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Conservatoire national des arts et métiers

CCV001 : Résistance des matériaux appliquée à la construction

Chapitre 3 : Traction et compression

Loi de Hooke, Introduction à l’élasticité linéaire

jean-sebastien.villefort@cnam.fr
292, rue St Martin, Paris III
http://btp.cnam.fr/

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1. Essai de traction sur acier 3
1.1 Expérience 3
1.2 Loi de Hooke, module de Young 4
1.3 Contrainte normale 5
1.4 Déformation longitudinale 5
1.5 Expression de la courbe en contrainte-déformation 6
1.6 Expression de la loi de Hooke en contrainte déformation 7
1.7 Comportement mécanique 7
1.8 Caractéristiques mécaniques des principaux matériaux de structure 11
2. Calcul des contraintes et des déformations 12
2.1 Calcul des contraintes normales 12
2.2 Calcul des déformations et du déplacement 15
3. Effet d’une variation de température uniforme 16
3.1 Dilatation thermique 16
3.2 Exemple : Dilation d’un rail de chemin de fer 17
3.3 Joint de dilatation 20

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1. Essai de traction sur acier

1.1 Expérience

F F

Lo


L
Lorsque l’on effectue un essai de traction sur une barre d’acier de section A et de longueur Lo
on enregistre l’allongement L provoqué par la force F. La partie linéaire en rouge est
particulièrement intéressante car elle correspond au début du chargement.

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1.2 Loi de Hooke, module de Young

Robert Hooke a établi une loi expérimentale sur des ressorts vers 1675. Il la formalisa en
écrivant trois ans plus tard « ut tensio sic vis » ce qui signifie « telle extension, telle force ».

La loi de Hooke exprime la proportionnalité entre la force F et l’allongement L du ressort


F  K .L où K est la raideur du ressort.

Cette loi s’inverse en exprimant l’allongement L en fonction de la force exercée L  S.F


où S est la souplesse du ressort.

L’expérience montre que la force F enregistrée est inversement proportionnelle à la section A


d’acier et que l’allongement L est proportionnel à la longueur initiale Lo.

F L
Ceci se traduit par la formule :  E. où E un coefficient de proportionnalité qui ne
A L
dépend que du matériau. E est appelé module de Young.

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1.3 Contrainte normale

On appelle contrainte normale  (en Pascal noté Pa) le rapport de l’effort normal de traction N
N
(en Newton noté N) sur la section (en mètre carré noté m2) :  
A

1.4 Déformation longitudinale

On appelle déformation  le rapport sans dimension de l’allongement L sur la longueur


L
initiale Lo :  
Lo

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1.5 Expression de la courbe en contrainte-déformation

(MPa)
F

Lo

Le grand intérêt de cette représentation en contrainte déformation, c’est qu’elle caractérise le


matériau lui-même et non la géométrie de l’éprouvette (Longueur initiale, section initiale)

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1.6 Expression de la loi de Hooke en contrainte déformation

La partie linéaire (en rouge) de courbe contrainte-déformation est caractérisé une nouvelle
expression de la loi de Hooke :   E. où E est le module de Young.

1.7 Comportement mécanique

fu
fy

e p

p
y u

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Zone d’élastique linéaire

En zone AB, la contrainte est proportionnelle à la déformation. On suit la loi de Hooke


  E. où E est le module de Young. Si la contrainte redevient nulle, la déformation
également. On dit que la déformation est élastique. Le phénomène est réversible. Le point B
marque la fin de la zone d’élastique linéaire. Il est caractérisé par une contrainte de limite
élastique noté fy.

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Palier plastique.

En zone BC, l’éprouvette s’allonge sans augmentation de l’effort appliquée. Si la contrainte


redevient nulle, il existe une déformation résiduelle, appelée déformation permanente ou
déformation plastique. Le phénomène est irréversible. Le module de Young baisse légèrement
car le matériau est endommagé. Les déformations permanentes ont toujours pour origine des
mécanismes de glissement.
Dans les métaux, le glissement s’effectue progressivement par propagation d’un défaut appelé
dislocation dans l’arrangement des atomes.

Dans les polymères, la rupture des liaisons faibles (Hydrogène, Van der Waals) provoque le
glissement relatif des macromolécules.

Dans les sols, les grains qui le compose ne se déforment quasiment pas mais ils se déplacent
les un par rapport aux autres par glissement ou roulement.

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Ecrouissage

En zone CD, Le nombre croissant de dislocations produites lors des déformations plastiques et
leur interaction entre elles ou avec des atomes plus gros, conduit à réduire leur mobilité. C’est
le phénomène d’écrouissage. Il se caractérise par un « raffermissement » de l’acier. Le
phénomène d’écrouissage correspond à également à l’augmentation de la limite élastique d’un
acier. Ce phénomène produit également une diminution de l’allongement du matériau. Les
aciers à haute adhérence utilisés en béton armé sont des aciers écrouis obtenu grâce à
étirement à froid de l’acier dans la zone d’écrouissage, puis un déchargement.

Striction

En zone DE, au delà de l’effort maximum, l’éprouvette s’allonge encore, mais avec une chute
de la contrainte apparente. En réalité, l’éprouvette se « déchire » localement, on parle de
phénomène de striction. La section résistance de l’éprouvette diminue, la contrainte vraie
augmente fortement. On considère que la résistance maximum est atteinte au point D. cette
résistance est appelée résistance ultime et notée fu.

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1.8 Caractéristiques mécaniques des principaux matériaux de structure

Module
Masse volumique Limite élastique Limite de rupture
Matériaux de Young
(kg/m3) (MPa) (MPa)
(MPa)
Bois
10 000 24
de charpente 420
(ordre de grandeur) En flexion
Sapin C24
Béton
30 000 25
standard 2400
(ordre de grandeur) En compression
C25
Poutre d’acier
de construction 7850 210 000 240 360
S235
Barre d’acier
S500B 7850 200 000 500 540
pour béton armé
Câble d’acier
T15S
7850 195 000 1 600 1 860
pour béton
précontraint

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2. Calcul des contraintes et des déformations

2.1 Calcul des contraintes normales

2.1.1 Effort normal

L’effort normal est la somme des contraintes normales sur la section : N    .dA
A
Les efforts de cohésion sont également appelés contraintes généralisées.

y

N
x
z G

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2.1.2 Uniformité des contraintes et des déformations dans la section droite

En traction les déformations longitudinales et les contraintes normales sont uniformes dans la
section de la poutre.

On peut donc « sortir » la contrainte de l’intégrale double et obtenir la formule :

N
N    .dA   .  dA   . A   
A A A

y y
N

x
G G

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2.1.3 Formule de la contrainte normale de traction (ou de compression)

N

A

En Traction :   0 et N  0
En Compression :  0 et N  0

En béton armé, la convention de signe est généralement l’opposée.

Dans les cas courants, il n'y a pas d'ambiguïté sur la nature de la sollicitation et l'on omet les
signes.

2.1.4 Dimensionnement
Dans une approche simplifiée, on limitera la contrainte normale.

N
  
A

La contrainte limite  est donnée pour chaque matériau. Les codes de calculs européens
(Eurocodes) présentent les choses de manière différemment.

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2.2 Calcul des déformations et du déplacement

La vérification de la résistance ne suffit pas, il faut également vérifier que les déplacements de
l’ouvrage soient compatibles avec l’usage de l’ouvrage.
 N
La déformation est calculée à partir de la contrainte :   
E E. A
y y
N

x
G G

Le déplacement est calculé en sommant les déformations le long de la poutre :

B B  B N
u B  u A    .dx   .dx   .dx
A A E A E. A

N N
Si est constant le long de la poutre : u B  u A  .L
E. A E. A
N
On retrouve l’expression : L  u B  u A  .L
E. A

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3. Effet d’une variation de température uniforme

3.1 Dilatation thermique

Un changement de température engendre une modification des dimensions des poutres. Si la


température augmente la poutre s’allonge (dilatation). Si la température diminue la poutre se
rétrécie (contraction ou rétraction). L’expérience montre que l’on peut relier la variation de
température à la déformation par une relation de proportionnalité :

 T 0   .T

coefficient de dilatation linéique Béton Acier Bois Verre


 [°C-1] 10-5 10-5 0,5.10-5 0,9.10-5

L’acier et le béton ont le même coefficient de dilatation. Cela explique le bon comportement
du béton armé et des structures mixtes aux variations de températures. Les structures en bois
ne sont que rarement vérifiées aux variations de températures car la dilatation thermique est
en partie compensée par un retrait hydrique. Ce phénomène de stabilité dimensionnelle, ajouté
aux qualités d’isolant thermique du bois sain et de couche de protection du bois brulé,
explique pourquoi le bois est un excellent matériau pour réaliser des blocs d’huisserie coupe-
feu.

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3.2 Exemple : Dilation d’un rail de chemin de fer

Dilatation libre d’un rail de chemin de fer (L=30 m posé à 10°C) entre l’été (50°C) et l’hiver
(-20°C).

 libre (été)   .T  105.40  0,0004


 libre (hiver)   .T  105.( 30)  0,0003

Llibre (été)   libre.L   .T .L  105.40.30  0,012m


Llibre (hiver)   libre.L   .T .L  105.( 30).30  0,009m

Ceci explique pourquoi les premiers rails de chemin de fer n’étaient pas jointifs. Désormais
les rails sont soudés et les dilatations gênées génèrent des contraintes internes.

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Le déplacement u est calculé en sommant les déformations le long de la poutre :

L
o u
x

N L N

   N
u   du    .dx   .dx   .dx  .Lo  .Lo
Lo Lo Lo E EL
o
E EA

du
Réciproquement, la déformation est donc la dérivée du déplacement :  
dx

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3.2.1 Formule du déplacement longitudinal

N
u .Lo
EA

u : déplacement en m, parfois noté L


Lo : Longueur initiale en m
N : Effort normal en MN
A : aire de la section droite en m2 (supposée constante)
E : module de Young en MPa

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3.3 Joint de dilatation

3.3.1 Construction métallique

La longueur de bâtiment au-delà de laquelle des joints de dilatation sont recommandés varie
selon les pays. Par exemple, en France, avec un climat continental, les joints de dilatation sont
recommandés pour les longueurs de dilatation supérieures à 50 m, c'est-à-dire pour une
longueur de bâtiment de 100 m avec contreventement à mi longueur.

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3.3.2 Maçonnerie

Dans les maçonneries porteuses, les joints de dilatation et de retrait intéressent toute la
structure. Leur espacement ne peut être supérieur à 20 m dans les régions sèches ou à forte
opposition de température, et à 35 m dans les régions humides et tempérées. Lorsque les
ouvrages surmontant le plancher en béton armé de la toiture ont une résistance thermique
inférieure à celle qui figure

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3.3.3 Béton armé

Dans les ouvrages en béton armé, les joints de dilatation divisent un ouvrage en plusieurs
parties indépendantes de dimensions limitées, pour permettre leur dilatation, sans causer de
soulèvements dans les dallages ou de fissuration diffuse dans les voiles. Ils sont constitués
d’une fourrure en matériau imputrescible et compressible de 10 à 20 mm d’épaisseur, collée
sur les faces en regard des parties à séparer. Leur espacement peut varier selon le climat de 25
à 40 mètres linéaires et ils coïncident le plus souvent avec les joints de construction.

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