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MASTER 

: DROIT PRIVÉ

PROFESSEUR : DR MAHAMADOU SAMASSEKOU

LES ÉTUDIANTS :
ABDOULAYE M MAIGA

LES AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA ZLECAF POUR


L’ÉCONOMIE MALIENNE
INTRODUCTION
« La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait
apporter des avantages économiques et sociaux importants pour la région, en
permettant d’augmenter les revenus, de réduire la pauvreté et d’accélérer la
croissance économique1 » ceci est une avancée soulignée par certains, mais
d’autres restent pessimistes sur la question, car estimant que les inconvénients
en résulteront toujours pour certains pays.
L'Accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine
(ZLECAf),2 signé à Kigali (Rwanda) le 21 mars 2018, lors du Sommet
extraordinaire de l'Union africaine, est un accord historique en ce qu'il concerne
une évolution très importante en vue de réaliser la liberté économique de
l'Afrique et sa participation significative au système commercial mondial, mais
aussi afin d'atteindre une forte intégration économique à l'échelle du continent
en facilitant les flux de marchandises et de personnes3 . Lors du 12ème sommet
extraordinaire de l’union africaine qui s’est tenu à Niamey (Niger), le 7 juillet
2019, les Chefs d'Etat et de gouvernement ont officiellement lancé la zone de
libre-échange continentale africaine (ZLECAf), inauguré la phase opérationnelle
du marché intérieur africain et décidé du siège et de la structure du Secrétariat de
la ZLECAf.4
Les économies africaines, notamment celle du Mali doivent concilier avantages
et inconvénients pour mener à bien leur politique économique, pour le Mali, une
économie déjà régit tant par des règles communautaires CEDEAO5 et UEMOA,
auxquelles vient s’ajouter des règles à caractère régional, d’où la ZLECAF. De
ce fait, la ZLECAF est un accord de libre-échange adopté par 54 États africains,
l’Érythrée étant encore en négociation, et ratifié par 22 États depuis avril 2019 ;
le quorum qu’il fallait atteindre pour que l’entrée en vigueur soit effective.
Notre étude consistera à s’appesantir sur les aspects avanteux et non avanteux de
l’accord de libre-échange Africain pour le cas malien, ce qui nous amène à
s’intéresser seulement au cas malien, bien que l’accord soit régional, cela ne
nous empêchera pas de faire une comparaison économique entre le Mali et
certains Etats membres dudit accord.

1
Rapport de la banque mondiale avec le secrétariat général de la zone de libre-échange africaine.
2
https://au.int/sites/default/files/treaties/34248-treaty-consolidted_text_on_cfta_-_fr.pdf
3
L’Acte constitutif de l'Union africaine du 11 juillet 2000, rappelle, à plusieurs reprises, les objectifs
d'accélération "de l'intégration économique du continent" et de promotion "de l'intégration des économies
africaines" (article 3).
4
Voir. Le rapport dudit sommet.
5
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
L’intérêt de ce sujet soumis à notre réflexion consiste en pratique à mettre en
exergue les possibilités que cet accord de libre-échange africain présente au
Mali mais aussi des disfonctionnements économiques. Pour ce faire il convient
dès lors de s’interroger avec la question suivante : Quels sont les impacts que
peuvent avoir l’accord de libre-échange africain sur le Mali ?
Pour bien aborder, ce sujet soumis à notre réflexion, il conviendrait d’analyser
les avantages économiques (I) de la ZLECAF ainsi que les inconvénients (II)
pour le Mali.
I-LES AVANTAGES DE LA ZLECAF POUR LE MALI :
Nous allons s’intéresser d’abord aux avantages d’ordre économique (A) avant
d’aborder les avantages en matière d’investissement (B).
A-LES AVANTAGES ÉCONOMIQUES
« La création d'un marché unique à l'échelle du continent pour les biens et
les services, les affaires et les investissements restructurera les économies
africaines. La mise en œuvre de la ZLECAf serait un grand pas en avant
pour l'Afrique, en montrant au monde que le continent est en train de
devenir un chef de file de la promotion du commerce mondial. »6
Ainsi, la mise en place d’une telle zone permet aux parties prenantes d’espérer
un apaisement des tensions, et de devenir un des plus grands espaces de libre-
échange à l'échelle mondiale. Le continent comptant plus d’1,2 milliard de
consommateurs, sa mise en œuvre a pour ambition de stimuler le commerce
intra-Africain et l’augmenter à près de 60% d’ici 2022, attirer les investisseurs
qui veulent bénéficier du marché unique et d’atteindre un PIB de 2500 milliards
de dollars. Une fois entièrement mis en œuvre pour harmoniser les règles
d’investissement et de concurrence, l’accord commercial pourrait accroître les
revenus régionaux de 9 %, soit 571 milliards de dollars.
Sur un plan social, l’accord permettra de créer plus de 18 millions d’emplois
additionnels, ce qui palliera en partie au problème de chômage au Mali. Selon le
rapport publié jeudi 30 juin, cet accord permettrait aussi de générer près de 18
millions d’emplois supplémentaires, dont beaucoup seraient mieux rémunérés et
de meilleure qualité, les femmes bénéficiant des avantages les plus importants.
D’ici 2035, dans les perspectives de la croissance des emplois et des revenus qui
en résultera pourrait contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de
l’extrême pauvreté. La mise en œuvre de l’accord commercial entraînerait
également des avantages salariaux plus importants pour les femmes et les
travailleurs qualifiés. Les salaires des femmes devraient être supérieurs de 11,2
% en 2035 par rapport au niveau de salaire en l’absence de l’accord, dépassant
la croissance de 9,8 % des salaires des hommes. « La ZLECAf arrive à un
moment critique où la coopération régionale est nécessaire pour faire face aux
risques aggravés et renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, afin
de soutenir une croissance verte, résiliente et inclusive en Afrique», a déclaré la
directrice générale en charge des politiques de développement et des partenariats
6
Caroline Freund, Directrice mondiale du pôle Commerce, investissement et compétitivité
à la Banque mondiale, Mari Pangestu. Elle a indiqué qu’il « appartient
maintenant aux États membres de conjuguer leurs efforts pour faire de la
ZLECAf une réalité et bénéficier de ses nombreux avantages, particulièrement
de réduire les obstacles au commerce et à l’investissement, de renforcer la
concurrence et de veiller à ce que les marchés fonctionnent de manière équitable
et efficace grâce à des règles claires et prévisibles ».
-En matière de PIB combiné de 3,4 trillions de dollars :
Intitulé « Making the Most of the African Continental Free Trade Area », le
rapport élargit le travail effectué en 2020, lorsque la Banque mondiale avait pour
la première fois évalué le potentiel économique de la ZLECAf. Dans le cadre de
sa première phase, qui est entrée en vigueur en janvier 2021, la ZLECAf
éliminera progressivement les droits de douane sur 90 % des marchandises et
réduira les obstacles au commerce des services, cela ne fait favoriser les parties
telles que le Mali a se conforme au traité de la CEDEAO et de l’UEMOA, le
premier tendant à assurer la libre-circulation des personnes et de leurs biens, le
dernier, quant à lui exige à travers un certain nombre de directives à maximiser
les tarifs fiscaux au détriment de ceux issus des douanes.
Le nouveau rapport examine les effets d’un marché commercial plus vaste sur la
capacité du continent à attirer les investissements tant des pays africains que de
l’extérieur, – et l’impact économique qui en résulte. Il examine deux scénarios
afin d’évaluer les avantages pour un marché de plus de 1,3 milliard de personnes
avec un PIB combiné de 3,4 trillions de dollars. Les principales conclusions
indiquent que la ZLECAf a le potentiel d’encourager les investissements directs
étrangers nécessaires pour que l’Afrique se diversifie dans de nouvelles
industries, telles que l’agroalimentaire, l’industrie manufacturière et les services,
et de réduire la vulnérabilité de la région aux cycles d’expansion et de
ralentissement des produits de base. Une intégration plus profonde, au-delà du
commerce et des mesures de facilitation des échanges, qui harmonise les
politiques en matière d’investissement, de concurrence, de commerce
électronique et de droits de propriété intellectuelle, pourrait stimuler l’efficacité
et la compétitivité du marché, réduire les risques réglementaires et attirer encore
plus d’investissements directs étrangers. À cet effet il est important de
mentionner que le Mali a intégré le traité de l’OHADA en grande partie aussi
pour attirer les investisseurs, ce qui ne fait qu’accroître ses chances de réussite.
Mis à part, les avantages économiques, il sied de s’intéresser aux avantages
d’investissement.
B-Les avantages d’investissement
-l’intégration de cette zone promet une augmentation des revenus de 9% grâce
au commerce
D’ici 2035, cette intégration augmenterait les revenus de 9 %, soit 571 milliards
de dollars, et permettrait de créer 18 millions de nouveaux emplois, 2,5 % des
travailleurs du continent se dirigeant vers de nouvelles industries. Cela
permettrait de porter à 50 millions le nombre de personnes sortant de l’extrême
pauvreté. Selon le rapport, l’augmentation des IDE pourrait faire croître les
exportations africaines jusqu’à 32 % d’ici 2035, avec une augmentation de
109% des exportations intra-africaines, notamment dans les secteurs des
produits manufacturés.
Avec la réduction des obstacles au commerce et à l’investissement, les secteurs
d’exportation susceptibles de connaître la plus forte croissance sont le textile et
les vêtements, les produits chimiques, le caoutchouc et le plastique, ainsi que les
aliments transformés. Une intégration plus profonde réduirait les coûts du
commerce et augmenterait les entrées de capitaux, ce qui stimulerait les
exportations des secteurs de services tels que les transports, les communications
et l’hôtellerie.  « Aujourd’hui, l’Afrique est l’une des régions les moins
intégrées au monde, les pays africains commercent davantage avec le monde
extérieur qu’entre eux. Cet accord peut aider les pays à simplifier et à
harmoniser les procédures de commerce et de transit, à améliorer les
infrastructures, le transport et la logistique et à stimuler les flux de
marchandises, de services, de capitaux et de personnes qui sont si essentiels au
développement », a indiqué le secrétaire général du Secrétariat de la ZLECAf,
Wamkele Mene. Pour débloquer ces avantages potentiels en matière de
commerce, d’investissement et d’emploi, les pays doivent d’abord conclure avec
succès les négociations et chaque pays doit réaliser les objectifs les plus
ambitieux du traité. Le rapport met en évidence plusieurs autres domaines que
les pays tels que le Mali, pourraient réformer afin de maximiser les avantages
économiques du commerce.
Hormis les avantages, cet accord présente des inconvénients pour notre pays, le
Mali, ces inconvénients seront étudier ci-bas.

II-LES INCONVENIENTS DE LA ZLECAF :


Nous allons s’intéresser aux inconvénients économiques (A) et d’investissement
(B).
A-LES INCONVÉNIENTS ÉCONOMICO-JURIDIQUES
Les inconvénients ne sont pas à minimiser d’autant plus que certains Etats à
l’instar du Mali, dépendent majoritairement des tarifs douaniers dans l’exécution
de leurs des finances, cette zone pourrait être un gouffre pour les pays, lorsqu’il
n’arrivera pas à maximiser d’autres tarifs non douaniers.
Un autre risque est le fait de voir certains Etats africains être victimes, car
faisant parties de plusieurs autres organisations communautaires d’intégration,
ce qui conduisit un auteur à les qualifier de « bol de spaghettis ».
Bien que l’un des protocoles y afférent, détermine que les organisations ayant
atteint un taux acceptable d’intégration puissent faire des propositions en ce
sens.
Néanmoins, une fois entré en vigueur, cet Accord se verra aussi confronté à
d'autres accords bilatéraux ou multilatéraux, notamment à l'échelle des
communautés économiques régionales (CER) en Afrique. Va-t-il y avoir des
chevauchements, des double-emplois, des contradictions, des disparités entre le
texte continental et les textes sous-régionaux ?7 A priori, c'est l'article 19 relatif
au conflit et incompatibilité avec d'autres accords régionaux qui répond à ces
questions. En effet, cet article dispose que :
"1. En cas de conflit et d’incompatibilité entre le présent Accord et tout autre
accord régional, le présent Accord prévaut dans la mesure de l’incompatibilité
spécifique, sauf dispositions contraires du présent article. 2. Nonobstant les
dispositions de l’alinéa 1 du présent article, les États parties qui sont membres
d’autres communautés économiques régionales, d’autres accords commerciaux
régionaux et d’autres unions douanières, et qui ont atteint entre eux des niveaux
d’intégration régionale plus élevés que ceux prévus par le présent Accord,
maintiennent ces niveaux entre eux"
Cette solution est d'apparence facile, mais sur le plan technique et pratique, elle
reste très délicate et très difficile à mettre en œuvre, elle nécessite un traitement
au cas par cas. Cela est d'autant plus difficile que le texte n'accepte pas de
réserves8, mais il permet le retrait d'un Etat partie après un délai de cinq ans à
compter de la date d'entrée en vigueur à son égard9.

7
Par Hajer GUELDICH « accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine », p.10
8
Selon l'article 25 de l'Accord "Aucune réserve n'est admise au présent Accord" in idem par Hajer GUELDICH.
9
Selon l'article 27 de l'Accord qui dispose que : " 1. Après un délai de cinq (5) ans à compter de la date d’entrée
en vigueur à son égard, un État partie peut se retirer du présent Accord en adressant une notification écrite aux
États parties par le biais du dépositaire. 2. Le retrait est effectif deux (2) ans suivant la réception de la
notification par le dépositaire, ou à une date ultérieure qui peut être spécifiée dans la notification. 3. Le retrait
n’affecte pas les droits et obligations en cours de l’Etat partie avant le retrait"
Tout cela, cause un problème d’articulation entre cet accord et les communautés
dans lesquelles notre Etat évolue, à savoir un problème d’articulation,
notamment avec le tarif extérieur commun de la CEDEAO10.
Cet bloc d’avantage que procure les organisations telles la CEDEAO et
l’UEMOA se verront se plier à l’accord d’autant plus que l’accord n’admet pas
de réserve.

B-LES INCONVÉNIENTS EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENT


Le code des investissements du Mali11 prévoit des avantages aux entreprises
favorisant des matières locales, notamment en leur faisant des facilités en termes
de réduction fiscale. Toutefois il convient de mentionner le fait que cette
politique tendant à attirer les investisseurs dans notre pays sera casser par
l’avènement de la ZLECAF, mais aussi dans beaucoup de pays comme le Maroc
ayant aussi des codes d’investissements.
L’

10
Voir le traité de la CEDEAO sur les questions des tarifs extérieurs communs, qui instaure désormais la
perception des mêmes tarifs douaniers en dehors de la zone CEDEAO.
11
Voir. Loi N°2012-016 du 27 février 2012 portant le code des investissements, art.21,23,24.

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