B. Délai
Il ne peut être reproché au tribunal arbitral de ne pas avoir rendu sa sentence à l'échéance prévue si,
pendant la rédaction de la sentence en cours de délibéré, le tribunal arbitral s'est vu confronté à la
nécessité de demander un complément d'information à la requérante pour asseoir sa décision et a été
amené à rabattre ledit délibéré pour solliciter et obtenir, de la CCJA, la prorogation du délai dans
l'intervalle duquel il devait rendre la sentence attaquée. Dans l'espèce, et contrairement à ce que
soutient la requérante, le tribunal arbitral avait fait connaître aux parties, avant le 2 août 2006, les
motifs pour lesquels il ne pouvait rendre sa sentence à ladite date du 2 août 2006. C'est ainsi que le
tribunal arbitral a demandé à la requérante de produire un certain nombre de pièces et lui a accordé
un délai de 30 jours à compter de la réception de ladite lettre, et un délai de 15 jours à compter de la
réception des documents précités à la défenderesse pour ses observations. Il découle de tout ce qui
précède que le moyen n'est pas fondé et doit être rejeté (CCJA, ass. plén., n° 45, 17-7-2008 :
SONAPRA c/ SHB, Le Juris-Ohada, n° 4/2008, p. 60, Ohadata J-09-83).
Il y a violation de l'égalité des parties à l'arbitrage pouvant justifier l'annulation de la sentence lorsque :
- des parties à un arbitrage produisent des copies divergentes du règlement d'arbitrage, l'une
prévoyant un délai de 15 jours et l'autre un délai de 30 jours, et que les arbitres accordent des délais
différents aux parties pour préparer et présenter leur défense ;
- les arbitres font preuve de discrimination en appliquant le contrat à une partie tout en refusant de le
faire pour l'autre partie au litige ;
- les arbitres gardent le silence sur les conclusions d'une partie (CA Centre (Cameroun), n° 52/civ, 6-
2-2008 : GROUPE PRODICOM SARL, représenté par K. J. c/ SDBC, SNC, BAT, Le centre d'arbitrage
du GICAM, Ohadata J-10-249).
Obs. : le texte de l'actuel art. 16 a été importé de l'art. 14 al. 8 [devenu al. 13] de l'AUA, qui a été intégré dans le règlement
d'arbitrage de la CCJA à sous l'article 16 al. 3 modifié avec insertion d'une virgule après « arbitrage ». La jurisprudence
antérieure, transposable, est reproduite.
I. Usages
En application du Règlement d'arbitrage de la CCJA, en son article 17 auquel les parties avaient
convenu de soumettre le litige, l'arbitre tiendra compte des usages de commerce dans tous les cas,
c'est-à-dire même lorsque les parties ont expressément désigné la loi devant s'appliquer au différend.
Dans l'espèce, en se référant aux usages de commerce, dont l'existence n'est pas contestée par la
requérante, le tribunal arbitral a statué en droit ainsi qu'il en avait l'obligation (CCJA, n° 029/2007, 19-
7-2007 : SIR SA c/ BONA SHIPHOLDING LTD et 4 autres, Rec. Jur. n° 10, juill.-déc. 2007, p. 12,
Ohadata J-08-241).
Obs. : bien que n'ayant pas été expressément visé par la CCJA, c'est l'art. 17 qui prévoit l'amiable composition dont la
définition est donnée par la juridiction supranationale.
II. Caractère non obligatoire des mesures d'instructions susceptibles d'être ordonnées par
l'arbitre
Conformément à l'article 19 du Règlement d'arbitrage, il relève de l'office du tribunal arbitral
d'apprécier l'opportunité des mesures d'instruction adéquates à la solution du litige, telle l'audition d'un
témoin. Ni la transcription des dépositions des témoins ni l'établissement d'un procès-verbal de
l'audience ne constituent une obligation imposée au tribunal arbitral par le Règlement d'arbitrage de la
CCJA, auquel les parties ont convenu de soumettre leur différend. Les arbitres ne sauraient donc se
voir reprocher de ne pas avoir procédé à ces formalités (CCJA, ass. plén., n° 098, 30-10-2014 : SCP
PYRAMIDION c/ AGETIER-Mali, Ohadata J-15-189).
Code Ohada - Partie I TRAITE, REGLEMENTS ET DECISIONS - Chapitre II PROCEDURE DEVANT LA COUR
COMMUNE DE JUSTICE ET D'ARBITRAGE
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