Introduction:
I – les Pratiques anti-concurrentielles « entre prohibition et tolérance » :
A– limitation de la concurrence :
B- L’accommodation de la sanction :
1-L’entérinement de la sanction
2-L’incertitude de la sanction :
Bibliographie & note de jurisprudence :
Introduction:
C'est ainsi qu'à travers les développements qui suivront, nous serons amenés
à étudier en premier lieu la question suivante: la position du législateur entre la
prohibition de ces pratiques et leur tolérance(I), ensuite et à l'instar de la loi 06-
99, il serait logique de voir l'arsenal mis en place pour réprimer ces dits
agissements. (II).
Et c'est pour cette raison que le législateur marocain a, dans la loi 06-99
relative à la liberté des prix et de la concurrence, consacré un titre entier aux
pratiques dites «anticoncurrentielles». Quatre dispositions allant de l'article 6 à
l'article 9 réglementent ces agissements. Il est à noter que la loi 06-99 ne
donne pas de définition exacte de la notion de « pratiques
anticoncurrentielles», elle se borne à définir leur objet, c’est ainsi que l'article 6
dispose que «sont prohibées, lorsqu'elles ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d'empêcher, de restreindre, ou de fausser le jeu de la concurrence sur un
marché, les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses
ou tacites, sous quelque forme... ».Cet disposition énumérative certes, ne nous
donne aucune définition de ces pratiques.
La loi vise deux pratiques, à savoir les ententes qui limitent l’accès au marché
et les positions dominantes abusives.
Or c’est la détermination des frontières entre ce qui est interdit (I) et ce qui est
autorisé (II) qui risque de s’avérer difficile.
A– limitation de la concurrence :
La concurrence est une situation dans laquelle les entreprises (les « offreurs »)
sont en compétition pour vendre des biens et des services sur le marché à des
acheteurs (les consommateurs), lesquels choisissent les meilleures
conditions de prix, de qualité, de garantie, etc.
Les pratiques collectives sont visées par l’article 6 de la loi, elles font l’objet
d’une énumération regroupant les différentes modalités de ces pratiques et
qui sont les actions concertées, les conventions, les ententes ou coalitions.
L’entente se traduit par tout accord entre des entreprises, dont l’objet ou l’effet
ou le but est d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence
sur le marché ; le texte vise quatre situations d’ entente : la limitation de
l’accès au marché ou du libre exercice de la concurrence par d’autres
entreprises, la création d’obstacle à la formation des prix par le jeu du marché
en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse, la limitation ou le
contrôle de la production, des débouchés, des investissements ou du progrès
technique, et enfin la répartition des marchés ou des sources
d’approvisionnement.
L’accord sur l’entente peut avoir lieu entre deux entreprises comme il peut
engager des entreprises plus nombreuses, précisons que la taille des
entreprises importe peu. Seul le concours de volontés consentantes, doit
exister. C’est l’intention de tirer profit de la situation qui demeure la condition
sine qua non de la prohibition légale de l’entente. La volonté peut aussi être
tacite, donc simplement déductible du comportement des intéressés.
Mais dans ce cas, la forme posera problème sous l’angle de la preuve car elle
se caractérise de plus en plus par l’absence ou au moins l’inconsistance des
traces et des supports. Car comment peut on établir la preuve de pourparlers,
de conversations informelles au cours de repas ou d’autres rencontres
constituent souvent de nos jours les véritables formes d’accord entre les
opérateurs économiques.
Pour ce qui est de la position dominante nous pouvons noter que le texte parle
du marché intérieur ou d’une partie substantielle de celui-ci. Le problème
n’existe que dans le cadre du marché national ; le commerce extérieur en est
exclu.
B – pratiques justifiées :
La loi reproduit à cet égard la notion des faits justificatifs qui intervient dans le
domaine de la responsabilité. Il s’agit d’un régime d’exemption qui s’applique
même dans les cas de l’exploitation d’ententes et de position dominantes
abusives. Deux hypothèses peuvent se présenter dans ce sens. Les pouvoirs
publics, responsables de la politique économique, restent appelés à adapter le
Droit positif dans le sens impliqué par des besoins structurels ou
conjoncturels du développement du pays.
Cette tâche incombe aux juges et aux tribunaux compétents qui doivent être
en mesure d’imposer les nullités à ce genre de pratiques anti-concurrentielles.
Pour remédier à ces insuffisances, le Droit français a confié cette tâche à des
experts à travers un organe efficace, qu’est le conseil de la concurrence.
1 - Elément légal :
C’est aussi un élément indispensable, car il constitue l’une des garanties
essentielles de la liberté individuelle dans la mesure où, l’auteur de l’infraction,
commerçant ou autres, est alerté et connaît les limites de ses ambitions lors
de la pratique de son activité sachant approximativement les peines qu’il va
encourir à la commission de l’acte préalablement interdit .Le principe a été
énoncé pour éviter l’arbitraire du juge à la fin du dix-huitième siècle, et a été
consacré par la déclaration des droits de l’Homme en 1849, visant également
l’Homme d’affaires. Il figure dans la constitution à l’article 10 et au code pénal
de 1962 qui a été modifié et complété par le dahir du 11 novembre 2003.
Après avoir traité de l’élément légal, nous allons passer au second élément qui
est l’élément matériel.
2- Elément matériel :
Pour ce qui est des infractions d’action, elle consiste à faire ce que la loi
interdit de faire. La plupart de ces actions sont dites matérielles, puisque le
résultat qui en découle représente un élément constitutif. Ces infractions
supposent pour leur consommation un fait positif contraire à la loi, un résultat
dommageable et un lien de causalité entre cet acte et le résultat.
Dans cette même catégorie d’infractions, c'est-à-dire, les infractions d’action,
on retrouve les infractions formelles qui se réalisent par le seul moyen
employé indépendamment de leurs résultats.
En général, une infraction ne se réalise pas d’un seul coup, elle est le résultat
de toute une série d’étapes qui vont de la simple pensée criminelles jusqu’à la
consommation complète de cette infraction. Ceci dit, on pourrait se demander
à quel moment les sanctions frapperont-t-il le coupable ? Devra-t-on attendre
que l’action soit tout à fait consommée, ou au contraire, pourra-t-on permettre
la répression, et donc intervenir avant le résultat dommageable ?
Le droit pénal marocain a permis l’intervention de la justice au moins pour les
infractions les plus graves, afin de punir le coupable dès qu’il y a tentative.
Celles-ci, prévues par l’article 114 du code pénal visent les crimes, c'est-à-dire
les infractions punies de réclusion de plus de 5 ans. Cependant dans la loi sur
la liberté des prix et de la concurrence, la durée de l’emprisonnement s’arrête à
hauteur des 5ans à côté d’amendes considérablement élevées, celles-ci ne
permettraient elles pas dans ces cas de réprimer la tentative ? Si oui, les
pratiques anticoncurrentielles doivent s’être manifestées par un
commencement d’exécution ou par des actes non équivoques qui tendent
directement à la commission de l’infraction en question, si toutefois, elle n’a
pas été suspendue ou n’a manquée son effet par la volonté de son auteur
avant la consommation de l’infraction afin de rester dans la même logique
prévu par le législateur.
Si par contre l’infraction est consommée, et que son auteur essaie d’en réparer
les conséquences, il n’y a plus désistement à ce niveau. On parle plutôt de
repentif actif qui ne produit aucun changement juridique quant aux effets de
l’acte. Ceci dit, le juge peut en tenir compte pour adoucir un peu la peine du
repenti.
3- Elément moral :
Une répression ne peut intervenir que si celui qui transgresse ou viole la loi,
commet une faute suffisamment grave pour justifier une sanction.
Le droit pénal a donc une fonction morale qui impose la faute parmi les
composantes de l’infraction, faute comportant une volonté tendue vers la
réalisation de l’interdit, et donc recherchant un résultat délictueux qui mènerait
à fausser le jeu de la libre concurrence dans notre cas, ou d’une simple
imprudence ou inattention et se sera une infraction non volontaire.
Cependant, l’article 6 dit que :<< Sont prohibées, lorsqu'elles ont pour objet ou
peuvent avoir pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence sur un marché, les actions concertées, conventions, ententes ou
coalitions expresses ou tacites, sous quelque forme et pour quelque cause
que ce soit …>> ici l’élément moral est complètement effacé, et le plus
souvent, l’élément moral se déduit de la simple matérialité des faits. L’élément
moral est conçu de manière beaucoup plus étroite, le prévenu étant un
professionnel, et l’enjeu très important, on fait peser sur lui une présomption
de responsabilité.
L’intention est toujours identique, autrement dit, elle reste invariable pour une
infraction donnée (ce que l’on retrouve énuméré dans les articles 6 et 7 de la
loi), alors que les mobiles sont variables avec les individus et les
circonstances suivant le cas.
En principe, le droit pénal ne tient pas compte du mobile. Un mobile licite, voir
même noble ne fait pas disparaître l’infraction, et ne modifie pas la peine
encourue, mais l’article 8 de la loi 06-99 lui prend on considération ce mobile
on prévoyant à son second alinéa que : <<… dont les auteurs peuvent justifier
qu'elles ont pour effet de contribuer au progrès économique et que ses
contributions sont suffisantes pour compenser les restrictions de la
concurrence et qu'elles réservent aux utilisateurs une partie équitable du profit
qui en résulte…>> Ici l’infraction est accepté vu l’intérêt qui a déterminé
l’action.
B- L’accommodation de la sanction :
1-L’entérinement de la sanction :
Il est à noter également que la rigueur de l’amende est donnée par l’article 77
qui interdit de faire jouer les circonstances atténuantes pour les peines
d’amende.
2-L’incertitude de la sanction :