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Cosmogonie
La cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « engendrer ») était en 1762 définie par le Dictionnaire de
l'Académie française comme « science ou système de la formation de l'Univers », alors que la cosmologie (du grec
cosmo- « monde » et logos- « savoir») l'était comme « science des lois générales par lesquelles le monde physique est
gouverné ».
Des récits oraux de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés traditionnelles, mais de nombreux
traités sur les origines possibles de l'univers ont aussi été écrits par des philosophes ou des penseurs scientifiques (ex
: Cosmogonie d'Hésiode, Cosmogonie de Buffon).
Des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du
monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les
modèles intemporels y ont donc une place importante.
La variété des récits de création du monde, à travers leurs théories des origines, semble aussi exprimer le besoin
immuable de décrire et peut-être justifier les transformations radicales du monde observable, de la Terre et de la
société humaine. Mircea Eliade voit dans la cosmogonie « le modèle exemplaire de toute manière de faire » ; une
sorte de modèle archétypal de la création, l'univers étant le « chef d'œuvre » d'un ou plusieurs créateurs offert comme
modèle aux hommes.
Le chaos primordial
La naissance d'un monde (parfois harmonieux voire paradisiaque) est souvent la résultante de conflits entre forces
antagonistes, l'ordre et le désordre, la lumière et les ténèbres, etc. Cependant, comme dans la Cosmogonie d'Hésiode,
le chaos originel préexistant à l'Univers est parfois présenté non comme un néant ou un ensemble en conflit avec
l'ordre, mais plutôt comme entité renfermant l'ensemble des éléments à venir, mais mélangés.
Luttes et sacrifice
Carl Gustav Jung note que les notions de sacrifice et de combat sont souvent associées à la création mythique des
mondes et de l'univers. L'énergie primordiale se sacrifie pour former l'univers. De nombreuses cosmogonies
décrivent des luttes (combats de dieux, d'ancêtres primordiaux, de héros, gigantomachies et autres combats
extraordinaires). L'opposition de contraires dans les jumeaux, être à deux faces ou couples primordiaux sexués
pourrait donc aussi représenter les contraires qui s'affrontent en l'homme. Ces modèles peuvent se retrouver décalés
dans le temps, par exemple avec le Dieu des Chrétiens présenté comme fait homme, se sacrifiant lui-même, dans le
cadre d'un nouveau testament.
Cosmogonie 2
L'eau
Symbole de vie et de pureté, l'eau intervient comme élément primordial chez le présocratique Thalès et aussi comme
élément rénovateur, par le biais du Déluge évoqué par plusieurs mythes fondateurs et cosmogonies. Il rappelle à
l'homme sa faiblesse face aux puissances célestes et permet le renouvellement du monde grâce aux meilleurs des
humains (le roi Manu, sauvé par Vishnou et transformé en poisson, Noé et son arche, Deucalion et Pyrrha sauvés par
Prométhée).
L'arbre
Dans de nombreux mythes, un arbre (arbre de vie) ou une plante divine, magique ou sacrée joue un rôle (qu'on
retrouve peut-être avec l'arbre au fruit défendu, du jardin d'Éden dans la Bible). L'arc-en-ciel (passage ou pont entre
ciel et terre, ou entre deux points de la grande forêt en Amazonie) leur est parfois associé.
Par exemple, un bambou géant primordial, ouvert par le bec de l'oiseau légendaire Sarimanok dans la cosmogonie du
folklore philippin d'où descendent Malakas et Maganda, le premier homme et la première femme.
Dans la mythologie nordique, Yggdrasil est l'Arbre-Monde sur lequel reposent les neuf mondes.
Autres
Dans la majorité des cosmogonies traditionnelles, les créateurs sont un ou des dieux anthropomorphes qui génèrent
l'Univers et l'Homme par la volonté d'un esprit, par la parole, le geste, le souffle, un membre, des sécrétions...
De nombreux animaux (poisson, serpent, oiseaux, lion..) jouent un rôle majeur dans les mythes des continents où ils
sont présents.
L'univers apparaît, vit, disparaît mais laisse place au même univers avec les mêmes entités et ceci à l'infini. Ceci est
logique si on accepte la création à partir des virtualités du vide (chaos) s'ordonnant entre elles (ordre).
À Memphis ; Au début des temps, Ptah le démiurge, issu du Noun, l'océan primordial, prit conscience de son
existence. Puis il prit le limon de la terre, créant et modelant l'Homme. Aussitôt son œuvre créatrice terminée, il céda
la place à son successeur Rê, le soleil. Rê, seigneur d'Héliopolis, parcourt chaque jour son domaine dispensant à
l'humanité dons et bienfaits. Voir le Mythe de la création memphite.
En Haute-Égypte, Amon (père des dieux fondateurs du monde) féconda l'œuf cosmique d'où naquit toute vie.
Cosmogonie mésopotamienne
Xe au XIe siècle av. J.‑C.
Les mythes de la création, d'origine sumérienne, mettent en scène deux
êtres primordiaux : l'un féminin, Tiamat, l'eau salée et l'autre masculin,
Apsū, l'eau douce. De leur union naissent tous les dieux, dont les
principaux sont Enlil, Adad, Enki (Ea), Ishtar, Mardouk, mais aussi des
dieux dominants Annunaki qui exploitent les dieux Igigi en les faisant
travailler durement afin de nourrir tous les dieux.
Selon la tradition orphique, l'eau et des éléments formèrent spontanément la terre, d'où un Chronos monstrueux
surgit, lequel créa l'Éther, l'Érèbe et le Chaos, puis engendra un œuf d'où naquit Éros, qui donna à son tour naissance
à la Lune et au Soleil puis à la Nuit, avec qui il conçut Ouranos et Gaïa.
Cosmogonie hindoue
Le temps est vu de manière cyclique ; il existe donc un cycle de créations et destructions. Lorsque Brahma se réveille
et qu'il ouvre les yeux, l'univers et tout ce qu'il contient se crée, lorsqu'il s'endort, tout se détruit. Vishnou protège
l'univers. Shiva le détruit et donc mène à sa renaissance. L'univers connaît donc une suite de naissances et de
destructions.
On représente traditionnellement le cycle créateur impliquant les trois dieux de la Trimurti comme suit : tandis que
Vishnou dort, allongé sur le serpent Ananta (infini), lui-même flottant sur l'océan d'inconscience, de son nombril sort
un lotus dans lequel se tient Brahma. Tout en dormant, Vishnou rêve le monde tel qu'il l'a connu, et de ses souvenirs
oniriques, Brahma donne naissance à un nouveau monde, nécessairement moins pur que le précédent (d'où la théorie
des âges). C'est Shiva qui, par sa danse cosmique, anime l'Univers conçu par la pensée et, à la fin du cycle, le détruit.
Pour certaines sectes hindouistes, notre univers n'est que le rêve de Dieu, une illusion, la Mâyâ.
Cosmogonie monothéiste
La création de l’univers
Le récit coranique indique aussi une création en six jours : « Votre Seigneur est Allâh Qui a créé les cieux et la terre
en six jours »[1].
Les six jours en question sont répartis en trois phases de deux jours : « Dis : "Renieriez-vous (l’existence) de Celui
Qui a créé la terre en deux jours et Lui donneriez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l’univers, § c’est Lui Qui a
fermement fixé des montagnes au-dessus d’elle, l’a bénie et lui a assigné ses ressources alimentaires en quatre jours
d’égale durée. (Telle est la réponse) à ceux qui t’interrogent. § Il S’est ensuite tourné vers le ciel qui était alors fumée
et lui dit, ainsi qu’à la terre : "Venez tous deux, bon gré, mal gré". Tous deux dirent : "Nous venons de bon gré". § Il
décréta d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. »[2]
Les théologiens musulmans interprètent la durée de la création de manière métaphorique renvoyant aux versets
suivants :
« Cependant, un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez. » [3]
et
« Les Anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans. » [4]
Répliquant à l'idée que le créateur aurait ressenti de la fatigue et qu'un repos fut nécessaire, le Coran affirme : « En
effet Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui existe entre eux en six jours, sans éprouver la moindre lassitude. »
[5]
et
« Ne voient-ils pas qu'Allah qui a créé les cieux et la terre, et qui n'a pas été fatigué par leur création, est capable en
vérité de redonner la vie aux morts? Mais si. Il est certes Omnipotent. » [6]
« Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les
avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? » [7]
La création de l’homme
Comme nous l’avons vu, le sixième jour, Dieu créa l’homme. Cet être, de sexe masculin, est conçu à l’image même
de son créateur (« Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance ») et prend vie lorsque Dieu lui
insuffle cette dernière. D'autres traductions (TOB) laissent penser que le premier homme était hermaphrodite ou que
la femme fut créée en même temps "Dieu créa l'homme à son image, à son image il le créa; mâle et femelle il les
créa (TOB,GN I, 27) Il fut placé dans le Paradis, aussi appelé « Jardin d’Eden », lieu verdoyant où abondent faune et
flore, pouvant ainsi vivre sans se soucier de ses besoins vitaux (« Je vous donne toutes les herbes portant semence,
qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre
nourriture »). Cependant, Dieu donna l’ordre de ne jamais goûter aux fruits de « l’arbre de la connaissance du bien
et du mal ». Notons tout de même que Dieu laissa à Adam le soin de nommer les éléments qui l’entouraient,
c’est-à-dire la faune et la flore. Malheureusement, Adam s’ennuya et Dieu créa la femme (Ève) pour lui tenir
compagnie, façonnant cette dernière à partir d’une côte qui fut ôtée à l’homme durant son sommeil. Ève, ainsi
nommée, fut malheureusement convaincue par un serpent (métaphore du mal) de goûter aux fruits interdits. Elle
convainquit l’homme de goûter à ce fruit, ils y goûtèrent et commirent ainsi le péché originel (la première faute de
l’humanité). Dieu les punit en les chassant du paradis, les condamnant à travailler, à souffrir et à mourir.
Les spécialistes disent aujourd'hui qu'il y a d'autres récits de création dans ce premier livre de la bible. Par exemple
le récit de Caïn et Abel : en effet, le meurtre d'Abel a des conséquences pour la terre entière, pour tous les habitants
qui peinent désormais à en tirer leur nourriture. Cependant, la descendance de Caïn (protégé par un signe de Dieu)
donnera naissance aux civilisations (cf. tout le chapitre 9 du livre de la Genèse).
On remarquera que le Dieu de la Bible est extérieur au monde qu'il crée et que cette création se fait sans bris de
membre. Là est son originalité en regard des autres cosmogonies.
Dans l'islam, le Coran reprend le concept de création du Monde par Dieu : la Sourate II, verset 164 affirme
Cosmogonie 6
« Certes dans la création des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue
en mer chargé de choses profitables aux gens, dans l'eau qu'Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la
vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce, dans la variation des vents, et dans les
nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne. »
La Sourate 23, versets 12-13 évoque la création d'Adam en ces termes :
« Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile, puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un
reposoir solide. Ensuite, Nous avons fait du sperme une adhérence ; et de l'adhérence Nous avons créé un
embryon; puis, de cet embryon Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous
l'avons transformé en une tout autre création. Gloire à Dieu le Meilleur des créateurs ! »
Cosmogonie nordique
La cosmogonie de la mythologie nordique nous est racontée en détail
dans la Völuspá, ou Chant de la voyante, poème de l'Edda en vers. Il
existe cependant de nombreuses variantes. Le Chant de la voyante en
raconte une, que voici : au commencement n'existait qu'un abîme
béant, le ginnunga gap ─ qui rappelle le Chaos primordial grec ou la
terre déserte et vide biblique. Les éléments y erraient, libres, et une
rencontre fortuite entre du feu et de la glace donna naissance au
premier géant, Ymir, lequel géant engendra les autres géants. Une
vache, Auðumla, l'avait délivré de sa gangue de glace en la léchant, et
le nourrissait de ses flots de lait. Les fils de Burr ─ Óðinn et ses deux
frères Hœnir et Lóðurr ─, géants qu'Auðumla avait aussi libéré de la
glace, tuèrent Ymir et bâtirent l'Univers de sa dépouille : son corps
devint un cercle de terre, Miðgarð (terre du milieu), qu'entourait son
sang, devenu la mer, tandis que son crâne servit de voûte céleste. Ils
établirent ensuite un ordre, fixant une place au Soleil et à la Lune, Yggdrasil, l'arbre cosmique, assure la cohérence
élevèrent des palais et s'établirent en Ásgarð (terre des dieux Ases ; il verticale des mondes de la mythologie nordique,
tandis que le serpent de Midgard assure sa
existe une autre race de dieux, les Vanes, souvent en guerre contre les
cohérence horizontale. Peinture attribuée à Oluf
Ases). Les neuf mondes avaient pris place autour de l'arbre Yggdrasil. Olufsen Bagge.
Trois dieux, Óðinn, Hœnir et Lóðurr, trouvèrent sur le rivage un Frêne
et un Orme 'sans force ni destinée'. Óðinn leur donna le souffle vital, Hœnir les sens, Lóðurr leur donna le sang et les
couleurs de la vie. Enfin vinrent Urðr, Verðandi et Skuld, les trois Nornes, équivalent des Parques latines et des
Moires grecques, qui fixèrent le destin de chacun.
Le même texte rapporte aussi comment le monde sera détruit au cours du ragnarǫk.
Voir aussi Mythologie finlandaise
Cosmogonie Dogon
Suite aux travaux des ethnologues Marcel Griaule et Germaine Dieterlen dans les années 1930-1950, certains auteurs
dont Éric Guerrier en France et Robert Temple au Royaume-Uni ont avancé l'hypothèse que les Dogons avaient été
visités par des extraterrestres pour détenir autant d'informations et aussi précises sur l'astronomie, en particulier sur
le système de Sirius, le système solaire, la Galaxie, etc.
La majorité des scientifiques ont opposé à cette hypothèse, qui relève de la pseudo-science, que les Dogons devaient
leurs connaissances à une influence européenne. Des recherches conduites à partir des années 1990 ont démontré que
le travail de Griaule souffrait d'imprécision. D'autre part, il a été démontré qu'une « contamination culturelle » s'était
bien produite entre la fin du XIXe siècle et les travaux de Griaule.
Cosmogonie ésotérique
Exemples de cosmogonies ésotériques : Gnosticisme, Kabbale, Soufisme, Théosophie, Anthroposophie, La
cosmogonie des Rose-Croix de Max Heindel, Le Livre d'Urantia.
Cosmogonie scientifique
Les théories scientifiques fournissent à l'imaginaire populaire les éléments d'une cosmogonie moderne. Cependant, la
cosmogonie scientifique en tant que telle s'occupe de la formation des objets célestes (planète, étoile, galaxie, etc.)[8],
alors que la cosmologie est la branche de l'astrophysique qui étudie la structure et l'évolution de l'univers [8]. En ce
elle fournit les théories décrivant l'évolution de l'univers, notamment le modèle du Big Bang. La biologie fournit les
Cosmogonie 8
Notes
[1] Jonas, verset 3.
[2] Les versets détaillés, versets 9 à 12.
[3] Le pèlerinage(22), verset 47.
[4] Les voies ascendantes(70), verset 4.
[5] Qâf, verset 38.
[6] Al-Ahqâf, verset 33.
[7] Al-Anbyae, verset 31.
[8] Petit Larousse Illustré, 2006
Bibliographie
• Leïla Haddad et Guillaume Duprat, Mondes : mythes et images de l'univers, Seuil, Paris 2006
• Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde, L'Harmattan, Paris 2006
• Alexandre Hislop, Les deux Babylones, 1916
Sources et contributeurs de l’article 9
Licence
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