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problématiques et normes
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur H 7 276 − 1
ARCHIVAGE ÉLECTRONIQUE : PROBLÉMATIQUES ET NORMES ___________________________________________________________________________________
1. L’archivage n’est pas mais qui pourraient être relancés ; c’est le cas des études prospecti-
ves, des statistiques, des analyses scientifiques, etc.
nouveau... À noter qu’une archive peut être à la fois légale et informative. Les
plans d’un immeuble locatif sont soumis à la prescription civile de
30 ans de l’immeuble mais sont aussi des documents de travail
Au premier abord, archiver, c’est simple : on stocke dans un lieu indispensables lorsque l’on veut réhabiliter l’immeuble 20 ans
retiré les documents qui ne sont plus d’usage courant. Au premier après. En n’archivant pas ces plans, on prend un double risque : ris-
abord seulement, car archiver n’est pas stocker et c’est bien dans la que juridique, risque de devoir payer (cher) la réfection des plans
différence entre ces deux mots que l’on peut le mieux appréhender a posteriori.
la problématique de l’archivage. Quand les archives ont perdu leur valeur probante ou opération-
On stocke généralement des matériaux, des produits, des fourni- nelle pour l’entreprise, elles conservent, pour une petite part d’entre
tures, des imprimés, c’est-à-dire des objets existants en elles, une valeur de mémoire collective, de témoignage sur l’entre-
X exemplaires en attendant de les utiliser, de les transformer, de les prise, sur les hommes et les femmes qui l’ont fait vivre, et partici-
distribuer les uns après les autres, dans le cadre d’une activité pent à ce titre aux sources de l’histoire de la société.
industrielle, commerciale, administrative, etc. Chaque modèle est L’archivage est donc ce processus qui va prendre en charge un
identifié et les exemplaires sont numérotés ou code-barrés pour une document, au moment où il est terminé et validé et l’accompagner,
meilleure gestion des stocks, justement. Si dans un lot, un exem- le maintenir en bon état tout au long de sa vie, jusqu’à l’échéance de
plaire est défectueux, on le remplace par le suivant car les différents sa durée de conservation. Les étapes cruciales de l’archivage sont :
éléments d’une série sont interchangeables. — l’identification du document ou du dossier pertinent à
Archiver, c’est autre chose. On archive des documents, c’est-à- archiver ;
dire des écrits, des traces qui résultent d’une transaction, d’une opé- — la détermination de son délai de conservation et du point de
ration, d’une réflexion, qui s’est produite à un moment donné, dans départ de ce délai ;
un contexte donné, dans un lieu donné, avec des acteurs donnés. — la description minimale de cet objet d’information pour pou-
Chaque archive est donc un objet unique, qui a des coordonnées voir accéder rapidement à son contenu ;
dans le temps et dans l’espace et qui par conséquent n’est pas inter- — le stockage proprement dit (dans un lieu adéquat) ;
changeable avec un autre. Par ailleurs, l’archive est un objet fini qui — la maintenance de l’accessibilité matérielle et intellectuelle
a déjà vécu et non un objet neuf. Alors, si l’affaire est terminée, à pendant la période requise, qu’il s’agisse de quelques années ou de
quoi bon en garder la trace ? C’est précisément la justification de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles.
l’archivage. On archive un document clos et unique parce qu’il
témoigne de ce qui s’est passé et que ce passé pourra resservir dans
l’avenir. Archiver a pour but de préserver pour demain ou après
demain la valeur de preuve et de mémoire d’une information
consignée aujourd’hui sur un support et dotée des signes de valida-
2. ... mais l’électronique pose
tion qui la rende authentique. Si un document n’a pas d’intérêt pour
l’avenir, il n’y a aucune raison de le conserver.
de nouveaux défis
La loi française du 3 janvier 1979 donne la définition des archives :
« Les archives sont l’ensemble des documents, quels que soient leur Dans l’environnement papier, le processus d’archivage est rigou-
date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute reux mais simple et il ne devient complexe que lorsque les archives
personne physique ou morale, et par tout service ou organisme elles-mêmes sont nombreuses, hétérogènes et de conservation lon-
public ou privé, dans l’exercice de leur activité ». gue. Les documents à archiver sont identifiés à l’aide d’un réfé-
rentiel d’archivage qui recense les types de documents produits et
Ce besoin de conserver la trace d’aujourd’hui pour agir demain leur durée de conservation, puis décrits et mis en boîtes ; les boîtes
n’est pas nouveau. Les éleveurs mésopotamiens du deuxième mil- sont numérotées, placées éventuellement dans des conteneurs et
lénaire avant J.-C. notaient au fil du temps sur des tablettes d’argile stockées sur les rayonnages ad hoc dans des locaux présentant les
le décompte de leurs troupeaux et ces tablettes, archivées, permet- conditions requises en termes de température, hygrométrie, éclai-
taient de mieux gérer les exploitations. De surcroît, 4 000 ans plus rage, protection contre l’incendie et l’intrusion. Les mouvements
tard, elles nous racontent comment vivaient ces gens. d’entrée (versements) et sortie (élimination, communication) sont
Pourquoi archive-t-on aujourd’hui ? En premier lieu, pour être en suivis à l’aide d’un outil informatique.
règle avec la loi car l’activité des entreprises est encadrée par des Avec l’électronique, la question de l’archivage doit être reposée et
lois qui exigent la tenue et la conservation de certains documents, repensée. En effet, avec 90 % de l’information globale produite via
comme les procès-verbaux du Conseil d’administration ou les des outils électroniques (bureautique, bases de données, sites Web,
déclarations fiscales. Ensuite, on archive pour se prémunir contre messagerie), l’électronique va devenir peu à peu le support naturel
une procédure judiciaire : toute fourniture de biens ou de services, d’archivage. Il est logique d’archiver les documents sous la forme
toute rémunération entre deux personnes est sujette à contestation initiale de leur production et de leur validation, ce qui va plus loin
tant que la prescription légale n’est pas échue. Pour tous les docu- qu’un système de GED (gestion électronique de documents) destiné
ments transactionnels, le délai de prescription équivaut à la durée à la consultation, en parallèle d’une conservation probante sur
d’archivage : 5 ans en matière de salaires, 10 ans en matière comp- papier ou microfilm.
table et commerciale, 30 ans après la fin de l’affaire pour toute opé-
Or, la forme des documents électroniques se révèle plus délicate
ration mettant en cause des biens immobiliers voire mobiliers. Pour
à gérer que la feuille de papier ou le registre traditionnels. Certes,
des actes simples, on archive des pièces ; pour des actes plus com-
les systèmes électroniques produisent des fichiers simples, texte ou
plexes, on archive des dossiers, c’est-à-dire des ensembles de piè-
image, dont la logique de gestion sérielle est comparable à la ges-
ces (contrats, courriers, études...) qui peuvent apporter leur
tion d’archives dans l’environnement analogique, mais ils produi-
témoignage, individuellement et collectivement, en cas de besoin
sent aussi, et de plus en plus, des données complexes parce que
de reconstitution de l’affaire.
composites et hétérogènes, accompagnées de métadonnées : d’un
Enfin, on archive pour la mémoire : garder la trace de ce qui a été côté, le contenu mêle du texte, de l’image, du son, codés chacun
dit et fait pour ne pas avoir à le refaire dès lors que l’on est suscep- avec un format spécifique ; de l’autre, la structure et la présentation
tible d’avoir de nouveau besoin des mêmes informations. C’est le de ces données qui peuvent se référer à une feuille de style, à un
cas des dossiers de brevets ou de projets non aboutis à une époque modèle extérieur par lequel il faudra passer pour recomposer le
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document et le donner à voir à l’utilisateur ; enfin, l’information que l’électronique, avec la malléabilité de l’écrit électronique et le déve-
l’on veut ou doit pérenniser peut être la date, la validation ou les flux loppement des réseaux, exige de nouvelles mesures.
des objets de données (qu’est-ce qui a été envoyé à qui et quand ?).
Enfin, avec l’électronique, le volume des données a explosé. Cer-
La notion de document en tant que « contenu fixé » subsiste, parfois
tes, la plus grande partie de l’information produite peut être élimi-
de manière sous-jacente, dans ces « objets d’information » mais il
née à brève échéance (information périmée, éphémère,
faut en plus gérer la décomposition et la recomposition des ensem-
redondante...) mais il en reste, proportionnellement, des volumes
bles cohérents et qui tracent ou prouvent ce qui est nécessaire à
toujours plus importants à archiver.
l’activité et à la justification des droits des entreprises.
Pour l’archivage, la grande révolution de l’électronique est que
cette technologie dissocie le contenu et le support en en faisant
deux éléments distincts dont l’agrégation n’est plus naturelle : l’écrit
est décomposé en code binaire et les trains de bits correspondants 3. Aspects techniques
enregistrés sur une bande ou un disque, avec un processus de
recomposition du code en écrit intelligible lors de la lecture. De plus,
l’utilisateur perd la vision globale de l’ensemble puisque, lorsqu’il La problématique de l’archivage électronique se pose donc à la
voit le contenu sur un écran, il ne voit pas le support et inversement, fois en termes techniques (quels formats, quels supports, quels
lorsqu’il voit un disque, il ne peut en appréhender, même sommai- outils ?) et en termes organisationnels, c’est-à-dire archivistiques et
rement, le contenu. juridiques (que veut-on archiver et dans quel but ?).
Tout irait bien si ces processus de décomposition-recomposition D’une manière générale, le choix du support d’archivage est lié à
étaient stables, disons au moins aussi stables que l’encre sur les la nature des données et à l’usage qui en est fait. L’archivage ne peut
parchemins médiévaux. Mais le grand défi du document électroni- traiter séparément support, contenu et contexte d’utilisation.
que pour l’archivage est son instabilité dans le temps. Tous les aspects de la chaîne technique de production des objets
L’instabilité de l’archive électronique se situe d’abord au niveau d’information doivent être pris en compte au moment de l’archivage
du support d’enregistrement dont la faible durabilité est souvent pour garantir une restitution à l’identique de ce qui a été produit, ce
plus courte que les durées de conservation préconisées. Certains qui reste la finalité matérielle de l’archivage. Sont donc concernés :
supports (disque dur, disquette) ne sont pas du tout adaptés au stoc- les systèmes d’encodage et d’organisation de l’information
kage moyen ou long terme. Les cartouches et bandes magnétiques (contenu propre, métadonnées), les supports de stockage et les
se maintiennent entre 15 à 30 ans. Les supports optiques (cédérom, outils de gestion des données archivées (sécurité, pilotage des
CD-WORM, DVD, DON WORM) annoncent une durabilité intrinsèque migrations, accès). Différentes solutions peuvent être possibles et
de 20 à 50, voire 100 ans pour le « Century disc » en verre trempé, arbitrées en fonction du rapport qualité/coût, le terme qualité englo-
conçu pour l’archivage (voir à ce sujet la norme NF Z 42-011-2). bant ici la satisfaction des exigences légales et les besoins de dispo-
À noter que ce problème n’est pas propre à l’électronique puisque nibilité des données dans l’entreprise.
la vidéo présente également une durée de vie limitée (quelques En ce qui concerne les formats d’encodage, la question se pose
décennies) et des supports non lisibles à l’œil humain (ce qui reste moins en termes de versions successives des logiciels qu’en termes
malgré tout possible pour un film ou un microfilm). De ce fait, les d’éditeur et de propriété des formats. Le caractère propriétaire des
premières bandes magnétiques 2 pouces de l’Institut national de logiciels d’encodage et les possibilités de disparition des éditeurs
l’audiovisuel (INA), en passe de devenir inexploitables, ont été font planer une ombre certaine sur les archives dépendantes au
récemment numérisées, bien que cette opération ne puisse être niveau de leur format.
considérée comme définitive.
Le recours à des formats d’encodage, d’échange ou de présenta-
La conservation des supports n’est pas qu’un problème technolo- tion des données qui sont soit des normes validées par les instances
gique. Des choix économiques peuvent intervenir chez les éditeurs internationales (ASCII, JPEG, HTML, XML, etc.), soit des standards
soit en fabriquant à moindre coût des produits de moindre qualité, de fait en raison de leur ouverture (PDF, DXF) est donc un minimum.
soit en introduisant des composantes aux effets attractifs dans En effet, à l’interopérabilité et à l’échange dans l’espace
l’immédiat mais néfastes à la pérennisation, à l’instar des fabricants (« horizontal ») entre producteurs et utilisateurs d’information cor-
de papier qui utilisent du chlore pour le blanchir au détriment de sa respond l’échange dans le temps, « vertical », entre les utilisateurs
conservation. Seules des normes peuvent interdire ou limiter les de l’archive à différentes périodes, dès lors que la chaîne de conser-
dérives du marché. vation est maintenue. Il est bien évident que l’échange de données
La durabilité des systèmes d’encodage de l’information, plus entre administrateur et utilisateurs d’archives requiert des contrôles
courte que celle des supports, est donc encore plus grave. Les for- d’intégrité et de droits d’accès particulièrement vigilants.
mats d’enregistrement n’ont pas toujours inclus dans le passé, ni Le choix du ou des supports successifs d’archivage repose sur
même encore aujourd’hui, la compatibilité avec les versions précé- plusieurs arguments. En premier lieu, la durée de conservation
dentes des logiciels et on trouve de nombreux exemples de disquet- légale ou souhaitée de l’archive car on ne procédera pas de la même
tes ou de cédéroms en bon état physique mais illisibles après 3 ou façon pour les documents éliminables au bout de 5 ou 10 ans et
5 années seulement de « non-consultation ». pour les documents à conservation illimitée. En second lieu, les
S’ajoute à cela l’évolution des systèmes d’exploitation et des droits d’accès, la fréquence de consultation et l’urgence de l’accès
outils de lecture des données électroniques archivées. On trouve le (certaines données archivées peuvent supporter un temps d’accès
cas de données stockées en bon état avec un système de codage de quelques minutes voire quelques heures, selon le contexte de la
connu et interprétable mais pour lesquelles le logiciel qui permet consultation). Les volumes de données entrent également en ligne
d’accéder aux supports n’est pas maintenu par l’éditeur... L’archi- de compte. Cette démarche, pertinente également dans l’environne-
vage, rappelons-le, est comptable du bon accès à l’information ment papier, n’a pas toujours été observée mais l’actualité électroni-
jusqu’à l’échéance de son intérêt probant ou informatif. que la remet à l’ordre du jour. Enfin, le choix est aussi contraint ou
favorisé par l’offre du marché dont on peut supposer qu’elle va se
Un autre défi est la sécurité du document pour la préservation de
développer en termes de durabilité et de fiabilité.
son intégrité. Il est indispensable de sécuriser le document contre
les manipulations indues lors de sa confection, de sa validation, de Pour les fichiers clos, peu volumineux mais fréquemment consul-
son stockage et de sa consultation, c’est-à-dire tout au long de son tés, l’archivage en ligne c’est-à-dire la pérennisation des fichiers
cycle de vie. La production et la conservation des archives papier archivés sur les serveurs actifs, peut se révéler intéressant, les archi-
requièrent aussi des mesures de sécurité et les siècles passés ont ves bénéficiant des mêmes opérations de sauvegarde et des mêmes
connu de nombreuses affaires de faux et de vols d’archives. Mais opérations de mise à jour des systèmes.
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Pour le très long terme, on est aujourd’hui dans l’incertitude et La notion d’authenticité renvoie à la notion de signature : authen-
une des solutions est d’archiver les données « à plat », en format ticité du document émis pour celui qui le reçoit, et préservation de
ASCII, accompagnées de leur documentation, afin de pouvoir cette authenticité dans le temps pour les utilisateurs ultérieurs du
« remonter » les bases de données ultérieurement lors des besoins document. Le processus de signature électronique s’est développé à
de consultation. Mais ce système peut paraître bien lourd. C’est tou- partir d’une directive européenne de décembre 1999 visant à favori-
tefois, la solution retenue par les Archives nationales (Centre des ser le commerce électronique. La loi du 13 mars 2000 qui relaie cette
archives contemporaines de Fontainebleau) pour l’archivage des directive en France a conduit à la modification du Code civil qui
grands fichiers statistiques nationaux soumis à un délai de commu- reconnaît aujourd’hui l’écrit électronique (article 1316) : « l’écrit sous
nicabilité lui-même très long : recensements INSEE, bases de don- forme électronique est admis en preuve au même titre que l’écrit sur
nées ministérielles. support papier, sous réserve que puisse être dûment identifiée la
personne dont il émane et qu’il soit établi et conservé dans des
Les outils logiciels de gestion des archives électroniques font par- conditions de nature à en garantir l’intégrité ». Le décret du 30 mars
tie du système d’archivage dans la mesure où ils sont indispensa- 2001 précise les notions de signature électronique sécurisée avec le
bles à l’identification des fichiers archivés, à la restitution, écran ou système à double clé (publique et privée), et détaille l’organisation
papier, de l’image des documents, restitution qui peut passer par des services de certification et la production des certificats via des
une recomposition d’éléments stockés séparément. Dans ce cas, la prestataires de services de certification électronique.
qualité du support physique de stockage et la maîtrise du décodage
des données sont insuffisantes à garantir la pleine et entière restitu- L’arsenal réglementaire se complète peu à peu, par exemple avec
tion de l’objet archivé. l’arrêté du 18 juillet 2003 fixant les conditions d’émission et de
conservation des factures dématérialisées. Mais des questions sont
La question des logiciels libres versus les logiciels propriétaires encore en suspens, notamment celle de la pérennisation de la signa-
reste ouverte car on n’a pas aujourd’hui le recul nécessaire pour ture électronique. Des juristes font régulièrement remarquer que
juger de la performance et du coût des diverses solutions sur le long l’archivage électronique n’a toujours pas de cadre juridique.
terme. Par ailleurs, on peut se demander comment sera assumée la
En février 2004 a été diffusé un plan stratégique de l’administra-
responsabilité des évolutions apportées progressivement à ces logi-
tion électronique (PSAE) pour la période 2004-2007 qui évoque la
ciels. Quels que soient les systèmes, l’archivage électronique exige
nécessité d’organiser l’archivage des données issues de l’adminis-
une vision globale des différentes composantes de la chaîne maté-
tration électronique.
rielle et logicielle, une démarche de maintenance et aussi une réac-
tivité à l’évolution de l’environnement technologique.
Un « Guide de conservation des informations et des documents
numériques » a été publié en 2001 par la MTIC (Mission pour les
technologies de l’information et de la communication), assortie de
4. Aspects organisationnels
tableaux des standards et des référentiels en matière de formats et
supports ; ces documents ont été mis à jour et sont disponibles sur Face à cet environnement technique mouvant, les aspects organi-
le site de l’ADAE (Agence pour le développement de l’administration sationnels de l’archivage ne doivent pas être négligés. La question
électronique). de la capacité de stockage et de la durabilité des supports n’est pas
La pratique de l’archivage traditionnel nous a habitué à rechercher la toute première à poser.
un support « pour la vie » avec l’idée que, idéalement, il ne doit pas Il convient de définir avant toute chose ce qu’on veut archiver et
y avoir de changement matériel entre le moment de la fixation de pourquoi, c’est-à-dire quels groupes de données et pour quelle fina-
l’information, moment de la création de l’archive, et celui de son uti- lité. Cette démarche suppose de connaître le périmètre de l’informa-
lisation ultime, cette permanence étant le gage même du caractère tion produite au sein de l’entreprise, par qui et pour quelle raison
« original » de l’archive. Toutefois, l’environnement électronique elle est émise et, par conséquent, sa valeur de preuve et de
remet en cause cette vision des choses car avec la dissociation du mémoire. Une partie seulement de la production (interne et externe)
support et du contenu, la notion d’originalité du document est trans- requiert d’être archivée ; parmi cet ensemble, une part requiert un
posée dans la possibilité de garantir son intégrité et sa fidélité. Le archivage court terme (2-5 ans), une autre part un archivage moyen
groupe de travail international InterPARES (International Research terme (une dizaine d’années) et une plus petite partie encore un
on Permanent Authentic Records in Electronic Systems – Université archivage long terme ou très long terme (30 ans ou indéfini).
de Colombie Britannique à Vancouver) a établi le principe selon
On peut ainsi cartographier, sous forme de cercles concentriques,
lequel « conserver un document électronique est à proprement par-
les différents niveaux d’archivage à organiser et adapter les solu-
ler impossible ; seule la capacité de le reproduire peut être
tions techniques aux besoins de l’entreprise.
préservée ». L’évolution est d’importance car, dès lors, ce n’est plus
tant le support parfait que l’on recherchera mais la fiabilité et la flui- La mise en œuvre de ce processus global d’archivage présente
dité du processus d’archivage et de maintenance tout au long de la diverses difficultés :
vie de l’objet d’information ainsi archivé. — le recensement des documents et objets de données produits
ou reçus, tâche d’autant plus délicate que l’entreprise est impor-
L’archivage électronique pose donc le problème de la migration
tante et sujette à des restructurations et réorganisations, que le
sécurisée des objets d’information, d’un support à l’autre, d’un for-
contexte juridique et social est évolutif, etc. ;
mat à l’autre, autant de fois que la durée totale de conservation l’exi-
gera. La migration d’archives consiste à transférer des documents — la redondance de l’information entre plusieurs documents et la
d’un système à un autre en préservant leurs caractéristiques, c’est- multiplication des exemplaires : exemplaires de référence et exem-
à-dire « leur authenticité, leur intégrité, leur fiabilité et leur plaires de travail, versions successives, mises à jour par écrasement
exploitabilité » (norme ISO 15489, cf. § 6.2). ou par accumulation des données ;
— l’évaluation de la valeur juridique des documents car tous les
À partir du moment où le transfert physique des données d’un documents d’entreprise n’ont pas une durée légale de
système ou d’un support d’origine à un autre est admis, la qualité de conservation ; dans un certain nombre de cas, la durée de conserva-
l’archivage dépend de la traçabilité des opérations de transfert : tion est établie après analyse du rôle joué réellement par le docu-
pour que l’archive soit recevable, il faut pouvoir prouver qu’aucune ment et de sa valeur d’information (qui peut être très faible dans les
altération de structure, de contenu et donc de sens n’a été effectuée. années qui suivent la production du document et « se réveiller »
Il s’agit donc de tracer toutes les étapes, non seulement d’enregis- plus tard) ; cette décision est souvent prise par analogie avec
trement initial mais aussi de migration, et également de consulta- d’autres documents au sein d’un même « dossier » (pièces conser-
tion. C’est que ce prévoit la norme NF Z42-013 (cf. § 6.1). vées en tant que pièces justificatives d’un processus de décision) ;
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À côté des archives vitales, on peut distinguer les archives utiles, La norme s’applique uniquement aux systèmes informatiques
qu’il serait possible, le cas échéant de reconstituer, moyennant un cer- comportant des équipements de stockage optique utilisant des sup-
tain coût (un acte notarié dont le notaire pourrait fournir une nouvelle ports de type non réinscriptible (WORM) pour le stockage perma-
expédition, un document déposé auprès de l’Administration dont on nent de documents électroniques. Elle ne s’applique pas aux
peut obtenir une copie, etc.), et les archives de confort, dont la dispari- systèmes qui comportent uniquement des équipements de stockage
tion serait gênante pour les collaborateurs mais finalement peu dom- permettant de supprimer ou de modifier des documents a poste-
mageable (documentation de travail, archives à faible valeur ajoutée). riori. Les documents sonores, les séquences d’images animées,
Vis-à-vis de ce critère de valeur stratégique, l’archivage fonctionne ainsi que les radiographies médicales n’entrent pas dans le champ
un peu comme une assurance : l’investissement matériel et intellec- d’application de la norme.
tuel de l’archivage est la garantie de la restitution de l’information au Le postulat de base est que, pour qu’un organisme ou une entre-
cas où l’on en a besoin. L’importance de cet investissement est donc prise, qui utilise ou qui souhaite stocker et restituer des documents
indexée sur l’importance des documents pour la vie de l’entreprise. électroniques, soit en mesure de montrer que ces documents peu-
Les coûts négatifs comportent également les conséquences vent être considérés comme des représentations ou des copies fidè-
financières de la perte d’un procès due à l’impossibilité de produire les des documents d’origine, il doit réaliser ou faire réaliser
une pièce devant une juridiction, à quoi s’ajoute le déficit d’image périodiquement des audits de ses systèmes et de ses procédures.
de marque consécutif à l’échec. La première opération consiste à réaliser un dossier de descrip-
Enfin, le coût global d’archivage doit intégrer, en positif, les gains tion technique du système comportant la liste des matériels avec
de temps réalisés dans la recherche d’information lorsque l’archi- leurs caractéristiques, y compris les outils de numérisation des
vage est pertinent, par opposition au temps « perdu » à rechercher documents (cas de numérisation de documents sous forme papier
des documents mal archivés parce que mal identifiés, mal référen- ou de microformes), outils de traitement et de compression des
cés ou enregistrés sur un support déficient. images. Dans le cas de documents créés directement sous une
forme électronique, il convient d’enregistrer les données descripti-
Un plan global d’archivage tiendra compte de l’hétérogénéité des ves de la création et de la provenance des documents, le format
archives dans l’entreprise : certains documents requièrent un archi- retenu (qui doit avoir une compatibilité ascendante et des spécifica-
vage électronique hautement sécurisé ; dans d’autres cas, une tions publiées), la taille du document, les éventuels incidents de
duplication des données sera aussi efficace et moins onéreuse transmission.
qu’une conservation unique ultra sécurisée ; pour les archives de
très longue conservation avec une consultation très faible (comme Le système inclut les outils de restitution des documents électro-
les bulletins de salaires conservés 50 ou 60 ans pour la justification niques à l’utilisateur.
des droits à la retraite), le microfilm peut se révéler moins onéreux Les documents électroniques stockés doivent être classés, identi-
que l’électronique, surtout si on peut coupler les deux technologies fiés et indexés selon une méthode assurant la recherche d’un docu-
pour la consultation ; enfin, même pour des documents électroni- ment particulier ou d’une série de documents.
ques natifs, il ne faut pas exclure l’archivage papier qui, pour des
Les supports de stockage sont initialisés et renseignés : lieu et
documents peu volumineux à consultation linéaire, peut s’avérer le
heure de l’enregistrement, nom de l’organisme, nom de l’opérateur,
plus intéressant ou le moins risqué.
nom et version du logiciel, numéro de série du lecteur enregistreur
Il n’y a pas de solutions d’archivage électronique a priori : il y a ou références du support précédent. À la clôture du support, on
des solutions technologiques et des démarches organisationnelles à ajoute le nombre de documents stockés et le nombre d’octets cor-
mettre en œuvre en fonction de besoins spécifiques. respondants.
Comme pour tout système informatique, les documents archivés
doivent faire l’objet de sauvegardes régulières. En cas d’expiration
de la durée de vie du support avant l’échéance de la durée de
6. Textes de référence conservation, ou en cas de changement de système de stockage, les
documents doivent être recopiés à l’aide des deux générations
d’outils.
Les toutes dernières années ont procuré aux professionnels et Un historique automatique et journalier doit permettre de savoir
aux praticiens de l’archivage électronique une série de textes de qui a utilisé le système, à quel moment, ce qui a été fait sur le sys-
référence, comblant ainsi un vide qui commençait à se faire sentir. tème et quels en ont été les résultats.
Nous présentons ici quatre textes : la norme technique française Le chapitre 6 de la norme concerne les sécurités : sécurité physi-
NF Z42-013 sur l’archivage électronique, la norme internationale que, locaux, règles de sécurité pour le personnel, sécurité des sup-
ISO 15489 sur le Records management, le modèle OAIS sur l’archi- ports, destruction des documents devenus inutiles, sécurité des
vage des données spatiales et le modèle européen MoReq sur le matériels et logiciels, contrôles d’accès.
Records management/ archivage électronique.
Le chapitre 7 détaille les procédures d’exploitation destinées aux
opérateurs pour l’enregistrement, le stockage et la gestion des
documents électroniques : méthodes utilisées pour la numérisation,
6.1 Norme NF Z42-013 l’organisation de l’indexation, la maîtrise de la qualité, l’organisa-
tion des sauvegardes des supports de stockage, etc. Dans le cas de
documents papier ou de microformes, le contrôle vise également la
La norme NF Z42-013, promue par l’Association des profession- quantité de pages numérisées, la qualité et la fidélité des images
nels de la GEIDE (APROGED), adoptée par l’AFNOR en 1999 et révi- électroniques produites par rapport aux originaux, l’indexation des
sée en 2001, contient des recommandations relatives à la images de documents. Toutes ces procédures s’accompagnent
conception et à l’exploitation de systèmes informatiques en vue d’attestations : attestation d’autorisation, attestation de l’opérateur,
d’assurer la conservation et l’intégrité des documents stockés dans attestation d’acceptation, attestation de destruction, attestation
ces systèmes. Le texte français est à l’origine du projet de norme d’édition.
internationale ISO 18509 actuellement en discussion. Le système et toutes les procédures doivent être audités
L’ensemble des prescriptions contenues dans la norme NF Z42-013 régulièrement par du personnel de l’entreprise ou de l’organisme
vise à permettre que des documents électroniques soient produits, qui met en œuvre le système (audit interne) ou/et par des person-
stockés et restitués de telle façon que l’on puisse être sûr de leur inté- nels appartenant à un organisme ou une entreprise externe (audit
grité et de leur fidélité par rapport aux documents d’origine. externe).
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__________________________________________________________________________________ ARCHIVAGE ÉLECTRONIQUE : PROBLÉMATIQUES ET NORMES
La norme envisage le recours à un tiers archiveur, prestataire de 2. Analyse des activités : identifier et documenter toutes les fonc-
service, qui peut soit assurer le stockage complet de documents tions, activités et opérations et les hiérarchiser dans un plan de clas-
électroniques, soit assurer simplement le stockage des empreintes sement des activités ; lister les documents qui procèdent de chaque
des documents (réception et enregistrement d’empreintes des grande fonction, de chaque activité au sein d’une fonction, de cha-
documents électroniques, horodatage des opérations et stockage que opération au sein d’une activité.
des informations d’indexation et de contrôle des empreintes de
3. Identification des exigences archivistiques : analyse de l’envi-
documents).
ronnement réglementaire de l’organisme ou de l’entreprise en
En cas de sous-traitance, les services attendus et les responsabili- matière de conservation pour évaluer le risque qu’il y aurait à ne pas
tés sont détaillés dans un contrat de tiers-archivage : référence à la produire ou à ne pas conserver les documents.
norme, description des procédures, critères de qualité pour la
4. Évaluation des systèmes existants (systèmes d’archivage et
numérisation, mesures de contrôle de la confidentialité, méthodes
autres systèmes de gestion de l’information liés).
d’indexation, transferts des données.
5. Identification de la stratégie pour la satisfaction des exigences
archivistiques : adopter principes, normes, procédures et pratiques
requises vis-à-vis de ces exigences.
6.2 Norme ISO 15489 6. Conception d’un système d’archivage qui intègre la stratégie et
les procédures de la norme ; le cas échéant, redéfinir des méthodes
de travail et les systèmes opérationnel et de communication.
Cette norme internationale sur le Records management trouve
son origine dans la norme nationale australienne sur le même 7. Mise en œuvre d’un système d’archivage selon une démarche
thème, publiée en 1995 et présentée à l’ISO en raison de son succès. de gestion de projet.
ISO 15489 n’est pas une norme technique. Sa cible est très large : 8. Contrôle a posteriori : audit du projet.
les décideurs, les professionnels de l’information, les responsables
des systèmes et, plus généralement, toutes les personnes physi-
ques ayant la responsabilité de produire ou de conserver des archi-
ves. Les responsabilités et les compétences en matière de Records 6.3 Modèle de référence OAIS
management sont définies et attribuées à tous les niveaux de colla-
borateurs.
Le « Reference Model for an Open Archival Information System »
Les objectifs de la norme sont assez ambitieux : organiser la tra- OAIS est relatif à l’archivage long terme des informations existant
çabilité des documents produits ou reçus par tout organisme ou sous une forme numérique. Il est le résultat d’un travail normatif
entreprise dans l’exercice de ses activités, encadrer la responsabilité approfondi entrepris depuis 1995 par le CCSDS (Consultative
des entreprises ou organismes vis-à-vis de la loi, de ses collabora- Committee for Space Data Systems) à la demande de l’ISO
teurs, de ses partenaires, de la collectivité, s’assurer que les systè- (International Standard Organization), en vue d’établir des
mes d’information produisent des documents fiables en accord recommandations techniques générales pour encourager et faciliter
avec les normes Qualité ISO 9001, ISO 9002 et ISO 14000, gérer l’échange des données spatiales. Le CNES (Centre national d’études
l’information au meilleur coût. spatiales) a participé à l’élaboration de cette norme.
Au terme de la norme, le Records management a pour tâche : Le modèle OAIS est devenu une norme internationale en 2002
— de définir quels documents doivent être créés pour chaque sous le numéro ISO 14721.
type d’activité et quelles informations doivent y figurer ;
Dans le titre du modèle, Open signifie que ce modèle a été déve-
— de dire sous quelle forme et quelle structure les documents loppé dans le cadre d’un processus public et qu’il est disponible et
doivent être produits et archivés, et quelles technologies doivent utilisable par tout public, et non que l’accès aux informations archi-
être utilisées ; vées se fait sans restriction. Le terme information désigne toute
— de définir les métadonnées nécessaires ; connaissance qui peut être échangée, indépendamment de la forme
— de déterminer les besoins de consultation et les délais de (physique ou numérique) que prendra cette information alors que la
conservation en se conformant aux exigences légales et « donnée » est définie comme une forme de représentation de
réglementaires ; l’information. Quant au système d’archivage, il est constitué par un
— d’évaluer les risques attachés à la non-disponibilité de docu- ensemble de moyens matériels, logiciels et humains en charge de
ments probants ; l’acquisition, de la conservation et de la distribution de l’information
— de rechercher l’amélioration de la rentabilité, l’efficacité et la archivée.
qualité des méthodes, des décisions et des opérations de création, L’OAIS comporte deux modèles : un modèle d’information et un
d’organisation ou de gestion des documents. modèle fonctionnel.
Le système d’archivage (Records management system) doit Le modèle d’information précise ce sur quoi porte l’archivage car
notamment présenter des caractéristiques de fiabilité (tous les il est indispensable de bien identifier ce que l’on veut conserver. Le
documents de l’entreprise sont intégrés systématiquement), inté- point de départ est « l’objet de données » qui contient l’information
grité (contrôle d’accès, de la validité de la destruction et de la sécu- principale à pérenniser (le fichier) ; il est complété par
rité) et conformité avec l’environnement réglementaire et les « l’information de représentation » qui lui est associée (fichiers de
exigences de l’entreprise. structure, dictionnaire de données, etc.). L’ensemble constitue un
La norme préconise une démarche de mise en œuvre d’un « objet d’information » qui forme un tout indissociable pour la
Records management en huit étapes. compréhension de l’archive.
1. Enquête préliminaire : le Records management tient compte de L’archivage vise aussi les informations complémentaires à la
l’environnement réglementaire défini par la législation dans les pérennisation, c’est-à-dire les informations de provenance, de
domaines administratif et judiciaire et la réglementation spécifique contexte, de référence et de fixité. Ces informations constituent un
du secteur d’activité concerné, ainsi que les lois et règlements rela- « paquetage d’information d’archives » (Archival Information Pac-
tifs aux documents d’archives, à l’accès à l’information, au respect kage AIP), qui se décompose en « information d’empaquetage » et
de la vie privée, à la notion de preuve, au commerce électronique et en « information de description ». On retrouve là les métadonnées
à la protection des données ; s’y ajoutent les normes en vigueur et qui proviennent soit du producteur de l’information, soit du système
les procédures internes. d’archivage.
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Le modèle fonctionnel identifie les trois acteurs avec lesquels le création et autres métadonnées, les informations de contexte
système d’archivage est en relation : le producteur de données, qui (auteur, activité), les informations sur l’application qui a généré le
fournit l’information à pérenniser ; le management, qui fixe les document. Une même archive peut appartenir à plusieurs dossiers
règles générales applicables à l’OAIS (les décideurs) ; le consomma- sans être physiquement dupliquée.
teur de données ou utilisateur, qui est en relation avec les services
de l’OAIS pour chercher et se procurer des informations. L’enregistrement et l’extraction des métadonnées doivent être
automatisés au maximum.
Le modèle fonctionnel distingue six fonctions :
Chaque archive requiert un identifiant. Ces identifiants doivent
— la fonction d’ingestion prend en charge l’ensemble des objets
être uniques. Le système gère les identifiants uniques comme des
de données fournis par le producteur et les organise conformément
métadonnées des entités auxquelles ils se rapportent.
au modèle d’information ;
— la fonction de stockage ; Les contrôles et la sécurité portent sur :
— la fonction de gestion des données organise les informations
de description ; 1. les droits d’accès aux archives, aux dossiers et aux
— la fonction d’accès, qui informe les utilisateurs sur l’existence métadonnées ;
des informations archivées, leur disponibilité et les conditions 2. l’audit de conformité par rapport aux exigences légales et aux
d’accès ; exigences de sécurité ; détection de tout changement sur les grou-
— la fonction d’administration (gestion et de coordination pes de dossiers, les dossiers individuels, les sous-dossiers, les
d’ensemble) ; documents, les pièces, les métadonnées associées à chacune de ces
— la fonction planification de la préservation permet d’identifier entités ;
les actions à entreprendre en fonction des évolutions de l’environ-
nement (veille sur les technologies et les normes, politique de 3. les sauvegardes ;
migration). 4. la traçabilité des mouvements ;
Le modèle OAIS est régulièrement évoqué au sein du groupe PIN 5. l’authenticité (définir quels documents doivent être capturés) ;
« Pérennisation de l’information numérique », groupe de travail
français animé par Claude Huc, du CNES, et rattaché à l’association 6. la classification (contrôle d’accès, archives classifiées secret).
Aristote. Une traduction de la terminologie OAIS a été entreprise par
le CNES et la Bibliothèque nationale de France. Le système doit intégrer la notion de durée de conservation et de
sort final (retention and disposal), par le biais d’un référentiel de
conservation qui détermine combien de temps les archives doivent
être gardées dans le système d’archivage, et selon quelles modali-
6.4 Modèle de référence européen MoReq tés il faut les en retirer.
Tout document, dossier ou série doit obéir, par défaut, au délai de
conservation qui lui est associé dans le référentiel de conservation.
La Commission européenne a diffusé en 2002 un Model require- Le référentiel de conservation doit permettre de préciser la date à
ments for the management of electronic records qui constitue un partir de laquelle les délais de conservation courent, par exemple :
ensemble de recommandations techniques et organisationnelles laps de temps à partir de l’ouverture ou de la clôture du dossier, à
pour l’archivage électronique. partir de l’ajout au dossier du document le plus récent, à partir de la
Le modèle s’appuie à la fois sur l’archivistique traditionnelle et sur dernière recherche dans le dossier, après un événement particulier,
les principes du Records management. etc. Le système doit gérer des délais de 1 mois à plus de 100 ans.
Les archives (ou records) sont les documents produits ou reçu par La revue est le processus de vérification des dossiers une fois
une personne ou une organisation dans l’exercice de ses activités et qu’ils ont atteint la date ou l’événement indiqué pour le délai de
conservés par cette personne ou cette organisation. Elles sont orga- conservation ; on peut alors décider de poursuivre la conservation
nisées dans un plan de classement qui identifie et classe les activités ou de transférer les données dans un autre système ou encore de
et les archives en catégories conformément à des règles, des métho- les détruire.
des et des procédures prédéfinies. Le plan de classement (classifica-
tion scheme) distingue sept branches possibles de l’arborescence : Les entreprises peuvent avoir besoin de transférer leurs docu-
niveau > série > dossier > sous-dossier > document d’archives > ments de leur système vers d’autres lieux ou d’autres systèmes.
extrait > pièce (level > class > file > volume > record > record Cette opération est nommée « versement ». Il peut s’agir d’origi-
extract > document). naux ou de copies. Le système doit fournir une fonctionnalité ou un
outil ad hoc pour la conversion des documents sélectionnés pour le
Les documents deviennent archives quand ils sont « capturés » transfert dans un format de versement reconnu et accepté.
dans le système d’archivage (electronic records management sys-
tem). La capture implique l’enregistrement, le classement, l’ajout de Le système doit être capable de verser ou d’exporter un dossier
métadonnées et le stockage d’une archive dans le système. Les ou une série en une séquence d’opérations, de telle sorte que le
métadonnées sont des informations structurées ou semi-structu- contenu et la structure des documents électroniques ne soient pas
rées qui permettent la création, la gestion et l’utilisation des docu- altérés et que tous les éléments du document (par exemple, un mes-
ments d’archives dans le temps et au sein de leur domaine sage électronique et ses pièces jointes) soient traités comme une
d’activité. Une fois les archives « capturées » dans le système, seul unité complète.
l’administrateur peut modifier les métadonnées.
Le système d’archivage électronique peut inclure la gestion des
Les archives peuvent être de différents formats, de différents archives non électroniques (dossiers mixtes ou hybrides).
auteurs, simples ou multiples. Elles proviennent du réseau local, de
l’Internet, de la messagerie ou de la scannérisation. Ce sont aussi Le système interdit la modification des archives qui sont « fixées »
bien : l’annuaire électronique, les données issues d’applications, mais il peut être couplé avec un système de gestion des documents
des documents papiers numérisés, des documents vocaux et électroniques qui permet le versionnage et la modification des
vidéos, des données structurées, des bases de données, des docu- documents (Document management).
ments multimédia, des e-mails. Le système doit être facile d’utilisation, évolutif, conforme aux
La « capture » s’applique à tous les documents, quelles que soient normes techniques : matériels, systèmes d’exploitation, bases de
leurs caractéristiques techniques (encodage...). Elle vise : le contenu données relationnelles, protocoles de communication, encodage
(texte, structure et présentation) du document, son nom, la date de (ASCII, Unicode), formats d’échange (HTML, XML), etc.
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