées de rébellion aboutirent en 1926 A la fermeture de !Académie de Ségovie et a la “Uspension des emplois et des privileges de 1 200 officiers dartillerie. Au cours des années suivantes, les artilleurs participérent aux complots ourdis contre la Cin Rel ot Yalene mde 50, : i istes 4 partir de la 5 lendatae etn ent eee Se a détre source de ¥ la Pa du Maroc, le régime entreprit de diminuer 146 A Histoire de I’Espagne contemporaine de 1808 a nos jours Je budget militaire et le volume des forces (— 30 %). Le processus de. Profession. nalisation s’accentua en 1928 par la création de Académie générale militaire de Saragosse, confiée au général Franco. Dans la lignée régénérationniste, enseignement était une priorité du régime dictatorial. Lanalphabétisme qui sélevait & 52 % de la population devint ung affaire et connut une diminution d’environ 9 % entre 1920 et 1930. Lnstruction publique occupait a peine 6 % du budget général de Etat (contre 12 % A Tarmée et 8% au Maroc) A une époque ott au Royaume-Uni elle en occupait plus de 10% et presque 20 % en Suisse ! Les frais consacrés & l'éducation crurent de 58 % et 8000 nouvelles écoles furent construites. L’effort porta principalement sur lécole primaire. En Espagne, l'enseignement public était majoritaire sur le secteur priyg (860 000 contre 640 000 éléves respectivement) mais le systéme était loin détre unifié : 4 cdté des écoles de I’Etat existaient des écoles municipales (a Barcelone en particulier) et des écoles privées non religieuses. Si le nombre d’enfants scola- risés augmenta de 23 % entre 1924 et 1930, cela ne compensa pas la forte crois- sance démographique du pays. De plus, le nombre de maitres était clairement F sant, Dans le méme temps, le nombre d’éleves du secondaire augmenta de essentiellement au bénéfice de lenseignement des congrégations qui régime se contenta d'une réforme du bacca- des matiéres scientifiques et techniques e historique dans la formation des élites, passa de 19 000 en 1922 a presque seule 30 % des étudiants espagnols, ce La dictature de Primo de Rivera y 147 jcatalaniste de 'Etat. En 1928, lépiscopat régional oat egalen dans la liturgie. Le Vatican se Bape ala See dict change, Primo de Rivera combattit la lacité et la liberté de culte. Dare kee rovince, des juntes citoyennes composées du gouvemeur evi duce militaire, du président de 'Audience, du président de l'Union patie ne és ecclésiastiques veillaient & la moralisation de la société par Tate e manifestations publiques, d'interdictions du Carnaval ou de la défense ica religieuses. Toutefois, une certaine distance s’établit entre le régime et IE; = des 1929, quand opinion publique assimila cette dernigre & lun des piles de Ia conservation de ordre politique et social. Au cours des années 193, VEglise cher sa compromission. f LaLliga déchanta rapidement devant le tournant centralis des la fin de l'année 1923. Le décret contre le « Panett au 18 ee 1923 élargissait en effet la portée de la loi de juridiction de 1906, Lusage des insignes catalanistes était formellement prohibé : la Senyera, Phymne de Els Segadors, Vusage du catalan dans la vie officielle, la limitation des réunions de sardanistes (1925), la persécution de prestigieuses entités culturelles comme YAteneu barcelonés, VAssociacié protectora de lensenyanca catalana, les Jeux Hloraux. Dés septembre 1923, 28 centres nationalistes furent fermés parmi lesquels figuraient Accié catalana et le CADCI (Centre autonomista de depen- dents del comer¢ i de la industria). Des dizaines de curés furent également déte- nus, La persécution provoqua un mouvement de solidarité de la part de 117 intellectuels castillans qui signérent en mars 1924 un manifeste et une exposition sur le livre catalan 4 Madrid & la fin de 1927. La démission de la Mancomunitat de Catalunya présidée par l'architecte Josep Puig i Cadafalch, en décembre 1923, aboutit @ une liquidation de fait le 20 mars 1924. Cette politique anticatalaniste engendra de spectaculaires protestations comme les sifflets que les partisans du Barca infligerent I'hymne national espa- gnol lors d’une rencontre sportive en juin 1925. En réalité, le démantélement du tissu associatif et institutionnel catalaniste échoua en grande partie. Aprés léchec dela tentative d'invasion du territoire catalan depuis Prats de Mollo par les parti- Sans armés de Francesc 26, les organisations catalanistes internatio- Pe - ec oe ieeatien culturelle provogua finalement a proscription les initiatives privées, relayée par le Lattitude du clergé fut capitale dans la ” ation de cette culture de résistance oi lintellectuel était appelé a jouer un directeur ie la politique extérieure de feet aon Conse fut fondé a partir ae snnait la politique de protectorat. irent le combat au début de 1924, les troupes places, wveraineté, établis- giles places ge de retralt du Rit 148 A Histoire de l’Espagne contemporaine de 1808 a nos jours Primo ». Les Frangais, qui se retrouvaient 4 découvert, firent pression Pour que les armées collaborent en vue de contenir Ioffensive rifaine. Aprés la Visite qj dictateur & Paris et la venue de Pétain 4 Madrid, une convention militaire franey, espagnole fut signée en juillet 1925 qui hata la préparation du débarquemen, dans la baie d’Alhucemas, le 8 septembre. Abd-el-Krim se rendit le 27 maj 1926, L¥spagne controlait alors pour la premiere fois Yensemble de la cdte marocainy jusqu’a Tanger. onplleiny La campagne coloniale de 1925-1926 précipita linstitutionnalisation dy régime. Elle permit de nombreuses promotions comme celles des officiers Sanjurjo, Franco, Goded et Mola. Pour Primo de Rivera, la victoire était looca, sion de réaffirmer la présence de Espagne sur le plan international : il fit pres. sion pour que I'Espagne devienne membre permanent du Conseil de la Société des Nations. Les résistances franco-britanniques rapprochérent Primo de Mussolini : la signature d'un traité commercial, la visite d’Alphonse XIII en Italie puis le voyage du roi d'Italie en Espagne en juin 1924 scellérent cette entente, En aout 1926, Espagne et I'talie signérent un traité damitié. A cette méme époque, en mars 1926, le coup d’Etat du général Gomes da Costa au Portugal ouvrit des ectives de collaboration avec ce régime autoritaire. Enfin, Primo développa spano-américanisme le plus conservateur, faisant du 12 Octobre, anniversaire écouverte de Amérique par Colomb, l'une des grandes cérémonies de la we « de la Raza », la féte de la Race, visait & établir une sorte de e les nations américaines. C’est également la poursuite du sa Primo de Rivera & offrir aux Hispano-juifs des Balkans soudre les 9 254 municipa- le droit de nommer les maires avant 1917. Pour le reste, les « tiers au suffrage universel au des délégués des associations ent une réforme de fond de "Calvo Sotelo en vue d’accroitre 1 sans que celles-ci ne $2¢- a cial, la loi de 1925 entre- alisme « par le haut », mais sans ide fait, elle faisait des déput™ 1925, Il sagissait de consacret La dictature de Primo de Rivera ¥ 149 ja nouv — fonction eek eis réunie en octobre 1927 ouvrait la yoie @ Ja liquidat Parlementaire et 4 la mise en place d'un ime autoritaire stable. Elle se composait de 300 députés élus au suffra e universel et de 150 députés Teprésentants des entités et corporations ase désignés par le gouvernement. La troisiéme catégorie de Parlementaires était les représentants de I'Etat (haute administration, Eglise, armée, Justice), également choisis par Primo, et qui finirent par représenter 30 % du total. Cette assemblée fat la premiére chambre corporative de Europe dentre-deux-guerres Lune des premieres taches de la nouvelle assemblée fut de concevoir une constitution fondée sur quelques principes intangibles : la centralisation admi- nistrative, le renforcement de l'autorité de I’Etat, Tofficialité du catholicisme et Yorganisation corporatiste de la société et Par conséquent, de la représentation politique. Lavant-projet publié en juillet 1929 Teprenait le schéma des consti- tutions modérées du xIX* siecle en niant notamment le Principe de la souverai- neté populaire. Le pouvoir du Roi était renforcé comme unique chef de lexécutif, Le gouvernement n’était pas responsable devant les Cortés unicamérales mais devant le monarque. La piéce maitresse de la constitution était le Conseil du royaume, comparable au Grand conseil fasciste en Italie, dont la moitié des membres était inamovible et désignée par le Roi. Loin de limiter le pouvoir royal, cet organe canalisait l'action politique et se substituait finalement aux Cortés en matiére constitutionnelle, électorale, législative et judiciaire. Si le texte recon- naissait les libertés fondamentales, y compris la gréve, il laissait toute latitude au gouvernement pour les suspendre autant de fois que nécessaire. La liberté de conscience ne garantissait pas la liberté de culte public et le confessionnalisme del Etat était renforcé. Ces intentions rencontrérent la ferme opposition de la gauche démocratique. Véchec de Yavant-projet laissait le régime dictatorial au milieu du gué de son institutionnalisation. Lenjeu principal résida alors dans la capacité du régime a encadrer lexpression politique de secteurs sociaux en pleine ascension. II était Rotamment essentiel d’installer Etat dans un réle d’arbitre des conflits sociaux, <@ que Primo de Rivera entreprit dés avril 1924 en sattaquant a la legislation du travail. La mise en place de comités paritaires douvriers et de patrons visait ‘ Ghborer une timide législation sociale. Mais en Espagne, on ne recourut pas en Italie & la substitution des syndicats de classe par la bureaucratie ~ Le dictateur eut pour ambition dattirer I'UGT, le syndicat aaa afin de la « nationaliser » et de la changer en un organe de Beaton cae 7 | Tentée par laventure, !UGT contréla 60 % des délégués ouvriers PN oaceercaszersteeenmencanitoe ete ‘COmités paritai 1926 & !Organisation nationale corpo ‘Paritaires et donna naissance en a vvingt-sept corpo- (ONC), Une loi de 1926 divisait !économie espagnole en e § ité A part, en mai 1928. Le de régulation. Le cas du travail agricole fut trait i ent indis=y i, S¥stéme connut un relatif succés dans les zones aneois ce fasttalre’ i les PME : en 1929, il existait Meese 000 travailleurs et 100 000 chefs dentreprise, ce q) pinta Atlas certain que !ONC contribua 4 ; des ouvriers espagnols. I est 150 A Histoire de Espagne contemporaine de 1808 a nos jours pacifier les relations du travail puisqu’en 1929, elle dénoua un quart des gréveg Mais la dégradation de la situation économique & partir de 1927 fragilisa ce, acquis. De plus, le patronat, notamment les industriels catalans et les syndicats catholiques, finirent par s'inquiéter d’un relatif succés qui leur faisait de Tombre, Pour les intéréts conservateurs, le paternalisme développé par Primo de Rivera remettait en question leur domination sociale. La voie de !ONC, & mi-chemin entre le syndicalisme démocratique et le syndicalisme unique des pays total. taires, tenta de dessiner une troisitme voie entre libéralisme et socialisme, en vain. Des soutiens sociaux de masse ? Deux outils importants de lencadrement social furent le Somatén et Union patriotique. Dés les premiers jours de la dictature s‘imposa lidée de créer une milice sur le modéle catalan afin de libérer l'armée de la fonction répressive qui lui était dévolue sous la Restauration. Le modéle des Somatenes nationaux avait co 1919 & Barcelone un renouyeau qui rappelait la naissance du mouve- x en Italie 4 la méme époque. Mais la comparaison avec les rréte 18 ; en Espagne, il s‘agit de milices d’ordre d’origine farmée. Une autre différence notable est le réle que ion chargée de veiller au maintien dun s la banniére de la Vierge de Montserrat, les masses conservatrices de classe ion interclassiste qu'il prétendait é d il devint un tremplin in: > nombre d’affiliés passa de 140000 les secteurs libéraux-conserva- atén fut victime de son succes is les campagnes, les caciques utonome qui leur échappait. Il le police ou lorganisateur de on patriotique, une organisation ropagande auprés de la popu- ‘iale. Le mouvement trouva so" Partido somatenista esparol) & n novembre 1923 sous la houlette de La dictature de Primo de Rivera ¥ 151 i unique comparable & ceux des régimes facci pepe nie era ete dts cite de sment, elle fonda la rénovation du nationalisme eqn, Finatjtarisme, du catholicisme, du monarchisme, dar ian-imelletualisme ialement, 'UP fut unestructure de pror cialed’ sox pe rdeiacace eae enocalad hommesnouveaux, Espagne. Lapport des élites catholiques AT'UP fut capital sree ee de la naissance de la CEDA au cours de la Seconde Républigns Mn eet en juillet aa au ee million d’adhérents qui mateo: 700 000 en décembre 1929. Malgré ce recul reflétant 6volution dune onanies, tion qui tendait 4 devenir une simple agence de Propagande de Ce ilnempéche quelle = une école pour lantilibéralisme de la décennie suivante, Les organisations de masse au service de la di: ¥ , Kins fore de Ia poitisation et de la nationalisation see ot ence VEspagne ure des modes de propagande et des rituels de mobilisation ined een gue d . t s de mobilisation inédits. La multi- plication des actes patriotiques & coup de défilés spectaculaires et d’activités folkloriques toucha les jeunes et les femmes. Des célébrations comme la féte de la Race, 'hommage aux troupes d'Afrique, la bénédiction des drapeaux du Somatén oula féte de larbre devinrent le quotidien d'une vaste pédagogie nationaliste qui visait a forger un citoyen exemplaire. La jeunesse fut naturellement la cible privi- Kegiée de ces efforts : service national d’éducation civique, éducation politique dun jeune citoyen-soldat, organisations d’encadrement des loisirs, promotion Pour la premiére fois d'un livre scolaire unifié d'histoire, etc. atmosphere dexal- tation Patriotique éleva toute une génération de jeunes Espagnols dans la haine des nationalismes périphériques. De plus, le primorivérisme élabora les outils ppanlgues paticnalises dont le franquisme semparerait avec tant de facilité & s années 1930. » en dépit des efforts ‘man ou José Pemartin. agnol autour des valeurs de Tanticommunisme et de La montée des oppositions et la chute de la dictature Heteport sine die du retour a la normalité constitutionnelle explique apparition fag AtBe éventail doppositions allant du réformisme au rupturisme radical. Au et mesure qu’Alphonse XIII renoncait a son réle darbitre, les vieux partis Uegitimi se détournérent de la monarchie, sapant par 1a méme leur propre i Lintention annoncée par le dictateur d'institutionnaliser le régime en [Petembre 1926 finit de rompre les liens entre ancien constitutionnalisme de ‘ERestauration et le régime, Un manifeste du conservateur Sanchez. Guerra alla remettre en cause la légitimité d’un Roi qui violait le pacte avec la Poursuivi par les républicains réformistes de construire la démocra- de la ee aa ‘désormais dérisoire. Manuel Azania, Appel la République » lancé en mai 1924, constitua le noyau d’Accién 152 A Histoire de Espagne contemporaine de 1808 4 nos jours republicana qui visait & refonder l'dée républicaine en appelant une noyyey génération d’hommes politiques non compromis avec la Restauration. Ce réy. blicanisme progressiste, volontiers ouvert aux problémes sociaux, se y4, aux débuts de 1926 dans I’Alliance républicaine qui proposait la Convocation, de Cortés constitutionnelles élues au suffrage universel. 450 centres répypj_ cains rejoignirent cette mosaique de forces hétérogénes. Lorsque la dictature sy décomposa, I'Alliance devint Union républicain: Sous la dictature, le socialisme donna la priorité & la défense des droits sociaux sur celle des droits démocratiques. Le PSOE et !UGT furent tentés Par une forme de collaboration avec la dictature. Aprés avoir souffert la perte de 45 000 militants suite a la défection communiste, les socialistes profitérent de cet apolitisme :'UGT gagna 10% d'adhérents (elle en comptait 235 000 en 1928) “et le PSOE 17 % (il en comptait 12 750 en 1929 la moitié en Andalousie et en Castille). Les régions industrielles du Pays Basque, de Catalogne et des Asturies n suivi le mouvement et derriére Indalecio Prieto, une faction conti- -4 la dictature C’est seulement en octobre 1927 que les socialistes e avec la dictature aprés que les ouvriers des Asturies aient rébellion. Ceci les conduisit 4 souscrire en octobre 1930 au en qui unit toutes les oppositions. ront commun antidictatorial n’écartait pas les partisans de 2s, communistes, nationalistes. Ils furent les cibles pri it Barcelone oi les traditions anarchistes et nati dience importante. Il y eut des tentatives d’'union mment solides pour constituer un front insur- ‘le régime en place. La CNT se divisa entre une aile insurrectionnelle derriére Angel Pestafa sta ibérica), constituée en juillet 1927 a Valence, ons conjointes avec Estat catala échouérent en FAI pour la conspiration n’entrait pas nécessaire- spositions révolutionnaires des secteurs anarchistes nnels, plus enclins a la rébellion communale messia- expliquent en grande partie attitude ambigué lique. était la seule voie possible lemporta au sein de ia. Un Comité séparatiste catalan constitué 4 jots (escadrons). En avril 1924, Macia tent nationalistes sur la base d'un pacte fédéral de la CNT. En octobre 1926, Vinvasion de ‘le point culminant de cette stratégie ris0"s" -dune gréve générale et d'une insurrection inte ensuivit Paris offrit une tribune politique inespe™* -alors en une épopée épique dirigée par celul qu" pere en catalan). En mars 1931, Macia fondalt ‘et proposa une ample coalition catalaniste a aux élections municipales davril 1931! lisme conservateur de la Lliga. ‘unit La dictature de Primo de Rivera ¥ 153 mme en Catalogne, le nationalisme autonomiste et conservateur du Pays we fut beaucoup moins réprimé que son aile gauche et radicale : la CNV (eePNV) reeta le séparatisme ot le syndicat ELA participa aux Comités pari- Les Aberri, eux, se réfugiérent dans la voie insurrectionnelle derrigre Gallastegui mais les nationalistes basques ne participérent pas au pacte de Saint- sébastien. En Galice, les Irmandades da Fala réapparurent a partir de 1928 et fonderent en mars 1930 V’Organizacién republicana galega auténoma (ORGA). I faut attendre décembre 1931 pour que naisse le Partido galeguista, Enfin, si la dictature ne manquait pas une occasion d’évoquer le danger du polchevisme, la menace était infondée vue la faiblesse interne du PCE, soumis, comme dautres partis communistes, un processus de bolchevisation forcé. La nouvelle direction qui vit le jour en 1924 a Barcelone conduisait un groupuscule a peine 300 militants. Des vagues d’arrestations en 1927 et 1928 réduisirent le i A néant et sa participation & la chute de la dictature fut nulle. Finalement, c'est aussi bien au sein des institutions mémes de l’Etat que wiyait venir le danger d'une déstabilisation du régime dictatorial. Le proces que Primo fit tenir contre le général Berenguer, le responsable ¢’Annual, créa un malaise persistant dés 1923. Des chefs de l'armée contactérent d’anciens hommes politiques libéraux pour « sauver » le Roi d'une dictature qui durait trop : alliés 4 Romanones, ils se rassemblérent sous le slogan « ni réaction, ni révolution : Monarchie et régime parlementaire ». A la fin de 1925, le colonel Segundo Garcia dirigeait un Comité militaire révolutionnaire 4 Madrid qui visait un pronuncia- miento sur cette base. Le 18 mai 1926, le complot de « la Sanjuanada » échoua rapidement et scella l'avenir de ce type d'initiative. A partir de 1926, Sanchez Guerra s‘imposa comme la figure de lopposition conservatrice. Il siopposa & l'Assemblée consultative qui devait conduire au plébiscite de septembre 1927 et mena depuis Paris un projet de convocation des Cortés constituantes pour redéfinir la place de la Couronne. Un accord fragile avec les autres oppositions en exil fut néanmoins signé en janvier 1929 mais l'échec du soulévement militaire de la garnison de Valence mit fin au pepe Malgré l'échec, la rébellion sonna pour opinion publique le glas de ictature, Le Roi siinquiétait des tentatives d’élaboration d'une nouvelle constitution : ‘lcherchait @ s'appuyer sur des personnalités civiles susceptibles de former un gouvernement de transition, En décembre 1929, Primo joua son va-tout en ant la réorganisation de l'Union patriotique, la convocation délections es et provinciales et la réunion d'une Chambre qui fixerait les condi- dun retour a la normale constitutionnelle. Alphonse XIII préféra desti- Primo de Rivera et confier le pouvoir au général Berenguer, laissant intact I. 1930, la dictature tombait oir entre les mains de Yarmée. Le 27 janvier 1° etperaient lle était advenue, sur la base d'une décision royale. Ceux qu esp des Cortés abandonnérent alors ee ener osx Ja dictature ne sut pas saisines Me ioe du dictateur ne pouvait au pouvoir. La rs et finit de discréditer la es aspirations nomination de Berenguer ne fit que Chapitre 13 Transformation et immobilismes de la société espagnole du premier tiers du XX siacle POPULATION ESPAGNOLE ne connut une transformation globale de sa structure que dans le premier tiers du xx° siécle. C’est alors que la majorité des provinces ent le chemin dessiné par la Catalogne et la cote méditerranéenne au sitcle it. Lentrée dans la transition démographique se caractérisa par une baisse ble du taux de mortalité (de 26,6 %o en 1900 a 16,5 %o en 1930) et un lent de celui de la natalité (de 35 %o en 1900 a 27,6 %o en 1930), permettant le 156 A Histoire de Espagne contemporaine de 1808 a nos jours i nigrations s‘explique par la conjugaison de facteurs Reece peat mais désormais attractifs dans les vlles, fut un pays récent d’émigration, comme I ‘Europe de l'Est. A partir de 19 gration hors des frontiéres devint massive avec une forte augmentation d, deux premiéres décennies du sicle (1,3 million et 1,8 million de sorties toire respectivement) puis un tassement dti a la Premiére Guerre mondi Jes années 1920, on comptait encore 1,1 million demigrés. Cétait une é hommes jeunes, analphabates et ruraux, qui partaient en majorité en latine (Argentine, Cuba, Brésil) mais aussi en Algérie et en France 4 pag 1914, & cause du besoin de main-d’ceuvre de économie de guerre frangai mouvement migratoire fut ié la fin des protections douaniéres indirectes« jouissaient les campagnes & partir de 1905. Il s'accompagna d'une redist de la population dans la péninsule au bénéfice des centres industriels ety notamment la Catalogne, le Pays Basque et Madrid. Lintensité des migy intérieures crit considérablement entre 1900 et 1930 ; si la Catalogne accu 30 000 personnes au cours de la premiére décennie et Madrid 70 000, la pren en accueillit 320 000 dans les années 1920 et la capitale 220 000. Le Pays Ba qui connaissait un solde migratoire négatif en 1900 accueillit 25 000 per dans les années 1920. A l’inverse, !Andalousie perdit environ 130 000 perso par décennie, la Castille entre 150 et 190 000 et la Galice entre 100000 et 1300 Un monde urbain en pleine expansion Entre 1880 et 1930, le taux d’urbanisation eut une croissance lente mais cont En 1930, le pourcentage de population vivant dans des agglomérations de p 10 000 habitants était de 43 %, mais celui correspondant aux aggloméra plus de 100 000 habitants n’atteignait pas 15%, Le rythme de croissance d crt a partir de 1910 quand l’émigration extérieure commenca & bais signifie que la capacité d’absorption économique des villes ne cessa de grat La grande Barcelone recut alors prés de 400 000 immigrés et la ville p demi-million d’habitants en 1900 au million en 1930. La population née ville atteignait 43 % du total des habitants, 4 Madrid, elle nétait que d capitale qui comptait 540 000 habitants en 1900 atteint le million en. " ae nencesntszedévclopra une nouvelle culture 0 . pleat Transformation et immobilismes de la Société espagnole w ole 187 pitecturaux les plus avant-gardistes : la Casa Mild: Antoni par ‘exemple. Ces quartiers se prolongeaient vers la Soe ae cad domtglatures aménagées en résidences secondaires (Park Gill). Ene iparaiall *Montjuic grandissaient un quartier ouvrier, El Poble Sec, de meme nq? Tu citadelle, El Poble Nou, avec prés de 1.000 usines etateliers dnee ee jyoisinaient avec les bidonvilles de La Franca, Les projets utbanistiques dec i sla faveur de Exposition internationale de 1929 in aH - de TExposi troduisi tions qui étaient loin de résoudre les cruels problom ae aénuer la forte ségrégation sociale, i de ‘Le Madrid du début du Xx siécle comprenait une multitude de petits ateliers anaux et commerciaux qui contrastaient fortement avec le paysage industriel . Certes, quelques grandes entreprises se développaient comme MZA ne de gaz ou les tramways, mais la cité nétait pas industrielle. La Gran Vig ouvrit en 1917 et les ensanches de Salamanca et Chamberi se remplirent autour es artéres commercantes élégantes de Goya et Serrano. Les banlieues désor- is et sans plan d’urbanisme regorgeaient de populations récemment arri- . Le probléme du logement populaire touchait également Bilbao qui jusquen 910 vit s'accélérer la dégradation de I'habitat. A partir de 1911, la municipalité a de contréler la salubrité de habitat et développa de nouveaux quartiers ers. Face a la timidité des mesures étatiques, Initiative revint aux patrons eux de fixer la main-d’ceuvre ouvriére : Manuel Heredia Livermore créa la e de El Bulto prés des hauts-fourneaux qu'il dirigeait & Malaga ; les Larios construire des files de maisons adossées prés des filatures du quartier de cchel ; Pilar Aguirre de Orueta fit édifier au pied d'une usine de gaz le quartier de La Pelusa ; le comte Giiell chargea Antoni Gaudf de concevoir une industrielle portant son nom prés de Sant Boi de Llobregat. On vit fleu- les maisons anglaises dans les quartiers ouvriers de Huelva, 4 la maniére de suvrigre de Mulhouse promue par Dollfus en 1854, Finalement en 1911, er la loi de Casas baratas qui définissait les conditions techniques de logements ouvriers, des spositions reprises par la dictature de n : ct 1924. A Madrid par exemple, ourait les ramblas (158 A Histoire d le PEspa; \gne contemporaine de 1808 anos j ‘Jours Transformation et immobilismes de la société espagnole ¥ 159 nait des salons pour les femmes. Le Tout-Barcelone Se retrouvait aa ‘Novedades qui, en. 1904, exhibait 1200 ampoules électriques. pee ea Ca ition de nouveaux modes de sociabilité url ipa ae j vappariti ‘baine cont i repre Gui semblat caractérser les campagnes, © contrastait avec limmobi- Une ruralité en crise pouleversements de la population espagnole se reflétarent " Hs dela population active. Alors que le secteur primaire ee ik constante plus de 70 % de la population active entre 1877 et 1900, celui-ci décrut 1’ 47 % en 1930. A inverse, les secteurs secondaire et tertiaite doublaient entre 1900 et 1930 (de 15,6 % & 27,1 % et de 14,2% A 25,7 % respectivement), Dans Japrovince de Barcelone, !évolution était beaucoup plus accusée puisqu’en 1930, Je secteur primaire nloccupait que 11 % de la population active, le secondaire 62 % et le tertiaire 27 %. Mais dans la province de Badajoz en 1930, le secteur primaire occupait encore 65 % de la population active. En dépit des rapides transformations, la paysannerie demeurait donc le groupe social prédominant. On note une augmentation de la propriété paysanne parallélement 4 un appauvrissement également croissant. Victimes des fluctua- tions de la production et des prix et souvent encore, des déterminismes clima- tiques, les paysans surendettés ne pouvaient faire front et finissaient par étre ‘expulsés. Cette situation ne signifie pas que l'agriculture fit en récession : entre 1900 et 1930, la production agricole crit de 55 %, le double de la moyenne fran- ‘aise, Lélevage en particulier connut une croissance exceptionnelle de 123 %. De ‘méme, le secteur des agrumes était en plein essor, 'exportation dagrumes valen- ‘ étant le poste le plus important de économie agraire espagnole dans les années 1920. Il en est de méme pour les olives et la betterave sucriére qui connut Wm essor aprés la perte de Cuba. lest difficile de dresser un portrait unifié de la situation des campagnes espa- es tant la diversité lemporte. D'un c6té, dans une grande moitié sud de la VEspagne contemporaine de 1808 a nos jours 160 A Histoire de tiques traditionnels appelés de rabassa morta. C'est poy Ee eeipanarens naissance 4 des mouvements de revendications DI différents dans leur nature. a Dans la société espagnole du premier tiers du xX° sidcle, la posienig terre demeurait encore un signe de prééminence sociale et politique, ¢ pr les fortunes industrielles et commergantes y investissaient encore maggie" La composition de Yoligarchie propr taire se divisait en trois ; Terie dabord, ravait pas disparu. Grace a la politique matrimoniale et § tangy ment ~ plus de 800 titres de noblesse distribués entre 1875 et 1931 — ri’ cratie put conforter ses positions en profitant du dynamisme du marché terre. La bourgeoisie financiére constitua dimportants patrimoines foncjg partir des grands centres urbains. Enfin, une bourgeoisie rurale souvent de la paysannerie aisée résidait dans les bourgs et les capitales proving, contrélait le crédit rural. Lirruption des masses en politique s'accompagna d'une extréme co) sociale. Les conflits entre travail et capital n’étaient pas régulés par Etat et le q de gréve fut interdit jusqu’en 1909. Les premieres lois sociales qui toud travail des femmes, des enfants et aux accidents du travail dataient de 1909, Ni ces 4 recacgy prou lettre morte. En 1906 cependant, une loi sur le syndicalisme agricole pe Ie développement des coopératives et des sociétés de secours mutuel. La conflictualité se traduisit ayant tout par des mouvements de type t échéant enflammer l'ensemble de la population rurale et urbaine, com exemple en 1917. Mais les formes les plus organisées de la protestation colle par le biais de l'association lemportérent au début du xx siécle. C'est dans qua partir de 1902, l'Institut des réformes sociales enregistra une explos syndicalisme agricole. Une enquéte de 1904, la premiére du genre en révéla que sur 1 616 associations ouvrires, 130 avaient un caractért Soit 20 000 cultivateurs (6,6 % du total des syndiqués). Les régions de Transformation et immobilismes de la société espagnole ¥ 161 implantée autour de Barcelone, de Tarragone mais aussi ortement 000 adhérents en 1919 et déclencha dans les rec pombreux conflits violents. En 1922, Francesc Layret et Lluis Companys it I'Unid de rabassaires qui était un mouvement d’unification aynelels no’ par le républicanisme radical mais en 1923, I'Unié subit de plein fouet jon de la dictature. Seules furent autorisées les associations qui senga- arenoncer & toute lutte revendicative et les célébrations du Premier mai it interdites. Pour canaliser la montée en puissance des protestations, des Juntes locales réforme sociale furent créées en 1900 : ces instances avaient pour mission 4 promouvoir la conciliation des parties en cas de conflit du travail. Présidées var le maire, le curé, trois délégués paysans et trois délégués de propriétaires, ic favorisaient des accords effectués dans le cadre d’un marché du travail frac. .é et limité. Sans force légale, ces conseils improvisés pouvaient facilement éboucher sur la gréve, un mode de pression habituel des journaliers pour faire der les propriétaires au moment des récoltes. Au village, la pression exercée ar les artisans, les boulangers, les domestiques et parfois méme les boutiquiers jouait en faveur des ouvriers. Ces initiatives furent tolérées par les autorités tant ‘elles n'aboutissaient pas une remise en question de lordre politique et social ninant. A partir de 1917, le gouvernement incita méme les autorités locales 4 provoquer des négociations collectives préventives. En 1919, la création des juntas reguladoras de las condiciones de trabajo ne fit quentériner légalement ne pratique en cours depuis 1900. Les ouvriers obtinrent alors linterdiction Ja part des patrons d’employer une main-d’ceuvre extérieure au village a des litions différentes de celles pratiquées dans la localité. De méme, dans le centre de la péninsule, le développement du syndica- ‘catholique put freiner le mouvement revendicatif paysan. Depuis que le national des corporations catholiques sétait établi 4 Valence en 1893, irid en 1898, il comptait environ 40 000 adhérents. En avril 1909, la | regroupant 450 coopératives agri de la Paz Social 162A Histoire de PEspagne contemporaine de 1808 & nos jours our lorganisation du travail, 18 % pour |, ee aa “area % pour des motifs combinés ou incon ae: ‘eYez smapasasiee Sassen 2 3 = = Swersieny ra sissu0te a Sroa0n z o (0) 10 sso2e009 “ees os § b S - g 2 apy A a 176 A Histoire de I’Espagne contemporaine de 1808 a nos jours Par ailleurs, la République allait se trouver trés tot un puis Jes organisations et les hiérarchies catholiques. Celles-ci “agi, Cem cohérente en refusant toute forme de démocratie parlementaine tte et monarchie allaient traditionnellement de pair en Espagne ot ea phonse XIII fut vécu par une bonne partie des catholiques militants g¢ menace directe sur leur fol. L'anticléricalisme affiché des républicaiy, leur yolonté de séparer Eglise et Etat, eurent également un role Primor Je mécontentement de larges cercles catholiques. La République fut daa d accusée dans la presse catholique d'attiser la guerre civile, de flatter les «in les plus obscurs de homme », de constituer une « attaque communistes p établi ». La question religieuse et la réforme agraire allaient étre ainst es go principaux auxquels allait se heurter la politique du premier gouy cug républicain, et léchec de celui-ci & apaiser ces deux conflts fit app i ennemis acharnés de la République a droite mais aussi a gauche du gourd ment réformiste. ‘art Les premiers gouvernements républicains- Les premiéres élections législatives confirmérent lécrasant triomphe 90 % du Parlement fraichement élu appartenait & la coalition gow Ce Parlement reflétait le profond bouleversement politique qui avait eu liew reconfiguration du systéme de partis. Le Parti socialiste, traditionnellement ex des parlements de la monarchie, était le plus représenté, avec 113 députés, su par le Parti radical, le plus ancien Parti républicain, avec 89 députés. Par con droite dans son ensemble n’atteignit que 51 siéges, tandis que les forces poll traditionnelles sur lesquelles s‘était appuyée la monarchie avaient disparu des Cortés. Or, la composition de ce Parlement ne reflétait pas la ré de la société espagnole : le vote, lors de ces élections, avait été un vote: chique et pour le ch La Seconde République y 177 sto » (« Ce nest pas ¢a, ce nest pas cay), Pramn, i Bs aux premiers jours républicains ceca ate sg idyllique qui méfiant. La en i a gréve générale unl ; _ Plus crispé anarcho-syndicalistes, allait se solder i Meee p Feagtions trés dures du ministre dy Travel fea mort et provoquer allero. Pour protéger la République déventuelles attaqu s spnanalicD Largo alors une loi de Défense de la République qui restrei at ef tante certains droits, comme celui de réunion, et qui Cae ce ee aes ne républicain pendant la période de consolidation institution ae ‘Apres le pee a yor public, la priorité était aaa constitution de 1931, adoptée au mois de novembre, ij isi radicales dans la définition de Etat et dans le rapport de facet ae i" groupes sociaux. L’Espagne y est définie comme « une République de avila toute classe », formule qui combine la demande socialiste de mettre laccent ur les classes travailleuses et le souci de ne Pas introduire lidée — marxiste, et done plus que suspecte pour tous les groupes politiques & la droite du PSOE ~ de existence de différentes classes sociales qui pourraient éyentuellement s‘affronter. souci de conciliation dans la formulation de l’ftat comme « Etat intégral, atible avec 'autonomie des municipalités et des régions », ce qui permettait Tunité del Espagne, chére a larmée, tout en ouvrant la porte a la créa- régions autonomes, une promesse faite & la Catalogne au moment du pacte int-Sébastien et renouvelée aprés le 14 avril 1931. outre, le traitement des questions sociales place la constitution de 1931 ala ede la modernité en Europe. On peut parler pour la premiére fois en Espagne la réforme des institutions, ble suffrage universel avec loctroi du vote aux femmes, une premiére ‘aux talents oratoires de Clara Campoamor, députée du Parti radical it ardemment la cause des femmes en contrevenant a la discipline de es, la radicale-socialiste Victoria Kent et la socialiste Margarita Je mariage civil en lui donnant la méme 178 & Histoire de I" Espagne contemporaine de 1808 a nos jours ciellement l'fglise et Etat, inaugurant ainsi une concept sore, ate eee inais nécessaire au déroulement dupe f miste et modernisateur du gouvernement. Azafia, fervent défenseur de ja tésumait la nouvelle situation dans sa célébre formule : « Espafia hq ‘ser catélica » (« Désormais, Espagne nist plus catholique »), qui fut dans la presse catholique comme une preuve de la menace qui cernait gion. La situation saggrava aux yeux des catholiques avec la loi de Confesgi Congrégations Religieuses, qui considérait les congrégations religieuses des associations soumises au droit civil, leur interdisait lexercice de ment (jusque-la quasiment monopolisé par les ordres religieux, en p; Yenseignement primaire) et mettait fin a leur financement par Etat, Les débats autour du traitement de la question religieuse dans la Constit furent houleux au sein du Parlement et signifiérent, de facto, la fracture du p gouvernemental : le président du Gouvernement provisoire, Niceto A Zamora, ainsi que Miguel Maura, lesquels représentaient un républica conservateur et catholique, abandonnérent le gouvernement en octobre {: D'un commun accord, et afin de ne pas perdre pour la cause républicaine de ses figures les plus prestigieuses, les partis politiques représentés aux Cort lui offrirent, en décembre 1931, une fois la constitution proclamée, la de la République. En dépit de leurs différends, Alealé-Zamora désigna M ‘Azafia comme chef de gouvernement, et ce dernier choisit de renforcer Iall avec les socialistes au sein d'un gouvernement républicano-socialiste situé gauche que le précédent. Premier gouvernement constitutionnel de la Seconde Républiq 16 décembre 1931-12 juin 1933)

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