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Dimensionnement 

d’un module d’osmose inverse

 Introduction  : 

Le manque d’eau douce et la baisse du niveau des nappes phréatiques contraignent de plus en
plus de pays à dessaler l’eau des océans, la production d’eau salée devrait doubler en moins
de 10 ans. On traitera donc du dessalement de l’eau de mer par osmose inverse, principale
méthode utilisée par Véolia Environnement sachant que cela peut aussi se faire par distillation
et par électrolyse.

I. Présentation osmose inverse

1) Osmose inverse

A) Présentation générale

Le phénomène d'osmose présent dans toutes les cellules est réversible à condition de fournir
de   l'énergie:   il   suffit   d’appliquer   une   pression   sur   le   compartiment   riche   en   solutés   pour
obtenir dans l’autre compartiment une solution pauvre en solutés. 

Cela se justifie en regardant les potentiels chimiques. Une augmentation de P2 engendre une
augmentation de xNaCl.

Industriellement ce procédé peut­être utilisé pour dessaler l’eau de mer.

Les membranes ont un rôle primordial dans le dessalement, on va donc les étudier…
B) Les membranes

Une membrane est une barrière physique (filtre microscopique) qui assure la rétention des
composants indésirables dans l’eau, dans notre cas principalement les ions Na+ et Cl­.

Il faut disposer de membranes convenables pour ne laisser passer que les molécules d’eau 20
pm  et bloquer les ions hydratés.
C’est la partie en polyamide qui assure la rétention, la partie en polysulfone et en polyester ne
sont là que pour assurer une certaine rigidité à l’ensemble…

2) Fonctionnement d’un module d’osmose

A) Présentation d’un module d’osmose

Schéma d’un module d’osmose
 Schéma montrant les 3 différentes «    solutions   » présentes au voisinage d’un
module d’osmose

C’est un module pilote comme celui­ci sur lequel j’ai travaillé avec l’aide de Veolia à Toulon
à la station d’épuration du Cap Sicié et à Maisons­Laffite.

B) Nécessité d’informations pour  le dimensionner 

La salinité est la quantité totale des résidus solides (en grammes) contenu dans 1 kg d'eau de
mer.

Il   faut   connaître   la   concentration   des   ions   présents   dans   l’eau   de   mer   à   dessaler   et   plus
particulièrement   celles   de   l’acide   borique   et   des   ions   Cl­   pour   pouvoir   dimensionner   le
module d’osmose. Il faut aussi connaître la pression osmotique de l’eau de mer pour connaître
la pression minimale à appliquer au module pour qu’il y ait dessalement. La connaissance de
son pH est aussi nécessaire.

La salinité de l’eau de mer et la température vont permettre de trouver l’enveloppe de pression
dans   laquelle   l’industriel   peut   travailler.  Plus   la   température   est   élevée,   plus   la   viscosité
diminue, ce qui augmente le passage en sels dissous : le dessalement est moins bon mais le
débit est meilleur.

 Expérimentalement on trouve   :
salinité min + T° max (35°C) ­> P min
salinité max + T° min (10°C)  ­> P max
Cela donne une enveloppe de pression d’amplitude environ 10 bar selon les pays et la saison.
Tout   cela   nous   montre   l’importance   de   connaitre   avec   précision   les   différentes   variables
environnementales afin de dimensionner un module d’OI.

II. Analyse de l’eau de mer

1) Nécessité de connaître la concentration en acide borique et en ions Cl­

Voici la liste des principaux ions présents dans l’eau de mer d’Ashkelon en Israël (résultats
fournis par le laboratoire de Veolia Eau qui a analysé mes échantillons d’eau) : 

Principaux   Ions Concentration Normes   de


présents en mg.l−1 l’OMS

Cl− 22 600 < 250

Na+ 12 550 < 150

SO42­ 3 210 500

Mg2+ 1 500 50

Ca2+ 471 < 100

K+ 455 12

Br− 73.8 ­

F– 1.5 1.5

Sr2+ 8.7 ­

HCO3− 170 ­

B 5.5 0.5

Etant   solvatés,   tous   ces   ions   seront   retenus   par   la   membrane   d’osmose   inverse.
Le problème vient des ions Cl­ qui, étant monovalents et présents en très grande quantité,
passeront de manière non négligeable dans le perméat. L’acide borique pose aussi problème
car il n’est pas solvaté du tout et passera donc pratiquement en totalité dans le perméat.
 Diamètre sodium hydraté   : 40 pm 
 Diamètre chlorure hydraté   : 30 pm
 Ports membrane   : 30 pm

2) Analyse expérimentale de l’eau de mer d’Ashkelon et comparaison avec
les résultats du laboratoire de Véolia

A) Concentration en Cl­

Voici le protocole de dosage que j’ai mis en place :

10mL d’eau salée ont été dosés  par une solution d’AgNO3 à 0.5mol/L.  
Réaction : Ag+  +  Cl­ = AgCl
K2CrO4 été là pour indiquer la fin de la réaction selon la réaction : 
2Ag+  +  CrO42­ = Ag2CrO4. 

L’ajout de cet indicateur (ions chromates) a coloré en jaune la réaction puis le précipité qui se
forme à la fin de la réaction de dosage est rouge.

 Eau Askelon   avant usine: Ve=12.6mL   cad   [Cl­]=0.63mol/L.
Le laboratoire de Veolia a trouvé : [Cl­]=0.64mol/L, il y a donc une erreur de 1.6%.

 Sortie usine   : même protocole 
Veau salée=100mL   et   [Ag+]=0.005mol/L
Ve=10.3mL   cad   [Cl­]=5.2.10^­4mol/L
Labo Veolia: 4.8.10^­4mol/L   cad   6.3% d’erreur.

B) Mesure du pH et calcul de la pression osmotique

La mesure du pH de l’eau, avec un pH mètre, donne 8.1 pour l’eau de mer d’Ashkelon et 8.4
pour l’eau en sortie d’usine. Les valeurs sont identiques à celles trouvées par le laboratoire de
Veolia.
La pression osmotique de l’eau de mer d’Ashkelon est donc de 30.2 bar (calculé avec le
programme Maple ou par la formule démontrée donnée ci après). Il faudra donc appliquer une
pression >30.2 bar pour pouvoir commencer le dessalement de l’eau de mer. 

A titre indicatif : (les 2 cas les plus extrêmes sur la planète)

Pi=3,0 bar en mer Baltique

Pi=108,3 bar dans la mer Morte

Maintenant que notre eau de mer est analysée, nous pouvons commencer le dessalement à
proprement parlé.

III. Dessalement de l’eau de mer

1) Première passe

Pratiquement tous les ions sont retenus car ils sont solvatés avec des molécules d’eau et sont
ainsi plus gros que les ports de la membrane, donc ils ne la traversent pas. Par contre les ions
Cl­   et   l’acide   borique   passent   en   grande   partie.   Je   me   suis   donc   intéressé   aux     espèces
chimiques qui posent le plus de problèmes.

Traitons  le cas de [B] avec une concentration de départ valant   5,23mg/L, étude que j’ai


réalisée avec le logiciel Rosa, simulateur utilisé par Veolia pour modéliser un module d’OI :

Traitons le cas de [Cl­] avec une concentration de départ valant  22.6g/L :
Nore   OMS :   niveau   bon   pour   la   santé   mais   avec   une   telle   concentration   l’eau   aurait   un
« goût ».

2) Seconde passe pour enlever l’acide borique et les ions Cl­

L’élimination du bore est d’autant plus efficace que le pH est élevé, car l’acide borique est
alors dissocié sous forme ionique, seule forme retenue par les membranes. Le pH optimum de
l’eau d’alimentation doit se situer aux alentours de 10, ce qui nécessite donc un ajustement
par ajout de soude puisque le pH de l’eau de mer d’alimentation est environ égal à 8. Cela
sera expliqué dans le paragraphe suivant.

La   seconde   passe   permet   d’enlever   les   Cl­   et   l’acide   borique   encore   présents.
L’acide borique étant beaucoup plus contraignant à enlever, la fin de l’étude ne portera plus
que sur l’acide borique.
Schéma représentant le cheminement de l’eau de mer dans un module d’osmose

[B] en fonction de T à différents pH fixés ont été tracé pour obtenir le graphique récapitulatif
suivant :

A) Augmentation du pH pour dissocier l’acide borique afin de le ioniser

Il est en fait nécessaire de connaître avec précision le pH de l’eau de mer à traiter pour savoir
quelle quantité de soude il faut ajouter pour amener l’eau à un pH>9.5 afin d’être dans une
zone de pH où l’acide borique sera ionisée et pourra ainsi se solvater avec l’eau. De ce fait,
lors de la seconde passe l’acide borique sera retenu par la membrane. 

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