ECOLE GALILEE
Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales
LA DETTE DES PAYS PAUVRES TRES ENDETTES
Une menace pour la protection des droits sociaux à l’ère de la mondialisation.
Etude du cas de la République Démocratique du Congo (RDC)
Par
Michel MUSIMBI MBU MISCH
Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d'études
Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Communication & Développement
Promoteur: Denis HORMAN
Bruxelles 20062007
TABLE DES MATIERES
Remerciements...................................................................................................................................5
Introduction........................................................................................................................................6
I. Problématique……………........................................................................................................ .....6
II. Intérêt du sujet et annonce du plan…………................................................................................7
CHAPITRE I : LA DETTE DANS LES RELATIONS NORDSUD………...................................9
Section1 : Quelques considérations sur la dette extérieures des pays du Sud…...............................9
§1 : Définition…………………………………………………………...............................9
§2 : Les différentes catégories de dettes……………………………….............................10
§3 : Les régimes juridiques de la dette extérieure……………………...............................11
A. Les créances publiques………………………………………................................11
B. Les créances privées…………………………………………................................12
Section2 : Historique de l’endettement Congolais…………………………..................................13
§1 : Evolution de la dette extérieure congolaise……………………..................................15
§2 : La crise de l’endettement et les programmes des IFI en RDC….................................17
CHAPITRE II : LA DETTE EXTERIEURE DU CONGO ET SON IMPACT SUR LES
DROITS SOCIAUX………………………………………..................................21
Section 1 : Les droits en cause……………………………………………….................................21
§1 : Contenu………………………………………………………….................................21
A. Les instruments internationaux à caractère universel…….................................21
B. Les instruments régionaux………………………………..................................22
§2 : Cadre juridique congolais en matière de prêts.............................................................23
A. Les organes habilités à solliciter des crédits extérieurs......................................23
1. L’Office de Gestion de la Dette Publique (OGEDEP)............................23
2. Le Gouvernement....................................................................................24
3. Le Parlement............................................................................................24
B. Les organes de contrôle.......................................................................................24
2
1. Le Parlement............................................................................................24
2. la Cour des comptes.................................................................................25
3. Le Conseil supérieur du portefeuille.......................................................25
4. Le Conseil permanent de la comptabilité au Congo (CPCC)..................25
§3. Les obligations de l’Etat................................................................................................26
Section 2 : Restructuration de la dette extérieure du Congo...........................................................27
§1 : L’impact de la dette extérieure sur le développement humain.....................................29
A. Les effets sur le droit à l’éducation...............................................................30
B. Les effets sur le droit à la santé....................................................................32
C. Les effets sur le droit à une nourriture suffisante..........................................33
§2 : L’initiative PPTE : Les« habits neufs » des politiques d’ajustement
structurel en RDC....................................................................................................34
A. Contenu et portée..........................................................................................34
B. Faiblesse de l’initiative PPTE.......................................................................35
§3 : L’initiative PPTE et les mesures d’allègement de la dette extérieure du Congo..........37
A. Prise de conscience.......................................................................................38
B. Bref aperçu sur les initiatives d’avant Lyon 1996........................................39
§4 : Etat de la dette en RDC.................................................................................................41
1. La Banque mondiale et le FMI..........................................................................42
2. Le Club de Paris................................................................................................42
3. Le Club de Londres...........................................................................................44
4. Le Club de Kinshasa.........................................................................................45
5. La Banque africaine de développement (BAD)................................................45
6. La dette du Congo visàvis de la Belgique......................................................45
CHAPITRE III : ALTERNATIVE : ANNULER LA DETTE EXTERIEURE DE LA RDC.....47
Section 1 : Argumentaire en faveur de l’annulation de la dette...................................................47
§1 : Les arguments moraux en faveur de l’annulation de la dette....................................47
§2 : Les arguments économiques en faveur de l’annulation de la dette...........................48
§3 : Les arguments politiques en faveur de l’annulation de la dette................................49
§4 : Les arguments juridiques en faveur de l’annulation de la dette................................49
1°. Le cas de la force majeure...............................................................................49
2°. L’état de nécessité...........................................................................................50
3°. La dette odieuse de la RDC.............................................................................51
Section 2 : Les risques invoqués par les créanciers et les alternatives prônées par
Les mouvements sociaux...........................................................................................52
§1 : Les risques invoqués.................................................................................................52
1. Le risque d’une crise financière mondiale.............................................................52
2. Le mauvais exemple aux emprunteurs..................................................................53
§2 : Alternatives potentielles à l’endettement de la RDC...............................................54
1. Briser le cercle vicieux de la dette........................................................................54
3
2. Mettre fin aux plans d’ajustement structurel........................................................55
3. Mise en place d’un mécanisme d’audit................................................................56
4. Rétrocéder au Congo ses richesses illégalement transférées au Nord.................57
§3. Défis et perspectives pour le nouveau gouvernement congolais.............................58
CHAPITRE IV : CONCLUSION ET RECOMANDATIONS.................................................60
ANNEXES................................................................................................................................63
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................70
4
« Heureusement pour les pauvres, il y a les pauvres ».
(Veuillot)
Des riches donnent de leur superflu et parfois de leur cœur ; les pauvres donnent surtout de leur
cœur… Celui qui est dans la misère a plus besoin de compassion que de condescendance : deviner
son dénuement, souffrir de sa peine… et se demander si on aurait son courage dans les mêmes
circonstances…
Craindre, à tout prix, de devenir un « embourgeoisé », qui s’enferme dans sa Carapace de bienêtre
et ignore la misère qui l’entoure… Quel geste du cœur feraije aujourd’hui, pour me rapprocher des
pauvres ?
Suisje riche de biens matériels et pauvre de rendement personnel, ou puisje dire: merci Seigneur,
d'être né loin de la richesse!
REMERCIEMENTS
5
Il existe une différence grande entre savoir et connaître car ce que l'on sait, on ne le connaît pas
nécessairement. La vraie connaissance correspond à l'assimilation d'un savoir non seulement
intellectuel mais aussi émotionnel. La sagesse consiste à appliquer avec discernement la
connaissance acquise. L'objectif est de faire de l'homme un sage, c'estàdire une personne qui
détient la connaissance utile à son évolution et à celle des autres.
L'effort faisant le fort, je peux audacieusement affirmer que nul ne peut prétendre avoir réalisé une
oeuvre de quelle importance qu'elle soit sans le concours de ses semblables. C'est dans cette optique
que je fais mien le point de vue selon lequel l'homme n'est rien sans les hommes.
Je me permets de dire que ce travail, je l'ai rédigé avec le concours d'autres personnes. La
complexité de la matière sur la dette m'a parfois causé des difficultés. Je me suis souvent tiré
d'affaires grâce à la rigueur scientifique de M. HORMAN Denis, mon promoteur, à qui j'adresse ici
tous mes remerciements.
J'aimerais aussi remercier le couple Arlette et JeanPierre PLUMAT. Vous avez joué un rôle
indispensable dans la lecture et relecture générale de ce mémoire. Virginie, tu le sais bien, tu mérites
davantage de remerciement.
A tous mes formateurs du DESS, vous qui m'avez fait découvrir le goût de la communication et du
développement dans la coopération, je dis merci.
Il serait injuste pour ma part de ne pas citer M. NK, ancien administrateur de l'Office de gestion de
la dette publique à Kinshasa, qui m'a fourni quelques éléments pertinents contenus dans ce
mémoire. Qu'il trouve ici toute ma reconnaissance.
Enfin, pour une mention spéciale, je me tourne vers MarieFrançoise CARTIER, mon épouse:
laissemoi te remercier pour toutes les fois où j'ai oublié de le faire parce que très souvent j'étais
plongé dans mes bouquins, considérant ton amour, ta patience et ton indulgence comme un acquis.
Sois rassurée que ton amour, ta patience et tes sacrifices ont été pour beaucoup dans la réussite de ce
diplôme.
A vous tous qui m'avez inspiré à rédiger ce travail, je vous remercie de tout cœur et vous assure que
votre contribution pour sa réussite a été plus que grande.
6
Michel MUSIMBI
INTRODUCTION.
1. PROBLEMATIQUE
La dette et la pauvreté sont deux réalités qui semblent se nourrir mutuellement. Elles constituent à
ce jour l’un des plus grands défis auxquels se trouve confrontée la République Démocratique du
Congo, considérée comme un pays au sein duquel le niveau de vie des populations est le plus bas.
Ce phénomène est considéré, à juste titre, comme l’une des formes les plus graves de violation des
droits de l’homme dans le monde.
Sans préjudice du caractère indivisible des droits de l’homme, force est néanmoins de reconnaître
que de tous ces droits, les droits économiques, sociaux et culturels apparaissent comme ceux qui
subissent le plus les effets pervers de la dette et de la pauvreté. Ces deux phénomènes se situent
dans un rapport dialectique évident. Il en est ainsi en raison du fait que l’intervention active de
l’Etat que requièrent ces droits, souvent désignés sous le vocable de « droitscréances », procède
généralement d’un certain sacrifice d’ordre financier que les gouvernements doivent consentir,
même s’il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux se soustraient à ce devoir.
Pour la République Démocratique du Congo dont les ressources internes sont jugées insuffisantes –
parce que pillées ou mal exploitées , le recours à la dette a été et continue à être l’ultime moyen
d’acquérir les fonds nécessaires à l’effort de développement et donc implicitement, entre autres, à la
réalisation progressive des droits économiques et sociaux au profit des populations.
Mais, entre mauvaises politiques de développement, gabegie financière d’un régime corrompu et
mesures drastiques imposées par les institutions financières internationales, les fonds empruntés au
fil des ans par la République Démocratique du Congo n’ont pas donné les résultats escomptés. Il a
7
fallu emprunter toujours davantage, ce qui a abouti à une spirale qui n’a eu de cesse de générer
toujours plus de précarité, toujours plus de pauvreté. De la pauvreté découle soit une incapacité, soit
un manque de volonté de la part de l’Etat Congolais – à moins que les deux réalités ne
s’entretiennent l’une l’autre – de rendre effective la garantie des droits économiques et sociaux. Il
s’en suit qu’aujourd’hui, le sort des populations congolaises se trouve hypothéqué pour une durée
(plutôt que sur une échéance) qu’en réalité aucune projection sérieuse ne permet encore de
déterminer.
Les lignes maîtresses sur lesquelles va s'articuler notre réflexion sont les suivantes:
1. Comprendre l’enjeu véritable de la dette extérieure de la RDC dans l’équilibre financier
mondial actuel, mais aussi revenir sur la nature et la portée des obligations qui incombent à
l’Etat congolais en rapport avec les droits économiques et sociaux.
2. Confronter ces obligations à la réalité du service d’une dette devenue astronomique.
3. Evaluer le rôle et, le cas échéant, les responsabilités des différents créanciers de la
internationales (IFI) – dans la protection des droits susmentionnés.
4. Evaluer l’action de l’Etat congolais face à la problématique de la dette et de la pauvreté et
les incidences sousjacentes sur la jouissance effective des droits économiques et sociaux par
ses populations, ce en vue de proposer des voies alternatives.
Cette dernière réflexion est hantée par une préoccupation fondamentale qui peut être formulée de la
manière qui suit : l’équation « Dette+Pauvreté=l’impossible développement humain pour le Sud »
atelle scellé aussi à jamais la destinée de 62 millions de Congolais et de leur pays, ou estil encore
possible de réinventer une justice sociale à l’échelle mondiale et tenter de redonner vie à cet
immense pays aux innombrables richesses naturelles et humaines ?
2. INTERET DU SUJET ET ANNONCE DU PLAN
8
Le cas de la République Démocratique du Congo constitue un véritable paradoxe. Doté d’un sous
sol contenant de telles richesses qu’il en a été qualifié de scandale géologique, pourtant sa
population compte parmi les plus misérables de la planète. L’indice du développement humain le
place à la 167ème place sur 177. Ce sujet qui nous préoccupe est d’un intérêt évident à plus d’un
titre : la dette de la République Démocratique du Congo apparaît aujourd’hui, plus qu’hier, comme
un des facteurs clés, un des principaux obstacles au développement humain. Naturellement riche, ce
pays est très pauvre financièrement. Le fardeau que représente la charge de la dette et de ses intérêts
constitue un obstacle insurmontable au respect des droits humains.
Si la dette génère la pauvreté et inversement, il est important de s’interroger sur la réalité de la
jouissance effective par les populations « ZaïroisesCongolaises » de ces emprunts contractés par
ses dirigeants. Se pencher sur cette problématique reviendrait alors à s’inscrire dans un plaidoyer
pour la suppression de cette dette que l’on pourrait qualifier d’odieuse. Elle est devenue un moyen
subtil de domination qui empêche tout développement humain durable au Congo.
Fort heureusement, le monde assiste depuis quelques temps à un regain sans précédent des groupes
de pression « tiersmondistes » sur la scène internationale, ainsi qu’à l’émergence d’une nouvelle
vague dite « alter mondialiste » qui n’hésite pas à préconiser des solutions radicales pour résoudre
l’épineuse question de la dette, à savoir son annulation sous toutes ses formes. Dans un tel contexte,
notre sujet trouve bien sa place dans un débat au cœur du DESS en Communication et
Développement.
Notre étude se subdivise en 4 chapitres:
1. La dette dans les relations économiques NordSud (Chapitre 1er)
2. La dette extérieure de la République Démocratique du Congo (RDC) et son impact sur les
droits sociaux (Chapitre 2ème).
3. Alternative: annuler la dette extérieure de la RDC (Chapitre 3ème).
4. Conclusion et recommandations (Chapitre 4ème).
9
Chapitre 1
LA DETTE DANS LES RELATIONS NORDSUD
10
Section 1. Quelques considérations sur la dette extérieure des pays du Sud
§1. Définition
La dette extérieure désigne l'ensemble des sommes qu'un pays, état, entreprises et particuliers
compris, doit rembourser à des étrangers. Elle est souvent liée aux fluctuations de la devise
nationale (Wikipedia, 17.06. 2007). Cet emprunt est toujours libellé en monnaie étrangère, et le plus
souvent en devises fortes (dollars, euros, livres sterling, yen, francs suisses car les dévaluations sont
le plus souvent le fait des IFI.
Du point de vue juridique, cette définition globale implique une pluralité d’acteurs aussi bien du
côté des créanciers que des débiteurs. De plus, elle s’établit selon deux critères : la résidence des
parties et la monnaie utilisée. Si le 1er crée l’extranéité de la dette, la conjonction des deux critères
permet le ciblage des populations souffrant aujourd’hui du poids écrasant de la dette extérieure. En
effet, le fait qu’une dette soit libellée dans une monnaie étrangère, le plus souvent le dollar
américain, constitue en soi une contrainte pour les emprunteurs : il ne suffit pas au débiteur de
dégager des excédents pour honorer le service de la dette – à savoir le paiement des intérêts et des
devient souvent une véritable gageure.
Les pays s’endettent généralement pour financer des investissements publics, notamment des projets
de développement, ou privés – par exemple, l’achat de la technologie par une entreprise , ou encore
pour pallier un déséquilibre de leur balance des paiements. Il arrive aussi que la dette prenne la
forme d’un prêt commercial appelé « crédit fournisseur ». Cette technique est souvent utilisée
par les pays industrialisés parce qu'elle favorise leurs exportations vers le Sud.
Pour éviter tout désagrément dans les transactions économiques entre Etats, une politique d’agence
de crédit à l’exportation a été mise en place par les pays du Nord : chaque fois qu’une entreprise du
11
Nord obtient un marché dans un pays du Sud, il existe souvent un risque que des difficultés
économiques (cas des pillages de 1992 et 1994 en RDC) ou politiques empêchent le paiement de
factures. Pour pallier cette situation de fait, les entreprises du Nord s’assurent auprès des agences de
crédit à l’exportation, comme c’est le cas du « Ducroire » en Belgique. En cas de nonpaiement du
pays débiteur, c’est cette agence qui paie à la place du client défaillant, ainsi l’entreprise du Nord est
assurée de récupérer son dû.
Quant à l’expression pays pauvres très endettés (PPTE), elle désigne un certain nombre de pays
appartenant à la catégorie des pays moins avancés (PMA), actuellement une quarantaine, dont
traditionnels de réaménagement et de réduction a été reconnue. Ils furent d’abord désignés sous
l’acronyme anglais SILIC (Severely Indebted Low Income Countries) avant de devenir en 1996 les
HIPC (Heavily Indebted Poor Countries) ou Pays pauvres très endettés (PPTE) en français.
(ZACHARIE & MALVOISIN, 2003, p. 88)
Comme toute réalité produisant des effets juridiques, examinons au préalable les différentes
catégories de dettes.
§2. Les différentes catégories de dettes
1
D’après une mauvaise traduction de l’anglais « sustainable »
12
Ce schéma issu du livre du manuel du CADTM ''Menons l'enquête sur la dette p.3'' mérite bien un
petit commentaire. La dette totale d'un pays en développement se démembre en dette intérieure,
c'estàdire celle contractée auprès d'un créancier intérieur au pays, le cas d'une banque nationale, et
en dette extérieure, c'estàdire celle qui est contractée auprès d'un créancier extérieur. La dette
intérieure du pays est souvent exprimée en monnaie locale, ce qui ne l’empêche pas de peser sur le
budget du pays. Si la dette interne pèse sur le budget, la dette externe entraîne le plus souvent une
véritable colonisation économique. Cette dette extérieure se répartit en dette extérieure publique et
en dette extérieure privée. Si la première est contractée par les pouvoirs publics (Etat, collectivités
locales...), la seconde, elle, est contractée par des organismes privés, c'est le cas d'une filiale d'une
multinationale du Nord – qui n'est pas garantie par l'Etat. A son tour, selon le schéma, la dette
extérieure publique se décompose en 3 parts selon la nature des créanciers:
− il y a la part multilatérale lorsque le créancier est une institution multilatérale comme le FMI, la
BM ou les Banques régionales de développement.
− la part bilatérale lorsque le créancier est un autre Etat et
− la part privée lorsque le créancier est une institution privée comme une banque ou quand elle
provient des marchés financiers.
13
Au regard de ce schéma du CADTM, il nous semble important de parler du régime juridique de la
dette.
§3. Les régimes juridiques de la dette extérieure
Il convient de préciser que selon le type d’acteurs en présence, le droit applicable à la dette variera
d’une situation à l’autre. Il convient de distinguer les différents cas de figure, avec d’une part les
créances publiques et de l’autre les créances privées.
A. Les Créances publiques
Les créances publiques sont des prêts consentis par des prêteurs publics quel que soit l’emprunteur
(TOUSSAINT, 2006, p. 291). Ces créances consistent en des accords internationaux régis par le droit
internationales et de l’autre celles détenues par des Etats. Les 1ères sont régies, conformément au
droit international, par la convention de Vienne sur le droit des traités entre Etats et organisations
internationales ou entre organisations internationales. Mais quelques fois, les accords sont soumis
au droit interne des organisations, définis par les Etats parties dans la charte de ladite organisation.
Parmi les organisations internationales actives dans l’octroi des prêts on peut citer notamment les
deux institutions financières internationales les plus concernées par la dette des pays pauvres, à
savoir la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, qui sont issues des Accords de
Bretton Woods de 1944 et qui ont le statut d’organisations spécialisées du système des Nations
unies, sans oublier la Banque européenne d'investissement (BEI), la Banque africaine de
développement (BAD), la Banque asiatique de développement (BasD) et la Banque interaméricaine
de développement (BID)
S’agissant des créances détenues par d’autres Etats, cellesci résultent des traités bilatéraux entre
deux sujets de droit international, et relèvent ainsi de la convention de Vienne sur le droit des traités
14
(23 mai 1969)2. Il s’agit d’accords de prêts prenant la forme d’accords de coopération technique et
complétés par des contrats relatifs à l’application des dispositions contenues dans l’accordcadre de
base. Ces types de contrats mettent souvent en scène un organisme public, sujet de droit national de
l’un des Etats contractants, et l’autre Etat partie. Signalons que le Club de Paris, instance de
négociation multilatérale des réaménagements de dettes regroupe les créanciers bilatéraux, tandis
que le Club de Londres regroupe les principales banques créancières en tant qu’acteurs privés. Leur
rôle dans la gestion de la dette des pays pauvres n’est pas des moindres comme nous le verrons au
chapitre deuxième de notre travail.
B. Les créances privées
Ce sont de prêts consentis par les banques commerciales quel que soit l’emprunteur (TOUSSAINT,
2006, p 291). Il s’agit en d’autres termes des créances détenues par les banques privées ou par les
fournisseurs. Ces créances relèvent du droit des contrats internationaux, spécialement de la
Convention pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants
d’autres Etats. Ce traité instituait le Centre International pour le Règlement des Différends Relatifs
aux Investissements (CIRDI) fondé en 1966 et faisant partie du groupe Banque mondiale. Avant la
création du CIRDI, l’usage du droit international dans le règlement de contentieux entre un Etat et
une entité de droit national était limité à l’utilisation par un Etat de son droit de protection
diplomatique envers ses ressortissants, qui impliquait le recours à une juridiction internationale.
Toutefois la « doctrine Calvo3 » qui émergea en Amérique latine au milieu du 19ème siècle freina
2
Cette convention règle les termes des accords entre Etats. Elle a été élargie et complétée en 1986. Les accords conclus
entre les parties doivent être respectés.
3
Le contenu était : « C'est une doctrine nationaliste énoncée par un juriste argentin Carlos Calvo
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Doctrine_Calvo 05 juin 2005) .Voir aussi Hugo Ruiz Diaz et Eric Toussaint « L’audit de la
dette : un instrument dont les mouvements sociaux devraient se saisir », 2004, http//www.cadtm.org/spip.php ?article
731 (note 1 : un spécialiste du droit international jouissant d’un grand prestige comme Carlos Calvo, soutient que les
actes juridiques d’un gouvernement précédent ou intermédiaires seront valables uniquement dans les cas où ceuxci
auraient été conformes aux dispositions légales d’ordre interne, en particulier, aux dispositions constitutionnelles. A
l’évidence, selon cet auteur, la continuité n’inclut pas le changement de régime. Cfr Calvo Carlos, Le droit international.
Théorie et pratiques, Paris, 1880, p. 219
15
l’application de la protection diplomatique, et ce en vue d’une meilleure protection de l’Etat
instance arbitrale compétente pour résoudre les différends. Les recours accrus aux services de cette
institution témoignent d’une certaine internationalisation des contrats d’Etats. En effet, les contrats
transnationaux ont longtemps stipulé qu’en cas de contentieux entre les parties, le droit applicable
était celui du créancier. Cette clause est symptomatique du rapport de force qui existe entre les
parties : « one judge, one law, preferably my own ».
Découvrons à présent le processus de l’endettement du Congo et la dynamique qui a présidé à son
évolution exponentielle telle que nous la connaissons actuellement.
Section 2. Historique de l’endettement congolais
De prime abord, nous indiquons que le franc congolais de l’époque coloniale était à parité égale
avec le franc belge. Pour donner à nos lecteurs une photographie exacte de l’endettement du Congo
bien avant son indépendance, nous publions en annexe différents tableaux. Nous soulignons par
ailleurs qu'à la création de « Zaïremonnaie » en 1967, sa parité avec le dollar américain était de 1
Z=2 $ US.
Les premiers emprunts émis par le Congo belge datent de 19361937, bien avant même que cette
colonie n’accède à l’indépendance. Cela peut se résumer en trois émissions. (Annexe, Tableau 1).
Selon le CADTM, « la dette publique du Congo belge s’élevait en 1949 à 3,7 milliards de francs
(principalement en francs belges et une petite partie en francs congolais). En 1950, c’estàdire 10
ans avant l’indépendance, le pouvoir colonial avait adopté un plan décennal ‘’de développement’’
représentant ses propres intérêts et comme celuici n’avait pu être mené à bien, le pouvoir colonial
avait été chercher de l’argent partout pour compenser un déficit qui allait mener à la faillite. Tous
16
ces emprunts faits dans l’intérêt du pouvoir colonial avaient été transférés au Congo à peine
indépendant, ce qui est totalement interdit par le droit international.4
l’indépendance montre que le Congo déboursa plus de 64 milliards de francs pour financer ce plan
de ‘’développement’’ dont les résultats furent les suivants :
l’augmentation démesurée de l’endettement public : la dette publique passant en moins de 10
ans, de 3,7 milliards à 46 milliards ;
une succession de budgets ordinaires déficitaires à partir de 1957 ;
une inflation qui prit des proportions catastrophiques en 1959 entraînant la diminution
progressive de la couverture en or et devises de la monnaie fiduciaire et aboutissant, le 29
juin 1960, à l’épuisement quasitotal de cette couverture, ainsi que la dépréciation de la
monnaie représentant une perte de 90% de la valeur du franc congolais ;
la faillite totale de la trésorerie ;
la fuite massive des capitaux vers la Belgique.
L’accroissement rapide de la dette publique du Congo a donc eu lieu à partir de 1950 jusqu’en 1960
où elle atteindra 46 milliards de francs. Au 30 juin 1960, la dette publique du Congo équivalait à
46,1 milliards de francs belges répartis de la manière suivante :
35 milliards à long terme et moyen terme
11 milliards à court terme.
Cette dette n’englobait ni l’emprunt de 18905, ni les soldes en dollars de trois prêts de la Banque
mondiale dont la contrevaleur en francs belges était de 36.744.800 francs (Annexe, Tableau 2).
Pour mieux comprendre la dette publique, il faut distinguer deux parties :
4
Un cas pareil s’est déjà présenté dans le passé et avait été tranché par le traité de Versailles. Lors de la reconstruction
de la Pologne en tant qu’Etat indépendant après la 1ère guère mondiale, il avait té décidé que les dettes contractées par
l’Allemagne pour coloniser la partie de la Pologne qu’elle avait soumise ne seraient pas à charge du nouvel Etat
indépendant. Le Traité de Versailles du 28 juin 1919 stipulait : « La partie de la dette qui, d’après la Commission des
Réparations, prévue audit article, se rapporte aux mesures prises par les gouvernements allemand et prussien en vue de
la colonisation allemande de la Pologne, sera exclue de la proportion mise à la charge de celleci… ». Le Traité
prévoit que les créanciers qui ont prêté à l’Allemagne pour des projets en territoire polonais ne peuvent réclamer leur dû
qu’à cette puissance et pas à la Pologne. Lire Eric Toussaint 2006, Banque mondiale, le Coup d’Etat permanent, p.42
5
Faisant face à de nombreuses difficultés financières, le roi Léopold II, qui était un habile négociateur, va persuader le
Parlement belge de lui accorder un prêt de 25 millions de francs belges et en contrepartie, il s’engagerait dans son
testament, à léguer le Congo à la Belgique.
17
I. La dette interne : elle est constituée d’emprunts auprès d’institutions paraétatiques et
d’émissions de bons de trésor.
II. La dette externe : elle est constituée d’emprunts en francs belges, francs suisses (c’està
dire émis sur le marché suisse) et en dollars (Annexe, Tableaux 3 et 4).
Le pouvoir colonial belge, qui avait entraîné pour son propre intérêt le Congo belge dans un plan
décennal incohérent, avait provoqué une hémorragie financière et un surendettement du Congo
belge pour financer ce plan. Cela avait inévitablement conduit le pays au bord de la
faillite » (EKOWANA, 2007, p. 9).
Depuis son accession à la souveraineté nationale, la République Démocratique du Congo se trouve
enfermée dans le cycle infernal d’une lourde dette publique extérieure qui se greffe sur la dette
coloniale.
En effet, comme l’écrit E. Toussaint, ‘’les prêts odieux aux métropoles coloniales ont été légués
comme un boulet aux jeunes nations indépendantes. Dans le cas du Congo Belge, les millions de
dollars qui lui ont été prêtés pour des projets décidés par le pouvoir colonial ont presque
totalement été dépensés par l’administration coloniale du Congo sous forme d’achat de produits
exportés par la Belgique. Le Congo Belge a reçu en tout 120 millions de dollars de prêts (en 3 fois)
dont 105,4 millions ont été dépensés en Belgique’’. (TOUSSAINT, 2006, p. 41)6. Ces prêts qui n’ont
servi que les intérêts de la Belgique constituaient un véritable tour de passepasse aux dépens du
Congo et ses populations.
s’étaient mis d’accord pour lui transmettre la charge de la dette contractée par le pouvoir colonial
belge auprès de la Banque mondiale. Ainsi, les prêts contractés par la Belgique auprès de la Banque
mondiale afin de mieux exploiter le Congo belge et ses ressources naturelles sont devenus jusqu’à
6
Le fait que la Belgique soit bénéficiaire des prêts au Congo belge peut être déduit d’un tableau publié dans le
quinzième rapport de la Banque mondiale pour l’année 19591960. IBDRD <World Bank> Fifteenth Annual Report
19591960, Washington DC, p. 12
18
ce jour une dette du Congo. Par simple jeu d’écriture comptable, la Banque mondiale a transféré la
dette contractée par un pouvoir colonial au nouvel Etat indépendant.
§1. Evolution de la dette extérieure Congolaise
Lorsqu’au seuil de la décennie 1960, l’Afrique obtient sa décolonisation, il est évident qu’il faut
aux nouveaux Etats d’importants capitaux pour amorcer le processus de développement économique
qui passe notamment par la dotation en infrastructures diverses. L’endettement du Congo et du Sud
en général visàvis de l’étranger restera cependant assez faible au début des années 1960. Ensuite,
un nouveau marché de l’argent va se développer avec les dollars qui circulent hors des EtatsUnis
sans être soumis aux lois et aux taux d’intérêts de ce pays. Les banques européennes et les filiales
des banques américaines situées en Europe cherchent alors à placer les dollars qu’elles ont attirés en
(GUIRAUD, 2000, p. 19). Cette dette se révèle être un véritable tonneau des Danaïdes qui se vide
chaque fois que l’on tente de le remplir.
Les puissants d’hier vont tout mettre en œuvre pour rester les puissants de demain. Or celui qui
contrôle les finances d’une nation n’a pas besoin du contrôle total sur la gestion politique intérieure
pour être le vrai patron. Ceux qui détenaient le pouvoir au temps des « jolies colonies » choisissent
donc de devenir, au cours des années 1960 et 1970, des créanciers et de continuer à tirer les ficelles
en coulisses, de façon plus discrète mais tout aussi implacable. (MILLET, 2005, p. 35)
l’évolution de la dette publique extérieure du Congo était restée normale. C’est seulement à partir de
1970 qu’elle connaîtra une très forte accélération.
De 1965 à 1969, comme le souligne BOURGY , « le stock de la dette extérieure est passé de 32 à
159 millions de dollars. En 1970, on assista à une première rupture dans l’évolution de la dette. En
effet, elle est multipliée par 2 en un an passant de 159 à 342 millions de dollars. C’est le début d’un
19
endettement fort. Le Congo qui devient Zaïre en 1971 subit une crise financière sans précédent. En
1973, une deuxième rupture est à remarquer, la dette passe de 670 millions de dollars en 1972 à 1
040 millions de dollars en 1973. Entre 1973 et 1979, la dette augmentera de manière régulière
d’environ 700 millions de dollars chaque année. De 1979 à 1983, le stock de la dette augmente peu,
le Zaïre essayant d’assurer le service de sa dette. La dégradation économique s’accentue pendant
cette période. De 1983 jusqu’aux années 1990, la dette publique extérieure augmente d’environ 100
millions de dollars par an. » (BOURGY MYRIAM, 2007, p 15).
A cette situation de la dette, vient s’ajouter celle née de la zaïrianisation. En effet, le 30 novembre
1973, le gouvernement zaïrois de l’époque prit l’irrationnelle mesure dite de zaïrianisation. Elle a
consacré, sur base de critères subjectifs, la cession aux nationaux des biens, des activités
commerciales et agricoles appartenant aux étrangers. La dette issue de cette mesure, initialement
privée, est devenue par la suite publique, du fait de la substitution de l’Etat à tous les acquéreurs.
(Voir § 4 du chapitre 2 sur l'état de la dette).
Devant l’obligation d’assurer l’indemnisation des anciens propriétaires, l’Etat a été amené à signer
des protocoles d’accord avec leurs pays d’origine, notamment l’Allemagne, la Belgique, la Grèce et
le Portugal.
Lors d’un contact téléphonique avec M. NK7 , celuici a signalé que la dette née de la zaïrianisation
est totalement en arriérés et connaîtrait des retards de paiements. Son stock au 31 décembre 2001
était de $ US 145,190 millions.
Face à cette situation de surendettement, la République Démocratique du Congo s’était mise dans
une position telle que les programmes des institutions financières internationales (IFI) semblaient
être les bienvenus afin de tenter de réduire ses arriérés. D’où cette intervention des institutions
financières en RDC.
M. NK fut administrateur délégué à l’Ogedep, puis Secrétaire d’Etat aux finances du gouvernement Kengo Wa
7
Dondo
20
§2. La crise de l’endettement et les programmes des IFI en RDC.
Lorsque les USA adoptent une politique de rigueur monétaire et décident de relever très
sensiblement les taux d’intérêts, cela affecte immédiatement les pays débiteurs à faibles revenus.
Pour ceuxci, selon le PNUD « les taux appliqués sont quatre fois supérieurs à ceux accordés aux
pays riches et les premiers sont plus que jamais contraints d’emprunter pour rembourser aux
seconds » (cité par GUIRAUD, op. cit. p.18). Cette crise a frappé surtout les pays à faibles revenus.
Comme le souligne Eric Toussaint, « nombre d’analystes et de faiseurs d’opinion du Nord ont, à
tort, attribué la responsabilité de l’explosion de la dette du TiersMonde à la hausse du prix du
pétrole de 1973, décrété par le cartel des pays du Sud producteurs du pétrole (réunis dans l’OPEP).
C’est factuellement faux. L’endettement s’était fortement amplifié bien avant. Néanmoins deux
revenus engrangés par les pays producteurs de pétrole a été transférée par les Gouvernements du
Sud vers le système financier du Nord. Secundo, les pays du Sud non producteurs de pétrole ont été
affectés par l’augmentation de leur facture pétrolière. Celleci a entraîné un déficit de leur balance
commerciale. Pour la combler, ils ont été forcés de procéder à des emprunts sur les marchés
financiers du Nord. » (TOUSSAINT, 2004, p.190).
Les mêmes causes produisant les mêmes effets : la hausse des prix de l’or noir enrichit les pays
exportateurs d’hydrocarbures, renforce les déficits courants des PED mais aussi la crise des pays
industrialisés, tout en réduisant les capacités de remboursement des débiteurs, par contraction des
débouchés commerciaux que leur fournissent les pays riches; mais il faut compter aussi avec le
nouveau ralentissement économique des pays du Nord (19791981) qui amène ces pays à diminuer
les importations en provenance du Sud (café, cacao, coton, céréales…). Les prix étant fixés par le
marché selon la loi de l’offre et de la demande, ils ne peuvent que chuter. Ce sera la même tendance
dans les années qui suivront. C’est ce que l’on connaît sous le nom de dégradation des termes de
l’échange. Force est de constater que chaque fois que les taux d’intérêts sont revus à la hausse, les
21
PED se trouvent dans une position inconfortable. Ils doivent rembourser plus (à cause des taux
d’intérêts en augmentation) avec moins de revenus (à cause de la chute des prix).
En somme, la crise de la dette a été provoquée par deux phénomènes qui se sont succédé
rapidement : d’une part, la croissance très importante des sommes à rembourser, due à la hausse
brutale des taux d’intérêts décidés à Washington à l’instigation de Paul Volcker, alors Directeur de
la Réserve Fédérale ; d’autre part, la baisse très importante de cours de produits exportés par les
pays endettés sur le marché mondial et avec lesquels ils remboursent leurs emprunts, facteurs
auxquels s’ajoutait l’arrêt des prêts bancaires. (MILLET & TOUSSAINT, 2002 P. 62). Le Mexique
fut le premier pays à annoncer en août 1982 qu’il ne pouvait plus payer les intérêts et le capital de sa
dette. D’autres pays d’Afrique, d’Asie et de l’Amérique latine – dont le Brésil, l’Argentine et le
Venezuela – lui avaient alors emboîté le pas ou avaient menacé de le faire.
Les politiques néolibérales imposées aux Etats touchés par la crise, loin de contribuer au
développement, ont en fait seulement renforcé leur dépendance visàvis des capitaux étrangers.
Cette spirale, qui n’est pas sans rappeler le mythe de Sisyphe8 dans la mythologie grecque, est
toujours un véritable fardeau qui grève les économies du Sud.
Dans tous les cas, l’insolvabilité de la plupart de ces pays est devenue évidente. Tous les chiffres
attestent que la somme des intérêts déjà payés par les économies du Sud à l’Occident créancier
dépasse aujourd’hui la somme empruntée par ces mêmes pays. (FOUNOUTCHINGOUA, 1994, p.
60).
La dette ellemême reste par ailleurs intacte, voire en augmentation constante du fait de la capitali
sation des intérêts non payés. Qui plus est – et aussi paradoxal que cela puisse paraître , on assiste
depuis des décennies à un financement des pays riches par les pays pauvres, via le service de cette
dette, puisque son montant est plus important que celui des décaissements effectués par le Nord en
direction du Sud : les montants à rembourser sous forme d’une partie du principal plus les intérêts –
8
Le Mythe de Sisyphe est un essai rédigé par Albert Camus, publié en 1942. Il fait partie du cycle de l'absurde, avec
l'Étranger (roman, 1942), Caligula (pièce de théâtre, 1944) et Le Malentendu
22
le service de la dette – étaient de 350 milliards de dollars en 1999, soit sept fois plus élevés que l’ai
de publique au développement durant la même période. De telle sorte que les transferts nets (aide
publique au développement moins le service de la dette) sont strictement négatifs pour les pays dé
biteurs (114 milliards de dollars en 1999). (AMOUGOU, 2002, p 56).
Financièrement asphyxiés, les pays pauvres deviennent ainsi dépendants des restructurations de leur
dette. Comme le note A. Zacharie, « la dette du Tiersmonde implique chaque année des transferts
massifs du Sud vers le Nord : plus de 300 milliards de dollars en 1999, alors que l’Aide Publique
au Développement (APD) octroyée par les pays riches a atteint son plancher historique avec moins
fois! » (ZACHARIE, 12. 06. 2007, p.2), cela nous paraît inacceptable. D'où une succession de ré
échelonnements et d’allégements homéopathiques de dettes en vue de tenter de redonner un mini
mum vital d’oxygène financier à la quarantaine des PPTE.
Pour le cas de la RDC, de 1983 jusqu’en 1990, la dette publique extérieure a augmenté d’environ
100 Millions de dollars par an. Cette période fut marquée par une forte intervention des IFI, le FMI
et la Banque mondiale, qui mirent en place leur politique néolibérale. Le Zaïre de l’époque est alors
considéré comme l’élève modèle du FMI pour avoir accepté différents projets. On sait bien que
chaque fois qu’un pays se voit contraint de stopper ses remboursements, les IFI arrivent en pompier
financier ; mais un pompier hors du commun, car, au lieu d’éteindre le feu, il l’attise, il exacerbe le
vice du pyromane, via les politiques d'ajustement structurel (PAS). C’est comme ça que le Zaïre de
l’époque, la RDC aujourd’hui, se retrouve dans cette spirale de la dette. Il n’a bien souvent d’autre
recours que de s’endetter de nouveau pour rembourser. C’est comme ça que sa politique
économique est passée sous contrôle du FMI et de ses experts ultra libéraux, parfois même
congolais. C’est ce qu’il convient d’appeler une nouvelle colonisation. La plupart de ses
investissements sont destinés non pas à créer des revenus mais à contribuer à la constitution d’une
capacité de remboursement des sommes empruntées et de leurs intérêts. C’est ainsi qu’il y aura en
RDC plusieurs investissements à vocation économique. Il s’agit, entre autres, d’infrastructures de
23
transport et d’énergie dont l’utilité économique serait en soi incontestable mais qui ne correspondait
pas ou peu aux besoins réels de l’économie. C’est le cas d’aéroports, de ports, de ponts, de routes,
de centrales électriques qui sont peu ou pas utilisés étant donné que les structures et les activités
économiques correspondantes n’ont pas été installées ou développées telles qu’initialement prévues.
Les plus spectaculaires de ces projets sont entre autres : l’échangeur de Limete et le barrage d’Inga.
Avec sa tour inachevée sur laquelle trône une longue aiguille métallique en cuivre, l’Echangeur de
Limete au centre de Kinshasa, est un ouvrage sorti des mains des firmes italiennes. Cet ouvrage
dont les financements ont été débloqués demeure aujourd’hui un souvenir parmi les grands travaux
ambitieux du gouvernement congolais.
Comme le souligne le CETIM/CADTM, « le barrage d’Inga a permis de tirer une ligne à haute
tension sans précédent de 1 900 km vers le Katanga, une province riche en minerais de fer, en vue
de son extraction. Les coûts des travaux ont été largement sousestimés et ont subi une
augmentation de 125% (soit un total de 163 millions US $) ! De plus, alors qu’aucun des projets
industriels associés à la construction du barrage ne se concrétisait et que la centrale d’Inga était
utilisée à la moitié de sa capacité, des industriels, soutenus par des investisseurs et banquiers belges,
décidèrent à la fin des années 1980 de se lancer dans la construction d’Inga II, une centrale encore
plus puissante. Mais cela se fit sans plus de précaution et le coût réel sera de 100 millions US $ de
plus que les estimations de l’époque (soit un total de 460 millions US $). Inga II a connu de graves
problèmes d’ensablement, ce qui a considérablement réduit son potentiel. En 2004, seules 6 turbines
sur 14 étaient en état de marche et les coupures de courant sont encore très fréquentes à Kinshasa.
De plus aucun projet industriel dont la construction était justifiée n’a vu le jour. Enfin, si Inga a bien
produit de l’électricité, cela n’a nullement profité aux populations : les villages situés sous la ligne à
haute tension n’ont toujours pas le courant. » (CETIM/CADTM, 2006, p 15). Ce sont là les quelques
exemples emblématiques d’éléphants blancs au Congo. Il y en a d’autres évidemment. Le but de
l’opération était de profiter des avantages accordés par l’Etat Congolais aux investisseurs, soit de
24
toucher des ristournes et commissions accordées par les vendeurs étrangers à l’acheteur des biens
d’équipement.
25
Chapitre 2.
LA DETTE EXTERIEURE DU CONGO ET SON IMPACT SUR LES DROITS SOCIAUX
Section 1. Les droits en cause
Dans tous les pays, les citoyens sont titulaires de droits économiques, sociaux et culturels, lesquels
droits constituent le corollaire des engagements à charge des Etats. Avant de nous pencher sur les
conséquences qu’entraîne la dette extérieure du Congo sur la réalisation de ces droits, il sied,
brièvement, de les rappeler, de faire un commentaire sur leur portée et de revenir sur la nature des
obligations qu’ils font peser sur l’Etat congolais.
§1. Contenu
Nombreux sont les engagements que les Etats ont souscrits pour assurer à leurs citoyens les droits
économiques, sociaux et culturels. Nous reprenons ici, de manière sélective et partant non
exhaustive, les principaux droits tels que garantis aussi bien par les instruments internationaux à
caractère universel, que par les instruments régionaux de protection.
A. Les instruments internationaux à caractère universel
Universelle des Droits de l’Homme proclame dans son article 22 l’existence des droits
26
économiques, sociaux et culturels, en ces termes : « Toute personne, en tant que membre de la
société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits
l’organisation et des ressources de chaque pays » (Code de droit international des droits de
l'homme, 2003)9. Dans les articles 23 à 27, la Déclaration énonce par la suite la plupart des droits
qui seront ultérieurement repris par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
l’éducation, celui de participer à la vie culturelle et scientifique, etc.
Ce pacte, cadre juridique international le plus important pour la protection des droits qui nous
préoccupent, consacre pour sa part les droits suivants : le droit au travail (art 6), le droit de jouir de
conditions de travail justes et favorables (art 7), le droit à la liberté syndicale et le droit de grève (art
8), le droit à la sécurité sociale (art 9), le droit à une protection familiale (art 10), le droit à un
niveau de vie suffisant, qui comprend le droit à un logement suffisant et celui d’être à l’abri de la
faim (art 11), le droit à la santé (art 12), le droit à l’éducation (art 13, 14), le droit de participer à la
vie culturelle et de bénéficier du progrès scientifique (art 15).
Signalons que ces droits ont été repris par la suite dans les instruments conventionnels dont l’objet
consiste à accorder une protection spécifique à certains groupes de la société 10. Par ailleurs, des
institutions spécialisées de l’ONU, à l’instar de l’OIT, ont approfondi certains des droits reconnus
dans le Pacte, alors que les organes de la même ONU n’ont cessé pour leur part d’adopter plusieurs
résolutions, déclarations et autres textes pertinents en la matière.
B. Les instruments régionaux
9
Pour tous les autres articles en lien avec les droits sociaux, se référer toujours au Code de Droit International des Droits
de l'homme
10
Voir Art 11 à 14 de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discriminations à l’égard des femmes du 18
décembre 1979 ; art 24 à 27 et 32 de la Convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989 ; art 15, 17 à 19,
21 et 24 de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés
27
Si nous écartons l’Europe qui s’est dotée du système le plus élaboré pour la protection des droits
économiques, sociaux et culturels à l’instar de sa Charte sociale du 18 octobre 1961, en raison de
son appartenance au bloc des pays riches, il nous reste l’Amérique, l’Asie et l’Afrique où sont
répertoriés le nombre le plus important des PPTE.
Il n’y a réellement aucune innovation dans les droits économiques, sociaux et culturels reconnus par
les Etats de ces régions qui n’ont d’ailleurs pas jugé utile, au stade actuel, de se doter d’instruments
spécifiques, à l’exception de l’Amérique depuis 1988. Tant la Convention américaine des Droits de
l’Homme du 22 novembre 1969, son Protocole additionnel relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels11, la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples du 27 juin 1981 que la
Déclaration des droits fondamentaux des peuples et des Etats asiatiques du 9 décembre 198312
reviennent toutes sur les droits tirés des instruments à caractère universel que nous venons de passer
en revue, principalement le Pacte de 1966.
§2. Cadre juridique Congolais en matière d'emprunts
Naturellement riche, la RDC reste l’un des pays les plus endettés. Le processus de cet endettement
tire son fondement aussi bien des constitutions antérieures que de la nouvelle, adoptée le 18 février
2006. Elle stipule en son article 122 al 11 : « Sans préjudice des articles des autres dispositions de
la présente constitution, la loi fixe les règles concernant : les emprunts et les engagements
financiers de l’Etat » (Constitution de la RDC, 2006). Au delà de la constitution, la loi N° 76021
du 16 septembre 1976 portant création de l’office de gestion de la dette publique (OGEDEP) du
ZaïreCongo consacre la politique nationale de l’endettement. Aussi estil nécessaire de ne pas
Connu aussi sous l’appellation « Protocole de San Salvador », celuici est calqué sur le Pacte de 1966
11
Cette dernière déclaration adoptée par le Conseil Régional sur les Droits de l’Homme en Asie est en réalité une
12
avancée sousrégionale de quelques Etats : Indonésie, Malaisie, Philippines et Thaïlande ; les Etats d’Asie, à la
différence d’autres régions, n’ayant pas encore de convention des droits de l’homme
28
passer sous silence l’existence de deux accords de coopération financière signés par la RDC avec
d’autres Etats, en l’occurrence:
La Convention de prêt conclue à Kinshasa le 30 novembre 1981 entre le gouvernement de la
République Française et le Conseil Exécutif de la République du ZaïreCongo, ratifiée par
l’ordonnance loi (O.L) n° 82015 du 30 mars 1982 ;
La loi autorisant la ratification de l’accord de prêts conclu en date du 25 mai 2004 entre le
Fonds Africain de Développement et la RDC pour le financement du projet d’appui à la
réhabilitation du secteur agricole et rural dans les provinces du BasCongo et du Bandundu
adoptée le 8 novembre 2004.
Toutefois, il existe au ZaïreCongo d’une part des organes habilités à solliciter des crédits extérieurs
au nom et pour le compte de l’Etat congolais et d’autre part des organes de contrôle de ces
opérations.
A. Les organes habilités à solliciter des crédits extérieurs
1. L’Office de gestion de la dette publique (OGEDEP)
De par l’article 4 de la loi n° 76/021 du 16 septembre 1976 al 1, l’office de gestion de la dette
publique élabore et soumet à l’appréciation du Département des finances13 la politique nationale de
l’endettement, y compris la prospection des meilleures sources de financement et émet, selon l’al. 2
de l’article 4 de la même loi, des avis et fait les suggestions sur toute question qui a trait à la
conclusion d’emprunts publics. L’OGEDEP reste donc le 1er organe qui met en marche le processus
de l’endettement.
2. Le Gouvernement
Département des finances, c’est le Ministère des finances aujourd’hui
13
29
Bien qu’en amont selon l’esprit de l’art 2 de la loi précitée, l’OGEDEP ne se limite qu’à
Comité de stabilisation et du Ministère des finances. C’est en vertu de l’art 323 de la loi n° 83003
du 23 février 1983 modifiée par l’O.L n° 87004 du 10 janvier 1987, en son article 1er disant : « le
Ministre des finances est l’ordonnateur général du budget », qu’intervient le gouvernement.
3. Le Parlement
Le Parlement est l’organe qui fixe les règles concernant les emprunts et engagements financiers de
l’Etat. En effet, comme le disent les articles 122 al 11 et 175 al 1 et 3 de la nouvelle constitution de
la RDC, « le budget des recettes et des dépenses de l’Etat à savoir celui du pouvoir central et des
provinces est arrêté chaque année par une loi ». Et c’est la loi qui fixe la nomenclature des autres
recettes locales et les modalités de leur répartition. C’est le cas de la loi financière n°83003 du 23
février 1983, modifiée et complétée par l’O.L n°87004 du 10 janvier 1987 qui stipule en son article
9 :
al 1er : « les opérations financières de l’Etat sous forme notamment d’emprunt, de prêt, de
garantie, de subvention ou de prise de participation, ne peuvent être conclues que si la loi
les autorise et sur avis conjoint préalable du Ministre des Finances et du Budget » ;
al 2è : « toutefois, en cas d’urgence, les conventions financières de prêts ou d’emprunts
peuvent être approuvées par une ordonnance du Président de la République. Dans ce cas,
entériner cette autorisation ».
B. Les organes de contrôle
Les formes de contrôle constitutionnel et statutaire sur le Gouvernement sont régies par les
l’Inspection générale des finances.
30
1. Le Parlement
En vertu du principe du parallélisme de forme qui veut que l’auteur de l’acte soit aussi celui de
l’acte contraire et que la forme retenue pour le précédent acte le soit également pour le second, la
présente Constitution, le Parlement vote les lois, il contrôle le gouvernement, les entreprises
publiques ainsi que les établissements et les services publics ». Donc, le Parlement intervient en
amont et en aval.
2. La Cour des comptes
En matière de contrôle, la Cour des comptes tire sa légitimité de la Constitution :
l’article 178 al 1 stipule « qu’il est institué en RDC une Cour des comptes. Elle relève de
l’Assemblée Nationale »
l’article 180 al 1 relève que « la Cour des comptes contrôle dans les conditions fixées par la
loi la gestion des finances de l’Etat, des biens publics ainsi que les comptes des provinces,
des entités décentralisées ainsi que les organismes publics ».
De ce qui précède, il convient de savoir que ces dispositions, en matière de contrôle, sont
complétées et renforcées par l’O.L n°87005 du 6 février 1987 fixant la composition, l’organisation
et le fonctionnement de la Cour des comptes qui énonce en son article 21 sa mission qui consiste
notamment :
− à examiner le compte général du Trésor ;
− à examiner les comptes des comptables publics ;
− à contrôler et vérifier la gestion et les comptes des établissements publics.
3. Le Conseil supérieur du Portefeuille
31
L’O.L n°89003 du 30 janvier 1989 en son article 2 fixe la mission de cet organisme chargé
d’assister le Conseil Exécutif dans le suivi et le contrôle des entreprises publiques et la gestion des
participations de l’Etat dans les sociétés d’économie mixte.
4. Le Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo (CPCC)
Institué par l’article 1er de l’ordonnance n° 75024 du 3 février 1975, portant création d’un Conseil
Permanent de la Comptabilité au Zaïre (Congo à ce jour), selon le prescrit de l’article 1 er de
l’ordonnance n° 78164, modifiant et complétant la loi n° 7620 du 16 juillet 1976, ce dernier est
placé sous la tutelle du Commissaire d’Etat14 ayant les Finances dans ses attributions.
Dans le souci d’une meilleure compréhension, il faut noter que le CPCC n’est pas à première vue un
organe de contrôle. Cependant, si nous devons lui reconnaître cette qualité, c’est simplement parce
qu’il veille à ce que la tenue des comptes des entreprises publiques respecte les normes comptables
classiques.
§3. Les obligations de l’Etat
En raison de l’absence d’innovation en matière de droits économiques, sociaux et culturels dans les
instruments régionaux concernant les PPTE qui nous intéressent, et le cas de la RDC en particulier,
c’est en rapport avec le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de
1966, principal instrument juridique qui a servi de « matrice » aux textes qui lui sont postérieurs,
que nous allons nous pencher sur les obligations qui incombent à tous les Etats parties dudit Pacte.
Si un tel choix peut paraître à première vue réducteur en raison de la pluralité des sources des droits
sous examen, il n’en présente pas moins l’avantage de circonscrire une étude comme celleci hors
des méandres des problèmes plus complexes, dont celui de la portée juridique éminemment variable
des actes des organisations internationales, en particulier l’effet juridique des Résolutions de
l’Assemblée Générale des Nations Unies (DUTRY & ANDRE, 1999, p.58).
Ancienne appellation au temps du Zaïre, pour dire ministre
14
32
En effet, les sources dont il est question peuvent être ramenées au droit conventionnel (dont celui du
Pacte de 1966) et au droit dérivé (celui des actes des organisations internationales et assimilées).
Qui plus est, la RDC comme la totalité des PPTE membres de l’ONU a adhéré au Pacte de 1966.
Non seulement les obligations découlant de cet instrument peuvent être transposées, mutatis
mutandis, dans des cadres normatifs différents s’agissant des droits de nature identique , mais
surtout pour les Etats parties dudit Pacte. Les obligations que leur impose ce texte l’emportent sur
celles, moins protectrices, émanant de quelque autre instrument analogue auquel ces mêmes Etats
seraient également parties.
Aux termes du Pacte de 1966, on retiendra que les droits économiques, sociaux et culturels
consistent en des droits « médiatisés » sous la forme d’un objectif à atteindre, à savoir leur
réalisation. Comme le précise Nicolas JACOBS, « ces droits ne sont pas conférés directement aux
individus, comme les droits civils et politiques, car ils n’apparaissent qu’à travers le prisme d’une
obligation de moyen mise à charge de l’Etat, obligation qui, on le sait, consiste à prendre les
mesures destinées à assurer leur jouissance effective » (JACOBS, 1999, p. 35). En effet, le
paragraphe premier de l’article 2 du Pacte dispose que: « Chacun des Etats parties au présent Pacte
notamment sur les plans économiques et techniques, au maximum de ses ressources disponibles, en
vue d’assurer le plein exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les moyens
appropriés, y compris en particulier l’adoption des mesures législatives »15
Loin de la querelle d’écoles sur le point de savoir si le Pacte impose aux Etats une obligation de
résultat ou de moyen, on retiendra que c’est en définitive toujours un résultat qui est requis de la
part de l’Etat en la matière, qu’il s’agisse d’adopter un comportement précis ou de réaliser un fait
particulier. La raison est simple : le caractère juridique d’une obligation internationale n’est pas vu
en fonction de son classement dans l’une ou l’autre de ces catégories. Il sera donc toujours question
C’est nous qui le soulignons
15
33
de juger si l’Etat a réellement agi avec la diligence du « bon père de famille » en prenant toutes les
mesures appropriées, au maximum de ses capacités, en vue d’assurer aux individus la jouissance
effective des droits économiques, sociaux et culturels.
Il est vrai que les notions de réalisation progressive et de disponibilité des ressources qui découlent
du libellé de l’article 2 du Pacte ont une incidence importante sur les obligations auxquelles sont
soumis les Etats parties dans la mesure où elles impliquent d’une part, que certaines de ces
obligations peuvent différer d’un Etat à l’autre en fonction de son développement socioéconomique
et d’autre part, que pour un même Etat partie, certaines de cellesci peuvent également varier au fil
du temps, selon leur degré de réalisation. Il apparaît ainsi que les obligations des Etats en vertu du
Pacte comportent en quelque sorte « des éléments à géométrie variable » (JACOBS, 1999, p. 35) qui
rendent délicate l’appréciation des efforts réellement consentis par un Etat.
‘’qu’aucun effort ne doit être ménagé pour éliminer la pauvreté car c’est un facteur
déshumanisant’’.
Ne fautil d’ailleurs pas terminer ce paragraphe consacré aux obligations de l’Etat en soulignant que
pour justifier leurs manquements aux engagements souscrits par eux aux termes du Pacte, les Etats
ont fréquemment invoqué comme échappatoire ou cause de justification à la fois l’aspect progressif
de la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels et leur manque de ressources
disponibles à cette fin, tant il est vrai que ces deux aspects de leur obligation semblent leur laisser
une appréciable marge de manœuvre.
Il est illusoire de penser que le Congo peut encore prétendre mettre en œuvre une politique qui
puisse protéger son peuple. Les contraintes que les pays développés imposent au pays sont plus
dures et ne permettent pas à l’Etat congolais d’assurer les obligations qui lui incombent.
Section 2. Restructuration de la dette extérieure du Congo
34
La dette du Congo, outre son origine immorale –nous le verrons , est devenue au fil des ans un des
mécanismes essentiels de la mondialisation capitaliste : le remboursement du capital et des intérêts
étrangle le pays débiteur. Ses difficultés récurrentes de paiement l’obligent à passer par des
exigences du FMI – qui le « sauve » à chaque fois – au prix d’un asservissement croissant de ses
politiques conduisant à une sorte de recolonisation de fait.
Dès 2002, La République Démocratique du Congo a repris les paiements de la dette impayée depuis
1993, ce qui lui a ouvert la porte à une restructuration de sa dette ; celleci lui a permis d’obtenir des
financements extérieurs pour sa reconstruction et de participer à l’initiative de pays pauvres très
endettés. Mais cela n’est qu’un trompe l’œil car le vrai objectif de cette restructuration de la dette,
qu’on le dise ou pas, reste une conversion d’anciennes dettes odieuses restées impayées depuis des
années en de nouvelles dettes qui ne pourraient pas être qualifiées d’odieuses.
Comme le soulignent DE ROMANET Virginie et le CADTM, cette restructuration de dette, en vue
d’entrer dans le cadre de l’initiative PPTE, se déroule en deux phases :
« La 1 ère phase , de juin à juillet 2002 consistait dans le règlement des arriérés congolais envers le
FMI et la Banque mondiale. Le processus vise à garantir le remboursement des vieilles dettes
impayées par une opération de « consolidation », c’estàdire en remplaçant les arriérés par de
nouvelles dettes à un taux d’intérêt « concessionnel ». Ainsi, la Belgique, la France, la Suède et
l’Afrique du Sud, prêtent ensemble la somme nécessaire au gouvernement congolais pour qu’il
même temps la banque mondiale prête 330 millions de dollars au Congo pour que le pays liquide
des arriérés à son égard. Au final, la République Démocratique du Congo a troqué ses arriérés
multilatéraux contre une nouvelle dette à 0,5% due au FMI et à la Banque mondiale. Un mécanisme
d’apurement a également été conclu avec la Banque africaine de développement (BAD). Aucun
argent frais n’est donc injecté dans l’économie congolaise.
35
La seconde phase, en septembre 2002, consistait à restructurer la dette congolaise due aux quatorze
pays créanciers rassemblés dans le Club de Paris où cinq de ces quatorze pays (EtatsUnis, France,
Belgique, Allemagne et Italie) concentrent à eux seuls 65% du total des créances. La dette
congolaise due au Club de Paris est évaluée à 10,3milliards de dollars, dont près de 90% sont des
arriérés accumulés depuis le dernier accord entre le Club de Paris et le Zaïre de Mobutu, en 1989.
L’accord de septembre 2002 débouche sur l’annulation de 4,6 milliards de dollars de dette – ce qui
correspond au montant des arriérés sur le principal de la dette extérieure congolaise et sur le
rééchelonnement de 4,3 autres milliards. Si l’on additionne la portée des deux phases de l’opération
– insiste Zacharie dans sa communication de juillet 2003 sur la stratégie DSRPPPTE en RDC ,
60% de la dette extérieure du Congo ont été restructurés. L’allègement a permis une réduction du
service de la dette de 36 millions de dollars en 2003, 100 millions en 2004 et 173 millions de dollars
en 2005.
Le paradoxe de cette gigantesque restructuration et de ces allègements est que les remboursements,
interrompus durant les années 1990, reprennent. Le fardeau budgétaire de la dette léguée par
Mobutu continue de peser sur la reconstruction du pays. En définitive, cette opération de
emprunts à taux avantageux, et d’en annuler et en rééchelonner une partie. » (De ROMANET, 2007,
République Démocratique du Congo. Ce pays consacre près des ¾ de ses revenus au
remboursement de la dette, au point que la gestion de cette dette par le FMI est devenue l’arme
principale du néocolonialisme. La dette extérieure du Congo est devenue un moyen de pillage des
ressources extrêmement efficace, car il parait légitime, nous diraton, que les créanciers réclament
leur dû. L’impact de ce cycle infernal de dette sur le développement humain reste très marqué.
§1. L’impact de la dette extérieure sur le développement humain.
36
C’est par le mécanisme du service de la dette que la RDC se trouve face à une équation pour le
moins complexe : comment faire droit aux exigences des créanciers, en particulier les IFI, tout en se
réservant la possibilité de répondre efficacement aux besoins sociaux d’une population dont le
revenu par tête d’habitant est déjà trop faible ? La réponse au premier volet de cette question a été
fournie par les deux Institutions de Bretton Wood (IBW) que sont la Banque mondiale et le FMI,
laquelle réponse s’est révélée, a contrario, difficilement conciliable avec le second volet du
dilemme, à savoir la réalisation des droits. Car la réponse des IBW, d’abord avec les PAS et ensuite
avec les Facilités pour la Réduction de la pauvreté et les Documents de Stratégie pour la Réduction
de la Pauvreté a pris, nonobstant l’introduction ultérieure des « filets de sécurité » sociale censés
remédier aux carences des PAS, la forme de mesures aussi variées que draconiennes au plan social
pour les populations concernées. Ces mesures sont entre autres :
la réduction des dépenses publiques pour enrayer l’inflation et les déficits ;
la réduction des subventions publiques qui garantissent notamment les revenus agricoles des
paysans et les prix des biens de consommation courante (riz, lait, sucre, combustible, etc.) ;
augmenter les revenus d’exportations nécessaires aux remboursements de la dette ;
télécommunications, transports publics, etc.) pour assainir les finances publiques et
développer les entreprises privées (présumées les seules bien gérées) ;
les augmentations des impôts payés par les pauvres, vu la généralisation de la taxe sur la
valeur ajoutée (TVA) (ZACHARIE & MALVOISIN, 2003, p 28) etc.
L’acceptation des politiques préconisant ces mesures est une condition nécessaire imposée par les
budget du Congo qui se voit contraint de les appliquer en espérant échapper à l’asphyxie mérite
qu’on s’y intéresse.
37
En 1991, la République Démocratique du Congo a affecté au service de sa dette 46% du budget
national alors que la santé, l’éducation et la fonction publique réunies ne totalisaient même pas 1%
du même budget. De fait, ces trois secteurs n’eurent droit qu’à 0,57% de l’enveloppe budgétaire
(Calculs sur base des rapports annuels de la banque centrale du Congo, MAMIMAMI KABARE,
2002, p. 166) et le gouvernement Zaïrois à l’époque n’en fut pas moins félicité par le FMI qui de
son côté ne considéra apparemment que les 46% versés aux créanciers, en tête desquels le FMI lui
même ! Au vu de tels déséquilibres budgétaires, on peut comprendre aisément pourquoi l’espérance
de vie moyenne pour un Congolais plafonne autour de 45 ans, près de la moitié de la population
congolaise vivant avec moins de 1$/quotidien.
Quelles conséquences sociales l’austérité budgétaire qui dicte ce choix entraînetelle pour les
populations congolaises? Comment ces disparités par trop criantes se répercutentelles sur les droits
économiques, sociaux et culturels ? Les faits parlent d’euxmêmes pour le cas de la RDC. Il suffit
de considérer un modeste échantillon des droits en cause pour mesurer l’ampleur de la situation et
déceler l’indéniable lien de cause à effet.
A. Les effets sur le droit à l’éducation
La RDC se situe, à l’instar de la plupart des pays d’Afrique Subsaharienne, dans une des régions du
monde où l’enseignement préprimaire est le moins développé alors que c’est la base même de tout
l’analphabétisme touche d’importantes couches d’enfants en âge scolaire, surtout en zones rurales.
En effet, la diminution des budgets, parallèlement aux privatisations sur lesquelles nous
reviendrons, a eu pour conséquence une exclusion intellectuelle et sociale des franges les plus
démunies de la société, mais surtout des femmes et des filles dans les familles appauvries. Les filles
sont généralement les 1ères retirées de l’école pour pallier le manque de rentrées dans le budget
familial.
38
Outre l’enseignement fondamental, l’enseignement technique et professionnel est lui aussi de plus
en plus délaissé, faute de budgets suffisants. La majeure partie des budgets pour l’éducation consiste
en réalité en des dépenses courantes, principalement les salaires à payer aux enseignants, quand ils
les perçoivent ! Le nombre des places pour les élèves diminue sans cesse dans les écoles, surtout
dans les centres urbains où la population grossit rapidement. Alors que les zones rurales offrent
généralement un ratio positif de places, l’accès à cellesci est, dans le cas des familles pauvres,
particulièrement affaibli du fait de longues distances à parcourir pour rejoindre l’école, de même
que par les frais de scolarité prohibitifs à payer. Il faut préciser que la gratuité de l’enseignement
primaire n’est toujours pas garantie en RDC.
Enfin, les écoles et les universités sont souvent souséquipées et cela rejaillit sur la qualité même de
la formation qu’elles transmettent à ceux qui ont le privilège d’y être accueillis. (TOUSSAINT &
ZACHARIE, 2003, p.36). Que dire d’autre, sinon conclure avec le CADTM que ce niveau
défavorable de l’éducation en RDC doit être mis en relation directe avec les effets de la dette et les
exigences du FMI et de la banque Mondiale à travers leurs PAS qui placent le remboursement du
service de la dette comme la priorité budgétaire. Ainsi, les dépenses publiques consacrées aux
secteurs sociaux se situent depuis plus d’une décennie systématiquement en deçà de 1% du budget
national. Comme le décrit le tableau cidessous.
39
Structure des dépenses courantes par ministère et institution (en %)
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Services communs 43,5 59,9 62,5 39,7 49,8 76,7 79,5 50,7
Institutions politiques 27,5 25,6 19,9 22,9 17,2 14,3 1,9 7,3
Finances 0,2 4,3 2,8 1,5 1,3 1,3 0,3 2,2
Défense nationale 27,2 3,3 5,4 29,3 25,8 4,9 12,2 12,9
Affaires étrangères 0,2 0,7 2,3 1,2 1,1 0,5 0,3 0,2
Travaux publics 0,1 0,5 0,5 0,5 0,5 0,9 1,3 0,3
Education nationale 0,2 0,3 1,2 0,9 0,8 0,2 0,4 0,1
Autres ministères 1,1 5,4 5,4 4 3,5 1,2 4,1 26,3
Source : Banque centrale du Congo (1998 & 2000) Rapport annuel. Kinshasa : Siège BCC et Hôtel des Monnaies
B. Les effets sur le droit à la santé
Le pacte de 1966 impose à chaque Etat « le devoir de prendre toutes dispositions nécessaires pour
faire en sorte que chaque individu ait accès aux équipements, aux biens et aux services de santé et
puisse jouir dans les meilleurs délais, du meilleur état de santé physique et mental qu’il puisse
atteindre » (Comité des droits économiques, sociaux et culturels, 2000 (art 12 du Pacte)).
Pourtant, dans le domaine de la santé, on assiste en RDC, comme dans d’autres pays pauvres, à une
réorientation budgétaire des services de santé de base et préventifs vers les services curatifs. Cette
Cependant, si l’on inclut d’autres services sociaux connexes tels que l’approvisionnement en eau
potable, l’entretien de l’infrastructure sanitaire, le traitement des déchets, la dégradation globale des
services médicaux de base est encore plus flagrante. L’accroissement des maladies comme la
malaria, la dengue, la trypanosomiase, la fièvre typhoïde et le choléra est à mettre en relation avec
cette situation, de même que la baisse de l’espérance de vie et la hausse de la mortalité infantile.
40
Il faut ajouter que dans la même logique rendue possible par l’amenuisement du budget alloué à la
santé, on assiste à la réduction des infrastructures publiques, notamment le manque d’équipements
médecins par habitant.
La crise économique ellemême crée des risques spécifiques liés à des raisons financières, comme
l’avortement de petites filles pour leur éviter, à elles et à leurs familles le lourd fardeau pécuniaire
de la maternité précoce. Sans parler des ravages causés par la pandémie du Sida, véritable
catastrophe humanitaire que les règles du brevetage, favorable aux multinationales pharmaceutiques
des pays du Nord, empêchent d’affronter efficacement. En République Démocratique du Congo,
jouir d’une bonne santé, loin d’être un droit, s’apparente plutôt à un luxe.
C. Les effets sur le droit à une nourriture suffisante
Rappelons tout d’abord que le droit à une nourriture suffisante fait partie intégrante d’un droit plus
général, le droit à un niveau de vie suffisant. A l’instar des autres droits humains, le droit à une
nourriture suffisante impose aux Etats trois niveaux d’obligations : celles de respecter, de protéger
ce droit et de le réaliser, c’estàdire de lui donner effet.
L’obligation de l’Etat de respecter le droit de toute personne d’avoir accès à une nourriture
suffisante lui impose de s’abstenir de prendre des mesures qui aient pour effet de priver quiconque
de cet accès. Son obligation de protéger ce droit lui impose de veiller à ce que des entreprises ou des
particuliers ne privent pas des individus de l’accès à une nourriture suffisante. L’obligation qu’a
l’Etat de donner effet à ce droit signifie qu’il doit prendre les devants de manière à renforcer l’accès
de la population aux ressources et aux moyens de subsistance, y compris la sécurité alimentaire,
ainsi que l’utilisation desdits ressources et moyens. Enfin, chaque fois qu’un individu ou un groupe
se trouve, pour des raisons indépendantes de sa volonté, dans l’impossibilité d’exercer son droit à
une nourriture suffisante par les moyens dont il dispose, l’Etat a l’obligation de faire le nécessaire
pour donner effet directement à ce droit, notamment en distribuant des vivres. Il a la même
41
obligation envers les victimes des catastrophes, naturelles ou autres.(Comité des droits
économiques, sociaux et culturels, 1999, (article 11 du pacte)
Au moins trois facteurs ont joué négativement sur l’effectivité de ce droit dans les pays pauvres en
général, et plus encore en RDC : d’une part, les « dégraissages » massifs de la Fonction Publique et
les privatisations des entreprises publiques qui ont entraîné la croissance fulgurante du taux de
chômage, d’autre part, les dévaluations monétaires successives qui ont érodé les revenus des
ménages. Dictées par la logique de l’austérité budgétaire nécessaire à la croissance et au service de
la dette, ces mesures ont privé des milliers de familles des revenus pouvant leur permettre d’accéder
à un minimum de nourriture indispensable, suffisante, adéquate sur le plan nutritionnel et salubre,
afin d’échapper à la faim. L’Etat luimême, ne disposant que de maigres revenus pour le secteur
social, n’intervient jamais.
Cet aperçu sur trois droits fondamentaux, quoique non exhaustif, révèle à suffisance une réalité :
plus les contraintes du service de la dette extérieure sont exercées sur l’Etat par ses créanciers – en
particulier les IFI à travers les politiques macroéconomiques qu’elles lui imposent –, plus l’Etat
délaisse les secteurs sociaux et ainsi les droits économiques, sociaux et culturels sont sacrifiés. A
chaque fois que la Banque Mondiale et le FMI félicitent un pays du Sud pour ses efforts consentis
dans le remboursement de sa dette visàvis de ces institutions, il semble évident que le revers de la
médaille prend la forme d’une paupérisation plus grande des populations affectées par les
politiques d’austérité néolibérales imposées à l’Etat. L’inventaire des effets néfastes du poids de la
dette et de son service peut être étendu à l’infini sur d’autres droits économiques, sociaux et
culturels, mais la description qui précède suffit à résumer la tendance générale de la situation en
RDC.
Nous sommes du même avis que VIVIEN Renaud et le CADTM que « l’augmentation de la
malnutrition en RDC est liée à la fois à la baisse de la production agricole et à l’augmentation du
prix des produits de première nécessité qui résulte aussi bien de la guerre, de l’endettement que des
politiques définies et imposées par les IFI. Ensuite, les Congolais ont vu leur pouvoir d’achat
42
s’effondrer. Le nonpaiement des salaires par l’Etat qui est la conséquence directe des PAS dictés
par le FMI et la Banque Mondiale, a provoqué le chômage et l’effritement du pouvoir d’achat des
populations et diminue l’accès aux vivres. Les PAS ont également imposé à la RDC de ne plus
subventionner les produits de 1ère nécessité et d’augmenter la TVA (la taxe la plus injuste qui soit
car elle touche tout le monde de la même manière qu’on soit riche ou pauvre). Cela a eu pour
conséquence directe l’augmentation du prix des denrées alimentaires de base, plongeant ainsi la
population congolaise dans la malnutrition. » (VIVIEN, 2007, pp 2829).
Ceci étant, une question centrale reste néanmoins posée : comment concilier ce poids écrasant de la
matière des droits sociaux, alors même que le droit international des droits de l’homme consacre le
compte l’argument de la disponibilité des ressources. Autrement dit, qu’attendre vraiment d’un
PPTE en cette matière ? C’est ce à quoi va tenter de répondre le paragraphe suivant.
§2. L’initiative PPTE : Les « habits neufs » des politiques d’Ajustement Structurel en
République Démocratique du Congo
A. Contenu et portée
L’initiative PPTE, lancée au sommet du G7 de Lyon en 1996 et renforcée à celui de Cologne en
septembre 1999, est censée alléger la dette des pays pauvres et très endettés. Elle ne concerne qu’un
petit nombre de pays très pauvres soit 42 pays (voir liste en annexe) et son but se limite à rendre
leur dette extérieure soutenable (MILLET & TOUSSAINT, op. cit. 2002, p 139), ce qui signifie que le
FMI et la Banque mondiale essaient d’alléger la dette juste dans la mesure requise pour mettre fin
aux arriérés et aux demandes de restructurations. La République Démocratique du Congo compte
parmi les 42 pays.
B. Faiblesse de l’initiative PPTE
43
L’initiative PPTE accuse, de l’avis de la plupart des experts et analystes, de multiples faiblesses,
dont les principales peuvent se résumer en ceci :
Une logique contreproductive : l’initiative vise à rendre la dette des PPTE « soutenable »,
ce qui fait que seuls les pays ayant une dette « insoutenable » ont accès à un allègement.
Cette logique aboutit à une course à l’endettement, vu qu’un pays réussissant à se
désendetter est exclu de l’initiative – ce fut le cas du Bénin et du Sénégal dans l’initiative
originale, ce l’est encore d’Haïti , tandis qu’un pays s’endettant entrera dans les conditions
d’accès à un allègement.
La majorité des pauvres non concernés : vu que la liste des pays éligibles se limite à 42
pays, la majorité des pauvres de la planète ne sont pas concernés par l’initiative.
Une conditionnalité politique : seuls les pays jugés « politiquement corrects » par les
créanciers sont admis pour un allégement. Cela signifie que certains Pays à faibles revenus
(PFR), comme par exemple le Soudan qui est tout sauf un « pays ami » des créanciers
proches de Washington, n’auront pas accès à l’initiative. La dette est donc toujours utilisée
comme un levier géopolitique, ce qui explique que l’Ouganda, allié stratégique des USA en
Afrique, est le pays recevant les meilleures conditions d’allégement. Début 2001, il était le
1er pays africain à être arrivé au terme de l’initiative.
conditionné par l’application de deux phases de réforme d’ajustement allant de trois à six
ans. Bien que rebaptisées « cadre stratégique de réduction de la pauvreté », les réformes
économiques restent les mêmes que celles appliquées jusqu’ici au sein des PAS :
économique basée sur le « tout à l’exportation ». Aussi, les pays pauvres restent condamnés
rapatriements de bénéfices , à l’appauvrissement des populations locales – touchées de plein
fouet par la TVA et le démantèlement des services publics – et à la dépendance envers les
revenus procurés par quelques produits d’exportation qui sont hautement vulnérables à cause
44
des fluctuations sur le marché mondial. Quant aux privatisations, elles sont élevées en
véritable dogme, sans que leur efficacité ne soit le moins du monde analysée.
s’étaient engagés à répondre positivement à la pétition de 17 millions de signatures déposée
par la coalition jubilé 2000 : 90% de la dette des pays pauvres devrait être annulée au cours
12.06.2007, op. cit. p1). Aussi le financement de l’initiative estil encore loin d’être assuré,
les pays riches rechignant à appliquer leurs engagements.
« soutenabilité » est sévère – une dette estelle soutenable lorsque son service prive les
populations locales de santé et d’éducation ? , mais en plus les projections à moyen terme
des experts du FMI sont souvent totalement irréalistes. Par exemple, alors que le prix du
coton a perdu 46% de sa valeur entre début 1997 et fin 1999, les projections du FMI
jusqu’en 2019 pour le Mali se basent sur une augmentation annuelle du prix du coton de
9% ! (MILLET & TOUSSAINT, 2002, op. cit. p 146)
Des allégements homéopathiques et lents : étant minimes et étalés sur une longue période,
les allégements peuvent n’aboutir qu’à des diminutions minimes du service de la dette, voire
à une augmentation ! C’est ainsi que de nombreux pays doivent faire face, sur la période
allant de 2003 à 2005, à un service de la dette aussi élevé (Ethiopie, Guinée Bissau,
Honduras, Nicaragua, Ouganda), voire supérieur (Mali, Niger, Sierra Leone, Zambie) à ce
qu’il était sur la période de 19982000. Après avoir nié cette évidence pendant plusieurs
années, le FMI et la BM reconnaissent désormais l’incapacité des pays bénéficiaires de
(Rapport 2003 de la Plateforme dette, p 27)
Le rapport 2000 de l’OCDE note ainsi que « la mise en œuvre intégrale de l’initiative ne se traduira
pas par une diminution de valeur (…) de la dette, car les allégements prendront pour l’essentiel la
forme de remises d’intérêts et de dons destinés à financer le service de la dette, et non de réductions
45
directes de l’encours d’intérêts de cette dette ». (MILLET & TOUSSAINT, op. cit, p.141) Et
d’ajouter : « les espoirs que l’on fonde actuellement sur la mise en œuvre de l’initiative (…) ne sont
pas réalistes. L’allégement de la dette envisagé ne suffira pas à rendre celleci supportable à
moyen terme (…) ; par ailleurs, l’ampleur de l’allégement de la dette et la manière dont il
interviendra n’auront pas d’effets directs majeurs sur la réduction de la pauvreté » (MILLET &
TOUSSAINT, op. cit. p.146). De son côté, le PNUD dans son rapport 2000 partageait la même
déception et déclarait : « L’allégement de la dette reste toujours loin derrière les intentions et les
promesses. Il est urgent que (…) des mesures soient mises en œuvre pour que la réduction de la
dette ait une incidence sur le développement humain ». (ZACHARIE, 12.06.2007, op. cit. p 2)
Il nous semble que la véritable cause de ce désenchantement réside tout simplement dans le fait que
l’initiative PPTE, pas plus que les PAS, n’aura réussi à briser le cercle vicieux dans lequel ces pays
se trouvent enfermés : on s’endette, puis on paie ses dettes afin de pouvoir s’endetter à nouveau et
ce faisant, on s’appauvrit davantage, ce qui oblige à s’endetter encore et encore !
Ne voyant aucune nouvelle initiative crédible poindre à l’horizon, les pays pauvres sont de plus en
plus aux abois, comme l’illustrent ces propos tenus par Julius Nyerere, ancien Président de la
Tanzanie : « Fautil vraiment que nous laissions nos enfants mourir de faim pour pouvoir payer nos
dettes ? » (MILLET & TOUSSAINT, op. cit. p 138) .Cette question qui surgit des échecs des
initiatives amorcées jusqu’ici au niveau bilatéral et multilatéral pour soulager les pays pauvres du
poids de la dette et permettre à leurs populations de jouir de meilleures conditions de vie et par
conséquent de leurs droits sociaux, nous oblige à sortir des schémas classiques pour examiner une
solution globale : l’annulation de la dette d’un nombre important des pays pauvres.
Cette idée, ancienne, audacieuse et très controversée en raison des craintes qu’elle suscite – et on
nouvelle vague « altermondialiste » que par des scientifiques, mérite au moins qu’on s’y intéresse
de près. Tout l’enjeu est de savoir si elle est susceptible d’offrir une voie de sortie signifiant pour la
46
majorité des habitants du globe l’espoir d’un avenir où droits humains en général et des droits
sociaux en particulier ou si, au contraire, elle ne s’apparente pas à une chimère.
§3. L'initiative PPTE et les mesures d’allégement de la dette extérieure du Congo
Alléger pour payer plus, diraiton. L’initiative PPTE ne fonctionne pas. Son fondement est en cause.
Car aucun pays ne parvient à se redresser une fois l’initiative achevée. Les remboursements restent
très importants, et la misère est loin de se résorber. Ce n’est pas étonnant, car le but de l’allègement
de dette proposé aux PPTE atteignant le point d’achèvement est avant tout d’empêcher toute
interruption dans les remboursements, pas de soulager les populations du fardeau de la dette.
(MILLET, 2005, p 172)
La réalité en RDC est autre. L’incidence de la pauvreté sur la population est criante. Presque 75%
de la population dans le milieu rural est pauvre ; le milieu urbain, lui non plus n’est pas à l’abri de
cette situation. La RDC bien que n’étant pas encore arrivée au point d’achèvement, si elle y arrive,
ce sera la même chose que pour les autres pays, c’estàdire un impact pratiquement nul. Et comme
le souligne le VANDEN DAELEN Christine : « l’initiative PPTE contribue si peu à l’amélioration
des conditions de vie des Congolais, contient un tel nombre d’effets pervers par rapport à l’objectif
déclaré de réduction de la pauvreté, que la CNUCED et la Commission des droits de l’homme de
l’ONU publient des rapports très critiques à son égard. Dans ce pays, dévasté par plus de 30 années
strictement macroéconomiques liées à l’IPPTE et aux conditionnalités des IFI sont contraires aux
intérêts des Congolais. » (VANDEN DAELEN, 2004, p.85)
Il n’y a pas eu en République Démocratique du Congo une volonté politique claire d’arrêter
l’hémorragie dans le domaine de la dette, ni même des gardefous pour prévenir une crise
d’endettement probable à l’avenir. A cela est venu s’ajouter l’instabilité politique due au fait de la
guerre. Au regard de cette situation, les allègements de dettes qui étaient prévus dans le cadre de
47
d’énormes difficultés au gouvernement congolais pour assurer la totalité du paiement de ses dettes
bilatérales en 2006. Les revenus du pays étant très faibles, les conditionnalités posées par les
intégral du pays très difficile.
A. La prise de conscience
Considérée à tort par les différents pouvoirs comme des structures qui s’érigent contre le pouvoir à
travers leur engagement et le combat qu’elles mènent pour le bienêtre du peuple, la société civile
congolaise mène un combat juste. Elle est cette force intermédiaire entre l’individuel et le social.
C’est seulement vers la fin des années 1990 que la Société civile congolaise a commencé à
s’approprier la problématique de la dette extérieure. Mais les approches ont souvent été différentes :
alors que la société civile menait campagne pour l’annulation pure et simple de la dette extérieure,
en vue de libérer le développement du pays, le Gouvernement congolais, lui, optait pour l’initiative
PPTE. Le développement est conçu au départ comme un processus avec comme finalité
l’épanouissement de l’homme dans une société harmonisée et sans contrainte. Le peuple congolais
est conscient d’une chose : l’extrême pauvreté est une atteinte à la dignité de l’homme. La
‘’96’’, l’année internationale de l’élimination de la pauvreté a fait prendre conscience à la société
civile de la nécessité de pousser l’Etat congolais à prendre ses responsabilités. Car la pauvreté est
considérée comme un aspect inhumain. Tout cela a provoqué dans la société civile congolaise une
plus grande implication dans le domaine de la dette.
L’idée que la dette des pays en développement se répercute sensiblement sur la pauvreté et qu’elle
s’érige inexorablement en obstacle majeur à tout développement humain durable dans les pays
débiteurs a fini par être de plus en plus entendue sur la scène internationale, et pas seulement dans le
camp des pays débiteurs. Tous les acteurs semblent reconnaître depuis quelques années la nécessité
48
de sortir de la spirale de l’endettement des pays pauvres afin de s’attaquer à la pauvreté, quoique les
moyens d’y parvenir soient loin de faire l’unanimité.
Dans la Déclaration du Millénaire de l’ONU, les Etats membres de cette organisation reconnaissent
explicitement que « l’élimination de la pauvreté ne peut être obtenue que par un renforcement de
partenariat entre les différents acteurs du développement et par une action plus résolue des pays
riches, expansion du commerce, allégement de la dette, transferts de technologies et fourniture
Banque mondiale de l’époque reconnaissait que « l’objectif d’une réduction de la moitié de la
pauvreté d’ici 2015 est compromis et n’a aucune chance d’être atteint à moins que les pays riches
n’augmentent leurs contributions dans le processus de l’allégement de la dette » (MUDHO, 2003, p.
23). Au moins, le diagnostic est partagé. Et il est clair qu’il sera difficile pour le Congo, voire
presque impossible de réaliser les objectifs du millénaire en 2015.
B. Bref aperçu sur les initiatives d’avant l’initiative PPTE de Lyon en 1996
L’allégement de la dette des PED est apparu, dès les lendemains du déclenchement de la crise de la
dette en 1982, comme une nécessité incontournable. Les premières initiatives furent américaines,
avec notamment le « Plan Backer » lancé en 1985 et destiné à quinze pays en développement dont
la majorité en Amérique latine16, suivi du « Plan Brady » de 1989 qui concernait à son tour trente
neuf pays. D’autres puissances, à l’instar de la France et du Japon, prirent aussi des mesures dirigées
vers un certain nombre de PED confrontés au poids de la dette, principalement les pays africains.
(HERNANDEZ PEDRAZA, 2002, p. 31).
A partir du Sommet du G7 de Toronto de 1988, la dette est reconnue comme un problème
structurel. Les Etats riches tentent alors d’organiser des rééchelonnements et quelques mesures
d’allégement au demeurant bien maigres pour les nombreux pays qui accumulent des arriérés et
Argentine, Chili, Bolivie, Equateur, Colombie, Uruguay, Brésil, Mexique, Venezuela, Pérou…
16
49
doivent rencontrer leurs créanciers de plus en plus souvent pour obtenir des délais de paiement. Ces
mesures vont à chaque fois s’avérer insuffisantes et inadaptées, si bien que le problème de la dette
va demeurer entier.
En ce qui concerne la part multilatérale, le FMI et la BM s’interdisent d’annuler des dettes, arguant
de leurs statuts. Jusqu’en 1996, on ne parlera donc que d’allégements bilatéraux et privés. Le Club
de Paris, qui gère les allégements bilatéraux concédés par ses pays membres, joue à cet égard un
rôle décisif. Les mesures qu’il décide servent souvent de base d’accord envers les créanciers
bilatéraux hors Club de Paris et les créanciers privés : c’est le principe de la comparabilité de
traitement. (MILLET & TOUSSAINT, op. cit. p.137). Comme le Club de Paris n’accorde
généralement des allégements que sur une partie de la dette – le reste étant rééchelonné , au fil des
ans et des sommets du G7, le pourcentage à annuler de cette partie a dû être revu à la hausse. Les
créanciers se rendaient bien compte que leurs gestes étaient incapables de permettre aux pays
concernés de quitter la spirale des reports de paiement et que la crise perdurait, voire s’accélérait :
ce pourcentage, fixé initialement à 33% à Toronto en 1988, a été porté à 50% à Londres en 1991 et
à 67% à Naples en 1994, sans que l’impact ne soit vraiment ressenti sur la situation financière des
pays bénéficiaires.
Même les quelques annonces fort médiatisées d’annulations qui ont eu lieu depuis 1990 sont bien
décevantes. Des allégements ont été réservés aux alliés stratégiques des EtatsUnis ou des autres
puissances occidentales pour des visées essentiellement politiques : la Pologne (pour l’encourager à
quitter le Pacte de Varsovie), l’Egypte (pour son soutien lors de la guerre du Golfe contre l’Irak), le
Pakistan (pour son soutien pendant la guerre d’Afghanistan), la Yougoslavie (pour qu’elle livre
Slobodan Milosevic au TPIY) mais ils se révèlent finalement d’un montant global très limité.
Pendant ce temps, avec un moindre écho médiatique, la Russie a de son côté, dans les années 1990,
Vietnam, etc., ce qui ne l’a pas empêchée de bénéficier ellemême d’un allégement important de
50
l’ordre de 30% auprès du Club de Paris et du Club de Londres, dans des conditions bien
particulières. (MILLET & TOUSSAINT, op. cit. p110 et 113)
Voilà comment en 1996, face à l’ampleur prise par la crise de la dette, les principaux créanciers des
pays riches avaient conçu une nouvelle initiative d’allégement appelée l’initiative PPTE que nous
avons évoquée plus haut.
§4. Etat de la dette en RDC
Le tableau cidessus nous aidera à illustrer notre raisonnement sur l'état général de la dette en RDC.
Suivant les données rendues publiques par l’Office de la Gestion de la Dette Publique, OGEDEP,
organe attitré en ce domaine particulier des finances publiques, le stock de la dette publique
extérieure du Congo s’élevait, au 31/12/2005 à 9,289 milliards de dollars US dont 145,190 millions
dus aux anciens propriétaires des biens zaïrianisés.
Réalisée dans le courant de l’année 1974, la « zaïrianisation » a constitué l’un des évènements des
progressive des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants
ou groupes financiers étrangers. En réalité, si cette mesure s’inscrivait officiellement dans un effort
51
visant à la réappropriation nationale de l’économie ainsi qu’à la redistribution des richesses acquises
pendant la colonisation, elle a constitué surtout un échec.
La loi n° 05/007 du 31 mars 2005 portant budget de l’Etat pour l’exercice 2005 donne à l’article 3
l’état de la dette extérieure. Celleci s’élevait à 87.621.000.000 francs congolais. Cette dette
extérieure est essentiellement publique, c’estàdire qu’elle concerne l’ensemble des emprunts
contractés par des emprunteurs publics. Les sources de financement externe pour un pays pauvre
comme la RDC ne sont pas légion. Elles proviennent soit des institutions financières internationales
(essentiellement les facilités pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance du FMI et les
prêts concessionnels de l'Agence internationale pour le développement de la banque mondiale), soit
des prêts bilatéraux des pays partenaires (qui sont également les principaux actionnaires du FMI et
de la Banque mondiale).
En ce qui concerne sa dette extérieure, la RDC est redevable envers divers groupes de créanciers, à
savoir la BM et le FMI, les créanciers du Club de Paris, du Club de Londres, du Club de Kinshasa,et
pour des raisons historiques – la Belgique.
1. La Banque mondiale et le FMI
La RDC connaît une longue histoire avec le FMI et la BM qui, depuis 1960, ont toujours orienté sa
politique financière économique. Mais c’est en 1980 que le gouvernement signa le 1er plan
d’ajustement structurel avec les IBW. Ce programme avait été mis en route sous le fameux nom de
la « politique de la rigueur », avec Kengo wa Dondo, l’actuel Président du Sénat de la RDC. Le
bilan historique des interventions du FMI et de la BM en RDC est un désastre. Ces interventions qui
consistent à régler le remboursement des arriérés de la RDC envers ces deux institutions et aux
autres pays créanciers rassemblés dans le Club de Paris ont plongé le pays dans un naufrage lent
mais profond ; la vie des Congolais présente un trouble profond, un mal qui a atteint un stade de
métastase. En conséquence, nous estimons que les créances que ces institutions détiennent sur la
52
RDC devraient être annulées entièrement. De plus la BM et le FMI devraient rendre des comptes
d’éléphants blancs initiés au Congo. Voilà pourquoi, du fait de l’impact combien néfaste des
politiques de ces deux institutions financières internationales, « le CADTM Belgique, le CADTM
membres du réseau international CADTM ont décidé de porter plainte au civil contre la BM pour
les violations des droits humains en RDC » (CADTM, 30 juillet 2007).
2. Le Club de Paris
Regroupement syndical des gouvernements créanciers des pays en développement, le Club de Paris
est constitué essentiellement des pays de l’OCDE. A ce jour, il comprend 19 Etats créanciers
Danemark, l’Espagne, les USA, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Norvège, les
PaysBas, le RoyaumeUni, la Russie, la Suède et la Suisse.
Au 31/12/2005, la RDC devait aux pays membres du Club de Paris 5.105,9 millions de dollars US.
Ce dernier a, à maintes reprises, accordé à la RDC des facilités de traitement de sa dette. Il s’agit
des droits de rééchelonnements. Le tableau ciaprès et ceux qui se trouvent en annexe n° 6, 7, 8, 9,
Tableau 5 : Les facilités du Club de Paris accordées à la RDC
53
1981 Rééchelonnement 464
1983 Rééchelonnement 1.731
1985 Rééchelonnement 406
1986 Rééchelonnement 431
1987 Rééchelonnement 753
1989 Annulation + 292
Rééchelonnement (Termes
de Toronto)
2002 Annulation + 4.650
Rééchelonnement (Termes
de Naples)
Source : OGEDEP et BC
A la suite du voyage du président de la Banque mondiale, le 13 septembre 2002, le Club de Paris
annonçait qu’il concédait à la RDC une annulation de 4,464 milliards de dollars et un
commerciales traitées sur 23 ans, dont 6 de grâce et un rééchelonnement des créances d’aide
publique au développement traitées sur 40 ans, dont 16 de grâce.
De prime abord, le Club de Paris appliquerait donc un traitement de faveur à la RDC. Cela, sous
prétexte de favoriser une réduction du service de la dette due entre le 30 juin 2002 et le 30 juin 2005
de 9.090 millions de dollars à 380 millions de dollars, avec une projection irréaliste, celle de
recouvrer les 9.090 millions de dollars.
Mais il faut tout de même relever une certaine discordance dans la base de calcul entre le Club de
Paris qui plafonne le stock de la dette extérieure de la RDC au 31 décembre 2001 à 14,3 milliards de
dollars dont 10,190 envers le Club de Paris tandis que l’OGEDEP plafonne le même stock à la
même date à 12,467 milliards dont 9,087 envers le Club de Paris. Il y a donc une différence affichée
dans le stock de près de 2 milliards de dollars entre les statistiques de ces deux institutions.
Il ressort des tableaux 5 à 8 (Voir annexe) que la dette du Congo est essentiellement bilatérale.
Selon cette étude du CENADEP, la part du Club de Paris est de 69% ; celle des institutions
multinationales est de 22,4% et enfin celle du Club de Londres est de 0,3%. Il apparaît clairement
54
que les engagements extérieurs à moyen et long terme, au 31 décembre 1998, ont totalisé 8.502,3
millions de Droits de tirages spéciaux (DTS)17. Les utilisations se sont élevées à 7.390,9 millions,
soit un solde non utilisé de 1.111,4 millions. Les raisons évoquées par les créanciers dans la non
libération de ces sommes sont entre autres, l’accumulation des arriérés, la suspension de la
coopération structurelle avec les partenaires extérieurs, etc.
Le service de la dette s’est chiffré à 6.168,4 millions de DTS, soit 581% des exportations contre
5.880 millions une année avant. Contrairement à l’année 1997, où le service de la dette n’a pas été
effectué, un montant de 1,5 million de DTS a été payé au FMI en juin, juillet et août 1998 en sa
qualité de créancier privilégié, conformément à l’engagement pris par le gouvernement de payer
500.000 dollars US/mois. Cette dette, reconnaissonsle, a comme soubassement les différents
projets économiques qui ont bénéficié de beaucoup de crédits, alors que le résultat attendu n’est
jamais arrivé. Avec un regard critique, nous constatons que tous les investissements dans ces projets
n’avaient pour but caché que de contribuer à la constitution de la capacité du Congo de rembourser
ses dettes et intérêts.
3. Le Club de Londres
Le Club de Londres forme le syndicat des créanciers privés plutôt que bancaires car il y a aussi des
compagnies d’assurances, des fonds de pension et autres ayant fourni de l’argent liquide ou financé
des contrats commerciaux en faveur de la RDC. Une trentaine de banques se regroupent sous cette
bannière dont la Bank of Tokyo est le porteétendard.
A cause des difficultés du service de la dette, la RDC a dû conclure avec ses créanciers un accord
particulier portant consolidation de toute sa dette. Cet accord conclu avec le syndicat des banques
est l’un des plus mauvais que la RDC ait jamais conclu, parce que regorgeant visiblement de clauses
Unité de compte du FMI. Egal à 1 dollar à l’origine, il est maintenant évalué quotidiennement à partir d’un panier de
17
monnaies fortes (le dollar pour 45%, l’euro pour 29%, le yen pour 15 % et la livre sterling pour 11%, in 50
Questions/50 Réponses sur la dette, le FMI et la BM, Millet Damien et Toussaint Eric, 2002
55
léonines. Cet arrangement consistait en un refinancement de la dette bancaire pour un montant de $
US 402 millions. Les taux d’intérêts flottants, les pénalités et surtout le principe de capitalisation
des intérêts en ont fait un système usurier dont l’extinction devenait un objectif chimérique.
La RDC a dû recourir au rachat de cette dette sur le marché secondaire par voie d’un nouvel
endettement nébuleux de $ US 72 millions.
Il semble que ce serait des Congolais qui auraient racheté cette créance. Il reste à ce jour, selon
l’OGEDEP, un encours de $ US 28,570 millions.
4. Le Club de Kinshasa
Contrairement aux Clubs de Paris et de Londres, le Club de Kinshasa n’est pas un regroupement
syndical des créanciers. Il s’agit plutôt d’un regroupement comptable effectué par l’OGEDEP pour
des raisons essentielles de gestion et de présentation statistique. Ce Club comprend toutes les dettes
nées des financements non qualifiés pour le Club de Paris, le Club de Londres et les institutions
multilatérales. On y trouve les prêts commerciaux non garantis, les financements bancaires divers,
les arrangements commerciaux particuliers et les prêts gouvernementaux des pays non membres du
Club de Paris.
5. La Banque Africaine de Développement (BAD)
Le groupe BAD est un important créancier multilatéral de la RDC. Dans sa vocation africaine, la
BAD a souvent offert à la RDC des financements avantageux, surtout dans le domaine des
infrastructures routière, ferroviaire, minière et agricole.
Comme l'affirme l'étude du CENADEP, « les prêts du groupe BAD comprennent d'une part les
quelques commissions d'engagement et de services, et d'autre part, des crédits du Fonds africain de
56
développement (FAD), accordés généralement sur une longue période, jusqu'à 40 ans, le plus
souvent à un taux d'intérêt ne dépassant pas 1% »(CENADEP, 2006, p 45)
6. La dette du Congo visàvis de la Belgique
La Belgique est un des principaux créanciers de la RDC. La dette de cette dernière (RDC) visàvis
de la Belgique est composée de trois grandes catégories, à savoir :
la dette contractée sur base de prêt d’Etat à Etat ;
Ducroire (OND) ;
la dette visàvis de créanciers privés.
Le travail réalisé par les ONG belges et congolaises nous permet de caractériser ces 3 modes de
prêts :
« Les prêts d’Etat à Etat
Ce sont des prêts qui sont destinés à l’achat des biens et/ou services belges. Il s’agit là d’une aide
liée. La plupart des crédits d’Etat à Etat du Congo, puis Zaïre et de nouveau Congo ont servi aux
postes « biens d’équipement », puis « télécommunications ». Parmi les bénéficiaires du côté belge,
ACEC qui occupe la première place ; il y en a d’autres comme Alcatel Bell, Anglo Belgian
corparation, etc. Du côté congolais on trouve IngaShaba, SNCZ, Gecamines/Onatra/Kilomoto, etc.
La dette visàvis de l’office national du Ducroire (OND)
Cette dette est plus grande et beaucoup plus onéreuse que la dette d’Etat à Etat. Il s’agit de créances
où les taux du marché sont en vigueur. Elles trouvent leur origine dans des garanties accordées par
l’OND pour son propre compte ou directement pour le compte de l’Etat à des investisseurs ou à des
crédits d’exportations. En cas de nonpaiement du client (congolais ou zaïrois en l’occurrence), le
Ducroire reprend une grande partie de la créance et devient de facto le créancier du Congo.
57
La dette visàvis des créanciers privés
Cette dette est composée du solde des montants assurés par l’OND, qui n’ont pas été payés par le
client congolais et qui ne sont pas couverts par le Ducroire. On les estime à environ 10% du montant
total. A ceci, il faut ajouter les dettes issues de transactions effectuées directement entre des
entreprises belges et les clients congolais. » (CNCD, 2002, p. 12)
A ce jour, tous les militants épris par le souci de l’annulation de la dette des pays en développement
se félicitent de la résolution que le Sénat belge a adoptée le 29 mars 2007. On peut lire en substance
endettés concernés afin d’annuler totalement leur dette. Le Sénat propose un moratoire avec gel des
intérêts sur le remboursement de la dette bilatérale ; il affirme que la dette bilatérale ou multilatérale
d’un pays doit être appréciée à sa juste valeur. La valeur réelle est prise en compte et non la valeur
nominale. Le cas de la RDC : la valeur de la dette que la Belgique lui réclamait au début des années
2000 s’élevait à environ 900 millions de dollars. Ce montant correspondait à la valeur nominale de
vieilles dettes de l’époque de Mobutu. (…). Le Sénat affirme qu’un contrôle parlementaire doit être
exercé sur le gouvernement. Le point relatif à l’audit de la dette et à la dette odieuse figure au point
4 de la résolution, etc. » (CADTM1, 12.06.2007). Avec cette résolution du Sénat belge, si elle est
mise en pratique, le Congo verra bien sa dette diminuer sensiblement. Il est normal qu’un audit soit
effectué entre les deux parties pour dégager la dette odieuse de la dette légitime et de réparer les
préjudices subis par le Congo.
Chapitre 3
ALTERNATIVE : ANNULER LA DETTE EXTERIEURE DE LA RDC
La dette se présente aujourd’hui comme le problème le plus grave auquel est confronté le Congo,
car elle fait obstacle aux efforts que déploie le gouvernement actuel démocratiquement élu. Notre
raisonnement consiste à partir de la satisfaction des droits humains fondamentaux. Les Congolais ne
vivent pas mais essaient de survivre. Pourquoi en estil ainsi alors que le pays est pourvu
58
d’abondantes richesses ? La grande question à laquelle ce chapitre essaie de répondre peut être
économie de surendettement pour la mener à un « développement durable »18 et socialement juste ?
Si la réponse est celle que nous avons préconisée, c’estàdire, l’annulation de la dette, quels sont
alors les arguments qui fondent ce raisonnement ?
Section 1 : Argumentaire en faveur de l’annulation de la dette
Nous évoquerons tour à tour les différents arguments souvent développés par des spécialistes qui
luttent pour l’annulation de la dette des pays pauvres. Ensuite, nous verrons si le cas de la
République Démocratique du Congo mérite bien qu’on lui applique tous ces arguments en faveur de
l’annulation de sa dette extérieure.
§1. Les arguments moraux en faveur de l’annulation de la dette
régulières et raisonnables est quelque chose de moralement exigible. Comme le souligne Damien
Millet, l’argument « quand on a des dettes, on les paie, ne tient plus dans le cas des pays africains,
car la situation de crise a été déclenchée par des facteurs extérieurs indépendants de leur volonté
(hausse des taux d’intérêts, chute des cours des matières premières). De surcroît, cette dette est
largement immorale car elle fut souvent contractée par des régimes non démocratiques qui n’ont pas
utilisé les sommes reçues dans l’intérêt de leurs populations. Les créanciers ont prêté en
connaissance de cause, pour leur plus grand profit, ils ne sont donc pas en droit d’exiger des peuples
qu’ils remboursent » (MILLET, 2005, op. cit, p 196)
Au regard de cet argument, la RDC trouve bien sa place. Dans la crise actuelle de la dette qui touche
de plein fouet le pays, cette obligation morale de rembourser, qui existe habituellement, devrait
18
Le développement durable étant défini comme celui « qui permet de couvrir les besoins du présent sans compromettre
la capacité des générations futures de satisfaire leurs propres besoins »
59
tomber. Il est immoral de demander aujourd’hui à la RDC de consacrer ses maigres ressources au
remboursement d’une dette contractée par un dictateur et qui n’a servi qu’à entretenir sa dictature
ainsi que son clan. Il ne s’agit pas là de s’affranchir d’une obligation légitime pour devenir horsla
loi, mais bien d’une mesure de justice sociale.
§2. Les arguments économiques en faveur de l’annulation de la dette
Les cas d’annulation de la dette de pays lourdement endettés sont légion. Cela devrait et doit servir
de jurisprudence pour les autres pays membres de la communauté internationale. Nous avons le cas
de l’Allemagne en 1953 : l’accord de Londres décida l’annulation de 51% de la dette de guerre de
l’Allemagne ; la Namibie, le Mozambique pour qui l’Afrique du Sud post apartheid annulera
unilatéralement et inconditionnellement ses créances, respectivement en 1995 pour la Namibie et en
1999 pour le Mozambique. Un geste pareil des créanciers de la RDC sortirait ce pays du
surendettement et relancerait son économie.
Tout compte fait, comme le dit Damien Millet, « la dette a déjà été remboursée plusieurs fois :
quand 1$ était dû en 1980, les Etats africains en ont remboursé 4 mais en doivent encore 2,5 ! Elle a
donc cessé de faire l’objet d’un remboursement équitable dans des conditions régulières, pour
devenir un instrument de domination implacable, dissimulant racket et pillage ». (MILLET, 2005,
op. cit.p 198)
On voit bien que le Sud paie 4 fois plus que l’aide à la coopération qu’il reçoit. Selon Gérard
Karlshausen19 : « En 2002 par exemple, les pays en voie de développement (PVD) avaient reçu 137
milliards de dollars sous forme d’aide publique au développement (APD) et de renvoi d'argent par
les migrants à leurs familles ou leurs communautés. Mais ils ont dû payer 409 milliards de dollars
en guise de rapatriement de l’argent des multinationales et de dette » (KARLSHAUSEN, 2006). C’est
là une énorme pompe à argent du Sud vers le Nord qui permet de mettre le Sud sous tutelle. La dette
Chargé du dossier Europe, Président de la Plateforme belge CONCORD (CNCD) et Formateur à Ihecs Formation
19
DESSCommunication et développement
60
sert donc à imposer la politique mondiale du Nord. Dans ces circonstances, cet argument mérite
bien d’être appliqué dans le cas du Congo.
§3. Les arguments politiques en faveur de l’annulation de la dette
C’est devenu une habitude, chaque fois qu’un pays est en difficulté, ou qu’il est contraint de stopper
ses remboursements, que le FMI se présente en messie. Dès que le pays accepte les services du
FMI, il est obligé de respecter les conditions que ce dernier lui impose à n’importe quel prix. Cela
ressemble bien à un contrat d’adhésion où l’une des parties, la plus forte, impose ses conditions à la
partie faible et celleci est obligée de l’accepter. C’est ainsi que le FMI et la Banque mondiale
dictent leur politique aux pays en difficultés.
C’est ainsi que « suite aux plans d’ajustement structurel imposés par le FMI, l’essentiel de la
politique économique des pays du Sud est dictée à l’extérieur du pays concerné, notamment à
Washington, à Londres, à Paris ou à Bruxelles. La dette permet aux créanciers d’exercer des
pouvoirs exorbitants sur les pays endettés » (MILLET, 2005, op. cit, p 196197)
Le cas du Congo est éloquent car, suite au soutien des institutions financières internationales, ce
pays est devenu un véritable laboratoire de l’ajustement structurel. La politique pour le
développement de ce pays est décidée ailleurs. L’exécution de ces plans d’ajustement structurel se
heurte à beaucoup de difficultés d’adaptation et de cohésion par rapport au contexte politicosocio
culturel. D’où l’échec de tous ces programmes décidés de l’extérieur.
§4. Les arguments juridiques en faveur de l’annulation de la dette
61
Plusieurs arguments de droit international pourraient fonder juridiquement l’annulation unilatérale
de la dette extérieure des pays pauvres et surendettés. Mentionnonsen trois :
1°. Le cas de la force majeure
La force majeure peut être définie comme étant « un événement imprévisible, irrésistible
(insurmontable) et indépendant de la volonté du défendeur en responsabilité : faits de la nature, de
l’autorité publique, de la collectivité… » (DUBUISSON, 20052006, T IV p 246). La Convention de
Vienne sur le Droit des traités de 1969 en son article 62 a également inclus la force majeure comme
règle internationale. Si l’on applique à la lettre cette théorie au cas de la RDC qui s’est vue imposer
par les IFI des plans d’ajustement structurel, ce pays n’aurait pas d’autres alternatives que de
répudier sa dette. Ceci vaut, mutatis mutandis, pour les autres pays surendettés.
Nous sommes d'accord avec DE ROMANET du CADTM que « le Zaïre de l’époque a été fortement
affecté par la hausse unilatérale des taux d’intérêts en Octobre 1979 par la Réserve fédérale
américaine. Cette situation n’était en rien prévisible et tout à fait involontaire pour le Zaïre comme
pour l’ensemble des pays affectés. Cela entraîne l’annulation de la règle générale de droit ‘’Pacta
sunt servanda’’ qui est que les contrats signés doivent être honorés. Car celleci ne s’exerce que
dans les cas où les choses demeurent semblables (Rebus sic stantibus) » (DE ROMANET, 2007, op.
cit. 48). L’Etat congolais se trouve devant un choix : soit de consacrer ses maigres ressources au
remboursement de ses dettes, et cela au détriment des besoins fondamentaux de sa population, soit
de répudier ses dettes pour satisfaire les besoins fondamentaux de ses concitoyens.
Il existe des cas qui illustrent bien l’applicabilité de cette théorie. DE ROMANET et le CADTM
citent entre autres le cas « des emprunts Serbes émis en France. Ce cas avait été soumis à la Cour
Permanente de Justice Internationale (CPJI) – devenue la Cour internationale de justice (CIJ) après
la seconde guerre mondiale – et jugé le 12 juillet 1929. Durant les débats, le gouvernement Serbo
croateslovène invoqua la circonstance de force majeure comme impossibilité matérielle d’honorer
le paiement de sa dette. La Cour admet explicitement que, en cas de force majeure, l’Etat peut se
62
trouver dans l’impossibilité matérielle de faire face à ses dettes et que, dans un tel cas, ce non
respect ne peut constituer un fait illicite international » (CADTM, 2007, ibidem). Voilà un cas, parmi
tant d’autres, qui peut servir d’argument à la RDC pour s’affranchir de payer ses dettes.
2°. L’état de nécessité
Il se caractérise par une situation de danger pour l’existence de l’Etat, pour sa survie politique ou
économique, comme une instabilité sociale grave ou l’impossibilité de satisfaire les besoins de la
population (santé, éducation, etc.). Il ne s’agit pas d’un empêchement absolu de remplir ses
obligations internationales, mais le fait de les exécuter impliquerait pour la population des sacrifices
qui vont audelà de ce qui est raisonnable. (MILLET, op.cit., p 185186).
Dans le cas de la RDC où la sauvegarde des besoins fondamentaux de la population est menacée
suite au surendettement, nous sommes persuadés que le refus de rembourser ses dettes serait
l’unique moyen de protéger ses populations contre le bradage des droits fondamentaux. N’est pas
justifié le fait de sacrifier les besoins fondamentaux pour rembourser une dette qui n’a pas été
consacrée aux besoins de la population. Une fois de plus, la RDC peut bien se servir de l’état de
nécessité pour fonder son refus du remboursement de ses dettes.
3°. La dette odieuse de la RDC
Avant de qualifier la dette congolaise d’odieuse, il nous semble utile de circonscrire d’abord la
doctrine de la dette odieuse pour voir si oui ou non, la RDC peut se prévaloir d’une telle théorie
pour fonder l’annulation de ses dettes envers ses créanciers.
La doctrine de la dette odieuse a été formulée à Paris, en 1927, par le juriste russe Alexander Sack :
« Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas selon les besoins et intérêts de l’Etat mais
odieuse pour la population de l’Etat entier : c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir
63
qui l’a contractée, par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir » (De ROMANET, 2007 op.
cit. p.44). Le cas du Congo trouve application de la théorie. Car après des années de dictature de
Mobutu et les différentes guerres qui s’en sont suivies, il est aberrant et odieux d’exiger du nouveau
régime de continuer à rembourser une dette contractée à l’époque de la dictature et qui n’a servi
qu’à entretenir cette dictature.
Mobutu, le président du Zaïre (aujourd’hui RDC), ils savaient (ou auraient dû savoir) que ces
sommes, pour l’essentiel, ne servaient pas à aider les pauvres de ce pays mais à enrichir Mobutu. On
payait ce dirigeant corrompu pour qu’il maintienne son pays fermement aligné sur l’Occident.
soient tenus de rembourser les prêts consentis à des gouvernants corrompus qui ne les représentaient
pas. » (STIGLITZ, 2002, p 312). L’on sait qu’en 1962 déjà, il y eu un rapport du Secrétaire général
des Nations unies qui informait que Mobutu avait détourné plusieurs millions de dollars qui étaient
destinés à financer les troupes20. En 1982, un fondé de pouvoir du FMI, Erwin Blumenthal, banquier
allemand, ancien responsable du département des affaires étrangères de la Bundesbank, réalise un
rapport accablant sur la gestion du Zaïre de Mobutu. Il avertit les créanciers étrangers qu’ils ne
devraient pas s’attendre à être remboursés tant que Mobutu est au pouvoir. Malgré cette mise en
garde, les créanciers du Zaïre continuèrent à soutenir le dictateur Mobutu. Manifestement que le
soutenir leur allié stratégique. Eric TOUSSAINT de conclure que « la dette extérieure de la RDC
(…) a été entièrement contractée pendant le régime despotique de Mobutu. Elle aurait dû être
annulée à la chute de son régime » (TOUSSAINT, 2004, p 385).
Bien que la doctrine de la dette odieuse ne soit pas une source du droit international à l’instar des
traités, de la coutume et des principes généraux du droit (sources classiques), encore moins de la
doctrine et la jurisprudence (sources annexes), elle a déjà été appliquée à maintes reprises. Plus
20
Une semaine après l’indépendance du Congo en 1960, le pays était plongé dans une sécession, de 60 à 65, qui avait
justifié l’intervention de l’ONU
64
récemment, « le Paraguay, petit pays Sudaméricain de 4 millions d’habitants, a refusé en août
2005, le jugement d’un tribunal Suisse qui l’avait condamné au remboursement d’une dette
contractée auprès de banques Suisses, par un consul de la dictature en 1986. Le montant s’élevait à
l’époque à 85 millions de dollars. Si le Paraguay, qui est loin d’être dans une situation
révolutionnaire, décide de prendre une telle posture, pourquoi la RDC ne pourraitelle le faire même
si les montants sont infiniment plus élevés ? » (De ROMANET, 2007, op.cit., p 45)
Au regard de ce qui précède, force est de constater que le droit international est riche en doctrine.
Celleci peut permettre – on l’a vu au cours de l’histoire , aussi bien à la République Démocratique
du Congo qu’à d’autres pays concernés par la question du surendettement, de fonder des annulations
ou des répudiations de dettes. Différents mouvements sociaux rappellent avec force que le droit
international, plus précisément les droits fondamentaux que consacrent la Déclaration universelle
des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
doivent primer sur les droits des créanciers.
Mais aujourd’hui, parler de l’annulation de la dette des PED suscite inévitablement beaucoup de
questions sur le court et le long terme. C’est l’objet de cette section.
Section 2. Les risques invoqués par les créanciers et les alternatives prônées par les
mouvements sociaux
§1. Les risques invoqués
Si l’idée de l’annulation de la dette des pays pauvres est tant redoutée, c’est qu’elle ne va pas sans
engendrer un certain scepticisme, une certaine peur dictée par certaines préoccupations auxquelles
nous essayerons d’apporter, ici, quelques réponses. Les principales préoccupations qui reviennent
souvent dans les débats sont :
65
1°. Le risque d’une crise financière mondiale
Si nous nous référons à l’étude du CADTM, « La dette extérieure publique de l’ensemble des PED,
estimée à 1.600 milliards de dollars de dette, constitue un fardeau insupportable pour les faibles
capacités financières des pays du Sud. Cependant, cette dette représente bien peu en comparaison de
l’énorme endettement au Nord.
En 2002, la dette publique de la Triade s’élevait à 20.000 milliards de dollars, soit 12 fois la dette
extérieure publique des PED. Les dettes totales des EtatsUnis représentaient 29.000 milliards de
dollars, soit 18 fois la dette des PMA. Il est acquis que la dette extérieure publique des PED est
comptabilise que celle des PFR, ce pourcentage sera encore moindre. Qu’estce à dire ?
Ces données illustrent que l’annulation de cette dette, si elle était possible, ne mettrait en aucune
manière en péril le système financier mondial. Cet avis est aussi largement partagé par de nombreux
l’annulation de la dette extérieure des pays surendettés provoquerait une crise financière mondiale
est un langage de facilité qui ne trompe que celui qui désire être trompé.
2°. Le mauvais exemple aux emprunteurs
Cet argument de mauvais exemple aux emprunteurs surtout à venir , et son corollaire, celui de
saper la confiance des investisseurs ne sont pas inattaquables. Ce sont des arguments hypocrites et
faux à la fois : « hypocrite parce que les marchés financiers, où règne la spéculation permanente, ne
passent pas pour être des parangons de vertu philanthropique. Faux parce que le risque est
intrinsèquement lié au marché et non au caractère personnel de tel ou tel contractant. Par ailleurs, le
FMI et la Banque mondiale détiennent des ressources dont ils parlent rarement. Le FMI est un des
plus importants détenteurs d’or de la planète, pour un montant estimé à 30 milliards de dollars…La
Banque mondiale réalise chaque année environ 1,5 milliard de dollars de bénéfices, essentiellement
66
sur le dos des PED. Leur refus d’une véritable annulation de dette sous prétexte qu’ils n’auraient pas
les reins assez solides pour la supporter est indécent. » (MILLET & TOUSSAINT, 2002, .p 205)
L’histoire a montré que contrairement à ce qu’avance le FMI à ce sujet, une annulation de la dette
n’érode pas la confiance des investisseurs et des prêteurs. Les cas de l’Allemagne en 1953, de la
Namibie en 1995, du Mozambique en 1999 sont éloquents en euxmêmes.
Récemment, la Norvège a reconnu en octobre 2006 sa responsabilité dans l’endettement illégitime
de cinq pays Equateur, Egypte, Jamaïque, Pérou, Sierra Leone et a décidé d’annuler
unilatéralement une part des créances qu’elle détient envers ces pays à hauteur de 62 millions
d’euros. (RYDBERG 2006, p.15). La confiance n’a pourtant jamais été ébranlée entre les parties,
mais bien au contraire, cela devrait continuer à servir d’exemple pour d’autres pays. Ce n’est pas là
une panacée, nous en sommes conscients, mais tout de même, cela a donné aux pays récipiendaires
d’aide un nouveau départ sur des bases budgétaires assainies.
§2. Alternatives potentielles à l’endettement de la République Démocratique du Congo
Le niveau de pauvreté en RDC est parmi le plus élevé d’Afrique. Elle s’accentue « in dies
singulos21 ». Le revenu par habitant et par jour est en dessous de 1 $. La structure de
consommation des ménages indique que la pauvreté atteint indistinctement, et à des degrés divers,
toutes les couches sociales. Il s’agit d’un véritable phénomène de masse sur tout le territoire
national, aussi bien en milieu urbain que rural. Tout cela est en partie le résultat du surendettement
du pays.
Les alternatives pour sortir la RDC de ce surendettement existent. Leur réalisation est liée à la
volonté politique de les mettre en œuvre. Qu’elles soient crédibles ne fait aucun doute. La crédibilité
C’estàdire de jour en jour.
21
67
ne se pose pas au niveau des alternatives mêmes, mais bien à celui de l’agir collectif. Nous en
esquissons quelquesunes :
1. Briser le cercle vicieux de la dette
survie, elle est contrainte de s’endetter auprès des institutions financières. Malgré cet endettement
excessif, le développement tarde toujours à venir. La meilleure illustration de ce cercle vicieux,
c’est la mise en place depuis les années ‘’80’’ des différents plans d’ajustement structurel dans ce
pays. Les flux financiers sont allés de la RDC, dite très pauvre, vers les pays industrialisés et non
l’inverse comme le prétendent avec insistance les institutions financières internationales. Qui aide
qui ? Un paradoxe !
Comme le dit Eric Toussaint, « les donateurs ne sont pas ceux que l’on croit. C‘est un abus de
langage que de considérer comme donateurs les pays de l’OCDE membres du Comité d’aide au
développement et les institutions de Bretton Woods » (TOUSSAINT, 2004, op. cit. p.510).
S’endetter chaque fois pour payer ses dettes est une formule qui conduit à la faillite du pays. Il faut
adopter une position sage qui consisterait à annuler la dette publique extérieure des pays en
développement.
Aujourd’hui, si la dette publique extérieure du Congo venait à être annulée sans indemnisation de
ses créanciers, ces fonds destinés au remboursement pourraient servir à améliorer la santé,
l’éducation, à créer des emplois, etc.
Le Congo rembourse chaque année plus que ce qu’il reçoit en prêts. D’où la nécessité de briser ce
cercle vicieux en vue de relancer son économie.
2. Mettre fin aux plans d’ajustement structurel
68
Les PAS ont pour objectif de contribuer au rétablissement des équipements économiques et
financiers des Etats. Ils se résument à un ensemble de mesures variant peu d’un pays à l’autre et se
caractérisent par la prépondérance accordée aux critères économiques et financiers sur les critères
humains et environnementaux, à savoir :
La réduction des dépenses de l’Etat (notamment des services sociaux) ;
La dévaluation de la monnaie locale ;
La privatisation des entreprises nationales ;
La promotion des exportations pour obtenir des devises ;
L’élimination des barrières commerciales, etc.
Le cas de la RDC mérite bien d’être souligné ici, « on l’oublie trop souvent, mais c’est au Zaïre
(RDC), alors que Kengo Wa Dondo était Premier Ministre, que furent inaugurés les 1ers plans
d’ajustement structurel : de 1982 à 1985 les sommes consacrées au remboursement de la dette
représentaient ainsi 68% des dépenses courantes. L’Etat se retire peu à peu des secteurs sociaux :
puisqu’il faut satisfaire les créanciers, l’enseignement est ‘’assaini’’ (…). Le pays devient bientôt un
exportateur net de capitaux : de 1983 à 1987, 2 milliards de dollars sont partis vers l’Occident,
contre 1,1 milliard dans l’autre sens. » (BRAECKMAN, 2003, p 4243)
Un autre cas de figure que nous présente Eric TOUSSAINT et qui mérite d’être souligné est que:
« entre 1993 et 2002, c’estàdire sous trois Présidents différents (fin de la dictature de Mobutu, la
présidence de Laurent Désiré Kabila (19972001), puis début de celle de son fils, Joseph Kabila), le
Zaïre, puis la République Démocratique du Congo qui lui a succédé, a été en cessation de paiement.
A partir de 2002, la BM et le FMI ont rouvert le robinet du crédit afin de relancer la pompe du
transfert des richesses du Congo vers les créanciers. De nouveaux prêts ont été octroyés à condition
que la RDC reprenne les paiements et applique l’ajustement structurel rebaptisé ‘’cadre
La Banque mondiale et le FMI ont perdu toute leur crédibilité aux yeux des pays en voie de
développement. Leur hostilité est manifeste. Le manque de démocratie dans ces deux institutions
69
laisse à désirer. C’est ainsi que de nombreux mouvements sociaux militent pour leur suppression :
« il faut abolir la BM et le FMI pour les remplacer par d’autres institutions mondiales caractérisées
par un fonctionnement démocratique. Les nouvelles institutions, quelle que soit leur nouvelle
appellation, doivent avoir des missions radicalement différentes de leurs prédécesseurs, c’estàdire
garantir la satisfaction des traités internationaux sur les droits politiques, civils, sociaux et culturels
dans le domaine du crédit international et de relations monétaires internationales » (TOUSSAINT
2006, op. cit. p.23).
Le rôle du FMI consiste, selon ses statuts, à assurer la stabilité des relations monétaires
institutions qui ne respectent pas leurs statuts, loin d’apporter le bienêtre des populations, les
appauvrit davantage.
En effet, au regard des rapports des IFI avec la RDC, force est de constater que ce pays, conseillé
par les experts de tout bord, principalement du FMI et de la BM, a, pour faire face à la crise, mis en
application les plans d’ajustement structurel. Malgré tout cela, le développement tarde toujours à
venir et la pauvreté ne fait que s’accentuer. Cette expérience malheureuse s’est avérée désastreuse
pour la population congolaise. Ces plans d’ajustement structurel, aujourd’hui rebaptisés par
euphémisme ‘’cadre stratégique de lutte contre la pauvreté’’ n’ont pas apporté la solution aux
problèmes du Congo. Au contraire, ils ont accentué cette pauvreté, l’Etat s’étant progressivement
désengagé des secteurs clés comme celui de la santé, de l’éducation, de l’emploi… en ne consacrant
ses efforts qu’au remboursement de ses dettes. Il faut donc rompre avec cette politique des PAS qui
ne fait qu’aggraver la situation du pays.
3. Mise en place d'un mécanisme d'audit
L'audit est l'un des outils les plus indiqués pour étayer la revendication de l'annulation de la dette du
Congo. Comme le souligne Virginie de Romanet, « il s'agit en quelque sorte de passer au crible de
70
l'analyse chaque emprunt pour déterminer les circonstances dans lesquelles il a été contracté,
l'utilisation des fonds ainsi que les résultats qu'ils ont permis d'atteindre concrètement. A qui il a
analysant méticuleusement chaque emprunt depuis la colonisation qu'on arrivera à révéler les
circonstances qui les entourent et à déceler leur destination. C'est de cette manière que l'on saura
combien le Congo doit réellement. À qui? Pourquoi? Les réponses à toutes ces questions à travers
un audit sérieux révèleront les pratiques de corruption et de détournement de fonds par le régime
congolais ainsi que la responsabilité des créanciers dans l'endettement du pays.
4. Rétrocéder au Congo ses richesses illégalement transférées au Nord
Beaucoup de richesses du Congo accumulées illicitement par les gouvernants véreux et des élites
protégés à souhait, continuent à être placées en sécurité dans les pays du Nord, avec la complicité
des institutions financières privées et la complaisance des gouvernements des pays d’accueil. La
restitution de ces richesses impliquerait l’aboutissement de procédures judiciaires menées à la fois
en RDC et dans les pays où sont gardés les avoirs détournés.
Le cas du Maréchal Mobutu, président du Zaïre est éloquent. Alors que certains de ses collègues
présidents menaient des actions bénéfiques pour le développement de leurs pays, Mobutu, lui,
n’aura œuvré qu’à l’appauvrissement du sien, en lui laissant les stigmates d’une dette faramineuse
qui n’aura servi que ses intérêts personnels et ceux des siens. Les experts estimaient sa fortune à 8
milliards de dollars en 1997, lors de son éviction du pouvoir par Laurent Désiré Kabila, alors que la
dette extérieure du Zaïre à cette date s’élevait à 12 milliards de dollars. Nous dirons qu’en général,
beaucoup d’argent destiné au Congo a été détourné au profit de quelques personnes. Ces
détournements ont alimenté par la suite l’endettement du Congo.
Il appartient au gouvernement actuel, démocratiquement élu, ainsi qu’aux mouvements sociaux du
pays, de se servir de tous les arguments moraux, juridiques et autres pour initier une procédure qui
71
consisterait à récupérer tous ces fonds logés dans les banques étrangères. Il est vrai qu’il s’agit là
d’une question complexe, car il faudra compter sur l’aide des pays dépositaires qui accepteraient ou
pas de coopérer. C’est la seule manière d’espérer voir un jour la démocratie et la transparence
vaincre la corruption. Comme le dit Denis Horman, « la dette du Congo est odieuse, elle doit être
absolument annulée au FMI, à la Banque mondiale, au Club de Paris et de Londres. On a bien
besoin de cet argent pour redresser le pays, réparer l’outil économique, donner des salaires
décents aux fonctionnaires, rencontrer les besoins les plus urgents de la population, et ça
ne manque pas ! » (HORMAN, 2006, p.28)
Le gouvernement Suisse aujourd’hui est disposé à restituer à la RDC les avoirs de Mobutu estimés à
8 millions de Francs suisses [4,8 millions d’euros]. (EFD.ADMIN.CH, 17 juillet 2007). Se rendon
compte de ce qu’apporterait à la population congolaise la rétrocession d’une partie importante des
avoirs de feu Mobutu ? Le détournement des biens publics est considéré comme une violation des
droits de l’homme. Les autres pays concernés devraient se montrer ouverts et prêts à accepter un
audit sur les fonds de Mobutu par exemple. Mais on est loin de faire primer le bon sens et l’équité
dans ce dossier.
§3. Défis et perspectives pour le nouveau Gouvernement congolais
L’économie congolaise est minée par la mauvaise gestion des entreprises publiques, le déficit des
finances publiques, la corruption dans l’administration, le délabrement des infrastructures de base,
le disfonctionnement du secteur judiciaire et l’inefficacité de la justice. Malgré les déclarations des
l’afflux des capitaux étrangers. L’ampleur du désastre est telle qu’il faudra probablement plusieurs
années avant le redressement de la situation. Cette situation affecte toutes les sphères de la vie
nationale. Si tous les secteurs n’en meurent pas encore, tous du moins en sont frappés.
Le nouveau Gouvernement s’est fixé comme programme prioritaire :
72
« 1. La consolidation de la paix et de la nation. Objectif : maintenir la paix et l’unité du pays, acquis
sur lesquels Joseph Kabila s’était appuyé pendant sa campagne.
2. La reconstruction de l’Etat : ce volet englobe aussi bien la remise en place des infrastructures
(routes et électricité) que celle des services publics (hôpitaux, postes), le plus important étant la
réforme de l’Etat et de la police.
3. La relance de l’économie. Le premier ministre s’est prononcé pour une politique économique
libérale, donc de privatisation. Dans les domaines éducatifs et sociaux, il prône en revanche
l’interventionnisme de l’Etat.
4 & 5. Enfin, les deux derniers axes : la lutte contre la pauvreté et les inégalités et la restauration de
la famille et des valeurs morales. » (AFRIK.COM, 2007).
Audelà de ces priorités, le nouveau Gouvernement a en filigrane d’autres défis qui l’attendent.
Comme le résume Arnaud Zacharie dans sa communication de février 2007:
« le principal défi du nouveau Gouvernement consiste désormais à garantir les dividendes de
durant les années de dictature, de guerre et de pillage. Le défi est de taille, tant les besoins
pour la reconstruction et le développement sont sans commune mesure avec les revenus
disponibles ;
le nouveau Gouvernement pourrait aussi se référer à l’accord de Londres de 1953, qui avait
défini les conditions de l’allègement de la dette de l’Allemagne d’aprèsguerre. Cet accord
avait permis l’annulation des 2/3 de la dette extérieure de l’Allemagne ;
le Gouvernement congolais pourrait s’appuyer sur la déclaration du Gouvernement belge
d’octobre 2006 d’annuler la totalité de ses créances sur le Congo et de promouvoir la
généralisation de la mesure au sein du Club de Paris pour revendiquer une annulation plus
substantielle de sa dette extérieure dès 200722 ;
la gestion des ressources : le nouveau Gouvernement dispose de peu de marge de manœuvre
budgétaire dans un pays où les besoins sont gigantesques (…). La décentralisation, qui
22
La situation a entretemps évolué suite à la résolution adoptée par le Sénat belge le 29 mars 2007 sur l’annulation de
la dette des PMA
73
implique que les provinces sont appelées à gérer une bonne part des ressources dans un pays
où elles ont traditionnellement été des plus centralisées, représente dans ce cadre un défi de
taille » (ZACHARIE, février 2007, p. 14).
Il nous est impossible de dresser une liste exhaustive des défis et perspectives qui attendent le
nouveau Gouvernement congolais. Il lui incombe aujourd’hui de prendre toutes ses responsabilités
pour mettre en œuvre des stratégies contribuant à la réalisation de ces défis. Il est tenu de faire de
définie en termes d’actions concrètes.
Chapitre 4
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
74
La République Démocratique du Congo est aujourd’hui un pays ravagé par une succession de
périodes dramatiques : dictature de Mobutu, guerres, mauvaise gouvernance, etc. Des secteurs
essentiels sont totalement à reconstruire (éducation, santé, infrastructures routières, etc.). Cela
demande du temps et des moyens, étant donné que ces secteurs ne peuvent apporter une rentabilité
immédiate et qu’ils risquent de créer une nouvelle dette.
Les opérations comptables liées à l’initiative PPTE et aux conditionnalités du FMI et de la BM sont
contraires aux intérêts de la population congolaise. Car aux yeux des créanciers du Congo, le pays
est condamné à contracter de nouvelles dettes et à privilégier des réformes d’ajustement structurel.
Une jurisprudence codifiée dans la doctrine de la dette odieuse d'Alexander Sack en 1927 nous
renseigne qu’une dette contractée par un régime non démocratique et qui, avec la complicité des
créanciers, n’a pas profité aux populations locales est « odieuse », nulle et non avenue, lorsque ce
régime tombe. Or, l’essentiel de la dette congolaise provient de prêts octroyés au régime de Mobutu,
largement détournés ou dilapidés dans la corruption et la construction des « éléphants blancs ».
La dette congolaise est donc « odieuse »et illégitime selon le droit international. Elle devrait, dans
sa grande partie, être annulée afin de dégager des fonds pour la reconstruction du pays.
Parallèlement, les biens mal acquis par feu Mobutu (estimés à plusieurs milliards de dollars), et
toujours placés dans des banques suisse, sudafricaine, belge ou française, etc. devraient être
rapatriés dans un fonds de développement démocratiquement contrôlé par les populations locales.
Cela implique la réalisation d’un audit international et son corollaire, le gel des fonds
frauduleusement accumulés, tels ceux issus des pillages des ressources naturelles du Congo, qui
sont d’ailleurs dénoncés par le panel des experts de l’ONU.
Au lieu d’exiger le remboursement, les bailleurs de fonds devraient renoncer unilatéralement à leurs
propres créances sur la RDC. Il est nécessaire de briser le cercle infernal de l’endettement et venir
75
réellement en aide à la population congolaise. Historiquement, le Congo a été la région la plus
exploitée par la mondialisation: on lui prend toutes ses ressources sans lui donner grandchose en
retour. La mondialisation n'a pas tenu ses promesses. Il est donc impensable et quelque peu
hasardeux de croire que dans les conditions actuelles, le Congo soit en mesure de prétendre réaliser
les objectifs du millénaire.
Au regard de tout ce qui précède, il nous apparaît clairement que :
1. La population congolaise est en droit de mener son « audit » sur la dette qui a été contractée
gouvernance: le droit pour tous les citoyens de savoir et de demander « des comptes ». Ainsi
nous pourrons distinguer deux types d'audits possibles:
a) l'audit citoyen: c'est un droit humain inscrit dans les textes majeurs de droit international
que sont notamment la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) du 10 décembre
1948 et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) du 16
décembre 1966.
Ainsi par exemple, l'article 21.1 de la DUDH dispose que « Toute personne a le droit de prendre
part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de
représentants librement choisis ». Sur ce point le problème ne se pose nullement, étant donné que
tous les Etats membres de l'ONU ont signé cette déclaration.
b) l'audit effectué par les pouvoirs publics: l'on admet que l'audit constitue également un
droit pour les pouvoirs publics d'agir et de se prononcer légalement sur le caractère illicite
d'une dette, en vertu du droit international. A l'issue d'un audit qui aurait déterminé le
caractère illégitime d'une dette, le Gouvernement congolais serait en droit de refuser de la
payer.
2. la RDC doit renouer avec les principes de démocratie et de bonne gouvernance afin d’éviter
à l’avenir que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets.
76
3. Il est indispensable pour le nouveau gouvernement de dégager des espaces de discussion et
de concertation avec la société civile sur les emprunts futurs, si nécessaire. Un tel système
rendrait plus aisé un contrôle citoyen.
fonctionnement des institutions en vue de restaurer l'autorité de l'Etat perdue depuis bien des
décennies.
5. Dette et ONG, une union dans l’action: la solution du problème de la dette ne peut et ne doit
pas rester du ressort exclusif du Gouvernement. La préoccupation notoire des ONG pour le
extérieur.
milieux congolais. En effet, avec ses ressources minières, le gouvernement congolais peut
troquer ses richesses contre d’autres services extérieurs, sans contracter une seule dette. Tout
se compenserait jusqu’au centime. Le système consisterait, par exemple, à demander à une
société spécialisée en construction des routes d’un pays donné, de construire autant de Km
de routes contre telle proportion de matière première. Ceci parce que l’aide publique au
hommes politiques, au grand dam des populations.
7. Si des emprunts étaient réellement nécessaires, la meilleure garantie serait de permettre à la
société civile et au Parlement d’interférer ou du moins, de contrôler l’usage qui sera fait des
emprunts à venir. Cela suppose qu’ils soient tenus informés sur les divers contrats initiés.
8. Eviter un endettement excessif : le Congo emprunte trop et on lui prête trop aussi. La
conséquence est que pour rembourser, le Congo doit sacrifier l’éducation, la santé, la
croissance économique, bref, le bienêtre de ses concitoyens.
Comme le dit bien Joseph E. Stiglitz, « quand les pays ne peuvent pas rembourser ce qu’ils doivent,
il y a 3 possibilités : l’effacement de la dette, sa restructuration (la dette n’est pas réduite, mais les
77
versements sont différés dans l’espoir d’une amélioration future de la situation) et la cessation de
paiements (l’emprunteur ne paie plus tout simplement) ». (STIGLITZ, 2006, p.296). Si certains pays
comme l’Argentine ont choisi cette dernière solution, pourquoi le Congo ne se serviraitil pas de cet
exemple ? Nous souscrivons à la résolution du Sénat belge d’annuler la dette du Congo et d’élargir
le processus au sein des pays de l’OCDE membres du Club de Paris. Le remboursement de la dette
extérieure du Congo, essentiellement odieuse, est un obstacle au développement des droits humains.
Le résultat attendu de ce désendettement doit être l’œuvre d’un excellent travail de mobilisation et
de sensibilisation qui doit être réalisé par les activistes et les mouvements pour l’abolition de la
dette actifs en RDC.
ANNEXES
Liste des 42 pays pauvres très endettés (PPTE)
Angola Ne bénéficie pas de l'initiative
Burundi Nd Post 2004*
Comores Nd Post 2004*
78
Congo Nd Post 2004*
Côte d'Ivoire Nd Post 2004*
Kenya Ne bénéficie pas de l'initiative
Laos A refusé d'intégrer l'initiative
Libéria Nd Post 2004*
Myanmar Nd Post 2004*
République centrafricaine Nd Post 2004*
Somalie Nd Post 2004*
Soudan Nd Post 2004*
79
Tanzanie Avril 2000 Novembre 2001
Togo Nd Post 2004*
Vietnam Ne bénéficie pas de l'initiative
Yémen Ne bénéficie pas de l'initiative
TABLEAUX RELATIFS A L'ENDETTEMENT DU CONGO BELGE
Tableau 1: Emprunts de 19361937
80
Emprunts Montant en échéance du contrat
Année Taux francs congolais convenu réel
1936 4% 1.446.788.000 1981 1965
1937 3,5% 1.000.000.000 1997 1965
1937 4% 1.000.000.000 1997 1965
Source: Bulletin officiel du Congo, 1935, p. 1941 et 1937, p. 1992
Plan décennal 19501960
Tableau 2: Emprunts à la BIRD
Date Taux Montant en $ Soit en FB Affectation Echéances
04/01/1951 4,5% 40.000.000 2.000.000.000 Transport 1976
27/11/1957 6% 40.000.000 2.000.000.000 Plan décennal 15/02/1976
30/03/1960 6% 7.000.000 350.000.000 Agriculture 01/04/1976
30/03/1960 6% 28.000.000 1.400.000.000 Transport 01/04/1976
30/03/1960 6% 5.000.000 250.000.000 Transport 01/04/1976
Source: BIRD, Annual Report, 19591960
Tableau 3: Emprunts en francs suisses
Date Taux Montant Soit en FB Affectation échéance
1950 4% 55.000.000 630.000.000 Budget 1950 1970
1952 4% 60.000.000 690.000.000 Budget 1952 1976
1953 4% 60.000.000 684.000.000 Budget 1953 1976
1956 4% 60.000.000 684.000.000 Budget 1956 1976
Afin de couvrir les dépenses extraordinaires prévues au budget de 1958, l'arrêté royal du 19 juillet 1958
autorisa un emprunt de 2 milliards de francs congolais (ou belges) au taux de 5,5%. L'emprunt était
remboursable en dix ans à partir du 1er mai 1964.
Tableau 4: Emprunt Morgan (en dollars)
Date Taux Montant Soit en FB Affectation Echéance
30/10/1959 5,5% puis 20.000.000 1.000.000.000 Plan décennal 1964
5,75%
18/03/1960 6% 20.000.000 1.000.000.000 Plan décennal ?
La source des quatre premiers tableaux: Royaume de Belgique, Ministère des Affaires
Africaines, situation analytique de la dette publique au 31121959, 1960, p. 151 cité
par Prosper Tshibangu Kabet Musas in Les avatars de la dette coloniale et des dette
néocoloniales au Congo (RDC)
81
Tableau 6: Stock de la dette extérieure de la RDC au 31/12/1998
(En millions de DTS) 1 DTS=1,41 $ US
II. Dette due aux anciens pro
priétaires des biens 99,5 3,5 103,0 1,1
zaïrianisés 300,7 66,9 367,6 3,9
III. Fonds Monétaire 135,1 135,1 1,4
14,9 14,9
Internationa
9,0 9,0
IV. Dette à court terme
1. Arriérés commerciaux
27,1 27,1
2. Avanaces à termes fixes
3. Dette issue de mécanismes
84,1 84,1
de compression entre les
banques centrales
4. Autres engagements
Source: OGEDEP et BC
82
Tableau 7 : Service de la dette extérieure de la RDC au 31 décembre 1998
(En millions de DTS) 1 DTS =1,41 USD
83
centrales 27,1 27,1 27,1
4. Autres engagements 84,1 84,1 84,1
Source OGEDEP et BCC
Tableau 8 : Stock de la dette extérieure de la RDC au 31 décembre 2005
En dollars USD
84
(MCC)
Total PL 480 17.767.838,91 17.767.838,91
Total Club de Paris avant 215.213.121,19 215.213.121,19
30/6/1983
Club de Paris après
30/6/1983
Total Gouvernement belge 14.683.891,38 14.683.891,38
Total KEW 2.616.003,12 2.616.003,12
Total Mediocredito 2.982.194,69 2.982.194,69
(MCC)
Total PL 480 5.127.144,01 5.127.144,01
Total Club de Paris 25.409.233,20 25.409.233,20
Dette réaménagée
Club de Paris
Total banque de France 830.972.362,49 830.972.362,49
Total C.C.C. Export 11.357.065,34 11.357.065,34
TotalCESCE 6.786.175,36 6.786.175,36
Total Coface 177.989.496,36 177.989.496,36
Total D.O.D 169.291.376,81 169.291.376,81
Total Ducroire 337.668.716,96 337.668.716,96
TotalECCD 127.692.410,90 127.692.410,90
Grand Total 8.832.452.479,0 341.865.940,32 115.059.744,87 456.925.685,1 9.289.378,21
1 9
Source : OGEDEP et BCC
85
Tableau 9 : Stock de la dette extérieure de la RDC au 31 Décembre 2006
STOCK DE LA DETTE EXTERIEURE DE LA RDC AU 31/12/2006
en dollars USD
Source : OGEDEP et BCC
86
BIBLIOGRAPHIE
AFRIK, 10 juin 2007, www.afrik.com/article11267.html
AMOUGOU Patience Thiery Joseph 2002,
déraisons de la dette. Le point de vue du Sud. Alternatives Sud, Vol. IX (2002), n°23,
L’Harmattan, Paris, 2002
BOURGY MYRIAM, 2007,
« Les années Mobutu jusqu'à la chute du mur de Berlin (19651989),
l'acroissement exponentiel d'une dette odieuse », in A qui profitent toutes
les richesses du peuple congolais? Pour un audit de la dette congolaise,
CADTMLiège, 2007
BRAECKMAN Colette 2003,
« Les nouveaux prédateurs, Politique des puissances en Afrique centrale », Fayard, Paris,
2003
CADTM, 30 juillet 2007, www.cadtm.org
87
CADTM1, 12 juin 2007, www.cadtm.org/IMG/pdf/
CETIM/CADTM 2006,
« Menons l’enquête sur la dette ! Manuel pour des audits de la dette du Tiersmonde,
CETIMGenève/CADTMLiège, 2006
CENADEP 2006,
« Etude sur le processus de la dette en République Démocratique du Congo », Kinshasa,
2006
Code de droit international des droits de l’homme 2003, 2è éd. Bruylant, Bruxelles, 2003
Comité des droits économiques, sociaux et culturels 1999, Le droit à une nourriture suffisante (art.
11 du Pacte), Observation générale n°12 (1999) 20ème Session
Comité des droits économiques, sociaux et culturels. 2000, Le droit au meilleur état de santé
susceptible d’être atteint (art. 12 du Pacte), Observation générale n°14 (2000).
www.presidentrdc.cd/constitution.html
CNCDOpération 11.11.11. 2002,
« Pour l’annulation des créanciers belges sur la RDC », CNCD/Bruxelles, 40 p
DALLIER Patrick et PELLET Alain. 2003,
« Droit international public », LGDP, Paris, 2003
Déclaration du Millénaire de l’ONU
88
(Doc. A/55/L.2), 12 mai 2007, www.un.org/french/millenaire
DE ROMANET Virginie, 2007,
« Le pillage organisé depuis 2000 via les contrats », in A qui profitent toutes
les richesses du peuple congolais? Pour un audit de la dette congolaise,
CADTMLiège, 2007
DE ROMANET Virginie, 2004
« L’audit Citoyen de la dette », in Le droit international, un instrument de lutte ?
Pour une justice au service des peuples, CADTM (Liège) / Syllepse (Paris), 2004,
174 p
DUBUISSON Bernard 2006,
« Obligations », Syllabus du cours de droit 1ère licence/droit 20052006, UCL
DURTY (J) et André (L). 1999,
« La responsabilité internationale des Etats pour les situations d’extrême pauvreté », in
Revue Belge de droit international, n°1999/1, éd. Bruylant, Bruxelles, 1999
EFD.ADMIN.CH, 30 juillet 2007,
www.efd.admin.ch/medieninformationen/archiv/0026/index.html
EKOWANA Hiemo Dieudonné, 2007
« La dette coloniale », in A qui profitent toutes les richesses du peuple
congolais? Pour un audit de l a dette congolaise, CADTMLiège, 2007
FOUNOU TCHINGOUA .1994,
89
« L’échec de l’ajustement structurel en Afrique », in Les effets sociaux du PAS dans les
sociétés du Sud. Alternatives Sud, Vol. 1 (1994), n°2, éd. L’Harmattan, Paris, 1994
GUIRAUD (M) 2000,
« Dette et pauvreté, les clés pour comprendre », in La nouvelle lettre de la FIDH, n°41,
septembre 2000
HORMAN (D) 2006,
« Et si la RDC refusait de payer sa dette », in Kinshasa et les importations
avicoles. En finir avec la catastrophe sanitaire et économique. GRESEA,
Bruxelles, 2006.
HERNANDEZ Pedroza Gladys Cécilia, 2002,
« La dette externe du Tiersmonde : nouvelles initiatives ou vieilles recettes ? », in raisons et
L’Harmattan, Paris, 2002
JACOBS (N), 1999,
« La portée juridique des droits économiques, sociaux et culturels », in Revue Belge de droit
international, n°1999/1, éd. Bruylant, Bruxelles, 1999
KARLSHAUSEN (G), 20062007
Cours polycopié : Approche des institutions belges & européennes pour la
coopération au développement. Ihecs, Bruxelles 20062007
MAMIMAMI KABARE Prosper, 2002,
« Dette extérieure publique de la RDC : qui doit à qui ? », in raisons et déraisons de la dette.
Le point de vue du Sud. Alternatives Sud, Vol. IX (2002), n°23, L’Harmattan, Paris, 2002
90
MILLET Damien, 2005,
« L’Afrique sans dette », CADTM/Syllepse, Paris, 2005, 218 p.
MILLET Damien et TOUSSAINT Eric.2002,
Bruxelles/SyllepseParis, 2002, 262 p.
MUDHO (B), 2003,
« Rapport sur les effets des PAS et de la dette extérieure sur la jouissance effective de tous
ECOSOC, Doc. E/CN4/2003/10
RYDBERG Eric, 2006,
« Annullation de la dette? Chacun sa manière... », in Les autres voix de la
Planète. Périodique trimestriel, 4è trimestre 2006. Liège
RAPPORT 2003 de la Plateforme Dette et développement, 27 juillet,
www.dette2000.org/data/file/rapportpfdd_2003
STIGLITZ Joseph E.2002,
« La grande désillusion », Fayard, Paris, 2002
STIGLITZ Joseph E. 2006,
« Un autre monde contre le fanatisme du marché », Fayard, Paris, 2006
TOUSSAINT Eric, 2004,
91
« La finance contre les peuples. La bourse ou la vie », CADTM/Syllepse, Paris,
2004, 640 p
TOUSSAINT Eric, 2006,
Washington », CADTM/Syllepse, Paris, 2006, 312 p
TOUSSAINT Eric & ZACHARIE Arnaud, 2003,
« La dette extérieure, mécanisme d’extraction des richesses », in Forum Mondial des
2002
VANDEN DAELEN Christine et alii, 2004,
«La dette odieuse de la RDC», in Le droit international, un instrument de lutte ?
Pour une justice au service des peuples, CADTM (Liège) / Syllepse (Paris), 2004,
174 p
VIVIEN Renaud, 2007,
« La détérioration accélérée des conditions de vie de la population congolaise
de 1990 à 2000 »,in A qui profitent toutes les richesses du peuple
congolais? Pour un audit de la dette congolaise, CADTMLiège, 2007
WIKIPEDIA, 17 juin 2007, www.wikipedia.org/wiki/dette_extérieure
ZACHARIE Arnaud, février 2007,
92
« La dette extérieure et le financement du développement de la RDC. Défis et
CNCD/Bruxelles, février 2007
ZACHARIE Arnaud, 12 juin 2007,
« Dette du Tiersmonde : un jubilé guère jubilatoire »,
www.users.skynet.be/français/jubilejubilatoire.htm
ZACHARIE Arnaud & MALVOISIN Olivier, 2003,
« FMI, la main visible », éd. Labor, Bruxelles, 2003, 96 p
93