Distribution :
-Marie Boitel,
-Annick Gernez,
-Cyril Brisse,
Dominique Sarrazin,
-Bruno Buffoli
-Christoffe Carassou,
-Adeline Fleure Baude.
On lira avec intérêt le document pédagogique proposé par La Rose des Vents, en
particulier les entrées sur le Vaudeville et la note d’intention de Dominique Sarrazin :
http://www.larose.fr/uploads/article_show_dm_media/compacdossier-pedagogique-
2.pdf
L’auteur
Né d'une famille bourgeoise aisée, Eugène Marin Labiche décroche son baccalauréat de lettres en 1833. Le décès de
sa mère lui assure des revenus convenables et lui laisse le loisir d’envisager l’écriture littéraire. Après un voyage en
Italie avec quelques camarades (l'un d’entre eux, Alphonse Leveaux, devient un de ses collaborateurs sous le
pseudonyme d'Alphonse), il entame malgré tout des études de droit, qu’il poursuit jusqu’à la licence, tout en faisant
publier dans de petits magazines de courtes nouvelles. Il rencontre ainsi Auguste Lefranc et Marc-Michel, avec
lesquels il fonde une association en vue de créer des pièces de théâtre. Ils prennent le pseudonyme collectif de Paul
Dandré2.
Leurs pièces sont acceptées mais rencontrent un succès mitigé.
Il se tourne vers la comédie et ses sous-types : vaudeville, farce, pochade, et revues.
Débutant en 1837, la production de Labiche est d’abord limitée : deux ou trois pièces en moyenne par an, il est vrai
qu’il n’a pas besoin des lettres pour vivre… À partir de 1848, cette production s’accélère pourtant, puisqu’il fait jouer
en moyenne près de dix pièces par an jusqu’en 1859. Son plus grand succès sur la période est Un chapeau de paille
d'Italie en 1851.
Marié en 1842 avec une riche héritière de 18 ans, Adèle Hubert, il s’intéresse à la politique et connaît ses plus
grandes réussites dans les années 1860, avec une série de succès parmi lesquels Le Voyage de M. Perrichon (1860),
La Poudre aux yeux (1861), La Station Champbaudet (1862) et La Cagnotte (1864). La guerre de 1870 et la Commune
mettent un frein à la production de Labiche. Après le relatif échec de La Clé, Labiche cesse d’écrire.
Il a cependant 176 pièces à son actif, dont quatre sont signées de son seul nom (Un jeune homme pressé, Un garçon de
chez Véry, Le Petit Voyage, 29 degrés à l'ombre). Toutes ses autres pièces sont le fruit d’une collaboration avec une,
deux, voire de trois personnes. Au total, 46 collaborateurs différents sont associés à sa création théâtrale sans que
l’on sache comment s’organisait le travail.
Le théâtre de Labiche fait rire évidemment, le genre du vaudeville s’y prête bien. Mais il n’en est pas moins un
véritable auteur satirique, fin observateur de la bourgeoisie à laquelle il appartient : un monde étriqué dans lequel la
toute puissance de l'argent renvoie au contexte financier du Second Empire.
Genre : Vaudeville
Comédie en trois actes, écrite avec son collaborateur M. E. Gondinet, représentée pour
la première fois, a aris, au théâtre du Palais–Royal, le 11 janvier 1870.
Le synopsis de la pièce :
épouse, Mélanie, défunte, avait pour amant Jobelin, l’oncle d’ rnest… Marjavel lui-même
n’est pas au dessus des reproches : c’est un mari volage qui a collectionné les
maîtresses !
Le jour de sa fête, Alphonse attend ses invités : Jobelin, et Berthe, la nièce de celui-ci. Il
compte également sur l’arrivée d’un couple de nouveaux domestiques alsaciens… Des
personnages pour le moins curieux…
Voilà bien de quoi perdre ses nerfs et faire claquer les portes d’autant plus qu’une lettre
de chantage arrive et dénonce un adultère....
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Plus_Heureux_des_trois
Auteur, metteur en scène et comédien, Dominique Sarrazin est né en 1950. Dans les années 70, tout en suivant des études de
lettres, il se forme à l’art dramatique par la voie du théâtre amateur, puis fait ses débuts au café-théâtre.
Devenu comédien professionnel en 1974, il travaille pour les centres dramatiques du Nord et du Pas de Calais - Théâtre
Populaire des Flandres, Théâtre de la Salamandre -, avant de créer sa propre compagnie en 1981, le Théâtre de la
découverte, implanté à Lille, qui promeut un répertoire qui lui est propre, axé sur l’humour, la dérision, l’imaginaire et la
recherche d’une écriture contemporaine.
Il écrit, joue et met en scène notamment :
Mark Twain (1978)
, Airs de famille (1979)
, La moitié du temps (1980),
Benchley en poche (1982),
L'odieux percolateur (1982),
André Frédérique (1983),
Entre deux portes (1983),
Souvenirs familiers (1985),
La chasse aux corbeaux d'Eugène Labiche (1985-86)
, Conférence de presse (1986-87-
88-89),
Le petit triptyque des soumissions (1988-89),
Karpelapin (1989-90),
Courage (4 fois ), ça presse... (1989-90),
Solo...s (1992),
Un peu perdus (d’après La misère du monde de Pierre Bourdieu, 1995),
Jude l'obscur d'après
Thomas Hardy (adaptation 1993-94),
Cassandre d'après le récit de Christa Wolf (96-97),
Stimulant, amer et nécessaire
d'Ernesto Caballero,
L’enfance d’un chef de Jean-Paul Sartre (2005),
(Mon) Copperfield de Charles Dickens (2008)
Doc 1
Note d’intention
C’est peu dire que je place Labiche (…) au nombre de mes fondamentaux comiques en la chose théâtrale. J’entends
par là, qu’il tient pour moi la place en ce domaine des Chaplin, Marx Brothers, Monthy Python et autres confrères
excentriques de la bande dessinée, du jazz burlesque et de la littérature du « non-sens ».
Y revenir aujourd’hui c’est en quelque sorte vérifier encore la vigueur des mécanismes purement théâtraux et notre
aptitude (comédiens, metteur en scène, scénographe) à en respecter, à la « rupture » près, la très haute exigence
technique et mentale.
out comme il paraît nécessaire à l’acteur que je suis de revenir régulièrement au travail de soliste (…), à l’auteur que
je tente d’être, aux thématiques contemporaines, il me semble qu’une confrontation à la langue –Labiche – primitive
en quelque sorte et inimitée (Feydeau parle autrement) en même temps qu’elle impose aux acteurs une soumission
totale à la brutalité, à la voracité et à la lâcheté des personnages est susceptible aujourd’hui encore, évitant les alibis
extérieurs de la modernisation, de renvoyer au public une déclinaison hilarante des mots d’un autre siècle (…), fric,
dissimulation, possession, cynisme etc… C’est donc avant tout d’une expérience physique, physiologique qu’il s’agit –
au fait – les paradigmes du rire « social ».
(…)
Ici, l’adultère (…). Labiche s’appuyant ici sur un sextuor de personnages paroxystiques et un démontage permanent
des situations sort, comme on dit, largement du sujet – la sexualité, la voracité, voire la nécrophilie (sic !) – s’affichent
comme les cartes distribuées, redistribuées, mélangées de la folie bourgeoise.
Le plus heureux des trois n’est pas la plus importante ni la plus jouée des pièces de Labiche mais elle concentre
comme en un laboratoire foutrarque, ce mélange détonant d’absurdités, d’accélérations et de répliques impitoyables
qui alimente ses plus grandes œuvres.
Projet : il s’agira non seulement de respecter la pure mécanique des enchaînements (ce qui me semble la moindre
des choses) mais pour les acteurs de s’abrutir théâtralement à rendre physiquement sensible l’animalité des
rapports, réflexes et délires des personnages. Bel enjeu pour les acteurs à qui il convient toujours de donner un grain
comique à moudre, dans une langue et un univers spécifique, lequel est-il besoin de le rappeler n’a que très peu à
voir avec ce qu’il est convenu de classer comme théâtre de Boulevard.
On n’oubliera pas de (…) prouver au public du XXIème siècle que le vieil ugène (…) demeure un des plus grands
auteurs comique et populaires de notre répertoire.
DONC – On évitera soigneusement la reconstitution à l’ancienne tout autant que les faux-fuyants d’un post freudisme
(ou pré lacanisme) propres à éviter la haute exigence de jeu de la machine « Vaudeville », outil purement théâtral et à
manier comme tel.
erme ancien dont l’acception a évolué : il s’agissait d’un genre théâtral plutôt tiré vers la chanson grivoise et
caustique, mais qui désigne actuellement un canton du théâtre de boulevard marqué par une mécanique
dramaturgique et stylistique forte, mêlant des personnages et situations dominés par leur folie.
Le genre des chansons bachiques et satiriques attribué à Olivier Basselin a donné naissance au Vaudeville, des
comédies légères portées par des chansons comiques et grivoises mises en musiques sur des airs populaires.
Aujourd’hui, il s’agit d’une comédie d’intrigue, sans couplets, riche en complications nées de rencontres
fortuites et de quiproquos lestes. Le genre renaît vraiment à la fin du XVIIIème siècle avec la création du
théâtre de Vaudeville (1792), il connaît un immense succès sous l’Empire et la Restauration.
L’anecdote de la pièce est le plus souvent mince : c’est une simple farce grivoise reposant sur quelques calembours et
l’acteur principale. Scribe, qui domine le genre entre 1815 et 1850 lui donne une charpente plus solide, avec
des quiproquos et un suspense qui n’exclut ni sentiment, ni psychologie, ni critique sociale. La rigueur de sa
construction croît sous l’impulsion de Labiche qui renforce le tempo et les effets comiques. Son héritage est repris
par Hennequin et Feydeau, lequel construit des pièces en trois actes le plus souvent où l’intrigue est complexe et bien
agencée. Lui aussi joue des rencontres inattendues et quiproquos, agence des péripéties loufoques et fait exister des
personnages extrémistes…
Points importants :
-force très grande des répliques,
-rencontres inattendues et affrontement des personnages,
-quiproquos,
-entrées et sorties foudroyantes, rythmes, poursuites avec embûches,
-musique et chanson…
Point fort :
A l’origine, ce divertissement exclut tout sérieux, mais à la fin du XIXème siècle, il aboutit à « …la risible confrontation
de personnages prisonniers d’objets qui dénoncent les mensonges répétés de ces pantins articulés victimes de
répliques agressives surgies de leur inconscient… »
Doc 2
1. Que nous explique Dominique Sarrazin de son parti pris : quelle est sa
perception / définition du vaudeville ?
Il conviendra d’être particulièrement attentif à sa définition du vaudeville, très
classique, sur le jeu adultérin comme moteur d’une comédie enlevée. La note
d’intention renvoie à un certains nombre de références plus tardives qui se
rapprochent du comique absurde du vaudeville qui accumule tellement les
situations burlesques (quiproquos, enchaînements rapides de « situations
catastrophes », péripéties et bons mots) qu’il ne faut pas chercher le réalisme.
Pour autant, le vaudeville n’est pas ignorant du monde dans lequel il prend
place – l’humour n’en est que plus cruel, puisqu’il se nourrit des défauts de la
société bourgeoise du XIXème siècle. Il serait bon de proposer un corpus court
comprenant trois autres pièces programmées au Manège : Le Dindon, Le
Bourgeon et Courteline, Amour noir : autant de déclinaisons du vaudeville,
permettant de dessiner les contours d’un genre au comique caractéristique et
dont la portée peut, à juste titre, glacer…
-Courteline, amour noir (programme du Manège 2012-13, mise en scène
de Jean-Louis Benoit),
-Le Dindon (programme du Manège 2011-12, de Georges Feydeau, Mise en
scène de Philippe Adrien),
-Le Bourgeon (programme du Manège 2013-14, de G. Feydeau, mise en
scène de Nathalie Grauwin)
Prolongements :
Doc 3
Dans un décor relativement sobre pour du théâtre de boulevard – un fond de scène où sont installées les deux portes
qui serviront aux entrées et sorties des personnages extérieurs, une tête de cerf qui sert de boîte aux lettres aux
amants, un canapé, une console, deux tableaux, l’un de feu la première Madame Marjavel, l’autre de l’actuelle : c’est
en quelque sorte le service minimum du décor pour un vaudeville, sans que cela ne gêne pour autant, au contraire.
Sur la grande scène de La rose des vents, cela permet aux comédiens de bénéficier d’un espace de jeu conséquent, ce
qui leur donne toute latitude pour s’en donner à cœur joie. Le mari, la femme, l’amant, l’oncle de l’amant qui fut
l’amant de la première femme, le mari qui lui aussi se complaît à séduire les servantes, un cocher (invisible, toujours
!) qui fait chanter son monde, la cousine de l’amant qui aimerait bien l’épouser, et un couple de serviteurs alsaciens
peu scrupuleux… ça a l’air compliqué, mais c’est pourtant très simple, comme dans tout vaudeville qui se respecte.
Car l’important n’est pas dans l’intrigue, qui n’a, somme toute, rien de bien original, mais dans la richesse des
dialogues, qui comprennent de véritables pépites, et l’absurdité des quiproquos, parfois réellement
abracadabrantesques.
Doc 4
ACTE I, scène 1
Cheminée à gauche, premier plan ; sur la cheminée, une pendule surmontée d’une tête de cerf ; un petit guéridon au
troisième plan. Une grande horloge-coucou à droite ; portes au fond dans les pans coupés. Au milieu de la scène, un divan
rond et s’ouvrant ; au milieu du divan, une corbeille de fleurs. Porte au fond ; de chaque côté de cette porte, un portrait :
celui de droite sur ses deux faces représente une femme ; celui de gauche représente Marjavel ; une console sous chaque
portrait. Au premier plan, à droite, une fenêtre ouvrant sur un balcon.
Hermance.
Personne !… (Elle court vivement à une tête de cerf empaillée qui est sur la cheminée et l’ouvre comme une boîte.) C’est
là dedans que nous cachons notre correspondance. (Regardant dans la boîte.) Rien !… Il ne m’a pas écrit… Ah ! les
hommes ne savent pas aimer !… (Tirant une lettre de sa poche et la remettant dans la boîte qu’elle referme.) Tandis
que moi… tous les jours, un billet… Aujourd’hui, je lui fais part de mes terreurs… Ce cocher que j’ai vu rôder sous mes
fenêtres…
Marjavel, entrant.
rnest n’est pas arrivé ?
Hermance, s’oubliant.
Non, je l’attends.
Marjavel.
Moi aussi, parbleu !… Onze heures !… Je parie qu’il est encore à sa toilette ! S’il croit que je l’ai invité à venir à ma
campagne pour se cirer les moustaches !… Ah ! je finirai par prendre un parti !
Hermance.
Lequel ?
Marjavel.
J’en inviterai un autre !
Hermance.
u es injuste ; hier, il a arrosé ton jardin jusqu’à neuf heures du soir, pendant que tu fumais ton cigare.
Marjavel.
Moi, je ne puis pas arroser, ça me fait mal aux reins. Mais après, pour le récompenser, j’ai fait son bésigue.
Hermance.
C’est-à-dire qu’il a fait le tien !
Marjavel.
Pourquoi le mien plutôt que le sien ?
Hermance.
Il déteste le jeu !
Marjavel.
Lui ?… alors, pourquoi me dit-il tous les soirs "Eh bien, papa Marjavel, est-ce que nous ne faisons pas notre petite
partie ?…" u t’assois près de nous avec ton ouvrage… alors ses yeux brillent… s’allument…
Hermance, vivement.
C’est la vue des cartes.
Marjavel.
arbleu ! je m’en suis bien aperçu ! Veux-tu que je te dise ? rnest est joueur ! il n’aime pas les chevaux, il n’aime pas
la table, il n’aime pas les femmes… du moins je n’ai jamais remarqué…
Hermance.
Moi non plus !
Marjavel.
Donc, il est joueur ! donc, il finira mal !… Il faudra que je prévienne Jobelin, son oncle… Mais il ne s’agit pas de ça ! u
as vu étunia ! L’as-tu… ?
Hermance, à part.
Que lui dire ?… (Elle court prendre le petit paquet enveloppé que Pétunia a déposé sur un meuble.) Mon ami… permets-
moi…
Marjavel.
Quoi donc ?
Marjavel.
Une calotte !
Marjavel, l’embrassant.
Ah ! chère amie ! que tu es bonne !
Hermance.
t comme tu t’enrhumes souvent du cerveau l’hiver…
Marjavel.
C’est vrai… Ca me grossit le nez.
Hermance.
J’ai fait ouater l’intérieur avec de l’édredon…
Marjavel, épanoui.
De l’édredon !… lle m’entoure d’édredon ! ma parole, il n’y a pas sous le ciel un homme plus heureux que moi ! Avec
ma première femme (Hermance remet la calotte sur le petit meuble), c’était la même chose… J’ai une chance de…
pendu ! (Tendrement.) Hermance… (Hermance vient près de lui), tu n’as pas affaire à un ingrat, et, ce soir… j’irai lire
mon journal dans ta chambre.
Marjavel, la lutinant.
u ne veux pas que j’aille lire mon journal dans ta chambre ?… Dis-le donc ! dis-le donc !…Ah ! tu ne le dis pas !
Hermance.
Voyons… Marjavel… tu es fou !
Je viens souhaiter la fête à Marjavel, un bouquet de roses et une bouteille de rhum de 1789… il n’y en a qu’une au
monde… Je l’ai chipée à mon oncle Jobelin… Sapristi ! que j’ai mal aux reins !… Cet animal de Marjavel m’a fait arroser
hier jusqu’à neuf heures du soir… (Regardant la porte de gauche.) auvre Hermance !… c’est bien pour toi ! Voilà son
portrait. (S’adressant au portrait.) Oh ! nous fûmes bien coupables. (Il dépose sa bouteille et son bouquet sur la console
de droite. Apercevant la tête de Mélanie.) iens ! c’est l’autre ! Mais qui est-ce qui retourne donc toujours la vieille ? (Il
retourne le portrait côté d’Hermance.) Oui ! nous fûmes bien coupables. (S’adressant au portrait de Marjavel.) Nous
t’avons trompé, Marjavel !… homme excellent !… homme parfait !… homme admirable !… Je n’ai pas de remords,
parce que je ne me repens pas !… Oh ! mais pas du tout ! (Venant en scène.) J’ai fait avant-hier avec Hermance une
promenade délicieuse… tout le long des fortifications… Ce matin, j’ai retrouvé dans ma poche le numéro du fiacre. (Il
le montre.) 2114… Je le conserve comme un symbole d’amour… et de petite vitesse… Voyons si Hermance n’a rien
laissé pour moi dans la tête de cerf… (Il l’ouvre.) C’est très commode, cette cachette que nous avons trouvée.
(Regardant.) Je ne vois rien… (Il replace la tête de cerf, les cornes à l’envers, et gagne la droite.) Sapristi ! que j’ai mal
aux reins !… Je frise un lumbago.
3. Analyse de l’échange entre les époux : que nous apprend cet entretien ?
La caractérisation des époux est bien classique du vaudeville : le jeu des apparences
bat son plein et l’on s’amusera de la fausseté de l’épouse parfaite, prompte à
dissimuler un amant, sous des propos anodins et des petites attentions un rien
malhonnête : que signifie cette étiquette qu’elle arrache au dernier moment ? Que
penser de certaines allusions à cet Ernest qu’elle attend et qu’elle défend beaucoup ?
Remarquons les dehors policés de cette épouse bourgeoise qui se défend des
assiduités trop marquées de son époux tandis qu’elle organise dans le même temps
une infidélité… A l’opposé, la naïveté de Alphonse fait sourire : le voilà bien rapide à
supposer à Ernest du goût pour le jeu. Nous nous pencherons aussi sur l’opposition
entre ce mari entreprenant, notons les allusions à une prochaine visite conjugale, et
son épouse réservée. Que dit cette opposition, qu’annonce-t-elle sur les
personnages ? dans la mesure où l’un et l’autre ont des aventures, que peut-on
déduire de cette réserve et de cette accès de tendresse ?
Il conviendra d’être attentif au jeu des comédiens lors de cette scène, que révèle-t-
il ?
engagé, la lettre qui ne trouve pas son vrai destinataire, est un élément de
dynamique certain pour la pièce.
La répétition de la situation, la quasi superposition des scènes/rôles, semble
parlante : comment l’exploiter ? Nous pourrions travailler la mise en scène de ces
tirades avec les élèves pour souligner le jeu de répétitions/oppositions qui semble
mettre en abîme duperie et adultère, de même que nous pourrions envisager la
dimension « sensible » du jeu… Entre la dimension amoureuse et le burlesque de la
situation, peut-on deviner la tentation du « sublime » ?
Ouvertures :
Confronter le mise en scène de Dominique Sarrzin avec celle de Didier Long dont on
peut lire la fiche d’intention sur le site :
http://www.sic-productions.com/programme20142015/Pieces/LePlusHeureux.htm
Confrontez les quatre affiches proposées pour cette pièce. n partant de l’affiche prévue
pour la mise en scène de D. Sarrazin et des trois affiches ci-dessous fournies (rien
n’empêche d’ajouter d’autres affiches dont on trouve la trace sur internet).
http://www.theatrauteurs.com/archive/2008/05/17/le-plus-heureux-des-trois-de-
eugene-labiche.html
1. Décrivez les quatre affiches en synthétisant : quels sont les éléments les plus
révélateurs et communs ?