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DROIT DE LA SÉCURITÉ

INTERNATIONALE

PhD Pierrot CHAMBU


I. Faire connaissance

• Qui êtes-vous?

• Qui suis-je?

Docteur Pierrot Chambu 2


II. Modalité d’évaluation

1. Travaux pratiques

2. Examen

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Quelques consignes

• La présence au cours est obligatoire


• Téléphones éteints
• En cas de dérangement : Je vous prie de sortir de l’auditoire

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III. Contenu du cours

1. Questionnement

• Comment fonctionne le système onusien de sécurité


internationale?
• Quid des systèmes régionaux de sécurité internationale et plus
particulièrement du système africain?
• Comment interagit le système africain de paix et de sécurité
avec le système onusien de sécurité internationale?

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2. Plan du cours
• Chap. 1e : Le système international de sécurité
I. De la société des nations à l’ONU
II. Le Conseil de sécurité
III. L’Assemblée générale
• Chap. 2e : Le système régional de sécurité : UA
I. L’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité
(APSA)
II. Le rôle des communautés économiques
régionales dans la résolution des conflits
III. Cas pratiques
IV. Articulation entre les Nations Unies et les
organisations (sous-) régionales africaines.
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CHAPITRE 1 : LE SYSTÈME INTERNATIONAL DE SÉCURITÉ

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I. De la Société des nations à l’Organisation des Nations Unies

Traité de Versailles de 1919 – La première tentative de sécurité collective est


inaugurée par la Société des Nations en 1919. Elle va s’effondrer en 1939,
incapable de contenir les débuts de la Deuxième Guerre Mondiale.
Faiblesses de la Société des Nations – Elle a eu des faiblesses structurelles, ainsi
que des faiblesses acquises au cours de son fonctionnement.
• Au niveau des faiblesses structurelles, on n’a jamais réussi à intégrer le Traité de
Paris (dit « Pacte Briand-Kellogg ») de 1928 sur la renonciation à la guerre dans le
Pacte de la Société des Nations.

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• Certaines faiblesses sont acquises au cours de l’histoire
1. Le Congrès américain avait refusé de ratifier le pacte. Les USA vont rester tiers
à la Société des Nations. Or c’est la grande puissance politique, militaire et
financière de l’époque. La SDN va rester quelque chose d’européen, avec
quelques nations latino-américaines, le Japon…
2. Un autre grand absent est l’URSS.
3. L’Allemagne également, tout en étant liée par le traité de Versailles, n’est pas
membre de la Société des Nations. Elle le deviendra plus tard, mais les Nazis en
sortent.

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• La Société des Nations va régler certaines questions mineures, mais est incapable
de répondre à des évènements comme l’annexion de l’Ethiopie par Mussolini.
Le Conseil de sécurité est incapable de s’accorder sur une action. On trouve la
même faiblesse lorsque le Japon envahit la Mandchourie chinoise : il a fallu
attendre que les Américains reprennent les choses en main avec la politique de
non-reconnaissance. La Société des Nations n’est pas à la hauteur des espoirs
que l’on avait mis en elle.
• La SDN continue à vivoter jusqu’en 1945 où elle est dissoute et que ses avoirs
sont transférés à l’ONU, dont la conception est dans les esprits dès le début de la
guerre.

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Charte de l’Atlantique du 14 août 1941 – On trouve les premières traces de
cette conception (sécurité collective) dans la Charte de l’Atlantique de 1941
(entre Churchill et Roosevelt), alors même que les USA ne sont pas encore entrés
en guerre : on mentionne le fait de réfléchir à une structure de sécurité collective
après la guerre.
 Déclaration des Nations Unies du 1er janvier 1942 – Après l’attaque de Pearl
Harbour, intervient la déclaration des Nations Unies du 1er janvier 1942, aux
termes de laquelle les pays qui se battent contre les puissances de l’Axe – y
compris l’URSS et Staline (élément fondamental) – s’engagent les uns envers les
autres à ne pas conclure de paix séparée. Il faut compléter cette déclaration
avec celle de Casablanca, où ces Etats annoncent la guerre totale : la défaite
complète et non négociée des ennemis.

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• Ce sont des documents politiques – et non juridiques – d’une grande
importance pour comprendre la Deuxième Guerre Mondiale, et c’est dans leur
prolongement que se situent les négociations qui vont dès 1943 s’engager entre
les Alliés pour établir une architecture institutionnelle post-conflictuelle, basée
sur une conception du multilatéralisme. Cela résulte de l’imagination de hauts
fonctionnaires à Washington et à Londres. Il y a un plan politique (ONU), un plan
commercial (GAAT de 1947, future OMC), un plan de finance et d’aide
internationale (banque mondiale et FMI).
• Cette idée de gouvernance multilatérale à travers des institutions spécialisées se
conçoit en 1943, dans un quartier de Washington où des gens préparent cette
architecture pour éviter que ne se reproduise les aventures politiques
européennes fondées sur des populismes revanchards. La conscience de
l’époque est très claire : il ne faut pas seulement des instruments politiques,
mais aussi une libéralisation des échanges et de l’économie pour stabiliser le
retour à la paix.

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Accords de Yalta du 11 février 1945 – L’ONU est là pour chapeauter l’ensemble
de la structure. Les derniers accords politiquement durs sont ceux de Yalta de
1945 – qui comprennent notamment le statut des 5 membres permanents des
Nations Unies.
Charte des Nations Unies, San Francisco, 26 juin 1945 – La Charte des Nations
Unies est finalement signée à San Francisco en juin 1945, alors même que la
guerre se poursuit encore en Asie. En Europe, la guerre a déjà pris fin depuis mai
1945.

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II. Le Conseil de sécurité

1. Composition et organisation
• Fonctions (article 24) – L’organe politique principal de l’ONU est le Conseil de
sécurité, qui est en charge principalement du maintien de la paix et de la
sécurité internationale.
L’article 24, §1er de la Charte prévoit qu’« Afin d'assurer l'action rapide et efficace
de l'Organisation, ses Membres confèrent au Conseil de sécurité la responsabilité
principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et reconnaissent
qu'en s'acquittant des devoirs que lui impose cette responsabilité le Conseil de
sécurité agit en leur nom ».
---> C’est une responsabilité principale, et non pas exclusive, c’est pour cela qu’il
faudra reparler de l’Assemblée générale

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• Composition (article 23) – A l’origine, le Conseil de sécurité comportait 9
membres, mais la réforme de la Charte est intervenue, et il est aujourd'hui
composé de 15 membres, dont 5 membres permanents, et 10 membres non
permanents.
• Les membres permanent sont des Etats qui siègent au Conseil de sécurité depuis
l’entrée en vigueur de la Charte, parce qu’ils sont les grands vainqueurs de la
Guerre. Il s’agit des USA, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie et de la
Chine.
• Les dix Etats membres non-permanents sont élus tous les deux ans par
l’Assemblée générale. Ils représentent les différentes régions du monde, selon
une répartition géographique équitable (article 23 de la Charte).
La RDcongo a été membre non permanent deux fois (1982-1983 et 1990-1991)
depuis la fondation des Nations Unies.

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• Procédure, vote, veto, abstention (article 27) – Le Conseil de sécurité est un
organe collégial qui est présidé de mois en mois par l’un des Etats membres du
Conseil à ce moment. Il adopte ses décisions selon une procédure politiquement
lourde, puisque les cinq membres permanents ont un droit de véto. Toutes les
questions substantielles (autres que procédurales) sont adoptées à la majorité de
9 voix sur 15, les droits de veto pouvant être manifesté sur les questions de fond.
• L’article 27 §3 qui dispose que « Les décisions du Conseil de sécurité sur toutes
autres questions sont prises par un vote affirmatif de neuf de ses membres dans
lequel sont comprises les voix de tous les membres permanents, étant entendu
que, dans les décisions prises aux termes du Chapitre VI et du paragraphe 3 de
l'Article 52, une partie à un différend s'abstient de voter ».
C’est la disposition qui consacre le droit de veto. Il faut bien la comprendre à la
lumière de la pratique des Nations Unies qui d’une certaine manière est contra
legem, mais est avalisée par la CIJ (l’affaire des dépenses des membres des Nations
Unies pour des opérations de maintien de la paix, la CIJ a validé cette pratique ).

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 Il ne faut pas que les cinq membres permanents aient dit « oui »,
mais il faut qu’aucun n’ait dit « non ». L’abstention n’est pas
comptée comme un veto. . Si un seul vote « contre » du membre
permanent, quand bien même la majorité serait de 14 voix « pour »,
la résolution ne serait pas adoptée.
 Le droit de veto au sens propre du terme ne s’exerce que lorsque la
résolution est soutenue d’une majorité d’au moins 9 membres .
 Le véto est la possibilité de s’opposer à une résolution qui aurait
déjà reçu une majorité de 9 voix sur 15.
---> C’est un système procédural particulièrement exigent : il faut
convaincre les membres permanents, ou s’assurer qu’ils ne soient pas
contre. Les membres permanents ne peuvent pas faire la loi à eux
seuls, parce qu’il leur faut au moins l’accord de quatre autres Etats non
permanents.
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• Les Etats membres permanents poursuivent au Conseil de sécurité les exigences
de leur politique étrangères propre.
• Les membres non permanents siègent en leur propre nom, mais ils prennent la
parole en sachant ce que leur groupe régional, ou ce que certains Etats de leur
région, pensent.
• La procédure est politiquement compliquée.
• Notons que depuis la fin de la Guerre Froide, on discute aux NU de la
recomposition du Conseil de sécurité.
---> On peut regretter le fait qu’un grand continent comme l’Afrique n’ait aucun
membre permanent au sein du CS ou le fait qu’une grande puissance économique
comme le Japon ne soit pas permanent au CS. C’est un jeu politique sur lequel il est
très difficile de se mettre d’accord.

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Mais la recomposition du Conseil de sécurité…

---> C’est un processus qui est loin d’aboutir, parce qu’il ne peut aboutir
qu’avec l’approbation des membres permanents, qui sont divisés.
---> Les membres de l’Union européenne sont également divisés, parce
que si l’Allemagne veut devenir membre permanent, l’Italie le veut
aussi. Si le Japon veut devenir membre permanent, la Chine s’y
oppose, etc. Si l’Afrique du Sud veut devenir membre permanent, le
Nigéria le veut aussi.

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• Pouvoirs : Chapitres VI, VII, VIII – Les pouvoirs du Conseil de sécurité sont visés
par les chapitres 6, 7 et 8 de la Charte.
• Dans le chapitre VI, on vise le règlement des différends. Dans ce cadre, le Conseil
de sécurité a essentiellement un pouvoir de recommandation : il peut
recommander d’aller devant la CIJ notamment. Cela n’entraine dans le chef des
Etats aucune obligation particulière.
• Le chapitre VII est le cœur de la Charte des Nations Unies, c’est là que l’on trouve
l’architecture de la sécurité collective. Au titre de ce chapitre, le Conseil de
sécurité a un pouvoir de recommandation, mais aussi de décision.
• On trouve ensuite le chapitre VIII de la Charte, qui parle des accords régionaux :
la Charte est fondée sur une certaine forme de décentralisation. L’ONU est
l’organisation universelle principale en matière de maintien de la paix
internationale. Rien n’interdit cependant aux Etats dans les différentes régions
du monde de conclure entre eux des sortes de pactes de sécurité régionale, qui
instituent des procédures de règlement pacifique des conflits.

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• Les organisations régionales ne peuvent pas employer la force pour résoudre des
problèmes locaux sans l’autorisation préalable du Conseil de sécurité (articles 52
et 53 de la Charte).
• Portée des résolutions : recommandations et décisions – Quel est l’étendue du
pouvoir de décision du Conseil de sécurité ?
 Article 48 – La compétence la plus importante est le pouvoir de décision du
Conseil de sécurité, prévu par l’article 48 qui dispose que « 1. Les mesures
nécessaires à l'exécution des décisions du Conseil de sécurité pour le maintien de
la paix et de la sécurité internationales sont prises par tous les Membres des
Nations Unies ou certains d'entre eux, selon l'appréciation du Conseil. 2. Ces
décisions sont exécutées par les Membres des Nations Unies directement et grâce
à leur action dans les organismes internationaux appropriés dont ils font partie ».

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 Article 25 – Il existe encore un article 25, qui prévoit que « Les Membres de
l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de
sécurité conformément à la présente Charte ». Est-ce une disposition qui répète
ce que l’article 48 dit déjà ?
• Dans l’avis consultatif de 1971 sur la présence continue de l’Afrique du Sud en
Namibie, la CIJ examinait la question de savoir si la décision du Conseil de
sécurité par laquelle il met fin au mandat de l’Afrique du Sud était obligatoire
pour cet Etat alors même qu’elle n’est pas adoptée au titre du chapitre VII. CIJ,
Conséquences juridiques pour les Etats de la présence continue de l’Afrique du Sud en Namibie (Sud-Ouest
africain), avis consultatif du 21 juin 1971, §§112-114.
La Cour va répondre que l’article 25 constitue pour le Conseil de sécurité une
base de compétence lui permettant de prendre des résolutions obligatoires en-
dehors même du chapitre VII.

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---> Comment sait-on que le CS a exercé ce pouvoir coercitif (décision) ? La Cour
répond qu’il faut regarder le texte de la résolution, le contexte dans lequel elle a
été adoptée, les débats qui ont précédé son adoption.
Au §113, la Cour avance ainsi qu’« On a soutenu que l’article 25 ne s’applique
qu’aux mesures coercitives prises en vertu du chapitre VII de la Charte. Rien dans
la Charte ne vient appuyer cette idée. L’article 25 ne se limite pas aux décisions
concernant des mesures coercitives mais s’applique aux « décisions du Conseil de
sécurité » adoptées conformément à la Charte. En outre cet article est placé non
pas au chapitre VII mais immédiatement après l’article 24, dans la partie de la
Charte qui traite des fonctions et pouvoirs du Conseil de sécurité. Si l’article 25 ne
visait que les décisions du Conseil de sécurité relatives à des mesures coercitives
prises en vertu des articles 41 et 42 de la Charte, autrement dit si seules ces
décisions avaient un effet obligatoire, l’article 25 serait superflu car cet effet résulte
des articles 48 et 49 de la Charte. ».

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• Le Conseil de sécurité peut effectivement lier les Etats membres par ses
résolutions, même sans viser expressément le Chapitre VII. C’est important parce
que pour déclencher le chapitre VII, il faut constater une agression.
• Article 103 – Mais même sans faire cela, le Conseil de sécurité peut recourir à un
pouvoir obligatoire, c'est-à-dire au droit de pouvoir prendre des décisions
contraignantes pour les Etats membres, qui les obliges à se conformer à la
résolution, et qui vont prévaloir sur toute autre obligation conventionnelle
contraire (article 103 de la Charte).
• Voire CIJ, Affaire relative à des questions d’interprétation et d’application de la convention de Montréal de
1971 résultant de l’incident aérien de Lockerbie (Libye c. USA), ordonnance du 14 avril 1992, §§42.

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• Dans cette affaire (Lockerbie) où le Conseil de sécurité a pris des sanctions à
l’égard de la Libye, suite à un attentat contre une ville écossaise, la Libye s’est
plaint à la Cour que cette résolution viole la Convention de Montréal de 1971.
Mais la Cour a répondu qu’il n’y a pas lieu de protéger les droits qui découlent
de cette Convention, parce que depuis l’adoption de la résolution en cause, ces
droits conventionnels se sont vu primer par la résolution.
• Il y a un pouvoir normatif considérable dans le chef du Conseil de sécurité,
permis par l’architecture même de la Charte. En devenant membre des Nations
Unies, les Etats acceptent de confier au Conseil de sécurité ce pouvoir de
maintien de la paix, qui va jusqu’à pouvoir disposer des obligations
conventionnelles des Etats.

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• Interprétation des résolutions – La résolution doit pouvoir également être
comprise : c’est la question de son interprétation. C’est important pour savoir si
la résolution est ou non une décision.
---> Dans l’affaire sur l’independance du Kosovo (CIJ, Conformité au droit
international de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, avis
consultatif, 22 juillet 2010, §§94-100 ; 114-119) la Cour a noté que la résolution du
Conseil de sécurité doit dire ce que l’on veut lui faire dire. Autrement dit, on ne
peut pas implicitement interprété une résolution du CS.
-----> affaire sur l’indépendance du Kosovo --> interprétation de la rés. 1244
Effet direct ? Les résolutions du CS peuvent-elles avoir un effet direct ? Une règle
internationale directement applicable est une règle qui crée dans le chef des
particuliers des droits directement invocables sans nécessiter une transposition.
Dans la Charte, rien ne permet de dire que les fondateurs de l’ONU ont exclu que
le Conseil de sécurité puisse aller jusqu’à imposer des obligations ayant effet direct
dans les ordres juridiques des Etats membres

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2. Le chapitre VII de la Charte
Chapitre VII – (articles 39 à 51), intitulé « action en cas de menace contre la paix,
de rupture de la paix, ou d’acte d’agression ». L’article 39 dispose que « Le Conseil
de sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la
paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles
mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou
rétablir la paix et la sécurité internationales ».
« Menace contre la paix, rupture de la paix, acte d’agression » – mais qu’est-ce
que ces notions recouvrent ? Une « menace contre la paix » signifie que la paix
n’est pas rompue ; lorsque l’on doit au contraire la rétablir, cela signifie qu’elle a été
rompue. Le pouvoir du Conseil de sécurité est en la matière illimitée, rien ne
permet de contenir dans des canevas fermé ces notions. Par rapport à l’agression,
on a essayé d’encadrer son pouvoir dans une résolution de l’IDI.

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• une agression est nécessairement une rupture de la paix, et une rupture est
nécessairement une menace contre la paix. Ces notions sont donc des sont des
cercles concentriques (des cercles qui partagent le même centre tout en ayant
des diamètres différents).
• Evolution de la notion de « menace contre la paix » et pratique.
• Dans l’esprit d’un grand nombre d’Etats, la paix visée exclut les situations
internes. Mais… l’article 2 §7.
• Une fois qu’il a fait cette constatation, que peut-il faire ? La Charte instaure une
gradation entre les mesures que le Conseil de sécurité peut prendre. Il peut
prendre différentes mesures contre un Etat membre ou un Etat tiers. Il ne peut
pas obliger l’Etat tiers à faire quelque chose mais peut obliger les Etats membres
à adopter une position particulière vis-à-vis du tiers.

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• Mesures pacifiques – La première catégorie de mesures pacifiques. L’article 41
prévoit que « Le Conseil de sécurité peut décider quelles mesures n'impliquant
pas l'emploi de la force armée doivent être prises pour donner effet à ses
décisions, et peut inviter les Membres des Nations Unies à appliquer ces
mesures. Celles-ci peuvent comprendre l'interruption complète ou partielle des
relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes,
postales, télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de
communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques ».
• Cet énoncé n’est pas limitatif, le Conseil de sécurité dans sa pratique va proposer
des embargos commerciaux (sur les armes, le matériel pour construire des armes
nucléaires), des embargos totaux comme contre l’Irak en 1991, des mesures de
gels d’avoirs des dirigeants étrangers (article 50), leurs interdire de voyager.

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• Ces sanctions vont souvent être accompagnées de l’institution d’un Comité des
sanctions (organe subsidiaire, article 29) qui peut accorder des dérogations. .
L’on prend souvent des smart sanctions : on essaie de ne pas trop viser les
populations, mais plutôt de pénaliser les Etats.
• Emploi collectif de la force armée – Si les mesures pacifiques n’aboutissent pas,
on recourt aux mesures miliaires coercitives.
 « Plan » de la Charte (art. 43, 45-47, Comité d’Etat major) et Guerre Froide –
 Guerre de Corée : résolutions 83 et 84 (1950) et fondement
 Opérations de maintien de la paix (« peace-keeping ») ; fondement ; pratique –
Il y a donc le consentement des Etats qui fournissent les casques bleus, mais aussi
celui des belligérants. Quand le Conseil de sécurité ne le fait pas, l’Assemblée
générale peut le faire, toujours parce que les belligérants sont d’accord. La Cour
va considérer que ces opérations relèvent bien des dépenses des Nations Unies,
même si elles ne sont pas prévues par la Charte expressément : elles sont
coordonnées par le secrétaire général.
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 Forces multinationales autorisées (« peace-making ») : inauguration de la
pratique par la résolution 678 (1990) et fondement (art. 42) – Quid lorsque cela
ne suffit pas et qu’il faut mener une opération coercitive, qui va imposer une
solution militaire sans consentement d’une partie ? La pratique du Conseil de
sécurité inaugurée par la résolution 678 de 1990 suite à l’invasion du Koweït par
l’Irak est celle de l’autorisation : le Conseil de sécurité autorise des forces
nationales de plusieurs Etats à employer tous les moyens nécessaires pour faire
ce que le Conseil de sécurité les autorise à faire. Cela veut dire que sans
autorisation on ne peut pas agir. Cette autorisation est donnée aux Etats
membres, elle n’engage pas l’ONU. il n’y a aucune autorité de commandement
du secrétaire général.

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Le fondement des formules d’autorisation peut être recherché dans l’article 42 de
la Charte qui ne parle pas expressément l’autorisation. Il dispose que « Si le Conseil
de sécurité estime que les mesures prévues à l'Article 41 seraient inadéquates ou
qu'elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes,
navales ou terrestres, toute action qu'il juge nécessaire au maintien ou au
rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. Cette action peut
comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d'autres opérations
exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations
Unies ».
 Pratique actuelle des forces de maintien de la paix autorisées (mandat)
Le mandat s’élargir à des situations d’emploi de la force pour maintenir la paix de
manière coercitive. protection des populations Parfois on va confier aussi – à
côté de la force de maintien de la paix – à des Etats l’autorisation d’employer la
force pour maintenir la paix au côté des casques bleus (ex: Bosnie).

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Juridiquement, c’est simple : l’autorisation donne un mandat, elle a une finalité
particulière. Toute la question est de savoir si les Etats qui agissent respectent ou
non les conditions et la finalité de l’autorisation. Ex : Lybie établissement d’une
zone de non survol et protection de la population civile.
 Régionalisme et autorisation (chapitre VIII, article 53) – Le Conseil de sécurité
peut également autoriser l’emploi de la force au profit d’organisations régionales
(article 53 de la Charte).

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III. L’Assemblée générale

• Lien avec le Conseil de sécurité, articles 24 et 12 de la Charte – Que se passe-t-il


aux Nations Unies si le Conseil de sécurité est en défaut d’agir, singulièrement
parce que l’un des membres permanent a utilisé son droit de veto, et bloqué ainsi
une résolution qui aurait sinon remporté suffisamment de voix ? Le Conseil de
sécurité est l’organe principal en matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationale (article 24). Par ailleurs, l’article 12 interdit à l’Assemblée générale
de formuler des recommandations lorsque le Conseil de sécurité s’occupe
activement d’une affaire. Le but est d’éviter que ces deux organes aient des
approches différentes.

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• Résolution Union pour le maintien de la paix (A/RES/377 (V), 3 novembre 1950)
L’Assemblée générale y indique qu’elle peut se réunir d’urgence, dans les 24
heures, pour faire les recommandations nécessaires aux Etats membres en cas de
blocage du Conseil de sécurité suite à l’emploi du droit de veto par un des Etats
membres permanent. Mais… formule des recommandations aux Etats membres.
Lorsque l’Assemblée générale se réunit pour cette raison, elle ne va pas exercer
les pouvoirs du Conseil de sécurité à sa place : elle se réunit pour exercer son
pouvoir propre.
• Pouvoirs de l’Assemblée générale – La recommandation ponctuelle de
l’Assemblée générale … même si elle n’a pas de force juridique obligatoire, va
avoir une portée politique importante. L’action des Etats membres est légitimée
s’ils s’y conforment. Elle n’a pas le pouvoir d’autoriser l’emploi de la force – elle
peut le recommander (ce qu’elle n’a jamais fait explicitement).

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• Force de maintien de la paix – L’AG peut recommander aux Etats membres de
participer à une force de maintien de la paix qu’elle établirait elle-même. Elle
peut prendre des décisions internes à l’organisation, par rapport au budget
notamment. Elle peut établir une force de maintien de la paix, parce qu’elle sera
fondée sur le consentement de toutes les parties prenantes (domaine du peace-
keaping) et des souverains territoriaux. L’Assemblée générale l’a fait à plusieurs
reprises, et la CIJ dans l’affaire des dépenses va accepter que ces opérations de
maintien de la paix soient imputées au budget des Nations Unies (CIJ, Certaines
dépenses des Nations Unies, avis consultatif du 20 juillet 1962, p. 163.) – ce que
les membres permanents contestent, parce qu’ils n’aiment pas que l’on passe
outre leur veto.

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• Légalité et légitimation (R2P) – La question de la légalité d’un emploi de la force
recommandé par l’Assemblée générale s’est reposée au moment des débats sur
la R2P : c’est une responsabilité des Etats membres, s’ils sont en défaut de
l’assurer il appartient à la collectivité internationale de garantir le respect des
droits des personnes. Si le Conseil de sécurité est en défaut d’agir, on retombe
sur le pouvoir de recommandation de l’Assemblée générale. On verra peut-être
un jour l’Assemblée générale recommander aux Etats membres l’emploi offensif
de la force. Elle ne vaudra cependant pas juridiquement autorisation, n’aura pas
la même fonction juridique que l’autorisation du Conseil de sécurité. Elle aura un
poids politique considérable, mais ce genre de recommandations sera
certainement fortement critiqué par les Etats membres permanents parce que
c’est une manière de les mettre à l’écart, et de les empêcher de contrôler les cas
où l’emploi offensif de la force est légitime.
Pour l’instant, c’est hypothétique… L’Assemblée générale n’a pas le pouvoir
d’autoriser les Etats à employer la force.

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• Reconstruction de l’Etat et Commission de consolidation de la paix (décembre
2005) – L’AG a fait preuve d’un certain activisme pour mettre en place à l’avance
des structures permettant aux Etats de sortir des conflits : elle a créé une
Commission de consolidation de la paix en décembre 2005.
• Limites et pouvoirs du Conseil de sécurité, et contrôle des résolutions du Conseil
– C’est essentiellement au sujet des sanctions non militaires que ces sanctions se
posent. Le contrôle juridictionnel des résolutions permet de faire la transition
avec la question des rapports avec le droit interne. Le Conseil de sécurité a un
pouvoir de qualification extrêmement large.
---> Quelle est la limite du pouvoir ? Est-ce que le Conseil de sécurité (puisqu’il a
le pouvoir au titre de l’article 103 de faire prévaloir ses résolutions sur toutes les
autres obligations de droit international) dispose de tout ?
respecter les limites et buts de l’organisation (articles 1 et 2)
a le droit impératif : Le ius cogens.

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CHAPITRE 2 : LE SYSTÈME RÉGIONAL DE SÉCURITÉ : UA

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I. L’architecture africaine de paix et de sécurité (APSA)

• Prise de conscience de ce que le développement de l’Afrique passe par la


sécurisation du continent.
• Voire l’acte constitutif de l’UA (articles 3 (f) et 4 (h et j)).
• Le Protocol de 2002 instituant le CPS Marque un tournant au niveau
africain dans la gestion de la paix et de la sécurité sur le continent africains.

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Détail…

• Section 1: Le Conseil de Paix et de Sécurité


• Section 2: Les mécanismes opérationnel
§1. La force Africaine Pré-positionnée – African Standby Force
§2. Système Continental d’Alerte Rapide – Continental Early
Warming system
§3. Le groupe des Sages – Panel of the Wise
• Section 3: Le fond de la paix
• Section 4: Le comité d’Etat-major
• Section 5: La Conférence et la Commission de l’UA

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1. Le Conseil de Paix et de Sécurité
• Mis en place par le Protocole relatif à l’établissement du Conseil de Paix et de
Sécurité de l’UA de 2002, entré en vigueur le 26 décembre 2003 et officiellement
lancé le 25 mai 2004.
• pierre angulaire de l’APSA, a pour vocation d’être « un organe de décision
permanent pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits ».
• Calqué sur le modèle du CSNU, le CPS se compose de 15 membres élus par la
Conférence de l’UA dans le respect d’une représentation régionale équitable
conformément au critère établis par le Protocol CPS de 2002, (art. 5, § 2 (a-i)).
• Cinq régions : Afrique du Nord, Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest, Afrique du
Sud et Afrique de l’Est.

Docteur Pierrot Chambu 42


• Les 10 premiers sont élus pour une période de 2 ans tandis que les 5 autres le sont
pour une période de 3 ans.
• À la différence du CSNU, aucun des membres du CPS n’est élu de façon
permanente – mais ils peuvent être réélus jusqu’à deux fois – ou ne dispose d’un
droit de véto.
• Chaque membre ne dispose que d’un seul vote. Les décisions sont généralement
prises par consensus. Dans les cas où celui-ci n’est pas rencontré, une majorité
des 2/3 est requise.
• Le protocole prévoit également qu’un Etat membre du CPS qui serait impliqué
dans le conflit ou la situation soumise au Conseil ne pourra pas participer à la
réunion où cette question est discutée, ni participer au vote. MAIS Soudan >>
situation au Darfour et Ethiopie >> situation en Somalie.

Docteur Pierrot Chambu 43


• Le CPS a notamment pour rôle « de promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité, d’anticiper et de prévenir les conflits, de combattre le terrorisme sur le
continent, de développer une politique de défense commune en Afrique, de
promouvoir les pratiques démocratiques, la bonne gouvernance et le respect
des droits de l’homme » (Protocole CPS, art. 7), et de « recommander à la
Conférence l’intervention dans un Etat membre [dans les conditions prévues
par l’article 4 (h) de l’ACUA] ».
• si c’est le Conseil qui adopte la majorité des décisions en matière
de sécurité au nom de la conférence de l’UA, celle-ci demeure
néanmoins la seule compétente pour adopter la décision finale sur
la paix et la sécurité ou l’intervention dans l’Etat membre de l’UA.

Docteur Pierrot Chambu 44


2. Les mécanismes opérationnels

§1er. La Force Africaine Pré-positionnée – African Standby Force


• Article 13 Protocole CPS
• La mission de celle-ci est de mettre en œuvre les décisions du CPS
• Mener les opérations de paix sous mandat du Conseil
• C’est donc le bras armé du CPS de l’UA
• Elle a pour vocation d’agir rapidement, sur mandat de l’UA – et par conséquent
sous son contrôle opérationnel – notamment dès que surgissent des situations de
violence ou de conflit, avant que les forces des NU ne soient à même de se
déployer.
• Elle se compose de cinq « regional standby capabilities » comptant chacune 3000
à 4000 personnes.
Docteur Pierrot Chambu 45
• Il est également prévu le stationnement d’un sixième contingent
continental au siège de l’UA (Addis Abeba, Ethiopie).
• Les Etats membres de l’UA vont donc désigner, entrainer et équiper
une partie de leur force militaire qui aura le statut de force « en
attente » capable de se déployer rapidement à la demande du CPS.
• La supervision générale et les orientations stratégiques et politiques
des différents contingents de l’ASF demeurent sous la responsabilité
du CPS.

Docteur Pierrot Chambu 46


Les six scénarios de déploiement de l’ASF :

• Military advice to a political mission ;


• An AU observer mission co-deployed with a UN peacekeeping mission ;
• A stand-alone AU observer mission ;
• A traditional peacekeeping or preventative deployment mission ;
• Complex multi-dimensional peace operations ;
• Peace enforcement what the ASF Framework document refers to as intervention
missions. »
ce sont les cinq régions de l’UA qui ont la charge de développer les différentes
factions de l’ASF.

Docteur Pierrot Chambu 47


• En février 2004, les Chefs d’Etat major (Chiefs of defence staff) pour la région
d’Afrique de l’Est décident d’un projet de protocole et d’un cadre pour
l’établissement de l’Eastern Africa Standby Brigade(EASBRIG).
Etats membres de l’EASBRIG:
• Burundi, Comores, Djibouti, Ethiopie, Kenya, Rwanda, Seychelles, Somalie,
Soudan et Ouganda.
• Étant donné que les 10 pays concernés ne se retrouvent pas tous au sein d’une
même CER (IGAD, EAC et COMESA), un mécanisme de coordination
indépendant, l’EASBRICOM, est créé en 2007. Devenue en juin 2010 l’Eastern
Africa Standby Force (EASF).
• Critique: l’absence d’accord contraignant entre les Etats concernant le
déploiement des troupes

Docteur Pierrot Chambu 48


• En juin 2004, la CEDEAO décide de créer l’ECOWAS Standby Force (ESF).
• Un cadre opérationnel est adopté en 2005 qui prévoit que l’ESF se composera d’une
« ECO task force » de 1500 personnes et d’une « ECO main brigade » de 5000 personnes.
• Critiques: absence d’harmonisation nécessaire entre les différents bataillons de l’ESF,
absence de MoU (Mémorandum of Understanding) entre les Etats et la CEDEAO

Docteur Pierrot Chambu 49


• Les chefs d’Etat Major de l’ECCAS (CEEAC-ECCAS : Communauté économique des
Etats d'Afrique centrale) se sont réunis quant à eux en octobre 2003 pour décider
de la création d’une force pré-positionnée au niveau régional.
• Cette CER comprend comme Etats membres tous les Etats de la région d’Afrique
centrale plus l’Angola.
• La FOMAC (Force multinationale en Afrique centrale) est officiellement établie au
sommet de Yaoundé en 2006.
• Critique: Absence de MoU réglementant les relations entre l’ECCAS et ses Etats
membres; Le seul cadre juridique contraignant existant est un accord de 2008
entre les Etats membres qui s’engagent à mettre en œuvre une force de 4800
personnes.

Docteur Pierrot Chambu 50


• En avril 2004, le processus est enclenché par la SADC pour la région
d’Afrique du Sud , mais la SADC Standby Force (Force en attente de la
SADC) n’est officiellement lancée qu’en août 2007.
• Critiques: manque de personnel, problème de compatibilité entre
les armées des différents Etats, manque d’exercice d’entrainement
commun.

• Le NARC (North African Regional Capability), est mis en place par un


MoU en 2007. Celui-ci est doté d’un secrétariat exécutif inauguré en
2009 mais, parmi d’autres problèmes , il n’est formé en 2010 que
d’une composante militaire.
• Etats membres du NARC : Algérie, Libye, Egypte, Mauritanie, Tunisie, Sahara
Occidental

Docteur Pierrot Chambu 51


§2. Système Continental d’Alerte Rapide – Continental Early Warning System

• L’article 12 du protocole établissant le CPS : Le système continental d’alerte rapide


« facilit(e) la prévision et la prévention des conflits ».
• Ce mécanisme vise à collecter toute une série d’informations (« indicateurs
sociopolitiques, économiques, militaires et humanitaires » ) pour ensuite les
analyser et déterminer ainsi l’évolution ou l’émergence de situations de crise
en Afrique.
• Les données collectées et les analyses réalisées seront ensuite utilisées par le
président de la Commission pour informer le CPS des différentes situations de
crise survenues ou susceptibles de survenir sur le continent.
• Sur base de ces informations, le président de la Comission recommandera
également au CPS les mesures les plus adéquates y compris l’éventuel
déploiement de l’ASF.

Docteur Pierrot Chambu 52


§3. Le groupe des Sages – Panel of the Wise
Le protocole prévoit en son article 11 l’établissement d’un Groupe des Sages ayant
vocation à assister les« efforts du Conseil de paix et de sécurité et ceux du Président
de la Commission, en particulier dans le domaine de la prévention des conflits »,
notamment en leur fournissant des services consultatifs.
• Il « fait rapport au Conseil de paix et de sécurité et, par l'intermédiaire de celui-ci,
à la Conférence », article 11 § 5 du Protocole.
• Ancré dans la tradition africaine de respect des aînés et de leur supposée
sagesse.
• il se compose de « cinq personnalités africaines, hautement respectées, venant
des diverses couches de la société et qui ont apporté une contribution
exceptionnelle à la cause de la paix, de la sécurité et du développement sur le
continent » . Ceux-ci « doivent être considérés comme impartiaux et doivent être
respectés et avoir la confiance de tous les segments de la société africaine ».
• Ils jouent le rôle de médiateur.

Docteur Pierrot Chambu 53


3. Le Fonds de la paix

• Il faut avoir à l’esprit que les opérations de maintien de la paix, mais aussi les
simples missions d’observation, entrainent des frais très importants.
• L’article 21 du Protocole établissant le CPS stipule que : « En vue de fournir au
Conseil de paix et de sécurité les ressources financières nécessaires pour les
missions de soutien à la paix et d’autres activités opérationnelles liées à la paix et
à la sécurité, un Fonds Spécial dénommé Fonds de la paix est créé».
• Ce Fonds sera « alimenté par des prélèvements sur le budget ordinaire de
l’Union, par des contributions volontaires des Etats membres, par d’autres
sources africaines et extra-africaines ».
• Le fonds est en partie alimenté par le budget de l’UA ; or les Etats membres, qui
contribuent à ce budget, sont souvent en défaut de le faire
• Le Fonds est extrêmement dépendant des financements externes, comme celui
de l’UE qui est un important donateur.

Docteur Pierrot Chambu 54


4. Le Comité d’Etat-major

• En vertu des paragraphes 8 à 12 de l’article 13 du protocole établissant le CPS, « il


est créé un Comité d’Etat-major chargé de conseiller et d’assister le Conseil de
paix et de sécurité pour tout ce qui concerne les questions d’ordre militaire et de
sécurité en vue du maintien et de la promotion de la paix et de la sécurité en
Afrique ».
• Ce comité se compose « d'officiers supérieurs des Etats membres du Conseil de
paix et de sécurité ».
• Depuis qu’il a été établi en 2004, le Comité a conseillé le CPS sur les opérations au
Burundi, au Darfour, aux Comores et en Somalie.

Docteur Pierrot Chambu 55


5. La Conférence et la Commission de l’UA

• la Conférence doit être consulté sur toutes les questions en matière de paix et de
sécurité puisqu’il s’agit de l’organe de décision suprême de l’Union.
• La Commission quant à elle est impliquée dans l’APSA, principalement par le biais
de son président. Celui-ci se voit en effet reconnaître différentes attributions par
le protocole établissant le CPS (Protocole CPS, art. 10).

Docteur Pierrot Chambu 56


II. Le rôle des communautés économiques régionales dans la résolution des
conflits

• D’après l’article 16 du Protocole établissant le CPS, les CER « font partie


intégrante de l’architecture de sécurité de l’Union ».
• Il est évident que le rôle que les organisations sous-régionales comme les CER ont
à jouer dans le cadre de la sécurisation du continent africain est primordial, dès
lors l’institutionnalisation de leur rôle au sein de l’APSA l’est tout autant.
• Il est prévu que « les Mécanismes régionaux concernés doivent, à travers le
Président de la Commission, tenir le Conseil de paix et de sécurité pleinement et
régulièrement informé de leurs activités et s'assurer que ces activités sont
étroitement coordonnées et harmonisées avec le Conseil de paix et de sécurité.
Le Conseil de paix et de sécurité, à travers le Président de la Commission, doit
également tenir les Mécanismes régionaux pleinement et régulièrement informés
de ses activités » (article 16§ » Protocol CPS).

Docteur Pierrot Chambu 57


• Aucune intervention coercitive ne peut être lancée par une CER ou un
Mécanisme sans au préalable avoir été autorisée par le CPS.
• Toutefois, s’il existe un cadre juridique réglant les relations entre l’UA et les CER,
rien n’est prévu juridiquement pour régler les relations entre les CER.
• Cependant, soulignons que ce n’est pas parce que rien n’est prévu au niveau de
l’UA que certaines CER n’ont pas spontanément organisé une collaboration dans
le domaine de la paix et de la sécurité.
• Voire la collaboration entre l’IGAD, l’EAC et la COMESA, entre la CEDEAO et l’IGAD
mais également entre l’ECCAS et la CEDEAO. Ajoutons que des efforts sont faits
pour mettre en œuvre une collaboration entre l’EAC, la COMESA et la SADC.
• La question de la coopération horizontale en Afrique (c’est-à-dire entre les CER)
reste néanmoins complexe et problématique à cause phénomène d’appartenance
multiple.
Analysons quelques exemples : La CEDEAO, la SADC et l’ECCAS.

Docteur Pierrot Chambu 58


1. La CEDEAO

• Etablie en mai 1975 par le traité de Lagos , elle compte actuellement 15 Etats
membres.
• L’acte constitutif ne touche pas au domaine de la paix et de la sécurité mais
l’organisation adopte rapidement des instruments dans ce sens:
Protocole de non-agression de 1978 et à celui de 1981 concernant l’aide
mutuelle à la défense (collective self-defence).
• Finalement, en 1993, l’organisation modifie son traité qui inclut dorénavant, dans
son article 58 , la question du « maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité
au sein de la région » et prévoit l’établissement « d’un système d’observation de
la paix et de la sécurité régionale et de forces de maintien de la paix ».
• La CEDEAO adopte en 1999 le protocole relatif au Mécanisme pour la prévention,
la gestion et le règlement des conflits, la paix et la sécurité

Docteur Pierrot Chambu 59


• Ce Mécanisme comprend notamment une Autorité qui est l’organe de décision
suprême et un Conseil de Sécurité et de Médiation qui supervise : le centre
d’observation et de contrôle d’alerte précoce (…) ; le Conseil des Sages, établi
pour promouvoir une diplomatie préventive ; la commission pour la défense et la
sécurité.
• la CEDEAO dispose d’une structure de formation au maintien de la paix assez
complète, au point que d’autres organisations sous-régionales africaines y
envoient également leur personnel pour formation dans les domaines civil,
policier et militaire.

Docteur Pierrot Chambu 60


Critiques
• la présence du géant nigérian au sein de la CEDEAO. Cet Etat est plus animé par la
volonté d’obtenir le leadership régional que de simplement s’assurer un
environnement stable.
• Le deuxième problème qui se pose au sein de la CEDEAO est la question de la
langue. En effet, si la majorité des Etats membres ont pour langue officielle le
français, deux Etats, le Nigéria et le Ghana, font pencher la balance vers l’anglais.
• Le manque de ressources financières. L’organisation ne peut réaliser une
opération de maintien de la paix sur base de ses ressources propres, elle est
dépendante des financements externes.
• Il existe une contradiction entre les droits respectifs d’intervention de l’UA et de
la CEDEAO. En effet, le Cadre établissant le Mécanisme de la CEDEAO envisage
trois hypothèses d’intervention armée de l’organisation dont une intervention en
cas de coup d’état. Cette hypothèse d’un coup d’Etat n’est pas prévu au niveau de
l’UA, bien que celle-ci condamne explicitement les changements
anticonstitutionnels de gouvernement.
Docteur Pierrot Chambu 61
2. La SADC

• À l’instar de la CEDEAO, cette CER compte 15 Etats. L’acte constitutif de la SADC,


entré en vigueur en 1993, fixe notamment comme objectif de « consolider,
défendre et soutenir la paix, la démocratie et la sécurité ».
• Le protocole d’août 2001 établi un organe sur la copération politique, la défense
et la sécurité » qui est composé du Président ainsi que du Comité ministériel. Il
est dirigé par une Troïka, tournante des chefs d’Etat qui comprend le président
en exercice, celui à venir et le président sortant.
• l’organe étant une institution de la SADC, il fait rapport au Sommet des chefs
d’Etat.
• Il est prévu dans le protocole de 2001, un droit d’intervention armée de
l’organisation là où les moyens pacifiques de résoudre les conflits ont échoué.
• Cependant, ce droit n’est acquis qu’une fois que l’intervention a été autorisée par
le CSNU.

Docteur Pierrot Chambu 62


• L’intégration dans cette sous-région est rendue difficile par le caractère
hétérogène des différents pays qui la composent et par le phénomène
d’appartenance multiple que nous y retrouvons de manière prononcée – par
exemple, 6 pays sont à la fois membres de la SADC et de la COMESA.

Docteur Pierrot Chambu 63


3. La CEEAC
• L’acte constitutif de cette communauté ne mentionne pas parmi ses objectifs le
maintien de la paix et de la sécurité dans la région. Cependant, en 1999, la
décision est prise par les Chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres
d’établir un Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale, le COPAX.
• Ce conseil : « a pour but la prévention, la gestion et le règlement des conflits en
Afrique centrale, ainsi que les autres actions de promotion, de maintien et de
consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région »(Article 2 du
protocole établissant le COPAX).
• La décision de 1999 est entérinée en février 2000 par le protocole établissant le
COPAX, qui entre en vigueur en janvier 2004 . Notons qu’en février 2000, les Etats
membres de la CEEAC signent également un pacte d’assistance mutuelle.

Docteur Pierrot Chambu 64


Critiques
• Tout d’abord , à l’image de ses Etats membres, la CEEAC concentre le pouvoir
entre les mains des présidents de ceux-ci. Cela a pour principale conséquence de
ralentir le processus de décision. En effet, l’obligation de se réunir au moins une
fois par an qui est faite à la Conférence n’est pas respectée. Par exemple, en
novembre 2011, il n’y avait plus eu de réunion depuis octobre 2009.
• centralisation administrative exagérée, manque de ressources humaines et de
personnel qualifié, mandats non renouvelés laissant certains postes vacants.
• Manques de ressource financière et dépendance extérieur.
• seuls la république du Congo et le Gabon paient leur contribution à temps ;
l’Angola, le Cameroun, la RCA et la Guinée équatoriale paient mais toujours hors
délai ; et les autres pays sont rarement à jour dans leurs contributions, sans que
cela soit suivi par les sanctions pour non-contribution pourtant prévues par le
droit de la CEEAC.
Docteur Pierrot Chambu 65
• Difficultés d’intégration sous-régionale qui découlent notamment de l’important
phénomène de prolifération des organisations. Ainsi, différentes organisations
d’intégration cohabitent en Afrique centrale, notamment la CEPGL et la CEMAC –
dont les 6 Etats membres sont tous parties à la CEEAC .
• Mésententes entre les Etats membres de la CEEAC qui se méfient les uns des
autres et préfèrent régler les conflits qui les opposent en dehors des instances de
l’organisation pourtant mises en place dans ce but.

Docteur Pierrot Chambu 66


III. Cas pratiques

• Il s’agit des quelques conflits dans lesquels l’UA est intervenue juste après la mise
en place de l’APSA.
• La première mission de l’UA a lieu en février 2003, quand l’organisation
continentale est intervenue au Burundi (MIAB « Mission Africaine au Burundi »).
• L’Union africaine s’est engagé ensuite à deux reprises aux Comores, en 2006
(MUASEC «Mission de l’union africaine pour le soutien aux élections aux
Comores») et en 2007 (MAES « Mission d’assistance électorale et sécuritaire aux
Comores»).
• Elle a également mené une mission de surveillance du cessez-le-feu entre les
différentes parties au conflit soudanais (MUAS «Mission de l’Union Africaine au
Soudan »), mission remplacée en 2007 par la MINUAD.

Docteur Pierrot Chambu 67


• Conjointement avec la CEDEAO, elle est intervenue au Mali en 2012.
Cette mission, la MISMA(Mission international de soutien au Mali)
visait à mettre fin à la crise politique et sécuritaire découlant du coup
d’Etat du 22 mars 2002. Elle « s’est terminée le 1er juillet 2013 avec la
mise en place de la Mission intégrée des Nations unies pour la
stabilisation au Mali (MINUSMA) ».
• la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique). Créée
par le CPS le 17 juin 2013.

Docteur Pierrot Chambu 68


OPERATION EN COURS…

 l’AMISOM (Mission de l’Union africaine en Somalie) créée le 09 janvier 2007 par


le Conseil de Paix et Sécurité de l’UA et entérinée le 20 février par la résolution
1744 du CSNU, a pour principale mission de fournir un soutient aux institutions
Fédérales Transitoires somaliennes dans leurs efforts de stabilisation du pays et
dans la poursuite du dialogue politique et de réconciliation.
Etats participants: Burundi, Djibouti, Kenya, Ouganda et Sierra Leone.
 la MINUAD (Mission hybride des Nations Unies et de l’Union africaine au
Darfour) depuis 2007. Elle a pour objectif de mettre de mettre fin au conflit
opposant les mouvements rebelles à l’armée soudanaise et aux milices arabes
soutenues par le gouvernement soudanais.
 ICR/LRA (Initiative de Coopération régionale contre la LRA «Armée de résistance
du Seigneur»), lancée en 2011, mission qui s’étend à la Centrafrique, à la RDC, au
Soudan du Sud et à l’Ouganda.

Docteur Pierrot Chambu 69


1. Le conflit au Burundi

• L’AMIB ou MIAB – Mission africaine au Burundi – est la première opération de


maintien de la paix menée par l’Union africaine.
• l’Union intervient principalement pour assurer le respect des accords de cessez-
le-feu signés en octobre et décembre 2002 par les différentes parties au conflit.

Historique de l’AMIB… (voir explication)


Critiques
les trois problèmes majeurs rencontrés par l’AMIB sont le déficit logistique, le
manque de moyens financiers et ses conséquences directes, la maigre
contribution au niveau des troupes et la lenteur de leur déploiement.

Docteur Pierrot Chambu 70


2. Le conflit en Somalie

Historiques
Critiques Voire explication

Docteur Pierrot Chambu 71


2. Le conflit au Soudan

Historiques
Voire explication
Critiques

Docteur Pierrot Chambu 72


IV. Articulation entre les Nations Unies et les organisations (sous-) régionales
africaines

Tout d’abord, la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité


mondiale revient au Conseil de sécurité des Nations Unies.
 Cela a d’ailleurs été reconnu au niveau africain ainsi que l’illustre notamment
l’article 17, paragraphe 1er du protocole établissant le CPS.
 La Charte des NU en son chapitre VIII reconnaît cependant certaines
prérogatives aux organisations régionales, en ce qu’elles sont prioritaires dans la
résolution pacifique des conflits sur leur territoire et en ce que le Conseil de
sécurité peut leur confier une mission d’exécution des mesures coercitives qu’il
adopte.

Docteur Pierrot Chambu 73


 L’article 53 de la Charte stipule expressément qu’ « aucune action coercitive ne
sera entreprise en vertu d’accords régionaux ou par des organismes régionaux
sans l’autorisation du Conseil de sécurité ».
 Or, l’article 4(h) de l’ACUA, tel que modifié par le Protocole sur les
amendements à l’ACUA,mentionne au rang des principes de l’organisation : « le
droit de l’Union d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence,
dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerrele génocide et
les crimes contre l’humanité ainsi qu’une menace grave de l’ordre légitime afin de
restaurer la paix et la stabilité dans l’Etat membre de l’Union sur la
recommandation du Conseil de Paix et de Sécurité ».
 La question d’une éventuelle contrariété entre le droit de l’UA et celui des NU se
pose donc clairement. Est-t-il est possible pour l’UA de mettre en œuvre cette
disposition sans autorisation préalable du CSNU?

Docteur Pierrot Chambu 74


 Cet article 4 (h) n’a pas vocation à violer le droit des Nations Unies ou à
permettre aux organisations africaines de se passer toujours de l’aval du CSNU
mais devrait plutôt être considéré comme une sorte de porte de sortie qui
permettrait à l’UA de réagir en dernier recours quand c’est nécessaire – génocide,
crimes de guerre et crimes contre l’humanité – et que le CSNU ne semble pas
enclin à le faire.
 L’article 4 (h) de l’ACUA apparait comme un outil de pression à l égard des
Nations Unies afin que l’Organisation universelle assume ses responsabilités dans
le domaine du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.
 Ce droit ne doit cependant pas être absolu, car il ne doit pas mettre en danger le
principe fondamental d’interdiction d’emploi de la force. Il est dès lors primordial
que l’intervention éventuellement envisagée par l’UA soit légitime, c’est-à-dire
notamment que les conditions prévues par l’article 4 (h) soient strictement
rencontrées et que la pratique africaine de chercher avant tout la couverture du
CSNU soit maintenue.
Docteur Pierrot Chambu 75
Ceci implique que l’intervention n’est pas possible quand le CSNU a clairement
marqué son refus.

Docteur Pierrot Chambu 76


Travail pratique…
1. AMISOM
2. ICR / LRA
3. MINUAD
Historique du confit
Contexte d’intervention de l’UA
Objectif de la mission
Critiques

Docteur Pierrot Chambu 77

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