Chapitre 1 : Introduction
En bref :
- Droit international : droit créé par les États, ou des acteurs habilités par ces derniers
- Droit international privé : la branche du droit international visant à réguler des relations
n’impliquant pas un État ou une organisation internationale
- Droit international public : la branche du droit international visant à réguler des relations
impliquant un État ou une organisation internationale
- NB : comme toute tentative de classification, il y a des limites (ex : DI pénal)
Positivisme (Black’s Law Dictionary) : “théorie selon laquelle les règles juridiques ne sont valides
que parce qu’elles ont été adoptées par une autorité politique existante ou reconnue comme
contraignante dans une société donnée, pas parce qu’elles sont fondées sur la morale ou le droit
naturel”
→ en droit interne, les règles de droit positif ce sont les règles créées par les autorités légitimes
→ en droit international, les États ne sont liés que par les règles auxquelles ils ont consenti
Droit naturel (Black’s Law Dictionary) : “un système de principes juridiques et moraux,
prétendument dérivés d’une conception universelle de la nature humaine ou de la justice divine
plutôt que de l’activité législative ou judiciaire ; il est fondé sur les principes de bien et de mal”
→ les États sont liés peu importe leur consentement
III. Les caractéristiques de l’ordre juridique international
A) Égalité de droit et inégalité de fait
Égalité de droit = les États ont des droits égaux, c’est aussi l’égalité souveraine, aucun État est
soumis à un autre
Conséquence :
- l’autonomie constitutionnelle : les États sont libre de choisir leur organisation interne, s’ils
sont une démocratie ou une dictature (sa forme), pas d’obligation d’être démocratique en droit
international
→ après il peut vouloir adhérer à des traités qui peuvent lui imposer d’être démocratique
- contrôle à priori : présomption de légalité des actes internationaux : 0 contrôle de légalité a
priori
→ arrêt SA du Lac Lanoux, 1957 (France/Espagne) : “Il existe un principe de droit général et bien
établi selon lequel la mauvaise foi ne se présume pas”
- respect du droit international : les État ont l'obligation de respecter les règles auxquelles ils
ont consenti
- la non-ingérence : aucun État a à nous forcer à faire quoi que ce soit
- résolution pacifique des différends : s’il y a un litige, on a pas le droit de le régler par les
armes
→ les seules circonstances, depuis la Charte des nations unies sont si on est attaqué (légitime
défense) ou autorisation du Conseil de sécurité
IV. Hiérarchie, anarchie : les différences entre l’ordre juridique interne et l’ordre juridique
international
L’auto-Justice : les États se font justice eux-mêmes
→ c’est ce qu’on appelle les contre-mesures = possibilité qu’on a de réagir à une violation du droit
international, en violant nous même le droit international
→ règles : réagir de manière proportionnée et pas le droit de régir avec la force
I. Introduction
Sujet de droit =
- États
- Organisations internationales
= personne physique ou morale qui a des droits et des devoirs, dans un ordre juridique donné, et
qui peut les exercer (CIJ 1949 Réparation des dommages subis au service des Nations Unies)
II. L’État
État = personne morale de droit public, exerçant son autorité sur un territoire et sur une population
titulaire de la souveraineté
→ territoire, population, souveraineté interne et externe, pouvoir politique organisé
La taille du territoire n’importe pas (ex : Monaco) et il ne doit pas forcément être en un seul
morceau (ex : la France avec ses territoires ultra-marins), ou avoir des enclaves (ex : Russie)
2. La population
= personnes qui vivent de manière permanente sur le territoire, inclut les nationaux et les
étrangers
→ si la population disparaît, plus d’État
→ peu importe la taille de la population
État failli = États qui ont eu la qualité d’État mais comme ils ne sont plus en capacité d’assurer le
contrôle sur leur territoire, pourraient ne plus avoir la qualité d’État
Ex : Somalie
L’État est libre du choix de sa structure interne, libre d’être une dictature
→ CIJ, Avis consultatif (Sahara Occidental), 1975 : “De l'avis de la Cour, aucune règle de droit
international n'exige que l'État ait une structure déterminée, comme le prouve la diversité des
structures étatiques qui existent actuellement dans le monde”
→ CIJ Affaire du Nicaragua (1986)
La reconnaissance = acte unilatéral par lequel un État ou une organisation internationale admet
l’existence d’une situation ou d’un fait (ex : la naissance d’un nouvel État, un changement de
gouvernement, la neutralité d’un État, …) et accepte de se voir opposer les conséquences
juridiques qui en résultent.
→ processus par lequel un ou plusieurs État reconnaissent un autre comme tel
→ d’un point de vue juridique : un État peut en être un sans la reconnaissance des autres mais
d’un point de vue factuel, ça va être dur de survivre sans (pas de relations diplomatiques, pas de
commerce extérieur, …)
B) La souveraineté
1. Le concept de souveraineté
Certaines entités pourraient satisfaire aux 3 éléments constitutifs mais ne sont pas un État car il
leur manque la souveraineté
→ souveraineté = pouvoir suprême de l’État
→ l’État n’a pas d’égal sur la scène interne (à une compétence ultime sur son territoire et sur les
personnes qui y vivent) et pas de supérieur sur la scène externe (il ne sera tenu qu'aux règles
auxquelles il y a consenti)
CPJI, 1923, Affaire du Vapeur “Wimbledon” : la souveraineté permet aux États de souscrire aux
engagements internationaux, qu’ils doivent ensuite respecter
Concept défini par l'arrêt CIJ, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua (1986)
→ éléments constitutifs de cette intervention :
- contrainte : la force peut être une forme de contrainte (mais toute forme de contrainte n’est
pas forcément la force)
- liberté de l’État : libre choix du système politique, économique et social de l’État (= le
domaine réservé de l’État)
b) Exceptions au principe de non-intervention ?
→ les possibles exceptions à ce principe : deux théories
- L’ingérence humanitaire : concept développé par Bettati et Kouchner qui ont dit que
lorsque sur le territoire d’un État il y avait des violations (ex : population persécutée) il y a le
possibilité d’envoyer des vivres et des médicaments ainsi que l’armée pour protéger la population
→ dans l’absolu ça n'existe pas, le seul moyen pour ça est une résolution du Conseil de sécurité,
dans un certain nombre de situation, il a autorisé l'envoi de troupes ou d’aide à certaines
population
Ex : intervention du Conseil de sécurité au Kurdistan irakien (résolution 688 du 5 avril 1991), au
Rwanda ou en Somalie (résolution 733 du 23 janvier 1992), en Yougoslavie
- La responsabilité de protéger : tentative de le faire renaître avec ce principe, l’idée est que
le Conseil de sécurité devait obligatoirement permettre une intervention lorsqu’un État commet un
génocide/crime de guerre/crime contre l’humanité
→ a marché une première fois en Libye pour que la France et le Royaume-Uni établissent une
zone d’exclusion aérienne pour empêcher le massacre de la population libyenne
→ mais aujourd’hui la Russie et la Chine refusent
- Le sauvetage des nationaux : théorie à une époque qui disait que si les ressortissants d’un
État sont en danger à l’étranger, cet État à droit d’intervenir sur un autre État pour les secourir
Ex : raid d’Entebbe en 1976
→ du point de vue du droit international, la souveraineté de l’Ouganda a été violée, même si les
israéliens étaient en danger
2. Les immunités
= permet de faire en sorte qu’un État et ses agents ne soient pas soumis aux actes d'autorité d’un
autre État
→ règles pour la plupart coutumière car remontent à très longtemps, même s’il y a quelques
conventions : Convention de Bâle de 1972 (peu d’États parties), Convention des Nations Unies
sur les immunités juridictionnelles des Etats et de leurs biens
→ travaux de codification de la Commission du droit international en cours
Deux types :
a) L’immunité de l’État
→ l’État et ses biens ne peuvent pas faire l’objet d’une contrainte par un autre État : article 5 de la
Convention des Nations Unies : “un État jouit, pour lui-même et pour ses biens, de l’immunité de
juridiction devant les tribunaux d’un autre État”
La première forme d’immunité de l’État est l’immunité de juridiction : un État ne peut pas être
assigné en justice devant les juridictions d’un autre État (requête irrecevable en cas contraire)
→ exception :
- s’il lève lui-même l’immunité : il consent à être jugé
- si le litige porte sur une transaction commerciale car seul les actes de souveraineté sont
protégés par l’immunité, les actes de gestion permettent d’assigner un État devant une juridiction
La deuxième forme d’immunité de l’État est l'immunité d'exécution : certes l’État est protégé des
poursuites, mais les immunités protègent aussi les biens de l’État
→ pas le droit de porter atteinte à ces biens-là, les autorités d’un État n’ont pas le droit de saisir
les biens d’un autre État
→ exceptions :
- consentement de l’État
- biens affectés à des fins autres que le service public et non commercial : si l’État a acquis
des biens à des fins commerciales, ce bien on considère qu’il est de cette catégories car il permet
à l’État de garder de l’argent, et peuvent alors être saisi
La protection du personnel diplomatique est une protection qui s’étend aussi à certains membres
de la famille
Arrêt CIJ 1980 : les locaux d’une ambassade jouissent aussi d’une immunité
→ violation du droit international
- consulaire : immunité moin étendue car ce ne sont pas des représentants de l’État
→ l’immunité ne vaut pas s'ils commettent un crime grave et ne sont protégés que dans le cadre
des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions
En bref :
- Personnel diplomatique : protégé contre “toute atteinte à sa personne, sa liberté ou sa
dignité”, et jouit d’une immunité juridictionnelle, tant devant les juridictions pénales que civiles et
administratives
- Personnel consulaire : Convention de Vienne sur les relations consulaires (24 avril 1963)
→ limite pour les crimes graves + protégés qu’à raison des actes accomplis dans l’exercice des
fonctions consulaires
b) La compétence personnelle
= celle pouvant être exercée sur des personnes en raison d’un lien qui est la nationalité quelque
soit le lieu où se situent ces personnes (marche aussi pour les navires, avions, personnes
morales)
→ deux situations à distinguer :
- la personne se situe dans un espace sous souveraineté
→ compétence personnelle limitée (pas compétence d'exécution) : si on veut faire appliquer notre
loi à l’étranger, c’est possible qu’avec l’accord de l’État territorial et donc la coopération des
organes de cet État territorial sera sollicité (possibilité par des traité, des traités d’extradition
contre la personne recherchée)
→ arrêt CIJ 1955 Nottebohm : cas des doubles nationalités dont la deuxième est acquis de
manière bizarre
- la personne se situe dans un espace non soumis à la souveraineté d’un autre État
→ l’État a une compétence normative et d'exécution
Ex : la haute mer (ce qui compte est la nationalité du bateau), l’espace aérien qui la survole,
l’espace
2. La nationalité
Pour qu’un État naisse il faut qu’il y est une population, la nationalité vient après
c) Les engins
Leur caractéristique est qu’ils bougent
→ l’État définit comment il attribue sa nationalité : une fois qu’il a la nationalité, peu importe la
nationalité des personnes ou cargaison qui se trouve à bord, c’est la nationalité de l’engin qui
compte
★ avions (aéronefs)
→ ce qui compte est le lieu d’immatriculation (Convention de Chicago de 1944)
★ engins spatiaux
→ l’immatriculation est faite par l’État qui lance l’engin -l’État de lancement- (article 2 de la
Convention de New York de 1975)
→ il peut y avoir des arrangements du fait de la rareté des sites de lancement
→ utilité s’il y a un accident
3. Les compétences concurrentes des États
Parfois il arrive où plusieurs État on compétence, mais normalement il y a une hiérarchisation
Le juge national peut apprécier la légalité internationale des actes des États étrangers (mais
tension avec la présomption de régularité)
→ doctrine de l’Act of State : les juges, avant d’accorder des effets à un acte étranger, contrôlent
sa légalité (alors que présomption de légalité des actes)
→ tension entre deux choses :
★ l’État est souverain
★ un autre État n’a pas compétence pour contrôler la légalité des actes d’un autre État,
principe appliqué par les États-Unis pendant longtemps, de 1897 à 1964 : refus
catégorique d’apprécier la légalité d’un acte étranger
→ mais dans les années 60, un certain nombre de biens sont nationalisés à l’étranger, ce qui a
créé des problèmes, et depuis 1964, les juridictions s’estiment compétentes
Alternative : les français ne se prononcent pas sur la légalité de l’acte, ils mettent en œuvre l’ordre
public
→ les juridictions acceptent ou pas de lui donner application, sans dire qu’il accepte de donner
des effets car il est légal ou pas mais car il est conforme à l’ordre public (arrêt de 1969 de la Cour
de cassation, Compagnie française de crédit et de banque)
b) L’extraterritorialité
Le problème est la situation d’extraterritorialité dans laquelle l’État cherche à réguler une action à
l’étranger avec des étranger sur des étranger (aucun lien avec les ressortissants)
Ex : les Etats-Unis et leur lois Helms-Burton et d’Amato-Kennedy
c) L’extradition
Permet de concilier compétence personnelle et territoriale : permet à un État de demander à un
autre État la remise d’un individu
Ex : Julien Assange actuellement entre le Royaume-Uni et les États-Unis
Conditions :
- infraction qui doit être punie d’une certaine gravité (curseur généralement sur 3 ans
d’emprisonnement)
- principe de spécialité : l’infraction doit aussi être punie dans l’État qui effectue la remise
- pour les États qui ont interdit la peine de mort : il faut des garantie comme quoi elle ne sera
pas prononcer ou pas exécutée
- il ne peut pas juger pour des infractions autres que celles dont il a fait la demande
Exception : infractions politiques, normalement, un État ne peut pas accorder l’extradition si c’est
pour des motifs politiques
A) La personnalité juridique
Ce qui permet à une entité d’avoir des droits et obligations et de les exercer
→ pour vérifier qu’une entité en a une :
- référence explicite (ex : UE, article 47 “l’UE à la personnalité juridique”)
- référence implicite : on regarde alors l’acte constitutif de l’organisation internationale et les
fonctions qui lui ont été assigné
Les organisations internationales peuvent être habilités à créer du droit = droit dérivé
Ex : résolutions du conseil de sécurité, directives de l’UE
IV. Les particuliers
A) Le statut des particuliers
Dans l’absolu, les particuliers ne sont pas des sujets, mais les États peuvent en convenir
autrement dans un accord spécial, et peuvent alors accorder des droits et des obligations à des
particuliers
Ex : les droits de l’Homme (CEDH, traité signé entre des États qui s’accordent à donner aux
particuliers un certain nombre de droits)
b) L’effectivité
Moyens d’assurer le respect des droits de l’homme :
- Juridictionnels
→ présence de tribunaux
→ différents mécanismes de plaintes : interétatiques et individuels
★ plainte individuelle (la plus évidente) : marche bien si l’État a reconnu la compétence de la
Cour (ce qui n’est pas systématique, pendant longtemps, la France était partie de la CEDH
mais ne reconnaissait pas la compétence de la Cour, elle l’a fait 24 ans après)
★ plainte interétatique : un État saisi une Cour eu égard d’une situation dans un autre État :
ne marche pas car problème diplomatique, si ça marche c’est qu’il y a un état de crise
préexistant entre les deux États (ex : Turquie et la Grèce, Royaume-Uni et Irlande) ou des
cas désintéressés (ex : l’affaire grecque)
- Non-juridictionnels
Les rapports périodiques (rapports des États envoyés aux comités d’experts des conventions)
tous les 4 ans
+ mécanismes d’enquête : les comités peuvent envoyer un enquêteur pour visiter des centres de
détention (convention contre la torture, …)
2. La protection diplomatique
Droits consulaires : droit que l’État où on a été arrêté informe le consulat de notre arrestation et
d’être aidé par la France dans nos démarches
→ sinon la France peut invoquer la protection diplomatique (Commission du droit international) =
“consiste en l’invocation par un État, par une action diplomatique ou d’autres moyens de
règlement pacifique, de la responsabilité d’un autre État pour un préjudice causé par un fait
internationalement illicite dudit État à une personne physique ou morale ayant la nationalité du
premier État en vue de la mise en œuvre de cette responsabilité”
→ l’État décide d’en faire son problème
→ conditions :
- nationalité de l’État
- épuisement des voies de recours interne dans l’État dans lequel on est arrêté/saisie de
biens
Il n’est pas obligé d’activer la protection diplomatique, mais on ne peut pas renoncer à la
protection
Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie + Rwanda créé par le Conseil de sécurité
→ avantage : l’ensemble des États de la planète ont l’obligation de coopérer
→ tribunaux hybrides = quand un État sollicite une aide extérieure (souvent l’ONU), pour juger des
faits qui se sont passés chez lui
Ex : tribunal spécial pour la Sierra leone, chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens,
tribunal spécial pour le Liban
La Cour pénale internationale qui est née du Statut de Rome de 1998 a compétence pour juger
les crimes de guerre, contre l'humanité, génocides et les crimes d'agression
→ mais n’a compétence que pour les État partie ou les ressortissants d’un État partie (principale
faiblesse)
→ même si elle a compétence, et qu’il y a des mandats d’arrêt, il n’y a pas de police (bonne
volonté des États partie)
I. Les traités
Traité = accord écrit entre des États, preuve du consentement des États
Convention de Vienne sur le droit des traités (CVDT) : l’expression “traité” s’entend d’un accord
international conclu par écrit entre États et régi par le droit international, qu’il soit consigné dans un
instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa
dénomination particulière
Accord = consentement, qui peut être contenu dans un ou plusieurs instruments (texte ou
ensemble de texte, car un traité peut découler d’un échange de note)
- entre des parties = les États (exceptions : accord d’Oslo signé entre l’État d’Israël et l’ONP)
- doit produire des effets de droit : on fait la différence entre les traités qui ont des effets
juridique et l’accord qui a des effets politiques
Ex : l’acte final d'Helsinki qui n’est pas un traité, c’est un accord car pas destiné à produire des
effets de droit
Distinction entre les deux : dans le cadre de l’acte final : les représentants ont dit qu’ils ne
considèrent pas ça comme un traité + principe selon lequel les traités doivent être
enregistrés au secrétaire général de l’ONU (ici l’acte sera transmis pour information et non
pour enregistrement)
A) La conclusion du traité
1. L’élaboration d’un traité
Naissance d’un traité : négociations qui peuvent être bilatérales (entre deux États : notes
diplomatiques ou envoie d’un ambassadeur) ou multilatérales (organisation d’une conférence
dans une ville (ex : l’ONU a été négociée lors de la conférence de San Francisco)), organiser les
négociations dans l’enceinte d’une organisation internationale (ex : énormément de traités sont
négociés à l’ONU))
Compétence de :
★ La Troïka : le président de la République (chef d’État), le 1er ministre (chef de
gouvernement) et ministre des Affaires étrangères
→ compétence les plus étendues car autant qu’ils sont en fonction ils peuvent signer n’importe
quel traité avec n'importe qui (compétence permanente et générale)
★ Les ambassadeurs auprès de l’État : aussi longtemps qu’ils sont en fonction ils peuvent
signer n'importe quel traité avec l’État dans lequel ils sont en poste
★ Autres cas : nécessité de produire les pleins-pouvoirs (= courrier dans lequel le chef de
l’État affirme sa capacité à représenter l’État, dans la limite fixée par celui-ci)
2. L’adoption du traité
Un traité contient en général 4 parties :
★ préambule : ce qui a motivé les États à s’engager, qui n’est pas contraignant
★ dispositions substantielles : les articles, droits et obligations qui sont créés par le traité et
qui sont contraignants
★ clauses finales : en général traitent de la vie, de l’évolution du traité, des conditions de
l’entrée en vigueur, …
★ annexes : contraignantes mais pas systématiques
La signature met fin aux négociations (les Etats-Unis signent beaucoup de traités mais ne les
ratifient pas)
- traités en forme solennelle : nécessitent ratification
- traités en forme simplifiée : nécessitent une signature
→ soit le traité lui-même, dans ses dispositions dit qu’il faut ratifier, soit exprimé lors de la
négociation, …
→ aujourd’hui la plupart des traités signés le sont en forme simplifiée
Même quand la signature ne suffit pas à engager l’État il y a l’obligation de bonne foi
→ entre le moment de la signature et le moment de l’entrée en vigueur, on doit s’abstenir d'actes
qui priveraient le traité de son objet et de son but
3. La procédure française
En France, pour adhérer à un traité :
- article 52 (le président de la république négocie et ratifie les traités, pas au sens
parlementaire)
- article 53 (liste de traité qui doivent bénéficier d’une approbation parlementaire, aka
ratification), donc les autres ne nécessitent qu’une signature présidentielle
Possibilité de saisir le Conseil constitutionnel pour contrôler le traité par rapport à la Constitution
Ex : statut de Rome de la CPI, il a dit qu’on ne peut pas signer un traité qui retire l’immunité au
chef de l’État, donc révision de la Constitution
4. Les réserves
Article 2(1)(d) de la CVDT : “L’expression « réserve » s’entend d’une déclaration unilatérale, quel
que soit son libellé ou sa désignation, faite par un Etat quand il signe, ratifie, accepte ou approuve
un traité ou y adhère, par laquelle il vise à exclure ou à modifier l’effet juridique de certaines
dispositions du traité dans leur application à cet État”
C’est une déclaration faite par un État au moment où il adhère à un traité
→ peut être interprétative (où on dit qu’on adhère au traité mais j'estime que telle disposition sera
interprétée dans tel sens, ex : certains pays du golfe disent que tel ou tel droit de l’homme ne sera
pas applicable aux femmes) ou d’exclusion (j’adhère mais tel article ne me sera pas applicable)
Aléas :
- dans certains cas, le traité peut interdire les réserves, soit les autorise ou rester silencieux,
mais les réserves sont acceptables seulement si elles sont compatibles avec l’objet et le
but du traité
- la réaction des autres État : ils ne peuvent rien dire ou peuvent s’y opposer soit parce qu’ils
estiment que c’est contraire à l’objet et au but ou contraire à leurs intérêts
La particularité de la réserve est qu’elle va instaurer différents types de relations juridiques (cf
schéma)
Quand une réserve est invalidée, l’État est tenu d’adhérer au traité et sa réserve n’est pas retenue
(donc c’est quitte ou double)
→ il ne peut quitter le traité que s’il y a une clause
Article 52 de la Charte des Nations Unies : principe d’enregistrement des traités au Secrétaire
général de l’ONU
→ CIJ : purement théorique de refus d’invoquer un traité par enregistré
6. Validité du traité
Dans certaines situations, une adhésion au traité peut être nulle, dans d’autres c’est le traité lui-
même qui est invalide et donc invalide pour tous
Donc seule notre adhésion est nulle (traité entier si traité bilatéral)
b) La nullité du traité
Présence d’une norme impérative : jus cogens
i. Concept : des normes sont si fondamentales qu’on ne peut pas y déroger par la voie d’un traité,
sinon celui-ci est nul
→ impossible de signer de traité dans lequel l’objet du traité est de commettre ca (ex : traité pour
remettre l'esclave)
→ ce sont ces normes :
★ L’interdiction de l’agression
★ L’interdiction de la torture
★ L’interdiction des crimes contre l’humanité
★ L’interdiction de l’apartheid et de la discrimination raciale
★ Esclavage
★ Le droit à l’autodétermination
★ Les règles fondamentales du droit international humanitaire
ii. Identifier une norme impérative : projet de la CDI qui a identifié deux critères :
- il doit s’agir d’une norme du droit international général
- doit être acceptée et reconnue par la communauté internationale des États dans son
ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise (norme jus
cogens)
C) La révision du traité
Deux possibilités :
1. Révision formelle : l’amendement
Interdit (pour toujours ou un certain temps) ou autorisé selon les traités (ex : Statut de Rome de la
Cour pénale internationale, système de conférence où les États discutent des changements à
apporter au traité)
Il peut aussi ne rien dire quant à la possibilité d’amender : règles de la Convention de Vienne sur
le droit des traités
→ deux situations :
- la révision fait consensus : l’ensemble des parties est d’accord pour procéder à la révision
→ le traité s’applique tel qu’amendé
- la révision ne fait pas consensus : le traité s’applique entre les États qui ont accepté
l’amendement et le traité original s’applique entre les États qui l’ont refusé
- révision par la majorité : prévue par le traité (ex : charte de l’ONU)
2. Circonstances extérieures
- L’exécution impossible
→ conditions : l’impossibilité d’exécuter le traité est définitive (car disparition, destruction définitive
de la chose sujette au traité), si elle n’est que temporaire, on suspend le traité + l’impossibilité ne
doit pas résulter du comportement fautif de l’État
Exemple de situation : la France et la Chine signent un traité. Le but est d'envoyer un panda dans un zoo
français. Est-il possible d'invoquer l'impossibilité d'exécuter un traité si :
- 1ère situation : La Chine décide que le panda sera envoyé aux USA plutôt qu'en France ?
→ l’État est fautif donc pas d’exécution impossible
- 2ème situation : Avant le transfert, le panda s'échappe dans la nature ?
→ voir si la Chine a mis en place les moyens nécessaires et s’il y a des chances de récupérer le panda
Exclu :
- pour les traités de frontière
- s’il résulte de la violation d’une obligation due par une partie à une autre partie au traité
deux exceptions :
★ en matière de traités qui protègent les droits de l’homme
★ s’il a des dispositions relatives au règlement des différends
E) La fin du traité
- La volonté initiale des États
→ plusieurs possibilités, notamment lorsque les États ont inclus en amont une date de péremption
au sein même du traité
Si on a une très large majorité qui suivent une pratique, mais que parmi ceux-là il n’y a aucun État
africain, asiatique, … on ne pourra pas avoir de coutume universelle
→ pareil, si on a que des États civilistes et pas du common law (systèmes juridiques)
→ il doit y avoir une majorité de diversification
Si quelques États ne suivent pas la règle coutumière, cela n’empêchera pas celle-ci d’émerger, en
particulier s’ils invoquent des exceptions (car s’ils cherchent des exceptions c’est qu’ils savent que
la norme existe)
Cas de la coutume régionale/bilatérale : il est admis qu’une coutume puisse émerger soit à
l’échelle de la région, soit entre deux États
→ si l’ensemble des États d’un continent suit une pratique, il peut y avoir une coutume qui émerge
sur ce continent = coutume régionale
→ idem si une pratique est suivie entre deux États = coutume bilatérale
→ exception : la conquête spatiale, les règles coutumières dans ce domaine-là ont été initiée et
forgées que par deux États
Possibilité d’être objecteur persistant : on s’oppose à ce que la coutume nous soit opposable,
mais ça n'empêche pas la coutume de naître, cela signifie simplement qu’on ne sera pas lié par
celle-ci
→ forme de consentement tacite
Ex :
- la Convention sur l’utilisation des cours d’eau internationaux à des fins autres que la
navigation
→ la Turquie a dit qu'elle n'était pas partie à la Convention, et que si ce principe devenait
coutumier, elle serait objecteur persistant (une norme écrite peut devenir une coutume pour
s’appliquer à plus de monde)
- la peine de mort pour les mineurs délinquants aux États-Unis
L’objection à une règle coutumière doit être exprimée dès le début dès sa cristallisation
→ elle doit être maintenue et l’État doit exprimer à chaques occasion sa position
→ les États crées après l’émergence de cette coutume y sont liés, ils ne peuvent pas être
objecteur persistants pour des coutumes existantes
Lien traité/coutume : un traité peur codifier une règle de droit international coutumier et une règle
conventionnelle peut cristalliser en une règle de droit coutumier
Aujourd’hui, il y a très peu de PGD qui ont été identifiés, car il y a suffisamment de règles
conventionnelles ou coutumières pour trancher les litiges sans faire appel aux PGD
→ la plupart des PGD identifiés sont des principes procéduraux et non-substantiels
Ex : Nemo auditur (= “Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude”), obligation de réparation
suite à une violation du droit international, respect des droits acquis (CPJI, 1927, Affaire de l'Usine
de Chorzów - Allemagne c/ Pologne)
La doctrine et les décisions judiciaires ne sont pas de vraies sources du droit, la doctrine ne
pouvant créer des règles, elles ne sont utiles que pour prouver l’existence de nouvelles coutumes
→ l’idée est que la Cour, les auteurs de doctrine ne créent pas le coutume mais l’identifie
A) La jurisprudence
Un tribunal n’a pas de pouvoirs normatifs, mais elle peut constater l’existence d’une règle ou
l’interpréter
B) La doctrine
Ces écrits doctrinaux ne créent pas en soi des droits et des obligations, mais cela peut permettre
de préciser ou d'inspirer
→ mais jamais la CIJ n'a tranché en référence à un article de doctrine
V. Les actes unilatéraux des États
Dans certains cas, un État va, par le biais d’un acte unilatéral, pouvoir créer du droit
→ en droit international, dans les relations internationales, il y a énormément d’actes unilatéraux :
quand un État proteste, quand un État reconnaît un nouveau gouvernement, un nouvel État, …
→ et certains de ces actes peuvent créer du droit : arrêt fondateur de la CIJ, 1974 sur les essais
nucléaires, la seule situation où un acte unilatéral peut créer du droit, c’est quand un État
s’engage à faire ou à ne pas faire quelque chose au profit d’un autre État
→ elle donne 4 conditions :
- intention réelle d'être lié par une telle promesse
- doit être exprimée de façon publique
- doit être exprimée par une autorité compétente
- elle doit avoir des destinataires
→ ça ne vaut que si y’a un bénéfice pour l’autre, on ne peut pas créer d’obligations à la charge
d’un autre État
→ pour un acte créateur d’obligation, un consentement est nécessaire