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Introduction aux méthodes variationnelles et application à la résolution des EDP


elliptiques.

Research · June 2018


DOI: 10.13140/RG.2.2.10826.82883

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3 authors:

Boumediene Abdellaoui Youssouf Oussama Boukarabila


Abou Bakr Belkaid University of Tlemcen Abou Bakr Belkaid University of Tlemcen
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Sofiane El-Hadi Miri


Abou Bakr Belkaid University of Tlemcen
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Université Abou Bekr Belkaid - Tlemcen

Faculté des sciences

Département de Mathématiques

Introduction aux méthodes variationnelles

et application à la résolution des EDP elliptiques


(Première version)

Boumediene Abdellaoui, Youssouf Oussama Boukarabila, Sofiane El Hadi Miri


2
Table des matières

Notations 6

1 Espaces fonctionnels et Préliminaires 11


1.0.1 La convergence faible dans un espace de Banach . . . . . . . . . 11
1.0.2 Espaces de Lebesgue : Quelques théorèmes de convergences. . . 13
1.0.3 Les espaces de Marcinkiewicz. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.0.4 Les espaces de Sobolev W m,p (Ω). . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.1 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

2 Problèmes de minimization 33
2.1 Approche générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.1.1 Problèmes elliptiques et la notion de la solution faible. . . . . . 37
2.2 Propriétés spectrales des opérateurs elliptiques linéaires . . . . . . . . . 42
2.3 Régularité elliptique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.4 Problèmes elliptiques non-linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.5 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.6 Points critiques avec contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.6.1 Théorème du Col (Mountain Pass) et applications. . . . . . . . 60
2.6.2 la suite de Palais-smale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.7 Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

3 Méthode de Monotonie et applications 73

3
4 TABLE DES MATIÈRES

3.0.1 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.1 Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

4 Appendices 85
4.1 Applications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5
6

Notations

Notations générales

Symbole Signification
x = (x1 , x2 , ..., xN ) Element de IRN
p
r = |x| = (x21 + x22 + · · · + x2N ) Module de x
α∧β max{α, β}
∂u
Di u = ∂i u = = uxi Dérivée partielle de u par aport a xi
∂xi
2
∂ u
Dij u = ∂ij u = = u xi xj Deuxième dérivée partielle de u par rapport a xi , xj
 ∂xi ∂xj 
∂u ∂u ∂u
Du = ∇u = , ,..., Gradient de u
∂x1 ∂x2 ∂xN
D2 u = (Dij u) Matrice Hessienne de u
∆u Laplacien de u
∆p u = div(|∇u|p−2 ∇u) p Laplacien de u
1 1
p0 Exposent conjugué de p, + 0 =1
p p
∂Ω Frontière de Ω
supp (u) Support de la fonction u
|A| mesure de Lebesgue de A ⊂ IRN
k · ks Norme dans l’espace Ls (Ω)
k · kX Norme dans l’espace X
BR Boule de IRN de rayon R centrée à l’origine
BR (x0 ) Boule de IRN de rayon R centrée en x0 ∈ IRN
ωN mesure de la sphère unité dans IRN
0
ωN mesure de la boule unité de IRN
7

Symbole Signification
X0 Espace dual de X
Ω0 ⊂⊂ Ω Ω0 sous ensemble ouvert de Ω con Ω0 ⊂ Ω
δij symbol de Kronecker
δx0 Delta de Dirac en x0
p.p. presque pour tous les points
s.c.i. Semi continue inferierement
s.c.s. Semi continue superierement
V+ Partie positive de la fonction V , V + = max(V, 0)
V− Partie negative de la fonction V , V − = max(−V, 0)
C(Ω) ó C 0 (Ω) Fonctions continues dans Ω
C0 (Ω) Fonctions continues dans Ω a support compact
C 0,β (Ω) Fonctions Hölder continues dans Ω
C k (Ω) Fonctions de classe k dans Ω
C k,β (Ω) Fonctions Hölder continues de classe k dans Ω
C0k (Ω) Fonctions de C k (Ω) a support compact
C ∞ (Ω) Fonctions indéfiniment differentiables dans Ω
C0∞ (Ω) = D(Ω) Fonctions de C ∞ (Ω) a support compacte
D+ (Ω) Fonctions de D(Ω) non négatives
D0 (Ω) Espace dual de C0∞ (Ω), c.a.d espace des
distributions
R
Lp (Ω) {u : Ω → IR | u mesurable, Ω
|u|p < ∞}, 1 ≤ p < ∞
L∞ (Ω) {u : Ω → IR | u mesurable et ∃C tel que |u(x)| ≤ C dans
p.p. x ∈ Ω }
p0
L (Ω) Espace dual de Lp (Ω)
W k,p (Ω) Espace de Sobolev avec dérivées d’ordre k
dans Lp (Ω)
W0k,p (Ω) Espace de Sobolev avec trace zero
−k,p0
W (Ω) Espace dual de W0k,p (Ω)
D1,2 (IRN ) Completion de C0∞ (IRN ) par apport a la norme
R
||φ||D1,2 (IRN ) ≡ |∇φ|2 dx
IRN
−1,p0 1,p
D−γ Espace dual D0,γ
8
Introduction

Ces notes ont été préparées spécifiquement pour le cours de master M2 : Analyse
non linéaire et application à la résolution des EDP elliptiques non linéaires. Le volume
horaire consacré à ce cours est de quatre heures hebdomadaires durant un semestre.

Le but de ce cours est d’introduire des techniques variationnelles pour la résolution


des problèmes elliptiques non linéaires.

Le cours est composé de 3 chapitres avec une série d’exercices à la fin de chaque
chapitre.

Dans le premier chapitre on fait un rappel de quelques notions d’analyse fonction-


nelle ainsi que des définitions de certains espaces fonctionnels qui nous seront d’une
grande utilité, comme les espaces de Lebesgue, et les espaces de Sobolev.

Le deuxième chapitre est consacré à présenter les arguments de minimisation dans


des espaces de Banach réflexifs. Comme une application directe on prouvera l’existence
de solutions pour des équations elliptiques semi linéaires et quasi linéaires.

Enfin dans le dernier chapitre on présente la méthode de monotonie.

9
10
Chapitre 1

Espaces fonctionnels et
Préliminaires

Le but de ce chapitre est de rappeler (et de présenter) quelques espaces fonctionnels


d’usage fréquent dans l’étude des équations aux dérivées partielles comme les espaces
de Lebesgue, les espaces de Sobolev ainsi que leurs propriétés les plus importantes
(notions de convergence, compacité...., ). Les références de bases pour ce chapitres sont
les livres [10] et [19].

1.0.1 La convergence faible dans un espace de Banach

D’après le fameux théorème de Riez, il est connu que si E est un espace de Banach de
dimension finie alors toute suite bornée {xn }n ⊂ E admet une sous suite qui converge
dans E (par apport à la norme de E). Ce résultat de compacité n’est en général pas vrai
en dimension infinie. Par contre on peut définir une autre notion de convergence ”moins
forte” que celle de la norme où l’on peut analyser la compacité des suites bornées.

Définition 1.1 Soit E un espace de Banach, E ∗ son dual et h., .i le produit ou le


crochet de dualité sur E ∗ × E.
– On dit que la suite {xn }n ⊂ E converge faiblement vers x ∈ E si et seulement

11
12 Préliminaires

si :
hx∗ , xn i → hx∗ , xi, ∀x∗ ∈ E ∗ , (1.0.1)

et on écrit :
xn * x faib. dans E. (1.0.2)

– On dit que la suite {xn }n ⊂ E ∗ converge faiblement ∗ vers x∗ ∈ E ∗ si et seulement


si :
hx∗n , xi → hx∗ , xi, ∀x ∈ E, (1.0.3)

et on écrit :
x∗n * x∗ faib. ∗ dans E ∗ . (1.0.4)

It est clair que


– Si xn → x (fortement dans E), alors xn * x faib. dans E.
– Si x∗n → x∗ (fortement dans E ∗ ), alors x∗n * x∗ faib.∗ dans E ∗ .
– Si x∗n * x∗ faib. dans E ∗ alors x∗n * x∗ faib.∗ dans E ∗ .
– Si xn * x faib. dans E et x∗n → x∗ (fortement dans E ∗ ), alors hx∗n , xn i → hx∗ , xi.
– Si xn → x (fortement dans E) et x∗n * x∗ faib. dans E ∗ (ou faib.∗ dans E ∗ ) alors
hx∗n , xn i → hx∗ , xi.
Le résultat suivant est un résultat classique en analyse fonctionnelle (pour plus de
détails consulter [10]).

Théorème 1.1 Soit E un espace de Banach, E ∗ son dual. On a


– Si xn * x faib. dans E, alors il existe k > 0 t.q. ∀n ∈ N, kxn kE ≤ k et

||x||E ≤ lim inf kxn kE .


n→∞

– Si x∗n * x∗ faib.∗ dans E ∗ , alors il existe k ∗ > 0 t.q. ∀n ∈ N, kx∗n kE ∗ ≤ k et

kx∗ kE ∗ ≤ lim inf kx∗n kE ∗ .


n→∞

Soit E un espace de Banach, E ∗ , E ∗∗ , le dual et le bi-dual de E respectivement.


On définit l’application T : E → E ∗∗ par hT (x), y ∗ iE ∗∗ ,E ∗ = hy ∗ , xiE ∗ ,E . Il est clair
Préliminaires 13

que l’application T est linéaire, continue et injective. On est on mesure de donner la


définition suivante.

Définition 1.2 (Espace réflexif ). Soit E un espace de Banach, alors E est dit
réflexif si et seulement si l’application T est bijective. Dans ce cas on fera l’identification
E = E ∗∗ .

On a la propriété suivante des espaces réflexifs.

Théorème 1.2 Soit E un espace de Banach réflexif et soit {xn }n une suite bornée de
E, alors il existe une sous suite {xnj }nj de {xn }n et x ∈ E tels que

xnj * x faib. dans E.

De plus si chaque sous suite de {xn }n converge faiblement vers la même limite x, alors
xn * x faib. dans E.

Le théorème suivant sera d’usage important par la suite et donne une condition
nécessaire et suffisante pour obtenir la convergence forte d’une suite qui converge fai-
blement.

Théorème 1.3 Soit E un espace de Banach réflexif et soit {xn }n une suite qui converge
faiblement vers x ∈ E. On suppose que ||xn ||E → ||x||E , alors xn → x fort. dans E.

1.0.2 Espaces de Lebesgue : Quelques théorèmes de conver-


gences.

Soit Ω un ouvert de RN . Rappelons que l’espace de Lebesgue Lp (Ω), p ∈ [1, ∞),


est défini comme étant l’ensemble des fonctions mesurables f telles que ||f ||Lp (Ω) < ∞
avec Z 1/p
p
||f ||Lp = |f (x)| dx .

L’ensemble Lp (Ω) ainsi défini est un espace de Banach.


14 Préliminaires

De même, pour p = ∞, on a
 

L (Ω) = f : Ω → R; f mesurable et ∃ une constante C telle que |f (x)| ≤ C p.p. surΩ .

On note ||f ||L∞ = inf {C; |f (x)| ≤ C p.p.sur Ω}.

Définition 1.0.1 Soit 1 ≤ p ≤ ∞ ; on dit qu’une fonction f : Ω → R appartient à


Lploc (Ω) si f 1K ∈ Lp (Ω) pour tout compact K ⊂ Ω.

Par suite, nous regroupons quelques théorèmes de convergences fondamentaux dans


les espaces de Lebesgue, on renvoie le lecteur à [15] pour plus de détails et pour les
preuves.

Lemme 1.1 (Lemme de Fatou)


Soit {fn } une suite de fonctions de L1 telle que fn ≥ 0 p.p. dans Ω. On suppose que
||fn ||L1 (Ω) ≤ C et que fn → f p.p. dans Ω. Alors f ∈ L1 (Ω) et
Z Z
f ≤ lim inf fn .
n→∞

Si la suite {fn }n est monotone en n, on a le résultat de convergence suivant.

Théorème 1.4 (Théorème de convergence monotone Z de Beppo Levi) Soit


{fn }n une suite croissante de fonctions de L1 telle que Sup fn < ∞.
n
Alors fn converge p.p. sur Ω vers une limite finie notée f (x) ; de plus f ∈ L1 et
||fn − f ||L1 → 0.

Si la suite {|fn |}n est contrôlée par une suite convergente, on obtient le théorème
suivant :

Théorème 1.5 (Théorème de convergence dominée de Lebesgue)

Soit {fn } une suite de fonctions de L1 . On suppose que


a) fn → f p.p. sur Ω.
b) Il existe une suite {gn }n ⊂ L1 (Ω) telle que |fn (x)| ≤ gn (x) p.p. sur Ω et gn → g
dans L1 (Ω). Alors f ∈ L1 (Ω) et ||fn − f ||L1 → 0.
Préliminaires 15

Le résultat suivant nous fournit ”le terme manquant” dans le lemme de Fatou.

Lemme 1.2 (Brézis-Lieb)(Correction du lemme de Fatou)


Pour 1 ≤ p < ∞, soit {fn } ⊂ Lp (Ω) bornée telle que fn → f p.p., alors f ∈ Lp (Ω) et
Z
lim |fn (x)|p − |f (x)|p − |fn (x) − f (x)|p dµ = 0.
n→∞

Comme application directe du Lemme de Brézis-Lieb, on déduit que si {fn } ⊂ Lp (Ω)


est une suite bornée dans Lp (Ω) telle que fn → f p.p. et ||fn ||Lp (Ω) → ||f ||Lp (Ω) , alors
fn → f fortement dans Lp (Ω).

Définition 1.3 (Fonctions équi-integrable dans L1 ) On dit qu’une suite {fn }n de


fonctions de L1 est équi-integrable si, pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que mes(E) < δ
entraı̂ne pour tout n,
Z
|fn (x)|dx ≤ ε.
E

On utilise souvent le résultat suivant de compacité dans L1

Lemme 1.3 lemme de Vitali : compacité dans L1


Soit X un ensemble de mesure finie pour la mesure de Lebesgue de RN . Soit {fn }n
une suite de fonctions de L1 (X) qui converge presque partout vers f , et qui est équi-
intégrable. Alors f ∈ L1 (X) et {fn }n converge fortement vers f dans L1 (X).

Remarque 1.1
Si fn → f dans L1 (Ω), alors en général on n’a pas fn → f p.p dans Ω. Mais on peut
affirmer que la suite {fn }n admet une sous suite qui converge presque partout vers f
dans Ω.

Soit {fn }n une suite bornée de Lp (Ω) avec p ∈ (1, ∞) telle que fn → f p.p dans Ω,
alors fn * f faiblement dans Lp (Ω).
16 Préliminaires

1.0.3 Les espaces de Marcinkiewicz.

Définition 1.4 Soit f : Ω → R une fonction mesurable, sa fonction de distribution


est définie par
n o
φf (k) = mes x ∈ Ω : |f (x)| > k k > 0,

Il est évident que φf est une fonction décroissante continue à droite.

Définition 1.5 Soit 0 < q < ∞ et Ω est un ouvert borné de RN , l’ espace de Marcin-
kiewicz Mq (Ω) est l’ensemble des fonctions mesurables f : Ω → R telles que

φf (k) ≤ Ck −q , C < ∞, (1.0.5)

Pour un ensemble mesurable A ⊂ RN nous utilisons la notation mes(A) = |A| pour


dénoter sa mesure de Lebesgue.
L’espace de Marcinkiewicz Mq (Ω) muni de la norme 1
 
−q
kf kMq (Ω) = inf C : φf (k) ≤ Ck , pour k > 0 .

est un espace de Banach.


Notons que si f ∈ Lq (Ω), on a
Z Z q Z
f −q
dx ≤ dx ≤ k |f |q dx,
{|f |>k} Ω k Ω

donc
φf (k) ≤ k −q kf kqq (1.0.6)

et comme conclusion directe on a l’inclusion Lq (Ω) ⊂ Mq (Ω).


Pour analyser les propriétés des espaces Mq (Ω), on a besoin du lemme suivant

Lemme 1.4 Si f ∈ Lq (Ω) alors


Z Z +∞
q
|f (x)| dx = q tq−1 φf (t)dt. (1.0.7)
Ω 0

1. C’est une quasi-norme qui est équivalente à une vraie norme qui confère à l’espace une structure
d’espace de Banach, pour simplifier la présentation on a préféré de négliger certains détails.
Préliminaires 17

Preuve.
On commence par le cas q = 1. Soit

 1 si t > 0,
H(t) =
 0 si t < 0,

alors 
 1 si |f (x)| > k,
H(|f (x)| − k) =
 0 si |f (x)| < k,

on a donc
Z +∞ Z +∞ hZ i
φf (k) dk = H(|f (x)| − k) dx dk,
0
Z0 h Z Ω
+∞ i
= H(|f (x)| − k) dk dx, (grâce à Fubini)
Ω 0
Z hZ i Z hZ |f (x)| i
= 1 dk dx = 1 dk dx,
{|f (x)|>k}
ZΩ Ω 0

= |f (x)| dx,

Z +∞ Z
soit que φf (k) dk = |f (x)| dx
0 Ω
et le résultat est démontré

On considère maintenant le cas général q > 1. On pose g(x) = |f (x)|q alors, g ∈ L1 (Ω)
et
1
φg (k) = mes{|g| > k} = mes{|f |q > k} = mes{|f | > k q },
1
i.e. φg (k) = φf (k q ),

donc Z Z +∞
1
|g(x)| dx = φf (k q ) dk,
Ω 0
1
on pose t = k q alors k = t et dk = q tq−1 , de sorte que
q

Z Z +∞
q
|f (x)| dx = q tq−1 φf (t) dt.
Ω 0
18 Préliminaires

Corollaire 1.1 Si q ∈]1, ∞[, alors

Lq (Ω) ⊂ Mq (Ω) ⊂ Lq−ε (Ω) ∀ ε > 0, (1.0.8)

et pour tout q, q̂ ∈ [1, ∞[ on a

Mq (Ω) ⊂ Mq̂ (Ω) si q ≥ q̂. (1.0.9)

Preuve.
Supposons que f ∈ Mq (Ω) et ε > 0, on a
Z Z Z
q−ε q−ε
|f (x)| dx = |f (x)| dx + |f (x)|q−ε dx,
Ω {|f |≤1} {|f |>1}
Z
≤ c1 + |f (x)|q−ε dx,
{|f |>1}
Z
≤ c1 + |f (x)|q−ε 1{|f |>1} dx,
ZΩ
≤ c1 + |g(x)|q−ε dx,

où g(x) = |f (x)| 1{|f |>1} , donc

φg (t) = mes{|g| > t} ≤ mes{|f (x)| 1{|f |>1} > t}

implique que
Z Z
|f (x)| dx ≤ c1 + |g(x)|q−ε dx,
q−ε
Ω Ω
Z +∞
≤ c1 + (q − ε) tq−ε−1 φg (t) dt,
Z0 1 Z +∞
q−ε−1
≤ c1 + (q − ε) t φg (t) dt + (q − ε) tq−ε−1 φg (t) dt,
0 1
Z 1 Z +∞
≤ c1 + c2 (q − ε) tq−ε−1
dt + c3 (q − ε) tq−ε−1 t−q dt,
0 1
Z +∞
≤ c1 + c2 (q − ε) + c3 (q − ε) t−ε−1 dt,
1
h t−ε i+∞
≤ c4 + (q − ε) − ,
ε 1
≤ C < ∞.
Préliminaires 19

alors f ∈ Lq−ε (Ω), et il en résulte alors que Mq (Ω) ⊂ Lq−ε (Ω).


Comme Lq (Ω) ⊂ Mq (Ω) ⊂ Lq−ε (Ω) ⊂ Mq−ε (Ω) pour tout q ∈]1, ∞[ et pour tout
ε > 0, on en déduit donc que pour tous q, q̂ ∈]1, ∞[ on a

Mq (Ω) ⊂ Mq̂ (Ω) si q ≥ q̂.

Notons que Lq (Ω) Mq (Ω). Plus précisément on a le contre exemple suivant : Soit la
fonction f (x) = 1
|x|2
, x ∈ Ω ≡ Br (0) ⊂ IRN , N ≥ 2, il vient que

N N
f ∈ M 2 (Ω) et f∈
/ L 2 (Ω).

N
Tout d’abord f ∈ M 2 (Ω) puisque :
n 1 o Z
mes >k = χn o (x) dx
|x|2 Ω x∈Ω: 1 2 >k
|x|
Z
= χn 1
o (x) dx
Ω x∈Ω: |x|<k− 2
N
≤ Ck − 2 < ∞,

Mais :
1  N2
Z  Z
1
2
dx = N
dx = ∞.
Ω |x| Ω |x|

1.0.4 Les espaces de Sobolev W m,p (Ω).

I-Les espaces W 1,p (Ω). Soit Ω un ouvert de RN et p ≥ 1.


L’espace de Sobolev W 1,p (Ω) est défini par

1,p
W (Ω) = u ∈ Lp (Ω) ; ∃g1 , g2 , · · · , gN ∈ Lp (Ω) tels que
Z Z 
∂ϕ ∞
u = − gi ϕ ∀ϕ ∈ Cc (Ω) ∀i = 1, 2, · · · , N ,
Ω ∂xi Ω
20 Préliminaires

∂u
on note ∂xi
= gi .
L’espace W 1,p (Ω) est muni de la norme
 i=N  p1
∂u
X
kukW 1,p (Ω) = kukLp (Ω) + ,
∂x
p
i L (Ω)
i=1

ou parfois de la norme équivalente


 i=N  p1
∂u p
X
p
kukW 1,p (Ω) = kukLp (Ω) + si 1 ≤ p < ∞.
∂xi Lp (Ω)

i=1

Si p = ∞, on munit W 1,∞ (Ω) de la norme

kukW 1,∞ (Ω) = kukL∞ (Ω) + k∇ukL∞ (Ω) .

L’espace W 1,p (Ω) est un espace de Banach pour 1 ≤ p ≤ ∞ ; W 1,p (Ω) est réflexif si
1 < p < ∞, il est séparable si 1 ≤ p < ∞.
On pose H 1 (Ω) = W 1,2 (Ω).
L’espace H 1 (Ω) est muni du produit scalaire
i=N 
X ∂u ∂v 
(u, v)H 1 (Ω) = (u, v)L2 (Ω) + , ,
i=1
∂x i ∂x i L2 (Ω)

la norme associée
 i=N  21
X ∂u 2
kukH 1 (Ω) = kuk2L2 (Ω) + ,

∂xi L2 (Ω)

i=1

est équivalente à la norme de W 1,2 (Ω).


L’espace H 1 (Ω) est un espace de Hilbert séparable.

Pour tout entier m > 1, on définit



W (Ω) = u ∈ Lp (Ω) ; ∀α multi-indice avec |α| ≤ m ∃gα ∈ Lp (Ω) tel que
m,p

Z Z 
α |α| ∞
uD ϕ = (−1) gα ϕ ∀ϕ ∈ Cc (Ω) ,
Ω Ω

un multi-indice α est une suite α = (α1 , α2 , · · · , αN ) avec αi ≥ 0 entier ; on pose


i=N
X ∂ α1 +α2 +···+αN
|α| = αi et Dα ϕ = ϕ,
i=1
∂xα1 1 ∂xα2 2 · · · ∂xαNN
Préliminaires 21

et on note Dα u = gα .
Notons que par récurrence, on a
 
m,p m−1,p ∂u m−1,p
W (Ω) = u ∈ W (Ω); ∈W (Ω) ∀i = 1, 2, 3, · · · , N .
∂xi

L’espace W m,p (Ω) muni de la norme


X
kukW m,p (Ω) = kDα ukLp (Ω) ,
0≤|α|≤m

est un espace de Banach.


On pose H m (Ω) = W m,2 (Ω) ; H m (Ω) muni du produit scalaire
X  
(u, v)H m (Ω) = Dα u, Dα v ,
L2 (Ω)
0≤|α|≤m

est un espace de Hilbert.

Soit 1 ≤ p ≤ ∞, W01,p (Ω) est la fermeture de Cc∞ (Ω) dans W 1,p (Ω).
On note H01 (Ω) = W01,2 (Ω).
L’espace W01,p (Ω) muni de la norme induite par W 1,p (Ω) est un espace de Banach
séparable ; il est réflexif si 1 < p < ∞. H01 (Ω) est un espace de Hilbert pour le produit
scalaire de H 1 (Ω).

Il s’avère très utile de savoir comment caractériser les éléments des espaces de
Sobolev W 1,p (Ω).

Proposition 1.0.2 Étant donné v ∈ Lp (Ω) avec 1 < p ≤ ∞. Les propriétés suivantes
sont équivalentes :
(a) v ∈ W 1,p (Ω)
(b) Il existe une constante C > 0 tel que pour n’importe quel direction i ∈ {1, · · · , N },
on a Z
∂ξ
C0∞ (Ω))

(∀ξ ∈ v dx ≤ C kξk p0
L (Ω)
Ω ∂xi

22 Préliminaires

(c) Il existe une constante C > 0 tel que pour tout ouvert ω ⊂⊂ Ω on a

(∀h ∈ RN : |h| < dist(∂ω, ∂Ω)) : kτh v − vkLp (ω) ≤ C|h|

Noter qu’on peut prendre C = k∇vkLp (Ω) dans (b) et (c).

Le Théorème suivant permet de prolonger une fonction de W 1,p (Ω) en une fonction
de W 1,p (RN ), ce prolongement nécessite que le domaine Ω soit de classe C 1 .

Theorem 1.0.3 On considère Ω un domaine borné de classe C 1 ou bien Ω := RN


+.

Alors il existe un opérateur linéaire

P : W 1,p (Ω) −→ W 1,p (RN )

en plus, il existe une constante C > 0 tel que pour tout u ∈ W 1,p (Ω) on a :
1) P u|Ω = u,
2) kP ukLp (RN ) ≤ C kukLp (Ω) ,
3) kP ukW 1,p (RN ) ≤ C kukW 1,p (Ω) .

Dans le cas où Ω est un domaine borné dans une direction(c.à.d il existe a > 0 et
i ∈ {1, 2, ..., N } tel que |xi | ≤ a pour tout x ∈ Ω,) on a l’inégalité suivante :

Théorème 1.6 (Inégalité de Poincaré) Soit Ω un domaine borné dans une direc-
tion, 1 ≤ p. Alors il existe une constante C := C(Ω, p) telle que

kukLp (Ω) ≤ Ck∇ukLp (Ω) ∀u ∈ W01,p (Ω), 1 ≤ p.

En particulier la quantité k∇ukLp (Ω) représente une norme sur l’espace W01,p (Ω) équivalente
à la norme induite par W 1,p (Ω).

Théorème 1.7 (Inégalité de Sobolev)


Soit 1 ≤ p < N , il existe une constante S ≡ S(p, N ) telle que ∀u ∈ W 1,p (IRN ), on a

SkukLp∗ (IRN ) ≤ k∇ukLp (IRN ) ,


Préliminaires 23

pN
avec p∗ := N −p
.
Comme conséquent l’espace W 1,p (IRN ) s’injecte d’une manière continue dans Lq (Ω) ∀q ∈
[p, p∗ ].

Remarque 1.2
• Pour le cas p = N , W 1,p (IRN ) s’injecte d’une manière continue dans Lq (IRN ) pour q ∈
[N, ∞[.

• Pour le cas p > N , W 1,p (IRN ) s’injecte d’une manière continue dans Lq (IRN )
pour q ∈ [N, ∞]. Dans ce cas particulier, chaque élément de W 1,p (IRN ) admet un
représentant continu.
• Lorsque Ω est borné toutes les injections précédentes (en remplaçant IRN par Ω)
restent valables. Notons que dans ce cas l’inégalité de Sobolev devient kukLp∗ ≤
CkukW 1,p .

Un cadre général des injections précédentes est fourni par le théorème suivant.

Théorème 1.8 Soit Ω un ouvert régulier de IRN , soient m ≥ 1 et p ∈ [1, +∞[. On


a:

1 m 1 1 m
• Si p
− N
> 0 alors W m,p (Ω) ,→ Lq (Ω) pour q
= p
− N

1 m
• Si p
− N
= 0 alors W m,p (Ω) ,→ Lq (Ω) pour q ∈ [p, +∞[ (mais pas dans

L∞ si p > 1).

• Si p1 − N
m
< 0 alors W m,p (Ω) ,→ L∞ (Ω) ; dans ce cas si m − Np > 0 n’est pas entier
 
m,p k N
alors W (Ω) ⊂ C (Ω) avec k := m − p .
24 Préliminaires

Sans l’hypothèse de régularité de Ω, les injections précédentes restent valables lo-


calement. Elles restent globalement vraies pour W0m,p (Ω).

Un résultat particulièrement important est le théorème de Rellich-Kondrachov, qui


concerne l’injection compacte des espaces de Sobolev W 1,p (Ω) dans certains espaces
Lq (Ω).
On a besoin de la définition suivante.

Définition 1.6 (Opérateur compact) Soient E, F deux espaces de Banach et A : E →


F un opérateur continu (pas forcément linéaire). On dit que A est un opérateur compact
si l’image de tout borné de E par A est relativement compacte dans F . En d’autres
termes, si {un }n ⊂ E est une suite bornée, alors la suite {vn = A(un )}n ⊂ F admet
une sous-suite convergente dans F .

Dans le cas où E ⊂ F , on peut considérer l’application identité I de E dans F . Il


est clair que I est injective. Si I est continue, on dit que l’injection de E dans F est
continue et on note E ,→ F . Si en plus, I est compacte, on dit alors que l’injection de
E dans F est compacte et on note E ,→,→ F .

Le théorème suivant concerne la compacité de l’injection des espaces de Sobo-


lev dans certains espaces Lq . Il est d’une grande importance dans l’application des
méthodes variationnelles.

Théorème 1.9 (Rellich-Kondrachov) Soit Ω un domaine bornée de classe C 1 , on


a les injections compactes suivantes :
• Si p < N , alors W 1,p (Ω) ,→,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [1, p∗ [ avec 1
p∗
= 1
p
− 1
N
.
• Si p = N , alors W 1,p (Ω) ,→,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [1, +∞[.
• Si p > N , alors W 1,p (Ω) ,→,→ C(Ω).
Préliminaires 25

Remarque 1.3 Les injections précédentes sont vraies pour W01,p (Ω) seulement si Ω
est borné.

Remarque 1.4
• Pour le cas q = p∗ , l’injection n’est pas compacte, ce défaut est dû à l’invariance

de la norme du gradient dans Lp et la norme de u dans Lp par le changement
p∗
de variable suivant : v 7→ v1 , où v1 (x) = µ− p v( µx ), µ > 0.
• Si Ω n’est pas borné alors l’injection de W01,p (Ω) dans Lq (Ω) n’est en général pas
compacte ; comme le démontre le contre exemple suivant : Soit φ ∈ C0∞ (IRN ) telle
que φ ≥ 0, on pose φn (x) = φ(x + ne), e = (1, 1, 1..., 1), il est facile de voir que
φn → 0 p.p et ||φn ||Lq = ||φ||Lq > 0.
26 Préliminaires

1.1 Exercices

Exercice 1
Soient (E, A, µ) un espace mesuré et f, g deux fonctions mesurables positives de E dans
IR+ telles que f g ≥ 1.
Montrer que
Z Z
f dµ gdµ ≥ µ(E)2 .
E E

Exercice 2
Soit {fn }n une suite de Lp (E, A, µ) ∩ Lq (E, A, µ) avec p, q ∈ [1, ∞) et p 6= q . On
suppose que fn → 0 dans Lp quand n → ∞ et que {fn }n est une suite de Cauchy dans
Lq . Montrer que fn → 0 dans Lq quand n → ∞.

Exercice 3
Soient (X, A, µ) un espace de probabilité (µ(X) = 1) et f : X → IR+ une fonction
mesurable positive (f ≥ 0) telle que f ∈ L1 (X). Soit l’ensembre A = {x ∈ X : f (x) >
0}.

1. En utilisant l’inégalité de Hölder, montrer que si µ(A) < 1,


Z  p1
p
f dµ → 0 si p → 0.
X

2. Etablir que
Z
lim f p dµ = µ(A).
p→0 X
p p log(f (x))
(indication : si x ∈ A : f (x) = e ).

3. On suppose maintenant que f > 0 sur X( toujours ∈ L1 (X)).

Montrer que
fp − 1
Z Z
lim dµ = log(f )dµ.
p→0 X p X
Préliminaires 27

(indication : utiliser l’inégalité suivante : ∀p ∈ (0, 1), ∀a > 0 on a

|ap − 1|
≤ a + | log a|.
p

Exercice 4
Soit (X, M, µ) un espace mesuré où µ est une mesure positive. On considère f : X → IR
une fonction mesurable telle que µ{x ∈ X, f (x) 6= 0} > 0.
R
Pour p ∈ [1, ∞[, on pose φ(p) = X |f |p dµ et J = {p ∈ [1, ∞[, φ(p) < ∞}.
1-Montrer que J est un ensemble convexe.
2-Montrer que φ est strictement positive sur J et que ln(φ(p)) est une fonction convexe
sur J.
3-On suppose qu’il existe r0 ∈ [1, ∞[ tel que f ∈ Lr0 (µ)∩L∞ (µ). Montrer que f ∈ Lp (µ)
pour p ∈ [r0 , ∞].
4-On suppose qu’il existe r0 ∈ [1, ∞[ tel que f ∈ Lp (µ) pour p ∈ [r0 , ∞[. Montrer que
/ L∞ (µ) on a limp→∞ ||f ||Lp = ∞.
si f ∈

Exercice 5
1
Rx
Soit p ∈ (1, ∞) et f ∈ Lp (0, ∞). Pour x ∈ (0, ∞), on pose F (x) = x 0
f (t)dt.
On suppose que f ∈ C0 (0, ∞)(c’est-à-dire que f est continue et à support compact
dans (0, ∞)),
(a) Montrer F ∈ C 1 (]0, ∞[) ∩ Lp (0, ∞) et que xF 0 (x) = −F (x) + f (x) pour tout x > 0.
(b) On suppose, dans cette question, que f (x) ≥ 0 pour tout x ∈]0, ∞[. Montrer que
Z ∞ Z ∞
p p
F (x)dx = F p−1 f (x)dx
0 p − 1 0

(faire une intégration par parties)


p
(c) Montrer que ||F ||Lp ≤ p−1
||f ||Lp .

Exercice 6
Soit ]a, b[ un intervalle de IR avec −∞ < a < b < +∞ et φ ∈ C 1 [a, b].
28 Préliminaires

1- Montrer qu’il existe une constante C > 0 indépendante de φ telle que

∀t ∈]a, b[, |φ(t)| ≤ C(||φ||L2 + ||φ0 ||L2 ).

En déduire que H 1 (]a, b[) ,→ L∞ (]a, b[) et que l’injection est continue(on pourra ad-
mettre la densité de C 1 [a, b] dans H 1 (]a, b[)).
2-Choisir un example de fonction de type u(x) = (− log |x|)α (α ∈ IR à déterminer )
pour prouver que l’injection de H 1 (B) dans L∞ (B) est fausse en dimension deux, ici
R1 1
B = B(0, 21 ). ( On Rappelle que 02 dr < ∞ ssi β > 1.)
r| log r|β
3- Soit D une partie bornée de H 1 (]a, b[), montrer qu’il existe une constante C > 0 qui
ne dépend que de D telle que :
1
∀φ ∈ D, ∀t, t0 ∈]a, b[, |φ(t) − φ(t0 )| ≤ C|t − t0 | 2 .

4-En déduire que l’injection de H 1 (]a, b[) dans L∞ (]a, b[) est compacte (on utilisera le
Théorème d’Ascoli : de toute suite bornée et équicontinue dans C[a, b], on peut extraire
une sous-suite convergente).

Exercice 7 :(Inégalité de Pincaré-Wirtinger )


Soit I =]a, b[ un intervalle borné de R. On fixe 1 ≤ p < ∞ et on considère

 Z b 
1,p
V := u ∈ W (I) tel que u=0 .
a

1- Monter que V est un espace de Banach par rapport à k · kW 1,p (I) .


2- Montrer qu’il existe une constante C > 0 tel que

0
(∀u ∈ V ) kukLp (I) ≤ C ku kLp (I) .

3- Que puisse t-on dire sur :

ρ :V −→ R
0
v 7−→ ρ(v) = kv kLp (I) .

4- Montrer que W 1,p (I) = R̃ ⊕ V.


Préliminaires 29

(Ici la notation R̃ désigne l’ensemble des fonctions constantes de I 7→ R.)


5- Déduire ?

Exercice 8
Soit (a, b) ⊂ IR tel que |a|, |b| < ∞. Pour C ∈ IR, on définit l’espace V par
 
1,2
VC (a, b) = u ∈ W (a, b) tel que u(1) = C u(0) .

1-Montrer que VC (a, b) est un sous-espace vectoriel fermé de W 1,2 (a, b).
2-On suppose que C = 0. Montrer qu’il existe une constante M > 0 telle que ∀u ∈
V0 (a, b), on a
||u||∞ ≤ M ||u0 ||L2 (a,b) .

3-Déduire que ||u0 ||L2 (a,b) est une norme sur V0 (a, b) équivalente à la norme induite par
W 1,2 (a, b).

4-L’affirmation de la question 3 est-elle vraie dans l’espace V1 (a, b) ?

Exercice 9
1-Soit u ∈ W 1,p (IR), montrer que pour tout p > 1,

|u(x)|p ≤ p||u||pp−1 ||u0 ||p p.p pour x ∈ IR.

(on peut utiliser la densité de C0∞ (IR) dans W 1,p (IR) et que la fonction G(s) = |s|p−1 s
est de classe C 1 pour tout p > 1.)
2-Déduire que u ∈ L∞ (IR) et que

||u||∞ ≤ C||u||W 1,p

où C est une constante universelle (indépendante de p).

Exercice 10
30 Préliminaires
Rx
1. Soit g ∈ L1 (0, 1). On pose w(x) = 0
g(t)dt. Montrer que w ∈ C 0 [0, 1] et que sa
dérivée au sens des distributions, est w0 = g.
a). Montrer que, si de plus g ∈ Lp (0, 1) avec 1 < p < +∞, alors w ∈ C 0,α ([0, 1]) avec
α = 1 − p1 . On rappelle que, pour 0 < α < 1,

C 0,α ([0, 1]) = {f ∈ C 0 ([0, 1]), tel que ∀x, y ∈ [0, 1], |f (x) − f (y)| ≤ C|x − y|α }.

b). Montrer que, si g ∈ Lp (0, 1), alors w ∈ C 0,1 [0, 1], espace des fonctions uniformément
lipschitziennes sur [0, 1].
1
2. Déduire que si u ∈ W 1,p (0, 1), alors u ∈ C 0,1− p [0, 1], si 1 < p < ∞, et u ∈ C 0,1 [0, 1],
si p = ∞.
3. Montrer que l’injection canonique, de W 1,p (0, 1) dans C 0 [0, 1], est continue.

Exercice 11
On considère Ω un ouvert de RN (N ≥ 1). Soit f ∈ Lp (Ω) (1 < p < ∞) tel que :
n→∞
1)(∃{un }n∈N ⊂ W 1,p (Ω))
Z kun − f kLp (Ω) −−−→ 0,
2) (∃C > 0) (∀n ∈ N) |∇un |p dx ≤ C < ∞.

Montrer que f ∈ W 1,p (Ω) ?

Exercice 12
On considère Ω un domaine borné de classe C 1 et p ∈ [1, N [. Supposons qu’il existe
une constante C > 0 tel que

(∀φ ∈ C0∞ (RN )) kϕkLq (RN ) ≤ C k∇ϕkLp (RN )

1. Montrer que q = p∗ ?
2. Déduire qu’on a

(∃C > 0) (∀u ∈ W 1,p (Ω)) kukLp∗ (Ω) ≤ C kukW 1,p (Ω) .

Exercice 13
31

A-Soit u : IRN → IR, N ≥ 3, une fonction radiale de classe C 2 (IRN ) (u(x) ≡ u(r),
r = |x|).
1-Donner l’expression de ∆u en coordonnées hypersphériques.
1 1
2-Pour n ≥ 1, on pose un (x) = 1 α
= 1 où α ∈ (0, N − 2). Montrer que
( n + |x|) ( n + r)α

un (x)
−∆un ≥ C(α, N ) où C(α, N ) > 0 dépend seulement de α et de N.
(|x| + n1 )2

B- Soit Ω ⊂ IRN un domaine borné de IRN et


 
2 2
φ ∈ C0 (Ω̄) ≡ φ ∈ C (Ω̄) et φ ≡ 0 sur ∂Ω .

φ2
1-Montrer que est bien définie dans Ω̄ et que
un
 2    2
φ φ φ
∇ =2 ∇φ − ∇un .
un un u2n

2- En appliquant la formule de Green (la formule d’intégration par parties), montrer


que
φ2 φ2
Z Z
(−∆un )( )dx = ∇un ∇( )dx.
Ω un Ω un
Z Z
3-Prouver que fn (x)φ2 dx ≤ |∇φ|2 dx où fn est une fonction à déterminer.
Ω Ω
4-Montrer qu’il existe une constante C ≡ C(Ω, N, α) > 0 tel que ∀x ∈ Ω, ∀n ≥ 1 on a
fn (x) ≥ C et déduire que
Z Z
2
C φ dx ≤ |∇φ|2 dx (Inégalité de Poincaré.)
Ω Ω
32 Problèmes de minimization
Chapitre 2

Problèmes de minimization

Dans beaucoup de problèmes liés à la physiques ou bien à la géometrie, la résolution


revient à trouver le minimum (ou le maximum) d’une certaine quantité : longueur,
surface, énergie, charge, coût, etc.
On peut citer quelques exemples célèbres qui ont conduit à la création du calcul
variationnel moderne :
1- Le brachistochrone. En 1696 J. Bernoulli a proposé le problème suivant : trouver
entre toutes les courbes qui unissent deux points donnés, celle où un corps donné
descendrait le plus rapidement.

2-Le principe de Fermat : La lumière se propage d’un point à un autre sur des
trajectoires telles que la durée du parcours soit minimale, c’est aussi un problème de
minimisation d’une fonctionnelle.

3-Surface minimale : Si Ω est un ouvert connexe de IRN et g une fonction définie


sur ∂Ω, alors on cherche une fonction définie dans Ω qui prend la valeur g sur le bord
et dont le graphique a une surface minimale.
D’où la nécessité d’étudier un problème plus général qu’on peut formuler de la
¯ le problème qui nous
manière suivante : Soit E un espace de Banach et J : E → IR,

33
34 Problèmes de minimization

intéresse revient à chercher u ∈ E telle que

J(u) = min J(x).


x∈E

Ce problème de minimisation soulève les questions suivantes :


1-L’existence de minimum dans l’espace E.
2-L’unicité du minimum et ses propriétés (régularité).
Il est clair que si J est suffisament regulière et si J réalise son minimum global dans
X, alors J 0 (u) = 0. (c’est l’équation d’Euler-Lagrange de la fonctionnelle J).

2.1 Approche générale


¯ une fonctionnelle, bornée
Soit E un espace de Banach réflexif et J : E → IR
inferieurement sur E. Alors il existe une constante C telle que J(x) > C pour tout
x ∈ E. On pose
M = inf J(x).
E

Par défintion, on obtient l’existence d’une suite ”minimisante” {xn }n ⊂ E telle que
J(xn ) → M quand n → ∞.
L’existence d’un minimum pour J revient à analyser la ”compacité” de la suite
{xn }n .
Comme dans le cas de dimension finie, nous avons besoin d’une propriété de semi-
continuité inférieure dans une topologie bien choisie pour montrer l’existence d’un
minimum.
Pour commencer, on suppose que E est une espace de Banach réflexif (alors toute
suite bornée est relativement compacte par rapport à la topologie de la convergence
faible).
Pour passer à la limite, on aura besoin de la définition suivante.

Définition 2.1 (Fonction faiblement semi continue inférieurement (faib.s.c.i).)


Soit J une fonction définie sur un espace de Banach E, à valeurs dans R. J est dite
Problèmes de minimization 35

faiblement semi continue inférieurement (faib.s.c.i.) en x si, pour toute suite {xn }n qui
converge faiblment vers x, on a :

J(x) ≤ lim J(xn ).


n→∞

Notons que J est (faib.s.c.i) ssi pour tout λ ∈ IR, l’ensemble B = {x ∈ E|f (x) ≤ λ}
est faiblement fermé dans E.
Notons aussi que si J est convexe et semi continue inferieurement, alors J est
(faib.s.c.i)

Définition 2.2 (Fonction coercive.) Une fonctionnelle J définie sur un espace de


Banach E est dite coercive si il existe deux constantes α > 0 et β ∈ IR telles que

J(x) ≥ α||x||E + β.

Il est évident de voir que si J est coercive, elle est bornée inférieurement et chaque
suite minimisante est bornée.

Définition 2.3 (Point critique.) Soient E un espace de Banach et V ⊂ E un ou-


vert. On suppose que J : V → IR est de classe C 1 sur V . On dit que u0 ∈ V est un
point critique de J, si J 0 (u0 ) = 0. Dans ce cas c0 = J(u0 ) est dite valeur critique de J.
Si u0 n’est pas un point critique, on dit que u0 est un point régulier de J et c0 une
valeur régulière de J.

Notons qu’un point extrémal, (un point où la fonctionnelle J atteint soit un minimum
local ou global soit un maximum local ou global), est un exemple de point critique
d’une fonctionnelle J.
Si E est un espace fonctionnel, en général l’équation J 0 (u) = 0 correspond à une
équation aux dérivées partielles, dans ce cas, J 0 (u0 ) = 0 est l’équation d’Euler satisfaite
par u0 .

On est en mesure d’énoncer le résultat principal.


36 Problèmes de minimization

Théorème 2.1 Soient E est un espace de Banach réflexif, et J : E → R ∪ {+∞} une


fonction
coercive faiblement
semi-continue inférieurement sur E.

Alors inf u∈E J(u)| < ∞ et il existe u0 ∈ E, tel que J(u0 ) = minu∈E J(u). De plus si
J est strictement convexe, u0 est unique. Si J est differentiable au sense de Gateaux,
alors J 0 (u0 ) = 0.

Preuve. On pose
M = inf J(x),
E

comme J est coercive, alors |M | < ∞. Soit {xn }n une suite minimisante, il est clair
(par corecivité) que {xn }n est bornée dans E. Rappelons que E est réflexif, on obtient
l’existence d’une sous suite de {xn }n , {xnj } telle que xnj * u faiblement dans E.
Commme J est faib.s.c.i, alors

M ≤ J(u) ≤ lim J(xnj ) = M.


n→∞

Donc J(u) = M .
On suppose maintenant que J est strictement convexe. Si u1 , u2 son deux minimums
de J avec u1 6= u2 , on obtient


M ≤ J λu1 + (1 − λ)u2 < λJ(u1 ) + (1 − λ)J(u2 ) = M,

contradiction. Donc u1 = u2 . Si de plus J est differentiable au sense de Gateaux, alors


trivialement J 0 (u0 ) = 0.
Problèmes de minimization 37

2.1.1 Problèmes elliptiques et la notion de la solution faible.

Soit Ω un domaine borné de IRN , pour u ∈ W01,2 (Ω), on peut considérer la forme
linéaire continue −∆u sur W01,2 (Ω) définie par
Z
h−∆u, vi ≡ ∇u ∇v dx.

0
Clairement −∆u ∈ (W01,2 (Ω)) =W −1,2
et || − ∆u||W −1,2 = ||u||W 1,2 .
0

Comme conséquence, on a la définition suivante

Définition 2.4 Soit f ∈ W −1,2 (Ω), on dit que u ∈ W01,2 (Ω) est une solution faible du
problème 
 −∆ u = f dans Ω,
(2.1.1)
 u(x) = 0 sur ∂Ω,
si Z
∇u ∇φ dx = hf, φi ∀ φ ∈ W01,2 (Ω).

D’après le Théorème de Lax-Milgram, il existe une soution unique u0 du problème


(2.1.1). De plus, si on pose
Z
1
J(u) = |∇u|2 dx − hf, ui,
2 Ω

la fonctionnelle d’energie associée au problème (2.1.1), alors

J(u0 ) = min
1,2
J(u).
W0 (Ω)

En tenant compte du fait que le Théorème de Lax-Milgram s’applique uniquement au


cas linéaire, la technique de minimisation est plus générale, et on peut l’appliquer à
des opérateurs non linéaires.
L’exemple simple est l’opérateur le p − laplacien défini dans W01,p (Ω).
Soit p > 1 et Ω un ouvert borné de IRN , pour u ∈ W01,p (Ω), on considère la forme
linéaire continue −∆p u sur W01,p (Ω) définie par
Z
h−∆p u, vi ≡ |∇u|p−2 ∇u ∇v dx.

0 0
On alors −∆p u ∈ (W01,p (Ω)) = W −1,p et || − ∆p u||W −1,p0 = ||u||W 1,p .
0
38 Problèmes de minimization

0
Définition 2.5 Soit f ∈ W −1,p , on dit que u ∈ W01,p (Ω) est une solution faible du
problème 
 −∆ u = f dans Ω,
p
(2.1.2)
 u(x) = 0 sur ∂Ω,
si et seulement si
Z
|∇u|p−2 ∇u ∇φ dx = hf, φiW −1,p0 (Ω),W 1,p (Ω) ∀ φ ∈ W01,p (Ω).
0

Pour simplifier la notation, on pose

hf, φi ≡ hf, φiW −1,p0 (Ω),W 1,p (Ω) .


0

Comme dans le cas p = 2, on definit la fonctionnelle d’énergie associée au problème


(2.1.2) par Z
1
J(u) = |∇u|p dx − hf, ui.
p Ω

On remarque que J est bien definie sur W01,p (Ω) et que J ∈ C 1 (W01,p (Ω), IR). Comme
1 < p < ∞, alors W01,p (Ω) est réflexif.
Soit M = inf u∈W 1,p (Ω) J(u), alors on a le résultat suivant.
0

Théorème 2.2 Soient Ω est un domaine borné dans RN et p ∈]1, ∞[. On suppose que
0
f ∈ W −1,p (Ω), alors il existe une solution faible unique u ∈ W01,p (Ω) du problème

 −∆ u = f dans Ω,
p
(2.1.3)
 u = 0 si ∂Ω.

Pour la preuve on va utiliser le lemme suivant.

Lemme 2.1.1 (Exercice) Soient ξ1 , ξ2 ∈ IRN , on a


1) Si p ≤ 2,
|ξ1 + ξ2 |p − |ξ1 |p − p|ξ1 |p−2 hξ1 , ξ2 i ≤ C(p)|ξ2 |p , (2.1.4)

p p p−2 |ξ2 − ξ1 |2
|ξ2 | − |ξ1 | − p|ξ1 | hξ1 , ξ2 − ξ1 i ≥ C(p) . (2.1.5)
(|ξ2 | + |ξ1 |)2−p
Problèmes de minimization 39

2) Si p > 2,

p(p − 1)
|ξ1 + ξ2 |p − |ξ1 |p − p|ξ1 |p−2 hξ1 , ξ2 i ≤ (|ξ1 | + |ξ2 |)p−2 |ξ2 |2 , (2.1.6)
2

C(p)
|ξ2 |p − |ξ1 |p − p|ξ1 |p−2 hξ1 , ξ2 − ξ1 i ≥ p
|ξ2 − ξ1 |p . (2.1.7)
2 −1

Preuve du Théorème 2.2.

On va appliquer le Théorème 2.1 à notre fonctionnelle J.


(i) J est coercive
Z
1
J(u) = |∇u|p dx − hf, φi
p Ω
1
≥ k∇ukpp − ckf kW −1,p0 (Ω) k∇ukp ,
p
1
≥ kukpW 1,p (Ω) − CkukW 1,p (Ω) ,
p 0 0

≥ αkukW 1,p (Ω) − C.


0

Donc J est coercive.


(ii) J est faib.s.c.i sur W01,p (Ω).
Soit {un } ⊂ W01,p (Ω) tel que un * u0 faiblement dans W01,p (Ω), alors

1 1
ku0 kpW 1,p (Ω) ≤ lim inf kun kpW 1,p (Ω) ,
p 0 n→∞ p 0

et
hf, u0 i = lim hf, un i.
n→∞

Comme conclusion en obtient que


 
1 1
ku0 kpW 1,p (Ω) − hf, u0 i ≤ lim inf p
kun kW 1,p (Ω) − hf, un i .
p 0 n→∞ p 0

i.e.,
J(u0 ) ≤ lim inf inf J(un ).
n→∞
40 Problèmes de minimization

Par conséquence J est faib.s.c.i sur W01,p (Ω).


D’après le Théorème 2.1, il existe u0 ∈ W01,p (Ω) telle que M = J(u0 ). Il est facile de
voir que Z
0
hJ (u0 ), vi = |∇u|p−2 ∇u ∇ϕ dx − hf, u0 i = 0

0
Comme J (u0 ) = 0, on conclut que u0 est une solution faible du problème (2.1.3).
(iii) u0 est unique.
Supposons u et v ∈ W01,p (Ω) deux solution de (2.1.3), donc

−∆p u + ∆p v = 0,

et par conséquence
Z
(−∆p u + ∆p v)(u − v) dx = 0,
ZΩ
⇒ (|∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v)(∇u − ∇v) dx = 0,

Si p > 2, D’après l’inégalité (2.1.7) on obtient que


Z
|∇(u − v)|p dx = 0.

Donc u = v.
Si p < 2, d’après l’inégalité (2.1.4) on obtient que
|∇u − ∇v|2
Z
2−p
dx = 0.
Ω (|∇u| + |∇v|)

Donc ∇u = ∇v p.p dans Ω et par conséquence u − v = p.p dans Ω. Comme u − v ∈


W01,p (Ω) et Ω est un connexe, on déduit que u = v.

pN
Remarque 2.1 Si Ω est un domaine borné et f ∈ Lσ (Ω) avec σ ≥ (p−1)N +p
, alors par
−1,p0
l’inégalité de Sobolev on obtient que f ∈ W (Ω) et
Z
hf, ui = f u dx.

pN
Donc si f ∈ Lσ (Ω) avec σ ≥ (p−1)N +p
, le problème (2.1.3) admet une solution unique
u0 ∈ W01,p (Ω).
Problèmes de minimization 41

XXXX
La prochaı̂ne inégalité est dûe à T.Kato, elle est souvent utilisé pour démontrer
des estimations a priori des EDP elliptiques, nous donnerons un énoncé général de cet
inégalité.

Proposition 2.1 Soit u ∈ W01,p (Ω) et H ∈ C(IR) une fonction concave croissante
telle que H(u) ∈ W01,p (Ω), alors

−∆p (H(u)) ≥ (H 0 (u))p−1 (−∆p u)

au sense que pour toute fonction positive ou nulle v ∈ W01,p (Ω), on a


Z Z
p−2
|∇H(u)| ∇H(u)∇vdx ≥ (H 0 (u))p−1 |∇u|p−2 ∇u∇vdx.
Ω Ω

Il est particulièrement important de connaı̂tre le prochaı̂ne resultat de compacité.

Proposition 2.2 Considérons 1 < p < ∞. Soit {un }n ⊂ W01,p (Ω) une suite croissante
bornée dans W01,p (Ω) telle que −∆p un ≥ 0. Alors il existe u ∈ W01,p (Ω) telle que un → u
fortement dans W01,p (Ω).

Preuve : La monotonie et la bornitude de la suite {un }n entraı̂ne l’existence d’un


u ∈ W01,p (Ω) telle que un ↑ u p.p. dans Ω et un * u faiblement dans W01,p (Ω). Noter
que u − un ≥ 0 et comme −∆p un ≥ 0, il découle que
Z
(−∆p un )(u − un )dx ≥ 0.

Ensuite, en utilisant l’inégalité de Young,

p−1
Z Z Z Z
p p−2 1 p
|∇un | dx ≤ |∇un | ∇un ∇udx ≤ |∇u| dx + |∇un |p dx.
Ω Ω p Ω p Ω
Z Z
D’où |∇un |p dx ≤ |∇u|p dx. Comme W01,p (Ω) est un espace reflexif on déduit que
Z Ω Z Ω
p
|∇un | dx → |∇u|p dx quand n → ∞ et par conséquence un → u fortement dans
Ω Ω
W01,p (Ω).

XXX
42 Problèmes de minimization

2.2 Propriétés spectrales des opérateurs elliptiques


linéaires
Rappelons maintenant quelques propriétés spectrales des opérateurs elliptiques.
Par soucis de simplifier la présentation on considère l’opérateur L défini sur W01,2 (Ω)
par
L(u) = −∆u + a(x)u,

où a ∈ L∞ (Ω) et a ≥ 0 p.p dans Ω.

Définition 2.6 On dit que λ ∈ IR est une valeur propre de L s’il existe φ ∈ W01,2 (Ω)\{0}
telle que L(φ) = λφ dans Ω.

Ainsi φ est une solution non triviale du problème



 −∆ φ + a(x)φ = λφ dans Ω,
 φ = 0 sur ∂Ω.

Par la compacité de l’opérateur L, on peut prouver le résultat suivant.

Théorème 2.3 Soit Ω ⊂ IRN un domaine borné et a ∈ L∞ (Ω) avec a ≥ 0 p.p dans Ω.
Alors il existe des suites {λk }n ⊂ IR et {φk }k ⊂ W01,2 (Ω) telles que
1) Chaque λk est une valeur propre de L et chaque φk est la fonction propre associée.
2) {λk }k est une suite croissante en k (en prenant en compte la multiplicité) et
lim λk = +∞.
k→∞
3) {φk }k est une base orthonormale de L2 (Ω), φk ∈ L∞ (Ω) et φk 6= 0 pour tout
k ∈ IN ∗ .

Théorème 2.4 (Caractérisation variationnelle des valeurs propres) Soit a ∈ L∞ (Ω)


avec a ≥ 0 p.p dans Ω. Pour u ∈ W01,2 (Ω), on pose
Z Z
2
|∇u| dx + a(x)u2 dx
Q(u) = Ω Z Ω
,
2
u dx

Problèmes de minimization 43

Q est dite le quotient de Rayleigh, soit

λ1 = inf Q(u),
{u∈W01,2 (Ω)}

alors λ1 > 0, et λ1 est la plus petite valeur propre de L. On note E1 l’espace propre
associé a λ1 , alors dim E1 = 1 et si φ1 est une fonction propre associée a λ1 , alors φ1
a un signe constant.

Par récurrence, on définit

λn = inf Q(u),
{uW01,2 (Ω):u⊥Ek ∀k<n}

où l’orthogonalité est prise au sens de L2 (Ω).


Alors λn est une valeur propre de L, λn ≤ λn+1 et {λn }n defini ainsi sont les seules
valeurs propre de L.

N
Remarque 2.2 On a la généralisation suivante : Soit h ∈ Lσ (Ω) pour σ > 2
avec
h 0, considérons le problème de valeurs propres avec poids suivant

 −∆ φ + a(x)φ = λh(x) φ dans Ω,
 φ = 0 sur ∂Ω.

Pour u ∈ W01,2 (Ω), on pose


Z Z
2
|∇u| dx + a(x)u2 dx
Ω Ω
Qh (u) = Z ,
2
h(x) u dx

Il est clair que Qh est bien définie dans W01,2 (Ω). Comme dans le cas où h = 1, on
définit
λ1 = inf Qh (u),
{u∈W01,2 (Ω)}

alors λ1 > 0, et λ1 est la plus petite valeur propre de L. On note E1 l’espace propre
associé a λ1 , alors dim E1 = 1 et si φ1 est une fonction propre associée a λ1 , alors φ1
a un signe constant.
44 Problèmes de minimization

De plus, si
λn = inf Qh (u),
{uW01,2 (Ω):u⊥Ek ∀k<n}

où l’orthogonalité est prise au sens de L2 (Ω).


Alors λn est une valeur propre de L, λn ≤ λn+1 et les {λn }n definies ainsi sont les
seules valeurs propre de L.

Comme application directe, on a le résultat principal, qui peut être considéré comme
conséquence de l’alternative de Fredholm.

Théorème 2.5 Soit h ∈ L2 (Ω), on considère le problème suivant



 −∆ u + a(x)u = λ u + h dans Ω,
(2.2.1)
 u = 0 sur ∂Ω.

alors
1) Si λ n’est pas une valeur propre, le problème (2.2.1) admet une solution unique
dans W01,2 (Ω).
2) Si λ = λk est une valeur propre alors le problème (2.2.1) admet une solution ssi
h⊥φ pour tout φ ∈ Ek . Dans ce cas la solution générale de (2.2.1) est de la forme
u = u0 + φ ou u0 est une solution fixée de (2.2.1) et φ est une fonction propre de
L associée à la valeur propre λk .

2.3 Régularité elliptique


La théorie de la régularité pour des solutions faibles des équations elliptiques sous
forme divergentielle, est l’un des avancements les plus important des mathématiques
du vingtième siècle.
Le travail de De Giorgi en 1957, était presque simultané à celui de Nash en 1958.
Un peu plus tard, les travaux de Moser apparaissent avec un argument différent de
celui de De Giorgi : L’argument de De Giorgi est basé sur la mesure des ensembles
Problèmes de minimization 45

de niveaux, tandis que Moser utilise des fonctions test non linéaires pour obtenir des
estimations a priori.
Un avancement trés imortant a été réalisé par Stampacchia (voir [30]), Ladyzhenskaya-
Ural’tseva [18] et Serrin [31].
Pour simplifier la présentation on considère l’opérateur L = −∆.
L’ideé de base est que la solution d’une équation elliptique linéaire du second ordre
gagne deux dérivées par rapport au second membre de l’équation.
2N
Soit h ∈ Λσ (Ω) avec σ ≥ N +2
, d’aprés l’inegalité de Sobolev, on déduit que h ∈
W −1,2 (Ω), le dual de W01,2 (Ω). Par le Théorème de Lax-Milgram il existe une solution
faible unique u du problème

 −∆ u = h dans Ω,
(2.3.1)
 u = 0 sur ∂Ω.

On commence par le résultat classique dû à Calderón-Zygmund.

Théorème 2.6 Soit u une solution faible de (2.3.1), alors

1. Si h ∈ Lm (Ω), m > N
2
, alors u ∈ W01,2 (Ω) ∩ L∞ (Ω) ;

2N N ∗∗
2. Si h ∈ Lm (Ω), ≤ m < , alors u ∈ W01,2 (Ω) ∩ Lms (Ω), m∗∗
s =
N + 2s 2s
mN
.
N − 2ms
Dans tous les cas on a u ∈ W 2,m (Ω) et

||u||W 2,m (Ω) ≤ C||h||Lm (Ω) .

Pour la preuve on va utiliser le résultat d’itération numérique suivant (dont la


preuve peut être consultée dans [33]).

Lemme 2.1 Soit ψ : IR+ → IR+ une fonction croissante (au sens large) telle que
M ψ(k)δ
ψ(h) ≤ , ∀h > k > 0,
(h − k)γ
δγ
avec M > 0, δ > 1 et γ > 0. Alors ψ(d) = 0, ou dγ = M ψ(0)δ−1 2 δ−1 .
46 Problèmes de minimization

Démonstration du Théorème 2.6


N
Prouvons le premier cas. Supposons que h ∈ Lm (Ω), m > 2
, en utilisant Gk u
comme fonction test dans (2.3.1), ou pour k > 0,

Gk (σ) = σ − Tk (σ) et Tk (σ) = min{k, σ}, (2.3.2)

il découle que Z Z
2
|∇Gk u(x)| dx ≤ h Gk u(x) dx.
Ω Ω

Soit Ak = {x ∈ Ω : u ≥ k} ; par l’inégalité de Sobolev, il résulte que


Z
−2 2
S kGk (v)kL2∗ (Ω) ≤ h Gk (u(x))dx.
Ak

Par l’inégalité de Hölder,


Z
1 1
h Gk (u(x))dx ≤ khkLm (Ω) kGk (v)kL2∗ (Ω) |Ak |1− 2∗ − m .



Ak

Donc
1 1
kGk (u)kL2∗ (Ω) ≤ S 2−1 khkLm (Ω) |Ak |1− 2∗ − m .

D’autre part, puisque Ω est borné, il existe une constante c > 0 telle que kGk (u)kL2∗ (Ω) ≥
ckGk (u)kL2∗ (Ω) .
Donc pour tout z > k, on a Az ⊂ Ak et Gk (s)χAz ≥ (z − k), d’où
1 S2 1 1
(z − k)|Az | 2∗ ≤ khkLm (Ω) |Ak |1− 2∗ − m .
c
Comme conclusion, il résulte que
2∗ ∗ ∗ (1− 1 − 1 )
S2 kf k2Lm (Ω) |Ak |2 2∗ m
|Az | ≤ ∗ .
(c)2 (z − k)2∗
Par conséquent, nous appliquons Lemme 2.1 avec ψ(s) = |As |, et par le fait que
 1 1
2∗ 1 − ∗ − > 1,
2 m
N
en tenant compte que m > 2s
. Alors il existe k0 telle que ψ(k) ≡ 0 pour tout k ≥ k0 ,
donc sup |u| ≤ k0 .

Problèmes de minimization 47

2N N
Pour traiter le cas général h ∈ Lm (Ω) où
≤ m < , on considère une
N + 2s 2s
approximation adéquate de uα comme fonction test dans (2.3.1) (α est choisi
suivant la régularité de h) et on aplique les inégalités de Hölder et de Sobolev.

Pour le troisième point on renvoit le lecteur à [16].

Dans le cas où h ∈ W k,p (Ω), on a le résultat suivant.

Théorème 2.7 Soit k ≥ 1, p ∈ (1, ∞) et Ω un ouvert borné de classe C k+2 . Supposons


que h ∈ W k,p (Ω) et soit u ∈ W01,2 (Ω) l’unique solution de (2.3.1), alors u ∈ W k+2,p (Ω)
et
||u||W k+2,p (Ω) ≤ C||f ||W k,p (Ω) ,

où C est indépendante de f .

Concernant la régularité supérieure (dans les espaces de Hölder C α , α ∈ (0, 1) ou


bien dans C k,α , k ∈ IN , α ∈ (0, 1)), on a besoin d’avoir plus de régularité sur h et sur le
domaine Ω.

Théorème 2.8 Soit u une solution faible de (2.3.1), alors


N
1. Si h ∈ Lm (Ω), m > 2
, alors il existe α ∈ (0, 1) tel que u ∈ C α (Ω̄) et

||u||C α (Ω̄) ≤ C||h||Lm (Ω) .

2. Supposons que Ω est un ouvert borné de classe C k+2,α avec 0 < a < 1, et h ∈
C k,α (Ω), alors u ∈ C k+2,α (Ω̄) et

||u||C k+2,α (Ω̄) ≤ C||h||C k,α (Ω̄) ,

ou C est indépendante de f .

Voir [16] pour une preuve complète.


48 Problèmes de minimization

2.4 Problèmes elliptiques non-linéaires


Notre objectif maintenant est de résoudre une classe plus grande d’EDP elliptiques
non linéaires sous la forme

 −∆ u = f (x, u) dans Ω,
p
(2.4.1)
 u = 0 sur ∂Ω.
où f est une fonction mesurable satisfaisant à des conditions qu’on va préciser ultérieurement.
La recherche d’une solution de (2.4.1) revient à chercher des points critiques d’une cer-
taine fonctionnelle d’énergie ”associée” au problème (2.4.1).

Définition 2.7 (Fonction de Carathéodory) Soit Ω un ouvert borné de RN , f une


fonction de Ω × R dans R est dite de Carathéodory, si elle vérifie :

1. L’application : R → R, t 7→ f (x, t) est continue presque partout x ∈ Ω.

2. L’application : Ω → R, x 7→ f (x, t) est mesurable pour tout t ∈ R.

On pose Z σ
F (x, σ) ≡ f (x, s)ds.
0

Pour u ∈ E, un espace fonctionnel, et on définit la fonctionnelle G par


Z
G(u) = F (x, u(x))dx.

Le résultat suivant précise sous quelles conditions la fonctionnelle G est continue et est
de classe C 1 (voir [17] pour la preuve).

Lemme 2.2 Soit f une fonction de Carathéodory. Soit 1 < p < ∞, on suppose qu’il
0
existe a ∈ Lp (Ω), b ≥ 0 tels que

|f (., σ)| ≤ a(.) + b|σ|p p.p. dans Ω et ∀σ ∈ IR.

alors G ∈ C 1 (Lp (Ω), IR) et


Z
0
hG (u), vi = f (x, u(x))v(x) dx.

Problèmes de minimization 49

2.5 Applications
Exemple 1 : Soitent Ω ⊂ IRN un domaine borné et q ∈ (0, 1). On considère le
problème semilinéaire suivant

 −∆ u = |u|q−1 u dans Ω,
p
(2.5.1)
 u = 0 si ∂Ω.

On observe que u = 0 est une solution de (2.5.1). Notre but est de prouver que (2.5.1)
admet une solution non triviale dans W01,2 (Ω). pour ce faire, on définit la fonctionelle
d’énergie
Z Z
1 2 1
J(u) = |∇u| dx − |u|q+1 dx.
2 Ω q+1 Ω

Comme q + 1 < 2, alors par l’inégalité de Hölder on obtient que


Z Z  q+1
2
q+1 2
|u| dx ≤ C(Ω) |u| dx .
Ω Ω

On utilise maintenant l’inégalité de Poincaré et on conclut que


Z Z  q+1
2
q+1 2
|u| dx ≤ C1 (Ω) |∇u| dx .
Ω Ω

Donc J est bien définie dans W01,2 (Ω) et

J(u) ≥ C2 ||u||W 1,2 (Ω) − C3 .


0

Par conséquent J est corercive et M = inf u∈W 1,2 (Ω) J(u) est fini.
0

Soit {un }n ⊂ W01,2 (Ω) une suite minimisante de M , alors J(un ) → M pour n → ∞.
Par la corercivité de J on déduit facilement que {un }n est bornée dans W01,2 (Ω). Comme
W01,2 (Ω) est un espace réflexif, il existe une sous suite de {un }n (notée aussi {un }n )
telle que un * u0 ∈ W01,2 (Ω) faiblement dans W01,2 (Ω). Par le Théorème de Rellich-
Kondrachov (voir Théorème 1.9), on déduit qu’il existe une autre sous suite (notée
toujours {un }n ) telle que

un * u0 ∈ W01,2 (Ω) faiblement dans W01,2 (Ω), un → u0 fortement dansLα (Ω) ∀α < 2∗
50 Problèmes de minimization

et un → u0 p.p dans Ω. Il vient immédiatement que


1 1
ku0 k2W 1,2 (Ω) ≤ lim inf kun k2W 1,2 (Ω) ,
2 0 n→∞ 2 0

donc  Z 
1 1
M ≤ J(u0 ) ≤ lim inf kun k2W 1,2 (Ω) − q+1
|u| dx = M.
n→∞ 2 0 q+1 Ω
i.e., J(u0 ) = M et par conséquence J 0 (u0 ) = 0. Donc u0 est une solution faible du
problème (2.5.1). Il reste à prouver que u0 6= 0. Pour cela on va montrer que M < 0.
Soit v0 ∈ W01,2 (Ω)\{0} fixé, pour t ≥ 0, on definit R(t) = J(tv0 ), alors R est
continue sur [0, ∞), R(0) = 0 et
t2 tq+1
Z Z
2
R(t) = J(u) = |∇v0 | dx − |v0 |q+1 dx.
2 Ω q+1 Ω

Comme mint≥0 R(t) = C < 0, on déduit que M < 0, d’où le résultat.

Exemple 2 : Soit maintenant le problème semilinéaire suivant

−∆u + u + |u|q−2 u = h dans IRN , (2.5.2)

où q > 1 et h ∈ L2 (IRN ). On définit la fonctionnelle J par


Z   Z Z
1 2 2
J(u) = |∇u| + u dx + H(u) dx − h(x)u(x) dx.
2 IRN IRN IRN

avec H(s) = 1q |s|q , on attire l’attention du lecteur au fait que J est bien définie dans
l’ensemble
K = W 1,2 (IRN ) ∩ Lq (IRN ).

Comme H est une fonction convexe, alors la fonctionnelle Ĥ définie dans K par Ĥ(u) =
R
IRN
H(u) dx est convexe, faib.s.c.i sur K et Ĥ ∈ C 1 (K, IR). On conclut que J ∈ C 1 est
faib. s.c.i sur K et qu’elle est coercive. On pose

M = inf J(u),
u∈K

alors d’après le Théorème 2.1, il existe u0 ∈ K tel que M = J(u0 ). Donc J 0 (u0 ) = 0,
et par suite u0 est une solution faible du problème (2.5.2). Si q ∈ [2, 2∗ ] alors K =
W 1,2 (IRN ).
Problèmes de minimization 51

Parfois et pour des raisons d’interprétation physique, on a besoin de prouver l’exis-


tence de solutions positives. Le principe du maximum suivant nous fournit un outil très
efficace pour prouver la positivité des solution dans le cas où les données sont positives.

Théorème 2.9 (Principes du Maximum) Soit Ω un ouvert borné connexe de IRN ,


on considère l’opérateur L défini par
N N
X ∂ 2 u X ∂u
L(u) = − aij + bi + cu
i,j=1
∂xij i=1
∂x i

où aij , bi , c sont des fonctions continues dans Ω̄.


On suppose que la matrice a(.) ≡ (aij ) vérifie la condition d’ellipticité suivante :
X
∃C > 0 tel que ∀ξ ∈ IRN ha(x)ξ, ξi = ai,j (x)ξi ξj ≥ C|ξ|2 p.p dans Ω.
i,j

On suppose que c ≥ 0, alors si u ∈ C 2 (Ω) ∩ C(Ω̄), vérifie Lu ≤ 0 dans Ω, on a

max u(x) ≤ max u+ (y),


x∈Ω̄ y∈∂Ω

où u+ (y) = max{u(y), 0}. De plus si u atteint un maximum positif à l’intérieur de Ω,


alors u est constante sur Ω.

Voir [16] pour la preuve.

On termine cette partie par le résultat dû a Hopf. Pour cela, on a besoin d’une
certaine régularité de la frontière de Ω.

Définition 2.8 On dit que Ω vérifie la condition de sphère intérieure si en tout point
x ∈ ∂Ω, il existe B(y, R) ⊂ Ω, une boule ouverte, telle que x ∈ B̄(y, R).

Notons que le vecteur (x − y)/R est un vecteur normal extérieur à ∂Ω en x.


On a le théorème suivant.
52 Problèmes de minimization

Théorème 2.10 (Hopf )


Supposons que Ω vérifie la condition de sphère intérieure. Soit L un opérateur el-
liptique vérifiant les conditions de principe du maximum. Soit u ∈ C 2 (Ω) ∩ C ( Ω̄) telle
que L(u) ≥ 0 dans Ω, u = 0 sur le bord de Ω et u 6= 0, alors
N
∂u X
= ni (x0 )ui (x0 ) < 0.
∂n i=1

Une version plus générale du principe de maximum est valable dans W 1,2 (Ω). La
preuve dans ce cas passe par l’inegalité de Harnack.
Pour simplifier la présentation, on suppose que bi = c = 0 et que aij ∈ C(Ω̄) verifient
la condition d’ellipticité donnée ci-dessus.

1,2
Définition 2.9 (sous et sur solution) Soit Ω un domaine de RN et u ∈ Wloc (Ω).
On dit que u est une sur(resp. sous) solution de l’equation

L(v) = 0, (2.5.3)

ssi pour tout φ ∈ W01,2 (Ω) telle que φ ≥ 0, on a


Z
ha(x) ∇u, ∇φi dx ≥ 0 (resp. ≤ 0).

En se basant sur l’argument d’itération de Moser, voir [24] on obtient les inégalités
de Harnack suivantes.

Théorème 2.11 (Inégalité de Harnack) Soit Ω un ouvert borné connexe de IRN .


Si u est une sur-solution positive du problème (2.5.3) dans B4R ⊂ Ω, alors pour
N
tout 0 < q < N −1
, il existe une constante positive C1 ≡ C1 (N, q) telle que
Z  1q
q
u dx ≤ C1 inf u.
BR BR

Si u une sous-solution du problème (2.5.3) dans B2R ⊂ Ω, alors pour tout 1 < q, il
existe une constante positive C2 ≡ C2 (N, q) telle que
Z  1q
uq+ dx ≥ C2 sup u.
B2R BR
Problèmes de minimization 53

Plus tard, nous utiliserons le principe de comparaison lorsque nous introduirons


l’argument de monotonie.

Comme application de notre étude, on va prouver que le problème (2.5.1) admet


une solution positive unique.
Notons qu’on a dejà prouver l’existence d’une solution non triviale.
On considère maintenant la version suivante de problème (2.5.1),

 −∆ u = uq dans Ω,
p +
(2.5.4)
 u = 0 si ∂Ω.

Rapellons que q ∈ (0, 1), dans ce cas la fonctionnelle d’énergie est donnée par
Z Z
1 1
J1 (u) = 2
|∇u| dx − uq+1 dx.
2 Ω q+1 Ω +

En suivant les mêmes arguments que dans l’étude du problème (2.5.1), on peut prouver
que le problème (2.5.4) admet une solution non triviale u1 ∈ W01,2 (Ω) telle que J1 (u1 ) <
0. A partir de (2.5.4), nous atteignons que −∆u1 ≥ 0. Par le principle de Maximum fort
on déduit que u1 > 0 dans Ω. Pour conclure il reste à prouver l’unicité de la solution
positive. Ceci sera la conséquence d’un principe de comparaison général prouvé par
Brezis-Kamin pour le laplacien. Ici on va présenter une version générale valable pour
le p−laplacien.

Lemme 2.3 (Principe de comparaison) Soit f une fonction positive continue telle
f (u)
que up−1
↓ avec p > 1. On suppose que u, v ∈ W01,p (Ω) ∩ C 1 (Ω) sont telles que

 −∆ u ≥ f (u), u > 0 dans Ω,
p
(2.5.5)
 −∆ v ≤ f (v), v > 0 dans Ω.
p

Alors u ≥ v dans Ω.

La preuve du Lemme 2.3 est basée sur une inégalité de type Picone qu’on spécifiera
par la suite.
54 Problèmes de minimization

On commence par formuler l’inégalité de Picone ponctuelle pour le cas du p −


Laplacien.

Proposition 2.3 (Inégalité de Picone) Soit v > 0, u ≥ 0 deux fonctions positives


de classe C 1 , on pose

up up−1
L(u, v) = |∇u|p + (p − 1) |∇v|p
− p |∇v|p−2 ∇v∇u.
vp v p−1
 p 
p u
R(u, v) = |∇u| − ∇ p−1
|∇v|p−2 ∇v.
v
Alors L(u, v) = R(u, v), L(u, v) ≥ 0 et L(u, v) = 0, p.p dans Ω ssi u = kv dans chaque
composante connexe de Ω.

La démonstration de la Proposition 2.3 est simple, elle est basée sur le développement
up

du terme ∇ vp−1 |∇v|p−2 ∇v.
Pour appliquer l’inégalité de Picone à des equations elliptiques non linéaires on a besoin
de démontrer une extension de la Proposition 2.3 dans W01,p (Ω), plus précisément on a
le lemme suivant

Lemme 2.4 Soit v ∈ W 1,p (Ω) tel que v ≥ δ > 0 dans Ω ; alors pour tout u ∈ C0∞ (Ω),
u ≥ 0 on a
|u|p
Z Z
p
|∇u| ≥ ( )(−∆p v).
Ω Ω v p−1
Preuve. Comme v ∈ W 1,p (Ω) et v ≥ δ > 0 dans Ω, alors il existe une suite {vn }n de
fonctions régulières telle que

 v → v dans W 1,p (Ω), v ∈ C 1 (Ω),
n n
(2.5.6)
 v → v, p.p, et v > δ dans Ω.
n n 2

0
Comme conséquence de la continuité de l’opérateur −∆p ( de W 1,p (Ω) dans W −1,p ,
p 0 p
p0 = p−1
) on obtient que −∆p vn → −∆p v dans W −1,p , p0 = p−1
. En utilisant l’identité
de Picone appliquée à vn , il résulte

up
|∇u|p ≥ ∇( p−1 )|∇vn |
p−2
∇vn .
vn
Problèmes de minimization 55

Comme

up up
Z Z
−∆p vn p−1 = |∇vn |p−2 h∇vn , ∇( )i
Ω vn Ω vnp−1
up−1 up
Z Z
p−2
= p p−1 |∇vn | h∇vn , ∇ui − (p − 1) |∇vn |p .
Ω vn Ω vnp

En utilisant l’hypothèse sur vn et par le Théorème de la convergence dominée on conclut


que
−∆p v p
Z Z
p
|∇u| ≥ ( )u , u ∈ C0∞ (Ω), u ≥ 0.
Ω Ω v p−1

Dans un cadre plus général, on a le résultat suivant

Théorème 2.12 Si u ∈ W01,p (Ω), u ≥ 0, v ∈ W01,p (Ω), −∆p v ≥ 0, v|∂Ω = 0, v 0,


alors
up
Z Z
p
|∇u| ≥ ( )(−∆p v).
Ω Ω v p−1

Preuve. D’après le principe du Maximum fort on a v > 0 dans Ω. (Voir [35]). On


1
pose vm (x) = v(x) + m
, m ∈ IN . Donc ∆p vm = ∆p v et {vm }m converge dans W 1,p (Ω)
et p.p vers v. Par conséquence, en utilisant le Lemme 2.4, on obtient le résultat pour
tout φ ∈ C0∞ (Ω), φ ≥ 0. Maintenant passons au cas général, par densité on déduit
l’existence de un → u dans W01,p (Ω), un ∈ C0∞ (Ω) et un ≥ 0, alors

−∆p vn −∆p v p
Z Z Z
p
|∇un | ≥ ( p−1 )upn = ( )un .
Ω Ω vn Ω vnp−1

Par l’ hypothèse imposée sur u et d’après le lemme de Fatou on obtient le résultat.

On est en mesure maintenant de prouver le Lemme de comparaison 2.3.


Preuve du Lemme 2.3.
L’ inégalité (2.5.5) implique que

−∆p u ∆p v f (u) f (v)


p−1
+ p−1 ≥ p−1 − p−1 .
u v u v
56 Problèmes de minimization

Multiplions par w = (v p − up )+ , on trouve que

−∆p u ∆p v
Z Z
f (u) f (v) p
( p−1 + p−1 )(v p − up )+ ≥ (p−1
− p−1 )(v − up )+
Ω u v u v
ZΩ
f (u) f (v)
= ( p−1 − p−1 )(v p − up )+ .
[v>u] u v

Par l’hypothèse sur f , on conclut que le terme à droite dans l’égalité précédente est
positif. D’autre part comme w = (v p − up )+ , alors ∇w = p(v p−1 ∇v − up−1 ∇u)χ[v≥u] ,
donc

−∆p u ∆p v
Z Z Z
p−2 w w
( p−1 + p−1 )w = |∇u| h∇u, ∇( p−1 )i − |∇v|p−2 h∇v, ∇( p−1 )i
u v u v
ZΩ p−1

p−2

u ∇w − (p − 1)u w∇u
= |∇u|p−2 h∇u, i
Ω u2(p−1)
v p−1 ∇w − (p − 1)v p−2 w∇v
Z
p−2
− |∇v| h∇v, i
Ω v 2(p−1)
v p−1 vp
Z
= [p p−1 |∇u|p−2 h∇u, ∇vi − (p − 1) p |∇u|p − |∇u|p ]
u u
Ω∩[v>u]

up−1 up
Z
p−2
+ [p |∇v| h∇v, ∇ui − (p − 1) |∇v|p − |∇v|p ]
v p−1 vp
Ω∩[v>u]
Z Z
:= K1 (x)dx + K2 (x)dx
Ω∩[v>u] Ω∩[v>u]

et comme u > 0 et v > 0 dans Ω, en utilisant l’inégalité de Picone, K1 ≤ 0 et K2 ≤ 0.


Alors
−∆p u ∆p v
Z
( + p−1 )w ≤ 0
Ω up−1 v

et par suite,
Z
f (u) f (v) p
( − p−1 )(v − up ) ≤ 0.
Ω∩[v≥u] up−1 v
f (u) f (v)
Mais sur l’ensemble [v > u], up−1
− v p−1
≥ 0, donc |[v > u]| = 0, et on déduit que
v ≤ u.

On démontre facilement l’extension suivante du Théorème 2.12.


Problèmes de minimization 57

Théorème 2.13 Principe de comparaison général. Soit u, v ∈ W01,p (Ω) ∩ C 1 (Ω)


telles que 
 −∆p u ≥ h(x)f (u), u > 0 dans Ω,
(2.5.7)
 −∆p v ≤ h(x)f (v), v > 0 dans Ω,

ou h 0 et h ∈ L∞ (Ω), alors u ≥ v dans Ω.

Comme application directe du lemme 2.13, on obtient le résultat d’unicité suivant

Théorème 2.14 Le problème





 −∆p u = λh(x)uq dans Ω,

u > 0 dans Ω, (2.5.8)



 u = 0 sur ∂Ω,

où q ∈ (0, p − 1) et h vérifie les conditions du théorème précédent, admet une solution
positive unique dans W01,p (Ω).

Remarque 2.5.1
• En général, on a le même resultat d’unicité si on remplace uq par une fonction
f (x,u)
de Carathéodory f (x, u) telle que up−1
est décroissante uniformément en x ∈ Ω.
Pour démontrer l’existence on a besoin d’imposer plus de conditions sur f .
• Si on remplace l’hypothèse q ∈ (0, p − 1) par q > p − 1, alors le principe de
comparison n’est en général plus valable, voir exercice 2.

2.6 Problème de minimisation conditionnelle : Points


critiques avec contraintes.

Considérons le problème suivant



 −∆u = |u|q−2 u dans Ω,
(2.6.1)
 u = 0 sur ∂Ω,
58 Problèmes de minimization

où Ω est un domaine borné de IRN et q ∈ (1, 2∗ − 1). Il est clair que la fonctionnelle
d’énergie associée au problème (2.6.1) est donnée par
Z Z
1 2 1
J(u) = |∇u| dx − |u|q+1 dx.
2 Ω q+1 Ω
Par les inégalités de Hölder et Sobolev on obtient que
Z Z  q+1
1 2
J(u) ≥ |∇u|2 dx − C(Ω, N ) |∇u|2 dx .
2 Ω Ω

D’autre part, si on définit R(t) = J(tv0 ) avec v0 ∈ W01,2 (Ω), v0 6= 0 et t ≥ 0, on obtient


facilement que R(t) → −∞ quand t → ∞. Donc inf W 1,2 (Ω) J(u) = −∞.
0

Donc pour étudier l’existence de solution pour le problème (2.6.1), on est obligé de
proposer une autre fonctionnelle adéquate definie avec une contrainte bien choisie. Le
premier résultat dans cette direction est l’existence de ”Multiplicateurs de Lagrange”
pour un problème de minimisation conditionnelle.

Théorème 2.15 (Multiplicateurs de Lagrange) Soient E un espace de Banach et


F ∈ C 1 (E, IR), on definit l’ensemble de contraintes

S ≡ {v ∈ E tel que F (v) = 0}.

On suppose que pour tout v ∈ S, on a F 0 (v) 6= 0. Soit J ∈ C 1 (E, IR). On pose

M = inf J(u),
S

et supposons qu’il existe u0 ∈ S tel que M = J(u0 ), alors il existe λ ∈ IR tel que

J 0 (u0 ) = λF 0 (u0 ).

Comme application directe on va montrer que le problème (2.6.1) admet une solu-
tion positive pour tout q ∈ (1, 2∗ − 1).
Soit F : W01,2 (Ω) → IR définie par F (u) = |u|q+1 dx. Comme q < 2∗ − 1, alors F
R

est bien definie et F ∈ C 1 (W01,2 (Ω), IR). On considère l’ensemble

S ≡ {v ∈ W01,2 (Ω) tel que F (v) = 0}.


Problèmes de minimization 59

Soit J ∈ C 1 (E, IR) definie par


Z
J(u) = |∇u|2 dx.

On pose
M = inf J(u).
S

Notons d’abord que si u ∈ S, alors F 0 (u) 6= 0, et par suite


Z
0
hF (u), vi = (q + 1) |u|q−1 uvdx.

Si F 0 (u) = 0, alors
Z
0
0 = hF (u), ui = (q + 1) |u|q+1 dx = (q + 1),

ce qui est absurde, d’où F 0 (u) 6= 0 pour tout u ∈ S.


Pour appliquer le Théoeème 2.15 on va montrer que M est atteint dans S. Com-
mençons par prouver que M > 0.
Soit u ∈ S, par les inegalités de Hölder et Sobolev on déduit que
Z Z  q+1
2
2 q+1
J(u) = |∇u| dx ≥ C(Ω, N ) |u| dx = C(Ω, N ) > 0.
Ω Ω

D’où l’affirmation.
Soit {un }n ⊂ S une suite minimisante de M , donc nécessairement {|un |}n ⊂ S est
aussi une suite minimisante de M , donc sans perte de généralité on peut supposer que
un ≥ 0, alors
F (un ) = 1 et J(un ) → M pour n → ∞.

Donc {un }n est bornée dans W01,2 (Ω) et par conséquence, en passant à une sous suite
noté toujours par {un }n , on obtient que un * u0 faiblement dans W01,2 (Ω), un → u0
fortement dans Lσ (Ω) pour tout σ < 2∗ et un → u0 p.p dans Ω. Donc u0 ≥ 0 dans Ω.
Comme q + 1 < 2∗ , on déduit facilement que F (un ) → F (u0 ) si n → ∞. Donc
F (u0 ) = 1, de là u0 ∈ S et u0 6= 0.
Par la semi continuité de la norme de W01,2 (Ω) il découle que

M ≤ J(u0 ) ≤ lim inf J(un ) = M.


n→∞
60 Problèmes de minimization

Donc u0 ∈ S et J(u0 ) = M . D’parés le Théorème 2.15, il existe λ ∈ IR tel que

J 0 (u0 ) = λF 0 (u0 ).

Donc u0 ∈ S satisfait

 −2∆u = λ(q + 1)uq−1 dans Ω,
0 0
(2.6.2)
 u0 = 0 sur ∂Ω,

2
R
Choisissons u0 comme fonction test dans (2.6.2), il résulte que λ = q+1 Ω
|∇u0 |2 dx >
λ(q + 1) 1q
0. Maintenant si on pose u1 = ( ) u0 , on peut facilement verifier que u1 ∈
2
W01,2 (Ω), u1 0 et que u1 résout le problème (2.6.1). Par le principe du maximum fort,
il découle que u1 > 0 dans Ω. D’où le résultat.

Remarque 2.3 Il est facile de remarquer qu’on peut appliquer la méthode de mini-
misation conditionnelle si on a une certaine homogénéité dans le problème. Donc à
travers un problème de minimisation auxiliaire (en choisissant une fonctionnelle et
une contrainte bien adéquate) on arrive à prouver l’existence d’une solution modulo
une constante.

Pour traiter le cas général de la forme



 −∆ u = f (x, u) dans Ω,
 u = 0 sur ∂Ω.

on aura besoin des arguments qui s’appliquent directement sur des fonctionnelles
d’energies, qui ne sont pas, en particulier, bornées inféreieurement.

2.6.1 Théorème du Col (Mountain Pass) et applications.

Avant de présenter le résultat principal de cette section, on aura besoin de quelques


definitions.
Problèmes de minimization 61

2.6.2 la suite de Palais-smale

Définition 2.10 Soit E un espace de Banach et J ∈ C 1 (E, IR). Soit {un }n une suite
de E. On dit que {un }n est une suite de Palais-Smale au niveau c pour J (noté
(P S)c ), si

J(un ) → c et ||J 0 (un )||E 0 → 0, E 0 est le dual de E.

Définition 2.11 (La condition de Palais-Smale) Soient E un espace de Banach,


et J ∈ C 1 (E, IR). Soit c ∈ IR, on dit que J vérifie la condition de Palais-Smale au
niveau c si toute suite de Palais-Smale au niveau c admet une sous suite convergente
dans E. c.à.d. Si {un }n ⊂ E vérifie

J(un ) → c et ||J 0 (un )||E 0 → 0 quand n → ∞,

alors il existe une sous {unk }k qui converge dans E.

Pour voir la nécissité de cette condition, on considère la fonction J definie sur IR


par J(x) = e−|x| . Alors si on pose xn = n, on vérifie facilement que {xn }n est une suite
de Palais-Smale au niveau c = 0. Cette suite n’admet auncune sous suite convergente.
Le Théorèeme principal de cette section est le suivant

Théorème 2.16 (Théorème de Amresetti-Rabinowitz ou bien Théorème de col) Soient


E un espace de Banach, et J ∈ C 1 (X, IR) tel que J(0) = 0. On suppose que
– Il existe R > 0 et α > 0 tels que si kuk = R alors J(u) ≥ α.
– Il existe u0 ∈ E tel que ku0 k > R alors J(u0 ) < 0.
On pose
Γ := {γ : γ ∈ C([0, 1], E), γ(0) = 0, γ(1) = u0 } ,

Soit
c := inf max J (γ(t))
γ∈Γ t∈[0,1]

Alors il existe une suite {un }n ⊂ E telle que

J(un ) → c et ||J 0 (un )||E 0 → 0 quand n → ∞.


62 Problèmes de minimization

De plus, si J verifie la condition de Palais -Smale au niveau c, alors c est une valeur
critique de J.

Pour la preuve on renvoit a l’article classique de Ambrosetti-Rabinowitz [2].

Un autre résultat important qui assure l’existence d’une suite de Palais-Smalle pour
certaines fonctionnelles, est le Principe variationnel d’Ekeland.

Théorème 2.17 (Principe variationnel d’Ekeland) Soient (X, d) un espace métrique


complet et J une fonction s.c.i de X dans R. On suppose que J est bornée inferieure-
ment, et on pose C0 := inf J(x).
x∈X
Alors pour tout  > 0, il existe u telle que

 C0 ≤ J(u ) ≤ C0 + .
 ∀u ∈ X, J(u) − J(u ) + d(u, u ).
 

Pour la preuve on renvoit le lecteur à [17].


Comme corollaire du principe variationnel d’Ekeland, on a le résultat suivant.

Corollaire 2.6.1 On suppose que X est un espace de Banach et J ∈ C 1 (E, IR), bornée
inférieurement, alors il existe une suite minimisante {un }n de J telle que

J(un ) → inf J et ||J 0 (un )||X 0 → 0 quand n → ∞.


X

Comme application on considère le problème suivant



 −∆ u = f (u) dans Ω,
(2.6.3)
 u = 0 sur ∂Ω.

où Ω est un domaine borné de IRN et f est une fonction continue sur IR. On note
Rs
F (s) = 0 f (t)dt. On suppose que f vérifie les hypothèeses suivantes :

1. Il existe p ∈ (2, 2∗ ) tel que

f (s)
|f (t) − f (s)| ≤ C|t − s|(|s| + |t| + 1)p−2 et lim = 0.
s→0 s
Problèmes de minimization 63

2. Il existe M > 0 et µ > 0 tel que 0 ≤ µF (s) ≤ f (s) si |s| > M .

3. Il existe s0 ∈ IR tels que F (s0 ) > 0.

Par les hypothèses précédentes on obtient que

|f (s)| ≤ C(1 + |s|p−1 ,

et par conséquent on conlut que

|F (s)| ≤ C1 (1 + |s|p ).

F (s)
Par l’hypothèse (2) on déduit que la fonction |s|µ
est une fonction croissante si s > M
et décroissate si s < −M .
Alors sous les hypothèses précédente, le problème (2.6.3) admet une solution non
triviale u0 ∈ W01,2 (Ω).
Pour prouver l’existence on va utiliser le Théorème du col. On considère la fonc-
tionnelle d’energie associé au problème (2.6.3) définie par
Z Z
1 2
J(u) = J(u) = |∇u| dx − F (x, u) dx.
2 Ω Ω

Comme p ∈ (2, 2∗ ), en utilisant l’inegalité de Hölder puis l’inégalité de Sobolev on


déduit que
Z Z  p2
2
|F (x, u)| dx ≤ C1 |Ω| + C2 (Ω) |∇u| dx .
Ω Ω

Donc J est bien définie sur W01,2 (Ω) et ”comme un exercice” on peut prouver que
J ∈ C 1 (W01,2 (Ω), IR). On commence par prouver le lemmme suivant.

Lemme 2.5 Supposons que les hypothèses précédentes sont verifiées, alors la fonc-
tionnelle J vérifie la condition de Palais-Smalle en c pour tout c ∈ IR.

Preuve. Fixons c ∈ IR, soit {un }n ⊂ W01,2 (Ω) une suite de Palais-Smalle en c, alors

J(un ) → c et ||J 0 (un )||E 0 → 0 quand n → ∞.


64 Problèmes de minimization

En tenant compte des hypothèses sur f , la définition de la suite {un }n et la continuité


de f et F , il résulte que
1 0
C(1 + ||un ||W 1,2 (Ω) ) ≥ J(un ) −
J (un )un
0 µ
Z Z  
1 1 2 1
= ( − ) |∇u| dx + un f (un ) − F (un ) dx
2 µ Ω Ω µ
Z Z  
1 1 2 1
≥ ( − ) |∇u| dx + un f (un ) − F (un ) dx
2 µ Ω |un |<M µ
Z
1 1
≥ ( − ) |∇u|2 dx − C1 .
2 µ Ω
Comme µ > 2, on déduit facilement que ||un ||W 1,2 (Ω) ≤ C. Donc il existe une sous suite
0

de {un }n (notée toujours {un }n ) et u0 ∈ W01,2 (Ω) telles que un * u0 faiblement dans
W01,2 (Ω), un → u0 fortement dans Lσ (Ω) pour tout σ < 2∗ et un → u p.p. dans Ω.
Par le Théorème de la convergence dominée, et le fait que p < 2∗ , on obtient que

f (un )un → f (u0 )u0 dans L1 (Ω) et F (un ) → F (u0 ) dans L1 (Ω).

Comme ||J 0 (un )||E 0 → 0 quand n → ∞, on arrive à prouver que J 0 (u) = 0.


Donc (J 0 (un ) − J 0 (u0 )(un − u0 ) → 0 pour n → ∞.
Par le fait que
Z
0 0
(J (un ) − J (u0 ))(un − u0 ) = ||un − u0 ||W 1,2 (Ω) − (f (un ) − f (u0 ))(un − u0 )dx
0

= ||un − u0 ||W 1,2 (Ω) + o(1),
0

il découle que limn→∞ ||un − u0 ||W 1,2 (Ω) = 0, d’où le résultat.


0

Par les hypothèses faites sur le comportement de f au voisinage de zéro et de l’infini,


on obtient que pour tout ε > 0 il existe Cε > 0 telle que

|f (s)| ≤ ε|s| + Cε |s|p−1 ,

et par conséquence
|F (s)| ≤ ε|s|2 + Cε |s|p .

Donc Z Z Z
1 2 2
J(u) ≥ |∇u| dx − ε u dx − Cε |u|p dx.
2 Ω Ω Ω
Problèmes de minimization 65

Choisissons ε petit, par l’inegalité de Poincaré, on déduit que


Z Z
1 2
J(u) ≥ ( − εC) |∇u| dx − Cε |u|p dx.
2 Ω Ω

Maintenant comme p ∈ (2, 2∗ ), par les inégalités de Hölder et Sobolev il résulte que
Z Z  p2
1 2 2
J(u) ≥ ( − εC) |∇u| dx − C(ε, Ω, N ) |∇u| dx .
2 Ω Ω

Si on pose r = ||u||W 1,2 (Ω) , alors


0

1
J(u) ≥ ( − εC)r2 − rp ≡ D(r).
2

Il est clair que D(r) > 0 si r ∈ (0, r0 ) ou r0 = XX. Donc fixons r0 ∈ (0, r0 ) et soit
α = g(r0 ) > 0. Si ||u||W 1,2 (Ω) = r0 , alors
0

J(u) ≥ g(r0 ) = α > 0.

Soit maintenant v0 ∈ W01,2 (Ω) tels que ||v0 ||W 1,2 (Ω) >> r0 . Il s’en suit que
0

lim J(sv0 ) = −∞.


s→∞

Donc on peut fixer s0 >> 1 tel que ||s0 v0 ||W 1,2 (Ω) >> r0 et J(sv0 ) << 0.
0

Comme conclusion on a montré que J verifie les hypothèeses du Théorème de


Ambrosetti-Rabinowitz 2.16. On pose

Γ := {γ : γ ∈ C([0, 1], E), γ(0) = 0, γ(1) = v1 = s0 v0 } ,

Soit
Ĉ := inf max J (γ(t))
γ∈Γ t∈[0,1]

Alors il existe une suite {un }n ⊂ E telle que

J(un ) → Ĉ et ||J 0 (un )||E 0 → 0 quand n → ∞.

Comme J vérifie la condition de Palais-Smale au niveau Ĉ, alors Ĉ est une valeur
critique de J, et par conséquence on obtient l’existence de u0 ∈ W01,2 (Ω) tel que J(u0 =
Ĉ et J 0 (u0 ) = 0.
66 Problèmes de minimization

Il reste à prouver que u0 6= 0, pour cela on va montrer que Ĉ > 0.


Soit γ ∈ Γ, alors Yγ (t) = ||γ(t)||W 1,2 (Ω) est une fonction continue de [0, 1] dans
0
+
IR . Clairement Yγ (0) = 0 et Yγ (1) >> r0 , donc on obtient l’existence de tγ tel que
Yγ (tγ ) = r0 . Par la definition de Ĉ, il résulte que

Ĉ ≥ max J (γ(t)) ≥ max J (γ(tγ )) > α.


t∈[0,1] t∈[0,1]

Donc Ĉ > α et par concéquence u0 6= 0. D’où le résultat d’existence.

Remarque 2.4 Dans le cas où le terme f dépend aussi de x, on a la généralisation


suivante : Soit le problème

 −∆ u = f (x, u) dans Ω,
(2.6.4)
 u = 0 sur ∂Ω.

où Ω est un domaine borné de IRN et f est une fonction de Carathéodory. On note
Rs
F (x, s) = 0 f (x, t)dt. Supposons que f vérifie les hypothèeses suivantes :
f (x, σ)
1. lim supσ→0 ≤ 0 uniformément en x ∈ Ω,
σ
2. Il existe p < 2∗ − 1 tel que |f (x, σ)| ≤ C(1 + |σ|p ) p.p pour x ∈ Ω et σ ∈ IR.

3. Il existe M > 0 et µ > 0 tel que 0 ≤ µF (x, σ) ≤ f (x, σ) p.p pour x ∈ Ω si


|σ| > M .

Alors le problème (2.6.4) admet une solution non triviale.


Problèmes de minimization 67

2.7 Exercices.

Exercice 1 :
1-Soit I : E → IR strictement convexe. Montrer que I a au plus un point de minimum
dans E.

2-Supposons de plus que I est différentiable, montrer que I a au plus un point critique
dans E.

Exercice 2 :
Soit E un espace de Banach et I : E → IR une fonctionnelle différentiable. Supposons
que pour tous u, v ∈ E,
hI 0 (u) − I 0 (v), u − vi ≥ 0. (2.7.1)

Montrer que I est convexe. Si l’inégalité (2.7.1) est stricte quand u 6= v, montrer alors
que I est strictement convexe.

Exercice 3 :
Soit Ω un domaine borné de IRN et g ∈ L2 (Ω). On considère un champ de vecteurs
D ∈ (L∞ (Ω))N et l’on recherche u telle que

 −∆u + hD, ∇ui = g dans Ω,
(2.7.2)
 u = 0 sur ∂Ω,

1-On suppose que u ∈ W01,2 (Ω), donner la formulation variationnelle associée au


problème (2.7.2) et prouver que tous les termes sont bien définis.
2-On pose Z Z
A(u, v) = ∇u∇vdx + v hD, ∇uidx
Ω Ω

Montrer que A est une forme bilinéaire définie sur W01,2 (Ω) × W01,2 (Ω) et donner une
condition suffisante sur ||D||∞ pour que A soit coercive.
68 Problèmes de minimization

3-A l’aide du théorème de Lax-Milgram, établir l’existence et l’unicité d’une solution


faible de (2.7.2) sous la condition précedente sur ||D||∞

Exercice 4 : (Convection-diffusion)
Soit Ω un domaine régulier de IRN . On considère un champ de vecteurs H ∈ (L∞ (Ω))2
et l’on recherche φ telle que

 −∆φ + hH, ∇φi = f dans Ω,
(2.7.3)
 φ = 0 sur ∂Ω,

1-Donner la formulation variationnelle associée au problème (2.7.3).


2 - A l’aide du théorème de Lax-Milgram, établir l’existence et l’unicité d’une solution
1
de cette formulation sous la condition ||H||(L∞ (Ω))N ≤ CΩ
où CΩ > 0 est à déterminer.

Exercice 5 :
Soit Ω un ouvert borné de IRN . On considère le problème suivant
 1
 −∆u = dans Ω,
1 + 2u2



(2.7.4)



u = 0 sur ∂Ω,

1-A l’aide du principe du Maximum, montrer que si u est une solution de (2.7.4), alors
u > 0 dans Ω.
2- Donner la forme variationnelle associée au problème (2.7.4). Montrer que si u ∈
H01 (Ω) alors chaque terme dans la formulation variationnelle est bien défini.
3- Trouver la fonctionnelle J : H01 (Ω) → IR, dont points critiques sont des solutions
faibles du problème (2.7.4).
4-Montrer que lim J(u) = ∞.
||u||→∞
5- On pose
M= inf J(u).
u∈H01 (Ω)

Montrer que J atteint son minimum dans H01 (Ω) et en déduire que le problème (2.7.4)
admet une solution faible.
Problèmes de minimization 69

Exercice 6 :

Soit Ω un ouvert borné de IRN . On considère le problème suivant



 −∆u = cos(u) dans Ω,
(2.7.5)
 u = 0 sur ∂Ω,

1- Donner la forme variationnelle associée au problème (2.7.5). Montrer que si u ∈


H01 (Ω) alors chaque terme dans la formulation variationnelle est bien défini.
2- Trouver la fonctionnelle J : H01 (Ω) → IR, dont les points critiques sont des solutions
faibles du problème (2.7.5).
3-Montrer que lim J(u) = ∞.
||u||→∞
4- On pose
M= inf J(u).
u∈H01 (Ω)

Montrer que J atteint son minimum dans H01 (Ω) et en déduire que le problème (2.7.5)
admet une solution faible.

Exercice 7 :

Soit Ω un ouvert borné de IRN . On considère le problème suivant



 −∆u = 1 + cos(2u) dans Ω,
(2.7.6)
 u = 0 sur ∂Ω,

1-A l’aide du principe du Maximum, montrer que si u est une solution de (2.7.6), alors
u > 0 dans Ω.
2- Donner la forme variationnelle associée au problème (2.7.6). Montrer que si u ∈
H01 (Ω) alors chaque terme dans la formulation variationnelle est bien défini.
3- Trouver la fonctionnelle J : H01 (Ω) → IR, dont les points critiques sont des solutions
faibles du problème (2.7.6).
70 Problèmes de minimization

4-Montrer que lim J(u) = ∞.


||u||→∞
5- On pose
M= inf J(u).
u∈H01 (Ω)

Montrer que J atteint son minimum dans H01 (Ω) et en déduire que le problème (2.7.6)
admet une solution faible.

Exercice 8 :
On considère le problème suivant

 −∆u + u = 1
dans Ω,

1 + u+ (2.7.7)
 u

= 0 sur ∂Ω,

ou Ω un ouvert borné connexe.


1-Donner la formulation variationnelle du problème (2.7.7), montrer que tous les termes
sont bien définis dans un espace de Sobolev (à déterminer).
2-Trouver la fonctionnelle d’énergie associée à (2.7.7) et montrer que si m = inf u∈W 1,2 Jα (u),
0

alors |m| < ∞ et que m est atteinte.


3-Déduire de ce qui précède que (2.7.7) admet une solution.
4- A l’aide du principe du Maximum prouver que si u est une solution de (2.7.7) alors
u > 0 dans Ω et trouver le problème final de u.

Exercice 9 :
Soit Ω un ouvert borné de IRN . On considère le problème suivant

 −∆u + u = |u|p−1 u dans Ω,
(2.7.8)
 u = 0 sur ∂Ω,
ou 1 < p < 2∗ − 1.
1- Donner la forme variationnelle associée au problème (2.7.8). Montrer que si u ∈
H01 (Ω) alors chaque terme dans la formulation variationnelle est bien défini.
2- Trouver la fonctionnelle J : H01 (Ω) → IR, dont les points critiques sont des solutions
faibles du problème (2.7.8).
71

3-Montrer que inf u∈W 1,2 (Ω) J(u) = −∞.


0

4- Pour u ∈ W01,2 (Ω), on pose


Z   Z
1 2 2 1
J1 (u) = |∇u| + u dx et F (u) = |u|p dx.
2 Ω p+1 Ω

Soit
K = {u ∈ W01,2 (Ω) : F (u) = 1}.

et
M = inf J1 (u).
u∈K

Montrer que K 6= ∅ et que M > 0.


5-Montrer que M est atteinte par u0 ∈ K et trouver l’équation verifiée par u0 .
6-Déduire que le problème (2.7.8) admet une solution faible positive.
72 Méthode de Monotonie et applications
Chapitre 3

Méthode de Monotonie et
applications

La méthode de monotonie connue aussi commme la méthode des sur-et sous-


solutions est une méthode basée essentielment sur le principe du maximum, cette
méthode est souvent utilisée pour résoudre quelques problèmes non linéaires, qui ne
peuvent pas être formulés variationnelement ou bien qui ne peuvent pas être résolus
par des techniques variationnelles.
Rappelons que l’opérateur L est défini par
N N
X ∂ 2 u X ∂u
L(u) = − aij + bi + cu
i,j=1
∂xij i=1
∂xi

où aij , bi , c sont des fonctions continues dans Ω̄, la matrice a(.) ≡ (aij ) est élliptique et
c ≥ 0.
Soit f : IR → IR une fonction lipschitzienne, on considère le problème suivant

 L u = f (u) dans Ω,
(3.0.1)
 u = 0 sur ∂Ω,
Rappelons la définition suivante :

Définition 3.1 (sous et sur solution) Soit Ω un domaine de RN et u ∈ W 1,2 (Ω).


On dit que u est une sur-(resp. sous-) solution de (3.0.1) si u ≥ 0 sur ∂Ω et pour tout

73
74 Méthode de Monotonie et applications

φ ∈ W01,2 (Ω) telle que φ ≥ 0, on a


Z Z Z
L(u) φ dx ≥ f (u) φ dx(resp. ≤ f (u)dx φ).
Ω Ω Ω

On a le résultat suivant.

Théorème 3.1 Supposons qu’il existe une sur-solution u et une sous-solution v telles
que u ≤ v, alors le problème (3.0.1) admet une solution minimale u∗ et une solution
maximale w∗ telles que u ≤ u∗ ≤ w∗ ≤ v.

Preuve. Comme f est une fonction lipschitzienne, alors il existe M > 0 telle que

|f (s1 ) − f (s2 )| ≤ M |s1 − s2 |.

Il est clair que si u ∈ L2 (Ω), alors f (u) ∈ L2 (Ω).


Soit λ > M fixé, alors la fonction F (s) = f (s) + λs est une fonction croissante.
On définit maintenant la suite {un }n par u0 = u, et pour n ≥ 1, un est la solution du
problème 
 L(u ) + λu = f (u ) + λu dans Ω,
n n n−1 n−1
(3.0.2)
 un = 0 sur ∂Ω,
Montrons que u0 ≤ u1 ≤ v. On a

L(u1 − u0 ) + λ(u1 − u0 ) = f (u0 ) + λu0 − L(u0 ) − λu0

= f (u0 ) − L(u0 ) ≥ 0.

Comme u1 − u0 ≥ 0 sur ∂Ω, alors par le principe du Maximum on déduit facilement


que u1 ≥ u0 .
D’autre part,

L(v − u1 ) + λ(v − u1 ) = L(v) + λv − L(u0 ) − λu0

≥ (f (v) + λv) − (f (u0 ) + λu0 ) ≥ 0,

car v ≥ u0 et F (s) = f (s) + λs est une fonction croissante.


Méthode de Monotonie et applications 75

Par récurrence, on arrive à prouver que un est bien définie pour tout n et que la
suite {un }n est une suite croissante en n avec u = u0 ≤ un ≤ v pour tout n ≥ 1. Par
le théorème de la convergence monotone on obtient l’existence de ū ∈ L2 (Ω) telle que
un ↑ ū dans L2 (Ω) et u0 ≤ ū ≤ v dans Ω.
Montrons maintenant que {un }n est une suite bornée. En utilisant (un )+ comme
fonction test dans (3.0.2) il découle que
Z Z
2 2
(|∇(un )+ | + λ(un )+ )dx = (f (un−1 ) + λun−1 )(un )+ dx
Ω ZΩ
≤ (f (v) + λv)(un )+ dx

Z  21  Z  21
2 2
≤ (f (v) + λv) dx ((un )+ ) dx .
Ω Ω

Donc on obtient que


Z
(|∇(un )+ |2 + λ(un )2+ ): dx ≤ C ∀n.

En utilisant (un )+ comme fonction test dans (3.0.2) et en tenant compte de la mono-
tonie de F , il résulte que
Z
(|∇(un )− |2 + λ(un )2− )dx ≤ C ∀n.

Donc on conclut que Z


(|∇un |2 + λu2n )dx ≤ C ∀n.

1,2
D’ou l’existence de u∗ ∈ W0 (Ω) telle que un * u∗ faiblement dans W01,2 (Ω). Par la
monotonie de la suite {un }n , il n’est pas difficile de prouver que ū = u∗ . Par le théorème
de la convergence dominée on déduit que

f (un ) + λun → f (u∗ ) + λu∗ fortement dans L2 (Ω).

Pour terminer on va prouver que u∗ est une solution faible de (3.0.1). Soit φ ∈ W01,2 (Ω),
on a
Z Z N Z Z
X ∂un
L(un ) φ dx = ha(x) ∇un , ∇φidx + bi φ dx + c un φ dx.
Ω Ω i=1 Ω ∂xi Ω
76 Méthode de Monotonie et applications

Par la convergence faible de la suite {un }n , on obtient que


Z Z
L(un ) φ dx → L(u∗ ) φ dx.
Ω Ω

Comme Z Z
(f (un−1 ) + λun−1 )φ dx → (f (u∗ ) + λu∗ )φ dx,
Ω Ω

on conclut que u∗ est une solution faible de (3.0.1).

De la même manière si on considère la suite {wn }n définie par w0 = v, et wn étant


l’unique solution du problème

 L(w ) + λw = f (w ) + λw dans Ω,
n n n−1 n−1
(3.0.3)
 wn = 0 sur ∂Ω,

alors la suite {wn }n est une suite décroissante en n avec u0 ≤ wn ≤ v pour tout n ≥ 1.
Comme dans le premier cas, on obtient l’existence d’une solution du problème
(3.0.1) w∗ tel que u0 ≤ w∗ ≤ v. Par construction, il résulte que u∗ ≤ w∗ .

Remarque 3.1

1. Dans le cas où f est croissante en u, en général, on peut appliquer l’argument


de monotonie à condition de construire une sous-solution et une sur-solution
comparables.

2. On peut appliquer la méthode de monotonie dans quelques cas où f dépend du gra-
dient de u (c.à.d. f est de la forme f (x, u, ∇u)), à condition d’avoir un principe
de comparaison ainsi qu’une sous-solution et une sur-solution comparables.

3.0.1 Applications

Soient q, p ∈ IR tels que 0 < q < 1 < p, et considérons le problème suivant



 −∆u = λ|u|q−1 u + |u|p−1 u dans Ω,
(3.0.4)
 u = 0 sur ∂Ω,
Méthode de Monotonie et applications 77

où Ω est un domaine borné de IRN et λ > 0.


Si p ≤ 2∗ − 1, la fonctionelle d’energie associée au problème (3.0.4) est bien définie
dans l’espace de Sobolev W01,2 (Ω), elle est donnée par
Z Z Z
1 2 λ q+1 λ
J(u) = |∇u| dx − |u| dx − |u|p+1 dx.
2 Ω q+1 Ω p+1 Ω
Par contre si p > 2∗ − 1, J n’est pas définie dans W01,2 (Ω). Pour prouver l’existence
d’une solution non triviale pour le problème (3.0.4) on va utiliser l’argument de sous-
sur-solution.
Commençons par rappeler le principe de comparaison :

Lemme 3.1 (Principe de comparaison) Soit f une fonction positive continue telle
f (u)
que up−1
↓ avec p > 1. On suppose que u, v ∈ W01,p (Ω) ∩ C 1 (Ω) sont telles que

 −∆ u ≥ f (u), u > 0 dans Ω,
p
(3.0.5)
 −∆ v ≤ f (v), v > 0 dans Ω.
p

Alors u ≥ v dans Ω.

Pour le problème (3.0.4), on a le résultat suivant.

Théorème 3.2 (Ambrosetti-Brézis-Cerami) Supposons que 0 < q < 1 < p, alors il


existe λ∗ tels que pour tout λ ∈ (0, λ∗ ), le problème (3.0.4) admet une solution minimale
positive. Si λ > λ∗ , le problème (3.0.4) n’admet pas de solution positive.

Preuve. Comme q < 1, on considère u0 la seule solution de problème



 −∆u = uq , u > 0, x ∈ Ω,
0 0 0
(3.0.6)
 u = 0. 0|∂Ω

L’existence de u0 se déduit facilement par un argument de minimisation. L’unicité de


u0 est une conséquence du Lemme de comparison 3.1. Pour λ > 0, on pose uλ = λ1−q u0 ,
alors uλ résout le problème

 −∆u = λuq , uλ > 0, x ∈ Ω,
λ λ
(3.0.7)
 u = 0.
λ|∂Ω
78 Méthode de Monotonie et applications

Il est clair que uλ est une sous-solution du problème (3.0.4). Pour constuire une sur-
solution on considère φ la seule solution du problème

 −∆φ = 1, φ > 0, x ∈ Ω,
(3.0.8)
 φ = 0.
|∂Ω

L’existence et l’unicité de φ sont des conséquences du théorème de Lax-Milgram.


D’après les résultats de la régularité on déduit que φ ∈ C0 (Ω̄) ∩ C ∞ (Ω). Pour M > 0,
on pose φM = M φ, alors φM est une sur-solution de (3.0.4) si
 
1 1−q p−q p
λ≤ M − M ||φ||L∞ (Ω) ≡ D(M ).
||φ||qL∞ (Ω)

Comme 0 < q < 1 < p, on obtient que max{M >0} D(M ) = λ∗ < ∞ et il existe M ∗ > 0
tel que D(M ∗ ) = λ∗ .
Fixons λ ≤ λ∗ , alors φM ∗ est une sur-solution de (3.0.4). Par le principe de com-
paraison dans le Lemme 3.1, il résulte que uλ ≤ φM ∗ . Donc on a construit une sous-
solution et une sur-solution de (3.0.4) qui sont ordonnées. Par la construction établie
dans le Théorème 3.1 on déduit l’existence d’une solution û ∈ W01,2 (Ω) ∩ L∞ (Ω) telle
que uλ ≤ û ≤ φM .
Trivialement û est une solution minimale (pour l’ensemble des solutions positives).
En effet, si ū ∈ W01,2 (Ω) est une autre solution positive de (3.0.4) (pour la même valeur
de λ), on déduit facilement (par le principe de comparaison 3.1) que ū ≥ uλ .) D’parés
la construction de û (voir Théorème 3.1), il résulte que û ≤ ū, donc û est minimale.
On défint maintenant l’ensemble

Λ∗ = sup{λ | tel que le problème (3.0.4) admet une solution dans W01,2 (Ω)}.

Notre but maintenant est de prouver que Λ∗ < ∞. Sans perte de généralité on peut
supposer que Λ∗ > 1. Soit λ > 1 tel que le problème (3.0.4) admet une solution. On
pose vλ = λu0 , alors −∆vλ ≤ λh(x)vλq . Par le Lemme 3.1, on déduit que uλ ≥ λv1 , et
par conséquence si uλ est une solution positive de (3.0.4) pour λ > 1, il découle que
uλ ≥ λv1 ≥ u0 .
Méthode de Monotonie et applications 79

Soit le problème suivant



 −∆w = m(pg(x)up−1 )w dans Ω,
λ
 w | = 0.
∂Ω

Soit m1 la première valeur propre,


Z
|∇w|2 dx

m1 = inf Z ,
w∈W01,2 (Ω)−{0}
pg(x)up−1 2
λ w dx

et w1 la première fonction propre corespondante a m1 normalisée dans L2 (Ω). En


utilisant w1 comme fonction test dans le problème (3.0.4), il résulte que
Z Z
∇uλ ∇w1 ≥ g(x)upλ w1 .
Ω Ω

En utilisant maintenant uλ comme fonction test dans le problème de w, il découle que


Z Z
∇uλ ∇w1 = m1 p g (x) upλ w1 .
Ω Ω

1
Donc on déduit que m1 ≥ . Par la caractérisation variationnelle de m1 , on obtient
p
R
1 |∇w|2 1,2
≤ m1 ≤ R Ω p−1 2 , ∀w ∈ W0 ,
p p Ω g(x)uλ w
et comme uλ ≥ λv1 ,
Z Z
g(x)up−1
λ w
2
≥λ p−1
g(x)v1p−1 w2 ,
Ω Ω

d’où R
|∇w|2
λ p−1
≤R Ω
p−1 2 , ∀w ∈ W01,2 ,

g(x)v1 w
et par conséquence λp−1 ≤ µ1 où µ1 est la première valeur propre du problème

 −∆w = m(g(x)v p−1 )w dans Ω,
1
 w | = 0.
∂Ω

1
Donc λ∗ < λ1p−1 .

Pour le problème (3.0.4), on peut résumer les résultats obntenus dans les points
suivants : Il existe Λ∗ tel que
80 Méthode de Monotonie et applications

1. Le problème (3.0.4) a au moins une solution positive pour tout λ ∈ (0, Λ∗ ).

2. Le problème (3.0.4) n’admet pas de solution positive pour λ > Λ∗ .

Par un argument de col on arrive à prouver que pour tout λ ∈ (0, Λ∗ ), le problème
(3.0.4) a au moins deux solutions positives.
Méthode de Monotonie et applications 81

3.1 Exercices.

Exercice 1 :
On considère le problème suivant

 −∆u = 1 − |u|p dans Ω,
(3.1.1)
 u = 0 sur ∂Ω,

où p > 1. Montrer que le problème (3.1.1) admet une solution u telle que −1 ≤ u ≤ 1
dans Ω.

Exercice 2 :
Soit le problème 
 −∆u + G(u) = f dans Ω,
(3.1.2)
 u = 0 sur ∂Ω,
où f ∈ L2 (Ω) et F est une fonction Lipschitz continue et monotone avec F (0) = 0.
Montrer que le problème (3.1.2) admet une solution unique u.

Exercice 3 :
On considère le problème suivant

 −∆u + 2u = f (u) dans Ω,
(3.1.3)
 u = 0 sur ∂Ω,

1
où f (u) = 2u + u2 +1
.
1-Montrer que f est croissante.
2-Trouver une sous solution de (3.1.3).
3-Soit φ la solution positive du problème

−∆φ = 1 dans Ω, φ = 0 sur ∂Ω.

Montrer que φ est une sur-solution de (3.1.3).


82 Méthode de Monotonie et applications

4-Justifier l’application de la méthode de sous-sur solution et déduire que (3.1.3) admet


une solution positive.

Exercice 4 :
Soit f : IR → IR une fonction convexe telle que f (0) = 0. Soit u une solution du
problème
−∆u = f (u) dans Ω, u = 0 sur ∂Ω. (3.1.4)

1-Montrer que λu est une sou-solution pour tout λ > 1.


2-Montrer que λu est une sur-solution pour tout λ < 1.
f (t)
3-On suppose que est croissante, soient u1 , u2 > 0 une sur-solution et une sous-
t
solution respectivement du problème (3.1.4), montrer que

u2 ≮ u1 .

Problème : 1
Première Partie
Soit α > 0, on considère le problème suivant



 −∆u = uα1+β dans Ω,

u ≥ 0 dans Ω, (3.1.5)



 u = 0 sur ∂Ω,

où Ω un ouvert borné connexe de IRN et β > 0.


1- A l’aide de principe du maximum prouver que si u est une solution du problème
(3.1.5) alors u > 0 dans Ω.
2-Donner la formulation variationnelle du problème (3.1.5), montrer que tous les termes
sont bien définis.
3-Trouver la fonctionnelle d’énergie associée a (3.1.5) et montrer que si m = inf u∈W 1,2 Jα (u),
0

alors |m| < ∞ et que m est atteinte.


4-Déduire que (3.1.5) admet une solution positive et que cette solution est unique.
83

5-Fixons α ∈ (0, 1], on note uβ la solution positive de (3.1.5) obtenue dans le première
partie. Montrer que si 0 < β1 < β2 , alors uβ2 ≥ uβ1 .
6-On pose β = n1 , on note un = uβ . Montrer que {un }n est une suite croissante en n.
7-En utilisant un comme fonction test, déduire que {un }n est bornée dans W01,2 .
8-Montrer que {un }n converge fortement dans W01,2 vers un élément v et trouver le
problème limite.
9-Montrer que le problème limite admet une solution positive unique dans W01,2 .
10- Donner la fonctionnelle d’energie pour le problème final et montrer que tous ses
termes sont bien définis.

Deuxième Partie : On considère maintenant le problème général suivant



 −∆u + u = u−α dans Ω,
(3.1.6)
 u ≥ 0 dans Ω et u = 0 sur ∂Ω,

1-Trouver une sous-solution φ ≥ 0 pour le problème (3.1.6).


2- À l’aide de la premiere partie, prouver l’existence d’une sur-solution v de (3.1.6)
avec φ ≤ v.
3-Justifier l’application de la méthode des sous-sur solutions pour prouver l’existence
d’une solution positive pour le problème (3.1.6).
84 Problèmes de minimization
Chapitre 4

Appendices

Considérons le problème

 −∆ u = f dans Ω,
p
(4.0.1)
 u = 0 sur ∂Ω.

où 1 < p < ∞, et f ∈ L1 (Ω).


Il y a trois difficultés associées à l’étude de l’équation (4.0.1), même dans un domaine
borné.
1- Trouver le sens pour lequel l’équation précédente est bien définie.
2- La construction d’une solution dans le sens obtenu.
3- Unicité de la solution trouvée.

Notons que le sens de distributions est le sens le plus général qu’on peut donner à cette
équation, c.à.d u vérifie
Z Z
|∇u| p−2
∇u ∇φ dx = f φ dx ∀ φ ∈ C0∞ (Ω).
Ω Ω

Cette notion de solution présente deux désavantages :


1-L’espace des fonctions test étant trop ”petit”.
2-L’unicité de la solution.

85
86 Problèmes de minimization

Notons que pour le cas p = 2, le cadre distributionnel est un cadre naturel pour
étudier des equations avec second membre dans L1 , car ∆u = 0 au sens des distributions
implique que u est harmonique au sens classique.

Solutions au sens d’entropie : cas où f ∈ L1(Ω).


Présentons d’abord le cadre fonctionnel pour la solution entropique.
Soit k > 0, la fonction Tk : R → R est définie par

 s si |s| ≤ k,
Tk (s) =
 k sign(s) si |s| > k.

Pour une fonction mesurable u définie dans Ω, Tk u est définie par (Tk u)(x) = Tk (u(x)).

Les espaces fonctionnels utilisés sont :


1,1
i) τloc (Ω) est l’ensemble des fonctions mesurables u : Ω → R telles que pour tout k > 0,
1,1
la fonction de troncature Tk (u) appartient à Wloc (Ω).

1,p 1,1
ii) Pour p ∈]1, ∞[, τloc (Ω) est le sous ensemble de τloc (Ω) composé des fonctions u
telles que |∇(Tk (u))| ∈ Lploc (Ω) pour tout k > 0.

1,1
iii) De même, τ 1,p (Ω) est le sous ensemble de τloc (Ω) composé des fonctions u, telles
que |∇Tk (u)| ∈ Lp (Ω) pour tout k > 0.

iv) Enfin, τ01,p (Ω) est le sous ensemble de τ 1,p (Ω), composé des fonctions qui peuvent
être approchées par des fonctions de classe C01 (Ω) : si u ∈ τ01,p (Ω), alors pour tout
k > 0, il existe une suite (φn )n ⊂ C0∞ (Ω) telle que

φn → Tk (u) dans L1loc (Ω),

∇φn → ∇Tk (u) dans Lp (Ω).


Problèmes de minimization 87

1,1
Notons que si u ∈ τloc (Ω), alors ∇u n’est pas défini même au sens des distributions,
pourtant on a le lemme suivant qui donne un sens à ∇u.

1,1
Lemme 4.1 [3] Soit u ∈ τloc (Ω), il existe une fonction v : Ω → IRN mesurable unique
telle que

∇Tk (u) = v 1{|u|<k} p.p. (4.0.2)

1,1
En outre, u ∈ Wloc (Ω) si et seulement si v ∈ L1loc (Ω), et alors v ≡ ∇u dans le sens
faible habituel.

On est à présent en mesure d’introduire la notion de solution entropique.

Définition 4.1 Solution au sens d’entropie Soit f ∈ L1 (Ω), on dit que u ∈ τ01,p (Ω)
est une solution d’entropie du problème

 −∆ u = f (x) dans Ω,
p
(4.0.3)
 u = 0 sur ∂Ω,

si pour toute function φ ∈ L∞ (Ω) ∩ W01,p (Ω) et pour tout k > 0, on a


Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇Tk (u − φ) dx = Tk (u − φ)f dx. (4.0.4)
Ω Ω

Montrons que chaque terme dans la formule précédente est bien défini :
comme φ ∈ L∞ (Ω), alors

|u| < k + kφk∞ ≤ k,

où k = k + kφk∞ ,
ainsi
88 Problèmes de minimization

Z Z Z
p−2
p

|∇u| ∇u ∇(u − φ)dx ≤ |∇u| dx + |∇u|p−1 |∇φ| dx
{|u−φ|<k}
{|u−φ|<k} {|u−φ|<k}
Z Z
p
≤ |∇u| dx + |∇u|p−1 |∇φ| dx
{|u|<k} {|u−φ|<k}
Z Z Z
p p
≤ |∇Tk (u)| dx + c1 |∇u| dx + c2 |∇φ|p dx

{|u−φ|<k} {|u−φ|<k}
Z Z
≤ c3 |∇Tk (u)|p dx + c2 |∇φ|p dx
Ω {|u−φ|<k}
Z Z 
p p
≤C |∇Tk (u)| dx + |∇φ| dx .
Ω {|u−φ|<k}

Par conséquence, il résulte que


Z Z Z 
p−2
p p

|∇u| ∇u ∇(u − φ) dx ≤ C |∇Tk (u)| dx + |∇φ| dx .
{|u−φ|<k} Ω Ω

Puisque Tk (u) ∈ W01,p (Ω) et φ ∈ L∞ (Ω) ∩ W01,p (Ω), alors le premier membre de (4.0.4)
est bien défini.
Maintenant on commence par la démonstration de quelques propriétés de la solu-
tions d’entropie.

Lemme 4.2 [3] Si u ∈ τ01,p (Ω) est une solution d’entropie de (4.0.3) alors pour tout
k>0 Z Z
1 p
|∇u| dx ≤ |f | dx = kf k1 . (4.0.5)
k {|u|<k} Ω
Par conséquent, on obtient l’estimation suivante dans Lp (Ω)

k∇Tk (u)kpp ≤ kkf k1 . (4.0.6)

Preuve.
Comme u ∈ τ01,p (Ω) ⇒ Tk (u) ∈ W01,p (Ω) ⇒ Tk (u) ∈ Lp (Ω). Si φ = 0 et grâce à
(4.0.4) on aura
Z Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇u dx = Tk (u) f dx = u f dx ≤ k||f ||1 ,
{|u|<k} {|u|<k}
Z
d’où |∇Tk (u)|p dx ≤ k kf k1 .

Problèmes de minimization 89

Estimations à priori dans des espaces de Marcinkie-


wicz
Le premier résultat principal est le lemme suivant.

Lemme 4.3 [3] Soit 1 < p < N et Ω un domaine borné de IRN . Considérons u ∈
τ01,p (Ω) tel que Z
1
|∇u|p dx ≤ M, (4.0.7)
k {|u|<k}
N (p−1)
pour tout k > 0. Alors u ∈ Mp1 (Ω) avec p1 = N −p
. Plus précisément, il existe
C = C(N, p) > 0 telle que
n o N
mes |u| > k ≤ CM N −p k −p1 . (4.0.8)

Preuve.
Soient 1 < p < N et u ∈ τ01,p (Ω), donc Tk (u) ∈ W01,p (Ω) pour tout k > 0. D’après
l’inégalité de Sobolev on a
Np
kTk (u)kp∗ ≤ c(N, p)k∇Tk (u)kp où p∗ = .
N −p
Z
1
Grâce à (4.0.7), on déduit que |∇Tk (u)|p dx ≤ kM . Donc kTk (u)kp∗ ≤ c(N, p)(kM ) p .
n o n Ω o
Comme |u| > k = |Tk (u) > k| , il résulte que

p∗
n o ∗ ∗ ∗
mes |u| > k ≤ ε−p kTk (u)kpp∗ ≤ c1 (N, p)(kM ) p k −p .

D’où
n o
mes |u| > k ≤ Ck −p1 ,
N
N (p−1)
avec C = c1 (N, p)M N −p et p1 = N −p
. Donc φu (k) ≤ Ck −p1 , et comme conséquence
u ∈ Mp1 (Ω).

Une estimation similaire sur |∇u| est aussi valide, ceci est énoncé par le lemme suivant.
90 Problèmes de minimization

Lemme 4.4 [3] Soit 1 < p < N et supposons que u ∈ τ01,p (Ω) satisfait (4.0.7) pour
tout k. Alors pour tout h > 0
n o N N (p − 1)
mes |∇u| > h ≤ C(N, p)M N −1 h−p2 , p2 = . (4.0.9)
N −1
Preuve.
Pour k, λ > 0, on pose
n o
Φ(k, λ) = mes |∇u|p > λ, |u| > k ,

d’après le Lemme 4.3 nous avons


N
Φ(k, 0) ≤ C(N, p)M N −p h−p1 . (4.0.10)

Comme la fonction λ 7→ Φ(k, λ) est décroissante, on obtient pour k, λ > 0 et pour


0 ≤ s ≤ λ, Φ(0, λ) ≤ Φ(0, s). Donc
Z λ Z λ
Φ(0, λ) ≤ Φ(0, s) ⇒ Φ(0, λ)ds ≤ Φ(0, s)ds,
0 0
1 λ
Z
⇒ Φ(0, λ) ≤ Φ(0, s)ds,
λ 0
et
λ λ
1 λ
Z Z Z
1 1 
Φ(0, s)ds = Φ(k, s)ds + Φ(0, s) − Φ(k, s) ds,
λ 0 λ 0 λ 0
Z λ
1 
≤ Φ(k, 0) + Φ(0, s) − Φ(k, s) ds,
λ 0
d’où
Z λ Z λ
1 
Φ(0, λ) ≤ Φ(0, s) ds ≤ Φ(k, 0) + Φ(0, s) − Φ(k, s) ds. (4.0.11)
λ 0 0

Remarquons que

Φ(0, s) − Φ(k, s) = mes |u| < k, |∇u|p > s ,




et grâce à (4.0.8), on aura


Z ∞ Z
|∇u|p dx ≤ kM.

Φ(0, s) − Φ(k, s) ds = (4.0.12)
0 {|u|<k}
Problèmes de minimization 91

Enfin d’après (4.0.11) et en utilisant (4.0.10) et (4.0.12), nous arrivons à

Mk N
Φ(0, λ) ≤ + C(N, p)M N −p k −p1 . (4.0.13)
λ
N
On pose P (k) = Mk
λ
+ cM N −p k −p1 , en minimisant P (k), en k, on obtient que
 
1  N −p N (p−1) N
Φ(0, λ) ≤ 1 + cp1 p(N −1) λ− p(N −1) M N −1 ,
p1
d’où
N N (p−1)
Φ(0, λ) ≤ C(N, p)M N −1 λ− p(N −1) .

On pose λ = hp , alors
N (p−1)
n o N
mes |∇u| > h ≤ C(N, p)M N −1 h− (N −1) .
p p

et par conséquent
n o N N (p − 1)
mes |∇u| > h ≤ C(N, p)M N −1 h−p2 avec p2 = .
(N − 1)
D’où le résultat.

Résultat principal d’existence et d’unicité.


On est maintenant en mesure d’énoncer et de démontrer le résultat principal.

Théorème 4.1 Soit 1 < p < N et Ω un domaine borné, alors le problème (4.0.3)
admet une solution entropique u telle que u ∈ τ01,p (Ω). De plus,

u ∈ Mp1 (Ω) et |∇u| ∈ Mp2 (Ω), (4.0.14)

N (p−1) N (p−1)
où p1 = N −p
et p2 = N −1
.
Dans le cas p > 2 − 1
N
la solution u appartient à W01,q (Ω) pour tout q < p2 et

||u||W 1,σ (Ω) ≤ C(Ω, σ)||f ||L1 (Ω) pour tout σ < p2 .
0
92 Problèmes de minimization

Preuve.
Pour simplifier la présentation, on va supposer que f ≥ 0.
L’idée principale de la demonstration est de procéder par approximation.
Étape 1.
On pose fn (x) = Tn (f (x)), il est clair que {fn } ⊂ L∞ (Ω) et que fn ↑ f dans L1 (Ω).
Comme fn ∈ L∞ (Ω), le problème suivant

 −∆p un = fn

 dans Ω,

(4.0.15)



 un = 0 sur ∂Ω,

admet une solution faible unique un ∈ W01,p (Ω). Comme Tk (un ) ∈ W01,p (Ω) ∩ L∞ (Ω)
pour tout k > 0, donc en prenant Tk (un ) comme fonction test dans (4.0.15) on obtient
que Z Z
p−2
|∇un | ∇un ∇Tk (un ) dx = fn Tk (un ) dx ≤ Ck,
Ω Ω

donc Z
1
|∇un |p dx ≤ c, (4.0.16)
k {|un |<k}

i.e., Z
|∇Tk (un )|p dx ≤ k c. (4.0.17)

Par voie de conséquence, pour tout k > 0 fixé et modulo une sous-suite, il existe
wk ∈ W01,p (Ω) tel que Tk (un ) * wk faiblement dans W01,p (Ω), et Tk (un ) → wk p.p dans
Ω.
En tenant compte du fait que Tk+h (un ) = Tk (Th (un )), on définit la fonction me-
surable u par Tk (u) = wk . Il est clair que u est bien définie et que Tk (un ) → Tk (u)
fortement dans Lq (Ω) ∀q ≥ 1.

D’après les lemmes 4.3 et 4.4, on a

kun kMp1 (Ω) ≤ C et k∇un kMp2 (Ω) ≤ C,

N (p−1) N (p−1)
où p1 = N −p
et p2 = N −1
.
Problèmes de minimization 93

1
Supposons que p > 2 − N
, alors p2 > 1 et par conséquent {un } sera bornée dans
W01,q (Ω) pour tout q < p2 . Ensuite un * u faiblement dans W01,q (Ω). Soit ϕ ∈ C0∞ (Ω),
on a Z Z
p−2
|∇un | ∇un ∇ϕ dx = fn ϕ dx.
Ω Ω

Passons à la limite quand n → ∞, il découle que


Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇ϕ dx = f ϕ dx.
Ω Ω

Il est clair que un → u fortement dans Lq (Ω) tel que 1 ≤ q < p∗2 .
Notons que {fn }n est une suite croissante en n et par conséquent {un }n est une
suite croissante en n et donc un ↑ u p.p. dans Ω.

Montrons que u est une solution entropique de (4.0.3).


Soit φ ∈ L∞ (Ω) ∩ W01,p (Ω), comme Tk (u) ∈ W01,p (Ω), on déduit que Tk (u − φ) ∈
W01,p (Ω), donc
Z Z Z
p−2 p−2
|∇un | ∇un ∇Tk (u−φ) dx = |∇un | ∇un ∇Tk (u−φ) dx = Tk (u−φ)fn .
Ω {|u−φ|<k} Ω

Il est alors clair que

|u − φ| < k ⇒ |u| < k + kφk∞ = k.

Donc |un | ≤ k et par conséquence


Z Z
p−2
|∇un | ∇un ∇Tk (u − φ) dx = |∇Tk (un )|p−2 ∇Tk (un )∇Tk (u − φ) dx.
Ω Ω

Pour la convergence faible de {Tk (un )}n il résulte que


Z Z
p−2
|∇Tk (un )| ∇Tk (un )∇Tk (u − φ) dx → |∇Tk (u)|p−2 ∇Tk (u)∇Tk (u − φ) dx.
Ω Ω

Par suite
Z Z
p−2
|∇Tk (un )| ∇Tk (un )∇Tk (u − φ) dx = Tk (u − φ)f dx.
Ω Ω

Donc u est une solution entropique de (4.0.3).


94 Problèmes de minimization

Montrons que Tk (un ) → Tk (u) fortement dans W01,p (Ω). Nontons que pour k > 0
fixé, Tk (s) est une fonction croissante concave pour s ≥ 0, alors par l’inégalité de Kato
dans Proposition 2.1, il découle que −∆p Tk (un ) ≥ 0. Comme la suite {Tk (un )}n est
une suite crroissante bornée, d’après le résultat de compacité Proposition 2.2 on déduit
que Tk (un ) → Tk (u) fortement dans W01,p (Ω).

Reste à prouver l’unicité. Notons que si v est une autre solution entropique, alors
par la monotonie de fn , on déduit que u ≤ v. Il reste à prouver que v ≤ u.
En utilisant comme fonction test Th (u) et Th (v) dans la formulation entropique de
u et v, en obtient que
Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇(u − Th (v)) dx = f Tk (u − Th (v)) dx,
{|u−Th (v)|<k} Ω
Z Z
p−2
|∇v| ∇v ∇(v − Th (u)) dx = f Tk (v − Th (u)) dx.
{|v−Th (u)|<k} Ω

En combinant les deux résultats nous obtenons

Z
|∇u|p−2 ∇u ∇(u − Th (v)) dx
{|u−Th (v)|<k}
Z
+ |∇v|p−2 ∇v ∇(v − Th (u)) dx (4.0.18)
{|v−Th (u)|<k}
Z
= f (Tk (u − Th (v)) + Tk (v − Th (u))) dx.

La conclusion u = v sera atteinte après le passage à la limite h → ∞ dans cette formule.


Clairement on a
Z
f (Tk (u − Th (v)) + Tk (v − Th (u))) dx → 0 quand h → 0.

Soit
Z
I = |∇u|p−2 ∇u ∇(u − Th (v)) dx
{|u−Th (v)|<k}
Z
+ |∇v|p−2 ∇v ∇(v − Th (u)) dx.
{|v−Th (u)|<k}
Problèmes de minimization 95

On pose

A0 = x ∈ Ω : |u − v| < k, |u| < h, |v| < h ,

Dans A0 le premier membre de (4.0.18) est réduit au terme suivant


Z
|∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v ∇u − ∇v dx.
 
I0 =
A0

Soit maintenant

A1 = x ∈ Ω : |u − Th (v)| < k, |v| ≥ h ,

donc Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇(u − Th (v)) dx = |∇u|p dx ≥ 0,
A1 A1

et sur l’ensemble

A2 = x ∈ Ω : |u − Th (v)| < k, |v| < h, |u| ≥ h ,

nous obtenons
Z Z
p−2
|∇u| ∇u ∇(u − Th (v)) dx = |∇u|p−2 ∇u (∇u − ∇v) dx,
A2 A2
Z

≥ − ∇u|p−2 ∇u ∇v dx.
A2

De la même façon, on peut définir les ensembles A01 et A02 comme suit

A01 = {x ∈ Ω : |v − Th (u)| < k, |u| ≥ h},

et
A02 = {x ∈ Ω : |v − Th (u)| < k, |u| < h, |v| ≥ h}.

Alors le deuxième terme de (4.0.18) peut s’écrire comme somme de


Z Z
p−2
|∇v|p dx ≥ 0

|∇v| ∇v ∇v − ∇Th (u) dx =
A01 A01

et
Z Z
p−2
|∇v|p−2 ∇v ∇v − ∇u dx,
 
|∇v| ∇v ∇v − ∇Th (u) dx =
A02 A02
Z
≥ − |∇v|p−2 ∇v ∇u dx.
A02
96 Problèmes de minimization

On conclut que
Z Z
p
I ≥ I0 + |∇u| dx − |∇u|p−2 ∇u ∇v dx
A1 A2
Z Z
+ |∇v|p dx − |∇v|p−2 ∇v ∇u dx,
A01 A02
Z Z 
p−2 p−2
≥ I0 − |∇u| ∇u ∇v dx + |∇v| ∇v ∇u dx ,
A2 A02
≥ I0 − I3 ,

où Z Z
p−2
I3 = |∇u| ∇u ∇v dx + |∇v|p−2 ∇v ∇u dx.
A2 A02

Le premier terme de I3 peut être estimer par


Z Z
p−2


|∇u| ∇u ∇v dx ≤ |∇u|p−1 |∇v| dx,
A2 A2
Z  p−1
p
Z  p1
p p
≤ |∇u| dx |∇v| dx ,
A2 A2
≤ k∇ukp−1
Lp ({h≤|u|≤h+k}) k∇vkL ({h−k≤|v|≤h}) .
p

Comme

k∇ukp−1
Lp ({h≤|u|≤h+k}) k∇vkL ({h−k≤|v|≤h}) → 0
p

quand h → ∞ pour tout k > 0, il résulte que


Z
p−2


|∇u| ∇u ∇v dx → 0
A2

quand h → ∞ pour tout k > 0. De la même façon on obtient la même conclusion pour
le deuxième terme de I3 .
Donc I3 → 0 quand h → ∞.

Concernant le deuxième membre de (4.0.18), sachant que

Tk (u − Th (v)) + Tk (v − Th (u)) → 0 p.p dans Ω pour h → ∞


Problèmes de minimization 97

|Tk (u − Th (v)) + Tk (v − Th (u))| ≤ 2k

et que f ∈ L1 (Ω), donc en utilisant le Théorème de la convergence dominée on obtient


que
Z
f (Tk (u − Th (v)) + Tk (v − Th (u))) dx → 0 quand h → ∞ pour chaque k > 0.

En combinant les estimations précédentes il résulte que


Z
|∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v ∇u − ∇v dx ≤ ε(h),
 
A0 (h,k)

où ε(h) → 0 quand h → ∞ pour tout k fixé > 0. Puisque A0 (h, k) converge vers

{x ∈ Ω : |u − v| < k},

nous concluons que


Z
|∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v ∇u − ∇v dx ≤ 0.
 
{|u−v|<k}

Comme
Z
∇vkpLp ({|u−v|<k}) |∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v ∇u − ∇v dx
 
λk∇u − ≤
{|u−v|<k}

si p > 2 et

|∇u − ∇v|2
Z
2−p
dx ≤
{|u−v|<k} (|∇u| + |∇v|)
Z
|∇u|p−2 ∇u − |∇v|p−2 ∇v ∇u − ∇v dx
 
{|u−v|<k}

pour p < 2, il résulte que ∇u − ∇v = 0 p.p. et par consequence Tk (u) = Tk (v) pour
tout k > 0. Donc u = v p.p. D’où le résultat.

Remarques :
1- Le cas où f change de signe est traité d’une manière similaire. On renvoit le
lecteur au [22] pour plus de détails.
98 Problèmes de minimization

2-Dans le cas où 1 < p < 2 − 1


N
, / W01,1 (Ω).
en général la solution entropique u ∈

3-D’après la construction de la solution entropique u, on peut utiliser comme fonc-


tion test (dans le problème (4.0.3),) toute function φ ∈ W01,p (Ω)∩L∞ (Ω), en particulier
Tk (u).

4.1 Applications.
Application I
Comme conséquence on obtient le résultat de compacité suivant :

1 N (p−1)
Théorème 4.2 Soit p > 2 − N
et 1 < q < p2 = N −1
. On considère l’opérateur
T : L1 (Ω) → W01,q (Ω) définie par T (f ) = u où u est la solution entropique unique du
problème (4.0.3), alors T est un opérateur compact.

Preuve : D’après le Théorème 4.1, on déduit facilement que T est bien défini.
Commençons par prouver que T est continu.
Soit {fn }n ⊂ L1 (Ω) telle que fn → f dans L1 (Ω). Soit un la solution du problème
(4.0.3), avec donnée fn . D’après les Lemmes 4.3 et 4.4 on déduit que {un }n est bornée
N (p−1)
dans Mp1 (Ω) avec p1 = N −p
et que {|∇un |}n est bornée dans Mp2 (Ω) avec p2 =
N (p−1)
N −1
. Notons que
−∆p un + −∆p um = fn − fm .

Par conséquence on déduit que


Z Z Z
(−∆p un + ∆p )Tk (un − um )dx = (fn − fm )Tk (un − um )dx ≤ k |fn − fm |dx.
Ω Ω Ω

Fixons 1 < q < p2 , par l’inegalité algébrique (2.1.7) si p > 2 (ou bien (2.1.5) si p < 2),
en utilisant l’inégalité de Hölder et le fait que {un }n est bornée dans Mp1 (Ω), il résulte
que Z Z
p
|∇(Tk (un − um ))| dx ≤ k |fn − fm |dx.
Ω Ω
Problèmes de minimization 99

On pose wn = un − um , donc
Z Z
p
|∇Tk (wn,m )| dx ≤ k |fn − fm |dx = kMn,m .
Ω Ω

D’après le Lemme 4.3 il découle que


n o N
N −1 −p2
mes |∇wn,m | > h ≤ C(N, p)Mn,m h . (4.1.1)

Et par conséquence ||wn,m ||W 1,q (Ω) ≤ CMn,m → 0 si n, m → ∞. Donc {un }n est une
0

suite de Cauchy dans W01,q (Ω) et donc un → u fortement dans W01,q (Ω). Il n’est pas
difficile de prouver que u est la solution entropique du problème (4.0.3), avec donnée
f.
Prouvons maintenant la compacité de T . On va suivre les mêmes arguments que
ceux de [6]. Comme dans le cas précédent, on considère {fn }n une suite bornée de L1 (Ω)
et un la solution du problème (4.0.3), avec donnée fn . Comme {|∇un |}n est bornée dans
N (p−1)
Mp2 (Ω) avec p2 = N −1
, on déduit, à une sous suite, que un * u faiblement dans
W01,q (Ω).
Soit D ⊂ Ω un ensemble compact et φ ∈ C0∞ (Ω) telle que 0 ≤ φ ≤ 1 et φ = 1 dans
D. En utilisant φ(Tk (un − u)) comme function test dans l’équation de un , prenant en
compte de la convergence faible de un , on déduit que
Z
φ(|∇un |p−2 ∇un − |∇u|p−2 ∇u)∇Tk (un − u)dx ≤ C(D)k.
D

Supposons pour simplifier la présentation que p > 2 (sinon on utislise l’inégalité (2.1.7)
si p < 2), pour θ < 1 fixé, on aura
Z Z Z
θ θ
|∇(un − u)| dx = |∇(un − u)| dx + |∇(un − u)|θ dx
D {|un −u|≤k}∩D {|un −u|≥k}∩D
Z 1−θ Z

≤ |∇(un − u)| dx + {|un − u| ≥ k} ∩ D ( |∇(un − u)|dx)θ
θ
{|un −u|≤k}∩D D
Z 1−θ
θ
p
≤ C(D)( |∇Tk (un − u)| dx) p + C(D) {|un − u| ≥ k} ∩ D .
D

Il est clair que pour k fixé,


1−θ

lim sup {|un − u| ≥ k} ∩ D
= 0.
n→∞
100 Problèmes de minimization

Donc
Z Z
θ
lim sup |∇(un − u)| dx ≤ lim sup C(D)( |∇Tk (un − u)|p dx) p ≤ C(D)k 1−θ .
θ
n→∞ D n→∞ D

Pour k → 0, on déduit que


Z
lim sup |∇(un − u)|θ dx = 0.
n→∞ D

Donc ∇un → ∇u p.p dans Ω et par conséquence, par le lemme de Vitali on déduit que
un → u fortement dans W01,q (Ω) pour tout q < p2 .

Application II
On considère le problème suivant :



 −∆p u = |∇u|q + λg dans Ω,

u ≥ 0 dans Ω, (4.1.2)



 u = 0 sur ∂Ω,
1
où p > 2 − N
, 1 < q < p2 et g ∈ L1 (Ω) avec g 0.
Par une solution du problème (4.1.2), on veut dire une fonction u telle que |∇u|q ∈
L1 (Ω) et u vérifie (4.1.2) au sens entropique avec f ≡ |∇u|q + λg.
Commençons par prouver le résultat de non-existence suivant.

Théorème 4.3 Il existe λ̄ > 0, tel que si λ > λ̄, alors le problème (4.1.2) n’admet pas
de solution positive.

Preuve : Soit u une solution entropique de (4.1.2) et φ ∈ C0∞ (Ω). Nous testons
q
l’équation (4.1.2) par |φ|α ou α = q−(p−1) , on déduit que
Z Z Z
p−1 α−1 q α
α |∇u| |φ| |∇φ|dx ≥ |∇u| |φ| dx + λ f |φ|α dx.
Ω Ω Ω

Donc par l’inégalité de Young, il découle que


Z Z
α
C(α) |∇φ| dx ≥ λ f |φ|α dx.
Ω Ω
Problèmes de minimization 101

On pose Z
C(α) |∇φ|α dx

λ̄ = inf Z
φ∈C0∞ (Ω)
f |φ|α dx

alors λ ≤ λ̄ et le résultat est démontré.

On est en mesure de prouver le résultat d’existence principal.

1
Théorème 4.4 Soit p > 2 − N
, 1 < q < p2 et g ∈ L1 (Ω) avec g 0. Alors il existe
λ∗ > 0 tel que pour tout λ < λ∗ , le probleme (4.1.2) admet une solution entropique u
telle que u ∈ W01,σ (Ω) pour tout σ < p2 . En particulier |∇u|q ∈ L1 (Ω).

Preuve : Notons que d’après le Théorème 4.1, si v est une solution entropique de
(4.0.3), alors pour tout 1 ≤ σ < p2 , il existe une constante Cσ (Ω) telle que

||∇v||Lσ (Ω) ≤ C0 ||f ||L1 (Ω) . (4.1.3)

Soit q < σ0 < p2 fixé, on considère λ∗ > 0 telle qu’il existe l > 0, avec

1
C0 (l + λ∗ ||f ||L1 (Ω) ) = l q ,

où C = C(Ω, σ0 ). Pour λ < λ∗ fixé, on définit l’ensemble

1
E = {v ∈ W01,1 (Ω) : v ∈ W01,σ0 (Ω) et ||∇v||Lσ0 ≤ l q }. (4.1.4)

E est clairement un ensemble convexe fermé de W01,1 (Ω). On définit maintenant l’opérateur

T : E → W01,1 (Ω)
v → T (v) = u

où u est la solution entropique unique du problème





 −∆p u = |∇v|q + λg dans Ω,

u = 0 sur ∂Ω, (4.1.5)



 u > 0 dans Ω.
102 Problèmes de minimization

Puisque |∇v|q + λg ∈ L1 (Ω), alors il existe une solution entropique unique u avec
|∇u|σ ∈ L1 (Ω) pour tout σ < p2 . Par conséquence T est bien defini.
On affirme que

1. T (E) ⊂ E,

2. T est une opérateur continu et compact.

Pour le premier point, d’après le Théorème 4.1, il découle que



q

||∇u||Lσ0 (Ω) ≤ Cσ0 |∇v| + λg

.
L1 (Ω)

Donc, en utilisant l’inégalité de Hölder,


 
q

||∇u||Lσ0 (Ω) ≤ Cσ0
|∇v|
+ λ||g||L1 (Ω)
L1 (Ω)
q
≤ C0 (Ω)(||∇v||Lσ0 (Ω) + λ||g||L1 (Ω) )
1
≤ C0 (Ω)(l + λ∗ ||g||L1 (Ω) ) = l q .

Donc u ∈ E.
Pronvons maintenant la continuité de T par rapport à la topologie de W01,1 (Ω). Soit
{vn }n ⊂ E telle que vn → v fortement dans W01,1 (Ω). On pose un = T (vn ) et u = T (v).
Notre but est de prouver que ||un − u||W 1,1 (Ω) → 0 si n → ∞. Donc il suffit de
0

prouver que ||∇vn − ∇v||Lq (Ω) → 0 si n → ∞.


Notons que {vn }n ⊂ E et ||vn − v||W 1,1 (Ω) → 0 si n → ∞, il découle que ||∇vn −
0

∇v||Lσ (Ω) → 0 si n → ∞ pour tout σ < p2 . Comme q < p2 et Ω est un domaine borné
on déduit notre résultat.
Il reste à prouver la compacité de T .
Soit {vn }n ⊂ E une suite bornée dans W01,1 (Ω). Comme {vn }n ⊂ E, alors ||∇vn ||Lσ0 (Ω) ≤
C, donc à une sous suite près, notée toujours vn , on conclut que vn * v faiblement
dans W01,σ0 (Ω).
On pose
fn = |∇vn |q + λg,
Problèmes de minimization 103

alors ||fn ||L1 (Ω) ≤ C. D’après le résultat de compacité du Théorème 4.2, on déduit que,
à une sous suite, unk → u fortement dans W01,1 (Ω). Donc T est compact.
Comme conclusion, et en utilisant le Théorème du point fixe de Schauder on obtient
l’existence de u ∈ E telle que T (u) = u, alors u ∈ W01,σ (Ω) pour tout σ < p2 et u est
une solution de (4.1.2).
104 Bibiographie
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