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CHAPITRE III Séparation des gaz

1) Procédés de séparation
a) Distillation simple
La distillation est un procédé de séparation d’un mélange (liquide) dont les
constituants ont des températures d'ébullition différentes. Cette technique de
séparation est basée sur le principe que le composé le plus volatil qui
s’évapore en premier.

Elle se résume en deux actions :

- Chauffer : Sous l'effet de la chaleur les substances se vaporisent


successivement.
- Condenser : La vapeur obtenue est liquéfiée pour donner le distillat.
Cependant, l’efficacité de ce procédé dépend beaucoup de l’allure et de la forme
de la courbe d’équilibre des phases.

Les mélanges dont les constituants ont des points d’ébullitions très éloignés
peuvent être séparés par ce procédé, mais celui-ci est inefficace lorsque les
constituants ont des points d’ébullitions très rapprochés.

Exemple 1 :

- Mélange (80% d’azote et 20% d’hélium) à 20 atm et 111K


- Point d’ébullition de l’azote : 77,3 K
- Point d’ébullition de l’hélium : 4,2 K
En refroidissant le mélange à 77,2 K et à la même pression on obtient 99,6%
d’azote liquide.

Exemple 2 :

- AIR (79% d’azote et 21% d’oxygène) à 1atm et 90 K


- Point d’ébullition de l’azote : 77,3 K
- Point d’ébullition de l’oxygène : 90 K
La température de rosée du mélange à 1atm est 81,7 K et la température de
bulle pour ce même mélange à la même pression est de 78,9 K. En
refroidissant le mélange à 80 K, c’est uniquement 41.4% du mélange qui se
condense (la fraction molaire de l’azote dans le condensat est de 0.654).
- Conclusion : inutile de séparer l’air par simple condensation.

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CHAPITRE III Séparation des gaz

1) Distillation fractionnée (rectification)

Appelée également rectification, la distillation fractionnée est un procédé


permettant de séparer des liquides par fractionnement grâce à la différence de
leur température d'ébullition. Elle est conçue sur le même principe que la
distillation classique. Toutefois, elle se différencie par l'emploi d'une colonne de
séparation. Le composant le plus volatil a une température d'ébullition moins
élevée et s'évapore donc en premier. Le mélange porté à une ébullition lente
reste à la même température jusqu'à ce que le composant le plus volatil se soit
complètement vaporisé. Chaque liquide peut ainsi être distillé en fonction de sa
température de chauffe. La colonne de rectification joue un rôle essentiel, elle
permet de fractionner les constituants du mélange par un système de
condensation de la vapeur. La colonne verticale est constituée de plusieurs
plateaux et permet de purifier la vapeur qui y monte. Les liquides les moins
volatils vont se condenser sur les parois, rendant la vapeur de plus en plus
pure.

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CHAPITRE III Séparation des gaz

Principe de fonctionnement d’une colonne de rectification

A l’alimentation, un mélange binaire pénètre dans la colonne sous forme de


vapeur saturée sur la quatrième plaque. Idéalement, le liquide sur la plaque au-
dessus de l'entrée d'alimentation (point L5) a la même composition que
l'alimentation, mais est à une température plus basse. À l'intérieur de la
colonne, la vapeur monte à travers la couche de liquide sur chaque plaque,
tandis que le liquide s'écoule de chaque plaque à la plaque suivante au moyen
d'un tuyau de descente. La vapeur transfère la chaleur au liquide sur chaque
plaque lorsqu’elle bouillonne dans le liquide. Ce transfert de chaleur a pour
conséquence l'évaporation d'une petite quantité du composant le plus volatil de
la couche liquide et par conséquent la condensation d'une petite quantité du
composant moins volatil dans la vapeur. Ainsi, la vapeur s'enrichit en azote au
fur et à mesure que la vapeur entre en contact avec la couche liquide et la
couche liquide devient plus riche en oxygène lorsque le liquide absorbe la
vapeur et descend d'une plaque à l'autre. Ceci est illustré la courbe d’équilibre.
Lorsque le liquide saturé descend dans la colonne, sa composition se déplace
vers la gauche le long de la courbe de bulle (points L4, L3, L2, etc.). Lorsque la
vapeur remonte dans la colonne, sa composition se déplace vers la droite le
long de la courbe de rosée (points V3, V4, V5, etc.) Il convient de noter que les
deux composants peuvent être séparés en produits de très haute pureté en
utilisant un nombre suffisant de plaques, qui servent d’étages de contact
vapeur-liquide et permettent ainsi l’évaporation et la condensation successives
des constituants du mélange.

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CHAPITRE III Séparation des gaz

Calcul théorique du nombre de plaques dans une colonne


Pour atteindre un degré de pureté désiré, on doit déterminer le nombre de
plaques à utiliser dans la colonne. Mais en réalité, la taille et le coût de la
colonne limitent le nombre de processus de rectification et donc la pureté.

Les méthodes utilisées pour le calcul théorique des plaques sont:


1– Méthode de Ponchon et Savarit
2– Méthode de McCabe et Thiele
3- Méthodes numériques

Les méthodes théoriques consistent à utiliser les principes de conservation de


masse et de chaleur. Des méthodes graphiques existent et peuvent être
utilisées.

1. La méthode Ponchon – Savarit :

C’est une méthode exacte applicable quelque soit le nombre de


composants. Cependant, cette méthode nécessite des données détaillées
sur le diagramme de composition de l'enthalpie du mélange.

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CHAPITRE III Séparation des gaz

2. La méthode McCabe –Thiele :

Cette méthode a été proposée par deux scientifiques américains, Warren


McCabe et Ernest Thiele, en 1925. Elle est moins générale et constitue la
technique la plus simple. Elle est largement utilisée pour les mélanges
binaires à des températures cryogéniques.

3. Les méthodes numériques :

Méthodes fastidieuses qui sont gourmandes en termes de temps de


calcul et de l’espace mémoire.

Dans ce qui va suivre, seule la méthode McCabe –Thiele sera expliquée.

La méthode McCabe –Thiele :

On va déterminer le nombre de plateaux nécessaire pour parvenir à séparer un


mélange A-B (B étant le composant le plus volatil) à un instant donné de la
rectification.

Hypothèses
 la condensation des vapeurs en tête de colonne est totale.
 les chaleurs latentes molaires de vaporisation de A et B sont identiques.
 la colonne est adiabatique (pas de pertes thermiques).
 les échanges de chaleurs entre les étages sont nuls: les seuls transferts de
chaleur sont les changements d'état.

a/ Principe de la méthode

Connaissant la fraction molaire de composant B dans le mélange liquide initial


dans le bouilleur xB (l'indice B réfère au bouilleur), on va rechercher le nombre
d'étages théoriques nécessaire pour obtenir à cet instant en tête des vapeurs
donc un condensat puis un distillat de fraction molaire xD du composant B (l'indice
D se réfère au distillat).

Pour la démonstration on doit indicer les étages de 1 (le premier étage est le
bouilleur) à n (dernier plateau au sommet de la colonne). Sur un plateau i donné,
on a les variables suivantes:
xi+1 : fraction molaire du composant B dans le reflux descendant du plateau
supérieur i+1
xi : fraction molaire du composant B dans le reflux descendant vers le plateau
inférieur i-1
yi : fraction molaire du composant B dans les vapeurs montant au plateau
supérieur i+1
yi-1 : fraction molaire du composant B dans les vapeurs montant du plateau
inférieur i-1

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CHAPITRE III Séparation des gaz

Rectification discontinue

On utilise les notations suivantes:

R: débit molaire total de reflux dans la colonne


V: débit molaire total de vapeur dans la colonne
D: débit molaire total de distillat

On admet que les débits R et V sont constants à chaque étage de la colonne.


On définit également le taux de reflux r :
𝑅
𝑟=
𝐷
Le bilan massique global sur le condenseur est :
V = R +D

En multipliant l'équation du bilan par la fraction molaire du composant B dans le


mélange :
ynV = x n+1 R +xDD

L'indice n+1 est utilisé pour le liquide descendant du condenseur.

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CHAPITRE III Séparation des gaz

On en déduit donc que yn = xn+1 = xD

De même pour le bouilleur (étage 1), x1 = xB

On cherche donc à déterminer n; on sait que si l'équilibre est atteint sur chaque
plateau, on peut relier yi et xi par la fonction f représentative de la courbe
d'équilibre isobare qui peut être tracée yi = f(xi). Par contre il manque une
relation pour "passer d'un étage à un étage supérieur" c'est à dire une relation
entre xi et yi-1.
Nous allons maintenant chercher à la trouver.

b/ Recherche de la droite opératoire

nous avons :
V=R+D

Les bilans massiques du composant B sur l'étage i et les étages supérieurs:

On somme les bilans et on obtient :

Vyn + Rxi = Vyi−1 + R xn+1 Comme x n+1= xD

Donc VxD + Rxi = Vyi−1 + R xD

R V−R
D’où yi−1 = xi + xD
V V

Comme V=R+D
R D
yi−1 = xi + xD
R+D R+D
On multiplie et on divise les termes de droite par D/D

R⁄ D⁄
yi−1 = D xi + D x
(R + D)⁄ (R + D)⁄ D
D D
On obtient finalement
r 1 𝑅
yi−1 = xi + xD avec 𝑟=𝐷
r+1 r+1

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CHAPITRE III Séparation des gaz

c/ Construction graphique de Mac Cabe et Thiele

On dispose maintenant de deux relations: entre xi et yi (courbe d'équilibre) et


entre xi et yi-1 (courbe opératoire).

La détermination graphique s'effectue en réalisant les opérations suivantes:

 On trace la courbe d'équilibre isobare

On trace la courbe opératoire qui est une droite: elle passe par les points de
xD
coordonnées (xD , xD ) et (0, )
r+1

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CHAPITRE III Séparation des gaz

On trace un segment vertical à l'abscisse xB= x1 qui s'arrête sur la courbe d'équilibre
au point de coordonnée (xB , y1).

De ce dernier point on trace un segment horizontal qui s'arrête sur la droite


opératoire au point (x2 , y1).

On trace un segment vertical à l'abscisse x2 qui s'arrête sur la courbe d'équilibre


au point de coordonnée (x2 , y2).

Il s'agit des coordonnées représentatives de l'équilibre sur le premier vrai plateau.


On continue ainsi de suite ... et on arrive finalement sur la droite opératoire à un
point dont les coordonnées sont égales ou légèrement supérieures à (xD , xD).

On compte alors le nombre d'étages théoriques qui correspond graphiquement au


nombre de "triangles" . On doit retrancher 1 à ce nombre pour déduire le bouilleur
afin de déterminer le nombre de plateaux à utiliser pour la colonne.

Rectification continue :

Principe

En rectification discontinue on ne rectifie que le composant le plus volatil; en


rectification continue les mêmes principes physiques s'appliquent dans la colonne
mais on rectifie à la fois les deux composants.
La rectification continue est un procédé de séparation en continu d'un mélange de
deux liquides par distillation. Un mélange alimente la colonne à certain un niveau
de la colonne. On soutire un résidu en pied de colonne dont la composition doit
être la plus proche possible du produit pur le moins volatil. On récupère en tête de
colonne après condensation un condensat dont une partie constitue le distillat et
l'autre le reflux. Il faut que la composition du distillat soit la plus proche possible
du constituant pur le plus volatil.
L'élimination du distillat et du résidu s'effectuent en continu et l'ensemble des
paramètres reste constant (compositions du distillat et du résidu, températures,
débits de résidu et de distillat).
Le tronçon de colonne au-dessus du niveau d'alimentation est le tronçon de
concentration (la vapeur s'enrichit en constituant le plus volatil) et le tronçon en
dessous du niveau d'alimentation est le tronçon d'épuisement (le liquide
s'appauvrit en constituant le plus volatil).

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