Vous êtes sur la page 1sur 36

Master 1 Biologie de Développement

2016/2017 PLAN DU MODULE

I.1. Définitions
I.2. Objectifs
I.3. Méthodologie et approches
I.4. Normes
I.5. Bioteneurs
I.6. Bioindicateurs et biomarqueurs
TOXICOLOGIE DE L’ENVIRONNEMENT I.7. Sources de pollution
I.8. Classification des polluants
I.9. Règle des trois actions polluantes
I.10. Pollution des écosystèmes et évaluation
I.11. Niveaux d'étude des polluants
I.12. Evaluation environnementale
I.13. Développement durable

7. Sources de pollution
1. Définitions a. Production d’énergie
2. Objectifs b. Activités industrielles
3. Méthodologie et approches c. Diversification de l’industrie chimique
4. Normes d. Agriculture
a. ADI (Acceptable Daily Intake) e. Pollutions anthropiques
b. TLV (Threshold Limit Value)
c. Dose Maximale Tolérable 8. Classification des polluants
e. MRFC (maximum recommended field concentration) a. Critères et classification
5. Bioteneurs b. Différences entre les macropolluants et les
a. chaine trophique micropolluants
b. Bioconcentration
c. Biomagnification 9. Règle des trois actions polluantes
d. Bioaccumulation a. Modification des réactions chimiques de base
e. Biodisponibilité b. Compétition avec une fonction chimique essentielle
c. Déplacement des équilibres dans l'environnement
f. biodégradation
g. Pyramides écologiques
10. Pollution des écosystèmes et évaluation
6. Bioindicateurs et biomarqueurs
a. Nocivité du polluant
a. Bioindicateurs
b. Effet des polluants
b. Biomarqueurs
c. Evaluation des effets
11. Niveaux d'étude des polluants
a. Le niveau biochimique et cellulaire
b. Le niveau des organismes
c. Le niveau des populations
d. Le niveau des écosystèmes naturels

1.Définitions
e. Le niveau des écosystèmes contrôlés

12. Evaluation environnementale


a. Définition
b. Critères
c. Diagnostics
d. Evaluation du risque environnementale

13. Développement durable


a. Historique
b. Définition
c. Concepts

a. Pollution a. Pollution
Ces modifications peuvent affecter l'homme
La pollution est une modification défavorable du directement ou au travers des ressources
milieu naturel qui apparaît en totalité ou en agricoles, hydrauliques et autres produits
partie comme un sous-produit de l'action biologiques.
humaine, au travers d'effets directs ou
indirects. Elles peuvent aussi l'affecter en altérant:
Ces effets altèrent: • les objets physiques qu'il possède
• les critères de répartition des flux d'énergie, • les possibilités récréatives du milieu
• des niveaux de radiation, • en enlaidissant la nature.
• de la constitution physico-chimique du milieu
naturel
• de l'abondance des espèces vivantes.
c. Toxicologie TRUHAUT, (1976)

b. Ecologie C’est la discipline qui étudie les substances


toxiques (poisons) qui provoquent des
altérations biologiques menant à la mort si
C’est la science globale des relations des les perturbations physiologiques sont
organismes avec leur monde extérieur intenses.
environnant dans lequel sont incluses au
La toxicologie est à la fois descriptive et
sens large, toutes les conditions
explicative.
d’existence (HAECKEL, 1866).
Elle évalue la toxicité (tests) et précise les
mécanismes.

d. Ecotoxicologie RAMADE (1971)


La discipline qui étudie les
substances toxiques qui
La science des relations des
organismes avec leur monde
provoquent des altérations ou extérieur environnant dans lequel
des perturbations des nous incluons au sens large, toutes
La science qui étudie les modalités de fonctions menant à terme à la les conditions d’existence.
mort.
contamination de l’environnement par des TRUHAUT (1976) HAECKEL (1866)
agents polluants naturels ou artificiels
produits par l’activité humaine. ECOTOXICOLOGIE

Elle étudie également leur mécanisme d’action


et leurs effets sur l’ensemble des êtres C’est la science qui étudie les modalités de contamination
de l’environnement par des agents polluants naturels ou
vivants qui peuplent la biosphère. artificiels produits par l’activité humaine ainsi que leur
mécanisme d’action et leurs effets sur l’ensemble des
êtres vivants qui peuplent la biosphère.
RAMADE (1971)
Figure 1. Définition de l’écologie, de la toxicologie et de l’écotoxicologie.
d. Ecotoxicologie RAMADE (1977)
e. Ecologisme SIMONET (1979)

La science qui étudie les interactions et les C’est un mouvement social, philosophique et
effets in situ de contaminants sur les politique.
êtres vivants (végétaux, animaux) à
différents niveaux C’est également un courant de pensées et
-organismes d’action qui pose la question du rapport
-populations entre la nature et la société dans un siècle
-peuplements où l’homme dénaturé, enfermé dans son rôle
-communautés social, est la première victime des
dysfonctionnements dans ce rapport
Ainsi que le devenir de ces substances dans
Mouvement en faveur de la protection de
les écosystèmes.
l’environnement naturel, notamment contre les
différentes formes de pollution industrielle.

g. Intégrologie BOUCHE (1996).


f. Environnique BOUCHE (1996)
C’est une technique de gestion des savoirs
applicables aux systèmes complexes étudiés
C’est l’ensemble des approches techniques par l’écologie et pratiqués par l’environnique.
qui gèrent les connaissances bio-physico-
chimiques
Elle est définie comme la science de
l’intégration globale des connaissances
produites par les diverses spécialités
étudiant le réel.

Son objet est la gestion de la connaissance


exhaustive, pertinente et explicite.
Agents polluants
Définition
Agents qui exercent des influences perturbatrices sur
* Agents polluants l’environnement (Ramade, 1992).

Origine Nature
-Agents polluants naturels -Agents polluants chimiques
* Agents contaminants (lave, fumés de volcans, (pesticides, oxyde d’azote émis
coliformes fécaux transféré du par les automobiles…)
sols vers des eaux marines…). -Agents polluants physiques
* Agents toxiques -Agents polluants artificiels
(insecticides agricoles…).
(rayons ultraviolet…).
-Agents polluants biologiques
(bactéries de biodégradations).

Effet
pollution soit “une perturbation de l’équilibre naturel de
l’environnement” (Ramade, 1992). Un équilibre naturel
peut se développer aprés le retrait du polluants

Agents contaminants Agents toxiques


Définition Définition
Agents qui ont des teneurs élevées par rapport aux teneurs Agent qui à cause de leurs teneurs excessives occasionnent des
naturelles normales (Francis, 1994). effets néfastes dans des organismes biologiques (Klaassen et al.
1986).
Origine Nature
-Agents contaminants -Agents Origine Nature
contaminants
naturels (métaux, mercure chimiques (métaux lourds en -Agents toxiques naturels -Agents toxiques chimiques
méthylés…). excés, organochlorés, pesticides (Cd et Pb en concentration (Monoxyde de carbone des gaz d
-Agents contaminants synthétiques…). excessives, nicotine de la échappement d’automobiles, métaux
cigarette, haute dose de caféine). lourds).
artificiels (biphényles -Agents contaminants
polychlorés BPC, hérbicides, microbiologiques -Agents toxiques artificiels -Agents toxiques physiques
(bactéries
chrome issu des poteaux fécales , salmonelles pathogénes). (insecticides organophosphates mal (Radioactivité, rayons ultraviolets..
éléctriques…). utilisés…).

Effet Effet
Toxicité soit “un ensemble variable d'effet néfaste“ (Klaassen et
contamination soit un déséquilibre des teneurs naturelles al. 1986), elle est lentement réversible sauf dans des cas
(Francis, 1994) et sa réversibilité se révéle souvent extrêmes tels que mortalités, anomalies du développement
lente. embryonnaire ou neurotoxicité du cerveau.
- Tout agent toxique est un contaminant et un
polluant.
2. Objectifs

- Tout polluant ou tout contaminant n’est pas Ecophysiologie


Ecologie Physiologie
nécessairement toxique, car la toxicité exige
une teneur excessive.
Ecologie
Evolution, génétique, chimique Toxicologie
- Les agents polluants, contaminants et toxiques chimie, biologie
moléculaire, etc.
ont en commun le même effet général un
déséquilibre dans l’environnement.
Critères Classification par ordre croissant
Nombre de composés Agents toxiques ‹ contaminants ‹ polluants

Déséquilibre provoqué Polluants ‹ contaminants ‹ agents toxiques

L'évaluation des effets de la pollution est


l'objectif de l'écotoxicologie qui étudie les
Elle utilise des techniques propres à la
dommages occasionnés aux écosystèmes en
toxicologie qui étudie plus spécifiquement la
général et aux biocénoses en particulier, par
toxicité en laboratoire d'une substance sur
les polluants physiques et/ou chimiques.
des organismes tests représentatifs de:

En plus de l'étude de l'impact des polluants sur


- l'espèce humaine (tests de toxicité)
les écosystèmes, l'écotoxicologie examine les
relations entre les polluants et le milieu - organismes tests en plein champ (tests
(telles que les voies de transfert ou de d'écotoxicité).
cheminement des polluants dans les
écosystèmes, la biodégradation et la
bioaccumulation des polluants, etc…).
L’écotoxicologie a deux objectifs principaux :
Cependant, l’écotoxicologie à des contraintes. Elle
se heurte:
- Etudier les processus de contamination des
milieux.
• à une très grande complexité liée à la diversité
- Evaluer les effets des polluants à l’égard de
des constituants de l’écosphère
la structure et du fonctionnement des systèmes
naturels.
• aux variations spatio-temporelles des facteurs
Elle doit donc dépasser les simples constats de écologiques.
niveaux de pollution et de toxicité pour
appréhender les mécanismes responsables de • à la diversité qualitative et quantitative des
la bioaccumulation et des transferts des contaminants.
contaminants au sein des systèmes biologiques
ainsi que les processus entraînant les effets • aux nombreux mécanismes d’adaptation mis en
sub-létaux. œuvre par les organismes.

3. Méthodologie et approches
Ecosystème

Rapidité de l’apparition de la réponse observée


Les objectifs de l’écotoxicologie impliquent une
analyse à différents niveaux d’intégration de la Population

Niveau de signification écologique


Niveau d’organisation biologique
molécule à la biocénose:
• molécule Organisme
• cellule
• organe Tissulaire
• organisme
• population
• biocénose. Cellulaire

Ainsi que d’apprécier l’influence des facteurs Moléculaire


biotiques, abiotiques et de contamination. Fig. 1. Représentation graphique de l’ordre séquentiel des réponses à
un stress au sein d’un système biologique
Les méthodologies développées en écotoxicologie
peuvent être distinguées par: Chacune d’elles implique un degré de
réductionnisme plus au moins important, associé
- les différentes dimensions qui les caractérisent à un niveau de compréhension des mécanismes
étudiés et à un risque d’extrapolation.
- leur représentativité à l’égard des phénomènes
naturels depuis les tests monospécifiques Une approche rationnelle des problèmes
jusqu’aux études de terrain en passant par les écotoxicologiques tient compte de la
expériences de laboratoire à l’aide de complémentarité de ces diverses approches;
modèles écotoxicologiques, comme les chaînes les études in situ constituant le référentiel
trophiques, les écosystèmes expérimentaux et pour les recherches élaborés à l’échelle du
par les expériences en nature. laboratoire.

3. Méthodologie et approches
4. Normes
• Approche réductionniste: étude physio-
toxicologique des effets des polluants sur des Définition des doses maximales dites
organes ou modèles cibles (propre à la admissibles pour les principaux contaminants de
toxicologie). l'environnement (inoffensives pour notre
espèce, même en cas d'exposition
• Approche holistique: étude des mécanismes de ininterrompue pendant toute une vie).
contamination des milieux (transferts,
transformations, impact sur biocénoses). Ces normes sont d'origine anglo-saxone et
désignées par leur abréviations en anglais. Elles
• Approche intégrative et comparative (chaîne ne s'appliquent qu'aux produits industriels et
trophique, bioaccumulation). agricoles ayant fait l'objet d'un test de
toxicité et d'une demande d'agréation.
Les deux dernières approches concernent
l’écotoxicologie.
4. Normes
• DMT (Dose Maximale Tolérable): Dose maximale
• ADI (Acceptable Daily Intake): Quantité de d’un polluant que peut tolérer un être humain sans
polluant à laquelle peut être soumis induire des effets nocifs. Cette notion implique le
concept de rapport bénéfice/risque. La dose
quotidiennement un être humain sans induire
maximale tolérable est établie en fonction d'un
des effets nocifs. Elle est établie à partir
seuil économiquement rentable à ne pas dépasser
d'expériences réalisées sur rat (la dose et du danger que les polluants fabriqués
obtenue sur rat est divisée par 100 pour présentent pour la santé publique.
obtenir l'ADI concernant l'homme).
• MRFC (Maximum Recommended Field
• TLV (Threshold Limit Value): Concentration Concentration): C’est la concentration maximale
maximale de polluant admissible dans l'air des recommandée par le fabricant pour un traitement
lieux de travail pour une exposition de 8 en plein champ.
heures maximum par jour.

5. Bioteneurs
a. Chaîne trophique
• Une chaîne alimentaire: est une suite d’êtres vivants c. DÉCOMPOSEUR
b. CONSOMATEUR
reliés par une relation alimentaire et énergétique.
Chaque organisme constitue un maillon de la chaîne
alimentaire. Il y a échange d’énergie de l’un à
l’autre des organismes mais également des pertes.
Les chaînes alimentaires font partie d’un réseau
alimentaire qui décrit le cycle de la matière (matière
- chaîne alimentaire - matière-décomposeurs).

• Un niveau trophique: est le rang qu’occupe un être


a. PRODUCTEUR
vivant dans une chaîne alimentaire. Chaque maillon
de la chaîne constitue un niveau trophique. Fig 2. Les différents niveaux trophiques.
a. Les producteurs: qui sont les végétaux autotrophes.
b. Bioconcentration:
b. Les consommateurs: qui sont les animaux
hétérotrophes:
C'est la capacité qu'a un organisme de stocker
• les consommateurs de premier ordre (les herbivores une substance à une concentration
qui mangent d’autres végétaux), supérieure à celle de l'eau ou de la
• les consommateurs de second ordre les carnivores nourriture.
ou prédateurs qui mangent les herbivores)
• Les consommateurs de troisième ordre (les BCF (facteur de bioconcentration)=
carnivores qui mangent d’autres carnivores).
Concentration du polluant dans
c. Les décomposeurs: qui sont les bactéries et les l’organisme/concentration du polluant dans le
champignons, qui dégradent la matière organique des milieu.
cadavres et redonnent aux plantes les sels minéraux
indispensables à la photosynthèse.

d. Bioaccumulation:
c. Biomagnification:
Certains polluants peuvent devenir toxique en
Elle désigne une accumulation progressive d'une s’accumulant dans certains organes par petites
substance via la chaîne alimentaire (Ft). doses jusqu’à l’apparition d’effets nocifs pour
l’organisme.
Ft (Facteur de transfert) = Concentration du
polluant dans le niveau trophique n+1/
Concentration du polluant dans le niveau La bioaccumulation est un terme qui englobe
trophique n. biomagnification et bioconcentration.

Ft >1 bioamplification
Ft = 1 simple transfert La bioaccumulation résulte d'un phénomène de
Ft < 1 diminution de la concentration. transfert et d'amplification biologique de la
pollution à travers les biocénoses contaminées.
La bioaccumulation s’appuie sur le coefficient de La bioaccumulation est appréhendée indirectement par la
partage octanol/eau ou KOW qui mesure le degré relation: BCF = KOW x Concentration de la substance
de lipophilie (ou d’hydrophobie) d’une substance, dans les lipides.
c'est-à-dire une estimation du partage de la
La substance est alors bioaccumulable si BCF > 100
substance entre l’eau et les graisses des tissus
pour prédire la capacité d’un polluant de Mesure des différentes concentrations en DDD (pesticide) dans la
s’accumuler dans les graisses. chaine trophique du Clear Lake (USA) .

Le Kow est souvent exprimé par son logarithme,


log Kow = log P.
une substance est bioaccumulable si :
Kow ≥ 100, ou Log P ≥ 3.
Ex:
Fig. 3 Phénomène de bioaccumulation et son transfert via la chaîne trophique.
Pentachlorophenol log P = 5,12 : bioaccumulable. Concentrations de DDD (insecticide OC) dans la chaîne trophique
Chloroforme log P = 1,97 : non bioaccumulable. d’un lac aux USA.

Exemple : le mercure (Hg) fixé dans les sédiments est sous cette forme,
e. Biodisponibilité: non toxique pour les organismes qui vivent dans les sédiments car non
biodisponible. L’Hg qui se trouve en solution dans les sédiments est, à
l'inverse, toxique pour les organismes des sédiments car biodisponible pour
C’est la propriété d’un élément ou d’une substance ceux-ci et son relargage dans l’eau augmente son risque toxique par
d’atteindre les membranes cellulaires des transfert indirect via la chaîne alimentaire.
organismes vivants. La biodisponibilité, paramètre essentiel de la toxicité.

Il s’agit d’un des paramètres essentiels de la


toxicité car un changement de la biodisponibilité
d’un polluant équivaut à un changement de
toxicité.

Un polluant, dans un compartiment, peut-être à la


fois toxique et non toxique pour un organisme en
raison de sa biodisponibilité ou non.

Fig. 4 Rapport entre biodisponibilité et toxicité dans un écosystème aquatique.


f. Biodégradation:
Deux types de biodégradation sont distingués :

La biodégradation est tout processus biologique qui


entraîne la conversion d’une substance organique en • La biodégradation primaire (biotransformation): a été
dérivés ultimes organiques et inorganiques définie comme la perte de l’identité chimique du
chimiquement distincts de la substance initiale produit initial. C’est une attaque partielle de la
(Shimps et al., 1990). molécule, aboutit à l’apparition de métabolites
persistants, moins ou plus toxiques que la molécule
initiale.
La biodégradation est une dégradation biologique
effectuée par des micro-organismes (bactéries,
champignons…). Elle est due à l’abondance et à la • La biodégradation ultime (minéralisation): dégradation
variété des micro-organismes dans le milieu complète conduisant à la formation de CO2, méthane,
considéré. L'attaque d'une molécule chimique par des eau, éléments minéraux. Cette biodégradation, si elle
micro-organismes a pour aboutissement sa se fait rapidement, conduit à l'élimination du polluant
minéralisation et l’obtention de métabolites de faibles dans le milieu.
poids moléculaires facile à éliminer.

Dégradation primaire ou ultime: un risque différent.


g. Pyramides écologiques:
La pyramide écologique est une forme de
représentation graphique pour indiquer des rapports
entre différentes catégories d'espèces
correspondant à différents niveaux trophiques.

Fig. 5 Biodégradation primaire et biodégradation ultime.

Le potentiel de biodégradation d’un produit chimique


peut être estimé par le rapport entre la demi-vie (le
temps nécessaire pour réduire la quantité de produit
à 50% de sa valeur initiale) et le temps de résidence.
Les substances qui ont des rapports >7 sont considérées
comme virtuellement non-biodégradables. Fig 6. Pyramides écologiques
• Pyramide des nombres: Le nombre d’individus de chaque
niveau trophique.
• Pyramide de la biomasse: La biomasse est la masse
totale de la matière organique et des êtres vivants
subsistant dans une région donnée. La pyramide de la
biomasse est la masse de chaque niveau trophique par
unité de surface (g/mètre carré).
• Pyramide des énergies: c’est la quantité d’énergie
disponible à chaque niveau trophique. Elle est exprimée
en Joules. Sur le 100% d’énergie disponible d’un niveau
trophique, un taux de 10% en moyenne est converti en
biomasse dans le niveau suivant. C’est ce qu’on appelle
rendement ou efficacité écologique.
Fig 7. Pyramides des biomasses et des concentrations d’un
• Pyramide des concentrations: exprime la concentration polluant dans les réseaux trophiques.
d’un xénobiotique dans les différents niveaux
trophiques.

6. Bioindicateurs et biomarqueurs
6.1. Bioindicateur:
Ecotoxicologie
a. Définition: Un bioindicateur est une espèce
végétale ou animale dont la présence renseigne
Bioindicateurs Biomarqueurs sur certaines caractéristiques physico-chimiques
ou biologiques de l'environnement ou sur
l'incidence de certaines pratiques.
Moléculaires
Espèces animales
ou végétales Biochimiques Les effets sont observables au niveau de
l'individu et/ou la population et se traduisent
Cellulaires
par des altérations morphologiques,
Bioindicateur Bioindicateur Physiologiques comportementales, tissulaires, physiologiques,
d’accumulation d’effet
biochimiques, moléculaires,….etc (biomarqueurs).
Comportementaux
Pollution
L’utilisation de bioindicateurs repose sur le
principe de sélection des organismes résistants
(tolérants) aux pollutions au détriment des
organismes sensibles.

Les individus ou les espèces sensibles vont


disparaître sous la pression du polluant (mort ou
fuite), laissant la possibilité aux espèces
résistantes de se développer davantage.

Ce phénomène c’est l’analyse des


présences/absences. Une espèce bioindicatrice
traduit la contamination du milieu par son
Fig 8. Principe d’un bioindicateur: sélection d’organismes résistant au
abondance ou son absence. détriment d’organismes sensibles. Analyse prèsence/absence

c. Caractéristiques :
b. Types :
• Être connu scientifiquement (ubiquiste, abondant et
• bioindicateur d’accumulation: qui accumule une sédentaire).
ou plusieurs substances issues de son
environnement permettant ainsi d’évaluer son • Être lié ou corrélé à des fonctions de l’écosystème.
exposition.
• Intégrer des propriétés ou des processus physiques,
chimiques et biologiques.
• bioindicateur d’effet: qui permet de révéler
des effets spécifiques ou non lors de • Pouvoir prendre en compte différents aspects.
l’exposition à une ou plusieurs substances
issues de son environnement. • Présenter des qualités de mesure.
• Echantillonnage facile, efficace et peu cher.
• Élevage possible en laboratoire
6.2. Biomarqueurs :
d. Utilisations :

• Déceler les changements dans l'environnement a. Définition: Un biomarqueur est un changement


naturel. observable et/ou mesurable au niveau:
moléculaire, biochimique, cellulaire,
• Surveiller la présence de pollution et ses
effets sur l'écosystème et l'organisme. physiologique ou comportemental,
qui révèle l'exposition présente ou passée d'un
• Suivre les progrès du nettoyage de
individu à au moins une substance chimique à
l'environnement.
caractère polluant (Lagadic et al., 1997).

L’inhibition ou l’induction des biomarqueurs sont


de bons outils écotoxicologiques pour:
Les biomarqueurs sont mesurés chez des
- Évaluer l’exposition
organismes exposés à des conditions de
- Évaluer les effets potentiels des xénobiotiques
stress liées à la présence de substances
sur l’organisme.
polluantes dans l’environnement.
Principe d’un biomarqueur: sa concentration dans l’organisme reflète que
celui-ci est exposé a un polluant.

Ils représentent la réponse biologique initiale


des organismes face à des perturbations ou
des contaminations du milieu dans lequel ils
vivent.

Fig. 9. Principe d’un biomarqueur : inhibition ou induction.


b. Types : c. Caractéristiques :

• Biomarqueurs d’exposition: substance exogène ou son La réponse du biomarqueur doit être sensible,
métabolite, ou le produit d'une interaction entre un spécifique et précoce.
agent xénobiotique et une molécule ou une cellule- Biomarqueurs: carctéristiques
cible, qui est mesurée dans un compartiment à Dose
Durée Effets écologiques xénobiotique
l'intérieur d'un organisme. population,
communauté,
écosystème

E
XP
• Biomarqueurs d’effet: altération biochimique, cibles moléculaires

O
SI
de l'organisme
physiologique ou d'un autre type qui peut être

TI
O
dose durée

N
mesurée à l'intérieur d'un organisme et qui, suivant
Effets
son ampleur, peut être reconnue comme un trouble de physiologiques
pathologiques
la santé ou une maladie, établie ou potentielle. tissu, organe, organisme
réponse
Effets biochimiques Sensible Précoce
• Biomarqueurs de sensibilité: indiquent l’existence molécule, organelles, cellule

Complexité
Spécifique

d’une sensibilité différente au toxique dans une partie


de la population. Fig. 10. Caractéristiques d’un biomarqueur

c. Caractéristiques : d. Utilisations:
• Leur sensibilité et leur spécificité vis-à-vis d’un type CONTAMINANTS, BIOMARQUEURS ET EFFETS
de pollution ou de stress doivent être connues.
• Leur mesure doit être reproductible dans le temps,
sur le court et/ou le long terme.
• Ils doivent être communs aux individus d’une même
population, et la variabilité au sein d’un groupe témoin
ou exposé doit être connue.
• Les méthodes de leur dosage doivent tenir compte de
divers facteurs d’applicabilité en laboratoire et sur
terrain tels que la facilité d’échantillonnage et de
conservation et le coût des analyses.
• Ils doivent avoir un pouvoir prédictif des effets à des
niveaux biologiques supérieurs (croissance,
reproduction, population…) et éventuellement prédire
les risques pour l’homme.
7. Sources de pollution

1. Ponctuelles 2. Diffuses Sources multiples: matières toxiques provenant


Rejets d’agents toxiaues qui ont lieu Nombreuses et se produisent à des
de sources diffuses et source ponctuelles.
à des points précis fréquences irrégulieres et peu prévisible

Ex:Effluents, cheminées et Ex: HAP (52% feux des forêts


déversement accidentels. 20%poêles à bois 10%vieilles
- Identifiables alumineries 0,1% cigarettes). La multiplicité des sources diffuses et
- Estimables ponctuelles des contaminants complique
- Dispersion modélisables
- Brouillard pour la l’inventaire de ces sources.
- Minorité des cas
dispersion
- Majorité des cas
La proportion de la contamination en provenance des sources
diffuses s’avère souvent plus élevés que celle des sources
ponctuelles

a- Production d’énergie: utilisation et gaspillage


de ressources non renouvelables avec comme
conséquences de l’extraction et de la combustion b- Activités industrielles: émissions de
du pétrole:
• Composés minéraux: Métaux et métalloïdes:
- marées noires, mercure, plomb, cadmium, arsenic
- pollution continentale et littorale,
- développement du transport routier,
- contamination diffuse de l’air, • Composés organiques: aldéhydes, phénols,
- effet de photo-oxydants produits par les pesticides, fluorures, chlorés
gaz d’échappement sur la végétation,
- chauffage urbain, • Matières plastiques: polyéthylène,
- augmentation du dioxyde de soufre polystyrènes, polyuréthane.
SO2.
Les substances plastiques renferment souvent
des stabilisants et autres agents plastifiants c- Diversification de l’industrie chimique:
dont la toxicité est mal évaluée. 1000 substances nouvelles/an dont la
nocivité et la toxicité sont souvent très mal
connues.
Rôle important dans la contamination de
l’environnement par:
d- Agriculture :
- les PCB (PolyChloroDiphényl), engrais, pesticides.

- le DDT (Dichloro-Diphényl-Trichloro-
éthane)

- le Cadmium

e- Pollutions anthropiques
(chimiques):

perturbent les équilibres globaux avec


réchauffement climatique; pluies acides de la
transformation:

- des oxydes de soufre (SO2 SO3) en acide


sulfurique (H2SO4)

- des oxydes d’azote (NO, NO2) en acide nitrique


(HNO3) (pH des pluies acides<2,5); rejet des gaz
propulseurs des aérosols (CFC Chlorofluorocarbure)
et impact sur la couche d’ozone.
8. Classification des polluants La classification la plus usitée est celle de Ramade
(1977) qui distingue :
a. Critères et classification

La nature des polluants est extrêmement variée.


Physiques Chimiques Biologiques
Les polluants sont disséminés dans tous les
compartiments: hydrosphère, atmosphère,
lithosphère, biosphère. hydrocarbures,
matières plastiques,
pesticides, nitrates,
Plusieurs critères sont à l’origine de la phosphates, métaux
classification des polluants: nature ou l’état, la lourds, fluores…
taille ou l’abondance.
radiations ionisantes, matières organiques
pollution thermiques, mortes, agents
nucléaires pathogènes…

Tableau 1: Classification des polluants et leur présence dans les


différents compartiments ou écosystèmes. Une seconde classification est basée sur
l’abondance naturelle

- des éléments traces (68 éléments dont la


concentration individuelle est inférieure à 0,1%
avec un total de 0,6% de la masse de la croûte
terrestre)

- des éléments majeurs (12 éléments intervenant


pour un total de 99,4%) dans la croûte terrestre.

Selon ces critères BOUCHE (2005) classe les


substances toxiques en:
-Mégapolluants lorsque la substance considéré constitue
environ 1% ou plus du sol/sédiment (masse sèche). C’est le Une troisième classification simplifiée subdivise
schématiquement, les polluants en deux grands groupes:
cas de la matière organique morte qui peut en certains cas
(absence d’oxygène être à l’origine d’effets toxiques par
l’asphyxie résultant de sa décomposition).
Macropolluants Micropolluants
-Macropolluants lorsque la substance considérée représente
quelques ppm (mg/kg) du substrat analysé. C’est le cas des
métaux lourds ou de l’ammoniaque. Phosphates 1- Micropolluants
-Micropolluants lorsqu’ils représentent quelques ppb (µg/kg) Nitrates minéraux
du substrat. C’est le cas des PCBs (PolyChloroDiphényl), HAPs
2- Micropolluants
(Hydrocarbures aromatiques polycycliques), dioxines,
pesticides.
organiques non
pesticides
-Génotoxiques lorsque chaque molécule a des effets
délétères comme le cas des adduits se fixant sur l’ADN et 3- Pesticides et
induisant des dysfonctionnements cellulaires (cancers, biocides
tératogenèse).

2- Micropolluants organiques non pesticides:


1- Micropolluants minéraux:

- Hydrocarbures aromatiques polycycliques et


- Eléments traces métalliques,
hétérocycliques.
- Silice, Silicates, Amiante,
- Paraffines chlorées.
- Fluorocarbone (gaz propulseur des aérosols
- Aromatiques halogénés.
nocif pour la couche d'ozone).
- Aromatiques halogénés avec oxygène.
- Aromatiques volatils.
- Amines aromatiques.
3- Pesticides et biocides: b. Différences entre les macropolluants et les
micropolluants:

- Organo-halogénés aliphatiques (lindane). Les micropolluants se distinguent des autres


- Acides phénoxyacétiques (2,4 D). polluants par les caractéristiques suivantes:
- Cyclodiènes (Aldrine).
- les sources des micropolluants sont le plus
- Triazines. souvent diffuses et difficilement contrôlables.
- Carbamates (Carbaryl).
- leur faible concentration dans les déchets
- Organo-phosphates (malathion). (gazeux, liquides ou solides) rend leur élimination
- Organo-mercuriels. difficile et leur analyse délicate et nécessitant
- Benzoylurées. un ensemble de techniques particulières.
- Benzoylhydrazine. - ils pénètrent facilement dans l'organisme.

Tableau 2: Comparaison d'un macropolluant (phosphates) et d'un


- ils entraînent des perturbations des micropolluant (PCB polychlorodiphényl).
écosystèmes ou des troubles métaboliques (par
modification des réactions biochimiques de base
telles le cycle de Krebs ou par compétition au Concentrations Phosphates PCB
niveau d'une fonction essentielle) chez les
Eaux d'égouts (mg/l) 1 0,5 × 10-3
organismes pour des doses très faibles,
généralement <1 ppm (1 mg/kg). Poissons des eaux 12 5 × 10-3
polluées (g/kg)
- ils sont souvent peu biodégradables,
Production mondiale 60 × 106 40 × 103
s'accumulent dans l'environnement et leurs (tonnes/an)
produits de dégradation peuvent être aussi
Quantité journalière 6 8 × 10-4
dangereux que les molécules mères. rejetée (g/hab./j)
9. Règle des trois actions polluantes:
Si le mercure métallique présente un certain danger:
a. Liaison aux constituants chimiques des • troubles du métabolisme
organismes au moyen d'un groupement chimique • déséquilibre au niveau des écosystèmes terrestres
simple: et aquatiques.

Une substance est polluante lorsqu'elle est ce sont surtout:


étrangère au milieu naturel mais qu'elle peut se -Sels de mercure (chlorure de mercure= HgCl2)
lier aux constituants chimiques des organismes -Dérivés organo-mercuriels (Méthyl-mercure=
au moyen d'un groupement chimique simple. +
CH3Hg ).

Ainsi, sa nature étrangère au milieu modifie les Ce sont les plus à craindre pour la santé et
réactions biochimiques de base. l'environnement.

b. Caractéristiques réactionnelles et
• Le mercure fait partie d'une famille de pesticides structurelles du polluant semblables à celles des
organo-mercuriels très efficaces dans la
fonctions chimiques constitutives des organismes:
protection des semences contres divers parasites
(bactéries, champignons, insectes).
Il y a alors compétition. Ex: l'inhibiteur de l’AChE.
Cette enzyme inactive un médiateur chimique
• Ex. le méthyl-mercure ou le nitrate de méthyl- l'acétylcholine qui est libéré dans l'intervalle
mercure (la liaison électrovalente leur confère une synaptique et se fixe sur les plaques motrices du
hydrosolubilité (entrée facile dans le milieu muscle provoquant l'apparition d'un potentiel
aquatique tandis que le radical méthyl leur permet d'action responsable des contractions musculaires.
de s'insérer dans les cycles biochimiques).
A défaut d'enzymes inactivant ce médiateur
• Beaucoup de micropolluants agissent selon ce type chimique, il s'établit un blocage de la synapse et une
de mécanisme. contraction continue des muscles aboutissant à un
état tétanique.
A
C NEOSTIGMINE
E O
Les insecticides organophosphorés (malathion, les T C
esters phosphoriques de synthèse) sont de Y
L (CH3)3N O
+ 5 °A
puissants inhibiteurs des acétylcholinestérases. C
H
_-
O
L
(H3C)N CH2 CH2 O C OH
+ O
Ils agissent en se fixant de façon irréversible sur I
N ACETYLCHOLINE O
les sites actifs de l'enzyme. Dès lors, E
S CH2 NH
l'acétylcholine s'accumule dans les synapses T
NH CH C
provoquant une stimulation constante des muscles R
A - +
O
entraînant une paralysie tétanique. S Site anionique Site estérasique
E

Fig. 11. Mode d’action des toxiques anticholinestérasiques.


Les insecticides organophosphorés sont encore Les deux sites actifs de l’acétylcholinestérase sont séparés par une
utilisés. Ils présentent une toxicité aiguë très distance de 5A°. La même distance sépare le groupement ammonium
élevée provoquant des troubles profonds du quaternaire du groupement carboxyle dans le substrat de cet enzyme,
système nerveux suite à un blocage des l’acétylcholine. Tous les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (comme
néostigmine: carbamate) possèdent également deux groupements électropositif
acétylcholinestérases et électronégatif séparés par une distance de 5A°, ce qui permet leur
captation parfaite avec les sites anioniques et estérasiques de l’enzyme.

OC2H6
(H6C2)NH CH2 CH2 S P
+ Insecticide OP O OC2H6
c. Déplacement par le polluant des équilibres
H
O dans l'environnement
CH2 NH

-
NH CH C
+
Le polluant est un composé naturel et un
AChE O
élément essentiel, tel le phosphore ou le zinc,
O dont la présence dans l'environnement en
(C2H3)2NH CH2 CH2 SH O P(OC2H3)2 concentration élevée déplace les équilibres.
+
CH2 NH

- OP-AChE
NH CH C
+ Ex. Le phénomène d'eutrophisation.
O

Fig. 12. Inhibition irréversible de l’AChE


Dans le cas des inhibiteurs de compétition (néostigmine: un carbamate
naturel), la liaison est réversible après hydrolyse de celui-ci. Au contraire,
avec un inhibiteur irréversible comme par exemple un insecticide
organophosphoré, l’amiton, le site estérasique est définitivement bloqué
après rupture hydrolytique de l’inhibiteur.
Lorsque les nutriments comme les phosphates
10. Pollution des écosystèmes et évaluation
ou les nitrates provenant des amendements
agricoles ou des détergents, sont présents
a. Nocivité du polluant:
en quantités très importantes dans
l'environnement aquatique, il peut y avoir un
Elle dépend de plusieurs facteurs :
développement excessif des producteurs, ce
qui va entraîner une consommation accrue 1. Nature chimique
d'oxygène. du polluant

Ce phénomène particulier de pollution est bien 2. Caractéristiques


connu; il s'agit de l'eutrophisation. du milieu

3. Organisme

Nature chimique du Caractéristiques du Organisme


polluant milieu Organisme cible
- La membrane biologique: Le polluant doit franchir la
Dans le cas du mercure, membrane biologique ou se fixer sur celle-ci.

- Les facteurs de contamination (les derivés


- L’action des membranes biologiques est double.
organiques ou inorganiques du mercure, les
1/ Contrôler le passage de l’extérieur vers
niveaux de concentrations…).
l’intérieur de l’élément en bloquant, ralentissant ou
accélérant l’absorption.
- Les facteurs abiotiques (pH, chlorure)

ont une influence importante dans le degrés 2/ Fixer préférentiellement certains polluants de
d’accessibilité du métal à la zone hydrophobe façon transitoire ou définitive en provoquant des
intra-lipidique et au flux transmembranaires. atteintes structurales ou fonctionnelles souvent
extrêmes pour la vie de la cellule.
- La nocivité du polluant dépend de la quantité
pénétrant dans l’organisme mais aussi de la
spéciation chimique du polluant.

- Il est important de connaître les transformations,


la localisation et les formes physico-chimiques de
l’élément dans la cellule.

- Les formes physico-chimiques peuvent être


divisées en deux grandes catégories:

1/ Les formes minéralisées relativement stables


dans le temps.

2/ Les formes organiques, labiles dans le temps


qui sont généralement des métalloprotéines. Fig. 13. Transfert des micropolluants organochlorés dans l’organisme

Selon la réponse des organes aux phases de


b. Effet des polluants: contamination et de décontamination, on peut
distinguer :
L’effet du polluant au niveau de l’organisme
dépend du rôle physiologique rempli par la • Les organes receveurs et les organes
cellule, le tissu ou l’organe altéré par donneurs.
le polluant.
• Les voies préférentielles d’entrée et de
Ceci implique l’importance des études de la sortie des polluants.
localisation du polluant dans l’organisme.
• Les processus cumulatifs ou limitatifs
(cumulatifs se concentre dans l’organisme tout
au long de son existence, cas du Cd et Hg
chez les mammifères).
La bioaccumulation au niveau de l’organisme
L’ingestion de certains organes de stockage de sera tributaire de nombreux facteurs et en
polluants très toxiques peut présenter un premier lieu de:
risque pour le prédateur (ou l’homme qui est
consommateur). - la nature de l’élément métallique qu’il ait un
rôle biologique ou non et qu’il soit réguler ou non
par l’organisme.
Ex. Dans les Iles Féroë (Danemark), il a été
déconseillé aux habitants de manger le foie - facteurs biotiques comme le stade vital,
et les reins d’un mammifère qu’ils chassent, l’âge, le sexe et l’état physiologique.
car ces organes contiennent de quantités
- facteurs abiotiques comme le degré de
énormes de cadmium et de mercure (notion
pollution, la saison (facteurs climatiques).
d’organotropisme qui a un intérêt sanitaire).
La plupart de ces facteurs interagissent et il est
souvent difficile de faire la part de chacun.

L’étude de la bioaccumulation au niveau d’un


organisme entier aura un triple intérêt:
Chez les organismes aquatiques, la pénétration
des polluants (dont les métaux) peut se faire
• possibilité d’effectuer des bilans en terme de
quantité utiles dans le calcul des flux
biogéochimique. - soit directement par l’eau (pénétration
branchiale, cutanée, digestive…).
• possibilité de quantifier le transfert par voie
trophique. - soit par l’intermédiaire de la nourriture.

• possibilité d’utiliser ensuite certaines espèces


comme indicatrices de la pollution (Mollusques
Bivalves, Lichens, Echinodermes…).
La part respective des deux voies aura des
conséquences sur: L’exposition chronique à des doses sub-
létales peut induire une tolérance à ce
polluant.
• l’organotropisme.
Plusieurs hypothèses ont été avancées
• l’élimination (mécanisme de détoxification, concernant l’acquisition de la tolérance.
métalloprotéines).
Les mécanismes responsables de cette
• la spéciation chimique du polluant tolérance sont liés:
(biodisponibilité et toxicité).

a. aux relations entre l’acclimatation de c. Evaluation des effets:


certaines espèces animales aux métaux et la
présence dans leur organisme de métallo- Le développement de l'industrie a entraîné
thionéines (ou autres métalloprotéines) ou une contamination de l'environnement par une
l’augmentation de la synthèse de cette quantité et une diversité croissante de
protéine. substances toxiques
- d'origine industrielle (métaux lourds)
b. à la redistribution du polluant au sein de - d'origine agricole (fertilisants ou pesticides).
l’organisme correspondant à un stockage au
niveau de sites biochimiques moins sensibles. Les effets des polluants sont souvent peu
décelables rendant ainsi leur évaluation difficile.
c. à la variation des capacités d’absorption
et/ou d’excrétion.
La toxicité de ces produits s'exerce à
Trois modes d’absorption du toxique dans différents niveaux de l'écosystème:
l’organisme :
• soit sur les proies des animaux Vertébrés
• la voie respiratoire (toxicité par inhalation). et/ou Invertébrés.

• la voie trans-tégumentaire (toxicité • soit sur les constituants de leurs habitats


percutanée ou par contact). (herbicides).

• la voie orale (toxicité par ingestion ou per os). • soit sur la faune elle-même (réduction de la
fertilité et augmentation de la mortalité).

Ex. le toluène
Plusieurs types d'effets sont induits par une - Seuil de toxicité aiguë = 6,3 mg/l (tests effectués sur
contamination: poissons, Oncorhynchus kisutch, pendant 96 heures).
- Seuil de toxicité chronique = 1,4 mg/l (tests effectués sur
• Effets immédiats de mortalité (toxicité aiguë) poissons, Oncorhynchus kisutch, pendant 40 jours).
sont difficiles à constater surtout quand il Principes des toxicités aiguë et chroniques.
s'agit de fortes doses de polluants absorbées
en une ou plusieurs fois.
• Effets sub-létaux (toxicité sub-létale)
observés chez une population contaminée qui
présente une proportion significative d’individus
survivants bien que tous les individus
manifestent des troubles métaboliques.
• Effets à long terme (toxicité chronique) sont
plus importants et se manifestent à des doses
plus faibles. Fig. 14. Principe des toxicités aiguë et chronique.
Toxicités aiguë

- Les tests d'écotoxicité sont réalisés sur des


espèces sauvages ou qui peuvent servir de
modèle pour ces espèces:

a- les écosystèmes terrestres, des tests de


toxicité chronique (toxicité à long terme) sont
Toxicité chronique
réalisés sur diverses espèces d'oiseaux telles la
caille japonaise (Coturnix coturnix japonica) qui
est la plus utilisée.

Fig. 15. Toxicités aiguë et chronique.

b- les écosystèmes aquatiques, des tests assez


nombreux ont été développés tant sur des Relations de causalité:
Vertébrés, des Invertébrés que sur des
végétaux. Etablir les conditions expérimentales assurant
la relation de causalité entre la présence d’un
Signalons les tests réalisés sur:
toxique et les effets induits
- des algues unicellulaires,
- les Daphnies - d’une manière intentionnelle (expérimentation
-diverses espèces de poissons provoquée)
appartenant aux genres Salmo (S. gairdneri)
et Brachydanio (B. rerio). Ces deux espèces - d’une manière non intentionnelle
de poissons servent surtout dans le cadre (expérimentation accidentelle).
d'étude d'impact des pesticides
organochlorés.
5 principaux critères d’évaluation en épidémiologie
Létalité des organismes
• Spécificité: Description des signes pathologiques
Doses et concentrations létales: Différentes
associés à la pathologie. formes de toxicité (inhalation, contact, ingestion ou
• Force du lien entre les variables: Les statistiques injection sous-cutanée ou intra-péritonéale) sont
permettent une validité à la relation entre déterminées sur un échantillon de population d'une
l’intensité des symptômes et les teneurs en espèce animale de référence.
toxique. -Estimation de la dose létale 50 = DL50 c-à-d la
• Relation d’ordre temporelle: La causalité n’est dose de toxique dans la nourriture ou l'eau qui
démontré que si la cause précède l’effet. entraîne la mort de 50% des animaux testés au
terme d'une période courte d'intoxication (24, 48 ou
• Reproductibilité: La relation cause-effet peut
96 h) ou toxicité aigüe.
être retrouvée (équipes et époques différentes,
-Il est possible de calculer la DL10 (marque la
protocoles variés).
limite entre toxicité aigue et subaigüe) et la DL90
• Cohérence: Identification d’un mécanisme (intérêt pratique dans la recherche intentionnelle de
plausible sur la cause responsable des effets la toxicité).
observés.

• Temps létal: Détermination des mortalités


consécutives à l'application d'une dose
constante en fonction de temps croissants.
- On en déduit le temps létal moyen (TL50),
temps théorique au bout duquel doivent périr
50% des individus exposés à une teneur
déterminée de toxique.
- On porte tous les points correspondants à la
TL50 de chaque concentration en polluant
dans l'eau sur une courbe en fonction du log
des concentrations testées.
- On définit arbitrairement la CL50 comme
étant la concentration correspondant à un
temps de survivance de 96 heures.
11. Niveaux d'étude des polluants b. Le niveau des organismes:

L'impact des polluants est étudié sur :


L'action des polluants peut être envisagée
• la croissance, le développement et la reproduction,
à 5 niveaux:
• la physiologie comme par ex. le métabolisme
a/ biochimique et cellulaire,
respiratoire,
b/ des organismes,
• le comportement: 4 seuils de réponses éthologiques
c/ des populations, de l'animal en présence d'un polluant ou altéragène
d/ des écosystèmes naturels,
1/ détection,
e/des écosystèmes contrôlés ou
2/ altération du comportement appétitif,
expérimentaux ou bassins de simulations.
3/ comportement adaptatif de défense,
a. Le niveau biochimique et cellulaire: 4/ comportement aberrant.
Les effets des polluants sont examinés • la pathologie,
aux plans enzymologie, endocrinologie et • l'étude de bio-indicateurs (Moules).
histologie.

c. Le niveau des populations: d. Le niveau des écosystèmes naturels:

Il s'agit de travaux à vocation écologique Il s'agit de déterminer, d'une part les paramètres
de longue durée qui seront réalisés sur le de structure en précisant les espèces appartenant
aux différents niveaux trophiques (producteurs,
terrain; pour chaque population étudiée sont herbivores, carnivores...), d'autre part de
considérés les paramètres suivants: déterminer les paramètres de fonction qui
touchent diverses activités métaboliques comme
- paramètres de structure: détermination des l'activité bactérienne et l'activité
classes d'âge et des classes de génération. photosynthétique.

- paramètres de fonction: détermination des Ces études sont plus difficiles à mettre en œuvre,
taux de croissance des individus des différentes plus coûteuses et de longue durée que les études
réalisées aux niveaux précédant.
classes d'âge et les taux de reproduction par
exemple.
e. Le niveau des écosystèmes contrôlés: On distingue deux types de recherche:

Il n'est qu'une variante du niveau des


écosystèmes naturels. 1. les recherches menées en laboratoire
(difficilement extrapolables pour le milieu
Il permet de combler le vide qui existe entre naturel), se réalisant au niveau biochimique
les essais de laboratoire et l'observation du et des organismes et permettent d'établir
milieu naturel. des seuils d'action (toxicité d'une substance
et normes) pour un niveau donné.
Les études portent sur de petits écosystèmes
tels les microcosmes (quelques litres) ou 2. des recherches de terrain (niveau des
mésocosmes (quelques m3). populations et niveau des écosystèmes
naturels) plus réaliste sur le plan écologique,
La durée est comprise entre 1 mois et 1 plus longue et coûteuse.
année.

Echelles de précision
expérimentale 12. Evaluation environnementale
Tests
moléculaires L’évaluation environnementale est un processus
Essais en vivariums ou qui consiste à évaluer et à documenter les
serres possibilités, les capacités et les fonctions des
ressources, des systèmes naturels et des
Essais pilotes systèmes humains afin de faciliter la
planification du développement durable et la
Essais en vraie grandeur
prise de décisions en général,

Echelles de signification écologique et de coût des


ainsi qu’à prévoir et à gérer les effets négatifs
expérimentations et les conséquences des propositions
d’aménagement, en particulier (ANDRE et al.,
Fig. 16 Problèmes de la recherche aux diverses échelles de
l’expérimentation.
1999).
L’évaluation environnementale se base sur les critères Démarche d’évaluation du risque écotoxicologique vise à
suivants: répondre aux questions suivantes:
- Exploitabilité
• D’où viennent les substances toxiques?
- Diversité
• Quelles sont les concentrations de ces substances
- Efficacité toxiques en des lieux et à des moments précis dans
- Salubrité des composantes abiotiques (eau, air, sol) et
biologiques d’un environnement et quelle est leur durée
- Bien être de vie ?
- Pérennité • Quels sont les différents effets néfastes de ces
Les diagnostics environnementaux se fondent sur substances toxiques? Ces dernières représentent-elles
des dangers ?
deux types d’éco-évaluation :
• Qui est exposé à ces dangers? A quel endroit et
1. Etude fondée sur les analyses physico-chimiques. pendant combien de temps y est-on exposé ?
2. Approche basée sur une bio-évaluation • Quels sont les risques associés à ces substances
toxiques ?
(biocénoses).

Démarche d’évaluation du risque écotoxicologique

Scientifique Economique, politique, social...

Evaluation de la Exigences
Source dose-réponse réglementaires
(inventaire)

Caractérisation
du risque
Identification Décision
Toxicité du danger et action
Cheminement (bioessais)
(mesures chimique)
Exposition Evaluation des
Danger (bioindicateur
Evaluation de
autres facteurs
l’exposition
(problématiques) et ou calculs)

Fig. 17. Eléments fondamentaux de l’évaluation du risque et


Risque leurs interrelations (Scala, 1991).
(estimations)
En 1961 la thalidomide (antinauséeux) provoque des
13. Développement durable malformations du nouveau-né et le DDT (insecticide
longtemps considéré comme une solution miracle dans
a. Historique: la lutte contre le paludisme se révèle être un polluant
organique persistant.

L'industrie chimique s'est considérablement Les accidents industriels qui ont marqué durablement les
développée au cours du vingtième siècle, et esprits, comme ceux de:
plus particulièrement après la deuxième • Seveso (Italie 1976),
guerre mondiale. • Bhopal (Inde 1984)
• Erika (France 1999)
La chimie s'est progressivement dégradée au • L’explosion de l'usine AZF (Toulouse 2001).
rythme de catastrophes aux conséquences Ainsi, une réflexion sur une « réforme de la chimie »
humaines ou écologiques lourdes. s'est engagée, réflexion qui s'insère dans le cadre de
travaux de plus grande ampleur sur l'impact des
activités humaines sur l'environnement.

• 1972 : Sommet des Nations Unies sur l'Homme et


l'Environnement à Stockholm. Premier des sommets de ce type,
b. Définition et concepts:
il marque la prise de conscience, au niveau global, de l'impact L’établissement d’un lien conceptuel entre protection de
des activités humaines sur l'environnement.
l’environnement et développement économique dans un
• 1987 : la Commission Mondiale sur l'Environnement et le contexte social a fait émergé un nouveau concept qui est le
Développement (« commission Bruntland ») publie son rapport. « “Développement Durable”.
Our common future » (« Notre avenir à tous »). Il définit et
popularise le concept de développement durable (« sustainable Le concept de développement durable est issu du
development ») : rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le
développement intitulé « notre avenir à tous » (1987) ou
• 1990 : les États-Unis adoptent la loi de prévention de la
rapport Brundtland.
pollution (« Pollution Prevention Act »). Elle marque un
changement d'attitude radical : plutôt que de traiter les Le développement durable apparaît comme un choix de
déchets produits, il s'agit d'opérer une réduction à la source société. Il s’agit de reconnaître la solidarité entre les
pour prévenir la pollution. De nombreuses disciplines doivent générations et entre les peuples en fixant des objectifs qui
être impliquées dans cet effort de réduction, dont la chimie. ne compromettent pas la capacité des générations futures
et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins.
• Le concept de « chimie verte » (« green chemistry ») a été
développé aux États-Unis au début des années 1990 dans le but -Valeurs: Responsabilité, Partage, Participation,
d'offrir un cadre à la prévention de la pollution liée aux Précaution…
activités chimiques. -Double approche: Temps et espace.
Exemple d’un protocole d’évaluation du danger des produits chimiques
pour les écosystèmes aquatiques (Maki & Duthie, 1978)

Ecologique Phase I: Objectifs et priorités


1. Usages et élimination
Décision 2. Données physicochimiques de base
3. Effets biologiques connus

Vivable Viable Phase II: Toxicité aiguë


1. Tests de toxicité aiguë
2. Tests de dégradabilité/stabilité
Durable Décision 3. Données de partage/distribution
4. Données physicochimiques supplémentaires
Social Economique
5. Tests de toxicité aiguë supplémentaires

Equitable Phase III: Toxicité chronique


1. Tests à long terme sur organismes aquatiques et mammifères
(un cycle de développement)
Décision
2. Tests de bioconcentration
3. Estimation améliorée des niveaux environnementaux dans les
conditions d’emploi
Fig. 18. Schéma du développement durable: confluence de trois - Utilisation
préoccupations ou « trois piliers du développement durable » - Utilisation avec surveillance
- Rejet

Tableau . Concentrations en micropolluants en fonction des tranches


Tableau. Apports (estimés) d’hydrocarbures pétroliers dans les océans d’âge.
Données de Sasamura (1981, citées par Jensen et Jorgensen, 1984). PCB DDT HCB
Tranches d’âge
(ppm/graisses) (ppm/graisses) (ppm/graisses)
Apport total (%) 21 – 25 ans 1,8 2,0 0,29
Source
1973 1981
26 – 30 ans 2,1 2,3 0,57
Transport (diffus) 30,0 30,5
Transport (accidents) 4,9 11,6 31 – 35 ans 2,4 2,9 0,53
Activités (off-shore) 1,3 1,4
Tableau . Concentrations en micropolluants en fonction de l’origine des
Raffineries 3,3 /
sujets
Eaux usées urbaines 4,9 / PCB HCB
DDT
Eaux usées industrielles 4,9 39,5 Origine des sujets POLYCHLOROBIPHENYL HEXACLOROBENZEN

(ppm/graisses) (ppm/graisses) (ppm/graisses)


Ruissellements urbains 4,9 / Suisse/Allemagne
2,1 2,3 0,5
Rivières 26,2 /
Espagne/Italie/Yougo
Atmosphère 9,8 8,5 0,9 4,3 0,9
slavie
Sources naturelles 9,8 8,5
0,35 10,0 0,2
Turquie/Afrique

Vous aimerez peut-être aussi