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L’ECOLE DU ROYAUME 

MODULE II : LA CHRISTOLOGIE


SESSION II: JESUS EST-IL DIEU ?

INTRODUCTION

Dans l’évangile de Jean, l’un des textes les plus célèbres de la Bible fait la
somme de toute cette théologie, en montrant l’unicité de ce Fils. Il ne saurait être
question, comme plusieurs parmi nous qui, du fait de notre conversion, sommes
devenus enfants de Dieu, d’assimiler cette filiation à ce même ordre. La traduction
fidèle de cette expression est : « son Fils, unique engendré » (Jean3 :16). Nous, nous
sommes des enfants d’adoptions, par le Fils.

Certains, à l’instar de Rudolph BULTMANN et W. BOSSUET pensent que


Jésus, ne s’était jamais considéré comme Fils de Dieu. Il est important d’avoir en vue
leur côté libéral, avec une allergie aigue de « mythologie ». En outre pour Oscar
CULLMAN, Jésus devrait son titre de « Fils de Dieu » par l’obéissance qu’il
manifeste à Dieu, il dit : « il est Fils de Dieu… en tant qu’il accomplit sa mission dans
l’obéissance… Etre Fils de Dieu signifie être constamment soumis à la volonté de son
père.»

La thèse de CULLMANN qui tient beaucoup plus à une réfutation de


BOUSSET qui affirmait que Jésus lui-même ne s’est jamais déclaré « fils de Dieu »,
mais que c’est plutôt l’église helléniste qui le lui aurait attribué, du fait de leur arrière-
plan qui considérait comme tel, les faiseurs de miracles, à l’instar de Jésus. Ces
affirmations ne tiennent pas, du fait que dans les évangiles (Jean 5 : 19 ; 8 : 39 ; Marc
12 : 7 et bien d’autres) il est clairement question de Jésus qui parle de sa filiation,
problématique pour son auditoire, avec Dieu, de tout autre ordre que ce que les frères
Juifs connaissaient.

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JESUS EST-IL DIEU ?
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I- JESUS EST-IL DIEU ?

Ceci vient comme conséquence de ce qui précède. S’il est de même nature que
Dieu, il est Dieu. Les rapports entre son humanité et sa divinité feront l’objet
d’un point ultérieur. Il est Dieu autre (allos et non hétéros) que le Père. Il y a une
mêmeté ontologique, c’est-à-dire, de même nature et même essence. Cependant que,
en termes de personnes, ils sont différents. « Moi et le Père nous sommes un »,
comporte une valeur de même être, de sorte que, comme le montre BLOCHER, « le
Second procède du Père d’une manière irréversible. »1Mais c’est dans cette relation
que nous pouvons comprendre l’amour et la connaissance mutuels qu’ils ont l’un pour
l’autre. Cf. Jean 5 :20 ; 13 :35 ; 14 : 31 ; Matthieu 11 : 27.

1. Il est Seigneur comme l’Eternel

Ce terme aussi n’est pas propre à Jésus, puisqu’il signifie entre autres : maître,
ou propriétaire…De nos jours il pourrait très bien signifier « Monsieur ». Cependant,
si tel eût été le cas, si aisé à balayer, il sera alors difficile de comprendre le problème
que ce titre pose à son endroit. Très tôt, il fut compris comme un titre exceptionnel,
très exceptionnel à tel enseigne qu’il ne convient qu’à Dieu seul. Déjà, dans les
religions à mystères, il caractérisait la divinité centrale. Aussi, dans le cadre croyant,
très religieux et pieux juif, et plus tard chrétien aussi, il était compris comme une
adresse au seul et unique Dieu. David dit : « Parole de l'Éternel à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied »
Psaume 110 : 2. C’est une fois encore Simon Pierre qui fait l’exégèse et
l’herméneutique de ce texte, pour montrer comment David ne parlait pas de lui-même
qui, du fait qu’il était roi, se pouvait ce titre.

Paul, dans la doxologie du Christ glorifié dit : « Et que toute langue confesse
que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père ! » (Philippiens 2 :9). Il peut
aussi bien parler librement de Dieu comme « kurios », et sans complexe appliquer cela
à Jésus. Chose intéressante est le titre de « Seigneur des Seigneurs » (17 : 14 ; 19 : 16),
utilisé dans Deutéronome à l’endroit du seul Dieu d’Israël.

2. Le logos-Dieu

C’est à Jean que l’on reconnait l’usage de ce terme dans le Nouveau Testament.
Dans l’Ancien Testament, il a, plus ou moins pour équivalent Davar-Yahvé, quoique

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l’assimilation soit fortement discutable. Il sort de l’arrière-plan helléniste dans lequel


Jean a passé ses derniers jours. Le logos était considéré comme ce principe (ou être)
organisateur de l’univers (cosmos) sur ordre de l’Etre suprême (« Dieu »). Ce logos
était par ailleurs universel, de sorte qu’il anime tout ce qui est de lui. Il est l’étincelle et
manifesté de la divinité. On l’appelait le démiurge (démiurgos).
Cette pensée semblait produire une confusion et créer un panthéisme même au
sein des chrétiens. C’est pourquoi Jean recarde les choses en montrant l’unité et la
préexistence du vrai logos qui n’est pas différent du Dieu créateur car, avant son
incarnation, non seulement il était auprès de Dieu, mais bien plus, il était Dieu.

Fort de tout ce qui précède, certaines implications relevant uniquement de la


relation que l’on ne doit avoir ou adresser qu’à Dieu seul lui seront possibles et
appliquées, sans qu’en principe, il y ait véritablement blasphème.

II- LES DROITS DU MESSIE

a) Créateur : En tant que Dieu, le Messie – Jésus est créateur (Jean 1 : 3 ;


Colossiens1 :16-17). Or l’Ancien Testament montre que Dieu seul est créateur.
A ce niveau encore, d’aucuns diront qu’il n’est pas créateur en tant que Dieu,
mais l’entremise de Dieu pour la création. Cela consiste au préalable à faire
violence au texte biblique (Esaïe 44 : 24) ;

b) L’adoration : Elle n’est réservée qu’à Dieu seul qui en a droit. d’ailleurs il en a
même fait tout un commandement. Tout acte ou geste qui va dans ce sens est
formellement interdit à tout autre d’en recevoir, fut-il ange ou apôtre.cf ; Actes
10 : 25s ; 14 : 13s ; Apocalypse 19 : 10 ; 22 : 9. Or, la déclaration de Dieu dans
Esaïe 45 : 23 trouve comme un parfait parallèle dans Philippiens 2 : 10. Par
ailleurs Hébreux 1 :6 présente même cette adoration comme un ordre qui vient
de Dieu ;

c) La prière : dans son ministère terrestre et dans celui d’après son élévation,
Jésus reçoit, et il l’accepte, que la prière lui soit adressée, comme à Dieu…;

d) La Parole : il s’abroge la paternité des paroles qui sont censées être celles de
Dieu. Alors que seul Dieu, ou du moins sa parole, est éternel ; mais Jésus dit : «
Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront jamais. » Qu’il peut
être prétentieux ! (1 Jean 2 : 14 / Colossiens 3 : 16) ;

e) Le Saint-Esprit : alors q u’il est appelé Esprit de Dieu, il est par ailleurs
appelé « Esprit de Jésus-Christ » ;

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f) Le Royaume : Il n’est plus simplement royaume de Dieu, mais de Christ.


D’aucuns y voient un génitif d’origine, et non de possession. Or, il montrait
déjà bien que « tout ce qui est au Père est à lui, et ce qui est à lui appartient
aussi au Père », du fait que les deux sont un ;

g) Le salut : Dieu seul sauve, et peut réellement le faire à l’homme. Or, il apparait
très répandu dans le Nouveau Testament que Jésus est le Sauveur, et ce en tant
que Dieu.

A cause de ce qui précède, il est tout-à-fait normal :

• Qu’il pardonne les péchés (Matthieu 9 :2) ;


• Qu’il ressuscite les morts, du fait qu’il a vaincu la mort (Jean 11 : 39-45) ;
• L’autorité sur les mauvais esprits qui tremblent à la seule évocation de son nom
(Luc 13 :11) ;
• L’autorité sur la maladie : les textes sur ses guérisons ne sont que trop
nombreux dans la Bible ;
• Sur les éléments de la nature : l’eau, les vents, les murs…

Nous avons montré la théologie biblique du Messie, sans que cela puisse être
exhaustif, du fait que la Bible est christocentrique. Mais se pose toujours le problème
de la place de ce « Dieu » dans les temps éternels…

III- LA PREEXISTENCE DU CHRIST

Quelle place occupait le Christ avant son incarnation ? Quels étaient leurs
rapports ? Et comment comprendre son inégalité d’avec le Père qu’il confessait ? Et
son élévation, en quoi Dieu peut-il avoir été souverainement élevé ?« Au
commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle
était au commencement avec Dieu. »« Avant qu’Abraham fut, je suis ! »Il est
significatif de voir avec quelle magnificence la Bible montre les origines inoriginées
du Messie. Dans la prophétie de Michée, il est dit :« Et toi, Bethléhem Éphrata, Petite
entre les milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, Et
dont l'origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l'éternité. » (5 : 2)

Mais dans le débat théologique, il ressort que cette préexistence n’est ni


personnelle, ni conscience. John A. ROBINSON, et plusieurs avec lui-même les
Témoins de Jéhovah, dit : Le langage que Jean utilise pour désigner Jésus dans sa

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relation la plus étroite avec le Père est le même qu’il utilise, dans un sens plus faible et
plus ordinaire à propos des hommes en général.16
Cette ligne de pensée conçoit la préexistence de Christ comme une idée, qui a
préexisté dans la pensée de Dieu, au même titre que le projet de création du monde,
l’oeuvre de salut, et même l’appel à la vocation. Sinon, Jérémie aussi pourra prétendre
à la même préexistence.

Or, lorsque Jésus parle de sa préexistence, il ne s’agit nullement d’un état


cataplexique, ni de la catalepsie… mais bien une vie consciente qu’il s’assume, et
comme tel, a délibérément abandonnée pour venir s’offrir en vue d’une oeuvre
particulière. Jean 3 :13 ; 6 : 62 ; 17 : 5. Il est sorti du Père pour venir sur la terre (16 :
28).

Paul ira jusqu’à faire l’exaltation suivante : « le Christ qui est au-dessus de toute
chose, Dieu béni éternellement ! ». Naturellement, ces textes ne manquent pas de
souffrir d’entorse pour celui qui refuse la vérité. La relation entre le Père et le Fils était
et l’est toujours, d’ordre ontique et ontologique. Ontologique parce qu’ils sont de
même nature et essence : Dieu d’éternité; ontique du fait d’état ou mode d’existence,
esprit. La complexité étant toujours dans ce que tel ou tel faisait. Leur communion,
union et unité d’Etre, mais diversité de personnes sans confusions ni séparation, de
sorte qu’il n’y a rien que le Père fait sans que le Fils y soit ou soit en train de le faire,
le contraire étant tout aussi vrai.

L’incarnation apparait comme un abaissement volontaire. Le terme théologique


parfois utilisé beaucoup plus à tort est le kénosis, ou kénose, terme qui renvoie au fait
que Dieu se serait dépouillé volontaire, vidé de sa gloire divine, de ses privilèges.
L’épître aux Philippiens fait l’objet de cette interprétation partiellement juste, mais
dont les implications ouvrent des problèmes plus complexes. Beaucoup pensent même
que les manifestations de l’Ancien Testament où l’Ange de l’Eternel, assumant parfois
la personne de Dieu dans ses oracles où les dialogues avec les humains, étaient les
révélations de Christ. Ils en veulent pour preuve que cet ange ne se manifeste même
pas une seule fois dans le Nouveau Testament.

Il a donc, pour ainsi dire, assumé la nature humaine. En tant qu’humain, il peut
être inférieur à la divinité. La pensée est la suivante : Le Messie était depuis l’éternité
Dieu Lui-même, en tant que Logos ou Fils. Puis est venu un temps où, pour le salut de
l’humanité et le monde qu’il a créés, Il est venu sur terre dans une nature parfaitement
humaine, devenant un vrai homme, sans perdre sa nature divine. Il choisit pour ce faire
une jeune fille qui n’avait pas encore été connue par son mari pour deux raisons.
D’une part l’implication noétique lui est évitée (conséquence du péché de tous ceux

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qui descendent d’Adam par la conjugaison des hormones males et femelles) ; d’autre
part il aurait été foncièrement fils de Joseph si celui-ci avait déjà joui naturellement de
sa femme. On peut aussi comprendre dans ce sens les discriminations qu’il faisait à
l’endroit de ce dernier lorsqu’il voulait, via sa femme, trop se le prétendre. L’enfant
sait toujours à la fin qui est son véritable père !

IV- LA POSTEXISTENCE DU MESSIE

Cette section vient simplement comme complément de ce qui fait son symétrique.
En effet, s’il faille parler de sa préexistence, il importe aussi de voir de son existence
post-incarnation pour la confirmation, sinon infirmation du Messie.

1. La mort et la résurrection du Messie

a) La mort du Messie

Le premier grand scandale que pose le Messie est sa mort. En effet, s’il eût été
Dieu, admettre la mort de Dieu est des déclarations qui, lorsqu’elle ne frise pas le
blasphème, est quand même une atteinte à la dignité de Dieu. Admettre la possibilité
de mort à Dieu, c’est lui enlever même ce qui fait de Dieu qu’il le soit : l’Etre éternel.
Aussi bien dans le premier siècle qu’à nos jours, au sein comme hors de la foi
chrétienne, les attaques contre cette supposition ne manquent pas. Mais cela trouve sa
réponse dans le fait qu’il était de deux natures.

S’il a bien voulu assumer la nature humaine, il était important qu’il le fît avec tout
ce qui lui était inhérent. La naissance, depuis Adam et Eve, la douleur et la faiblesse,
enfin la mort, sont autant de faits inhérents, contingents à la nature humaine. Il en
aurait été de même pour le péché si sa conception empruntait les mêmes voies. Or,
puisque Dieu visait une recréation, la nature humaine était ce qui importait d’assumer
parfaitement comme dans les tout débuts de la création du premier homme.

Or, la mort a rendu la nature humaine, malgré l’exceptionnalité de sa conception,


sujette à la corruption. D’aucuns l’expliquent de la manière qui suit : le Saint-Esprit a
conservé l’éternité du Messie dans sa conception du fait qu’il était « le saint enfant » ;
mais Marie qui lui a apporté la part de l’humanité, lui a transmis par ce biais la
sensibilité du corps humain, et sa mortalité.
Notons simplement qu’en tant qu’homme, sa mort n’a rien d’extraordinaire.
BLOCHER dit à cet effet : « Jésus a éprouvé et « gouté » (jusqu’à la lie) la mort. »17
C’est plutôt le contraire qui aurait été problème dans la mesure où elle s’oppose au
principe qui s’impose à toute la race. Paul le dit : « C'est pourquoi, comme par un seul

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homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort
s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,.. » Romains 5 : 12.

b) La résurrection du Messie

Dans les textes bibliques il est dit : Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts.
C’est à ce niveau que se pose l’autre problème qui incite à la différence entre le Messie
et Dieu. Il n’est nullement besoin de s’étendre en long pour comprendre que la
résurrection ne peut être que l’oeuvre de Dieu. En tant que homme, Jésus est mort. Et
c’est cet homme, quoique Dieu aussi, qui est mort, et que ses amis ont vu mourir. C’est
cet homme corruptible, et donc mortel, qui fut relevé des morts par Dieu, le créateur de
la vie ; l’Etre immortel et Tout-puissant.

2. Le Messie exalté ou glorifié

Le véritable problème se situe à ce niveau. En effet, comment Dieu recevra-t-il


de Dieu un nom qu’il est semble supérieur à ce qui était auparavant ? « C'est pourquoi
aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout
nom… » Philippiens 2.

I. Réalité de tout homme

Hébreux 9 : 27 révèle « le sort des hommes est de mourir une seule foi, après
quoi vient le jugement », un principe auquel n’a pu échapper Jésus, du fait qu’il était
homme. Alors à ce niveau se trouve la richesse de la théologie. Cette humanité de
Jésus accède donc au jugement dernier de Dieu. Une fois la nature humaine assumée,
elle doit subsister jusqu’au jugement dernier.
La kénose ne s’impose donc pas pour le temps de l’incarnation qui devrait
cesser lors de la glorification. D’autres vont sensiblement dans le même sens en
parlant de la nécessité du Verbe18 de se dépouiller de la chair à la fin de l’histoire. Or,
c’est bien cet humain qui se présente à Dieu, du fait de l’obéissance et sa mort
innocente, et donc sacrificielle, pour la médiation éternelle. Et très certainement, en
tant que fils de David, il règnera éternellement.

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En somme, Jésus le Messie, en tant qu’homme, est élevé et glorifié ensemble


avec la divinité, de sorte qu’il jouit maintenant, quoiqu’aussi humain, de tous les
privilèges de la divinité.

II. L’union de deux natures

Cette union repose sur un équilibre : une seule hypostase : c’est-à-dire personnelle. En
d’autres termes, l’humanité et la divinité sont possédées par la même personne. Cette
même et unique personne est le Logos-Dieu et l’homme-Jésus. Cette hypostase est
telle que l’on ne sépare pas de la divinité, l’humanité. Au contraire les deux sont telles
que l’on peut nommer l’une pour évoquer l’autre, sachant que c’est la même personne
qui assume cette double identité (Actes 20 : 28).
Mais cette union se passe sans confusion ni changement. D’après BLOCHER,
Jésus ne serait pas Dieu s’il changeait dans sa divinité ; de même il ne serait plus
homme, semblable à nous en tout, hormis le péché, si son humanité était modifiée par
l’union hypostatique, ou absorbée par l’être divin.

Certains textes bibliques peuvent aider à soutenir cette thèse : Jean 1 : 14s ;
Paul, dans son introduction à la lettre aux Romains, v. 3-4, dit : « … concerne son Fils,
issu selon la chair de la lignée de David, établi, selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu avec
puissance par sa résurrection d'entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur. »
Par ailleurs la connaissance de l’une des natures n’était pas l’objet d’une crise
de confusion dans l’esprit de l’Homme-Dieu. D’aucuns diront que ses actions sont
théandriques au sens large et faible, lorsqu’elles relèvent d’une seul des deux natures
(la tentation dans le désert, la prière à Gethsémani, la connaissance du jour de
jugement…), et théandrique au sens strict et fort quand elles relèvent du concours des
deux natures (guérison de l’aveugle par l’application de la boue…). Mais l’unité vient
de ce que tout cela vient d’un même auteur. Il y a, d’une part, la science infuse (divin),
et la science acquise comme connaissance.
BLOCHER parlera de l’unité de la science du Christ de par l’unicité de l’auteur
dans une synergie harmonieuse. Isaac ZOKOUE, quant à lui parle du fait que les deux
natures ne sont guère dénaturées. C’est dire qu’elles ne subissent ni altération, ni
transformation.23 Il poursuit en montrant dans une bonne formulation, l’union de ces
deux natures :
Car on n’imagine pas deux volontés qui agiraient chacune à son tour, ou dont
l’une assujettirait l’autre, mais une seule volonté, celle du Verbe incarné, qui agit
conformément à sa manière d’être divino-humaine.

C’est sur la base de ces quelques principes que nous pouvons aborder des
hérésies et autres attaques au sujet de la christologie.

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V. DU PREMIER SIECLE AU CONCILE DE CHALCEDOINE

Cette période est marquée par la mise en place du témoignage. Il est à noter que les
Apôtres n’avaient guère laissé à leur suite, en dehors des enseignements et leurs écrits
(évangiles et épîtres), de canon qui put définir une fois pour toutes ce qui devait être
compris au sujet du Messie. D’ailleurs, eux-mêmes durent affronter certaines de ces
hérésies.

1) Le Gnosticisme et le Docétisme

a) Gnosticisme

Le terme vient de la gnose, c’est-à-dire connaissance. Le mouvement s’est


développé aux Ier et IIème siècles. L’apôtre Jean en avait eu d’adversaire, Cérinthe
d’Ephèse. Les gnostiques refusent l’union véritable entre le Révélateur-Sauveur et la
chair. Dans le cadre christologique, il y a l’influence de leur dualisme tributaire du
platonisme. Par conséquent, Dieu ne peut pas avoir revêtu la matière, mauvaise par
essence, fut-il pour un but sotériologique (terme désignant le salut). Ainsi, le Christ
serait descendu sur Jésus lors du baptême, et l’aurait quitté à la mort, pour abolir
l’ignorance et apporter la connaissance.

b) Docétisme

Le terme vient du grec dokein : sembler, paraitre. C’est une forme de gnosticisme.
Premièrement, il y a impossibilité d’union entre le Christ et la chair. Aussi, Jésus qui
venait de ce monde parfait n’a pas pu avoir une véritable nature humaine. Son
humanité n’était qu’une apparence plus ou moins inconsistante. (Pour ces deux
hérésies, voir Ignace d’Antioche et Irénée de Lyon).

2) L’Adoptianisme, le Monarchianisme et le Subordinatianisme

a. L’Adoptianisme

Selon cette théorie, Christ est un simple et pur homme, fils de Joseph et Marie. Sa
vie et ses actes extraordinaires relevaient de ce qu’il était simplement l’élu de Dieu.
Mais aussi extraordinaires qu’ils aient pu être, ils ne font pas cependant de lui un dieu.

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Il est toutefois adopté par l’unique Dieu (cf. Hébreux 1 et 2). Il insiste sur l’unicité de
Dieu, et pour cela ne saurait admettre la divinité de Jésus. Il fut enseigné par Théodote
de Byzance, à Rome au IIème siècle.

b. Le Monarchianisme

Encore appelé le patripassianisme, c’est le courant qui tend à atténuer la distinction


entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. En même temps qu’il défend l’unicité de Dieu,
qu’il défend aussi la divinité du Christ. La multiplicité des personnes en Dieu est, à ses
yeux, un danger. C’est bien le Père qui se serait incarné en l’homme Jésus. Le Fils en
tant que tel, n’a donc pas de réalité. Aussi, c’est le Père qui a souffert.

Il fut enseigné par Noétos à Smyrne, et Praxèas.L’autre aspect du monarchianisme


est le Modalisme : une seule nature divine, c’est le monade ou être absolu de Dieu.
C’est lui qui a d’abord agi comme Père dans l’Ancien Testament, comme Fils dans le
Nouveau, et comme Esprit dans l’Eglise. Son grand enseignant fut Sabellius (un libyen
établi à Rome), d’où l’autre nom de sabellianisme qui lui est connu.

c) Le Subordinatianisme

Dans ce courant qui se voulait une réaction au modalisme, il crée au départ une
différence entre le Père et le Fils. Mais à la nuance que le Fils, Verbe, est un Dieu d’un
ordre cependant inférieur au Père auquel il est soumis, ou subordonné. Donc il est une
réalité divine inférieure et inégale à celle du Père. Leurs arguments bibliques reposent
sur l’inférieur à Dieu dont se couvrait Jésus, tout au long de l’histoire dans les
évangiles. Celui qui viendra amplifier cette ligne est Arius.

d) L’Arianisme

Dieu est unique, immatériel, éternel, immuable et inengendré. Aussi, il ne saurait


être divisé, et ne saurait communiquer quoi que ce soit de sa substance. Aussi, tout ce
qui existe en dehors de lui n’est, et ne peut pas être, Dieu, si ce n’est que créature de
Dieu. Au sujet donc du Verbe, son engendrement par Dieu remonterait cependant à
des temps qui sont hors de celui du monde. Toutefois, il y a quand même un temps où
il fut créé, et que Dieu ne fut pas encore Père. Le Ils, dans cette théorie, occupe certes
une place spéciale dans la création de Dieu. Ce Fils est venu dans un corps humain
dans le but d’accomplir la volonté de Dieu, et c’est le Verbe qui lui aurait servi d’âme.
(Voir Concile de Nicée en 325 A. D.)

e) L’Apollinarisme

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Réfutation de l’arianisme, il ne fait malheureusement pas mieux, puisqu’il va


proposer quelque chose d’aussi indigeste théologiquement. Pour lui, il n’y a qu’une
seule nature en Christ : c’est l’union si intrinsèque de la divinité unie à son humanité.
Sa conception a été faite de la manière suivante : c’est l’Esprit divin qui aurait
remplacé le sperme qui donne la vie aux hommes ordinaires. Ceci a pour conséquence
d’éliminer la psychologie humaine chez lui. Par conséquent, il ne peut plus avoir deux
volontés s’opposant en lui. C’est pourquoi on parle encore de Monophysisme, pour
indiquer cette doctrine.

f) Le Nestorianisme

Il digère mal la possibilité d’appeler Marie : Mère de Dieu. Pour lui ce n’était pas
normal de dire d’elle qu’elle est théotokos, à moins d’ajouter et anthropotokos. Il
préférait encore mieux simplement : Mère du Christ. Puisque Dieu ne pourrait avoir
une mère, et qu’une créature ne saurait engendrer une divinité, aussi, pour lui, Marie a
seulement mis au monde un homme qui nous a apporté la divinité, mais qui n’est pas
Dieu. Parce que Dieu ne peut ni avoir été porté neuf mois durant dans le sein d’une
femme, ni avoir souffert, ni être mort, ni avoir été enterré. Plus tard, il affirmera que
l’union des deux natures de Christ n’est pas une fusion. Par conséquent, quand
l’humain a souffert, on saurait parler des souffrances de Dieu.
(Concile d’Ephèse en 431 A. D.)

VI. JESUS EST DIEU

JÉSUS EST DIEU : Jésus est le fils unique de Dieu, il est la parole de Dieu, la
deuxième personne de la trinité. Jean 1 :1-3, 14 / Luc 22 :70 / 1Jean 5 :20

A) JÉSUS A TOUS LES ATTRIBUTS DE DIEU

1. Il est omnipotent - Apocalypse 1 :8, 17-18


Puissant, invincible, important, influent, redoutable, considérable, tout
puissant, invulnérable, cela décrit une personne dont l’autorité est absolue.
2. Il est omniprésent - Matthieu 28 :20
Présence en tout lieu et tout temps, dédoublement, la capacité d’être dans
plusieurs lieux à la fois.

3. Il est omniscient - Jean 2 :24-25

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Science infinie, connaissance, érudition, grande étendue de savoir,


connaissance universelle.

4. Il est éternel - Jean 8 :58 / Hébreux 13 :8 / Jean 17 :5


L’affirmation « avant qu’Abraham fût, je suis » soutient non seulement la
préexistence de Christ (fût) mais aussi l’éternité (je suis).

Lorsque Christ à utilisé le terme « je suis », c’était en référence au « je suis »
utilisé par Dieu se révélant à Moïse dans Exode 3 :14. Les juifs ont
clairement reconnu cela, puisqu’ils ont tenté de lui jeter les pierres.

La construction grecque du « je suis » utilisée par Christ en Jean 8 :24, Jean


13 :19 et Jean 18 :5 est exactement la même que celle utilisée par Dieu dans
la traduction grecque de Deutéronomes 32 :39 / Esaïe 43 :10 et Esaïe 46 :4

5. Nous avons vu qu’il est le créateur - Colossiens 1 :13-20 / Hébreux 1 :2-


3 / Jean 1 :1-4
6. Il pardonne les péchés - Marc 2 :5-11
7. Il va juger le monde - 2Timothée 4 :1
8. Il donne la vie éternelle - Jean 10 :28 / Jean 11 :25-26

b) Pourquoi Jesus fait-il fait homme ?

Parce que :

1. Le péché de l’homme a amené la mort sur lui, la séparation éternelle avec


Dieu – Genèse 2 :16-17 / 1Corinthiens 15 :21 / Romains 1 :21 / Matthieu
1 :21

2. Le manque d’espoir de l’homme nécessite quelqu’un pour le libérer de la


puissance de la mort. Esaïe 61 :1-3 / Actes 4 :12

 Personne n’est qualifié pour cette tâche.

 Parce que toute personne née d’Adam a hérité de la nature du péché. –


Romains 5 :10-12 / Psaumes 51 :1-5 / Psaumes 58 :3

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 Jésus seul est qualifié de Sauveur parfait sans péchés – 1Timothée 2 :5-6 /
Romains 5 :19

3. La justice de Dieu est juste, Dieu aimait l’homme mais il ne pouvait pas
ignorer le péché ni violer sa sainteté. C’est pourquoi, il a fallu que quelqu’un
paye le prix. – Colossiens 1 :19-20 / Hébreux 10 :10 / Esaïe 53 :5-6

4. La mort de Jésus sur la croix a révélé un grand amour de Dieu pour nous au
point de juger son fils unique pour nous. – 1Pierre 2 :22-24 / 1Jean 3 :1-5 /
2Corinthiens 5 :21

5. Jésus est devenu humain, afin que l’homme arrive à connaître et comprendre
la nature et le caractère de Dieu. – Jean 14 :6-7

c) L’humanité et la mort

1. Il devait se faire homme pour bien s’afficher, avec tous les aspects de notre
vie. – Esaïe 53 :4-6 / Hébreux 4 :15-16
2. Il est devenu homme pour devenir Roi. – Luc 1 :32-33.
3. Il est devenu humain pour mourir parce qu’en tant que Dieu, il est
impossible de mourir. – Philippiens 2 :5-8.
4. Il est venu pour détruire l’œuvre de l’ennemi et établir le Royaume de Dieu.
– Luc 4 :18-19.
5. Jésus est mort pour nous racheter de la malédiction de la loi et donner la
nouvelle loi, loi de l’esprit basée sur la grâce et l’amour de Dieu. – Galates
3 :10-14.
6. Il est mort pour que nous devenions les fils de Dieu et ses héritiers. – Jean 1
:12 / Galates 4 :4-7

CONCLUSION

La résurrection de Christ nous donne une fondation sur laquelle nous établissons
notre espérance. Elle nous donne l’espoir de la vie éternelle qui inclut toutes les
ressources de Dieu qui viennent dans notre vie. – Tite 1 :1-3.Nous avons l’espoir de la
résurrection et de l’immortalité parce que Jésus a vaincu la mort et est ressuscité du
tombeau. – Ephésiens 1 :18-21 / 1Corinthiens 15 :14-19

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JESUS EST-IL DIEU ?

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