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DOSSOU B.R.1, NASSAYA S.2, KAROU D.S.1*, SONCY K.1, KAGNI-DOSSOU M.1,
ANANI K.1, AMEYAPOH Y.1
1- Laboratoire de Microbiologie et de Contrôle de qualité des Denrées Alimentaires
(LAMICODA), École Supérieure des Techniques Biologiques et Alimentaires (ESTBA),
Université de Lomé, BP 1515, Lomé, Togo
2- Ecole des Assistants Médicaux, Université de Lomé.
(*) Correspondance : simplicekarou@hotmail.com
RÉSUMÉ
Cette étude avait pour objectif d’évaluer la salubrité des aliments cuisinés vendus aux
abords des rues de la ville de Kara au Nord du Togo au moyen d’une enquête de terrain
et d’analyses microbiologiques. Ainsi, 127 vendeurs de plats cuisinés ont été enquêtés
sur leurs connaissances en bonnes pratiques d’hygiène. Les 15 inspecteurs d’hygiène
de la ville ont été consultés sur leurs connaissances en matière de contrôle des aliments.
Les méthodes normalisées de routine de l’Association Française de Normalisation
(AFNOR) ont été utilisées pour l’analyse microbiologique de 30 échantillons de plats
cuisinés prélevés aux abords des rues de la ville.
L’enquête a montré que 92,10 % des vendeurs d’aliments de rue à Kara sont des
femmes avec des niveaux d’étude variable, inférieure ou égale au Baccalauréat. Environ
70,10 % d’entre elles n’ont jamais reçu de formation en matière d’hygiène. Les
inspecteurs d’hygiène, bien qu’équipés sur le plan intellectuel, méconnaissent la
règlementation de l’alimentation de rue. Ils sont aussi en nombre insuffisant et souvent
exposés à des menaces verbales au cours de leur inspection.
Les analyses microbiologiques ont montré que 96,67 % des plats cuisinés sont de
qualité hygiénique non satisfaisante par rapport aux germes indicateurs de manquement
aux règles d’hygiène, à savoir Staphylococcus aureus et à Escherichia coli.
Ces résultats montrent la nécessité de former et d’éduquer tous les acteurs impliqués
dans le secteur de l’alimentation de rue à Kara.
ABSTRACT
The objective of this study was to assess the safety of cooked food sold on the streets
sides of Kara city in northern Togo through a field survey and microbiological analyses.
Thus, 127 sellers of cooked dishes were surveyed for their knowledge on good hygiene
practices. The city's 15 sanitary inspectors were consulted about their knowledge of
food control. The Standardized routine methods of the French Association of
Standardization (AFNOR) were used for the microbiological analysis of 30 samples of
cooked dishes taken around the streets of the city. The investigation showed that
92.10% of street food sellers in Kara were women with varying levels of education, less
than or equal to the Baccalaureate. About 70.10% of them have never received hygiene
training. Hygiene inspectors, although intellectually equipped, do not know the
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DOSSOU B.R. & al.
regulation of street food. Their number is insufficient and they were often exposed to
verbal threats during their inspection. Microbiological analyzes showed that 96.67% of
the cooked dishes were of unsatisfactory hygienic quality compared with the germs
indicating a lack of hygiene rules, namely Staphylococcus aureus and Escherichia coli.
These results show the need to train and educate all actors involved in the street food
sector in Kara.
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de 41 à 50 ans. En Jigjiga en Ethiopie, la moitié les dépotoirs, 62,55% provisoirement dans des
des vendeurs ont un âge compris entre 23 et 49 poubelles improvisées puis au dépotoir plus
(BEREDA et al., 2016). Les vendeurs tard et 11,24% dans des poubelles étanches
d’aliments de rue à Kara sont un peu plus (SONCY, 2018). Selon toujours la même
jeunes au regard de l’ensemble des données. étude, 71,66% des vendeurs rejetaient les eaux
Le niveau d’instruction de 90,9% des vendeurs usées dans l’environnement immédiat des lieux
des aliments de rue ne dépassait pas le primaire de vente contre 26,01 dans les caniveaux
à Ouagadougou (BARRO et al., 2002a et toujours à proximité des lieux de vente
2002b). A Kara, ce taux est nettement plus (SONCY, 2018). Au Bénin, 55% des vendeurs
faible mais reste néanmoins important. Les d’aliments de rue étaient installées en plein air
niveaux d’étude et de formation en bonne et 77% des vendeurs l’étaient sur des sols non
pratique de fabrique ou d’hygiène des vendeurs cimentés (BIO BIGOU, 2016). Ces conditions
pourraient avoir une influence dans les soins environnementales décrites ci-dessus ne sont
apportés dans la préparation de ces plats pas donc spécifiques à la ville de Kara au Togo
cuisinés vendus aux bords des rues dans la ville mais elles sont à déplorer parce qu’elles
de Kara. En effet, le manquement et influenceraient la qualité des aliments vendues
l’ignorance des règles de bonnes pratiques dans la rue dans ces villes.
d’hygiène seraient à l’origine des risques que
courent les consommateurs des aliments3. Caractéristique des inspecteurs d’hygiène
vendus dans la rue (MUINDE et KURIA, Les inspecteurs sont bien outillés sur le plan
2005 ; BARRO et al., 2006 ; BIO BIGOU, intellectuel pour mener leur action sur le
2016). Et bien que les inspecteurs d’hygiène terrain. Mais le fait que majoritairement ils
soient présents sur le terrain, la consommation ignorent la règlementation de l’alimentation de
des aliments dans la ville de Kara ne serait pas rue et qu’ils soient menacés dans l’exercice de
sans risque aux regards du comportement des leur métier pourraient justifier que leur rythme
vendeurs par rapport à la possession de carte de passage auprès des vendeurs soit très réduit.
professionnelle de santé, aux examens Même si l’on considère à 2 ans l’ancienneté
médicaux et aux vaccinations. Dans ces minimale des vendeurs dans le métier, quatre
conditions, deux hypothèses peuvent être visites sur les lieux de vente et une visite sur le
faites : soit les inspections sont inefficaces, soit lieu de préparation sont faibles au regard des
la fréquence des inspections par année est pratiques peu hygiéniques des personnes
faible. Les enquêtes menées auprès des concernées. L’encadrement par les agents
inspecteurs d’hygiène y apporteraient plus d’hygiène n’est pas suffisant. En conséquence,
d’éclaircissement. il est nécessaire de mettre en place un système
de contrôle efficace pour limiter les risques
2. Caractéristiques des lieux de préparation que courent les consommateurs.
et de vente
Pour ce qui est l’hygiène observée sur les lieux 4. Qualité hygiénique des plats cuisinés
de vente et de préparation à Kara, des vendus aux abords de rue à Kara
observations semblables sont faites à Lomé SONCY (2018) a trouvé que 68,89% des 270
(SONCY, 2018) La majorité des vendeurs plats cuisinés prélevés à Lomé étaient de
(65,69%) préparaient leurs aliments à la qualité insatisfaisante. Le pourcentage très
maison ; les lieux de vente sont situés sous des élevé (96,80%) retrouvé sur les échantillons
appâtâmes (73,89%), des arbres (14,57%) ou à de Kara serait peut être liée à la taille de
l’air libre (6,98%). 26,01% des vendeurs l’échantillon qui est de 30 plats contre 270
jetaient les ordures ménagères directement sur analysés à Lomé. Par ailleurs, les germes
indicateurs de manquement aux règles
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d’hygiène seraient très souvent présents dans des plats cuisinés à Lomé (SONCY, 2018)
la plupart d e s aliments de rue (TIDJANI,
2004 ; SONCY, 2007). Ces contaminants CONCLUSION
proviendraient de l’inobservance des bonnes Les plats cuisinés vendus aux abords de la ville
pratiques d’hygiène de préparation et de vente. de Kara sont fortement contaminés par les
Par exemple à Lomé, la manipulation des germes témoins de manquement aux règles
aliments par les mains nues ou des mains d’hygiène. Ils constituent un risque d’infection
lavées mais souillées de Escherichia coli a alimentaire d’origine bactérienne assez grave
été évoquée (SONCY, 2018). De plus, les pour les consommateurs. Comme cause à ces
aliments exposés à la température ambiante manquements, les pratiques hygiéniques
serraient plus contaminés que les aliments insuffisantes des restaurateurs et vendeurs,
vendus dans les lieux protégés (QUE-KING et liées à leurs faibles niveaux d’étude et de
al., 2006). Dans le même sens en Inde dans la formation aux bonnes pratiques de fabrication
ville d’Amravati, la contamination des aliments et d’hygiène, sont à relever. Ces vendeurs ne
de rue était due à l’utilisation d’une eau de sont pas non plus suffisamment accompagnés
mauvaise qualité et de l’insalubrité des lieux de par le service d’hygiène publique qui assure
vente des aliments (TAMBEKAR et al., 2008). normalement le contrôle des aliments vendus
La première préoccupation du vendeur devrait dans la rue. Dans ce dernier cas, le manque de
être donc la maîtrise des conditions de personnel, l’ignorance des textes règlemen-
développement des germes. taires et les menaces verbales sont les causes de
leur faible présence et efficacité sur le terrain.
Par contre, l’absence de germes pathogènes
dans la majorité des échantillons prélevés Il sera donc important de renforcer les
contraste avec les résultats de l’analyse de compétences et le nombre d’inspecteurs
plusieurs aliments vendus dans les lieux d’hygiène pour mieux organiser et contrôler
publics en Asie et en Afrique (TAMBEKAR l’alimentation de la rue afin de mettre à la
et al., 2008 ; CHUMBER et al., 2007 ; disposition des consommateurs de la ville de
DERBEW et al., 2013). Ainsi, dans la ville de Kara des aliments de bonne qualité hygiénique.
Pune en Inde, 88% des aliments de rue ont été Il est alors impérieux qu’une étude
contaminés par les Staphylococcus aureus, et pluridisciplinaire soit faite pour combler ce
Escherichia coli (CHUMBER et al., 2007 21). vide.
Des souches de Staphyloccoques dans 5,18%
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