Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cyril Fouillet
le 16 octobre 2009
JURY :
Centre Emile Bernheim – CERMi (Centre Européen de Recherche en Microfinance) - Université Libre de
Bruxelles CP 145/01- 50, av. F.D. Roosevelt, 1050 Bruxelles.
RESUME DE LA THESE
Si, en montagne, il y a des ascensions plus difficiles que d’autres, en raison notamment des
conditions météorologiques, et si l’on peut comparer le parcours d’un doctorat à celui d’une
randonnée de montagne, voire parfois d’une expédition, alors je peux affirmer que cette
ascension, celle qui m’a conduit jusqu’à vous aujourd’hui, bénéficia de très nombreux
éléments favorables.
Tout d’abord, la préparation d’une telle expédition est difficilement réalisable sans supports
financiers. N’ayant aucune garantie à présenter, certaines méthodologies microfinancières
n’ayant (pas encore) été adaptées aux jeunes doctorants partis gravir leurs montagnes, ce
travail n’aurait jamais pu être réalisé sans le soutien financier et institutionnel du Ministère
des Affaires Etrangères, de l’Institut Français de Pondichéry, de l’Université libre de
Bruxelles et, plus particulièrement, du Centre Européen de Recherche en Microfinance
(CERMi), de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), du Centre Nationale pour la
Recherche Scientifique (CNRS), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) et
de la Fondation Philippe Wiener-Maurice Anspach. Je les remercie, selon le cas, de m’avoir
fait confiance, d’avoir crû en la portée de mes recherches et de m’avoir offert du travail me
permettant ainsi de dégager suffisamment de temps et de revenus pour poursuivre mes
investigations. Je remercie également tous ceux qui dans ces institutions ont permis que cette
marche solitaire soit aussi ponctuée de moments d'échanges et de rencontres enrichissantes et
dont, pour une part d’entres eux, le soutien lors de la phase finale de la rédaction de cette
thèse a tant compté ; merci donc à Mathias André, Bernard Bachelier, D. Balusubramanian,
Florence Egal, José T. Esquinas-Alcázar, Ivana Gegenbauer, Isabelle Guérin, Jennifer Heney,
Marek Hudon, Marc Labie, Calvin Miller, Jean-Pierre Muller, G. Muthusankar, Firouzeh
Nahavandi, Ake Olofsson, Maria Pagura, Thierry Pairault, Laurent Pordie, N. Ravichandran,
Marc Roesch, Aurélie Rousseaux, Jean-Michel Servet, Ariane Szafarz, Egile Tiroutchelvy, G.
Venkatasubramanian, Barbara Harriss-White, Thomas et Lucie Zeyler.
Ensuite, l’ascension n’aurait pu avoir lieu sans que l’on me décrive une première fois ces
montagnes, que l’on m’indique leurs emplacements, que l’on m’y invite. C’était une après
midi au début du printemps dans les jardins de l’Université Lumière Lyon 2, sur les quais de
Saône. A l’issu de l’un de ses cours, Jean-Michel Servet m’avait rapporté avec
émerveillement des descriptions de son aventure indienne dont il venait de faire escale. Il me
conseillait de prendre contact avec Isabelle Guérin qui serait celle qui allait m’apprendre à ne
rien oublier dans la préparation d’un tel voyage. Leurs conseils, leurs écoutes et leurs amitiés
se sont révélés des sources inépuisables d’inspiration et de travail. Au fil des jours, ma
démarche prenait un autre rythme, une autre allure. Bien entendu, comme tout élève, je faisais
parfois fi de leurs conseils et me retrouvaient la plupart du temps le nez dans une rivière ou
épuisé par le passage d’un col mal entrepris. Apanage des enseignants humanistes, ils ont su
patienter, être tolérants, parfois me rappeler à l’ordre lorsque je m’approchais d’un peu trop
près d’une crevasse ou d’une coulée de pierres. Pour paraphraser Zénon Ligre, le héros du
roman de Marguerite Yourcenar L’Œuvre au noir, ils m’ont gardé de faire de la vérité une
idole, préférant me laisser son nom plus humble d’exactitude. Marek Hudon, Marc Labie,
Firouzeh Nahavandi et Barbara Harriss-White sont venus plus tard rejoindre la direction de
cette thèse, formalisant ainsi pour certains, l’aide précieuse qu’ils me procuraient depuis déjà
longtemps. Je leur adresse à tous mes plus humbles remerciements pour leur confiance, leurs
encouragements et la clarté de leurs conseils.
Cette randonnée fantastique n’aurait jamais pu se réaliser sans ces hommes et femmes qui en
ont dessinés les paysages. Ces personnalités rencontrées dans un village, une organisation, un
bureau administratif, aux abords des routes, de cabanes à thé, dans les bus, durant ces longues
nuits de train, etc. De ces images qui resteront dans ma mémoire, il y a celle de cette famille
qui m’accueillie chez elle au détour d’un lacet de montagne. Sur la route menant à Yuksom,
dans le Sikkim, la jeep avait fait halte, la pluie aussi marquait une pause préférant laisser le
brouillard nous envelopper. Nous étions à la fin du mois d’août, la nuit venait de tomber, trois
hommes sortis de nulle part entreprirent de décharger des sacs de riz entassés à l’arrière. Je
leur offris mon aide. La jeep déchargée, l’un des hommes m’invita à m’asseoir à l’intérieur de
sa maison. Un foyer illuminait une pièce remplie de sourires qui ne tardèrent pas à se
transformer en rires puis en chants, un peu plus tard. Au-dehors, du fond d’un ravin, le son
d’un torrent nous indiquait le rythme à suivre. Nous avons ainsi dévalé les pentes de la
fraternité, de la douceur humaine où rien ne sert de vouloir, tout étant dans le jeu plusieurs
fois millénaires du plaisir d’être, d’être là, simplement. Mes ascensions empruntaient parfois
des chemins sur lesquels il aurait été difficile de marcher et de récolter des informations sans
l’accueil, l’écoute et l’aide d’un grand nombre de personnes dont la tolérance face à mon
ignorance et ma maladresse n’avait d’égale que leur farouche volonté à s’enrichir de l’autre.
Impossible d’être exhaustif dans cet exercice mais citons tout de même les noms de M.
Amruth, Malika Basu, Francesco Candelari, Rajanya Chowdary, Sankar Datta, Radhika
Desai, P. Sai Gunarajan, Anne-Claire et François-Xavier Hay, N. Jeyaseelan, Kala et son
mari, Ravi Kumar, Sachin Kumar, Kumar Loganathan, Sri Loganathan Vijay Mahajan,
Hemantha Kumar Pamarthy, B.L. Parthasarathy, V.R. Prasanth, S. Ramachandran, Anthony
Samy, P. Satish, A.G. Selvi, S. Venkataraman, Arun Vishnukumar. Je remercie également
Thierry Pairault de m’avoir offert la possibilité de traverser la frontière pour arpenter durant
un trop bref séjour les pentes vertigineuses du monde chinois.
La camaraderie ne fut pas absente de ces expéditions. Au contraire, elle en forgea de grandes
et belles. La rencontre de Britta Augsburg, Laurent Dupuis, Simon Georget, Taeko Okania,
David Picherit, Laurent Pordie, Thomas Seyler, Pierre-Yves Trouillet est ce qui restera l’une
des plus belles découvertes de cette aventure. Pour certains, le cheminement de ces massifs
sauvages et parfois abruptes se révèle être un parcours solitaire. Ce ne fut pas mon cas ou si
peu en définitive. Ces amis m’apprirent à traverser des rivières me barrant l’accès à d’amples
vallées. Je dois, par exemple, mes premiers pas sur les systèmes d’information géographique à
Laurent Duffy, Thomas Zeyler et Lucie Déjouhanet. Britta Augsburg eut la patience de
m’initier à certains logiciels de statistiques tandis que je maugréais sans relâche sur les
méthodes économétriques. Dans un autre registre, une fois accoutumé aux vallées d’altitude,
Simon Georget, David Picherit et Laurent Pordie me guidèrent pour le passage de certains
cols, ils m’apprirent à reconnaître et à déchiffrer de nombreux signes qui me permirent une
lecture plus compréhensive du monde qui m’entourait ; cette ascension n’aurait jamais pu
avoir lieu sans ces compagnons de cordée qui m’arrachèrent plus d’une fois à des situations
périlleuses.
Au milieu de ce massif, se trouve un petit village peuplés d’irréductibles dans lequel j’ai
toujours pu me rendre en cas de fatigue, de blessures ou de doutes. Ces détours me
permettaient de reprendre des forces auprès de Marie-Hélène et Claude Fouillet, mes parents,
mais aussi de mon frère Willy, de sa compagne Coralie et de leurs enfants, Romane et
Gabriel. Tout autour, mes amis d’enfance, Johanne Cailly, Loïc et son frère Pierre Vacher,
Raphaël Tournaye, William Thaureaux de Levaré et Yoann Marc, ont su plus d’une fois me
ramener à la réalité d’un monde qu’il ne suffit pas de penser mais qu’il est également
nécessaire de construire. Bâtisseurs, ils m’ont appris à regarder mes mains tout en leur
demandant concrètement de quoi elles étaient capables. Marie Anthelme, Yoann Marc,
Vincent Tibi et Benjamin Rigal vinrent me rejoindre pour quelques temps dans ces paysages.
Partager un bout de ce monde avec eux m’apporta une réalité dont j’eus parfois bien besoin.
Au milieu de cette nature harmonieuse, de ces poussières d’étoiles infinies, dans l’une de ces
vallées de hautes montagnes où la beauté brute vous enivre au-delà du raisonnable, j’ai
découvert, peut être ce que j’étais venu chercher, une fleur, rare et malicieuse. Miriam et moi,
avons décidé de ne pas migrer avec le printemps. Au contraire, tranquillement installés sur les
hauteurs de la rivière qui traverse cette vallée, nous avons décidé de nous poser au milieu de
ces montagnes, de ces paysages et, à notre tour, d’enseigner cette nature à nos enfants, nos
fils, Matteo et Simon.
À Miriam, Matteo et Simon,
TABLE DES MATIERES