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Soltani
CHAPITRE 1
Ponts en béton précontraint construits par encorbellements successifs
1.1. Introduction
Ce mode de construction consiste à exécuter l'essentiel du tablier d'un pont sans cintre ni
échafaudages au sol, en opérant par tronçons successifs dénommés voussoirs, chacun de ces
éléments étant construit en encorbellement par rapport à celui qui le précède. Après exécution
d'un voussoir, les câbles de précontrainte qui aboutissent à ses extrémités sont mis en tension,
ce qui permet de les plaquer contre les voussoirs précédents et de constituer ainsi une console
auto-porteuse pouvant servir d'appui pour la suite des opérations.
La construction s'effectue :
• en général symétriquement, de part et d'autre d'une pile, de façon à minimiser les moments
transmis à cet appui lors de l'exécution; la double console obtenue est alors dénommée fléau
(Figure 1.1);
• parfois dissymétriquement, d'un seul côté d'un fléau, l'autre fléau étant déjà clavé avec la
travée adjacente (Figure 1.2);
• exceptionnellement à partir d'une culée, le moment de renversement apporté par la console
étant alors équilibré par un contrepoids dimensionné en conséquences et faisant partie du
tablier lui-même (Figure 1.3).
1
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.4. Distribution des portées d’un pont simple construit par encorbellement
L'exemple de la figure 1.5 montre un ouvrage comportant plusieurs grandes travées, justifiées
par un gabarit de navigation important, et une série de travées de portées plus réduites - donc
plus économiques - franchissant des zones inondables mais non navigables.
Fig. 1.5. Pont associant des grandes travées en rivière et des travées plus courtes à terre
L'exemple de la figure 1.6 présente un autre ouvrage comportant une grande travée dans la
partie la plus profonde de la vallée à franchir et des travées plus courtes ailleurs.
2
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.6. Pont comportant des travées de portées variables fonctions de la profondeur de la
brèche
Dans ces deux cas, il faut souligner que la transition entre grandes et petites travées s'opère
par une travée ayant comme portée la moyenne des deux portées courantes. On notera
également que les travées de rive ont comme longueur 60 % des travées courantes adjacentes.
Pour les ouvrages de hauteur constante, il est néanmoins possible de concevoir des travées
inégales en décalant les clavages. On peut ainsi décaler légèrement l'implantation de certaines
piles qui seraient mal placées (Figure. 1.7).
Fig. 1.7. Léger décalage des piles d’un ouvrage de hauteur constante (le décalage des
clavages ’est alors du double de )
3
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Dans les cas courants, la hauteur sur pile h p est comprise entre 1/16 et 1/18 de la portée de la
travée considérée. La hauteur à la clef est en général comprise entre le 1/30 et le 1/35 de cette
même distance, avec un minima de 2,20 m permettant un cheminement aisé dans le caisson.
Une étude montre qu'on peut appliquer pour un tablier sur appuis simples les relations
suivantes :
- sur pile :
- à la clef :
Quelques ouvrages ont également été conçus avec une variation de hauteur linéaire sur
20 à 25 pour cent de la longueur de la travée principale, le reste des travées étant de
hauteur constante (Figure 1.9). Cette solution, assez simple à exécuter, n'est utilisée que
pour des portées modestes. Elle est choisie parfois pour des raisons architecturales,
parfois pour dégager un gabarit légèrement plus important qu'un intrados parabolique.
Elle nécessite la présence d'une entretoise au niveau du changement de pente, pour
reprendre la composante verticale de la compression dans le hourdis inférieur.
4
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
tranchants qu'elles ne peuvent en général pas supporter. Cette solution n'est donc viable
que pour des ouvrages de grande hauteur aux piles élancées.
Fig. 1.10. Tablier encastré sur deux piles composées chacune de deux voiles parallèles
5
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Pour des largeurs de tablier comprises entre 18 et 25 m, il est également possible de projeter
des tabliers avec un hourdis d'épaisseur constante longitudinalement, sans nervures, mais
souvent précontraint (Fig. 1.13). Les âmes sont généralement verticales et des bracons en
acier ou en béton armé sont disposés sous les encorbellements. Les bracons peuvent aussi être
remplacés par deux voiles latéraux en béton très inclinés (Figure 1.14).
6
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
1.2.5.3. Bicaissons
Pour des largeurs importantes, il est aussi possible de projeter un tablier comportant deux
caissons liés par leurs encorbellements intérieurs (Figure 1.15). Cette structure se prête
particulièrement bien à la construction de tabliers larges préfabriqués puisqu'elle est obtenue
en construisant deux tabliers étroits côte à côte, puis en les clavant transversalement.
Comme les monocaissons simples, les bicaissons sont compatibles avec toutes les lois de
variation de la hauteur du tablier (constante, parabolique, linéaire, etc.).
7
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Son épaisseur à mi-portée e4 est égale à D/25 ou D/30, voire D/35 pour des caissons très
larges précontraints transversalement, avec un minimum de 20 cm. À l'encastrement, la valeur
e3 peut être estimée en mètre à 0,10 + D/25 (D désigne ici l'entraxe des âmes exprimé en
mètres). En général, on vérifie également :
e3 > e2 - 0,10 m et e3 > 1.5 e4
8
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Compte tenu de ce qui précède, l'épaisseur moyenne du hourdis d'un caisson simple s'établit à
22 à 26 cm, non compris les goussets de raccordement aux âmes du caisson. La précontrainte
transversale permet de réduire d'environ 10 % les dimensions e2, e3 et e4 si on dispose de
suffisamment de place pour loger les câbles de fléau. Il convient d'apporter une grande
importance aux conditions de bon enrobage des câbles transversaux ainsi qu'aux conditions
d'ancrage de ces câbles aux extrémités du hourdis ; ces conditions peuvent en effet aussi
déterminer l'épaisseur du hourdis à son extrémité.
On peut ajouter que la résistance à l'effort tranchant impose de conserver une épaisseur utile
d'âme Ea égale à 0,26 + L/500, avec Ea et L en mètres. Cette formule (un peu plus défavorable
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
que la précédente pour les faibles portées et les caissons peu larges), donne de bons résultats
pour des portées comprises entre 70 et 170 m, et pour des largeurs de tablier inférieures à 15
m. Pour des tabliers plus larges, cette épaisseur doit être augmentée.
10
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Compte tenu de ce qui précède, les goussets sont dessinés et pris en compte de manière
empirique dans les calculs de dégrossissage et ne sont fixés précisément qu'après
détermination précise du câblage de fléau et du ferraillage transversal.
30° 45°
Les goussets inférieurs sont normalement coffrés par la partie inférieure du noyau central du
coffrage du voussoir. Leur pente est alors comprise entre 40 et 45° pour favoriser
l'écoulement du béton et éviter la formation de nids de cailloux ou de défauts de bétonnage.
Quand le hourdis inférieur est large, la pente des goussets par rapport à l'horizontale peut
descendre à 15 voire 10°, pour permettre une bonne reprise des efforts de flexion transversale.
Dans ce cas, les goussets ne sont pas coffrés, mais simplement talochés pendant le bétonnage.
Les câbles de continuité intérieurs ou câbles éclisses sont ancrés dans des bossages en
excroissance, situés à la liaison entre les âmes et le hourdis inférieurs (Figure 1.22). Ces
bossages présentent une longueur en général un peu inférieure à celle des voussoirs courants.
Ils sont exécutés en même temps que le reste du voussoir.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Pour un ouvrage à trois travées, la cinématique de mise en tension de ces différents câbles est
alors la suivante :
• mise en tension de câbles de fléau intérieurs au béton pour assembler les voussoirs courants
(Figure 1.24) ;
• mise en tension de câbles de continuité intérieurs au béton (ou câbles éclisses), pour
solidariser les parties coulées sur cintre des travées de rive aux deux fléaux (Figure 2.25) ;
• mise en tension de câbles de continuité intérieurs au béton (ou câbles éclisses) à la clef de la
travée principale pour assurer la continuité de la structure (Figure 2.26) ;
• mise en tension de câbles de continuité extérieurs au béton, filants sur une ou plusieurs
travées, pour reprendre les compléments de charge.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Ces câbles sont situés au voisinage de la fibre supérieure du tablier pour s'opposer
efficacement à des moments négatifs. Dans la quasi-totalité des cas, ils sont intérieurs au
béton afin d'obtenir un excentrement maximal.
Dans les conceptions anciennes, ces câbles subissaient quasi systématiquement des déviations
verticales à leurs extrémités et leurs ancrages étaient implantés dans les âmes. Le principal
avantage de cette disposition était la réduction de l'effort tranchant due à l'inclinaison des
câbles, particulièrement favorable à proximité des piles.
Cette disposition présentait par contre des inconvénients :
• la présence de câbles dans les âmes crée un obstacle vis-à-vis du bétonnage ;
• l'encombrement des plaques d'ancrage impose une épaisseur minimale d'âme importante
(classiquement de l'ordre de 45 cm) ;
• les câbles de fléau subissent des déviations angulaires Importantes, ce qui est pénalisant vis-
à-vis des pertes par frottement.
Dans les conceptions actuelles classiques, la réduction d'effort tranchant est apportée par le
câblage de continuité extérieur au béton. Il n'est donc plus nécessaire de descendre les câbles
dans les âmes à leurs extrémités, et ils peuvent être ancrés directement dans les nœuds
supérieurs. Les inconvénients des anciens câblages de fléau sont ainsi évités.
Les câbles de fléau subissent des déviations verticales et des déviations en plan dans le nœud
supérieur. Dans la mesure du possible, les déviations verticales sont dissociées des déviations
horizontales. Le tracé des câbles doit être rectiligne dans la traversée des joints.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Elévation
15
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.28. Câblage de fléau peigné : vue en plan et détail des goussets
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
En élévation, ils sont donc situés près du hourdis inférieur en travée et près du hourdis
supérieur sur appuis. En plan, les câbles de continuité extérieurs sont situés près des âmes.
Les câbles sont déviés par les entretoises sur piles et par des entretoises intermédiaires
(déviateurs) en travée, ce qui conduit à un tracé polygonal, rectiligne par tronçons. Les
déviateurs en travée sont en général situés entre le tiers et le quart de la travée (Figure 1.32).
Suivant la longueur de l'ouvrage et le nombre de travées, ils peuvent être filants d'un bout à
l'autre du tablier, ou se recouvrir en régnant sur deux ou trois travées successives, voire plus.
Compte tenu des difficultés liées à l'enfilage et à l'injection, lorsqu'ils sont ondulés, leur
longueur doit être limitée à 200 m environ. Cette valeur peut être légèrement dépassée,
notamment pour permettre à un câble de régner sur deux travées lorsque celles-ci ont une
portée supérieure à 100 m.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Il est intéressant de noter que dans un câblage mixte, les câbles extérieurs participent
largement à la reprise des moments négatifs sur appuis. Il en résulte une nette diminution du
câblage de fléau par rapport aux ouvrages anciens pour lesquels les câbles de fléau devaient
reprendre la totalité des moments négatifs.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
générales (Pücher ou Homberg), c'est-à-dire sur lesquelles on peut appliquer les charges d'un
règlement quelconque (par exemple, l'Eurocode 1) ou même des charges non définies par un
règlement. Les abaques de Thénoz et de Pücher ne concernent que les dalles d'épaisseur
constante, alors que celles de Homberg prennent en compte une variation d'épaisseur.
Pour les ouvrages classiques (caisson monocellulaire), on détermine les efforts à l'aide des
abaques de dalle bi-encastrée pour les charges situées entre les âmes et des abaques de dalle
encastrée pour les charges situées sur les encorbellements. On injecte ensuite les moments
obtenus à l'encastrement aux nœuds supérieurs d'un modèle 2 D représentant une tranche de
caisson de longueur unitaire (Figure 2.34).
Ce calcul est donc tout à fait valable pour les charges réparties telles que le poids propre ou
les équipements. Pour les charges concentrées (charges routières), il s'agit d'une
approximation puisque d'une part, l'effort n'est pas réparti uniformément le long de
l'encastrement, et d'autre part, on ne représente pas la diffusion des efforts depuis le hourdis
supérieur vers les âmes et le hourdis inférieur. Des calculs à l'aide d'éléments finis ont montré
cependant une assez bonne précision de ce type de calcul pour le hourdis supérieur lorsque les
âmes sont suffisamment rigides. Cela reste valable pour la partie supérieure des âmes, la
diffusion des efforts n'étant pas encore importante. Ce calcul est cependant beaucoup moins
représentatif pour la partie inférieure du caisson.
Au terme de ces calculs, les moments transversaux s'exerçant dans le caisson sont :
• M abaque + M cadre pour le hourdis supérieur central ;
• M cadre dans les âmes et le hourdis inférieur ;
• M abaque dans les encorbellements.
Pour l'introduction des moments aux nœuds du cadre, il faut ajouter le moment dû à l'effort
tranchant déterminé au bord théorique de la dalle, en le multipliant par la distance entre cet
encastrement théorique et le nœud supérieur situé dans l'axe de l'âme (Figure 1.35) ; cet effort
tranchant n'est pas fourni par les abaques.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.35. Positions relatives des efforts calculés l'encastrement du hourdis (pour les abaques)
et du nœud supérieur du cadre modélisé sur lequel on applique les efforts
L'effet de cadre étant fonction de la rigidité des âmes (fonction de la hauteur et de l'épaisseur)
et dans une moindre mesure de l'épaisseur du hourdis inférieur, dans un ouvrage de hauteur
variable, ces calculs sont presque toujours menés d'une part pour la section sur pile, d'autre
part pour la section de clef.
Il est alors nécessaire d'opter pour une autre modélisation (à barres en 3 D ou en éléments
finis de coques) permettant de traduire les variations locales de la structure (nervures,
épaississements d'âme, entretoises sur appui ou déviatrices, etc.) ou un fonctionnement non
homogène.
Quelques règles élémentaires peuvent être indiquées pour réaliser une modélisation en
éléments coques:
• Les conditions aux limites ont une grande importance, et les extrémités du modèle
présentent des efforts complètement perturbés. En conséquence, il faut modéliser une
longueur assez grande pour disposer d'une zone "utile" non perturbée suffisante.
Généralement, on peut considérer que la zone à annuler correspond à environ 2 à 3 fois la
hauteur de la section. À titre d'exemple, si l'on modélise une travée entière, on la prolonge
de chaque côté par un tronçon de trois hauteurs (Figure 1.37).
• Pour appliquer les efforts généraux correctement, il convient également de prolonger le
modèle en coques par des barres représentant le tablier lui-même avec ses caractéristiques de
section.
• Bien entendu, le tronçon de coques et les barres sont reliés par un ensemble de barres rigides
disposées en "araignée"".
• La forme des éléments ne doit pas être trop dilatée aussi bien en "plan" qu'en épaisseur : il
est ainsi souhaitable d'avoir un rapport maximum entre les dimensions en plan et l’épaisseur
voisin de 2, une forme pas trop éloignée d’un rectangle (sinon, utiliser des éléments
20
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Les éléments de "coques " ne sont en revanche pas du tout adaptés pour représenter
correctement les parties massives d'un voussoir sur pile (entretoise et bossage par exemple) ;
il est alors parfois nécessaire d'utiliser des éléments "volumiques", ce qui présente d'autres
difficultés, notamment pour analyser les efforts et en tirer le ferraillage correspondant (Figure
1.38). Cette méthode doit donc être réservée à des cas particuliers et nécessite un haut niveau
de compétence dans la modélisation à l'aide de tels éléments.
Les combinaisons d'actions à utiliser relèvent de l'état limite d'équilibre statique et de l’état
limite de résistance.
Les charges à prendre en compte pour cette phase particulière de construction du fléau sont
celles d'une situation d'exécution. Le BPEL91 distingue, pour cette situation, les charges
permanentes (G), les charges d'exécution connues QPRC (en grandeur et en position) ou
aléatoires (QPRA) enfin, des actions variables comme le vent (W) ou un gradient thermique
(). Des situations accidentelles sont aussi envisagées ; elles comportent des charges
permanentes, des charges de chantier et une action accidentelle (FA).
Dans le cas d’utilisation de granulats à forte ou faible densité, la masse volumique du béton t,
du tablier (précontraint et armé) est évaluée à partir de la masse volumique du béton seul b
mesurée sur éprouvette de béton sans armatures à 1’aide de la formule suivante :
t b 7.85
7.85
On prend en général = 0,18 à 0,22 t/m3 pour des ponts construits par encorbellement
classiques. On notera que les BHP présentent des densités plus importantes que celles des
bétons traditionnels. Pour ces bétons, il faut ainsi ajouter environ 50 Kg/m3 aux valeurs
précédentes.
Le poids du demi-fléau situé du côté du déséquilibré est majoré de 2 % (Gmax) alors que le
poids de son symétrique est minoré de 2 % (Gmin).
Pour les calculs de dégrossissage, il existe des formules simplifiées pour appréhender le poids
d'un fléau. Par exemple, si B1 désigne la section sur pile et B0, la section de clef, si la hauteur
du caisson varie paraboliquement et l'épaisseur du hourdis inférieur linéairement, on peut
approcher le poids du demi-fléau et la position de son centre de gravité par les formules
suivantes (formules de Krawsky) :
p
B1 2B0 lf
3
d
1 5B0 lf
B
4 B1 2B0
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
23
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Pour les ouvrages de plus de 120 mètres de portée, les intensités des charges Qpra1 et Qpra2
doivent être calculées en fonction du matériel effectivement utilisé sur le chantier.
Dans ces formules, Qw désigne l'action supplémentaire du vent à prendre en compte pour les
ouvrages de plus de 120 mètres de portée ou exposés à des vents forts et fréquents.
Fig. 1.40. Situation temporaire de construction à considérer pour les ouvrages coulés en place
Fig. 1.41. Situation temporaire de construction à considérer pour les ouvrages préfabriqués
25
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.42. Situation accidentelles à considérer pour les ouvrages coulés en place
26
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
N M N M
Ra Fi2 et R b Fi2
2 e 2 e
avec
Fi2 2 1 p p0 s : force d'une file de deux câbles avec p % de pertes)
p0 min 0.8f prg ,0.9f peg
Dans le cas où M/N > e/2, des câbles de clouage doivent rétablir l'équilibre du fléau. Pour
calculer le nombre de câbles à disposer, on distingue le cas des combinaisons de type A de
celui des combinaisons de type B.
N M
Ra Fi 0
2 e
N M
R b Fi
2 e
d’où
M N
n e 2
s 1 p p0
27
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Il est possible d'écrire l'équilibre des efforts appliqués au voussoir sur pile, lorsqu'il tourne
d'un angle d autour d'une file de cales et que les câbles s'allongent ou se raccourcissent :
Fg et Fd désignent les tensions dans chaque file de câbles, Fi leur force initiale, Ful leur tension
limite à l'ELU, Tg et Td, les variations de tension de chaque file de câbles (positives pour
un allongement des câbles). On notera que Td est soit négatif, soit positif mais inférieur à
Tg, suivant la position des cales par rapport aux câbles.
On tire Fg, et Fd en fonction de Ful et Fi des équations (1), (2) et (3) et on reporte dans (4). On
sait aussi que :
f peg
Ful n s
p
Fi n 1 p p0 s
On en déduit :
N e d
Ful M
2 k
28
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
avec
f peg
k 1 p p0 2d e e d d 2 d e 2
p
Il faut ensuite vérifier la rotation du fléau en cas d'accident, sous l'effet de l'allongement des
câbles. En effet, plus les câbles sont longs, plus la rotation sera importante.
Pour des câbles de longueur libre L, l'allongement, L peut être évalué à L . La rotation
Es
du voussoir sur pile est alors de :
L
tan
d Es
f
f cf f cj 1 2f e
f cj
0.85 f cf
f bu
b
fc28 résistance caractéristique du béton à la compression
b = 1,50 pour les combinaisons de type A
= 1,00 charges de longue durée d'application
D'autre part, pour les cales placées sur des bossages d'appui hauts et massifs, la contrainte de
compression dans le béton du bossage est limitée pour éviter le fendage de la pile (article
A.8.4 et annexe E.8 du BAEL 91). La valeur à ne pas dépasser est fclim= K fbu
avec :
4a b 4 a 0 4 b0
k 1 3 0 0 1 1 3.3
3 a b 3 a 3 b
29
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Rb
S 2a b
f c max
On vérifie tout d'abord qu'il y a bien décollement du fléau avec le nombre de câbles
déterminés précédemment. Pour cela, on calcule Ra et Rb comme si le fléau ne décollait pas :
On en déduit la surface des cales S par la même formule que celle donnée dans le paragraphe
précédent. Les dimensions des cales ainsi déterminées doivent être augmentées de 5 à 10
centimètres pour l'enrobage des frettes.
N M
Ra Fi
2 e
N M
R b Fi
2 e
Si Ra est positif, il n'y a pas décollement et on en déduit la surface des cales S par la formule :
Rb
S 2a b
f c max
Si Ra est positif, il n'y a pas décollement et on en déduit la surface des cales S par la formule :
Rb
S 2a b
f c max
30
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Si Ra est négatif, on résout les équations (1) à (5), mais avec cette fois Fg = Fj + Tg, < Ful
(Fi est cette fois connue).
La résolution donne :
e k
Rb Fi k 4 N 3 M
k1 2e
avec
k1 d d e
2
k 2 d 3 e 2d e d e
k 3 2 k1 e 2
k2
k 4 2d e
e d2
Les dimensions des cales ainsi déterminées doivent être augmentées de 5 à 10 centimètres
pour l'enrobage des frettes.
1.6.1. Tabliers des ponts droits simplement appuyées sur les piles
Pour la majorité des phases de clavage et pendant la phase d’exploitation, le fonctionnement
mécanique d’un pont à encorbellements est celui d’une poutre continue. Les sollicitations sont
31
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
déterminées par une modélisation 2D ou par la méthode des trois moments ou celle des
foyers. La figure 1.49 montre un modèle numérique utilisé pour le calcul d’un pont à poutre
caisson construit en encorbellement successif en exploitation. Dans le sens longitudinal, les
nœuds sont localisés au niveau des supports et en section courantes des travées. Le nombre de
nœuds est défini de manière à représenter au mieux la géométrie de la poutre. Dans le cas de
cet ouvrage les nœuds additionnels (3, 15, 17, 22, 35 et 47) ont été considérés afin de
dimensionner la poutre vis-à-vis de l’effort tranchant dans la section située à une distance d de
l’axe de la pile. Deux autres nœuds (1 et 49) ont été ajoutés à l’arrière des appuis de rive afin
de tenir compte de l’ancrage des câbles de précontrainte. Les nœuds représentés sur la Figure
1.49 sont situés au niveau du centre de gravité des sections.
Fig. 1.49. Modèle numérique d’un pont à trois travées simplement appuyée sur les poutres
Les éléments poutres considérés sont à 2 nœuds ayant chacun 3 degrés de liberté (2 translation
et une rotation) comme il est illustré sur la Figure 1.50.
Fig. 1.50. Elément poutre à deux nœuds ayant chacun trois degrés de liberté
Pour rappel, la méthode des trois moments est basée sur la résolution d’un système
d’équations linéaires de la forme :
c1 a 2 M1 b2 M 2 2 1
...............................................
bi M i1 ci a i 1 M i bi 1M i 1 i 1 i
...............................................
b n 1M n 2 c n 1 a n M n 1 n n 1
32
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
ai, bi et ci, fonction des caractéristiques géométriques, sont appelés fonction de souplesse et
sont calculés par les formules suivantes :
li 2 li li 2
x dx x x dx x dx
a i 1
0
li EI i (x)
bi
0
1
li li EI i (x)
ci
0
l i EI i (x)
i et i sont les angles de rotation à l’origine et à l’extrémité de la ième travée supposée
simplement appuyée sous l’effet des charges extérieures.
li li
x dx
x dx
i M iso x 1 i M iso x
0
li EI i (x) 0
li EI i (x)
Miso est le moment fléchissant dans la travée de portée l i supposé simplement appuyée sous
l’effet des charges extérieures.
Fig. 1.51. Section transversale d’un pont caisson construit en encorbellement successifs
La figure 1.52 montre le modèle numérique utilisé pour déterminer les sollicitations globales
dans le sens longitudinale.
33
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.52. Modélisation numérique d’un tablier encastré dans les piles
Un élément rigide est ajouté au modèle numérique afin de simuler la liaison rigide entre le
centre de gravité du tablier et celui de la pile. Cet élément rigide permet ainsi la détermination
des efforts internes au sommet de la pile. Le fût de la pile est modélisé par un élément ayant
une aire et un moment d’inertie le double de l’aire et du moment d’inertie des deux colonnes.
Dans cet exemple, la fondation de la pile, constituée par deux pieux forés, est modélisée de
façon similaire à celle des deux colonnes de la pile. L’emplacement du point de fixation par
rapport au point 102 a été déterminé après une étude sur l’interaction sol-fondation. La
fondation de la pile peut aussi être modélisée par des ressorts dont les rigidités sont
déterminées en étudiant l’interaction sol-pieux.
Les tabliers de pont à courbure peu prononcée (L/R 0.2 ou 12°) peuvent être
analysés comme des ponts droits. Aucune considération de la courbure du tablier n’est à
prendre en compte pour l’analyse longitudinale.
34
Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Les tabliers à courbure moyenne (0.2< L/R 0.6 ou 12°< 34°) sont modélisés à l’aide
des éléments finies linéiques de poutres tridimensionnels à 2 nœuds. Chaque nœud à 6
degrés de liberté (3 translations + 3 rotations). Les éléments sont définis entre les nœuds
localisés au centre de gravité des sections et doivent représenter aussi fidèlement que
possible la géométrie de la structure. La distance entre les nœuds associés à élément de
poutre est déterminée de manière à ce que l’angle défini dans la figure 1.53 soit inférieur à
3.5° (L/R 0.06).
La figure 1.55 montre l’exemple d’un modèle 3D du type poutre au droit d’une pile.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.55. Détail du modèle numérique au droit d’une pile avec chevêtre
Des éléments rigides inclinés sont utilisés afin de reproduire l’effet des diaphragmes sur la
rigidité de la pile. Autres éléments rigides sont utilisés pour tenir compte de la liaison entre les
éléments de la pile ayant des épaisseurs différentes et de la rigidité des appareils d’appui.
Les tabliers à courbure prononcée (L/R > 0.6 ou > 34°) sont analysés à l’aide de modèles
3D en éléments finis, telle que le modèle en grillage ou le modèle éléments finis de coque.
Les ponts très biais ou à courbure prononcée ne peuvent être analysés avec les modèles par
éléments finis de poutre (spine beam). Dans ce cas l’analyse longitudinale des ponts caissons
est réalisée à l’aide d’un modèle de grillage ou d’un modèle par éléments finis de coque.
La méthode de grillage consiste à assimiler le tablier en caisson en un réseau de poutres
spatiales dont les caractéristiques reproduisent aussi fidèlement que possible le comportement
du tablier réel. La figure 1.55 montre la discrétisation de la section transversale pour l’analyse
longitudinale d’un pont construit par encorbellement par le modèle de grillage. La figure 1.56
montre une vue en perspective du modèle de grillage.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Le modèle de grillage est plus simple et donne des résultats directs sous la forme des efforts
internes dans les poutres (moments, efforts tranchants, torsions…). Cependant, la simplicité
de ce modèle vient au prix de la perte de précision dans l’évaluation des forces dans les
éléments de contreventements. L’imprécision créée par ce type de modèle peut être minimisée
avec l’utilisation d’une répartition des poutres appropriée.
La modélisation complète de la structure par des éléments de coques donne de l’information
additionnelle sur les éléments locaux que les autres types de modèles ne sont pas en mesure
de fournir. Cependant, l’utilisation d’éléments de coques donne des résultats sous la forme de
contraintes internes. Comme les codes en vigueur permettent de calculer la résistance des
sections sous la forme de moment de flexion, d’effort de cisaillement ou de torsion, les
résultats obtenus ne peuvent donc pas être utilisés directement. Les contraintes internes
doivent être intégrées sur toute la section pour obtenir les efforts globaux agissant sur la
membrure. Ce processus requiert beaucoup de temps et d’énergie. La qualité des résultats
dépend aussi de plusieurs facteurs comme la concentration de contraintes due au décalage en
cisaillement et les discontinuités des sections causées par les raidisseurs et les goussets. Les
contraintes sont grandement influencées par le type d’éléments de plaque et les méthodes
d’intégrations utilisés. La figure 1.57 montre l’exemple d’un modèle élément fini de coque
utilisé pour l’analyse d’un tablier courbe construit en encorbellement.
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Ponts en béton précontraints construits en encorbellement successifs M.R. Soltani
Fig. 1.57. Modèle par éléments finis de coque pour un monocaisson à trois âmes
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