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INTRODUCTION
Si le terme de névrose a longtemps prévalu comme une entité nosographique à part entière, s'opposant
notamment à la psychose et s'appuyant sur le modèle psychodynamique freudien, le développement de
nouvelles théories sur l'origine des troubles mentaux et la nécessité de critères diagnostiques opérants
pour la recherche ont suscité le développement de classifications psychiatriques. Ceci a entraîné
l'éclatement du concept de "névrose" et sa redistribution au sein de plusieurs entités symptomatiques
nouvelles.
L'anxiété est une sensation commune, qui peut donc être considérée comme normale. La peur n'a été
distinguée que tardivement de l'anxiété par son caractère rationnel. Liée à une menace externe ou
interne réelle et objectivable, elle remplit une fonction d'alarme qui apparaît lorsque les capacités
adaptatives d'un sujet sont dépassées par l'intensité de résonance cognitive du stimulus. La peur est
une émotion normale, signal de danger, elle devient pathologique lorsqu'elle est trop intense,
inadaptée ou trop prolongée avec des conséquences qui peuvent aller des reviviscences de la situation
initiale (phénomènes de répétition du stress post-traumatique) aux conduites d'évitement très
invalidantes rencontrées dans les troubles phobiques. La peur est donc liée à un danger réel, précis et
objectif. L'anxiété est la crainte d'un danger imprécis, accompagnée d'un sentiment pénible
d'attente menaçante. La distinction entre peur et anxiété n'est cependant pas toujours si nette. En effet,
la peur peut être disproportionnée à la situation du fait des prédispositions du sujet, de ses expériences
antérieures, de sa personnalité, de la situation dans le temps et le lieu. Il semble que l'anxiété
pathologique débute lorsque les symptômes sont source de souffrance pour le patient ou de gêne pour
son entourage.
L'angoisse se trouve à l'intersection entre le psychologique et le biologique. Si elle a été longtemps un
des thèmes central des discussions philosophiques, elle n'est entrée que tardivement dans le champ de
la réflexion psychiatrique avec l'autonomisation par Freud de la névrose d'angoisse.
Dans le cadre des manifestations anxieuses, il faut cependant distinguer l'anxiété comme entité
autonome et noyau psychopathologique organisateur comme elle est observée dans ce qu'il est
actuellement convenu d'appeler les troubles anxieux, et l'anxiété symptôme survenant au cours de
nombreuses affections psychiatriques ou somatiques.
HISTORIQUE
Le concept de névrose est ancien. Il a été introduit par le médecin écossais W. Cullen en 1769.
Initialement, ce terme regroupait toute affection générale du système nerveux sans lésion causale
décelable. Dans ce concept on classait des pathologies aussi diverses et disparates que l'asthme, la
diarrhée, l'épilepsie, l'hypochondrie, l'hystérie, les palpitations, la mélancolie, la manie, etc.
Le cadre nosographique des troubles névrotiques y a disparu pour être redistribué au sein des troubles
anxieux, troubles somatoformes, troubles dissociatifs, troubles de l'adaptation, troubles psychosexuels
et troubles de la personnalité.
I - LE MODÈLE PSYCHANALYTIQUE :
Cette théorie psychodynamique révolutionnaire à l'époque est toujours vivement contestée maintenant.
Si celle-ci a été écartée pour la description des troubles mentaux, elle reste très utile dans la
compréhension de certaines situations cliniques. En fait, beaucoup de psychanalystes la défendent non
plus comme une science ou comme une vérité mais comme un mythe du XX ème siècle qui n'a de valeur
que dans ses applications pratiques.
Il y a près d’un siècle, Sigmund FREUD introduisit le terme de troubles névrotiques pour définir des
pathologies dans lesquelles l’angoisse jouait un rôle déterminant.
Pour Freud, les expériences déclenchantes étaient de nature intrapsychiques, en rapport avec des
conflits personnels latents, anciens, issus de l’enfance, ravivés par des situations quotidiennes.
Selon cette théorie, l’angoisse avait pour but de protéger l’organisme contre de telles agressions
internes et externes, à l’aide de mécanismes de résolution psychologique métabolisant le problème.
Le refoulement fut ainsi présenté comme un des mécanismes de défense psychologique essentiel,
utilisé normalement pour régler des conflits au prix d’un équilibre asymptomatique contenant ces
représentations inconscientes.
Lors du dépassement de cette fonction d’adaptation, il fut alors proposé que l’anxiété puisse perdre
son rôle protecteur et s’exprimer sous forme de manifestations cliniques diverses, d’évolution aiguë,
subaiguë ou chronique.
Cette approche expérimentale s'appuie sur l'observation fondatrice de deux types de conditionnement :
Le conditionnement pavlovien s'appuie sur le principe suivant : habituellement si on présente
de la viande à un animal, il salive. Si à cette réponse réflexe déjà acquise, on ajoute un autre
stimulus, un tintement de cloche, on conditionne le chien à saliver à l'audition de ce son, sans
la présence de la viande. Il s'agit d'un conditionnement répondant.
Le conditionnement skinnérien (1953) est issu d'un autre principe. Un comportement, quel
qu'il soit, peut avoir pour le sujet un effet agréable ou désagréable (on parle de récompense ou
de punition). L'effet agréable entraîner la répétition du comportement; on dit qu'il le renforcera
(renforcement positif, feed-back positif); l'effet désagréable entraîner la diminution de sa
fréquence allant jusqu'à sa suppression (renforcement négatif, feed-back négatif). Dans la
pratique, seuls les renforcements positifs sont véritablement efficaces. On parle de
comportement opérant. Dans la construction de la personnalité, on accorde surtout de
l'importance au conditionnement skinnérien.
D’après ces théories, l’anxiété est une réponse émotionnelle apprise, entretenue, déclenchée face à
certains stimuli environnementaux accaparant une capacité anxiogène.
Ce conditionnement va diffuser à des situations comparables mais de moins en moins précises,
généralisant les craintes et multipliant les expériences douloureuses.
Dans certains cas, un individu peut même s’avérer capable d’apprendre par imitation un réponse
émotionnelle observée chez des proches exposés à des situations anxiogènes.
Ces modèles font référence à l’existence de schémas de pensées dysfonctionnels, dont l’acquisition et
le renforcement au gré des expériences procureraient une représentation particulièrement péjorative
des circonstances vécues comme menaçantes.
3 - Les modèles neuropharmacologiques :
Le développement majeur des neurosciences depuis la deuxième guerre mondiale a permis une
meilleure compréhension des aspects neurochimiques du stress, la genèse de l'anxiété et des
adaptations thérapeutiques.
A l'heure actuelle vu le développement des psychotropes, il est important de maîtriser un certain savoir
de base en neuropharmacologie.
Tous ces changements périphériques et centraux sont réalisés en vue d'une réponse générale adaptée
dont les deux principaux chefs d'orchestre sont le système hypothalamo-hypophyso-surrénalien
(mettant en jeu le CRF, l'ACTH, les glucocorticoïdes) et le système nerveux sympathique
(Noradrénaline). On a observé qu'une augmentation du CRF provoquait un comportement anxieux. On
retrouve lors des modèles animaux d'anxiété une augmentation des taux plasmatiques de
corticostérone proportionnelle au stress induit.
Ces deux systèmes s'activent mutuellement par une boucle de contrôle. Ils sont d'une part activés par
les transmissions sérotoninergiques et cholinergiques et, d'autre part inhibés par les
neurotransmissions GABAergiques et opioïdes. Les systèmes noradrénergique et dopaminergique sont
également sollicités au niveau central dans des conditions stressantes. Un stress chronique induit une
diminution de la sensibilité des récepteurs a-adrénergiques ainsi qu'une augmentation de synthèse de
noradrénaline persistante. Un stress aigu est à l'origine d'une augmentation du turn-over
dopaminergique dans les régions desservies par les voies mésolimbiques et mésocorticales.
Une étude clinique récente (1995) a montré que les taux plasmatiques de tryptophane
(précurseur de la sérotonine) et de la sérotonine sont plus élevés chez les patients présentant
une anxiété importante par rapport à des individus faiblement anxieux.
Les agonistes 5HT2C sont des antipaniques et des anticompulsifs alors que les agonistes 5HT 1B
(post synaptiques) augmentent les compulsions.
c – Système noradrénergique
l’anxiété semblerait liée à une hyperactivité du locus cœruleus.
action de la yohimbine (agit en bloquant les récepteurs pré-synaptiques 2) qui est un
antagoniste 2-adrénergique.
la yohimbine induit plus d’attaques de panique chez les sujets « paniqueurs » que chez les
témoins.
il existe une sensibilité accrue des récepteurs 2 pré-synaptiques chez les paniqueurs.
d – Système GABAergique :
le système GABA entraîne une hyperpolarisation du neurone le rendant inexcitable et par là
même l’inhibe.
40% des synapses cérébrales sont de type GABAergique. Le système limbique en est
particulièrement riche.
un dysfonctionnement GABAergique est fortement mis en cause dans la survenue d’attaque de
panique. Une hyposensibilité des récepteurs est évoquée.
EPIDÉMIOLOGIE :
Prévalence vie entière : environ 2 %.
Facteurs de risques : le trouble serait plus fréquent chez les sujets divorcés ou séparés, d'un
milieu socioculturel peu élevé, au décours d'un événement de vie traumatique dans les
semaines précédentes, en cas d'antécédents familiaux d'attaques de paniques.
I - L'ATTAQUE DE PANIQUE :
L'attaque de panique, ou crise d'angoisse aiguë, est une peur intense et soudaine survenant de façon
brusque, inopinée, imprévisible. L'angoisse, d'une durée bien délimitée, est d'emblée maximum ou
atteint son acmé en moins de 10 minutes.
Ainsi, l'anxiété anticipatoire d'une nouvelle crise survient chez de nombreux patients,
indépendamment de la récurrence des attaques de panique.
La symptomatologie est alors très proche de celle de l'anxiété généralisée, mais l'inquiétude est
essentiellement centrée sur la peur d'avoir une nouvelle crise. Cette symptomatologie peut devenir
tellement intense qu'il devient difficile de retrouver des antécédents d'attaques de panique chez de tels
patients.
Dans d'autres cas, l'évolution se fait vers l'apparition d'une symptomatologie phobique,
particulièrement une agoraphobie. Contrairement aux agoraphobies primaires où le sujet évite certains
endroits parce « qu'il ne s'y sent pas en sécurité », ces patients évitent des situations parce qu'ils
pourraient « y subir une attaque de panique ». Seule une anamnèse précise permet alors de retrouver
des attaques de panique à l'origine du trouble.
C. Les Attaques de panique ne sont pas dues aux effets physiologiques directs d’une substance ou
d’une affection médicale générale.
D. Les Attaques de panique ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble mental.
La survenue de syndromes dépressifs est fréquente chez les patients souffrant de trouble panique. Ils
sont à distinguer des réactions dépressives consécutives à un épuisement de ces patients sans cesse en
proie à une peur pathologique. En effet, il est fréquent que ces sujets soient tristes et rapportent un
découragement qui peut s'exprimer par des crises de larmes, voire des idées pessimistes et une
autodévalorisation. Ces syndromes d'épuisement, directement liés à la fréquence ou à l'intensité des
crises, sont souvent passagers. Ils s'accompagnent rarement d'autres signes, apanage des vraies
dépressions, retrouvés plus tardivement et qui viennent souvent compliquer les manifestations
anxieuses secondaires. Ces syndromes dépressifs qui peuvent concerner 50 % des sujets consultant
pour troubles anxieux ne comportent pas, généralement, d'idées suicidaires ni de ralentissement
idéomoteur. Il faut donc savoir rechercher l'existence inhabituelle, chez ces patients anxieux, de signes
dépressifs. Notons, par ailleurs, que ces états dépressifs s'accompagnent souvent d'une aggravation de
la symptomatologie anxieuse qui rend le diagnostic difficile.
D'autres complications psychopathologiques peuvent survenir dans l'évolution du trouble panique. Les
conduites d'alcoolisation et les toxicomanies médicamenteuses semblent être particulièrement
fréquentes et pourraient être liées à la recherche d'une activité anxiolytique de ces diverses substances.
Chez certains patients, cependant, l'alcoolisation pourrait être un facteur d'aggravation du trouble
panique. En effet, les perturbations neurobiologiques et/ou comportementales induites par la prise
d'alcool, et surtout par les sevrages répétés, pourraient contribuer à la genèse ou à l'intensification d'un
trouble panique préexistant.
Récemment, certains auteurs ont retrouvé une grande prévalence de tentatives de suicide chez les
patients souffrant de trouble panique. Si l'existence d'un antécédent d'épisode dépressif majeur et/ou de
conduite alcoolique est fréquemment présente chez les sujets « paniqueurs » ayant eu des
comportements suicidaires, il semble que des facteurs de personnalité puissent être également
impliqués. Ces tentatives de suicide surviennent après le début du trouble panique dans la majorité des
cas et peuvent être considérées comme une de ses complications possibles.
Ces différentes modalités évolutives pourraient rendre compte de l'excès de mortalité retrouvé chez les
hommes souffrant de troubles anxieux paroxystiques.
N'apparaissant pas lors de l'effort, les douleurs thoraciques des attaques de panique pourraient
davantage donner le change pour un angor instable que pour un angor d'effort, mais elles ne sont pas
systématisées, plus diffuses, et ne sont pas spécifiquement sensibles aux dérivés nitrés ou aux
inhibiteurs calciques. Le problème peut être plus difficile quand les manifestations d'angoisses
viennent compliquer une pathologie coronarienne. A la symptomatologie douloureuse classique
s'ajoutent alors des éléments d'atypicité comme une lourdeur thoracique, une intense fatigue, une
oppression thoracique plutôt qu'une striction. Ces signes peuvent très bien marquer également une
aggravation de la maladie cardiaque. Dans l'infarctus du myocarde, plus encore que dans l'angor, les
manifestations anxieuses psychiques et physiques font partie intégrante du tableau et les
manifestations somatiques de l'anxiété sont indissociables des symptômes dus à l'atteinte
myocardique. Au moindre doute, un examen paraclinique et une stricte surveillance s'imposent.
Parmi les autres pathologies à retentissement cardiovasculaire, il est possible d'évoquer le rare
phéochromocytome dont les manifestations cliniques, outre les crises hypertensives, sont représentées
par des accès de sueurs profuses avec hyperthermie et céphalées. Quoique exceptionnel, ce diagnostic
est sûrement le plus difficile à différencier des attaques de panique, ce d'autant que la tension artérielle
est normale pendant les périodes intercritiques.
L'hyperthyroïdie s'élimine sur le caractère chronique et permanent des symptômes et une perte de
poids malgré une augmentation de l'appétit. Un bilan thyroïdien nous paraît cependant souvent
nécessaire chez un patient consultant pour des manifestations anxieuses.
En ce qui concerne les autres troubles anxieux, la distinction avec le trouble anxiété généralisée
(TAG) ne pose, en général pas de problème. En effet, l'anxiété dans ce trouble apparaît insidieusement
à son début pour croître avec le temps alors que la symptomatologie du trouble panique est souvent
d'emblée maximale.
En revanche, il est plus difficile de différencier le trouble panique de certaines pathologies phobiques,
en particulier des phobies sociales. En fait, le mécanisme cognitif n'est pas le même. Les patients
présentant des attaques de panique craignent les situations sociales par peur d'y avoir une attaque, alors
que les phobiques appréhendent simplement d'être humiliés en public. D'autre part, les âges
d'apparition des deux troubles sont différents, les phobies sociales apparaissant dès l'adolescence.
Les troubles de l’adaptation avec humeur anxieuse peuvent être pris pour un TP. Mais l’existence d’un
facteur de stress psychosocial identifié rejette le diagnostic.
Dans la schizophrénie, les manifestations anxieuses sont intimement liées à un substratum délirant et
hallucinatoire.
V - DIAGNOSTICS ASSOCIÉS
Mis à part les diagnostics différentiels que nous venons de citer, dans une liste qui est loin d'être
exhaustive, il existe d'autres troubles, organiques ou non dont les rapports avec le trouble panique ne
sont pas toujours élucidés.
Quoi qu'il en soit, l'existence ou non d'un PVM chez des patients souffrant d'un trouble panique ne
constitue certainement pas un marqueur du trouble anxieux. Il semble peu probable que les épisodes
de palpitations observés dans le PVM puissent initier des épisodes anxieux paroxystiques. Il a été
suggéré que le trouble panique pourrait être un des facteurs étiologiques du PVM. En effet,
l'augmentation périphérique et/ou intracardiaque d'épinéphrine et de norépinéphrine lors des épisodes
aigus d'anxiété pourrait être responsable d'un dysfonctionnement valvulaire. La disparition de tout
signe auscultatoire et échographique de PVM chez des patients souffrant conjointement de cette
pathologie et du trouble panique après 6 mois de traitement par imipramine semble renforcer cette
hypothèse étiologique. Ainsi, certains auteurs proposent une stratégie d'investigations systématiques
chez les sujets de plus de 45 ans présentant des attaques de panique pour détecter et prévenir les
complications possibles du PVM (mort subite, rupture de cordage, arythmie supraventriculaire, mais
surtout greffe endocarditique).
2 - Syndrome d'hyperventilation
Les modifications métaboliques entraînées par une hyperventilation peuvent être responsables d'une
multitude de symptômes, neurologiques, respiratoires, cardiovasculaires, musculaires, voire
psychiatriques. Ces symptômes sont retrouvés dans les attaques de panique et certains ont suggéré un
rôle étiopathogénique de ce syndrome d'hyperventilation dans le trouble panique. S'il est vrai que les
crises anxieuses paroxystiques sont souvent précédées ou accompagnées par des manifestations
d'hyperventilation, ce phénomène ne semble pas universel chez ces patients. Il semble en fait que les
patients souffrant de trouble panique ont une sensibilité cognitive particulière aux symptômes
physiques que peut induire l'alcalose respiratoire consécutive à une hyperventilation. Cette
hyperventilation n'est pas toujours à l'origine de la crise d'angoisse aiguë, mais elle pourrait renforcer
les attaques dans un « cercle vicieux ».
3 - Spasmophilie
VI - FACTEURS ÉTIOLOGIQUES
1 - Théorie biologique :
Des substances panicogènes peuvent déclencher des AP chez la plupart des patients souffrant de TP ;
tout en ayant peu d’effets sur les sujets témoins.
Certains de ces produits agissent par le biais d’un dérèglement du système d’adaptation métabolique et
respiratoire, source d’un déséquilibre acido-basique et d’une hyperventilation. Il en serait ainsi du
CO2, du lactate de Na et des bicarbonates.
Les sujets « paniqueurs » auraient, donc, une plus grande sensibilité biologique.
2 - Théorie cognitivo-comportementale :
Ce modèle insiste sur l’hypersensibilité des patients aux sensations corporelles même mineures
(palpitations par ex.) dont la perception est susceptible de dégénérer en une véritable AP généralisée.
Cette vision catastrophique des circonstances va peu à peu s’apprendre et se renforcer au gré des
expériences vécues ou observées dans l’entourage.
Par ailleurs, la survenue de ces réactions émotionnelles désagréables provoque l’évitement de
situations appréhendées de façon systématiquement menaçantes.
Ainsi, il a été souligné des distorsions dans le traitement de l’information par l’anxieux chez qui la
tendance est de percevoir et de comprendre son environnement de façon angoissante.
TRAITEMENT :
I - CHIMIOTHÉRAPIQUE :
1 - De l'attaque de panique :
- Attitude calme et compréhensive, éloigner l'entourage, rassurer le patient et effectuer un
examen somatique qui pourra amener un début d'anxiolyse et permettra d’éliminer une cause
organique.
- Anxiolytique PO (benzodiazépine en particulier) : par exemple, Valium® 10 à 20 mg, Xanax®
0,5 à 1 mg, Tranxene® 10 mg, Lexomil® 3 mg à renouveler éventuellement.
- La voie IM est moins rapide que la voie PO (fixation aux protéines musculaires). Toutefois,
elle offre l’avantage d’un effet placebo supplémentaire non négligeable : Valium® 10-20 mg,
Tranxene® 20-50 mg.
- Dans les cas sévères on peut utiliser un neuroleptique sédatif : Tercian® 50 mg PO.
2 - Du trouble panique :
- Elle a une durée de 6-12 mois. Elle sera progressivement diminuée jusqu’à l’arrêt.
- On vérifiera l’absence de contre-indications
- Elle est mise en route progressivement par paliers d’une semaine environ, permettant ainsi de
juger de son efficacité et éviter une éventuelle exacerbation de l’anxiété en début de
traitement.
- Elle agira essentiellement sur la prévention de la récurrence des attaques de panique.
* Antidépresseurs :
- Tricycliques : imipramine (Tofranil®) ; clomipramine (Anafranil®) à une posologie moyenne
variant de 50 à 300 mg/j (variabilité due à la sensibilité personnelle et à l’intensité du trouble
panique). L’efficacité est maximale à partir de 2-3 mois.
- ISRS : Fluoxetine (Prozac®) à 10-20 mg/j, Paroxetine (Deroxat®) à 20 mg/j ; Sertaline
(Zoloft®) à 25 mg/j ; citalopram (Seropram®) à 20-30 mg/j ; Venlafaxine (Effexor®) à 25-75
mg/j.
- IMAO-A : de moins en moins utilisés de part leurs nombreux effets secondaires.
* Benzodiazépines :
- A prescrire avec la plus grande prudence, le risque de dépendance étant ici majeur.
L’association aux antidépresseurs est justifiée lorsqu’une action rapide sur l’angoisse est
nécessaire.
- Alprazolam (Xanax®) : 2-10 mg/j ; Clonazépam (Rivotril®) : 2-4 mg/j.
3 – Affirmation de Soi :
- Méthode qui peut être aussi employée pour améliorer le contrôle émotionnel et développer des
comportements mieux adaptés aux situations anxiogènes.
4 – Thérapies corporelles
- La relaxation peut être indiquée pour induire une réponse physiologique antagoniste à la
réponse neurovégétative excessive anxieuse.
- Elle tente d’obtenir une détente musculaire et une meilleure maîtrise de la réponse respiratoire
et cardiaque (relaxation musculaire progressive, bio-feed-back, training autogène de
SCHULTZ)
Le traitement psychothérapique associé à un traitement médicamenteux et plus efficace que l’une des
deux méthodes instaurées seules.
L'anxiété généralisée demeure l'entité clinique la plus discutée au sein des troubles anxieux car elle
représente une catégorie diagnostique très hétérogène.
Isolée du trouble panique à la suite des travaux de Klein, elle coexiste fréquemment avec ce dernier
ainsi qu'avec les troubles dépressifs.
Sa définition est liée à une durée des troubles, variable suivant les classifications. La notion de
personnalité anxieuse semble également recouvrir en grande partie l'acception actuelle de cette
modalité chronique de l'anxiété.
EPIDÉMIOLOGIE :
Pour de nombreux auteurs dont Barlow, en raison de la forte comorbidité qui le caractérise et de son
rapport à la personnalité, le TAG pourrait être conceptualisé comme un trouble anxieux de base, un
terrain ou tempérament anxieux qui constitue une vulnérabilité à développer des troubles anxieux
additionnels et/ou des troubles de l’humeur. L’âge de survenue plus précoce du TAG par rapport aux
autres troubles anxieux peut être un argument en faveur de cette hypothèse.
Il est, donc, à l’heure actuelle plus utile, au plan pratique, de considérer le TAG comme une entité
diagnostique afin d’établir un choix rationnel parmi les thérapeutiques de l’anxiété.
FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ :
Une prédisposition génétique partagée avec la dépression majeure est retrouvée chez certains patients
ayant un TAG.
Les événements de vie tels que le divorce ou la perte d’emploi sont significativement associés au
TAG.
Des traits de personnalité évitante et/ou dépendante, compulsive, ou d’hypersensibilité
interpersonnelle ainsi que des troubles de l’adaptation sont souvent retrouvés dans le
TAG.
DESCRIPTION CLINIQUE
I - SYMPTÔMES PSYCHIQUES
Ils sont représentés par un sentiment d'insécurité permanent ou l'attente d'une menace imprécise. Cette
anxiété est floue. Ces patients « craignent et attendent le pire », majorant le moindre souci,
s'interrogeant sur leur avenir, ils sont en permanence préoccupés (« chronic worriors »). Parfois
irritables et en proie à une agitation extrême, ils réagissent de façon excessive ou sursautent au
moindre stimulus environnemental (sonnerie de téléphone, claquement de porte, etc.). Souvent indécis,
ils doutent d'eux-mêmes et de leur entourage. Les troubles de la concentration et les difficultés à
maintenir une activité intellectuelle prolongée sont des manifestations cognitives fréquentes chez ces
patients.
On note souvent des variations nycthémérales de ces symptômes. L'anxiété apparaît dans la journée,
au cours de l'après-midi pour culminer dans la soirée. Il est classique d'y opposer le cycle rencontré
dans les dépressions dont les manifestations prédominent le matin. On pourrait regrouper ces
manifestations dans un syndrome d'hypervigilance, ce d'autant que les électroencéphalogrammes
pratiqués chez ces patients montrent une diminution du rythme alpha et une augmentation des rythmes
d'éveils.
La symptomatologie du TAG est très polymorphe, mais peut être regroupée en trois ensembles
syndromiques qui s'associent et que l'on retrouve dans toutes les pathologies anxieuses.
On peut ainsi distinguer : la tension motrice, l'hyperactivité végétative et l'hypervigilance. Cette
symptomatologie est souvent insidieuse et d'évolution chronique.
L'individualisation du TAG est très discutée actuellement. Certains pensent qu'il est discutable de le
distinguer du trouble panique, d'autres suggèrent que ce trouble pourrait relever du même noyau de
vulnérabilité biologique et psychodynamique que la dysthymie et l'intègrent dans un syndrome
névrotique général. En dehors de ces considérations nosographiques, l'expérience clinique témoigne de
l'existence de patients dont les troubles peuvent se compliquer d'attaques de panique ou d'épisodes
dépressifs majeurs.
Cette entité nosographique peut être sous-tendue par des phénomènes psychodynamiques non
univoques, et pourrait correspondre, du moins chez certains patients, à une structure de personnalité
particulière que l'on pourrait qualifier de personnalité anxieuse. L'évolution est souvent marquée par
des fluctuations symptomatiques. Par ailleurs, l'apparition de troubles dépressifs bien que tardive est
fréquente.
A. Anxiété et soucis excessifs (attente avec appréhension) survenant la plupart du temps durant au
moins 6 mois concernant un certain nombre d’événements ou d’activités (tel le travail ou les
performances scolaires).
C. L’anxiété et les soucis sont associés à 3 (ou plus) des 6 symptômes suivants (dont au moins certains
symptômes présents la plupart du temps durant les 6 derniers mois). N.B. :
(1) agitation ou sensation d’être survolté ou à bout
(2) fatigabilité
(3) difficultés de concentration ou trous de mémoire
(4) irritabilité
(5) tension musculaire
(6) perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement ou sommeil interrompu ou sommeil
agité et non satisfaisant).
E. L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines
importants.
F. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance, d’une affection
médicale générale ou d’un autre trouble mental.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
Le DSM IV donne un certain nombre de diagnostics différentiels. Ils ne sont évidemment pas
exhaustifs. Les plus importants seront développés ci-dessous.
1 - Etat dépressif
Il est fréquent que les patients présentant ce type de symptômes consultent à l'occasion d'un autre
trouble anxieux ou dépressif. Dans les cas les plus simples, les malades rapportent des sentiments
d'inquiétude pathologique, d'épuisement, de troubles du sommeil et d'énervement inhabituel. Mais
contrairement aux patients dépressifs, ils n'expriment pas d'idées suicidaires, de pessimisme ou de
ralentissement idéomoteur. Les troubles de la concentration, fréquemment retrouvés, sont souvent liés
à une instabilité cognitive, et non à un désintérêt. S'il est vrai que ces patients anxieux paraissent
souvent tristes, la morosité qu'ils rapportent est secondaire à l'anxiété et à la gêne qu'elle procure. Les
troubles alimentaires rencontrés sont plus souvent d'allure hyperphagique, l'anorexie est très rare. On
ne retrouve pas chez ces sujets de perte de l'estime de soi et de diminution ou de perte des
investissements intellectuels ou affectifs. Au contraire, ces patients souffrent de ne pas pouvoir
profiter de ce qui peut mobiliser les autres. Ainsi, pourrait-on dire que le déprimé n'a plus de projet et
se réfugie dans le passé alors que l'anxieux, confronté à ses projets, appréhende de les réaliser. Il n'est
cependant pas rare que ces patients souffrant de TAG et n'obtenant pas de sédation de leurs troubles
présentent durant l'évolution un authentique syndrome dépressif qui cède avec le traitement du trouble
anxieux lui-même.
2 - Trouble panique
Le TAG est souvent associé à un trouble panique. Il apparaît souvent comme une anxiété de fond, qui
accompagne les manifestations anxieuses paroxystiques. Mais, contrairement au trouble panique, la
crainte des patients souffrant de TAG n'est pas centrée sur les attaques de panique. Ces patients ont
« peur du pire ». Pour eux, les manifestations aiguës d'angoisse ne sont souvent qu'un épiphénomène
qui n'est pas au centre de leurs inquiétudes.
Les autres diagnostics différentiels à évoquer sont ceux du trouble panique. Pour mémoire :
l’anxiété non pathologique, normale ;
l’anxiété due à une affection organique ;
l’effet anxiogène de médicaments tels que la thyroxine, théophylline, neuroleptiques,
antidépresseurs, sympathomimétiques, antihistamines ou stéroïdes ;
l’anxiété liée à une psychose ;
l’anxiété induite par l’abus de substance ;
un autre trouble anxieux :
– stress aigu
– stress post-traumatique
– trouble de l’adaptation à un événement stressant ;
– trouble panique
– anxiété situationnelle du phobique,
– lutte anxieuse récurrente de l’obsessionnel compulsif.
MODALITÉS ÉVOLUTIVES
L’évolution habituelle se fait vers la chronicisation du trouble avec une tendance à l’amélioration avec
l’âge.
Les symptômes envahissent progressivement les sphères cognitives, émotionnelles, affectives et
relationnelles jusqu’à interférer sur la vie du malade.
L’adaptation relationnelle, familiale, professionnelle et sociale s’en trouve profondément perturbée,
aggravant le pronostic.
Les symptômes d’allure somatique sont à l’origine d’une surconsommation médicale pouvant aboutir
à une réelle démarche hypocondriaque.
Des conduites addictives (alcool et tranquillisants) à visée anxiolytique sont redoutées durant toute
l’évolution.
La complication majeure du TAG est la survenue d’une authentique dépression, au-delà d’une
comorbidité souvent fréquente.
1 - Modèle biologique :
L’efficacité des BZD a souligné l’intérêt de la recherche en direction des neurotransmetteurs GABA et
5-HT. Bien qu’aucun argument formel ne permette d’impliquer des anomalies précises au niveau de
ces récepteurs, certaines études ont évoqué l’existence de dysfonctionnements mono-aminergiques
dans certaines régions corticales ou limbiques des patients anxieux.
2 - Modèle cognitivo-comportemental :
Le TAG résulterait de biais dans le traitement de l’information dont certains paramètres seraient
perçus et intégrés de façon préférentielle pour aboutir à une représentation négative et dangereuse des
situations pathogènes.
L’évitement répété des expériences redoutées entretiendrait alors le doute et le sentiment d’incapacité
à gérer les menaces.
3 - Modèle analytique :
L’anxiété traduirait la présence de conflits inconscients non résolus dont l’émergence spontanée ou
déclenchée par les circonstances, générerait les symptômes observés.
Ces phénomènes renverraient à différents stades développementaux particulièrement cruciaux pour
chaque individu. Parmi ceux-ci, l’angoisse de séparation et la crainte de perdre un objet ou une
personne fortement investis par le sujet représenteraient des angoisses existentielles fondamentales
ravivées par des expériences évocatrices.
TRAITEMENT :
I – RÈGLES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES :
- arrêt des excitants : café, thé, tabac, alcool,…
- pratique sportive,
- cure en station thermale, hydrothérapie,…
II – CHIMIOTHÉRAPIE
1 – Tranquillisants :
* Benzodiazépines :
-
Produits de choix, peuvent poser des problèmes de tolérance, de résistance et de dépendance.
-
Durée moyenne du traitement : 6-12 mois
-
Ils seront entamés et arrêtés progressivement
-
Benzodiazépine à ½ vie moyenne : LEXOMIL® à 6 mg/j, TEMESTA® à 2-4 mg/j
-
Benzodiazépine à ½ vie longue : LYSANXIA® 20 à 40 mg/j, TRANXENE® 10-20 mg/j
* Buspirone (BUSPAR*)
-
Composé non-benzodiazépinique, agoniste des récepteurs 5 HT1A, dépourvu d’effets sédatifs
et n’entraîne pas de dépendance élevée.
-
Il procure une anxiolyse progressive (délai d’action : 20 j)
-
Son efficacité est inférieure à celle d’un patient traité par Benzodiazépine.
* Autres :
-
Méprobamate : EQUANIL®
-
Hydroxyzine : ATARAX®
-
Neuroleptiques à faible dose : ex. : Halopéridol 0,2 % (0,4 à 1 mg/j), Thioridazine
(MELLERIL®), Lévomepromazine (NOZINAN®)
III – PSYCHOTHÉRAPIE :
1 – Thérapie cognitivo-comportementale :
-
Le traitement cognitif tente de corriger la distorsion du processus de pensée et du traitement
de l’information.
-
Le traitement comportemental s’adresse directement aux symptômes somatiques en utilisant la
technique de relaxation et de biofeedback.
- Le sujet apprend à identifier ses symptômes somatiques et à les reconnaître en tant que tels
plutôt que comme le signe d'une catastrophe imminente.
2 – Thérapie de soutien :
-
Procure un confort et une réassurance mais son efficacité à long terme reste controversée.
3 – Psychothérapie analytique :
-
Met l’accent sur des conflits inconscients non révélés.
-
Elle sera réservée aux patients motivés par la recherche des causes précises et anciennes de
leur anxiété.