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1 Introduction aux phénomènes quantiques

Avant d’introduire la physique quantique, résumons brièvement les


principales branches de la physique classique.

La physique classique comporte trois branches principales, qui


ont chacune diverses rami…cations.

La première branche est la mécanique, dont la loi fondamentale


est la loi de Newton, ou loi fondamentale de la dynamique.

La deuxième branche est l’électromagnétisme, résumé dans les


!
quatre équations de Maxwell donnant le champ électrique E et le
!
champ magnétique B en fonction des densités de charge et de
!
courant j .

La troisième branche est la thermodynamique.

A la …n du 19ème siècle, ces diverses branches de la physique


s’intégraient dans un édi…ce cohérent basé sur l’étude de deux types
d’objets distincts:

La matière: Faite de corpuscules parfaitement localisables dont le


mouvement peut être décrit par la mécanique rationnelle de New-
ton.

Le rayonnement: Il est gouverné par les lois de l’électromagnétisme


de Maxwell.

Le succès de la physique était à cette époque impressionnant et tous


les phénomènes connus trouvaient leur explication dans le cadre de
cette approche classique.

A l’aube du 20ème siécle et avec l’essor des progrès technologiques,


les physiciens se trouvèrent tout à coup confrontés à des phénomènes
nouveaux pour lesquels les prévisions de la théorie classique sont
en désaccord ‡agrant avec l’expérience.

Il fallait donc jeter les bases d’une nouvelle théorie susceptible de


pallier les insu¢ sances de la conception classique.

1
Les phénomènes physiques qui furent sans doute historiquement à
l’origine de la naissance de la théorie quantique sont, entre autres,
le rayonnement du corps noir et l’e¤et photoélectrique.

2 Critère d’application de la mécanique quan-


tique
On peut se demander alors s’il existe une constante universelle qui
joue un rôle pour …xer un critère d’applicabilité de la mécanique
quantique.

Cette constante est la constante de Planck h:

34
h = 6; 6260755 10 J:s

En pratique, on utilise le plus souvent la constante :


h
~= ;
2
qui se lit "h barre", ~ a les mêmes dimensions que h et l’avantage
d’être voisine de l’unité:

34
~ = 1; 05457266 10 J:s

Le critère d’utilisation du formalisme quantique est le suivant:


Si dans un système physique une variable dynamique quelconque A
prend une valeur numéerique de l’ordre de la constante de Planck
~, alors le comportement du système doit être décrit dans le cadre
de la mécanique quantique. Si, au contraire A est très grande
par rapport à ~ , les lois de la physique classique sont valides.

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3
4
3 Rayonnement du corps noir
D’une façon générale, lorsqu’un rayonnement arrive dans un corps,
celui-ci peut être: transmis, absorbé ou ré‡échie, dans des propor-
tions variables selon la nature du corps.

Un corps noir est un objet idéal qui absorbe toute l’énergie élec-
tromagnétique qu’il recevait, sans en ré‡échir ni en transmettre.

Cependant, un corps noir peut émettre de la lumière s’il a une


température su¢ sament élevée, il n’apparaitra donc pas noir dans
toutes les conditions.

Une réalisation satisfaisante consiste à aménager un trou dans une


enceinte fermée dont le revêtement intérieur absorbe et di¤use la
lumière qu’il reçoit (voir la …gure).

A partir de la courbe (ci-dessous) qui donne la répartition de l’intensité


du rayonnement du corps noir en fonction de la longueur d’onde
pour di¤érente températures: On peut noter les propriétés suiv-
antes,
Cette courbe a l’allure:

D’une courbe en cloche asymétrique,

Tendant vers zéro pour les grandes et faibles longueurs d’ondes,

Passant par un maximum pour une longueur d’onde max :

La loi du déplacement de Wien (1883) stipule que le produit max T


est une constante:

max T = b = 2898 m:K;

oubien
2898
max = m: (1)
T
Ainsi, quand la température augmente, le maximum se déplace du
coté des petites longueurs d’ondes.

Par exemple, pour T = 300 K; max ' 10 m; ce qui correspond à


un maximum dans l’infrarouge.

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3.1 Théorie classique de Rayleigh-Jeans
Pour expliquer ces résultats expérimentaux, Rayleigh-Jeans utilisent la
théorie électromagnétique et la mécanique statiqtique. Ils ont montré
que la densité de l’énergie rayonnée I( ; T ) est donnée par,
2
8
I( ; T ) = kT ; (2)
c3
où est la fréquence, c est la vitesse de la lumière, T est la température.
Comparison avec l’expérience:

quand ! 0: ( est grande) ) lim !0 I( ; T ) = 0; donc ce résultat


est en accord avec l’expérience.

quand est grand: ( est petite: dans l’ultraviolet: : 10 nm 390


nm) ) lim !1 I( ; T ) = 1; donc I diverge, ce qui conduit à une
énergie rayonnée in…nie, la loi de Rayleigh-Jeans est en désaccord
avec l’expérience:

Donc cette loi est fausse dans la zone ultraviolete: on parle de


catastrophe ultraviolette.

3.2 Loi de Planck


Pour obtenir un accord avec les résultats expérimentaux, Planck a été
amené à s’écarter de la mécanique statistique et à évaluer de façon dif-
férente la densité de l’énergie rayonnée.

Le 14 Décembre 1900, Planck a émit hypothèse suivante:


Les échanges d’énergie entre la matière et le rayonnement ne se font
pas de facçon continue mais par quantités discrêtes et indivisibles
d’énergie h appelées quanta, qui est le pluriel latin de quantum,
qui signi…e quantité.

La loi de Planck s’écrit alors dans toute sa gloire sous la forme:


2
8 h
I( ; T ) = h ; (3)
c3 e kT 1

7
On remarque qu’aux basses fréquences (hautes longueurs d’ondes)
la loi de Planck redonne bien la loi de Rayleigh-Jeans, car
h h
e kT ' 1 + ; (4)
kT

donc
2
8 kT 8 2
I( ; T ) = h = 3 kT ; (5)
c3 h c
on retrouve bien la loi de Rayleigh-Jeans.

Aux hautes fréquences (basses longueurs d’ondes), on a


h
e kT 1; (6)

donc
2
8 h
I( ; T ) = h e kT ; (7)
c3

on retrouve la décroissance exponentielle observée expérimentale-


ment.
Donc la loi de Planck est en accord totale avec l’expérience.

4 Dualité onde-corpuscule
Inspiré par Planck, Einstein proposa en 1905 une hypothèse simple
en expliquant l’e¤et photoélectrique : le rayonnement électromag-
nétique est lui-même quanti…é. Le rayonnement électromagnétique
est constitué de quanta d’énergie, appelés photons, d’énergie

E=h ;

où est la fréquence de l’onde électromagnétique, h est la constante


de Planck.

Le photon étant une particule de masse nulle, la théorie de la


relativité restreinte, énoncée la même année par Einstein, permet
d’exprimer sa quantité de mouvement. Rappelons quelques points
essentiels sur relativité restreinte.

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4.1 Rappel sur la relativité restreinte
On sait que pour une particule non relativiste càd la vitesse v est
négligeable devant la vitesse de la lumière c. La quantité de mou-
vement de cette particule est donnée par,
!
p = m!
v

et son énergie cinétique par,


1 2 p2
Ec = mv = :
2 2m
Pour une particule relativiste (v est n’est pas négligeable devant
c), Einstein a reformulé les lois de la dynamique newtonienne.

Ainsi il a dé…ni l’énergie E et la quantité de mouvement !


p d’une
!
particule de masse m animée d’une vitesse v par

E 2 = p2 c2 + m2 c4 ; (8)

E = mc2 ; !
p = m!
v (9)
avec est le facteur de Lorentz, donné par
1
=p : (10)
1 ( vc )2

L’énergie E0 de la particule au repos (sans mouvement: v = 0 )


= 1 ) est E0 = mc2 .
A partir de ces relations, on peut déduire aussi:

2 m2 c4 2 v
E = v 2 ; ) E (1 ( )2 ) = m2 c4 ; (11)
1 (c) c
donc
2
2 2v
E = E 2 + m 2 c4 ; (12)
c
de plus, à partir de l’équation (9), on a
E2 c4 2v
2
= ; ) E = p2 c2 ; (13)
p2 v2 c2
donc l’équation (12) s’écrit,

E 2 = p2 c2 + m2 c4 ; (14)

9
L’énergie cinétique Ec de la particule est l’énergie E de la particule
en mouvement (vitesse v) moins l’énergie E0 de la particule au
repos,

Ec = E E0 = mc2 mc2 = ( 1)mc2 : (15)

Ces formules relativistes doivent être fournies lorsqu’elles s’avèrent


nécessaires.

4.2 Les Propriétes du photon:


Le photon, particule associée au rayonnement électromagnétique,
possède les propriétés suivantes:
- Le photon étant une particule de masse nulle.
D’après la relation établie par Einstein pour l’énergie d’une partic-
ule relativiste, on a

E 2 = p2 c2 + m2 c4 ; (16)

- Pour le photon (masse nulle), cette relation nous donne l’énergie


du photon:

E = pc; (17)

d’où
E
p= ; (18)
c
- La quantité de mouvement du photon s’exprime donc sous la
forme:
h
p= ; (19)
c
or on a
c
= ; (20)

où est la longueur d’onde, donc


h h 2
p= = = ~k; (21)
2

10
2
où k est le module du vecteur d’onde k = :
- Donc la réalité du photon s’exprime au travers les deux relations
fondamentales (relations de Planck-Einstein):

E = ~!; (22)
! !
p = ~k; (23)

Ces deux relations relient deux couples de grandeurs physiques:


(E; !
p ) paramètres corpusculaires et (!; k) paramètres ondulatoires:
C’est la dualité onde-corpuscule.

Cette approche a permis d’expliquer l’e¤et photoélectrique, qui


établit clairement la nature corpusculaire de la lumière.

En 1923: C’est la mise en évidence de l’e¤et Compton, qui


viendra con…rmer cette approche.

Remarque importante:
Les expériences sur les interférences de Young ont montrés, sans
conteste, la nature ondulatoire de la lumière. Donc la dualité onde-
corpuscule a été aussi con…rmé expérimentalement.

En 1924, De Broglie étend la dualité onde-corpuscule (qui avait


été émise pour le photon) à toutes les particules.
Donc à toute particule de quantité de mouvement ! p , De Broglie a
associé une onde de longueur d’onde telle que:
h
= ; (24)
p
est appelée longueur d’onde de De Broglie.
Càd toute particule (comme l’électron) doit être transportée par
une onde dans laquelle elle est incorporée. Cette onde est appelée
parfois "onde de matière".

En 1926: Introduction de l’équation de Schrödinger:


- En e¤et, c’est le chimiste Victor Henri qui présenté le travail de
Louis de Broglie à Schrödinger en 1925.

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- Ce dernier a été poussé par l’enthousiasme d’Einstein à qui Paul
Langevin avait communiqué la thèse de de Broglie, Schrödinger,
dans une impressionnante série d’articles publiés en 1926, a intro-
duit son équation célébre appelée équation de Schrödinger. Les
chapitres 2 et 3 seront consacrés à l’équation de Schrödinger et ses
applications.
- Il a ainsi établit l’équivalence de la mécanique ondulatoire et de
la mécanique des matrices en développant les équations de la mé-
canique ondulatoire sur la base propre de l’énergie du système.

En 1926: Dirac approfondit la structure de la théorie et introduit


la fonction (x). (x) s’appelle la fonction delta de Dirac.

En 1927: La formalisation.
Pour interpréter les expériences de collisions d’électrons, Born pose
que j (! r ; t)j d3 !
2
r est la probabilité de trouver, à l’instant t, la
particule dans le volume d3 ! r autour du point ! r . Il pose les bases
de l’interprétation probabiliste de la mécanique quantique.

En 1927: La con…rmation expérimentale.


- Davisson et Germer, mettant le point …nal à une longue étude
commencée par Davisson en 1919, établissent l’existence de la dif-
fraction des électrons dans un cristal.
- La di¤raction est le comportement des ondes lorsqu’elles rencon-
trent un obstacle ou une ouverture.
- Davisson et Germer ont véri…ent expérimentalement le comporte-
ment ondulatoire de l’électron.

En 1927: Hilbert et Nordheim clari…ent les fondements mathé-


matiques de la mécanique quantique. Introduction de l’espace de
Hilbert, théorie générale des opérateurs.

Avec ces derniers développements, les postulats de la mécanique


quantique étaient établis. La théeorie était devenue mathématique-
ment cohérente et physiquement prédictive.

On traitera en détails les points sus-cités dans les prochains chapitres.

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4.3 Quelques ordres de grandeur :
Énergie d’un photon de longueur d’onde 500 nm (domaine visible) :

hc 6; 63:10 34 :3:108 19
E=h = = = 3; 98:10 J:
500:10 9
Compte tenu de la faible valeur trouvée, on peut utiliser une unité d’énergie
plus adaptée, c’est l’électron-volt : 1 eV = 1; 6:10 19 J, ce qui donne une
énergie E = 2; 49 eV .
Voir le tableau ci-dessus, qui donne les valeurs de , et E pour
l’ensemble du spectre électromagnétique.

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4.4 Relation de Louis de Broglie
De Broglie a étendu la dualité onde-corpuscule, qui avait été
émise pour le photon à toutes les particules.
Donc à toute particule de quantité de mouvement !
p , De Broglie a
associé une onde de longueur d’onde telle que:
h
= ; (25)
p

où h la constante de Planck et p la norme de la quantité de mou-


vement de la particule.
est appelée longueur d’onde de De Broglie.

En d’autres termes, à toute particule de quantité de mouvement


! !
p , on peut associer une "onde de matière" de vecteur d’onde k
véri…ant

! !
p =~k: (26)

La dualité onde-corpuscule n’est pas seulement valable pour pho-


tons mais aussi pour les particules.

Cette approche permettait au départ d’expliquer la quanti…cation


des niveaux d’énergie de l’atome d’hydrogène.

Comme nous l’avons mentionné, cette approche a ensuite été con…r-


mée expérimentalement par Davisson et Germer par la réalisation
de di¤raction d’électrons sur des cristaux. C’est l’objet de la section
suivante.

4.5 Expériences mettant en évidence le comporte-


ment ondulatoire de particules: Di¤raction d’électrons
par un cristal
Dès 1927, Davison et Germer ont véri…é le comportement ondu-
latoire de l’électron. Ils réalisent la di¤raction d’électrons par un
monocristal de nickel (le réseau cristallin présente une structure
spatiale périodique et joue le rôle d’un réseau).

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Les …gures de di¤raction obtenues (voir ci-dessous), sont compa-
rables à celles données par la di¤raction de rayons X de longueur
d’onde comparable.

Deux …gures de di¤raction obtenues avec une poudre de cristal


d’argent : à gauche, avec des rayons X de longueur d’onde =
0; 071 nm = 0; 71 A, à droite avec des électrons de longueur d’onde
de de Broglie = 0; 065 nm = 0; 65 A.

Calculons la longueur d’onde de de Broglie des électrons utilisés


par Davison et Germer:
Les électrons utilisés par Davison et Germer avaient une énergie
cinétique de 54 eV (ils étaient accélérés par une di¤érence de po-
tentiel de 54 V ). La masse de l’électron vaut me = 9; 1:10 31 kg.
Faisons d’abord l’hypothèse d’un comportement non relativiste :
on a
p2 p
Ec = ; ) p = 2me Ec
2me
donc la longueur d’onde de de Broglie est
h 6; 63:10 34
= = p
p 2:9; 1:10 31 :54:1; 6:10 19

10
= 1; 67:10 m = 1; 67 A

Remarque: on a
r
p 2Ec
v= = = 4; 3:106 m=s = 1; 4:10 2 c c;
me me

15
donc l’électron est bien non relativiste.
La longueur d’onde trouvée est comparable aux dimensions inter-
atomiques dans le cristal.

Le comportement ondulatoire de la matière est donc bien


révélé par l’expérience.

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