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Analyse de « 

Zone », Apollinaire, Alcools (1913)

Pour l’introduction, on présente l’auteur : « Apollinaire a exercé ses


talents dans de nombreux domaines : il a écrit des contes, des critiques d’art
(ouvrage sur les cubistes) et a même fait du théâtre mais c’est surtout dans le
genre poétique qu’il, excelle. D’abord influencé par le symbolisme finissant, il
est ensuite influencé par la modernité poétique et picturale avec le cubisme.
C’est ainsi qu’il publie « Alcools » en 1913, le meilleur de ses expériences
poétiques comme en indique le titre. Cette œuvre mêle les poèmes d’amour,
l’explosion de la vie moderne, l’errance, le mariage… Nous allons étudier le
début du poème liminaire « Zone » composé en 1912 ; ce texte, qui nous
présente une promenade du poète dans Paris est essentiel car est en fait une
présentation des objectifs poétiques d’Apollinaire. Ce poème est donc un art
poétique (poème dans lequel le poète expose ses objectifs). Cette idée sera le
fil conducteur de notre explication qui comportera deux parties. Une première
partie, des vers 1-14 où a une réflexion générale sur la modernité et une
deuxième partie avec la description des rues de Paris, vers 15-24. ». Il faut
essayer de trouver une progression dans le poème. Dans les 3 premiers vers, il
dit non à la tradition et oui à la modernité puis va par la suite montrer la
fragilité de la modernité. « Envisageons tout d’abord la réflexion sur la
modernité des vers 1-14. »

I – La réflexion sur la modernité  :


1  : Les avantages  :
On va commencer par les avantages de la modernité, les inconvénients
de la modernité et enfin la poésie selon Apollinaire. Le titre Zone nous
interpelle, à l’époque d’Apollinaire (début du XXème siècle), le mot zone avait
un sens particulier à Paris. Le mot zone vient d’un mot Grec qui signifie la
ceinture et ce mot désignait un terrain qui entourait sur lequel on ne pouvait
pas construire et qui faisait la frontière entre Paris et la banlieue. Le poète
mentionne explicitement sa volonté de rejeter une poésie traditionnelle. Il dit
« tu es las de ce monde ancien » (tu = je). Il ne veut plus de ce monde ancien
même s’il reste marqué par ce monde traditionnel car on voit que pour dire ça
il utilise un alexandrin et une diérèse, c’est bien traditionnel. Il dit clairement
qu’il ne veut plus de la tradition. Il rejette tout cet héritage antique. Il va mettre
en pratique ce qu’il dit et montrer que la modernité peut être poétique. Il nous
présente la tour Eiffel, c’est très provocateur car à l’époque les gens
détestaient la tour Eiffel, les Parisiens pensaient que leur ville était défigurée.
La tour Eiffel est ici comparée à une bergère, ainsi les ponts sont les moutons
(=ressemblance) et la tour Eiffel guide les gens jusqu’à elle. Il avait compris que
la tour Eiffel deviendra l’emblème de Paris. Malgré son enthousiasme pour la
modernité, Apollinaire reste lucide et il voit les faiblesses, les fragilités de cette
modernité.

2)  Les inconvénients  :


On est des vers 4-10 Apollinaire reconnait que la vie moderne présente
des inconvénients au vers 4, il dit que la vie est moderne est une vie accélérée,
tout passe très vite, les modes changent rapidement, même les voitures qui
sont une innovation incroyable semblent déjà vieilles. Une vie moderne c’est
une vie déstabilisante, où on n’a peu de repères et pour un poète avec une
crise identitaire ce n’est pas fou. Apollinaire va trouver du secours dans la
religion car les idées religieuses ne changent pas. Il prend même l’exemple du
pape Pie X. Il n’était pas extrêmement moderne mais a fait un truc moderne, il
a béni un aviateur qui a fait un vol exceptionnel pour l’époque de Paris à Rome.
Cependant la religion ne peut pas vraiment être un refuge pour le poète car
Apollinaire n’est pas croyant. A l’occasion de cette promenade dans Paris,
Apollinaire s’interroge sur la place de la littérature dans le monde moderne.

3) Une réflexion sur la littérature moderne  :


On est des vers 11-14. N’oublions pas que « Zone » est un art poétique.
Ainsi, Apollinaire nous dit que la poésie trouve son inspiration dans la vie
quotidienne, dans des choses qui n’ont habituellement rien de poétique.
Apollinaire n’a pas écrit que des poèmes, de ce fait il s’intéresse aussi à la
prose. Il s’intéresse à des écrits du quotidien que l’on ne juge pas poétique et
on le voit il ne méprise pas les journaux, les romans policiers ce qui n’est pas le
cas d’habitude. Il nous méprise également le prix des journaux, il nous met des
éléments du quotidien. L’avantage de cette inspiration moderne est qu’elle est
extrêmement dense, extrêmement riche et elle n’a pas été exploitée. Ça n’a
pas encore été poétisée. Nous avons « Zone » qui est un véritable art poétique
dans lequel il explique ses choix. Il va nous proposer un regard plus précis sur
les actives rues de Paris.

II – La description des rues de Paris  :


1) Le décor Parisien  :
On est dans les vers 15-16. Il dit maintenant « je », ainsi on voit qu’il se
sent moins fragmenté, il va mieux. Il nous parle d’un souvenir qui l’a beaucoup
marqué (passé composé = événement passé précis mais qui a une incidence sur
le présent). Apollinaire est fidèle à ses idées, ce qui l’intéresse c’est la banalité
du quotidien, il se rappelle d’une rue qui l’avait marqué mais il ne se souvient
même plus le nom de cette rue tellement elle était banale et c’est ce qu’il veut.
Il ne veut pas voir les grandes avenues Parisiennes. Cependant il dit que la rue
est belle, ainsi pour lui la beauté ne dépend pas des objets et des personnes
mais du regard que l’on pose dessus. Apollinaire va associer deux sens
différents, la vue avec le soleil et l’ouïe avec le clairon. Cette correspondance
entre différents sens il l’a emprunté à Baudelaire parce qu’effectivement on
trouve cette idée dans un poème des fleurs du mal, Correspondance. Dans ce
décor urbain banal et qui est embelli par le regarde du poète, règne une
intense activité.

2) Animation des rues de Paris  :


On est des vers 17-24. Apollinaire se moque des catégories sociales, on a
toutes sortes de catégories sociales. Il met en œuvre sa poésie du quotidien
avec des gens qui vont travailler et les personnages sont présentés avec des
noms compliqués. Nous avons les pluriels qui renforcent cette impression de
vie que ne s’arrête jamais. On a cette idée que la beauté dépend du regard. On
a des sonorités très discordantes, désagréables même et on retrouve cette
provocation d’Apollinaire. Il juxtapose ses phrases au lieu de les relier
logiquement ou chronologiquement, nous n'avons donc pas de perspective
spatiales ou temporelles. Cela nous fait penser à la peinture cubiste dans
laquelle il n'y a pas de perspective. D'autre part, cette absence de perspective
nous donne donc une idée de simultanéité, tout se passe en même temps ce
qui renforce cette idée que la vie moderne est foisonnante, hyper active et
constitue un vivier très important et très intéressant pour la poésie. On
retrouve cette idée que la vie quotidienne est très poétique et on retrouve la
même idée que nous donnait les pluriels utilisés plus tôt.

On voit la conclusion dans laquelle on rappelle ce que l'on a fait et on


propose un élargissement : "Zone" est un véritable art poétique ce qui justifie
sa place en tête du recueil "Alcools", il commence son ouvrage en définissant
sa poésie. Ce poème met en évidence les principales caractéristiques de la
poésie d’Apollinaire qui sont tout d’abord une forme originale, ensuite une
poésie du quotidien, d’un quotidien moderne et urbain et nous avons une
nouvelle définition de la beauté ce qui permet de dire que notre monde
moderne est très beau (la beauté n’est pas dans les objets, dans les personnes
mais dans le regard que l’on porte sur les objets et les personnes) mais
Apollinaire montre malgré tout quelques inquiétudes concernant ce monde
moderne. Un monde moderne déstabilisant et accéléré, surtout pour un poète
ayant un problème identitaire. Pour l'élargissement nous avons une première
possibilité qui est de faire référence à la fin de "Zone" qui est un très long
poème. On vient de dire que le monde moderne n'a pas que des avantages, on
peut donc dire : D'ailleurs "Zone" s'achève sur un bilan assez désenchanté, le
poète s'interroge sur un monde moderne privé de spiritualité et d'empathie.
C'est d'ailleurs pour ça que le poète se sent proche des émigrants qu'il
rencontre au fil de sa promenade dans Paris." C'est la première possibilité,
autre possibilité pour l'élargissement on peut dire que "Zone" fait écho au
dernier poème : Ce poème liminaire fait écho au dernier poème,
"Vendémiaire", dont le titre rappelle la révolution Française et cette volonté de
changement, d'oublier ce monde ancien. Enfin, dernière possibilité, si on a
oublié un peu l'ouvrage, on peut faire une réflexion sur modernité et tradition :
Ce poème "Zone" met bien en évidence cette dualité du poète qui l'habite
entre tradition et modernité, il veut un monde moderne, il veut de la
modernité mais il est très influencé par la tradition, il a ce poids présent
constamment et on le remarque tout au long de l'ouvrage.

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