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La pandémie du COVID-19 coûtera cher à l'économie mondiale.

L'économie nationale n'échapperait guère à ses répercussions


désastreuses tant économiques que sociales.

À eux seuls, les chiffres du mois de mars avancés par les institutions
internationales révèlent l'acheminement de l'économie mondiale vers
une crise sans précédent, en raison des conséquences néfastes du
COVID-19. A quel coût l’économie marocaine parviendra-t-elle à sortir de
cette crise ? Quelles solutions proposées et quels plans à mettre en
place pour remotiver les secteurs sévèrement atteints et redonner un
nouvel essor à notre économie ?

Dés la déclaration du premier cas de contamination diagnostiqué à


Wuhan, en Chine, l'épidémie de COVID-19, s'est divulguée à une
rapidité disproportionnée.  Et dire qu’en un peu de temps, le virus s’est
propagé et a contaminé 210 pays, élucidant ainsi la mondialisation dans
sa facette la plus sombre. Cela a conduit l'OMS à déclarer la pandémie
mondiale et à préconiser les États de prendre les mesures de contrôle et
de précaution nécessaires. Cependant, ces mesures plus au moins
sévères d'un pays à l'autre, et qui s’illustre par la clôture des frontières,
mettre la population sous mesure de confinement et l’arrêt de plusieurs
activités industrielles, commerciales ou encore touristiques, et donc ces
mesures sont présentées comme un véritable coup de massue, pour
l'économie mondiale.

Et sans délaisser le nombre de décès enregistrés fréquemment, le


COVID19 plonge l'économie mondiale dans une crise révolutionnaire et
inexpérimenté. En effet selon les estimations des experts, le taux de
croissance économique mondiale baisserait jusqu'à 2,3% par mois au
cas où ce rythme de propagation persévérait. Et sans oublier, les
échanges commerciaux qui quant a eux diminuerait de 13% à 32%.

Ces mesures prises par la plupart des états, dans le but d’enrayer la
propagation du virus, ont fortement réduit la production et la distribution
de certains produits et services, à l'exception de quelques activités
jugées essentielles.

Par ailleurs, le flou quant à la possibilité de fabriquer un vaccin efficient,


le débat de la communauté scientifique et la polémique portant sur les
spécificités de ce virus et sur le protocole de traitement mis en place, ne
sont pas de nature à rassurer le marché mondial et les places
boursières. Les pronostics quant à une prochaine embellie s'en trouvent
pessimistes. L'économie mondiale doit se résigner à vivre la pire crise de
son histoire. Ce climat d'incertitude a poussé le Fonds Monétaire
International a simulé des scénarios pouvant être cauchemardesques,
prévoyant une chute de la croissance mondiale de 2,4%. Comme les
observateurs prévoient des conséquences désastreuses de cette
pandémie sur l'Afrique, où elle sévirait dans les mois à venir, ils en
déduisent que le taux de croissance mondiale, pris dans sa globalité,
sera presque nul au dernier trimestre de cette année. Une perspective
que les instances économiques n'espèrent pas vivre.

Notre économie qui commence à donner des signes de bonne santé et à


miser sur le développement durable, les nouvelles énergies, l'attrait des
capitaux étrangers, l'augmentation des échanges, l'assainissement du
climat des affaires résistera difficilement aux retombées de cette crise
sanitaire. En effet, basée sur les secteurs primaire et tertiaire, sans
omettre le textile, l'industrie automobile et les nouvelles technologies,
l'économie marocaine s'attend à vivre sa pire crise depuis trois
décennies.

Les acteurs économiques et le gouvernement marocains doivent revoir


leurs ambitions de croissance à la baisse. Ayant tablé sur un taux de
croissance de 3,5 % en 2020, un rééquilibrage de la balance
commerciale, notamment en vertu de la chute du prix du pétrole, et une
réduction de la dette tant intérieure qu'extérieure, ils doivent se résigner
à gérer un ralentissement aux coûts financiers et sociaux élevés. Selon
le HCP, le Maroc est confronté au taux de croissance le plus bas jamais
enregistré depuis 1999. En effet, les prévisions ont été revues à la
baisse 2,3% contre 3,5 initialement prévu.

Ajouté à cela le secteur de l’agriculture qui fait face depuis des semaines
à la sécheresse. Le secteur qui représente 1/3 des actifs accuse un
déficit pluviométrique de 44%. Un autre secteur semble durement pâtir
de la pandémie : le tourisme, un secteur vital de l’économie nationale.

Vu l'acuité du virus et les choix politiques du Maroc, au demeurant


louables tant notre pays a préféré la santé du peuple à celle des affaires,
recommandant le confinement de la population, décrétant l'état
d’urgence et mobilisant l'armée pour contenir l'épidémie, l'activité
économique s'en trouve presque à l'arrêt.

En conséquence, les chantiers de travaux immobiliers sont freinés, les


manufactures et les usines désertées, l'activité des ports et aéroports
très réduite, les routes et autoroutes vidées, les écoles, les universités et
les mosquées fermées, les cafés, restaurants et hôtels abandonnés.  Du
jamais vu.
Du coup, les rentrées fiscales seront quasiment nulles. Pareillement, les
rentrées de devises générées par le tourisme et les envois des
travailleurs marocains à l'étranger feront défaut.

Tous les acteurs économiques en pâtiront. Si les Multinationales n'ont


que les yeux pour pleurer leurs pertes, qu'en est-il de nos entreprises,
notamment PME, souffrant déjà de problèmes structurels ?

Face à ces défis sans précédent, le pays qui tente de juguler


la pandémie, devrait trouver l'équilibre entre son action pour atténuer les
effets sociaux et économiques de la pandémie tout en veillant à ce que
l’économie soit relancée après.

De ce fait, à en croire un scénario de référence, le PIB réel reculerait de


1,5% en 2020. Sur le plan budgétaire, la pandémie aura un impact
négatif sur le rythme de l’assainissement budgétaire et, à son tour, sur
les besoins de financement brut et la dette. Le déficit budgétaire global
devrait atteindre plus de 6% du PIB en 2020. Lequel déficit serait
notamment dû à l’augmentation des dépenses sociales et économiques
liées au Covid-19 et à la baisse des recettes fiscales, en particulier de
l’impôt sur les sociétés. La dette de l’administration centrale pourrait, en
conséquence, culminer à 73% du PIB en 2020. Le solde du compte
courant devrait s’élargir à environ 7% du PIB cette année. Un net
ralentissement des exportations, des recettes touristiques et des envois
de fonds est prévu, car la pandémie perturbe le commerce et les chaînes
de valeur mondiales.

N'épargnant aucun secteur, cette pandémie risque de reporter la relance


économique sine die. L'ampleur de cette crise aura certainement et
subséquemment des répercussions sociales peu réjouissantes.

Les retombées sociales du coronavirus

Si la première décennie du 21ème siècle a vu le Maroc réduire


significativement de la pauvreté, les prévisions basées sur le PIB par
habitant indiquent en revanche que le taux de pauvreté (en utilisant un
seuil de pauvreté de 3,2 USD PPA) augmentera d’au moins environ 1
point de pourcentage ; autrement dit, environ 300 000 Marocains
devraient sombrer dans la pauvreté.

Les centaines de milliers de salariés dont les entreprises mettraient du


temps à redémarrer seront condamnés au chômage. L'informel et les
emplois indirects, estimés à 5 millions de personnes dont l'activité
dépend des entreprises structurées et rentables, désormais en difficulté,
augmenteraient au pire les rangs des pauvres et au mieux affecteraient
le bien-être de ceux dont les dépenses de consommation sont juste au-
dessus du seuil de pauvreté. Un petit choc négatif peut ramener ce
groupe dans la pauvreté.

Le pourcentage de la population « vulnérable » à la pauvreté varie en


fonction des dépenses des ménages retenus comme seuil. En utilisant
un seuil de dépenses de 5,5 dollars, le nombre de pauvres et de non
pauvres mais vulnérables à la pauvreté est étonnamment élevé : environ
25% en 2019 et devrait augmenter à 27% en 2020. Par conséquent, en
raison de la crise économique, près de 10 millions de Marocains peuvent
devenir pauvres ou risquent de tomber dans la pauvreté.

Sortir de la crise, relancer l'économie et poursuivre le


développement durable

Ceci n'est pas une recette mais en guise de conclusion, nous estimons
que le gouvernement marocain se doit d'abord de mettre en place une
politique économique et sociale de cohabitation avec cette épidémie qui
risque, à Dieu ne plaise, de durer et ensuite de prévoir une sortie de
crise, et pourquoi pas une nouvelle relance de l'économie nationale.

À cet égard, comme l'issue de la crise sanitaire n'est pas en vue dans
l'immédiat, la stratégie de lutte contre le coronavirus gagnerait à
préconiser un confinement assoupli, mais appliqué avec rigueur. Tout en
multipliant les tests de dépistage et les rendre obligatoires pour tous les
personnels de la santé, pour tous les agents d'autorité, pour tous les
membres des comités de vigilance ainsi que pour tous les routiers, et
autres salariés et commerçants bénéficiant de dérogation, il faudrait
encourager les médecins, pharmacologues et scientifiques qui
recherchent un traitement, comprimés notamment, à même de contenir
le COVID_19.

Tout en maintenant, une distance sociale, avec le port obligatoire du


masque et les mesures d'hygiène et stérilisation, certaines activités
économiques devraient reprendre. Un comportement social de
cohabitation avec le virus devrait être adopté.

Concernant la relance économique, il faudrait accompagner


financièrement, administrativement et juridiquement les PME, seules
garantes de la création des emplois. Ceci doit se faire loin des mauvais
comportements, qui nous ont coûté cher, comme la bureaucratie, le
népotisme, le clientélisme, la gabegie et l'incompétence ou encore la
fraude et l'impunité des fraudeurs. Seule une gestion rationnelle et un
contrôle rigoureux et l'application de la loi, loin de toute malversation,
mèneraient notre économie et partant notre société à bon port. Avec la
volonté politique et la primauté de l'intérêt général, qui rompraient avec
les calculs mesquins les ressources humaines et matérielles dont
dispose notre pays, nous permettront sûrement de sortir du tunnel et de
poursuivre notre développement.

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