Chapitre II
II. Absence de recours contre les décisions statuant sur la nomination, la confirmation ou la
récusation d'un arbitre
En application de l'article 4 du Règlement d'arbitrage de la CCJA, régissant les arbitrages
institutionnels sous l'égide de ladite Cour, la décision de confirmation, de récusation ou de
remplacement d'un arbitre incombe à la Cour et est insusceptible de recours. En l'espèce, la sentence
arbitrale produite pour soutenir la demande d'annulation pour violation de l'ordre public international
n'est pas un élément nouveau susceptible de mettre en cause l'indépendance d'un arbitre qui avait,
dans sa déclaration d'acceptation et d'indépendance, et dans le curriculum vitae qui l'accompagne,
visés par les défendeurs au recours dans l'un de leurs mémoires en réponse, clairement indiqué sa
qualité de fonctionnaire et de chargé pendant 14 ans du suivi du contentieux de l'Etat à l'international.
Ne viole donc pas ledit Règlement d'arbitrage le tribunal arbitral constitué sous l'égide de la CCJA, qui
s'est déclaré incompétent pour apprécier une demande de récusation d'un arbitre et qui s'est contenté
de prendre acte de la décision de confirmation dudit arbitre par la Cour. Il y a lieu de rejeter
conséquemment la demande en annulation de la sentence arbitrale pour violation du principe
d'indépendance et d'impartialité d'un arbitre comme étant non fondée (CCJA, ass. plén., n° 102, 15-
10-2015 : Léopold EKWA NGALLE, Hélène NJANJO NGALLE, LEN HOLDING SA, International
Business Corporation SA c/ Société Nationale d'Hydrocarbures, Personnel SNH, Ohadata J-16-95).
III. Compétence de la CCJA pour un litige arbitral dont aucune juridiction étatique ne peut
connaître
L'équité et la bonne administration de la justice commandent, pour éviter tout déni de justice et donc
toute insécurité juridique, qu'un tribunal arbitral connaisse obligatoirement et tranche le fond d'un litige
dont aucune juridiction étatique nationale ne peut plus connaître. Il en est ainsi dès lors que, par une
décision ayant acquis l'autorité de la chose jugée, les juridictions étatiques nationales ont décidé, sur
le fondement de la convention d'arbitrage insérée dans le contrat des parties, que l'affaire relève de la
compétence d'une juridiction arbitrale et non d'une juridiction étatique. Le tribunal arbitral désigné par
la CCJA est compétent bien que la convention d'arbitrage ne vise pas expressément l'arbitrage CCJA,
dès lors que, d'une part, aucun autre centre d'arbitrage n'a été choisi et que, d'autre part, toutes les
parties ont signé le procès-verbal constatant l'objet de l'arbitrage et fixant le déroulement de la
procédure arbitrale et sont convenues de l'application du Règlement d'arbitrage de la CCJA comme
règles de la procédure, démontrant ainsi leur volonté commune de soumettre le litige à un tribunal
arbitral sous l'égide de la CCJA (CCJA, ass. plén., n° 020, 18-4-2013 : Sté Inter Africaine de
Distribution dite IAD c/ 1) Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles dite CMDT ; 2)
Groupement des Syndicats de Producteurs de Coton et Vivriers du Mali dit GSCVM, Rec. jur. n° 20,
vol. 2, janvier-décembre 2013, p. 104-109, Ohadata J-15-20).
Obs. : cet arrêt ne vise pas expressément l'art. 10 qui est applicable en raison de la question en cause.
Obs. : la convention des parties mentionnée dans cette décision illustre une clause graduée.