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Titre 2

La lecture financière
de la comptabilité

Dans les deux chapitres qui suivent, le lecteur deviendra un peu plus
savant et découvrira la logique qui sous-tend les principes comptables, le
mode d’établissement des comptes consolidés et les spécificités de leur
lecture, sans oublier les points complexes des comptes que doit maîtriser
tout bon financier.

Chapitre 5 L’information comptable et les


comptes consolidés
Chapitre 6 Les points complexes de l’analyse des
comptes

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Chapitre 5

L’information comptable et les


comptes consolidés

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I. L’information comptable

La plupart des systèmes comptables nationaux peuvent être répartis en deux


catégories :
 une zone traditionnelle d’influence fiscale (France, Allemagne, Espagne, Italie,
Belgique). L’administration fiscale n’admet comme charges déductibles que les
charges constatées dans les comptes et taxe les produits enregistrés
comptablement. D’où l’utilisation de méthodes comptables visant à minimiser
le résultat publié afin de minimiser l’impôt à payer. L’administration fiscale joue
alors un grand rôle dans la fixation des règles comptables ;
 une zone traditionnelle d’influence des marchés de capitaux (Royaume-Uni,
Pays-Bas, États-Unis) où la loi fiscale n’a qu’une influence extrêmement limitée
sur la pratique comptable. Les comptes publiés sont donc établis non pas dans
un objectif fiscal, mais avec le but de transcrire une true and fair view de la
réalité économique, principalement à destination des actionnaires.

Toutefois ces différences tendent à disparaître progressivement sous l’effet de trois


phénomènes :
 l’adoption des normes IFRS édictées par l’International Accounting Standards
Board (IASB) par l’ensemble des sociétés cotées européennes, a minima pour
leurs comptes consolidés, et par plus de 100 autres pays à l’exception des États-
Unis et des pays de l’Afrique francophone ;
 une tendance des régulateurs comptables locaux à harmoniser leurs
réglementations sur les normes internationales (IFRS) ou sur celles des États-
Unis ;
 la volonté de convergence des normes internationales et des normes
américaines affichée par l’IASB et le régulateur américain (FASB) qui se traduit
par des travaux communs. On peut constater depuis quelques années que les
différences entre les deux référentiels se font plus minces. La convergence totale
n’interviendra pas avant 2015-2018 au mieux d’autant que l’objectif est
ambitieux.

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SECTION 1 : LA PRESENTATION DES COMPTES

1. LE CADRE JURIDIQUE ET LES INSTANCES SUPERVISANT LA


PRESENTATION DES COMPTES

Aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons, trois autorités influencent la
législation en matière de comptabilité :
 l’autorité fiscale (plus particulièrement en France, Italie, Espagne) ;
 les associations professionnelles comptables ;
 les autorités boursières pour les sociétés faisant appel public à l’épargne.

En France, l’Autorité des normes comptables (ANC) est l’entité unique chargée
d’établir les règlements comptables généraux et sectoriels de la comptabilité privée, en
particulier le Plan comptable général (PCG) qui s’impose à toutes les entreprises
françaises, a minima pour leurs comptes sociaux, et de prendre position sur les normes
comptables internationales (IFRS).

L’Union européenne a renoncé à produire des normes comptables, a décidé de se


faire représenter à l’IASB et de rendre obligatoire l’application des normes IFRS pour
toute société cotée au sein de l’Union européenne.

La doctrine comptable a donc en Europe deux dimensions :


 une dimension nationale généralement pour les entreprises domestiques de
taille modeste non cotées et souvent pour les comptes sociaux ;
 une dimension internationale pour les groupes cotés qui établissent leurs
comptes consolidés dans le référentiel international, permettant ainsi de les
comparer à leurs principaux concurrents.

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Ainsi, l’utilisation des normes IFRS peut-elle être interdite, permise ou obligatoire.
En France on a:

NORMES COMPTABLES APPLIQUÉES EN FRANCE


ENTREPRISE ENTREPRISE NON
COTÉE COTÉE1

Comptes sociaux Normes françaises Normes françaises

Comptes consolidés Normes IFRS Normes françaises ou


normes IFRS (au choix)
1. Ou cotée sur Alternext.

Aux États-Unis, les normes comptables 1 sont fixées par le Financial Accounting
Standards Board (FASB).

2. LA PRESENTATION DE L’INFORMATION COMPTABLE

Les impératifs de publication des comptes peuvent varier d’un pays à l’autre.
Cependant, on retrouve des constantes dans la présentation des états financiers.
L’information comptable se compose en effet au minimum des éléments suivants :
 le compte de résultat, qui analyse le résultat de l’activité de l’entreprise
pendant une certaine période (l’exercice). Les normes IFRS laissent l’option
entre présenter un compte de résultat, mais qui doit alors être complété par un
tableau permettant d’appréhender les autres écritures comptables ayant eu un
impact sur les capitaux propres (other comprehensive income), ou substituer
au compte de résultat un tableau de comprehensive income (état du résultat
global) dans lequel le résultat net n’est qu’un solde intermédiaire ;
 le bilan, qui présente la situation de l’entreprise à un moment donné (à la date
de clôture de l’exercice). Il est parfois appelé en normes IFRS « État de la
situation financière » ;
 l’annexe, qui complète et commente l’information donnée par le bilan et le
compte de résultat. Elle met en évidence les principes comptables et les faits
pouvant avoir une incidence significative sur le jugement du lecteur.

À ces éléments s’ajoutent éventuellement :


 un tableau de flux de trésorerie (ou un tableau de financement). Ce tableau
recense l’ensemble des flux de trésorerie, il liste les encaissements et
décaissements de l’entreprise pour l’exercice considéré. Il est le plus souvent
obligatoire pour les comptes consolidés ;

1 Appelées US GAAP pour US Generally Accepted Accounting Principles.

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 un tableau de variation des capitaux propres. Ce tableau permet de
comprendre la variation des capitaux propres d’un exercice sur l’autre ;
 un rapport de gestion présentant les commentaires de l’équipe de direction
sur les comptes de l’année ;
 une information boursière. Elle est souvent ajoutée pour les sociétés cotées
aux informations purement comptables.

En France, le Plan comptable général impose, en particulier aux sociétés par actions
(SA, SAS et SARL), la publication de 3 documents sous des formes bien définies : le
compte de résultat, le bilan et l’annexe. La présentation des comptes est assez
strictement définie et la liasse fiscale sert souvent de référence pour les sociétés ne
présentant pas de comptes consolidés.

3. LE CONTROLE EXTERNE DES COMPTES DES ENTREPRISES

Les entreprises préparent et établissent leurs comptes elles-mêmes à moins qu’elles ne


sous-traitent cette fonction à un cabinet d’expertise comptable externe.

En France, le contrôle légal des documents comptables est du ressort obligatoire


d’un ou de plusieurs commissaires aux comptes qui sont nommés par l’assemblée
générale des actionnaires ou des associés des sociétés anonymes (SA), des sociétés en
commandite par actions (SCA). Des règles différentes s’appliquent aux SARL, aux SAS,
aux EURL et aux sociétés en nom collectif (SNC.

Les commissaires aux comptes sont nommés pour 6 exercices avec pour objectif
principal de vérifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes qu’ils
attestent dans un rapport soumis aux actionnaires ou associés qui approuvent les
comptes en assemblée générale.

Les sociétés cotées sont tenues de publier leurs comptes annuels, en France, dans
les 4 mois suivant la clôture de l’exercice et de les mettre à la disposition des
actionnaires. Leurs comptes semestriels doivent être publiés dans les 2 mois suivant la
fin du premier semestre. Le chiffre d’affaires trimestriel doit être publié dans les 45
jours suivant chacun des trimestres. Enfin, bon nombre de groupes cotés publient des
résultats trimestriels détaillés même si ceci n’est pas une obligation.

Les sociétés par actions et les SARL cotées ou non cotées ont l’obligation de déposer
leurs comptes au greffe du tribunal de commerce dont elles dépendent dans le mois

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suivant l’approbation des comptes par les actionnaires ou les associés. Ces comptes
sont mis à disposition du public par les greffes des tribunaux de commerce 2.

SECTION 2 : LES PRINCIPES COMPTABLES

1. LA QUALITE DES COMPTES

L’établissement de comptes annuels, réguliers et sincères donnant une image fidèle du


patrimoine, de la situation financière et du résultat de l’entreprise, est une obligation
légale prévue par le Code du commerce. L’objectif fixé par l’IASB est similaire.

La régularité est obtenue en suivant les règles et les principes détaillés dans le
paragraphe suivant.

La sincérité est, selon le Plan comptable, « l’application de bonne foi de ces règles
et procédures en fonction de la connaissance que les responsables des comptes doivent
normalement avoir de la réalité et de l’importance des opérations, événements et
situations ». Des comptes sincères résultent donc d’une parfaite connaissance des
règles et de leur application, de la situation de l’entreprise et de la perception extérieure
des comptes ainsi présentés, afin que leur contenu ne soit pas perçu de manière
déformée.

L’image fidèle constitue le principe à suivre lorsque la règle n’existe pas, ou


lorsque celle-ci est insuffisante pour traduire la réalité. On a recours à ce principe
lorsqu’il n’y a pas de règles fixées pour résoudre un problème donné, ou lorsqu’il existe
plusieurs méthodes pour résoudre un même problème et qu’un choix est nécessaire.
Enfin, elle peut intervenir dans les cas exceptionnels où l’application de la règle
existante serait trompeuse.

La notion d’image fidèle n’a donc pour objet que de servir de référence à ceux qui
établissent les comptes de la société.

Cette notion française d’image fidèle et sincère est issue de la comptabilité


anglo-saxonne : true and fair view où elle prévaut sur les autres principes comptables.
En France, ceci est rarement le cas.

2 Bien que l’amende (1 500 € et 3 000 € en cas de récidive) imposée aux dirigeants ne déposant pas leurs comptes
reste faible, la possibilité d’y ajouter une astreinte fixée par le tribunal de commerce incite plus de sociétés à ne pas
courir le risque de la confidentialité…

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2. LES PRINCIPES COMPTABLES

Les règles comptables peuvent varier d’un pays à l’autre ; cependant, certains principes
comptables sont internationaux et ont été repris par l’IASB.

Par rapport aux principes français, les principes des IFRS se traduisent par :
 une préférence accordée au point de vue des actionnaires. L’IASB estime en effet
que puisque les actionnaires apportent les capitaux à risque de l’entreprise, la
production d’états financiers qui satisfont leurs besoins satisfait de ce fait ceux
de la plupart des autres utilisateurs des comptes ;
 une information plus économique avec l’application plus systématique du
principe de prééminence de la réalité sur l’apparence, et une orientation nette
vers la mesure de la performance ;
 une information plus transparente par la réduction des choix comptables
possibles, par l’inscription quasi systématique au bilan d’éléments figurant en
hors-bilan et par une information plus détaillée.

Les principes français et internationaux (pour certains d’entre eux) sont les
suivants :

a) Le principe de continuité de l’exploitation (going concern)

Ce principe veut que, pour l’établissement des comptes, l’entreprise soit considérée
comme devant poursuivre normalement son activité dans un avenir prévisible. On se
place donc dans la perspective d’une continuité de l’exploitation et non d’une
liquidation, sauf bien entendu pour les éléments du patrimoine qu’il a été décidé de
liquider, ou si l’arrêt ou la réduction de l’activité est prévisible, qu’elle résulte d’un
choix ou d’une obligation.

b) Le principe de spécialisation des exercices (ou d’autonomie, ou


encore d’indépendance des exercices)

Les différents utilisateurs de l’information comptable (management, actionnaires,


prêteurs, administration fiscale, tiers…) ont besoin d’informations périodiques (pour
estimer les résultats de la gestion passée, faire des prévisions). D’où la nécessité de
découper la vie de l’entreprise en périodes appelées exercices comptables. Le principe
de la spécialisation des exercices veut que les charges et les produits qui concernent un
exercice lui soient effectivement rattachés. Techniquement, on utilise les comptes de
régularisation, actif ou passif selon le cas.

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c) Le principe du nominalisme

Ce principe veut que les biens acquis par l’entreprise soient inscrits à son bilan pour
leur coût d’acquisition appelé valeur historique et qu’ils soient maintenus à ce prix
au cours du temps, sauf à être amortis ou dépréciés. Le nominalisme est également
appliqué pour la comptabilisation des dettes.

Ce principe est appliqué assez strictement dans les comptes sociaux où les
réévaluations sont rares. En comptes consolidés en revanche, les actifs peuvent être
réestimés, notamment lors de la première consolidation d’une filiale, pour aboutir à
une valeur économique qui reflète la durée de vie résiduelle des actifs.

Ce principe est remis en cause avec le développement de la notion « juste valeur »


ou de fair value en anglais. C’est-à-dire la valorisation d’actifs et de passifs sur la base
d’une estimation de leur valeur de marché ou de leur valeur d’utilité par actualisation
des flux de trésorerie estimés attendus de leur utilisation.

d) Le principe de prudence

C’est un grand principe de la comptabilité qui veut que les charges soient prises en
compte dès que leur réalisation est probable, voire éventuelle, mais que les produits ne
soient comptabilisés que lorsqu’ils sont réalisés. Le principe de prudence conduit à
déprécier, mais à ne pas faire apparaître les plus-values latentes. Il est destiné à
protéger en particulier les prêteurs contre des comptes établis avec trop d’optimisme.

e) Le principe de permanence des méthodes

Ce principe veut que les mêmes règles et procédures comptables soient appliquées
chaque année afin que les informations comptables soient comparables.

Toute exception à cette règle doit être justifiée par la recherche d’une meilleure
information, les modifications devant alors être décrites et justifiées dans l’annexe. Les
entreprises retraitent alors les comptes de l’exercice précédent pour les rendre
comparables aux comptes de l’exercice durant lequel a eu lieu le changement de
méthode.

f) Le principe de la prééminence de la réalité sur l’apparence

Ce principe indique que face à une opération complexe, il ne faut pas s'arrêter à la seule
lecture superficielle ou juridique de cette transaction mais rechercher sa réalité
économique. Il correspond au principe international de substance over form.

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g) Le principe de bonne information

Ce principe a pour objet d’apporter aux utilisateurs des documents comptables une
information suffisante et significative pour interpréter ceux-ci. On retrouve la notion
de true and fair view des comptes anglo-saxons.

h) Le principe d’importance relative

Ce principe prévoit la possibilité de regrouper des comptes dans un compte global si


les comptes prévus par les normes sont trop détaillés par rapport aux besoins de
l’entreprise.

i) Le principe de non-compensation

Ce principe interdit la compensation de postes d’actifs et de passifs entre eux, ou de


postes de charges et de produits entre eux, sauf lorsque cela est explicitement prévu.

j) Le principe d’intangibilité du bilan d’ouverture

Selon ce principe, le bilan d’ouverture d’un exercice doit correspondre au bilan de


clôture de l’exercice précédent.

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II. Les comptes consolidés

L’objet des comptes consolidés est de présenter la situation financière


d’un groupe de sociétés comme si celles-ci ne formaient qu’une seule entité
économique.

La lecture des documents comptables de chaque société appartenant à un groupe ne


permet pas de donner une physionomie précise et réelle de l’entité économique qu’elles
constituent. Les comptes d’une société n’appréhendent en effet les autres sociétés
qu’elle contrôle qu’à travers le prix de revient de ses participations et le montant des
dividendes qu’elle reçoit.

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SECTION 1 : LES METHODES DE CONSOLIDATION

Toute entreprise commerciale qui contrôle de manière exclusive ou conjointe d’autres


entreprises, ou qui exerce une influence notable sur celles-ci, est tenue d’établir des
comptes consolidés et un rapport sur la gestion du groupe. Cette obligation n’exonère
bien sûr pas chacune des sociétés du groupe de produire des comptes individuels (que
l’on appellera comptes sociaux).

Les sociétés à retenir pour l’établissement de comptes consolidés, dont l’ensemble


est appelé le périmètre de consolidation, comprennent :
 la société mère ;
 les sociétés dans lesquelles la société mère exerce directement ou indirectement
une influence notable3.

Le principe de base de la consolidation consiste à substituer au montant des titres


de participation figurant au bilan de la société consolidante, l’actif et le passif de la
société à consolider.

Il existe deux méthodes principales de consolidation, dont l’application dépend du


degré de contrôle de la mère sur sa filiale.

1. LA CONSOLIDATION PAR INTEGRATION GLOBALE

En normes IFRS, les comptes d’une filiale sont consolidés par intégration globale
lorsque la maison mère contrôle sa filiale. Le contrôle est défini, de facto, comme la
capacité de déterminer la politique stratégique, financière et opérationnelle d’une
société pour en retirer un bénéfice.

Une filiale détenue à moins de 50 % peut donc très bien être consolidée par
intégration globale puisque le critère pertinent n’est pas un seuil de droit de vote mais
l’exercice réel ou potentiel d’un pouvoir exclusif.

Les critères en normes françaises sont similaires. Il n’en est pas de même des
critères des normes américaines qui se fondent essentiellement sur la détention de la
majorité des droits de vote4.

3 Souvent présumée si la société mère détient au moins 20 % des droits de vote, mais cela n’a rien d’obligatoire
puisqu’il est possible de consolider des sociétés dans lesquelles la participation est plus faible, voire nulle dès lors
qu’il y a influence notable.
4 Ce critère est en cours de révision par le FASB américain qui prévoit une définition plus large du contrôle comme

le pouvoir de prendre des décisions pour diriger la politique et la gestion d’une entreprise en vue d’accroître ses
propres bénéfices ou de limiter ses pertes.

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Si l’on suppose l’absence d’écart entre la valeur comptable des titres de participation
dans le bilan de la société mère et le montant comptable des capitaux propres de la
filiale (dit « survaleur » ou goodwill, sur lequel nous reviendrons), la consolidation par
intégration globale s’effectue de la façon suivante.

Au bilan :
L’actif et le passif exigible de la filiale sont ajoutés, poste par poste, au bilan de
la société mère. Le prix de revient comptable des titres de participation dans la filiale
consolidée est éliminé de l’actif du bilan de la maison mère et soustrait, pour le même
montant, de ses réserves.

Les capitaux propres (résultats inclus) de la filiale sont ajoutés aux capitaux propres
de la société mère et ensuite éclatés entre :
 la part correspondant aux intérêts de la société mère (qui est ajoutée à ses
réserves),
 et, si la société mère ne détient pas 100% du capital de la filiale, la part
correspondant aux intérêts des tiers, qui est ajoutée sur une ligne particulière :
« intérêts minoritaires sur les capitaux propres, ou intérêts hors groupe
sur les capitaux propres… », qui se situe en dessous des capitaux propres de la
société mère.

Au compte de résultat :
Tous les postes de charges et de produits de la filiale sont ajoutés, poste par poste, aux
postes du compte de résultat de la société mère. Le résultat net de la filiale est éclaté
entre :
 la part qui correspond aux intérêts de la société mère, qui est ajoutée au résultat
net de la société mère, à la fois au compte de résultat et au bilan ;
 et, si la société mère ne détient pas 100% du capital de la filiale, la part qui
correspond aux intérêts des tiers, qui est isolée sur une ligne : « intérêts
minoritaires » ou intérêts des tiers, ou intérêts hors groupe dans le résultat
net.

La présentation du compte de résultat, jusqu’à l’avant-dernière ligne, se fait comme


si la société mère détenait 100 % des actifs et 100 % des dettes de la filiale et
qu’implicitement, l’ensemble des dettes financent l’ensemble des actifs

2. LA CONSOLIDATION PAR MISE EN EQUIVALENCE

Lorsque la société mère exerce une influence notable sur la gestion et la politique
financière de sa filiale, celle-ci est consolidée par mise en équivalence. L’influence
notable sur la gestion et sur la politique financière d’une entreprise est présumée
lorsqu’une société dispose, directement ou indirectement, d’une fraction au moins

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égale à 20 % des droits de vote de cette entreprise. Si la participation est inférieure à
20 %, l’influence notable peut néanmoins être démontrée en cas de représentation
dans les organes de direction ou de surveillance, de participation aux décisions
stratégiques, d’existence d’opérations interentreprises importantes, d’échange de
personnel de direction, de liens de dépendance technique.

Techniquement, la consolidation par mise en équivalence s’effectue ainsi :


 le prix de revient comptable des actions de la filiale est soustrait des titres de
participation de la maison mère, et il est remplacé par la quote-part dans les
capitaux propres, résultat de la filiale compris, qui revient à la société mère ;
 le prix de revient comptable des actions de la filiale est soustrait des réserves de
la société mère, auxquelles est ensuite ajoutée la quote-part dans les capitaux
propres, résultat de la filiale exclu, qui revient à la société mère ;
 la part du résultat net de la filiale revenant à la société mère est ajoutée à son
résultat net au bilan et au compte de résultat.

3. LA CONSOLIDATION PAR INTEGRATION PROPORTIONNELLE

Les normes françaises, permettent l’utilisation d’une troisième méthode de


consolidation : l’intégration proportionnelle. Les normes IFRS ne la permettent
que dans le cas d’une joint venture où la société mère dispose d’un droit direct sur
certains actifs et supporte une partie des passifs. Les normes américaines imposent à
la place la mise en équivalence.

L’intégration proportionnelle est utilisée lorsque la société mère exerce un contrôle


conjoint avec un nombre limité d’associés sur sa filiale.

Techniquement, la consolidation par intégration proportionnelle s’effectue ainsi :


 le prix de revient comptable des actions de la filiale détenues par la société mère
est soustrait de ses titres de participation à l’actif, et de ses réserves au passif ;
 l’actif et le passif exigible de la filiale sont ajoutés à l’actif et au passif de la mère,
proportionnellement au pourcentage d’intérêt de celle-ci ;
 la part de la société mère dans les capitaux propres hors résultat de la filiale est
ajoutée aux réserves de la société mère ;
 tous les postes de charges et de produits de la filiale sont ajoutés,
proportionnellement au pourcentage d’intérêt de la société mère, aux postes
correspondants du compte de résultat de celle-ci ;
 la part du résultat net de la filiale revenant à la société mère est ajoutée à son
résultat au bilan et au compte de résultat.

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SECTION 2 : LES PROBLEMES SPECIFIQUES A LA CONSOLIDATION

1. POURCENTAGE DE CONTROLE ET POURCENTAGE D’INTERET

Le pourcentage de contrôle mesure le lien de dépendance, direct ou indirect, entre


la maison mère et ses filiales. Il correspond au pourcentage des droits de vote que la
maison mère peut exercer dans la filiale. Il sert donc à déterminer la méthode de
consolidation utilisée.

Pour le calculer, on additionne les pourcentages de contrôle de toutes les sociétés du


groupe dans la filiale, pourvu que ces sociétés soient directement ou indirectement
contrôlées par la société mère à au moins 50 % ou qu’il y ait contrôle de fait.

Il ne faut pas confondre ce pourcentage de contrôle avec le pourcentage d’intérêt. Le


pourcentage d’intérêt sert au calcul des droits économiques de la maison mère dans
ses filiales. Il exprime la part de l’intérêt économique détenue, directement ou
indirectement, par la maison mère dans sa filiale. C’est une notion financière,
contrairement au pourcentage de contrôle qui est une notion de pouvoir.

Le pourcentage d’intérêt se calcule comme la somme des produits des pourcentages


de capital détenus, directement ou indirectement, par la société mère dans sa filiale.

2. L’ECART D’ACQUISITION OU SURVALEUR OU GOODWILL

Il est très rare qu’une société fasse l’acquisition d’une autre société en payant cette
dernière pour le montant exact de ses capitaux propres comptables. Il y a fréquemment
un écart.

a) Le point de vue économique

Pourquoi accepter de payer les actions d’une entreprise pour un prix supérieur au
montant de ses capitaux propres comptables ? On peut penser à plusieurs raisons :
 les actifs au bilan de la société acquise ont une valeur supérieure aux montants
comptables pour lesquels ils sont inscrits ; c’est la conséquence du principe de
prudence qui conduit à provisionner les moins-values latentes, mais à ne pas
constater les plus-values latentes ;
 des actifs peuvent très bien ne pas apparaître au bilan surtout si l’entreprise est
très rentable : marques, brevets, parts de marché que la société a constitués au
cours du temps sans vouloir ou pouvoir les comptabiliser ;

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• le rapprochement va générer des synergies, soit par réduction de coûts, soit par
accroissement des revenus que l’acquéreur est prêt à payer pour partie aux
vendeurs ;
• le rapprochement, en empêchant l’entrée d’un nouvel acteur sur le marché,
protège le niveau actuel de rentabilité de l’acquéreur qui, sans cela, risquerait
d’être mis à mal ;
• enfin, l’acquéreur a tout simplement payé au-delà du raisonnable.

b) Le point de vue comptable

L’écart entre le prix payé et la quote-part des capitaux propres de la nouvelle filiale
(l'écart de première consolidation) est ventilé en deux parties :
• la première correspond aux plus-values latentes des actifs et des passifs
consolidés pour la première fois et qui sont intégrées pour leur valorisation au
bilan consolidé ;
• la seconde, qui n’est attribuée à aucun élément particulier du bilan, est le solde.
Elle apparaît à l’actif du bilan du nouveau groupe en immobilisations
incorporelles sous le nom d’écart d’acquisition ou de goodwill ou de survaleur.

Cet écart d’acquisition est évalué chaque année pour vérifier que sa valeur
correspond au moins à son montant net comptable pour lequel il figure à l’actif du bilan
du groupe. Si tel n’est pas le cas, une perte de valeur est alors passée dans les comptes.
C’est le test de dépréciation ou impairment test.

Enfin, il peut arriver que l’écart d’acquisition soit négatif, on parlera de badwill en
anglais. Les normes IFRS prévoient que l’écart d’acquisition négatif soit comptabilisé
comme un profit dans le compte de résultat l’année de la première consolidation. Il est
naturellement non récurrent.

En normes françaises, qui ne peuvent s’appliquer qu’à des groupes non cotés,
l’écart d’acquisition est traité comme en normes IFRS s'il n'y a pas de limite prévisible
à sa durée d'utilisation. S'il y a une durée prévisible, il est amorti linéairement 5 sur
cette durée ou sur 10 ans s'il n'est pas possible de déterminer avec fiabilité cette
durée. Il n'est plus possible d'imputer le goodwill sur les capitaux propres. La
méthode de la mise en commun d'intérêts 6 (pooling of interest en anglais) qui
consiste à ne pas réévaluer les actifs et les passifs de la filiale et à ne pas faire
apparaître de goodwill n'est possible que lors de restructurations internes portant au
moins sur 90% du capital de la filiale.

c) Le point de vue financier

La survaleur, ou écart d’acquisition, est un actif comme un autre qui peut subir des
pertes de valeur brutales constatées par la technique de la dépréciation. Ce sont alors
des charges non récurrentes qui doivent être traitées comme telles. Nous lui
16
5 EnFrance, cet amortissement n'est pas fiscal mais purement comptable et ne génère aucune économie d'impôt
6 Qui a été aboli en 2001 en normes américaines et en 2004 en normes IFRS
conseillons de raisonner avant dépréciation (ou amortissement) de la
survaleur, tant dans le compte de résultat qu’au bilan pour le calcul des rentabilités
(voir Chapitre 12).

SECTION 3 : LES ASPECTS TECHNIQUES DE LA CONSOLIDATION

1. L’HOMOGENEISATION DES DONNEES DE BASE

Les règles comptables qui s’appliquent aux comptes consolidés peuvent ne pas être les
mêmes que celles qui s’appliquent aux comptes sociaux. Il est donc nécessaire de
reprendre les comptes sociaux, qui peuvent d’ailleurs avoir été établis selon des normes
différentes si l’entreprise est implantée dans plusieurs pays, et de les traduire dans une
norme unique qui est celle choisie pour produire les comptes consolidés.

Souvent, au niveau social, les méthodes d’évaluation des frais d’établissement, des
provisions, des amortissements, des immobilisations, des stocks et des en-cours, des
charges à répartir sur plusieurs exercices, des capitaux propres… répondent à des
préoccupations fiscales et comptables propres à chaque filiale. Ces incidences sont
éliminées dans les comptes consolidés et ceci est d’autant plus aisé que ceux-ci ne sont
pas établis dans la perspective de déterminer un résultat fiscal soumis à l’impôt.

Ayant homogénéisé les données de base, il est alors possible de les agréger en vue
de produire des comptes consolidés sous réserve d’élimination des opérations
intragroupe.

2. L’ELIMINATION DES OPERATIONS INTRAGROUPE

La consolidation n’est pas une simple addition de comptes. Il est en effet nécessaire,
avant de procéder aux opérations de consolidation proprement dites, d’éliminer des
comptes de la société mère et de ceux des filiales les opérations réciproques et les effets
de ces opérations internes sur les résultats.

Les opérations intragroupe faisant l’objet de tels redressements peuvent être


classées en deux catégories :
 celles qui modifient le passif ou l’actif des entités consolidées ou qui ne sont pas
fondamentales, car elles ne modifient pas le résultat net consolidé. Elles sont
éliminées par simple compensation et leur redressement a pour principal
intérêt de reconstituer le niveau réel de l’endettement du groupe :
– prêts de la société mère à la filiale (créances chez cette dernière) et vice
versa ;

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– intérêts versés par la société mère à la filiale (produits financiers pour cette
dernière) et vice versa ;
– etc.
 celles qui sont au contraire très importantes car elles modifient le résultat
consolidé. Leur redressement est donc capital. Tout le problème est d’éviter de
faire apparaître deux bénéfices ou de faire apparaître deux fois les mêmes
bénéfices.

L’annulation de ces opérations lors du processus de consolidation se traduit


principalement par l’élimination des profits internes compris dans les stocks, des plus-
values internes résultant de la cession ou de l’apport de titres, des dividendes reçus de
filiales, des provisions pour dépréciation de créances intragroupe ou de titres de
participations et de l’impôt sur les profits internes.

3. LA CONVERSION DES COMPTES DES FILIALES ETRANGERES

a) Le problème

La conversion des comptes des sociétés étrangères est un problème compliqué en


raison des variations de taux de change et des différences de taux d’inflation d’un pays
à l’autre, qui créent des distorsions dans les comptes de sociétés.

Pour dresser une image de l’évolution de la situation d’une filiale étrangère, il faut
donc à la fois :
 tenir compte de l’incidence sur les comptes consolidés de la conversion de la
monnaie de la filiale dans la monnaie de la société mère ;
 et tenir compte de la correction qui résulterait de la traduction en monnaie
locale des actifs immobilisés de la filiale étrangère.

b) Les méthodes

Il existe plusieurs méthodes de conversion des états financiers des filiales étrangères,
qui peuvent prévoir de convertir différemment les éléments du bilan et ceux du compte
de résultat :
 si la filiale est autonome économiquement et financièrement par rapport à sa
maison mère, la méthode de conversion alors utilisée est la méthode du cours
de clôture ;
 si la filiale n’est pas autonome, parce que son exploitation fait partie intégrante
des activités d’une autre entreprise du groupe, alors la méthode de conversion
est la méthode du cours historique ;
 enfin si la filiale est située dans un pays à forte inflation, la méthode du cours
historique sera utilisée aux USA, possible en France et interdite en normes IFRS

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qui préconisent de réévaluer les éléments non monétaires en fonction d’indices
pour tenir compte de l’inflation locale avant d’être convertis au cours de clôture.

La méthode la plus fréquemment utilisée est celle dite du « cours de clôture ».


Elle prévoit, tant en normes françaises qu’en normes IFRS que tous les éléments d’actif
ou de passif envers les tiers soient convertis au cours de clôture et que les éléments du
compte de résultat soient convertis au cours moyen de l’exercice. Les écarts de
conversion constatés 6 sont portés dans les capitaux propres. Cette méthode de
conversion est relativement comparable à la norme américaine.

La « méthode du cours historique » consiste à effectuer la conversion de la


façon suivante :
 pour les éléments monétaires (liquidités ou sommes à percevoir ou à payer dont
le montant, exprimé dans la devise de la société étrangère, est déterminé a
priori), au cours de clôture ;
 pour les éléments non monétaires (immobilisations et leurs amortissements,
stocks, charges et produits constatés d’avance, capitaux propres, titres de
participation…) au cours historique ;
 en principe, les produits et les charges sont convertis au cours de change en
vigueur à la date de l’opération. En pratique, ils sont souvent convertis à un taux
moyen de la période.

Dans la méthode du cours historique, la différence entre le résultat obtenu au bilan


et celui obtenu au compte de résultat est inscrite dans le compte de résultat à un poste
particulier « écarts de conversion » qui figure dans le résultat financier.

6 Dus au fait que les actifs / passifs et les charges / produits sont convertis à des taux de change différents.

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