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Diagnostic financier de l’entreprise : par où commencer ?

BOUAYAD AMINE NABIL

Faculté Polydisciplinaire de Khouribga

Université Sultan Moulay Slimane- Maroc

Email : nabil_bouayad@hotmail.com

EL YAMLAHI IMANE

Faculté Polydisciplinaire de Khouribga

Université Sultan Moulay Slimane- Maroc

Email : imane.elyamlahi@gmail.com

ROUGGANI KHALID

Faculté Polydisciplinaire de Khouribga

Université Sultan Moulay Slimane- Maroc

Email : rougganikhalid@gmail.com

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Résumé

L’analyse financière de l’entreprise est basée sur l’étude des documents comptables
produits par les entreprises. Il s’agit notamment d’analyser en détail la liasse fiscale d’une
société. L’analyse financière n’est pas obligatoire et ne suit donc aucune réglementation
ou trame imposée légalement. Chaque analyste suit sa propre méthode.
Le but de cet article est de présenter une ligne de conduite inspirée du plan comptable
marocain et la résultante de la pratique de la communauté financière.

Mots-clés

Analyse, Diagnostic financier, Rentabilité, États de synthèse, Ratios

Abstract

The financial analysis of a company is based on the study of accounting documents


produced by companies. This includes a detailed analysis of a company's tax return.
Financial analysis is not compulsory and therefore does not follow any regulation or
legally imposed framework. Each analyst follows his own method.
The purpose of this article is to present a guideline inspired by the Moroccan accounting
plan and the result of the practice of the financial community.

Keywords

Analysis, Financial diagnosis, Profitability, Summary statements, Ratios.

123
INTRODUCTION

L’analyse financière est un métier qui s’est développé dans le cadre d’une activité
bancaire de prêt1. Sa logique préoccupation était celle de l’octroi d’un financement par
crédit centrée sur l’étude de la capacité de remboursement. De nos jours, l’analyste
financier tend de plus en plus à être un analyste de la valeur économique et de la création
de cette valeur. Le rôle croissant des marchés financiers et la transparence dans la
négociation d’actifs financiers, qui se concrétisent par l’affichage d’un prix ou d’un cours,
vont puissamment dans ce sens. L’interrogation dominante de l’analyste financier est
celle de la valeur présente et future des actifs financiers : actions, mais aussi titres de
créance. « Les actionnaires, propriétaires juridiques de l'entreprise, sont intéressés par la
rentabilité censée rémunérer leur capital à risque. Le banquier, créancier financier, veut
s'assurer de la capacité de l'entreprise à faire face à ses engagements actuels et futurs. Les
travailleurs, principal facteur de production, sont concernés par la répartition de la
richesse et la survie de l'organisation. Les pouvoirs publics, garants de l'environnement,
sont directement concernés par la santé financière de l'entreprise, indicatrice de la
croissance économique »2. C’est dans ce contexte qu’il faut porter plus d’attention à
l’analyse financière et déterminer les outils pertinents pour une évaluation juste de la
rentabilité ainsi que la valeur de l’entreprise.
Pour mener à bien l’analyse financière d’une entreprise, il faut retraiter ses documents
comptables dans le but d’en faire ressortir sa situation financière. C’est le diagnostic
financier. Ainsi, l’analyse se base sur le bilan, le compte de produits et charges et l’ETIC
d’une entreprise. Ces documents se trouvent dans la liasse fiscale. En plus de ces études,
certains analystes s’attachent dans un premier temps à évaluer tout le secteur économique
d’une entreprise. Pour ce faire, ils analysent le positionnement de l’entreprise, ses points
forts mais aussi ses faiblesses et sa stratégie.

1
Hubert de La Bruslerie, Analyse financière : information financière, diagnostic et évaluation, Dunod 2010. p.501
2
Albert CORHAY et Mapapa MBANGALA, Fondements de gestion financière, édition de l'Université de Liège,
Belgique, 2007, p.41

124
Ces données sont alors à étudier avec un aspect plus orienté sur le marketing que sur la
comptabilité. On appelle cela le diagnostic économique.
Nous allons essayer de présenter l’importance de l’analyse financière et ses objectifs,
apprécier la rentabilité de l’entreprise et conclure avec les meilleurs instruments et outils
du diagnostic financier en se référant au plan comptable général marocain.

I. L’ANALYSE DE LA RENTABILITÉ

Le diagnostic financier est une discipline récente, considéré comme l’une des
préoccupations pour l’entreprise. Il peut être défini comme l’ensemble de méthodes
permettant d’apprécier la situation financière passée et actuelle, d’aider à la prise de
décision et d’évaluer l’état de santé financière de l’entreprise.
Il constitue un ensemble de concepts, de méthodes et d’instruments qui permettent de
formuler une appréciation relative à la situation financière d’une entreprise, aux risques
qui l’affectent, au niveau et à la qualité de ses performances.
Le diagnostic financier développe un cadre permettant l'évaluation de la conjoncture
économique, de différents secteurs industriels et de compagnies.

1. Les Objectifs du Diagnostic Financier

Pour les prêts à court terme, les bailleurs de fonds sont essentiellement intéressés par la
liquidité de l’entreprise, c’est à dire par son aptitude à régler ses échéances à court terme,
sans pour autant négliger l’équilibre financier à long terme. Dans le cas de crédit à long
terme, ils s’intéresseront à la solvabilité à long terme et à la rentabilité de l’entreprise, qui
conditionnent le paiement des intérêts et le remboursement du capital.
« L'objectif de l'analyse financière est à priori simple à déterminer : parvenir à la
formulation d'un diagnostic global de la situation financière d'une entreprise. Il s'agit de
porter un jugement sur ses performances actuelles et futures et sur sa capacité à financer
durablement son activité »3.

3
Jérome CABY et Jacky KOEHL, Op-Cit., p.25

125
1.1. Appréciation de la Solvabilité de l’Entreprise

Selon Elie COHEN (1997), la solvabilité d'une entreprise ou de tout agent économique
comme son aptitude à assurer le règlement de ses dettes lorsque celles-ci viennent à
échéance.
Originalement, l'analyse financière a été développée par les banquiers, dans le but
d’apprécier la solvabilité de leur clientèle, c’est à dire leur capacité à assurer sur leurs flux
de liquidités, le service de la dette. Le degré de solvabilité est donc fonction des
ressources financières disponibles pour faire face à ses dettes. Donc la solvabilité est une
notion essentielle, car l’insolvabilité, même transitoire, correspond à l’état de cessation de
paiement qui peut se traduire par une perte d’autonomie de l’entreprise.
L'étude de la solvabilité permet de répondre aux questions majeures suivantes :
 Le niveau de ressources propres est-il suffisant ?
 L’évolution des ressources propres est-elle suffisante ?
 Les risques encourus par la structure sont-ils faibles ?
 La pérennité des ressources propres est-elle assurée ?

1.2. Evaluer la Rentabilité de l’Entreprise

La rentabilité de l'entreprise est appréciée à partir de sa structure financière : la rentabilité


est le quotient d'un résultat obtenu par le capital engagé pour l'obtenir.
À côté de la solvabilité, l’exigence d’un niveau minimum de rentabilité est une condition
essentielle pour la survie et le développement de l’entreprise en vue de dégager des
résultats positifs et de financer sa croissance et le remboursement de ses emprunts.

2. Fondements et Principes

L'analyse financière historique permet de comprendre l’évolution passée de l’entreprise, à


travers des ratios (analyse statique) et des flux financiers (analyse dynamique) et
d’éclairer certaines décisions financières. Or, l’interprétation des états financiers
historiques de l’entreprise n’est pas assez suffisante. En effet, le financier est amené à

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l’élaboration de prévisions financières sérieuses sur l’entreprise et également le recours à
la réflexion stratégique, afin de relier les conclusions du passé avec celles actuelles et
futures.
2.1. Les Points Clés de l'Analyse et Diagnostic Financiers

Une démarche d’analyse peut être proposée comme suit :

Tableau 1 : Démarche du Diagnostic Financier


1ère étape : 2ème étape : Préparation des sources
L’étude des moyens de l’entreprise par la structure d’informations :
financière et endettement global de l’entreprise.  Sources d’informations comptables.
Le fonds de roulement en jour du C.A H.T :  Sources d’informations extracomptables.
Intérêts et charges assimilés / Résultat  Retraitement et préparation de l’information
d’exploitation financière :
La Trésorerie : E.B.E / C.A H.T  Retraitement des états financiers
Etude du fonctionnement de l’entreprise :  Elaboration d’indicateurs, tableau de bord,

Solvabilité : Fonds propres/ Total du bilan etc.

Rentabilité : Soldes de Gestion


3ème étape : sélection des outils de l'analyse 4ème étape :
financière : Diagnostic financier et synthèse.
 Equilibre financier
 Solvabilité
 Rentabilité
 Capacité de remboursement
 Autonomie financière
 Risque financier, etc.
Source : Auteurs

2.2. La Notion d'Équilibre Financier

127
L’analyse financière consiste à étudier l'information comptable et financière relative à une
entreprise afin d'émettre un diagnostic. L'analyse doit aboutir à un diagnostic, donc
conclure quant à la performance de l’entreprise étudiée et permettre de comprendre les
déterminants en particulier, si cette performance apparaît médiocre. Une telle démarche
suppose l’existence de normes et une définition préalable de la notion d'équilibre
financier. En effet selon CHARREAUX, l'équilibre financier est réalisé si les apporteurs
de capitaux, actionnaires et créanciers financiers, sont rémunérés à concurrence du risque
qu'ils encourent.
La règle de l'équilibre financier minimum exige que les emplois stables soient financés
par les ressources durables. En effet, le respect strict de cette règle ne garantit pas
totalement l'absence de problème de trésorerie. Pour cela, une « marge de sécurité » est
nécessaire. Cette marge est le fonds de roulement.

3. L’Étude du Bilan

Le bilan est un document de synthèse dans lequel sont regroupés, à une date donnée,
l’ensemble des ressources dont l’entreprise dispose et l’ensemble des emplois qu’elle en a
fait. Il montre sa position financière à un moment dans le temps. Ce n'est ni plus ni moins
qu'une photo de la société.
Le bilan comptable permet de dégager un bilan financier dont l’objectif est de faire
apparaître le patrimoine réel de l’entreprise et d’évaluer le risque de non liquidité de celle-
ci, et ce à travers des reclassements et des retraitements.
3.1. Le Bilan Comptable Fonctionnel

En analyse financière, le bilan a toujours constitué un document essentiel pour


l’appréciation de la solvabilité et de l’équilibre financier de l’entreprise. Ainsi, d’après le
plan comptable marocain, le bilan comptable adopte une approche fonctionnelle. Il a pour
but d’expliquer le fonctionnement de l’entreprise, et permet de visualiser à un moment
donné l’état des emplois et des ressources de l’entreprise, c’est à dire ce qu’elle détient et
ce qu’elle doit.

128
La présentation de ce bilan repose sur les notions du cycle financier et stabilité des
ressources et emplois : cycle d’investissement, cycle de financement, cycle d’exploitation,
ressources stables, ressources non stables (ou circulantes) emplois stables et emplois non
stables (ou non circulants).
Ces postes sont classés comme suit :
Figure 1 : Les postes du bilan

Actif immobilisé Financement permanent


Fonction
Fonction
financement
investissement Fonction Passif circulant
Actif circulant
exploitation

Pour interpréter les données du bilan comptable fonctionnel, on utilise des indicateurs
d’équilibres financiers à savoir :

- Le Fonds de Roulement Fonctionnel (FRF)

C’est l’excédent des financements permanents sur l’actif immobilisé net. Il permet de
mesurer les conditions d’équilibre financier dans l’entreprise, et il peut être calculé de
deux manières :

 Par le haut du bilan : Financement permanent – Actif immobilisé net = FRF


Tableau 2 : Le Haut du Bilan
Emplois Ressources

Actif immobilisé net Financement permanent

 Par le bas du bilan :


(Actif circulant + Trésorerie actif) – (Passif circulant + Trésorerie passif) = FRF
Tableau 3 : Le Bas du Bilan
Emplois Ressources

129
Actif circulant FRF = Excédent de l’actif circulant y
compris la trésorerie active sur le passif
circulant y compris la trésorerie passive.
Passif circulant
- Le Besoin de Financement Global
Il se calcule par la différence entre l’actif circulant hors trésorerie et le passif circulant
hors trésorerie. Si la différence est positive, cela traduit un besoin de financement, si elle
est négative, il s’agit alors d’une ressource de financement.
- La Trésorerie Nette
Elle renseigne sur la situation de la trésorerie (Trésorerie actif – Trésorerie passif) ou
(FRF – BFG). Si elle est positive, elle constitue un emploi. Dans le cas contraire elle
représente une ressource de financement.
3.2. Le Bilan Financier

Appelé également bilan patrimonial ou bilan liquidité exigibilité, est obtenu après analyse
et retraitements de certains postes du bilan comptable fonctionnel du plan comptable
marocain et des éléments hors du bilan (crédit-bail). Il permet de présenter le patrimoine
réel de l’entreprise, d’analyser la structure et les équilibres financiers de l’entreprise et
d’évaluer la liquidité et la solvabilité de l’entreprise.
Il se présente comme suit :

Tableau 4 : Bilan Financier


Actif réel net à plus d’un an Passif réel à plus d’un an (1) ou valeurs
(ou immobilisations nettes) (1) (ou capitaux permanents) immobilisées
Capitaux propres + Dettes à
Actif réel net à moins d’un an plus d’un an (ou dettes à moyen (2) ou valeurs
- Stocks (2) et long terme). d’exploitation
- Créances (3) Passif réel à moins d’un an : (3) ou valeurs réalisables
dettes à moins d’un an (ou
dettes à court terme)

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- Disponibilités (4) (4) ou valeurs disponibles

II. OUTILS ET INSTRUMENTS DU DIAGNOSTIC FINANCIER

1. La Notion de Ratio Financier et de Liquidité


« Un ratio est défini comme étant le rapport entre deux grandeurs susceptibles de donner
une indication, une explication sur la situation financière de l'entreprise »4.
La mesure de l'équilibre passe par l'étude des ratios. Ce dernier est le résultat d'un rapport
entre deux grandeurs homogènes permettant d'aboutir grâce à un raisonnement
dialectique, à des conclusions sur l'objet homogène. Cette méthode d'analyse est connue
et utilisée par les gestionnaires, les conseillers d'entreprise et les banquiers.
Le ratio financier d'une entreprise est un outil d'analyse financière. Il compare sous forme
d'un coefficient deux comptes ou groupes de comptes tirés du bilan et / ou du compte de
produits et charges.
Il permet ainsi de mesurer la santé financière d'une entreprise et de comparer d'une année
sur l'autre ou avec celle d'autres entreprises. Cette étude permet essentiellement de vérifier
le niveau d’endettement.
1.1. Ratio d’Autonomie Financière
On utilise l’un ou l’autre des ratios suivants :
R1 = Capitaux propres/ Passif
R2 = Dettes totales/ Passif
Ces deux ratios permettent de mesurer le niveau d’autonomie financière ou
d’indépendance financière de l’entreprise. Ils permettent aussi de mesurer le risque qui

4
John LWANDU, Analyse des états financiers, éd. de l'archidiocèse de Lubumbashi, ISC/ Lubumbashi 2010, p.103

131
pèse sur les créanciers de l’entreprise qui ont intérêt à voir les fonds propres prédominer
dans la structure de l’entreprise.
 L’endettement à terme
La capacité de l’endettement à terme est mesurée par trois ratios :
R3 = Dettes de financement / Capitaux propres
R4 = Dettes de financement / Capitaux permanents
R5 = Capitaux propres / Capitaux permanents

 La capacité de remboursement des dettes à terme


Trois ratios permettent de mesurer la capacité de l’entreprise à faire face à ses
engagements envers ses créanciers :
R6 = Dettes de financement / CAF
R7 = Résultat d’exploitation / Charges financières
R8 = CAF/ Annuité en principale de la dette + Charges financières
Le ratio R6 traduit le nombre d’années nécessaires à l’entreprise pour assurer le
remboursement total des dettes à terme, au moyen de sa capacité d’autofinancement.
Le banquier considère comme risquée la situation financière de toute entreprise dont les
dettes à terme excèdent cinq années de capacité d’autofinancement.
Le R8 traduit la capacité de l’entreprise à faire face au remboursement des annuités en
termes de principal et d’intérêts.

1.2. Ratios de Liquidité


Selon Hutin (2007), la liquidité est l'aptitude à faire face à ses dépenses par une
circulation optimale de ses flux de trésorerie (encaissement, décaissement). Elle est donc
le caractère d'une somme d'argent qu'on peut disposer presque immédiatement.
FRACHON et ROMANET quant à eux insistent sur l'importance de la liquidité,
considérant qu'elle constitue pour le dirigeant une donnée stratégique aussi importante
que la rentabilité.

132
Tableau 5 : Calcul des Ratios de Liquidité
Ratio Formule
La liquidité générale R1= Actif circulant (y compris la trésorerie actif) / Passif
circulant (y compris la trésorerie passif)
La liquidité réduite R2 = Actif circulant – stocks / Passif circulant
La liquidité immédiate R3 = Trésorerie actif / Passif circulant

Le ratio R3 mesure la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements à court terme


grâce à ses moyens disponibles.
1.3. Ratios de Rotation des Stocks
Ils permettent de déterminer le délai moyen d’écoulement des stocks c’est à dire leurs
transformations en créances ou en liquidités.
 Matières premières, matières et fournitures consommables : Le délai moyen
d’écoulement exprime le nombre de jours d’achats ou de consommation
représentée par le stock.
R1= Stock moyen de MP et de MFC / Achats consommés de MFC
Avec Stock Moyen = SI + SF / 2

 Produits finis : Le délai moyen d’écoulement des stocks des produits finis par
rapport au prix de revient des produits vendus :

R2 = Stock moyen de produits finis / Production vendue

1.4. La Rotation des Créances Commerciales


Le délai moyen de recouvrement des créances est calculé par le ration suivant :
R1= Clients et comptes rattachés – Clients créditeurs avances et acomptes / CA TTC

133
Le R1 permet d’approcher le délai moyen de crédit accordé par l’entreprise.

1.5. La Rotation des Crédits Fournisseurs


Le délai moyen de règlement accordé par les fournisseurs est :
R1= Fournisseurs et comptes rattachés – Fournisseurs débiteurs avances et acomptes
/Achats TTC

2. L’Étude du Compte de Produits et Charges et de l’État des Soldes de Gestion


2.1. Le Compte de Produits et Charges
Il est présenté en liste, et permet de dégager divers niveaux de résultats, qui traduisent les
conséquences des opérations d’exploitation de l’entreprise, de sa politique de
financement, de ses opérations non courantes et de l’impôt sur les sociétés. Ainsi, il fait
apparaître les résultats intermédiaires suivants :
Résultat d’exploitation : Produits d’exploitation – Charges d’exploitation.

Il correspond au surplus dégagé par les opérations liées à l’activité ordinaire de


l’entreprise (achat, production, vente), et constitue un indicateur de mesures industrielle et
/ ou commerciales de l’entreprise. Il traduit un résultat opérationnel avant incidence des
opérations financières, des éléments non courants, et de l’impôt sur le résultat.
Résultat d’exploitation : EBE + autres produits d’exploitations – autres charges
d’exploitations – dotations d’exploitation + reprises d’exploitation.

Résultat financier : Produits financiers – Charges financières.

Il permet de qualifier l’ingénierie financière de l’entreprise (politique d’endettement, coût


de crédits, utilisation des modes de financement adéquats et les moins onéreux). Il mesure
la rentabilité des opérations financières.
Résultat courant : Résultat d’exploitation + Résultat financier.

134
Il traduit le niveau des performances tant commerciales qu’industrielles et financières de
l’entreprise. Comme il intègre aussi les résultats des opérations de financement et de
placement de l’entreprise, il sera tributaire des taux d’intérêt, des performances de
marchés financiers et du risque financier que présente l’entreprise.

Résultat non courant : Produits non courants – Charges non courantes.

Il résulte des opérations qui ne relèvent pas de l’activité ordinaire de l’entreprise ou qui
altère sa structure.
Résultat net de l’exercice : C’est le solde final du compte de produits et de charges, il
intègre tous les aspects de l’entreprise. Il est obtenu par la différence entre les produits et
les charges de l’entreprise.
Résultat net de l’exercice
Résultat courant (+) ou (-) résultat non courant – impôt sur les résultats

2.2. Le Tableau de Formation du Résultat


Il permet de visualiser à travers les soldes de gestion comment l’entreprise a généré son
bénéfice et sa capacité d’autofinancement. Les soldes de gestion sont les suivants :
 La marge brute sur vente en l’état : C’est la différence entre les ventes de
marchandises et le coût d’achat des marchandises vendues et permet de suivre la politique
commerciale de l’entreprise et de mesurer ses ressources d’exploitation.
Ventes de marchandises – Achats revendus de marchandises

 La production de l’exercice : Cet indicateur concerne les entreprises industrielles.


Il reflète l’activité productrice de la période : ce que l’entreprise a fabriqué et vendu, ce
qu’elle a fabriqué, ce qui reste en stock et ce qu’elle a fabriqué pour elle-même.
Production de l’exercice = Ventes de biens et de services produits (+ ou -) variation de
stocks + immobilisations produites par l’entreprise pour elle-même

135
 La valeur ajoutée : Permet d’évaluer la dimension économique de l’entreprise. Elle
permet aussi de mesurer la richesse nouvellement créée par l’entreprise.
Valeur ajoutée = Marge brute + production de l’exercice – consommations de l’exercice

 L’excédent brut d’exploitation : Il mesure la rentabilité économique de l’entreprise.


C’est la rémunération du facteur capital et c’est aussi la ressource générée par
l’exploitation de l’entreprise indépendamment de la politique d’investissement et de
financement, de la politique fiscale et des éléments non courants. Ce qui fait que cet
indicateur est très efficace dans les comparaisons interentreprises.
E.B.E = Valeur ajoutée + subventions d’exploitations – impôts et taxes – charges du
personnel y compris charges sociales.

 Le résultat d’exploitation : Il mesure les performances industrielles et


commerciales de l’entreprise et c’est la raison de sa création qui fait qu’il doit être
toujours positif.
Résultat d’exploitation = E.B.E + Autres produits d’exploitation – Autres charges
d’exploitation + Reprises d’exploitation et transferts de charges – Dotations
d’exploitation.

2.3. La Capacité d’Autofinancement (C.A.F)


La C.A.F représente les ressources internes générées par l’activité de l’entreprise durant
un exercice et qu’elle peut affecter à son autofinancement, c’est un flux de trésorerie
potentiel dégagé par l’activité propre de l’entreprise au cours d’un exercice. Elle trouve sa
source essentielle dans l’excédent brut d’exploitation, excédent de trésorerie potentiel
dégagé par les opérations d’exploitation. Elle permet d’accroître les investissements,
d’augmenter le fonds de roulement, de rembourser les emprunts, de rémunérer les
associés et de mesurer l’indépendance financière de l’entreprise.

136
 La Méthode Additive
La CAF est calculée à partir du résultat net après impôt. Il s’agit d’éliminer les produits
calculés et les charges calculées.
Tableau 6 : Calcul de la C.A.F
Signe Mode de calcul Signe Mode de calcul Signe Mode de calcul
Résultat net de Capacité
l’exercice - Reprises non = d’autofinancement
+ Dotations courantes CAF
d’exploitation
+ Dotations - Produits des cessions - Dividendes
financières d’immobilisations
+ Dotations non
courantes + Valeurs nettes
- reprises d’amortissements des = Autofinancement
d’exploitation immobilisations
- reprises financières cédées

 La Méthode Soustractive
Cette méthode part de l’E.B.E pour en déduire les autres charges décaissables et y ajouter
les autres produits encaissables.

C.A.F = E.B.E + transferts de charges d’exploitation + autres produits d’exploitation -


autres charges d’exploitation + produits financiers (hors reprises) - charges financières
(hors dotations) + produits non courants – charges non courantes – impôts sur les
bénéfices.

3. Les Ratios d’Analyse de l’Activité et de la Rentabilité


Ces ratios permettent de mesurer l’évolution de l’activité de l’entreprise, de la
productivité, de la rentabilité et des performances réalisées par l’entreprise.
Tableau 7 : Calcul des Ratios de Rentabilité
Ratio Formule Commentaire

137
Le R1 correspond au taux de marge brute
Ratios de Rentabilité R1= E.B.E / C.A H.T d’exploitation et traduit la performance de
rentabilité d’exploitation R2 = Résultat d’exploit. l’entreprise à travers son aptitude à générer
/ CA HT les ressources de trésorerie.
Il mesure la rentabilité de l’entreprise en
Taux R3 = Résultat net / fonction de son chiffre d’affaires.
de rentabilité CA HT Il met en évidence la profitabilité de
net l’entreprise.
Taux de marge R4 = Marge brute / Utilisé pour fixer les prix de vente, réaliser
commerciale CA HT les devis ou calculer le seuil de rentabilité.

Rentabilité R5 = Résultat net / Ce ratio constitue le meilleur indicateur de


financière Capitaux propres la rentabilité des capitaux propres.

Ratio de R6 = Valeur ajoutée / R6 mesure le degré d’intégration des


productivité Production activités de l’entreprise et sa contribution à
l’économie.
R7 = Valeur ajoutée / R7 mesure le rendement de l’outil de
Immobilisations Brutes production.
d’exploitation

4. Étude du Tableau de Financement


Ni l’étude du bilan ni celle du compte de produits et charges ne permet d’obtenir une
vision dynamique de la structure financière de l’entreprise. Or, ce point peut intéresser
tant l’analyste financier externe que le gestionnaire de l’entreprise. En effet, en analysant
son bilan, le chef d’entreprise est souvent amené à s’interroger sur la localisation de son
bénéfice dans le patrimoine. De même, il peut être perplexe devant une certaine
discordance entre l’augmentation de sa production et de son chiffre d’affaires et le
volume de sa trésorerie. Il peut enfin avoir du mal à évaluer ses possibilités
d’investissement et les moyens à mettre en œuvre.
Pour combler ces lacunes, et répondre à ces besoins, l’analyse financière propose un outil
particulièrement intéressant : Le tableau de financement. L'analyse du tableau du
financement permet d’appréhender l’ensemble des flux financiers qui correspondent à des
opérations d’investissement, de financement, d’exploitation et de trésorerie.

138
Il fait apparaître et explique les mouvements ou variations des emplois et ressources
(variation du patrimoine) pendant un exercice.
Le tableau de financement comporte deux parties :
 Synthèse des masses du bilan.
 Emplois et ressources.

4.1. Synthèse des Masses du Bilan


Le tableau de synthèse des masses du bilan est obtenu directement à partir des montants
nets des masses de deux bilans comptables successifs. Il permet de calculer :
 Le fonds de roulement fonctionnel de l’exercice, de l’exercice précédent et sa
variation.
 Le besoin de financement global de l’exercice, de l’exercice précédent et sa
variation.
 La trésorerie nette de l’exercice, de l’exercice précédent et sa variation.
Il permet de mettre en évidence l’équation de l’équilibre financier : FRF – BFG = TN
(Variation FRF – Variation BFG = Variation TN).

4.2. Emplois et Ressources


Le tableau des emplois et ressources nous renseigne sur l’évolution des emplois et
ressources de l’entreprise au cours d’un exercice, de façon détaillée, en termes de flux
d’emplois et ressources, en faisant référence au haut du bilan (ressources stables et
emplois stables). Ceci permet d’apprécier la politique d’investissement, son financement
et la politique d’autofinancement.
Il s’agit d’un tableau visant à interpréter les variations trouvées dans le tableau de
synthèse des masses du bilan. Il est constitué de quatre masses fondamentales :
 Les ressources stables de l’exercice ;
 Les emplois stables de l’exercice ;
 La variation du besoin en fonds de roulement ;
 La variation de la trésorerie nette.

139
Les deux premières masses sont analysées en termes de flux de l’exercice ; les deux
dernières apparaissent pour leurs variations nettes globales.
Les flux de ressources et d’emplois stables mettent en évidence les politiques
d’investissement, de désinvestissement, de remboursement et de financement à caractère
permanent de l’entreprise survenues au cours de l’exercice ; ils expliquent la variation du
FRF trouvée dans le tableau de synthèse des masses du bilan.

Le tableau de financement permet de rapprocher les besoins financiers de l’entreprise


(immobilisations et BFR) aux ressources collectées pour les couvrir (autofinancement,
capital, endettement). L’ajustement se fait par la trésorerie.
Un tableau de financement permet de caractériser :
 La stratégie de croissance (ou de décroissance) interne (acquisitions
d’immobilisations corporelles et incorporelles) ou externe (acquisition
d’immobilisations financières : titres de participations) de l’entreprise ;
 La stratégie de financement : financement interne (autofinancement, cessions
d’immobilisations) ou externe (augmentation de capital, recours à l’endettement) ;
 La politique de dividendes en étudiant l’évolution des dividendes distribués.

140
CONCLUSION
Le but d’une analyse financière de l’entreprise est de répondre aux questions relatives à la
prise des décisions. Ces décisions peuvent être liées au pilotage de l’entreprise, à la
politique d’investissement ou encore à des questions liées au financement. Le but d’une
analyse financière de l’entreprise est de répondre aux questions relatives à la prise des
décisions. Ces décisions peuvent être liées au pilotage de l’entreprise, à la politique
d’investissement ou encore à des questions liées au financement.

Nous avons essayé de montrer que l’analyse financière vise à mettre le point sur la
situation financière de l’entreprise en mettant en évidence ses forces et ses faiblesses. Elle
constitue un élément nécessaire à la performance, elle permet à l'entreprise de remédier
aux failles observées afin d'occuper une place de choix. Le diagnostic s’effectue à partir
des états financiers du passé dans une optique dynamique et comparative. On recueille ces
documents sur les deux ou trois derniers exercices afin d’étudier l’évolution de la société
et de comparer les performances dans le temps. Cette comparaison se fait à l’aide des
ratios.
Il faut préciser que les ratios sont plus pertinents s’ils sont réalisés sur plusieurs années
afin de voir l’évolution de la situation de l’entreprise et que ces derniers doivent être
comparés avec ceux du secteur d’activité et des entreprises concurrentes. Cependant, les
ratios ne tiennent pas compte de nombreux facteurs qui peuvent avoir un impact profond
sur l’entreprise, et pourtant ne peuvent être quantifiés ou exprimés en terme comptable.
Enfin, nous pouvons déduire qu’il existe une multitude de ratios d’analyse financière et il
convient donc de sélectionner les plus pertinents en fonction de l’entreprise et de
l’activité. Ainsi que l’analyse d’une entreprise ne se limite pas à celle de ses états
financiers (même s’il s’agit d’une étape importante) mais doit s’élargire à l’étude de son
environnement : le secteur géographique, l’analyse du marché et de la clientèle,
l’évolution de la législation, etc.

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