michael moorcock’s

l’œil
du sorcier
 Mournblade est une œuvre collective développée d’après Elric de Melniboné de Mongoose Publishing,
l’œuvre de Michaël Moorcock et le CYD System du Département des Sombres Projets. t i am

2
Les Psaumes du Paraclet
Le chant qui suit appartient au recueil du Livre des Psaumes de la Loi, un ouvrage liturgique particulièrement usité sur le
continent nord des Jeunes Royaumes. S’il fait partie des grandes prières que tout suivant de la Loi se doit de connaître,
il a récemment été retiré du missel loyal du Vilmir en raison de son lyrisme trop exacerbé…

Autrefois, il y a longtemps, alors que le Glorieux Empire melnibonéen n’était

encore qu’une verrue disgracieuse sur la face du Monde, les hommes vivaient comme des bêtes
asservies au Chaos et à des peuples impies.

Autrefois, il y a longtemps, les hommes avaient faim.

Ils cueillaient les maigres fruits des arbres et de la terre, ils semaient leurs graines au hasard et
vivaient au jour le jour.
Mais un jour, un paysan qui avait vu mourir de faim sa femme et ses enfants voulut en finir avec
sa vie misérable. Alors qu’il était à la recherche d’une corde, il sentit une main fraîche sur son épaule.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna l’art de l’agriculture. Il lui apprit comment mettre les graines
en terre, comment tenir compte du rythme des saisons, comment récolter le fruit des entrailles de la
terre, comment protéger semailles et récoltes.
Et les hommes n’eurent plus jamais faim.

Autrefois, il y a longtemps, les hommes succombaient à la tâche.

Ils s’écroulaient sous le poids de leurs lourds fardeaux, ils se brisaient le dos
à récolter leurs moissons.
Mais un jour, un meunier qui venait de se rompre l’échine à continuellement réduire son blé en
farine entre deux immenses pierres plates lourdes comme deux bœufs s’assit devant son ouvrage,
décidé à se laisser mourir.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna l’art de la mécanique. Il lui apprit comment réaliser des
attelages, comment construire des moulins à vent, comment fabriquer un système de poulie.
Et les hommes ne succombèrent plus jamais à la tâche.

Autrefois, il y a longtemps, les hommes perdaient le souvenir des choses.

Ils vendaient des denrées sans savoir s’ils étaient devenus plus riches, ils vivaient d’importants
événements sans en garder mémoire, prisonniers d’un présent sans passé.
Mais un jour, un marchand qui avait vendu toutes ses marchandises se retrouva dans l’impossibilité
de nourrir et vêtir sa famille pendant l’hiver. Il s’apprêtait à brûler sa maison et à partir au loin
sans se retourner lorsqu’une main amie arrêta son geste.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna l’art de l’écriture. Il lui apprit à consigner ses ventes, à faire
ses comptes, à garder trace des faits mémorables.
Et les hommes ne perdirent plus jamais le souvenir des choses.

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 Autrefois, il y a longtemps, les hommes mouraient jeunes.
Ils succombaient à la moindre blessure, ils périssaient de l’infection la plus bénigne.
Mais un jour, alors qu’un vieil homme veillait sa fille cadette, rongée par une peste qui la défigurait
et rendait sa voix rauque de souffrance, une silhouette lumineuse et astrale se présenta au chevet de
la malade et vint relever le père accablé par une douleur muette.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna l’art de la médecine. Il lui apprit comment guérir les
maladies, comment refermer les blessures, comment combattre les infections.
Et les hommes ne moururent plus jamais jeunes.

Autrefois, il y a longtemps, les hommes vivaient dans des masures.

Ils habitaient de fragiles habitations menacées par le vent et les intempéries, ils logeaient dans
d’immondes taudis puants et sordides.
Mais un jour, une mère se leva et hurla jusqu’à la mort. Elle avait vu le cadavre de son nouveau-né
rongé par les rats. Alors que le père l’empêchait de se taillader les veines, une silhouette impérieuse
s’empara du couteau que tenait la femme.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna l’art de l’architecture. Il lui apprit comment construire de
solides demeures claires et saines, comment bâtir d’immenses temples à la gloire des Seigneurs Blancs.
Et les hommes ne vécurent plus jamais dans des masures.

Autrefois, il y a longtemps, les hommes vivaient dans les ténèbres.

Ils adoraient des dieux obscurs et cruels, ils vénéraient les puissances élémentaires aux instincts
désordonnés, ils avaient vendu leurs âmes aux Puissances du Chaos.
Mais un jour, un souverain compta ses morts à l’issue d’une guerre sanglante et vaine.
Il s’agenouilla sur le champ de bataille et pleura. Il pleura si fort et si longtemps qu’il serait mort
si une silhouette lumineuse n’était pas venue le relever.
Le Paraclet lui apparut et lui enseigna la philosophie des Seigneurs Blancs. Il lui apprit qui ils sont,
quelle est leur pensée et comment les vénérer.
Et les hommes ne vécurent plus jamais dans les ténèbres.

Heureux nos ancêtres,

Heureux ceux qui L’ont vu,
Heureux ceux qui ont vécu ce temps de grandeur.

Puissions-nous conserver Son souvenir dans nos esprits et nos cœurs afin de
L’accueillir lorsqu’il nous reviendra.
Ainsi sera.

6
 Du statut de sorcier dans les Jeunes Royaumes

livre
premier 7
 Être sorcier
dans les Jeunes
Royaumes
Des divergences
d’opinion sur
la magie
Les plus grands érudits des Jeunes Royaumes s’étaient donné rendez-vous à
l’université de Karlaak. Rassemblés dans l’auditorium principal, ils échan-
être sorcier dans les jeunes royaumes
geaient théories, idées et opinions, pour ne pas dire sarcasmes acerbes, lors
de cette assemblée extraordinaire à tout point de vue, par son thème, la
Sorcellerie, et par l’extraordinaire diversité des nationalités représentées, du
sage Vilmirien raide dans sa robe immaculée, les cheveux gris coupés de façon
à ce qu’aucune mèche ne se rebellât, au vieux Pan Tangien au crâne rasé
exposant sans honte les vilaines tavelures brunâtres de l’âge et ayant posé ses
mains creusées de profondes rides sur un petit nécessaire à écriture en acajou.
Assis sur les bancs de marbre rose de l’hémicycle, le dos droit comme s’ils
étaient pénétrés de leur importance ou le corps avachi dans d’épais coussins
colorés, pour ceux qui ne supportaient pas l’austérité de la roche, les lettrés
écoutaient le développement du jeune envoyé de l’université de Cadsandria.
Ce dernier, juché sur l’estrade centrale, une monstruosité en chêne massif
digne d’un opéra antique, peinait à remplir cet espace immense avec sa voix
haut perchée et son corps d’adolescent grandi trop vite. Il multipliait les
vaines gesticulations et débitait son discours sur le ton haché de celui qui
voudrait faire autorité.
Installé dans de moelleux rembourrage en plumes d’oie, les jambes croisées,
Yurtsan de Pan Tang tapotait du bout des ongles son nécessaire à écrire. Il ne
s’était même pas donné la peine d’ouvrir la boîte laquée. Son agacement percep-
tible lui valut un regard dédaigneux du Vilmirien. Le vieil homme n’en avait
cure. Il passa la main sur son crâne lisse en songeant aux manuscrits enfermés
et remisés dans les gros coffres de l’université, et surtout au codex des Petites
Poésies du Malheur qu’on disait protégé par une troupe de mercenaires du
Pikarayd. Il comptait bien les étudier dès sa tâche acquittée, mais - il poussa
un profond soupir - l’orateur actuel ne l’aidait pas vraiment.
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Quoique… Yurtsan se redressa, le regard brillant ; le freluquet commençait
à dire des choses intéressantes. Peut-être allait-il utiliser son nécessaire à
écrire après tout…
« Pour résumer, disait le jeune homme, est sorcier tout utilisateur de forces
mystiques au sens extra-planaire du terme. Qu’il invoque des forces élémen-
taires, commerce avec les Seigneurs des Bêtes, s’acoquine avec des Démons ou
fasse appel aux Runes. »
Il leva la main alors qu’un brouhaha circonspect s’élevait des rangs de l’assemblée.
« Nous sommes arrivés à la conclusion, avec le vénérable doyen du dépar-
tement de la Sorcellerie de l’université de Cadsandria, que tout praticien des
Runes est un sorcier, quel que soit l’usage qu’il fait de cette énergie. »
Il se mit à parler plus fort, martelant chacun de ses mots pour couvrir les
hoquets de ses confrères estomaqués qui commençaient à comprendre où les
conduisait le fil de ses propos.
« Il en va de même pour les créateurs d’Automaton. Rien ne les différencie
des autres invocateurs hormis l’endoctrinement. Ils manipulent la même
énergie et font appel à des entités venues d’autres univers. En ce sens, nous
affirmons que, oui, les ecclésiastes sont des sorciers ! »
Érudits, assistants, étudiants et observateurs s’étaient levés et criaient dans
le chaos le plus total pour interpeller le jeune outrecuidant. On se coupait
la parole, on s’égosillait, le visage rouge et le poing levé en signe de menace.
On vociférait à tel point que l’auditorium était devenu une véritable foire
d’empoigne où l’on s’insultait sans vergogne et où l’on soldait de vieilles
querelles à bon compte.
Seul Yurtsan était resté assis. D’abord parce que son vieux dos ne lui per-
mettait plus de prendre part à de telles joutes oratoires et parce que, plié en
deux, il riait tant qu’il en avait les larmes aux yeux.
Des coups sourds ramenèrent l’assemblée à un semblant de raison. Tobarl, le
Vilmirien s’était muni d’un gantelet en fer et martelait son bureau d’un air
impérieux comme un juge frappe le tas avec son maillet. Le calme revenu,
il eut un bref sourire de satisfaction, rajusta sa robe spartiate et monta sur
la tribune comme un général victorieux défile dans les rues de Jadmar. Il
considéra chacun des hommes avec une moue méprisante à peine dissimulée,
sinon hostile pour le vieux Pan Tangien qui s’était rembruni.
 Du statut de sorcier dans les Jeunes Royaumes
« Il m’est insupportable de savoir certains de mes compatriotes comparés, et
pire encore, assimilés à des sorciers. Des menteurs, des dévoyés, des assas-
sins ! Jamais un créateur d’Automaton n’a été, n’est ni ne sera un sorcier !
Jamais ! Seul un faible d’esprit peut mésestimer à ce point l’importance de la
Foi dans l’utilisation de ces énergies venues d’autres plans dont vous faites
des gorges chaudes. »
Contrarié par l’intervention du Vilmirien, Yurtsan adressa un discret signe
de tête à l’un de ses affidés, un petit homme terne aux vêtements sombres,
chercheur à l’université de Lashmar du Dharijor. Celui-ci se leva, un feint
sourire d’excuse aux lèvres.
« Vous pardonnerez mon intervention, mais c’est pour, à votre grand éton-
nement j’en suis sûr, appuyer votre opinion. »
Les lèvres pincées, le Vilmirien le laissa approcher. Ses mains croisées dans
le dos étaient blêmes tant il les serrait fort. Il n’avait aucune confiance en
cette créature de Pan Tang et appréciait encore moins qu’on l’interrompît.
L’homme lui fit un grand sourire, démenti par ses yeux de glace, et prit
place à ses côtés.
« Jamais un créateur d’Automaton ne sera un sorcier. Non pas en raison
de ses croyances, mais parce qu’il n’en est tout simplement pas capable. Car
peu importe la discipline, la méthode ou la Foi, seule prédomine la puissance.
Personne hormis une poignée d’élus, une rare élite au-dessus du commun des
mortels, ne peut manipuler à sa guise une telle énergie, car le prix à payer
est redoutable. C’est le prix des larmes, du sang et des âmes ! Seuls les êtres
habitués aux plus grands sacrifices peuvent parvenir à leurs fins. Ce que
jamais un créateur d’Automaton ne pourra accomplir de sa vie ! »
Le tollé provoqué par ses paroles résonna jusqu’aux étages supérieurs. Les
envoyés du Lormyr, d’Ilmar et des autres nations affiliées à la Loi hurlaient
leur colère. Les dents serrées, Tobarl avait pris l’homme du Dharijor par le
col de sa veste, et le fixait d’un regard haineux, prêt à en découdre.
Pendant ce temps, Yurtsan souriait. Il avait débloqué son nécessaire à écriture
et faisait mine de noter les paroles de son acolyte, mais dans l’effervescence
générale, personne ne remarqua la transformation de ses mots en abréviations
et des abréviations en runes. L’encre noire grésillait sur la feuille, miroitait
avant de s’enfoncer dans la trame du papier et dans la structure même de la
réalité, avant de glisser à travers les plans.
Yurtsan riait à gorge déployée. Pas un seul de ces esprits éclairés n’avait
pu songer qu’il pouvait être à la fois chercheur et sujet d’étude. Ces idiots
lui avaient ouvert les portes de leur université. Les Petites Poésies du
Malheur étaient à lui et avec elles, le secret de l’invocation de l’Archidiable
Xhidial, le Maître des Suicides !
Une griffe noire aussi longue qu’une dague transperça le parchemin. Ses
voisins remarquèrent enfin la lumière ténébreuse qui sortait de la déchirure
de la réalité. Il était trop tard. Le Démon arrivait.
Du statut de
sorcier dans les
Jeunes Royaumes
Si les grands érudits des Jeunes Royaumes sont parvenus après
bien des débats - et des insultes - à une théorie commune sur
la Sorcellerie, leur impossibilité à trouver un accord sur la
définition du sorcier, hormis le très vague et très général « est
sorcier tout pratiquant de la Sorcellerie », est devenue un véri-
table serpent de mer, voire un sujet de raillerie pour les érudits
étudiant les autres disciplines universitaires.
Et pour cause, il n’existe pas un type unique de sorcier. Com-
ment ranger dans une même catégorie le créateur d’Automa-
ton réfugié dans le saint des saints d’un temple de la Loi et un
dangereux invocateur de Démons ; le sage vénérable qui a pas-
sé sa vie à étudier dans la solitude d’antiques grimoires et une
secte d’adeptes vouée à la luxure, entité collégiale s’il en est ?
Les maîtres des arts sombres, selon qu’ils s’affichent à Pan
Tang, se terrent au Vilmir ou hantent les plaines désertiques
du Yu mènent des vies fort dissemblables. Et c’est bien là le
principal point sur lequel achoppent les savants à la recherche
d’une catégorisation fiable. Car, pour le dire simplement,
l’existence d’un sorcier est d’abord et avant tout conditionnée
par les rapports qu’entretiennent les autorités et la population
de son pays vis-à-vis de la Sorcellerie.
Dans les pays assujettis à la Loi, tels le Vilmir, le Lormyr ou
encore la cité d’Ilmar, il ne viendrait à l’idée d’aucun sorcier sain
d’esprit de dévoiler son identité, à moins de vouloir se condam-
ner à une mort horrible aux mains de dévots aussi impitoyables
que fanatiques. Les adeptes avancent davantage à visage caché,
sous les traits d’artistes, de cadets de la noblesse ou de bons
bourgeois. Ils s’appuient secrètement sur leurs pouvoirs thau-
maturgiques pour gravir l’échelle sociale et obtenir l’attention
bienveillante d’un seigneur qui, au final, ne sera qu’une marion-
nette entre leurs mains. Dans ces royaumes, l’adepte doit être
avant tout un comploteur, un maître de la manigance et de la
tromperie, s’il veut survivre ne serait-ce qu’un jour de plus.
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 Tout aussi comploteurs mais pour bien d’autres raisons, les sor-
ciers de Pan Tang et du Dharijor mènent une existence radica-
lement différente. Ici il n’est point question de se cacher. Bien
au contraire, on se montre, on s’affiche, on fait étalage de ses
capacités magiques les plus spectaculaires, car, dans les nations
où la Sorcellerie est encouragée, on ne juge pas ses pratiquants
sur leur éthique ou leur morale mais bien sur leurs pouvoirs,
pouvoirs souvent mis en scène afin de faire naître la terreur
dans le cœur des petites gens inféodées à ces seigneurs-sorciers.
L’adepte doué dispose d’un statut privilégié le plaçant d’office
dans les rangs des classes supérieures. À l’inverse, une naissance
élevée conduit bien souvent les jeunes gens vers l’étude de la
Sorcellerie. On pourrait croire leur quotidien plus doux que
celui de leurs confrères habitant une nation placée sous le joug
de la Loi. Ce n’est qu’en partie exact : il leur faudra lutter toute
leur vie pour conserver leur rang et leurs acquis, car dans ces
sociétés, seule prime la force pure, et l’individualisme forcené
est souvent le seul moteur de l’action humaine.
Reste la grande majorité des nations des Jeunes Royaumes
oscillant entre Loi et Chaos, où le fragile équilibre entre les
deux forces laisse au sorcier un vaste éventail de possibilités.
Ce dernier s’adapte à la politique du pouvoir local, devenant
un maître de l’opportunisme quand ce n’est pas lui qui, au
être sorcier dans les jeunes royaumes
sommet de son pouvoir, fait et défait les seigneurs. Néan-
moins, pour ne pas heurter la susceptibilité des autorités ni
effrayer une populace prompte à élever des bûchers, le thau-
maturge reste discret, réservant ses débordements pour les
nuits les plus noires et les cachots les plus reculés, prenant
bien garde de se montrer utile, voire irremplaçable, aux yeux
de ses puissants protecteurs. Il peut alors gagner une place
de conseiller au sein de la cour, une échoppe reculée qui ne
paie pas de mine, ou une vie de nanti auquel la rumeur et le
bouche-à-oreille assurent une solide mais discrète clientèle.
10
De la spiritualité
de la Sorcellerie
Pour la plupart de ses pratiquants, la Sorcellerie est un art intrin-
sèquement lié à la religion, elle en est même l’acte de foi le plus
flagrant, un engagement - pour ne pas dire un sacrifice - en l’hon-
neur du ou des dieu(x) vénéré(s). Il est impossible de la dissocier
de la piété : les Démons sont les affidés des Seigneurs du Chaos
et les Automata une émanation directe des Puissances de la Loi.
Par sa soumission aux règles et aux lois célestes, l’adepte sert de
vaisseau à ces forces. À travers lui, elles prouvent leur puissance et
surtout leur réalité. Elles sont tangibles.
Cette dévotion a cependant plusieurs visages. Certains fidèles
révèrent l’ensemble de leur panthéon tandis que d’autres
adorent un Seigneur en particulier. Cette différence s’ex-
plique par la diversité de coutumes locales, claniques, natio-
nales voire professionnelles. Ainsi un marin, même sur la terre
ferme, ne vénérera jamais Grome, alors qu’il émaillera son
périple en mer de prières à Straasha, tout le contraire d’un
paysan pourtant du même pays. Et même les sectes vouées
à un même Seigneur n’ont aucune chance de se ressembler
tant leurs différences philosophiques, organisationnelles ou
idéologiques sont fortes.
Cependant l’essentiel n’est pas le décorum entourant la spiritua-
lité de l’adepte, mais bien le voyage, ô combien intime, de celui-
ci, la façon dont il s’imprègne et fait siens des commandements
plurimillénaires afin de progresser sur le chemin de l’illumina-
tion, synonyme de pouvoir thaumaturgique - et donc de pouvoir
temporel. C’est un parcours tracé depuis bien longtemps par les
Puissances afin d’asservir et forger à leur convenance les pions de
la Lutte Éternelle. Car ces épreuves, pavées de renoncements et
de sacrifices (en temps, en sang, en proches…), renforcent autant
l’adepte qu’elles le lient à son Seigneur et le soumettent davantage
à l’autorité des divinités inhumaines.
Et puis il y a les exceptions. Les individualistes, les libres-pen-
seurs ou les aliénés qui ne voient dans les dieux que des outils,
des moyens qui leur permettront d’acquérir du pouvoir ou
d’atteindre leurs buts. Ils sont une minorité, mais ils existent
et comme rien ne les retient, ni code, ni règle, hormis leur
propre volonté, ils sont bien plus imprévisibles et dangereux
que les sorciers ordinaires. Vouloir plaquer les façons de faire
ou d’être d’autres adorateurs du même dieu sur leur schéma de
pensée serait une erreur tragique, car ils n’ont aucun scrupule
à offrir des démonstrations de piété à d’autres dieux voire à
leurs ennemis, quitte à marcher sur le fil du rasoir tout le long
de leur existence. Mais il ne s’agit là que d’une parodie de foi
qui n’a plus rien à voir avec la piété des sorciers « ordinaires ».

De l’initiation
du sorcier
Malgré tout, il existe bien un point commun à tous les sorciers
des Jeunes Royaumes : l’apprentissage. Car si nous mettons de
côté le cas exceptionnel des sorciers aux facultés innées, qui sont
souvent le fruit de pactes contre nature conclus par leur famille,
l’apprenti doit passer de nombreuses années à étudier les Runes,
le Haut-Parler melnibonéen, les relations sous-tendant la Loi et
le Chaos et maints autres sujets d’une extraordinaire complexité.
Le bagage théorique à assimiler frôle l’impossible pour l’esprit
humain. Découragés, bon nombre d’aspirants capitulent en cours
de route, se contentant d’une poignée de Runes et de quelques
tours de foire quand ils ne sont pas simplement assassinés par
leur maître. L’effroyable charge de travail que représente cet
apprentissage se double d’une vigilance de tous les instants, confi-
nant à l’obsession. L’étudiant n’a pas droit à l’erreur ; les légendes
regorgent de sorciers à l’esprit déchiqueté ou au corps anéanti par
des forces imparfaitement maîtrisées.
Qu’il s’abîme les yeux à étudier seul d’antiques grimoires à la
lueur de maigres chandelles, qu’il se nourrisse de la sapience
d’un mentor expérimenté ou rejoigne les rangs d’un groupe,
(secte, collège, guilde, le nom importe peu) aux règles spéci-
fiques, l’apprenti passera, au bas mot, une dizaine d’années à
parfaire son éducation thaumaturgique. Il ira d’échec en échec
et d’humiliation en humiliation avant de maîtriser l’accent
parfait, la subtile intonation pour que Runes et déclamations
glissent à travers les plans et fassent leur œuvre. Il devra sans
cesse remettre sur le métier ses invocations ou ses Automata
et lutter contre le découragement, la solitude voire l’opprobre
de ses proches pour arriver à ses fins : la maîtrise des arts
magiques.
Mais là encore cette maîtrise n’est qu’un prérequis pour le
grand œuvre. Le but avoué de tout pratiquant de la Sorcel-
lerie est d’obtenir l’attention d’une Puissance supérieure afin
de nouer un Pacte particulièrement puissant avec elle. Ce n’est
qu’une fois ce lien indéfectible tissé que le sorcier sera recon-
nu par ses pairs, comme l’est l’artisan parvenu à réaliser son
chef-d’œuvre après des années de compagnonnage. C’est ainsi
que le sorcier, en pleine possession de ses pouvoirs occultes,
entre de plain-pied sur l’échiquier cosmique parmi les nom-
breux agents de la Loi et du Chaos.
Cette reconnaissance des Puissances supérieures peut prendre
plusieurs formes. D’un simple rêve aux allures prophétiques à
l’arrivée du Seigneur en personne pour les hommes de grand
pouvoir, en passant par l’envoi d’un Démon majeur porteur
d’un message, cette rencontre ne souffre d’aucune ambi-
guïté. Fort de ses années d’étude, le sorcier reconnaît le pré-
sent qui lui est fait. Il prend la mesure du destin qui l’attend
s’il ne l’avait pas fait auparavant, car ces forces cosmiques,
par leur simple manifestation qui constitue une démonstra-
de la sociabilité du sorcier
tion de puissance proprement inhumaine, le marquent d’une
empreinte indélébile. Comment revenir à une vie paisible et
morne après avoir conversé avec Arioch ? Comment ignorer
un ordre suicidaire de Donblas transmis par un Automaton
d’or et de rubis ? Comment mépriser ce rêve annonçant la fin
des temps et la mort de toute chose ?
Heureusement l’adepte n’a pas à assumer seul un tel fardeau.
Il peut s’entourer de gens du commun ignorant ses secrets,
rejoindre des fratries éclairées ou échanger avec ses semblables.
De la sociabilité
du sorcier
Terré dans les contreforts d’une contrée montagneuse ou reclus
dans le sous-sol ténébreux d’une demeure cossue, penché sur
d’antiques Runes interdites et désireux de mettre au jour le
nom d’un Démon oublié, le sorcier solitaire n’est pas un mythe.
Autodidacte ou ancien disciple, ce genre de sorcier est courant
dans les royaumes où la Lutte Éternelle fait rage. Hautement
individualiste, il recherche peu le contact de ses congénères.
Différentes raisons expliquent cet état de fait : le manque de
confiance envers ses semblables, réputés pour leur peu d’estime
de la vie humaine ; la crainte de se signaler auprès de dévots de
la Loi ou du Chaos prompts à conduire les « hérétiques » au
bûcher ; l’ignorance de l’identité réelle de ses compagnons pos-
sibles ou encore le peu d’estime qu’il nourrit pour les connais-
sances de ces derniers, supposées inférieures aux siennes. Dans
les nations préservées de la tyrannie exclusive de l’un des deux
camps, ces reclus sont la norme. S’ils entretiennent un contact
épistolaire avec leur ancien maître (quand leurs rapports ne se
sont pas terminés dans le sang), ils se préoccupent surtout de
leur personne et de leurs travaux. Ils sont ainsi plus durs à repé-
rer et à traquer pour les agents ennemis, mais moins dangereux
et moins susceptibles de riposter en cas d’attaque, contraire-
ment aux petits groupes de sorciers.
Ces fratries informelles présentent l’avantage de mettre en
commun les connaissances et les pouvoirs d’hommes aux
savoirs éclectiques afin de parvenir à leurs fins. Leurs échanges,
dénués de règles strictes, prennent la plupart du temps la
forme de lettres codées ou de missives écrites à l’encre sympa-
thique, convoyées par des malles-poste, des coursiers ou même
des agents surnaturels, car les maîtres-sorciers n’hésitent pas à
invoquer un Démon de voyage ou à créer un Automaton pour
faire circuler d’importantes informations. Des rencontres
ponctuelles organisées lors de dates spécifiques retenues pour
leur symbolisme ou leur histoire (solstice, équinoxe, éclipse,
anniversaire d’une bataille ou d’une malédiction, etc.) leur
permettent de faire le point sur leurs travaux et d’organiser de
puissants rituels collectifs.
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 Certains de ces groupuscules informels peuvent se trans-
former en sectes – quand ces dernières ne naissent pas de la
volonté unique d’un meneur charismatique.
Les sectes, des groupes d’assez grande taille ayant pour base
des hommes et des femmes du commun embrigadés – au point
d’être parfois inconscients de l’identité de leurs maîtres – et
dirigés par des Prêtres-Sorciers, font partie des grands acteurs
de la Guerre Éternelle. Capables de mobiliser des troupes
fanatisées et de former leurs propres mages endoctrinés dès
la naissance, elles disposent d’un pouvoir d’action et de nui-
sance considérable. Les plus grandes ne sont toutefois offi-
ciellement à l’œuvre que dans les Royaumes affiliés à la force
qu’elles vénèrent. Officiellement… Car si elles ne peuvent
s’afficher dans les nations dirigées par la faction ennemie,
elles y mandatent des envoyés et des groupes officieux afin de
fonder des branches cadettes chargées d’influencer le pouvoir
local dans le sens de leurs intérêts ou de recruter de précieux
partisans. Une hiérarchie, calquée sur les grandes églises des
Jeunes Royaumes ou sur leurs ordres militaires, assure le bon
fonctionnement de ces organisations. Les titres peuvent varier
mais les pouvoirs et les droits qui y sont associés laissent peu
de place au doute quant à leur fonction première. Les sorciers
sont alors évêques, prêtres, archevêques, aspirants ou encore
être sorcier dans les jeunes royaumes
moines. Les cultes aux visées bellicistes se parent quant à eux
de généraux, de lieutenants, de sergents et d’assassins.
Le regroupement de sorciers dans des guildes publiques
comme les Aventuriers Magiciens de Quarzhasaat sont des
exceptions. À l’exception de quelques pays, considérés comme
dégénérés par leurs voisins, les nations des Jeunes Royaumes
et leur population se méfient des sorciers. La guilde n’est pas
un mode de regroupement habituel pour les adeptes. L’initia-
tive de leur création revient en général au pouvoir politique
qui cherche par ce biais à se doter d’une arme dont il était
jusqu’alors dépourvu et dont l’efficacité a fait ses preuves.
Autre cas exceptionnel, voire unique : Pan Tang. Et dans une
moindre mesure son extension officieuse, le Dharijor. En
effet, ces nations ouvertement vouées au Chaos disposent
d’écoles et d’universités de Sorcellerie ayant pignon sur rue.
Chose inadmissible dans tout autre pays, ces institutions où le
fait religieux est omniprésent permettent l’éducation à grande
échelle de sorciers capables de lourdement peser dans les
luttes à venir. Soumises à la théocratie pan tangienne, elles lui
sont totalement inféodées et tirent leurs instructions du cercle
du Théocrate lui-même. Pan Tang fourbit ainsi ses armes dans
l’indifférence générale.
Mais la plupart des sorciers ne nourrissent pas de si hautes
ambitions hégémoniques. Animal solitaire ou prince d’une
cour somptueuse, l’adepte est d’abord mû par des passions
humaines comme la vengeance et l’amour (les deux moteurs
qui régissent les actions de Theleb K’aarna, la Némésis
d’Elric), la foi, la soif de connaissance et de pouvoir. Ces pas-
sions se font de plus en plus dévorantes, comme si la fièvre
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qui embrasera bientôt les Jeunes Royaumes trouvait un violent
écho en eux. Mais, plus simplement peut-être, leur proximité
avec la Mort et les Puissances supérieures leur fait-elle com-
prendre la fragilité de l’existence, et par ricochet la nécessité
d’en jouir pleinement.
Certains esprits dérogent cependant à cette règle. Il s’agit d’in-
dividus ayant embrassé une idéologie suffisamment forte pour
brider les pulsions exacerbées de cette fin d’ère. Les objectifs
s’intellectualisent alors. On cherche à modifier l’ordre naturel
des choses, que ce soit pour le rétablir (ressusciter l’empire
de Soom) ou pour empêcher la survenue d’un événement
(repousser le moment où Elric soufflera dans le Cor du Des-
tin) ; on souhaite améliorer l’Homme, physiquement par de
sombres expériences, ou mentalement par le développement
de singulières philosophies ; on essaie d’égaler les dieux, d’ac-
céder à leur niveau quand on ne désire tout simplement pas les
évincer. Les possibilités sont infinies…
Les différents
types de sorcier
Un spectre au rire dément, le regard halluciné et la lame
sacrificielle en main, voilà comment l’homme du commun se
représente un sorcier. Une image de conte de fées, aussi arché-
typale que réductrice. Certes, beaucoup de sorciers mani-
pulent la réalité par le truchement de Runes, asservissent des
Élémentaires et se risquent un jour ou l’autre à invoquer des
Démons. Mais aucun érudit un tant soit peu scrupuleux ne
peut décemment mettre au même niveau un Thaumaturge du
Vilmir et un Invocateur du Pikarayd, un Mage du Dharijor et
un Voleur de Rêve d’un autre plan. Et pour cause, leur façon
de travailler, c’est-à-dire de faire acte de Sorcellerie, dépasse
le pur cérémonial pour imprimer une marque bien spécifique
à l’énergie extra-planaire qu’ils manient. La forme dépasse le
fond, la manière surpasse la matière. Enfin, pour compliquer
le tableau, il faut souligner que certains sorciers ont des pra-
tiques qui débordent sur l’un ou l’autre des archétypes propo-
sés ci-dessous. Les lignes de partage sont donc beaucoup plus
claires en théorie qu’en pratique.

La Confrérie du Soleil noir
La Confrérie du Soleil noir n’aurait été qu’une secte manipulatrice
semblable à tant d’autres essaimant de par le monde, n’eût été le
caractère de son maître et fondateur, Bret Dratoskv.
Son enfant chéri, comme il aime à nommer la Confrérie,
ne poursuit qu’un unique dessein, à la simplicité aussi folle
qu’utopique : anéantir le soleil, l’éteindre, l’effacer du royaume
des cieux. Que ce soit en endiguant ses feux ou en l’empêchant
de se lever sur l’horizon, ses membres cherchent à plonger le
monde dans la plus profonde des noirceurs.
Leur visée outrancière trouve son fondement dans une
vénération au Duc du Chaos Arioch des Sept Ténèbres. Reposant
sur les écrits immémoriaux d’un ancien roi dément, leur
croyance considère le Duc du Chaos comme un être composé
de sept couches de Ténèbres pures, une entité immatérielle
et implacable qui, preuve de sa puissance, monte chaque nuit
à l’assaut de la vie, pousse les Hommes à se claquemurer dans
leurs demeures autour de feux et de lampes comme on assiège
un château-fort.
À l’origine, ce livre n’était que la retranscription de poèmes
composés par Arioch en personne, une nuit où il était d’humeur
joyeuse, mais les membres de la secte l’ont pris dans son sens
littéral. Signe de leur dévouement, ils souhaitent détruire l’astre
solaire et offrir le plan au Duc des Sept Ténèbres.
Fort d’une centaine de membres sur l’ensemble des Jeunes
Royaumes, le groupe obéit à une stricte hiérarchie comprenant
par ordre d’importance les Bruines Nocturnes, les Hurlements
des Ombres et les Éclipses Lunaires. Au sommet de cette
pyramide trône Bret Dratoskv, le maître suprême, appelé Nox
par ses créatures et esclaves.
Les Bruines Nocturnes forment le gros de la secte. Il s’agit
d’hommes et de femmes du commun dénués de tout pouvoir
thaumaturgique ou politique, complètement assujettis à la
doctrine de la Confrérie qu’ils assistent de leurs contributions
financières ou informatives. Manipulés, ils ignorent son but.
Ils vénèrent Arioch et le Soleil Noir pour les promesses de bien
et de bonheur à venir, mais sans se douter qu’ils œuvrent à la
chute du soleil. Bret Dratoskv les considère comme de petites
mains serviles, utiles pour réunir or et informations, mais de
peu d’intérêt. Des outils sacrifiables.
Les Hurlements des Ombres sont les rares Bruines qui ont appris
à manipuler les arcanes de la Sorcellerie. Comme ils débutent,
leur maîtrise des puissances surnaturelles se révèle pour le
moins imparfaite : une poignée de Runes et un vernis de culture
ésotérique sont leur ordinaire. Dans le domaine de l’invocation
démoniaque, les plus expérimentés n’appellent et ne contrôlent
un Démon mineur qu’à grand-peine. Cependant, malgré leurs
lacunes évidentes, ils constituent la force vive de la secte, dont
ils n’ignorent pas le but premier. Pleins de fougue et surtout de
reconnaissance pour leurs nouvelles capacités, ils vénèrent Bret
Dratoskv comme un dieu d’autant que leur motivation sans
faille et l’appui offert par la secte - en victimes sacrificielles, en
grimoires ou en objets magiques - leur permettent de progresser
rapidement dans les arcanes des pouvoirs obscurs. En fonction
de l’hostilité de leur pays d’implantation envers la Sorcellerie et
du nombre de convertis locaux, ils dirigent un à trois groupes
de Bruines dont ils font remonter les informations et l’or aux
Éclipses Lunaires.
les différents types de sorcier
En charge des nations des Jeunes Royaumes, les Éclipses Lunaires
forment le cercle intérieur de la secte. Ils servent d’interface entre
Nox et les Hurlements des Ombres de leur secteur à qui ils servent
de mentor et de supérieur hiérarchique. Ils entretiennent des
échanges réguliers avec Bret Dratoskv par une correspondance
épistolaire soutenue et lors du grand sabbat du solstice d’hiver.
C’est à cette occasion qu’ils évoquent leurs préoccupations et
griefs, font le point sur l’avancée de leurs projets, intronisent les
aspirants Éclipses et surtout concluent les manigances tissées
précédemment afin de disgracier un rival haï ou trop confiant.
Fins animaux politiques, ils se livrent une lutte farouche pour
s’attirer les faveurs de Bret Dratoskv, mais ils n’en sont pas moins
des sorciers aguerris dont le savoir et la connaissance égalent sans
peine ceux des grands praticiens du monde profane.
Pan Tangien d’origine, même si à ses yeux sa nationalité a autant
d’importance que sa première victime, Bret Dratoskv est Nox,
maître et fondateur de la Confrérie du Soleil Noir. Orgueilleux
et suffisant, il a tout d’un tyran. Il règne sur ses hommes par
la force brute et grâce à son charisme sauvage proprement
inhumain. Quelques instants lui suffisent pour convaincre un
inconnu d’adopter ses croyances et guère plus pour l’inciter à se
sacrifier pour elles. Son pouvoir est absolu et rien ni personne ne
semble pouvoir faire vaciller son assise.
Mais tout cela n’est que supercherie ! Il ne cherche en rien les
faveurs d’Arioch ou à forcer l’issue de la partie cosmique que se
livrent Chaos et Loi. Il n’agit que par pur narcissisme : aller plus
loin qu’aucun sorcier, humain ou non, ait pu aller, surpasser
toutes les réalisations antérieures, montrer à la face du monde
ce qu’il est capable de faire, bousculer de leur piédestal tous
ces dieux qui osent se prétendre supérieurs à lui, voilà ce qu’il
veut. La fin de ce monde, par sa main et de la manière la plus
spectaculaire qui soit.
Aucun de ses séides n’a connaissance de ses plans hormis Elise
Timeos, la dernière des Éclipses Lunaires à avoir intégré le
groupe. Par un réseau d’espionnage mis sur pied alors qu’elle
n’était que Hurlement des Ombres et un talent rare pour le
chantage, elle a réussi à rassembler les différentes pièces du
puzzle et espère bien en profiter pour renverser Bret Dratoskv
et prendre sa place. Nul doute qu’un groupe d’Élus piloté par elle
ou un de ses adversaires aurait fort à faire au milieu de ce panier
de crabes d’autant que…
… la Confrérie a enfin trouvé une piste sérieuse pour la réalisation
de son projet. Dans un manuscrit jauni par le temps, presque
illisible en raison d’innombrables souillures, le nom de Remian,
Démon Majeur du Savoir, est apparu. L’information a agité le
conseil des Éclipses Lunaires lors de son dernier sabbat car,
outre l’affiliation de la créature à Arioch, celle-ci est présentée
comme la Troisième Ténèbre. D’après les investigations de la
Confrérie, l’entité n’aurait pas usurpé son titre et disposerait
d’une influence considérable sur l’obscurité. Le Duc du Chaos
l’aurait lui-même enfermée dans les profondeurs de la roche
afin de la punir d’un crime dont le manuscrit n’a – hélas ! – pas
gardé trace. Après une série de vols et d’assassinats, la secte
a circonscrit le champ de ses fouilles à deux sites susceptibles
d’abriter la prison du Démon. Il ne s’agit plus que d’une question
de temps avant qu’une armée de mineurs ne creuse la terre et ne
brise la roche afin de parvenir jusqu’à la créature, libérant ainsi
la première des Sept Ténèbres d’Arioch…
13
 Le Thaumaturge
Par essence très attaché à la religion, le Thaumaturge est celui
pour qui la croyance et la Foi sont les fondements primor-
diaux de la magie. Sans eux, point de miracle. Le Thauma-
turge ne se considère pas comme un sorcier. Il est tout autre
chose : l’envoyé d’un dieu. Celui par qui une Force supérieure
va exercer son pouvoir sur le monde et accomplir des prodiges.
Souvent tournés vers la guérison et les actions bienfaisantes,
les Thaumaturges sont perçus comme des saints par la popu-
lation, qui les imagine servant davantage la Loi que le Chaos.
Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas inexact. Une minorité d’entre
eux pratique cependant des miracles sanglants, comme lire
l’avenir dans les entrailles d’une innocente jeune fille, mais
cette frange des « messagers divins » porte plutôt le nom
d’haruspices et se soucie fort peu de la Loi. Même si la réalité
peut se montrer infiniment plus complexe avec certains agents
au jeu trouble…
Le Mage
Le Mage est le type de sorcier que l’on rencontre le plus fré-
être sorcier dans les jeunes royaumes
quemment dans les Jeunes Royaumes, à savoir un utilisateur
assidu des Runes, qui ne s’aventure qu’en de très rares occa-
sions, voire jamais, à tenter des invocations. Il est le croque-
mitaine dont les paysans transis de peur s’imaginent entrevoir
la silhouette à la tombée de la nuit : un adorateur du Diable
étudiant de vieux grimoires impies quand il ne cherche pas
d’innocentes victimes à offrir à des dieux iniques.
En fonction des lieux et des peuples, les Mages ont été bapti-
sés de bien des façons. Envoûteurs, devins, illusionnistes, voire
nécromants… tous ces termes approximatifs dissimulent une
vérité commune : leur sens moral est inversement proportion-
nel à leur égoïsme et à leur soif de pouvoir. De fait, la plupart
d’entre eux adorent les dieux du Chaos qui correspondent
davantage à leur façon de penser que les Puissances de la Loi.
L’Alchimiste
Homme aux multiples étiquettes, l’Alchimiste porte bien des
titres. Qu’il soit appelé herboriste, empoisonneur voire initié,
quand le personnage est à la recherche du Grand Œuvre, tous
ces noms désignent un pratiquant des arts occultes faisant usage
de magie principalement à travers différents artifices matériels
tels que poudres, onguents, décoctions et autres remèdes.
Le nom d’herboriste ou de rebouteux lui est donné dans les
campagnes où il est apprécié pour ses talents de guérison à des-
tination aussi bien des hommes que des animaux. À la cour,
l’Alchimiste aura le plus souvent une réputation d’empoison-
neur ou de guérisseur. Il peut tout aussi bien fournir un redou-
14
table poison, qu’une médecine pour remédier à une grossesse
non désirée. Dans les cercles intellectuels, bien que ses compé-
tences restent souvent identiques, on préfère lui donner le nom
d’astrologue ou d’initié. Tourné davantage vers la théorie que
vers la pratique, il cherche à accomplir le Grand Œuvre, que ce
soit la transmutation des matériaux, la découverte de la panacée
universelle ou encore la sublimation de sa propre existence, un
chemin initiatique aussi philosophique que magique.
L’Invocateur
L’Invocateur est un lointain cousin de l’Alchimiste dans le
sens où, comme lui, sa magie s’adosse à un support extérieur à
sa personne, en l’occurrence une entité qui le servira avec plus
ou moins de zèle et de bonne volonté.
Il existe quatre grands types d’Invocateur selon que celui-
ci commerce avec les Démons, les Automata, les affidés des
Seigneurs des Bêtes ou encore les Élémentaires. Si ces créa-
tures n’ont rien en commun, leurs différences n’ont que peu
d’impact sur les Invocateurs qui partagent un même goût pour
l’isolement, une obligation au regard de l’espace, de la dis-
crétion et des sacrifices (matériels, financiers ou victimaires)
nécessaires à la maîtrise de leur art.
Il faut préciser que rares sont les Invocateurs qui se contentent
de la stricte invocation d’entités extra-planaires. La majorité
étudie conjointement les Runes, appréciées pour leur polyva-
lence et leur rapidité d’exécution comparées à l’invocation, qui
nécessite de longs préparatifs et laisse peu de part à l’improvi-
sation. Cependant, celui qui a voué sa vie à cette discipline est
l’un des sorciers les plus puissants qui soit.
Le Voleur de Rêve
Aux antipodes du sorcier commun, les Voleurs de Rêve for-
ment une bien étrange caste. Le désir de puissance et l’ambi-
tion, s’ils ne sont pas absents de leur caractère, n’ont rien de
commun avec les appétits irraisonnés de leurs lointains cousins.
Il faut dire qu’outre leur statut de voyageur inter-dimension-
nel, leur magie, merveilleuse et étonnante, repose sur des sché-
mas qu’on ne retrouve nulle part ailleurs : ils volent littérale-
ment les rêves d’autrui. Ils pénètrent vos songes, visitent vos
cauchemars, s’amusent de vos chevauchées oniriques absurdes
et jouissent de vos fantasmes nocturnes à la seule fin de s’em-
parer de ceux qui, à leurs yeux, ont le plus de valeur.
Contrairement à leurs sanglants confrères, monstres d’égoïsme
ou d’asocialité, les Voleurs de Rêve sont de parfaits compa-
gnons. De soirée, de voyage ou d’infortune. Leur organisation
en une guilde unique avec, certes, ses lois et ses codes mais
aussi ses amis, ses collègues et ses mentors respectés, n’y est
peut-être pas pour rien. C’est une magie qu’il est impossible

de maîtriser seul, et surtout impossible de pratiquer si on ne
s’intéresse pas à autrui. Un misanthrope ne pourra jamais
devenir un Voleur de Rêve, son caractère le lui interdit.
Le Nécromancien
Proche de l’Invocateur avec ses serviteurs non-humains et sou-
vent confondu avec le Mage par le bas-peuple, le Nécroman-
cien est un sorcier qui a voué sa vie à l’étude des morts et de
l’outre-tombe. De la convocation de spectres à la résurrection
pure et simple en passant par la création de goules, ses apti-
tudes effrayantes en font un monstre de légende et, à ce titre,
l’un des hommes les plus haïs des Jeunes Royaumes. Aucun
être sensé ne pactisera avec un Nécromancien : au mieux il le
fuira, au pire il tentera de le tuer.
En raison des décennies d’étude requises pour arriver à un
maigre résultat et une absence totale de vie sociale, les véri-
tables Nécromanciens sont rarissimes. Il s’agit bien souvent
d’affabulateurs ou de sorciers bouffis d’orgueil s’adjugeant un
titre immérité sur la base d’un sortilège de Nécromancie mal
maîtrisé. Les aspirants nécromanciens sont des êtres séden-
taires. Lorsqu’ils ne vivent pas dans une cité d’importance afin
de se perdre dans l’anonymat de la foule et profiter de réseaux
de voleurs de cadavres, ils aspirent vite à habiter des contrées
désolées, loin des rassemblements humains, quand leur talent
en pleine croissance risque de les trahir.
Les Petites Castes
Du pratiquant du Chemin de Roses et de Ronces au poseur
de Greffons, il existe bien des sorciers maîtres dans des disci-
plines rares sinon oubliées. Des magies que les Jeunes Royaumes
ignorent ou mésestiment. Des dons venus d’un passé antique et
glorieux ou de lointains plans du Multivers où tout est possible,
comme les créations les plus folles issues de votre imagination.
les différents types de sorcier
D’autres magies
Le Chemin de Roses et de Ronces  : aussi puissante que
méconnue, cette magie est pratiquée par un petit nombre de
personnes plutôt bien intégrées dans la population. Après tout,
leurs préparatifs ne nécessitent qu’un petit coin de potager et
de patience. Rien ne les distingue de prime abord d’un jardinier
ou d’un paysan cultivant son petit lopin de terre. Cette relative
nonchalance est leur meilleure protection, tant qu’ils ne font
pas acte de magie au grand jour… Ils ont en général pour unique
clientèle quelques amis triés sur le volet. Des inconnus devront
donc se montrer très persuasifs pour que le sorcier accepte de se
découvrir.
La Greffe : présents dans les nations affiliées à la Loi, les poseurs
de Greffons ne se cachent pas. Au contraire, ils jouissent d’une
excellente réputation auprès du clergé et du peuple. Seul bémol,
leur très faible nombre qui les oblige à choisir avec grand soin
les heureux bénéficiaires de leur art. Ils offrent d’ailleurs leurs
services pour presque rien aux Phalanges ayant fait leurs preuves
dans la Lutte Éternelle (si l’on ne tient pas compte des divers
composants rarissimes nécessaires à l’opération). Des Élus de
la Loi de faible niveau ou un homme du commun peuvent avoir
accès à leurs services, mais ceux-ci se monnaieront fort cher, et il
leur faudra peut-être attendre de longues années et/ou rendre un
service particulier au sorcier. Celui-ci se sait le pratiquant d’un
art presque disparu et il entend bien ne pas galvauder ses talents.
La Sorcellerie Lunaire : il n’existe aucun véritable pratiquant de
la Sorcellerie Lunaire de Soom en activité à cette époque dans
les Jeunes Royaumes. Tout au plus, une poignée de découvreurs
dépoussiérant quelques reliques et sortilèges ou des tenants
d’une Sorcellerie bâtarde. Dans tous les cas, ils se montrent d’une
discrétion absolue et sont prêts à tout pour que leurs activités
demeurent secrètes : ils ne tirent ni ne cherchent à tirer aucun
revenu de leur magie et ne forment aucun apprenti.
15
16
être sorcier dans les jeunes royaumes

L’Alchimie
Au confluent de la science, de la sorcellerie, de la philoso-
phie et de la quête initiatique, l’alchimie est une discipline
complexe, pour ne pas dire hermétique dans le sens premier
du terme. De la pierre philosophale à la panacée, elle promet
de réaliser des miracles et de maîtriser certains remèdes dont
le secret s’apprend au cours d’un cheminement personnel
menant l’initié à un stade d’illumination supérieur.
Si le connaisseur perdu dans ses cuves, pilons et bocaux ne
voit pas de frontières nettes entre les différentes facettes de
son art, certains érudits au regard surplombant distinguent
deux grandes branches de l’alchimie : l’alchimie commune et
l’alchimie supérieure. Cette dernière permet « la mise en bou-
teille de la magie » et la création des Potions, évoquées dans le
livre de base (p. 214-215) et dont le livret fourni avec l’écran
propose plusieurs exemples. Seule cette dernière branche a, à
proprement parler, quelque chose à voir avec la Sorcellerie.
Cependant, comme dans l’imaginaire populaire l’alchimiste et
le sorcier sont bien souvent confondus, et comme, dans les
faits, de nombreux sorciers versés dans l’alchimie supérieure
pratiquent également l’alchimie commune, que l’on pourrait
à raison rebaptiser chimie si cette science existait à l’époque
des Jeunes Royaumes, nous avons choisi de présenter dans ce
supplément cette discipline périphérique.
Statut de
l’alchimiste
Si quelques alchimistes se regroupent en confréries ou en
guildes plus ou moins secrètes dans certaines grandes villes
des Jeunes Royaumes, leur quête, pour ne pas dire leur obses-
sion, est une épreuve spirituelle personnelle qui ne souffre pas
la présence de témoins. Même les apprentis sont écartés dès
que le maître travaille sur la transmutation des métaux ou tout
ce qui touche à l’alchimie supérieure (aussi appelée l’Hergazé).
du statut de l’alchimiste
Il n’est donc pas inhabituel de rencontrer un alchimiste
vivant en ermite au fond d’une forêt sombre ou sur des pics
rocheux désolés. En effet, ces érudits partagent une passion
pour l’ombre et le mystère. La discrétion est une manière de
dissimuler leurs secrets aux yeux avides des non-initiés et de
transmettre leur savoir à leurs pairs à travers des jeux d’esprit
et des métaphores aussi obscures que riches en enseignements
pour celui qui met ses pas dans ceux de son prédécesseur.
La seconde caractéristique des alchimistes tient dans leur
laboratoire. Envahis d’alambics, de creusets, de cornues, d’am-
poules et de flacons, écrasés par des murs tapissés de pots de
terre cuite ou de bocaux en faïence, leurs ateliers s’organisent
autour de l’athanor, le four où ils mènent leurs expériences, et
offrent un accès maîtrisé à la lumière solaire et lunaire. Si ce
n’est pas le cas, l’alchimiste déploiera des trésors d’ingéniosité
pour amener la précieuse source lumineuse jusqu’au cœur de
son laboratoire par un réseau de miroirs.
Selon sa fortune personnelle, son talent politique ou, plus
prosaïquement, les préjugés des habitants de son pays envers
l’alchimie, un initié mènera une vie tout à fait différente. Car,
bien que primordiale à ses yeux, sa progression dans la quête
de la Vérité aura moins de répercussions sur son statut que ces
détails pratiques. Selon les aléas de la destinée, un alchimiste
peut se dissimuler derrière l’échoppe d’un modeste herboriste
dans une cité hostile aux pratiquants de son art, avoir pignon
sur rue dans une grande artère commerçante, appartenir au
cercle intérieur du Conseil de la cité ou être le protégé d’un
seigneur, le tuteur de son fils voire son éminence grise.
17
 Le métier d’alchimiste
Comme l’artisan dont vous êtes un proche cousin, vous tirez votre
fortune et votre place dans la société des savoirs et techniques
de votre corporation. Vos clients sont aussi variés que l’est votre
art  : vous monnayez à prix d’or vos talents aux Grands de ce
monde ou au contraire élaborez des remèdes gratuits pour ceux
qui ont vos faveurs – quand vous ne distillez pas, à destination
des connaisseurs, des poisons aussi discrets qu’effrayants. Les
gens vous disent retiré du monde, patient et laborieux devant
vos instruments de verre. Mais ils n’ont pas compris que le
laboratoire est un autre monde en soi, où la vie des substances se
révèle aussi tourmentée, violente, imprévisible et fascinante que
l’existence des humains qui s’agitent au-dehors.
Capacité spéciale  : l’alchimiste est toujours prêt. Pour 1 point
de Bonne Aventure, il trouve dans son paquetage une potion
d’alchimie commune de Virulence 15 ou moins dont il connaît la
Recette, et pour 3 points, une potion de Virulence plus élevée (15
à 25). Pour 1 point d’Éclat, il a trois doses de potion d’alchimie
commune dont il maîtrise la recette.
Bonus d’attributs : + 2 en Clairvoyance, + 1 en Trempe.
Compétences exercées  : Commerce, Persuasion, Savoir  :
Alchimie, Savoir : Plantes & Animaux, Savoir : Jeunes Royaumes,
Savoir  : Bas-Parler, Savoir  : Haut-Parler, Savoir  : Lire & Écrire,
Savoir : Runes, Soins, Survie.
l’alchimie
L’alchimie
commune
Un initié faisant acte d’alchimie commune ne se préoccupe pas
de Runes ou de Sorts, il applique des recettes qu’il a apprises
par l’intermédiaire de grimoires occultes ou de son maître.
Pour appliquer une recette, il doit d’abord réunir les ingré-
dients adéquats qu’il préparera selon une méthode précise.
C’est cette étape qui va déterminer le temps d’exécution (Pré-
paration) et la rareté globale des composants dans la nature
(Recherche) entrant dans la composition de la formule. Puis
il devra réussir un test de Clairvoyance + Savoir : Alchi-
mie / seuil de difficulté de la recette pour créer une dose
du produit voulu. Ce test s’effectue derrière l’écran du MJ.
 En cas de réussite héroïque, le personnage a particulière-
ment bien réussi l’opération. Il peut au choix augmenter la
Virulence de son produit de 5 points ou créer deux doses
supplémentaires gratuitement.
 En cas d’échec, l’alchimiste a gâché ses ingrédients et des
heures voire des jours de travail. Il sait cependant que son
travail est impropre à tout usage.
 En cas d’échec dramatique, le personnage ignore tout

Recettes connues : un alchimiste commence le jeu en maîtrisant de son insuccès. De plus, le MJ décide si le produit ne
autant de recettes communes que son score en Savoir : Alchimie.
fonctionne pas, s’il fonctionne mais se trouve accompagné
Équipement de départ  : les outils nécessaires à son art, un d’effets secondaires imprévus et particulièrement désa-
nécessaire à écriture et 5 potions d’alchimie commune connues
par le personnage. gréables ou si un accident frappe le laboratoire du person-
nage avec des conséquences néfastes.
Les doses créées sont efficientes pendant un à deux ans (au
L’alchimiste a deux moyens de récupérer les ingrédients
nécessaires à l’élaboration d’une potion. gré du MJ). Si un personnage consomme, volontairement ou
 Par une prospection minutieuse d’un environnement non, un produit plus ancien, le MJ détermine son efficacité
favorable. Il effectue pour cela un test de Clairvoyance en fonction des conditions de conservation en maintenant,
+  Savoir  : Plantes & Animaux  /  Recherche de la recette au diminuant ou annulant les effets de la préparation selon son
terme d’une demi-journée d’efforts. Un test réussi indique bon vouloir.
soit que le personnage trouve tous les composants nécessaires
pour une potion donnée, soit qu’il ne met la main que sur
une partie d’entre eux seulement mais avec en bonus les
ingrédients d’une autre formule. C’est au MJ de donner vie
aux travaux du personnage et de moduler les récompenses
en fonction de la réussite au test et du milieu de recherche.
 En payant le coût des matières premières à un commerçant.
Bien entendu, suivant la rareté des produits, l’endroit, la
vénalité du marchand et les compétences de négoce de
l’alchimiste, les prix évolueront du simple au centuple.
En ce qui concerne le temps de préparation des potions, il vaut
pour au moins une dose, mais si l’alchimiste dispose de matières
premières en quantités suffisantes, rien ne s’oppose à ce qu’il
mette au point plusieurs mesures de son produit.

18
 l’alchimie commune

Les acides

La Bile draconique (20)

Préparation : 1 semaine
Coût : 20 PO sur de très rares marchés comme celui d’Imrryr,
de Menii, de Bakshaan ou de Cadsandria.
Recherche : 25 (mais prévoir une expédition pour trouver la
pierre volcanique)
Rareté : 10
(acide à appliquer ou à jeter)
Virulence : 25
Effet : attaquant toute matière, même le verre ou la terre,
il brûle et fait fondre tout ce qu’il touche.
Effet létal : le sujet perd 5 points de Résistance ou de
Santé par tour selon qu’il s’agisse d’un objet ou d’un
être humain. Un être vivant souffre d’un malus de – 5 à
sa Défense le temps de se débarrasser de l’acide. S’il est
atteint au visage, il devient aveugle et perd 1 point de Pré-
sence par tour d’exposition.
Détail : la Bile draconique tire son nom de son effet assez
similaire au venin des puissants dragons du Glorieux Empire.
Issue du lent travail alchimique d’une pierre volcanique des
Terres Silencieuses, elle n’a cependant aucun lien avec les rep-
tiles majestueux, ce qui ne l’empêche pas d’être l’acide artifi-
ciel le plus redouté, car le plus puissant, des Jeunes Royaumes.

Format de description des recettes de

l’alchimie commune
Les recettes de l’alchimie commune sont décrites selon le format
suivant :
Intitulé de la recette (seuil de difficulté pour mettre au point la
substance)
Préparation : temps de préparation.
Coût : valeur pécuniaire à dépenser ou efforts à consentir pour
obtenir les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’une dose.
Recherche : seuil de difficulté du test de Clairvoyance + Savoir :
Plantes & Animaux pour rassembler les ingrédients d’une dose
par la prospection.
Rareté  : rareté de la potion telle qu’indiquée dans le livre de
base, p. 289, pour qu’un profane puisse se procurer une dose du
produit.
(méthode d’utilisation du produit obtenu)
Virulence : Virulence telle qu’elle est définie dans le livre de base,
p. 158.
Effet : effet de la substance d’un point de vue descriptif.
Effet létal : effet de la substance en termes de jeu.
Détail : élément de background.
La Chienne du Mercenaire (15)
Préparation : 2 heures
Coût : 9 PB
Recherche : 10
Rareté : introuvable à moins de s’en procurer auprès des
Molosses aux Crocs de Sang.
(acide à jeter)
Virulence : 16
Effet : tiraillement de la peau, rougeur, importantes déman-
geaisons, pleurs.
Effet létal : le champ de vision de la victime rétrécit, si elle est
atteinte au visage, et s’obscurcit, provoquant un malus cumu-
latif de – 5 à la Capacité Offensive et à la Défense tous les
deux tours (jusqu’à un maximum de – 15). Au bout du cin-
quième tour, la cécité s’installe pour 1d10 minutes.
Détail : conçue par les Molosses aux Crocs de Sang, une
petite troupe de soldats de fortune, la Chienne du Mercenaire
s’emploie au plus fort de la mêlée. Son mode d’emploi est
basique : il consiste à jeter une petite fiole de produit aux
yeux de l’ennemi afin de le déstabiliser, car s’il n’est pas assez
puissant pour provoquer des mutilations ou des blessures, son
action corrosive affaiblira le plus déterminé des adversaires.

19
 Le Fiel de l’Yu (15)
Préparation : 1 demi-journée
Coût : 5 PO
Recherche : 15
Rareté : 7
(acide à appliquer ou à jeter)
Virulence : 10
Effet : s’insinue partout, ronge le bois, érode le métal, brûle la
chair. Fumée brune dégageant une forte odeur citronnée à la
limite de l’écœurement.
Effet létal : soumis au Fiel de l’Yu, le sujet perd 2 points de
Résistance ou de Santé par tour. Utilisé de manière précipitée,
c’est-à-dire jeté et non appliqué, le produit voit son efficacité
divisée par deux. Cependant une victime atteinte au visage ne
peut plus que se défendre et avec un malus de – 5 à sa Défense
le temps de se débarrasser de l’acide.
Détail : l’alchimiste peut augmenter la Virulence du Fiel de
l’Yu de 3 points en augmentant le seuil de difficulté de 5, ce
qui double le coût des ingrédients et le temps de préparation.
L’opération est répétable à l’envi.
Les poisons et drogues
de l’alchimie commune
l’alchimie
Vous retrouverez leur description détaillée dans le livre de base,
p. 160.
Le Spectre (20)
Préparation : 1 jour
Coût : 3 SA / Recherche : 20 / Rareté : 7
Ciguë (20)
Préparation : 1 jour
Coût : 4 SA / Recherche : 25 / Rareté : 7
Poison de vipère aspic courante (15)
Préparation : 1 jour
Coût : 5 SA / Recherche : 15 / Rareté : 5
La difficulté et le temps de préparation ne sont pas tant liés à
l’extraction du venin qu’aux opérations nécessaires au transport
et à son utilisation dans le temps.
Chasse-Dragon (15)
Préparation : 1 jour
Coût : 8 SA / Recherche : 20 / Rareté : 3
20
Le Ronge-Métal (10)
Préparation : 2 heures
Coût : 2 PO
Recherche : 15
Rareté : 7
(acide à appliquer)
Virulence : 10
Effet : ronge, creuse, affaiblit tout objet en métal de petite
taille.
Effet létal : appliqué sur un cadenas, le loquet d’une porte,
le maillon d’une chaîne, le Ronge-Métal s’élève en fumant de
la surface enduite qu’il commence à corroder. Celle-ci perd
1 point de Résistance par minute, s’affaiblissant peu à peu
jusqu’à ce qu’une simple chiquenaude la brise.
Détail : l’alchimiste peut augmenter la Virulence du Ronge-
Métal de 5 points en augmentant le seuil de difficulté de 5, ce
qui double le coût des ingrédients et le temps de préparation.
L’opération est répétable à l’envi.
Les drogues
L’Amnésieuse (20)
Préparation : 1 journée
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 7
(drogue à ingérer)
Virulence : 18
Effet pathologique : vertiges, hilarité, désinhibition, accéléra-
tion du pouls, dilatation de la pupille.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée tous
les quarts d’heure. Tant que la victime est sous l’effet de la
drogue (au maximum 4 heures), elle est confuse, incroyable-
ment docile et influençable. Tous les résultats de ses tests de
Clairvoyance sont divisés par deux. Toutefois, à moins que
ce ne soit son caractère, elle ne réalisera pas d’action violente
ou dangereuse. Au terme de l’effet de la drogue, elle oublie
complètement les événements qui lui sont arrivés, y compris
l’heure précédent l’absorption de la drogue.
Détail : au croisement de la drogue et du poison, l’Amnésieuse
est principalement utilisée par les sorciers, les trafiquants de
chair humaine et les violeurs qui apprécient sa polyvalence.

Le Lait de pavot (15)
Préparation : 1 heure
Coût : 3 SA
Recherche : 15
Rareté : 5
(drogue à ingérer)
Virulence : 25
Effet pathologique : somnolence, torpeur, confusion, repli
sur soi.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée toutes
les heures. Tant qu’elle est active, le sujet ne ressent plus
aucune douleur, s’enfonçant dans une somnolence ou un som-
meil sans rêve. En raison de ses vertus narcotiques et sédatives,
il est impossible de réfléchir ou de combattre en étant sous
l’effet du Lait de pavot, qui s’estompe au bout de 6 heures.
Détail : partie intégrante de toute bonne pharmacopée, le
Lait de pavot est le narcotique le plus courant des Jeunes
Royaumes. Pour les blessés graves ou les personnes en fin de
vie, son utilité ne s’est jamais démentie. Cependant l’état de
manque induit par l’arrêt de l’administration de ce lait pâteux
le classe parmi les drogues.
La Missive (20)
Préparation : 3 heures
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 8
(drogue à ingérer)
Virulence : 20
Effet pathologique : tonus musculaire, sensation de puissance
et d’invincibilité.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée toutes
les demi-heures. Le sujet sent sa fatigue s’effacer, ses douleurs
s’envoler et sa puissance musculaire se développer. Il vibre
d’une énergie nouvelle lui permettant de partir à la conquête
du monde ! Il gagne un bonus de + 2 à ses tests de compé-
tences physiques, mais surtout ignore tous les malus dus à
son état de santé (maladie, blessures, trauma, manque d’une
autre drogue, etc.). Cependant au bout d’une demi-journée
ou après le premier test de Virulence manqué, le sujet doit
absolument reprendre une dose de Missive s’il ne veut pas
s’écrouler et perdre autant de points d’Âme et de Santé que le
nombre de Missive qu’il a avalé x 10.
Détail : initialement convoyée dans de petites enveloppes
cachetées à la cire par malle-poste depuis Gromoorva, cette
poudre blanche qui tire son nom du mode de transport de ses
origines est recherchée par tous les malades en phase termi-
nale, les mercenaires ou toute personne devant faire face à de
rudes épreuves et souhaitant tenir sur la durée (quand on sait
en faire un usage précautionneux !).
l’alchimie commune
L’Ouvre-Esprit (25)
Préparation : 1 journée
Coût : 15 PO
Recherche : 25
Rareté : 8
(drogue à ingérer)
Virulence : 20
Effet pathologique : concentration, détachement, vision
monochromatique.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée toutes
les minutes. Le sujet ignore tous les malus dus à des pertur-
bations extérieures à tous ses tests mettant en jeu des compé-
tences non physiques (Sorcellerie, perception, savoir, etc.). De
plus, s’il passe 5 minutes à se concentrer sur un unique test,
il gagne un bonus de + 5 à ce dernier. Cependant cet effort
de concentration particulièrement intense a un contrecoup. À
l’issue de ce test, qu’il soit raté ou réussi, le personnage perd
15 points d’Âme et doit faire un test de Trempe x 2 / 20 pour
ne pas sombrer dans l’inconscience, victime d’une importante
hémorragie : du sang s’écoule de ses oreilles, de son nez, de ses
oreilles et de sa bouche (il perd 2d10 points de Santé).
Détail : dérivé des produits melnibonéens, l’Ouvre-Esprit est
prisé des sorciers consciencieux qui veillent toujours à avoir
une dose du produit sur eux pour remédier aux situations
insurmontables. Le shaman qui accompagne la troupe des
Molosses aux Crocs de Sang est réputé en être friand. On dit
même qu’au contact d’un Melnibonéen traître à son peuple,
il posséderait maintenant le secret de fabrication de la prépa-
ration originelle…
La Rage-Sang (20)
Préparation : 6 heures
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 9
(drogue à ingérer)
Virulence : 25
Effet pathologique : accélération du pouls, irritabilité, fréné-
sie, crises de violence.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée toutes
les minutes. Le consommateur voit le monde se parer d’un
voile rouge alors que son cœur cogne avec fureur dans sa poi-
trine. Une soif de sang inextinguible le saisit et le pousse au
21
 meurtre. Il gagne un bonus de + 5 à ses tests d’Initiative et de
Capacité Offensive mais subit un malus de – 5 à sa Défense.
Au bout de 10 minutes, le sujet s’effondre, le corps et l’esprit
vidés, les mains tremblantes et le dos empoissé par une sueur
froide. Il a perdu tous ses points de Santé non létaux et la
moitié de ses points d’Âme.
Détail : dérivée d’un produit conçu dans les laboratoires
melnibonéens à destination des esclaves de combat, la Rage-
Sang connaît un succès grandissant parmi les guerriers de Pan
Tang. Des seigneurs aux plaisirs cruels l’ont détournée de son
but premier pour la consommer lors de soirées orgiaques par-
ticulièrement sanglantes.
Le don de Jagreen Lern (15)
Préparation : une demi-journée
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 8
(drogue à inhaler, groupe)
Virulence : 18
Effet pathologique : confusion, hallucinations, délire.
Effet létal : aucun. La Virulence de la drogue est testée
tous les tours jusqu’à un maximum de 10 où elle se dissipe.
l’alchimie
Les victimes souffrent de démence légère, d’hallucinations
visuelles et auditives, qui leur occasionnent un malus de – 5 à
la Capacité Offensive, la Défense et tous les tests impliquant
la Clairvoyance. En cas d’échec dramatique, le sujet confond
alliés et ennemis et attaquera avec rage la personne la plus
proche, quelles qu’en soient les conséquences.
Détail : cette drogue libère tout son potentiel en combat. Elle
se présente sous la forme d’une petite bille de terre cuite. Fra-
cassée sur le sol, elle libère une fumée blanchâtre à l’odeur de
soufre qui frappe toute personne dans un rayon de 3 m. Elle
est utilisée sur les galères pan tangiennes et fut, dit-on, mise
au point par Jagreen Lern lui-même. Son usage et sa concep-
tion se sont répandus dans certains pays sous tutelle ou sous
influence pan tangienne.
22
Les poisons
L’Étreinte de Xiombarg (20)
Préparation : 2 heures
Coût : 6 SA
Recherche : 15
Rareté : 8
(poison de lame)
Virulence : 19
Effet pathologique : tétanie, tremblement, crampes.
Effet létal : l’Étreinte de Xiombarg est un poison de lame
conçu pour handicaper l’adversaire. Une simple égratignure
(un point de dégât létal) suffit à empoisonner la victime, qui
voit ses membres pris de contractions incontrôlables et de
crampes musculaires à l’issue du 2e tour de combat suivant
l’inoculation. Tant qu’elle ne réussit pas un test de Virulence
(par tour) ou ne s’est pas reposée pendant 10 bonnes minutes,
elle souffre d’un malus de – 5 à ses tests de Capacité Offen-
sive, de Défense et autres actions physiques. Un test réussi de
Clairvoyance + Soins / 20 peut mettre un terme aux effets
du poison.
Détail : prenant la forme d’une pâte violette aux propriétés
vaguement adhésives, l’Étreinte de Xiombarg résiste mal à
plusieurs assauts. Il se décroche au bout de trois ou quatre
passes d’armes.
Le Nœud des Aiguillettes (15)
Préparation : 1 journée
Coût : 10 PO
Recherche : 20
Rareté : 6
(poison par ingestion)
Virulence : 17
Effet pathologique : impuissance.
Effet létal : la victime, un homme, doit ingérer le poison par
deux fois avec un intervalle d’une nuit entre les deux prises
pour que celui-ci fasse effet. Si elle rate les deux tests de Viru-
lence, elle devient impuissante de façon permanente. Seul un
antidote basé sur les mêmes principes (même temps de prépa-
ration et Virulence) la guérira de la substance.
Détail : commande de puissantes familles nobles souhai-
tant empêcher la consommation d’un mariage, le Nœud des
Aiguillettes fait partie du bagage de tout bon alchimiste gra-
vitant dans les cours nobiliaires ou s’adonnant aux jeux de la
politique. Lui et son contrepoison se monnayent assez cher
auprès des intéressés…

Les Utilitaires (10)
Préparation : 3 heures
Coût : 5 PB
Recherche : 15
Rareté : 5
(variable)
Virulence : 10
Effet pathologique : irritation cutanée, troubles digestifs,
maux de tête, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées
sanglantes…
Effet létal : soumis à une exposition répétée ou importante,
la victime perd 2 points de Santé par jour. Si le dosage est
particulièrement sévère (équivalent de 3 doses), la Virulence
du poison est doublée et la perte de points de Santé ainsi que
les tests de Virulence ne se comptent plus en jours, mais en
minutes. Seul un test réussi de Clairvoyance + Soins / 15
pourra arrêter la perte de points de Santé.
Détail : les Utilitaires est une catégorie fourre-tout pour dési-
gner les pesticides, raticides et autres poisons qu’un alchimiste
pourrait concocter. Leur faible Virulence et la nécessité de les
faire absorber en grande quantité les rendent peu attractifs pour
les empoisonneurs (hormis les plus sadiques d’entre eux).
Le Venin du Rat-Serpent (25)
Préparation : 1 journée
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 7
(poison de lame)
Virulence : 20
Effet pathologique : douleur dans la gorge, dans la nuque, difficul-
té à déglutir, sueur abondante, contraction des muscles du visage.
Effet létal : le Venin du Rat-Serpent est inoculé à la première
égratignure (1 point de dégât létal infligé par la lame). La vic-
time perd alors 3 points de Santé par tour. Si sa Santé tombe
à 9, les contractions atteignent son abdomen et lui infligent de
vives douleurs et des difficultés pour se défendre (malus de – 5
à tous les tests physiques hormis celui de résistance à la Viru-
lence). À 4, les spasmes atteignent les vertèbres et la victime se
cabre dans d’affreuses douleurs qui l’empêchent de se mouvoir
ou de se défendre. À 0, elle meurt étouffée par des spasmes
irrépressibles du larynx. Seul un test réussi de Clairvoyance +
Soins / 20 pourra arrêter la perte de points de Santé.
Détail : liquide bleu acier, le Venin du Rat-Serpent ne pos-
sède aucune propriété adhésive, il coule ou jaillit de la lame au
moindre mouvement brusque. Il est donc à manier avec préci-
sion et concentration, car si la première tentative d’empoison-
nement est un échec, il n’en reste rien. Les armées d’Argimiliar
l’utilisent dans leurs guerres contre les clans de Pikarayd, car
il est bien connu que ces barbares n’aiment guère laisser der-
rière eux leurs blessés ou leurs mourants. Ce poison a permis de
ralentir bon nombre de clans dans leurs mouvements tactiques.
l’alchimie commune
Les remèdes
Le Miséricordieux
(Virulence à combattre + 5)
Préparation : une demi-journée
Coût : 1 PO
Recherche : 20
Rareté : 7
(remède par ingestion)
Effet : le Miséricordieux est l’antipoison par excellence. Il
détruit automatiquement le poison pour lequel il a été conçu. Sa
puissance a cependant une contrepartie : il ne peut pas être
prescrit pour combattre une toxine autre. Chaque dose doit
donc être distillée avec l’objectif de combattre un poison en
particulier. Pour réussir, l’alchimiste doit réussir un test de
Clairvoyance + Savoir : Alchimie / Virulence + 5 du poison
combattu.
Détail : l’érudit doit connaître le poison cible, soit par la maî-
trise de sa recette, soit par l’étude du produit (test de Clair-
voyance + Savoir : Alchimie / Virulence du poison) ou d’une
victime intoxiquée (test de Clairvoyance + Soins / Virulence
du poison). On ne peut pas lutter contre ce qu’on ignore.
La Cure du Mal Jaune (15)
Préparation : 1 journée
Coût : 7 SA
Recherche : 15
Rareté : 5
(remède par ingestion)
Effet : la Cure du Mal Jaune apporte un bonus de + 5 au test
de Clairvoyance + Soins / 15 visant à soigner une personne
en proie à la Fièvre du Manque (cf. le livre de base, p. 161).
De plus, prescrit dès le début du sevrage ou dans les deux
jours suivant l’apparition de la Fièvre, elle annule purement
et simplement la perte des points de Clairvoyance, qui sans
cela est définitive.
Détail : se présentant sous la forme d’un breuvage fort amer,
la Cure du Mal Jaune doit être prise à un intervalle régulier de
6 heures jusqu’à la guérison du patient. Le nom de la décoc-
tion reste un mystère même pour les maîtres-alchimistes, qui
ne sont pas en mesure de déterminer ce qu’est ou a été le
Mal Jaune. Les érudits soupçonnent une licence poétique des
anciens pour décrire la Fièvre du Manque, la vérité est peut-
être bien différente…
23
 Le Petit Serviteur (10)
Préparation : 1 heure
Coût : 1 SA
Recherche : 15
Rareté : 5
(remède par ingestion)
Effet : l’ingestion du Petit Serviteur dans les instants qui pré-
cédent ou suivent la mise en contact avec un poison améliore
la résistance de l’organisme à celui-ci. La victime gagne un
bonus de + 5 à ses tests de Virulence pour la demi-journée
à venir.
Détail : cette préparation fait partie de la pharmacopée
de base des guérisseurs. D’ailleurs, nombre de seigneurs ne
demandent pour preuve du savoir-faire d’un alchimiste que
la maîtrise de cette recette. Une variante de cette dernière sti-
mule les défenses du corps en cas de maladie, conférant un
bonus de + 5 aux tests de Virulence contre la grippe, la vérole
et autres pestes…

La Première Marche (15)

Préparation : 1 journée
Coût : 3 SA
Recherche : 25
l’alchimie

Rareté : 10
(remède par cataplasme)
Effet : après un rapide massage à la Première Marche sur
les blessures, ecchymoses et autres plaies du blessé, celui-ci
regagne tous les points de Santé non létaux perdus sauf un
qui ne guérira qu’après une bonne nuit de sommeil. De plus,
il récupère Trempe + 5 points de Santé en dégâts létaux.
Détail : étape primordiale dans la quête spirituelle et phi-
losophique sur le chemin du remède universel, la Première
Marche est l’ébauche d’une médecine générique sur lequel
s’appuiera l’alchimiste au fil de ses découvertes. Par la suite,
la substance permettra de soulager la migraine, d’effacer les
douleurs dues aux règles ou aux rhumatismes ou encore de
faciliter un accouchement difficile. Les étapes ultérieures for-
ment, dit-on, un secret gardé par les maîtres-alchimistes qui
ne désirent pas influencer le travail de leurs congénères moins
avancés sur le chemin de la connaissance. Mais la réalité est
peut-être tout autre…

24
 Du statut de sorcier dans les Jeunes Royaumes

livre
second 25
 La Nécromancie
L’art interdit :
légendes et vérités
Légendes
la nécromancie
La Nécromancie est la pratique magique la plus fascinante
pour les habitants des Jeunes Royaumes. Le soir, à la veillée,
elle est au centre de nombreuses conversations et jouit d’une
sombre réputation. Pour le commun des mortels, et en par-
ticulier dans les campagnes reculées, tout sorcier identifié ou
reconnu est immédiatement soupçonné d’être un Nécroman-
cien, un homme qui a dominé la mort et peut entrer en contact
avec les défunts pour maudire les vivants. Pour beaucoup de
gens simples, l’art d’évoquer des Démons ou de se lier avec des
Élémentaires relève du domaine de la légende alors que toute
personne un peu étrange est un Nécromancien en puissance.
Cette fascination s’explique notamment par la proximité que les
habitants des Jeunes Royaumes entretiennent avec la mort. Pou-
voir agir sur elle est bien plus important que de faire appel à des
entités lointaines ou disparues. Par conséquent, les rumeurs les
plus infondées courent sur cette pratique magique et elles sont
d’autant plus nombreuses que les sorciers pratiquant réellement
la Nécromancie sont extrêmement rares.
Voici une liste de légendes qui courent sur la Nécromancie.
Vous pouvez les placer dans la bouche des PNJ rencontrés par
vos joueurs, surtout quand ceux-ci font la démonstration de
leurs pouvoirs, quels qu’ils soient. Certaines d’entre elles se
contredisent, ce qui est tout à fait normal : ce sont des rumeurs...
 Les Nécromanciens ont besoin du sang frais d’un nourris-
son pour pratiquer leur magie.
 Les Nécromanciens perdent leurs pouvoirs quand le jour
se lève.
 Les Nécromanciens doivent se nourrir de sang pour rester
immortels.
26
 Les Nécromanciens peuvent faire cailler le lait, flétrir les
fleurs et tuer les enfants dans le ventre de leur mère par
simple contact.
 Les Nécromanciens sont des Melnibonéens qui viennent
infiltrer nos terres pour les gouverner à nouveau.
 Tout le monde peut devenir Nécromancien : il suffit de
sacrifier une jeune vierge à la pleine lune pour parler avec
les morts.
 Pour se protéger d’un Nécromancien, il suffit de porter
sur soi un flacon contenant de l’eau bénie par un prêtre
de la Loi.
Vérités
La Nécromancie est un art quasiment tombé en désuétude
parmi les sorciers à cause de sa très grande difficulté. Seuls les
Melnibonéens furent des Nécromancien réellement efficaces.
Il faut tellement de travail et d’étude pour obtenir un résultat
un tant soit peu satisfaisant que beaucoup de sorciers aban-
donnent rapidement cette voie, préférant les résultats plus
rapides de la Démonologie. Seuls les plus intelligents, ou les
plus fous, arrivent à se concentrer suffisamment pour percer le
mystère et déchirer le voile qui sépare la vie de la mort.
Plus encore que la difficulté, c’est aussi le danger d’une telle
magie qui explique qu’un faible nombre de sorciers la pra-
tiquent : beaucoup sont morts d’une simple erreur de rituel
ou des mains des créatures qu’ils avaient ramenées à la vie.
Enfin la longueur des rituels et la complexité de leur mise
en place ne laissent que les plus tenaces et les plus acharnés
obtenir le pouvoir qu’ils convoitent.
Les Nécromanciens agissent sur l’âme et le corps au moyen
de Runes, avant ou après la mort. Malgré leur mauvaise répu-
tation, souvent justifiée, on peut dire qu’il n’y a pas meilleur
connaisseur de l’Homme qu’un Nécromancien. Les plus
doués maîtrisent tous les processus liés à l’existence : nais-
 l’art interdit : légendes et vérités

La Secte de la Bonne Mort

sance, croissance, vieillissement, maladie, folie, dégénéres-
cence, mort, résurrection. Les moins doués sont juste des Dans les montagnes du Jharkor, à la frontière avec le Tarkesh,
marionnettistes de cadavres. vit un peuple qu’aucun gouvernement civilisé n’a jamais pu
Les Runes les plus employées par les Nécromanciens sont : soumettre. Ces montagnards secrets et taciturnes sont depuis
 Aliénation (cf. p. 65) des siècles des adorateurs du Chaos et en particulier de Chardros.
Le clergé de Chardros, appelé ici la Secte de la Bonne Mort, est
 Amélioration (cf. le livre de base, p. 204) chargé d’assurer le passage des âmes dans l’au-delà dans de
 Animation des morts (cf. le livre de base, p. 204) bonnes conditions et de protéger la communauté contre toutes
 Apaisement (cf. p. 66) les invasions. Pour ce faire, Chardros lui-même leur aurait
 Aspiration (cf. p. 66) enseigné, à l’aube des temps, les secrets de la Nécromancie. Tous
 Conservation (cf. p. 67) les prêtres de la secte sont des Nécromanciens plus ou moins
doués. Leur tâche principale consiste en des rituels funéraires
 Dégradation (cf. le livre de base, p. 207) compliqués permettant à l’âme des défunts d’obtenir le repos
 Domination (cf. le livre de base, p. 207) éternel. En réalité, les rituels de la Secte de la Bonne Mort
 Femme (cf. le livre de base, p. 208) envoient les âmes directement à Chardros, qui absorbe leur
 Homme (cf. le livre de base, p. 209) énergie spirituelle ou les transforme en Démons mineurs. Dès
 Lien de l’Âme (cf. le livre de base, p. 210) qu’un villageois est malade ou gravement blessé, il reçoit la visite
de la secte, qui abrège ses souffrances de manière définitive en
 Rappel de l’esprit des morts (cf. p. 29) lui apportant la « Bonne Mort ». En échange, Chardros maintient
 Santé (cf. le livre de base, p. 211) sur le village un voile de Chaos qui offre un bonus de + 2 à toutes
 Secret des morts (cf. le livre de base, p. 211) les pratiques magiques. Les prêtres de la Bonne Mort peuvent
 Souffle de vie (cf. p. 72) aussi lancer de puissants rituels qui lèvent en peu de temps des
 Transfert d’âme (cf. p. 32) armées de cadavres animés pour protéger leurs ouailles. Voilà
pourquoi les montagnards n’enterrent pas leurs morts. Ceux-ci
sont installés dans des charniers à ciel ouvert qui entourent les
villages comme des murailles. Pire encore, si les ennemis s’avèrent
trop nombreux, beaucoup d’entre eux sont prêts à se suicider
Maugis, le Poète Maudit pour que leur fantôme et leur cadavre viennent gonfler les rangs
des non-morts. Une dernière coutume parachève ce dispositif :
Maugis est un esthète de la cour du comte Jilardi de Kariss, un les habitants ne peuvent en aucun cas dépasser l’âge fatidique
proche du Comte Smiorgan, sur l’Île des Cités Pourpres (cf. le de cinquante ans. À cet âge-là, on considère que la personne
livre de base, p. 78) qui s’est pris de passion pour la Nécromancie. a suffisamment bien vécu et qu’elle doit mourir pour aider à
Tout a commencé le jour où il se rendit compte que personne à protéger les vivants. Bien entendu, les prêtres de la secte ne
la cour ne s’intéressait plus à ses poèmes morbides et à son goût sont pas concernés par la tradition et l’on murmure que certains
prononcé pour un style macabre de pacotille qui ne fascinait plus d’entre eux détournent leurs pouvoirs de Nécromanciens afin de
que lui. Souhaitant raviver l’intérêt de ses mécènes, il alla chercher prolonger artificiellement leur vie. Deux d’entre eux au moins
l’inspiration dans un cimetière au clair de lune où il assista pour auraient plus de trois cents ans.
la première fois à un rituel nécromantique. Enthousiasmé par
ce qu’il venait de voir, il entra en contact avec le sorcier, un
petit homme malingre et sale au corps rongé par la maladie et
les parasites. Il lui offrit de l’argent et un logement secret à la
cour contre la promesse de lui enseigner son art. Contre toute
attente, Maugis se révéla être un élève particulièrement doué et
son apprentissage fut particulièrement rapide. Il se servait de
ses conversations réelles avec les morts pour écrire des odes et
des éloges funèbres glaçants qui firent sensation et lui permirent
d’obtenir le titre de Premier Poète du Comte. Mais Maugis
découvrit dans la Nécromancie un plaisir bien plus grand que
dans la littérature. Non content de converser avec les morts, il
apprit également à animer des cadavres, puis à les dominer. Son
maître mourut et il poursuivit seul ses découvertes. Il perdit son
titre et s’exila dans une vieille tour en ruine sur une île éloignée
de Kariss. Il y vit actuellement et lance depuis sa retraite des
esprits morts chargés de malédiction contre ses rivaux restés à la
cour. Le Comte ne comprend pas pourquoi une part importante
des artistes qui l’entourent succombe à des maladies étranges et
inconnues. Il cherche désespérément une solution qui pourrait
mettre un terme à cette hécatombe. Pendant ce temps, Maugis,
qui a définitivement perdu la raison, a attiré l’attention de
Chardros, qui en a fait un Élu et souhaite par son intermédiaire
faire vaciller le pouvoir de la Loi sur les Cités Pourpres.

27
 Lever les morts
Les corps
Pour rendre un semblant de vie à un cadavre, il faut utiliser
la Rune d’Animation des Morts. Cette Rune ne permet que
d’animer le corps. L’âme du défunt est toujours prisonnière de
l’au-delà. Le cadavre est alors prêt à être utilisé par le Nécro-
mancien. Il convient d’ajouter que la Rune ne fonctionne que
pour un seul cadavre. Quand un Nécromancien veut animer
deux ou trois cadavres, il doit prononcer la Rune ou l’inscrire
autant de fois qu’il y a de cadavres, ce qui s’avère particuliè-
rement fastidieux et rend quasi impossible la création d’une
armée. Pour pallier cette difficulté, les Nécromanciens uti-
lisent un rituel d’animation « en masse » appelé Relever la
Légion des Morts. Il fut enseigné par Chardros aux premiers
fidèles de la Secte de la Bonne Mort. La répétition par trois
fois de la Rune d’Animation des morts couplée à la Rune du
Chaos crée un schéma complexe qui modifie subtilement le
dessin des Runes et permet de les alimenter de manière à lever
autant de cadavres que nécessaire. La seule limite au nombre
de cadavres est alors le nombre de points d’Âme investis. Bai-
la nécromancie
gner la Rune du Chaos dans le sang d’une victime humaine
fraîchement tuée facilite le lancement du rituel.
Relever la Légion des Morts
Runes combinées : Animation des morts + Animation des
morts + Animation des morts + Chaos
Difficulté : 28 (23 si la Rune du Chaos est baignée dans le
sang d’un être humain)
Points d’Âme nécessaires : 5 + 5 par groupe de deux corps
supplémentaires.
Les Âmes
L’Âme et le corps
Dans les Jeunes Royaumes, les êtres pensants sont dotés d’un
corps physique et d’un corps psychique, l’Âme, qui anime le corps
physique. C’est la partie de l’être qui est en contact, bien que de
manière inconsciente, avec le Multivers. Elle est l’étincelle, le
minuscule fragment en chacun de nous de la force prodigieuse
qui a fait naître le Multivers. Tanelorn est en nous, pourrait-on
dire (cf. p. 118). Ce n’est pas un hasard si la Quête de Tanelorn
est la quête spirituelle la plus forte et la plus belle du Multivers.
Quand le corps physique meurt, l’Âme est immédiatement
aspirée par l’au-delà, c’est-à-dire qu’elle quitte la terre pour se
retrouver dans le Multivers pour son dernier voyage (pour savoir
ce qu’il advient de l’Âme au bout de ce périple, cf. p. 33).
28
Les Dames du Vide
Ces Démons apparaissent le plus souvent sous la forme de
créatures féminines à la peau blanche et translucide. Elles portent
de longs cheveux verdâtres qui enveloppent presque entièrement
leur corps fragile. Leur visage inexpressif possède deux grands
yeux allongés en amande sans pupille. Avec leurs doigts graciles
munis de griffes longues et fines comme des aiguilles, elles
ouvrent la poitrine de leur victime pour s’y engouffrer. Leur
substance fond et s’infiltre entre les organes du Nécromancien.
Elles referment de l’intérieur la plaie et contrôlent totalement
leur corps d’emprunt. (cette forme de possession est unique,
la plupart des autres Démons possèdent leurs victimes de la
manière décrite p. 101). L’Âme de la victime est mise en sommeil
le temps de la possession. Une fois maîtresse de son nouveau
corps, la Dame du Vide en change bien souvent l’apparence
pour que son aspect ne rebute pas ses futurs disciples. Elle usera
en outre de ses charmes pour créer une secte à la gloire de sa
maîtresse, la Dame Bleue du Désarroi.
Caractéristiques
Adresse  :  4 Clairvoyance  :  5 Présence  :  6 Puissance  :  4
Trempe : 3
Mêlée 6, Mouvements 4, Perception 6, Persuasion 8
Prédilections : Armes naturelles (Mêlée), Acrobatie
(Mouvements), Charme (Éloquence), Vigilance (Perception)
Combat
Vitesse : 5 Santé : 19
Initiative : 1d10 + 4 Âme : 21
Capacité offensive : 10 Défense : 15
Bonne Aventure : - Protection : -
Attaques
 Griffes : dégâts 1d6 + 3. Si la Dame du Vide blesse sa victime
pendant deux tours de suite, elle parvient à lui ouvrir le
ventre et se glisse à l’intérieur. Les griffes de la Dame du Vide
ignorent les protections et peuvent même fendre en deux
une armure de plates, mais pas une armure melnibonéenne.
Traits démoniaques
 Polymorphie
 Griffes
Faiblesse démoniaque :
 Haine : les autres Démons l’attaquent à vue s’ils détectent sa
présence

Pour parler à un mort et faire revenir son Âme de l’au-delà,
la Rune la plus employée est le Secret des morts. Cette Rune
est très compliquée à mettre en œuvre mais c’est la plus sûre,
notamment parce qu’il n’est pas nécessaire de faire appel à
une autre Rune pour contrôler le mort. Cependant son effet
est extrêmement limité. Le mort ne reste qu’une seule minute
parmi les vivants, ce qui limite les informations qu’il peut
délivrer et l’empêche d’agir pour le compte du Nécromancien.
D’autres Runes, peu employées de nos jours, permettent de
faire revenir l’Âme pour un séjour plus long, mais elles attirent
immanquablement l’attention des Dames du Vide, comme des
phalènes fascinées par la lumière. Les Dames du Vide sont des
favorites de la Duchesse Eequor (cf. le livre de base, p. 172).
La Dame Bleue du Désespoir cherche par tous les moyens
à s’implanter sur terre malgré l’ostracisme que lui infligent
des autres Ducs du Chaos. Elle envoie ses favorites posséder
les Nécromanciens imprudents pour infiltrer lentement mais
sûrement les Jeunes Royaumes.
Rappel de l’esprit des morts
Sharr’Silenn’Kor
Seuil de difficulté : 25
Cette Rune permet d’évoquer l’esprit d’un mort et de le faire
se matérialiser sous la forme d’un fantôme. L’esprit est géné-
ralement furieux d’avoir été ramené et il faudra passer un cer-
tain temps pour le calmer, notamment grâce à la Rune d’Apai-
sement. D’autre part, la Rune coûte 10 points d’Âme pour
fonctionner, seulement 5 si le sorcier se trouve en présence des
restes, même fortement endommagés, du mort. Le passage
ouvert au sein des plans du Multivers est bien plus important
que lors de l’invocation d’un Démon ou d’un Élémentaire, ce
qui permet aux Dames du Vide de l’emprunter.
À chaque fois que la Rune est utilisée, le MJ doit lancer un
d10 et consulter le tableau des Effets secondaires de la Rune
de Rappel de l’esprit des morts.
Effets secondaires de la Rune
Rappel de l’esprit des morts
Résultat Effet
1-2 L’esprit invoqué est remplacé par une Dame
du Vide et l’attention d’Eequor se tourne
vers le Nécromancien. Galvanisée par la
présence spirituelle de la Duchesse, la
Dame du Vide bénéficie d’un bonus de + 5
à tous ses tests jusqu’à ce qu’elle réussisse à
posséder le Nécromancien.
3-4 L’esprit invoqué est remplacé par une Dame
du Vide.
5-6 L’esprit invoqué est accompagné par une
Dame du Vide.
7-10 Aucun effet secondaire.
dominer les morts
Dominer les morts
Se faire obéir
Deux Runes permettent à un sorcier de dominer les morts
qu’il a réveillés, qu’ils soient cadavres ou fantômes : la Rune
d’Aliénation et la Rune de Domination.
 La Rune d’Aliénation est très difficile à activer mais elle
permet d’obtenir une soumission totale du mort-vivant. Il
sera aux ordres exclusifs du sorcier tout au long de sa non-
vie et lui obéira en tout point.
 La Rune de Domination est plus facile à activer que la
Rune d’Aliénation mais sa puissance est plus limitée. En
effet, contrairement à la Rune d’Aliénation, le mort-vivant
a droit à un test d’opposition à chaque ordre reçu (cf. le
livre de base, p. 207). S’il réussit, il attaque directement
le Nécromancien. S’il échoue, il se comporte sagement
jusqu’à la prochaine tentative.
Conserver les morts
Une fois le cadavre animé, celui-ci continue malheureusement
de se décomposer. Le sorcier doit donc graver sur le corps
une Rune de Conservation (cf. p. 67). Cette Rune dure aussi
longtemps que le sorcier la maintient, comme toutes les autres
Runes. Cependant, quand le sorcier doit entretenir plusieurs
cadavres en même temps sans pour autant monopoliser tous
ses points d’Âme, il peut avoir recours au sortilège du Sem-
blant de vie. Ce sortilège permet de stabiliser le corps d’un
mort en lui transférant une part infime de la vie de son maître.
Pour un point de Santé investi jusqu’à ce qu’il décide de le
récupérer, le Nécromancien dote un cadavre animé d’un sem-
blant de vie qui le protège de la décomposition.
Semblant de vie
Runes combinées : Santé + Conservation + Homme (ou
Femme)
Difficulté : 17
Points d’Âme nécessaires : 10 (ainsi qu’un point de Santé
que l’on ne peut regagner tant que le cadavre est animé)
29
 Commercer
avec les morts
Servitude
Un cadavre animé peut servir un Nécromancien tout
au long de sa non-vie, jusqu’à ce qu’il ne soit plus en
état de le faire. Les tâches que l’on peut donner à un
cadavre animé doivent être simples. Généralement,
un Nécromancien assigne à un mort une seule et même
tâche, proche de ce qu’il faisait de son vivant : monter
la garde, tanner des peaux, nettoyer le sol, combattre,
etc. Il lui est par contre impossible d’exercer une quel-
conque activité de création, qu’elle soit littéraire,
artistique, artisanale ou autre. De même, un cadavre
ne parle pas et ne peut communiquer avec les vivants.
Il peut seulement indiquer par un hochement de
tête s’il a compris ce que son maître lui ordonne.
Un fantôme à l’inverse peut communiquer avec
son maître, voire discuter de longues heures
avec lui. Il peut lui enseigner ce qu’il sait et lui
transmettre de brèves images tirées de ses sou-
la nécromancie

venirs. Il peut monter la garde, espionner, don-

ner l’alerte. Un fantôme peut traverser n’importe
quelle matière et fait donc un excellent garde ou
un excellent espion. En revanche, il ne peut pas tenir
d’objet ni interagir physiquement avec quelque élé-
ment matériel que ce soit.

Lancer des malédictions

Il s’agit assurément de l’un des pouvoirs les plus dangereux
des Nécromanciens. Les esprits des morts sont en effet
capables de transporter un sortilège composé d’une ou plu-
sieurs Runes et de les déclencher au moment où le Nécro-
mancien le souhaite, quel que soit le lieu où il se trouve. Les
Nécromanciens les plus puissants envoient donc des malédic-
tions par l’intermédiaire de fantômes qui, une fois qu’ils ont
retrouvé leur victime, libèrent le sortilège que leur a confié le
Nécromancien. Aucune barrière, aucune sorcellerie ne peut
arrêter un fantôme : il peut traverser n’importe quelle paroi,
n’importe quel mur et n’est affecté par aucune Rune, qu’elle
soit de Barrage ou autre.
Pour réussir ce prodige, le sorcier doit d’abord mettre le fan-
tôme en contact avec l’empreinte psychique de la personne
qu’il souhaite atteindre. Il lui montre un objet auquel la
victime tient particulièrement, à moins que le fantôme l’ait
connue de son vivant. Dans ce cas il retrouvera la victime sans
la moindre difficulté.
Le Nécromancien doit ensuite prononcer la (ou les) Rune(s)
à l’oreille du fantôme. Les malédictions ne fonctionnent donc
qu’avec des Runes que l’on peut prononcer.
Le Nécromancien fait alors un test de Clairvoyance + Savoir :
Runes / niveau de la Rune. En cas de réussite, héroïque ou
normale, le sort fonctionne mais son déclenchement n’inter-
vient qu’au moment où le Nécromancien le souhaite : quand
le fantôme rencontre une personne donnée, quand il arrive
dans un lieu précis, etc.
Si le sort est un échec, ni le sorcier ni le fantôme ne peuvent
s’en apercevoir. Le fantôme emporte le sortilège qui sera sans
effet au moment de se déclencher.
Si le fantôme est sous l’effet d’une Rune de Domination et
non d’une Rune d’Aliénation, il peut tenter un test d’oppo-
sition Clairvoyance + Trempe / Clairvoyance + Savoir :
Runes du sorcier pour tenter de se libérer de son obligation.
S’il réussit le test, il peut prononcer la Rune devant le sorcier
qui devient alors la cible de son propre sortilège.

30

L’empreinte psychique
L’empreinte psychique est un ensemble d’émotions, de pensées
et de souvenirs que l’Âme d’un être humain laisse dans un lieu,
sur un objet ou même, bien sûr, sur d’autres êtres vivants.
Plus l’attachement à l’objet ou à l’être est fort, plus on peut
ressentir une forme de présence de la personne à l’origine de cet
attachement. Les fantômes, souvent nés du ressentiment, de la
colère ou d’un chagrin inextinguible, sont très sensibles à ces
empreintes. Ils peuvent suivre les effluves psychiques ténues qui
relient les empreintes à leur « propriétaire ».
Repousser la mort
Absorber la vie
Pour repousser la mort, les Nécromanciens peuvent drainer
la force vitale d’autres vivants. Un sortilège très puissant leur
permet d’absorber la force vitale d’un autre être humain afin
de guérir leurs blessures, de stopper une infection ou de soi-
gner une maladie. Pour ce faire, le Nécromancien doit être au
contact de sa victime vivante. Ce sortilège ne fonctionne pas
sur un mort.
Absorber la vie
Runes combinées : Aspiration + Homme (ou Femme)
+ Santé
Difficulté : 17
Points d’Âme nécessaires : 1 point par point de Santé dérobé
Rendre la vie
L’un des pouvoirs les plus puissants offerts par la Nécromancie
est de rappeler à la vie un mort pour qu’il puisse reprendre le
cours de son existence. Cela n’est possible que pour un être
humain décédé depuis moins d’une semaine. Le corps doit être
relativement complet et en relativement bon état. Il faut avoir sa
tête, même recousue, son cœur et suffisamment de sang dans le
corps. Toutefois il est extrêmement compliqué de faire en sorte
que le mort redevienne le vivant qu’il était. Le corps et l’esprit
du mort sont en effet irrémédiablement marqués par l’expé-
rience du passage dans l’au-delà. Vouloir que tout redevienne
comme avant est donc tout bonnement impossible.
 Seule une réussite héroïque lors du test du rituel per-
met de ramener le mort quasiment tel qu’il était avant
son décès. Et encore… il gardera toujours une sorte de
mélancolie, un vague mal-être lui donnant l’impression
qu’il n’est pas de ce monde et qu’il n’y a pas sa place.
Il pourra certes connaître à nouveau la joie et le plaisir,
repoussser la mort
mais ils seront toujours teintés d’une sensation diffuse de
tristesse et d’étouffement. Si le ressuscité est un guerrier,
il aura tendance à jouer les têtes brûlées. De manière géné-
rale, tous les ressuscités sont assez indifférents à l’idée de
mourir à nouveau. Ainsi, ils provoquent assez rapidement
leur propre mort de manière plus ou moins inconsciente.
 Si le test est une réussite simple, le mort ressuscite
mais, au bout d’un mois, le processus de décomposition
reprend son cours, comme s’il était toujours un cadavre.
Seule l’absorption d’une grande quantité de sang humain,
un nombre de litres équivalent à un quart de ses points
de Santé, arrête le processus. Chaque mois, le ressuscité
doit absorber du sang sinon la décomposition reprend au
rythme d’une perte d’un point de Santé toutes les heures.
Même s’il reçoit suffisamment de sang pour ne pas se
décomposer, on voit bien que le ressuscité n’est pas un être
humain comme les autres. Il est très pâle, même s’il vient
du Sud ou du désert, ses yeux sont vitreux et il ne dégage
de véritable chaleur que dans les quelques minutes suivant
une consommation de sang. Évidemment cette situation
influence grandement la psyché du ressuscité, qui conçoit
très vite un fort dégoût de lui-même pouvant se traduire
par la volonté de se cacher loin des hommes en attendant
la mort, ou au contraire par une haine viscérale du genre
humain et en particulier de celui qui est responsable de
son état actuel. Il gagne également une tendance chao-
tique (cf. le livre de base, p. 190-192) et revient à la vie
avec 10 points d’Âme de moins qu’avant sa mort.
 Si le rituel est un échec simple, le mort ne se relève pas.
 Si le rituel est un échec dramatique, une Dame du Vide
prend possession du corps du mort, le transforme à sa
guise, et en profite pour séjourner le plus longtemps pos-
sible au sein des Jeunes Royaumes. Dans ce cas précis, la
Dame du Vide n’attaque pas systématiquement le Nécro-
mancien car elle possède déjà un corps d’emprunt, sauf si
le Nécromancien tente de l’empêcher de mener à bien son
projet. Si le Démon est renvoyé là d’où il vient, le corps
garde la marque de l’emprise démoniaque à laquelle il a
été soumis.
Résurrection
Runes combinées : Souffle de vie + Homme (ou Femme)
+ Santé
Difficulté : 32
Points d’Âme nécessaires : autant que les points de Santé et
les points d’Âme réunis du mort
31
 Prolonger la vie
Un Nécromancien puissant peut utiliser ses pouvoirs pour
prolonger indéfiniment ou presque sa propre existence. Il
existe plusieurs moyens pour cela.
Un sortilège de Nécromancie, le Vol de vie, permet de pro-
longer l’existence en volant la vie de quelqu’un d’autre. Le
Nécromancien gagne une année d’existence supplémentaire au
détriment de sa victime.
 En cas de réussite héroïque, le Vol de vie permet d’obtenir
deux ans de vie supplémentaire.
 En cas de réussite simple, le Vol de vie permet d’obtenir
un an de vie supplémentaire.
 En cas d’échec simple, rien ne se passe.
 En cas d’échec dramatique, la victime meurt et le lien créé
entre le Nécromancien et la victime entraîne le Nécro-
mancien vers la mort. Il perd, de façon définitive, la moitié
de sa base de points de Santé.
Vol de vie
Runes combinées : Absorption + Souffle de vie + Homme
(ou Femme si la victime est une femme) + Homme (ou
la nécromancie
Femme si le Nécromancien est une femme)
Difficulté : 33
Points d’Âme nécessaires : autant que les points de Santé et
les points d’Âme réunis de la victime
Le Nécromancien a également la possibilité de changer de
corps pour que son esprit puisse investir un corps plus jeune
et gagner ainsi un surplus d’existence dans de meilleures
conditions. C’est la technique développée par le Prophète (cf.
le livret Seigneurs des Jeunes Royaumes, p. 43-44), si ce n’est qu’il
utilise une machine venue d’une autre dimension. Les Nécro-
manciens des Jeunes Royaumes procèdent différemment. Ils
tuent la victime en l’étouffant, afin que son corps ne soit pas
dégradé. Puis ils lancent un sortilège appelé Transfert d’Âme.
Grâce à ce sortilège, leur Âme pénètre dans le corps mort et
le réanime. L’ancien corps du Nécromancien n’est plus qu’un
cadavre.
 Si la réussite est héroïque, le Transfert est parfait.
 Si la réussite est simple, le Transfert s’est bien passé mais
la magie perturbe l’équilibre entre le corps et la nou-
velle Âme. Cette perturbation prend l’aspect d’un Trait
du Chaos, déterminé aléatoirement (cf. le livre de base,
p. 186-188).
 Si l’échec est simple, rien ne se passe.
 Si l’échec est dramatique, l’Âme du sorcier se perd dans
une faille du Multivers et devient un fantôme.
32
Transfert d’âme
Runes combinées : Lien de l’Âme + Homme (ou Femme)
+ Transfert
Difficulté : 27
Points d’Âme nécessaires : autant que les points d’Âme de
l’âme à transférer.
Prolonger sa vie sans la Nécromancie
Grâce à leurs pactes avec le Chaos, les empereurs de Melniboné se
sont vus accorder de nombreuses années de vies supplémentaires
en échanges de sacrifices ou de la construction de lieux de culte.
Les Ducs du Chaos – tout comme les Seigneurs Blancs – peuvent
allonger la vie de leurs serviteurs les plus méritants.
Les vampires
Le vampirisme n’est pas originaire des Jeunes Royaumes. Même
si les Nécromanciens qui prolongent leur existence en buvant
le sang et l’énergie vitale d’autrui ressemblent à des vampires,
ils n’en sont pas. C’est une créature extra-planaire qui apporta
le vampirisme dans les Jeunes Royaumes il y a quelques siècles.
Elle est aujourd’hui encore vivante et se déplace de continent en
continent en se gorgeant du sang des mortels qu’elle rencontre.
Elle crée occasionnellement des vampires à son image, parfois
même sur la demande de ses victimes.
 Les vampires des Jeunes Royaumes craignent la lumière du
soleil qui leur fait perdre un point de Santé par tour de jeu.
 Les vampires doivent boire l’équivalent de leurs points de
Santé par semaine en sang humain.
 Un vampire qui réussit une attaque à main nue paralyse son
adversaire et commence à boire son sang au rythme d’un
point de Santé par tour de jeu, jusqu’à ce qu’il soit rassasié
ou que la victime meure. Le vampire ne boit pas le sang des
morts, qui ne lui fait aucun effet.
 Une fois par nuit, le vampire peut devenir une créature de
cauchemar, mi-loup mi-chauve-souris, qui ressemble à la
créature à l’origine du vampirisme dans les Jeunes Royaumes.
Sous cette forme, le vampire gagne + 5 en Puissance et + 5 en
Adresse. Ses griffes et ses crocs occasionnent 1d8 + 4 points
de dégâts létaux. Il peut également voler sur une courte
distance. La transformation peut durer une heure mais fait
perdre au vampire la moitié de ses points de Santé restants.
 Un vampire peut transformer un mortel en vampire en lui
faisant boire son sang. La victime a droit à un test de Trempe
x 2 / 25 pour ne pas se métamorphoser en vampire.

Les goules
Les goules sont le résultat d’anciens sortilèges de prolongation
de la vie que plus personne n’utilise aujourd’hui. Les anciens rois
du pays d’Org étaient versés dans les arts occultes mais n’avaient
pas le talent des Melnibonéens. Leur peur terrible de la mort les
a poussés à favoriser les recherches de Nécromanciens déments
et idiots qui réalisèrent des expériences monstrueuses sur eux-
mêmes et sur leurs proches. Le résultat fut la création d’êtres
grotesques, à la peau caoutchouteuse et au faciès animal, dotés
d’une vie démesurément longue mais pas éternelle. Cependant,
contrairement aux vampires, ces créatures peuvent se reproduire
entre elles, bien que cela arrive plutôt rarement (pour leurs
caractéristiques, cf. le livret Bêtes et poisons, p. 21-22).
Certains Nécromanciens connaissent encore le sortilège qui
permet de maudire quelqu’un en le transformant en goule.
Nirog l’Ombrageux est un ermite vivant en lisière de la forêt de
Troos. Il en sait long sur l’art de la Nécromancie et fait partie
de ces sorciers qui peuvent transformer un vivant en une goule
assoiffée de sang. Même s’il n’en a guère l’occasion, il aime
utiliser ses pouvoirs sur les rares voyageurs qui s’égarent près de
chez lui. Il le fait gratuitement et cruellement, sans autre raison
que sa haine viscérale du genre humain. Pour que le sortilège
fonctionne, le Nécromancien doit être en contact physique avec
sa victime et prononcer son incantation : il ne peut en aucun cas
être inscrit.
Créer une Goule
Runes combinées : Homme (ou Femme) + Conservation + Santé
+ Chaos
Difficulté : 18
Points d’Âme nécessaires : 30
La victime a droit à un test de Trempe x 2  /  Clairvoyance
+ Savoir : Runes du Nécromancien pour ne pas être transformée
en goule.
reposer en paix
Reposer en paix
Lorsque toutes les méthodes pour prolonger artificiellement
l’existence ont été essayées, que les pactes démoniaques arrivent
à échéance ou qu’une mort violente survient, l’Âme du sor-
cier rejoint le Chaos pour servir les Seigneurs d’En-Bas pour
l’éternité. Ces âmes perdues deviennent pour beaucoup des
Démons tandis que celles des anciens empereurs de Melniboné
deviennent des agents haut placés à la cour d’Arioch, de Mabe-
lode ou de Xiombarg. Aucun sorcier, si insignifiant soit-il, ne
peut échapper à un Seigneur du Chaos venu réclamer son Âme
à l’heure dite, sauf… s’il prend ses précautions.
Tromper le Chaos
Il existe plusieurs façons d’échapper au Chaos et de mettre
son Âme en sécurité, mais il faut être particulièrement habile
car les Seigneurs d’En-Bas détestent se faire spolier de leur
bien. Si l’une de ces techniques échoue, l’Âme découverte
subira d’indicibles tourments pendant des siècles, pour la plus
grande joie de son maître.
La meilleure technique consiste à élaborer une fausse Âme,
un esprit factice semblable en tout point à l’original. Cette
fausse Âme est portée dans un tatouage inscrit sur le corps
du sorcier ou de la personne qu’il veut protéger. Le sort se
déclenche à la mort du porteur. L’Âme factice apparaît devant
le seigneur du Chaos, qui s’en empare immédiatement. L’Âme
véritable a alors une chance de disparaître. L’Âme factice perd
un point d’Âme par jour jusqu’à ce qu’elle disparaisse com-
plètement. Le Duc du Chaos comprend alors la supercherie
et se met en quête de l’Âme véritable, qui doit avoir réussi
entre-temps à se mettre à l’abri.
Âme de substitution
Runes combinées : Lien de l’Âme + Homme (ou Femme)
+ Image
Difficulté : 27
Points d’Âme nécessaires : autant que les points d’Âme de
la source
33
 Les Incantations après la Mort
Les Incantations après la Mort est le meilleur recueil de
Nécromancie de tous les Jeunes Royaumes. Il est également la
propriété exclusive du meilleur Nécromancien encore en vie  :
Sadric LXXXVI, l’Empereur de Melniboné et le père d’Elric. Cet
ouvrage contient toutes les connaissances sur la vie, la mort et
le lien entre les deux consignées au cours des dix mille ans du
Glorieux Empire. Toutes les Runes, même les plus anciennes, liées
à l’usage de la Nécromancie y sont répertoriées en compagnie de
nombreux rituels que seul Sadric est encore en mesure d’utiliser.
Tous les mythes et toutes les légendes sur la transmigration des
Âmes y sont mentionnés, y compris l’existence de la Forêt des
Âmes (voir plus bas).
Le texte des Incantations n’est pas consigné dans un livre ordinaire
mais gravé sur les murs de granit gris d’une salle hémisphérique
dissimulée dans les profondeurs du Palais des Empereurs, loin
sous les Cavernes des Dragons. Lorsqu’Elric détruira Imrryr
avec les pirates des Jeunes Royaumes, la salle s’effondrera.
Cependant, des pilleurs assez courageux pour s’enfoncer au cœur
des ruines de la Cité qui rêve pourront récupérer des fragments
de ce savoir impie.
la nécromancie
Le coffret en bois de rose noir
de Sadric LXXXVI
Sadric a placé son Âme en sûreté depuis fort longtemps dans un
artefact millénaire créé par la Rose. Au cours de sa lutte contre
le Prince Gaynor, son fils rencontrera cette entité plus ancienne
encore qu’Imrryr dans un autre univers, sous la forme d’une
belle jeune femme rousse.
Le coffret en bois de rose noir est délicatement gravé et sculpté
de roses entrelacées. Il fut découvert par Sadric là où la Rose
l’avait laissé intentionnellement, des millénaires auparavant,
aux confins du Continent Sud et l’empereur l’offrit à son
épouse, dont il était éperdument amoureux. Bien qu’il soit un
grand Nécromancien et un empereur impitoyable, cet amour
inconditionnel et réciproque fait paradoxalement de lui l’un des
Melnibonéens les plus proches de l’humanité. Dans ce fameux
coffret, on trouve trois anneaux sculptés dans du bois d’églantier
et une rose couverte de rosée comme si elle avait été cueillie le
matin même. C’est en réalité cette rose qui contient l’Âme de
Sadric. Ce fut le premier cadeau qu’offrit Sadric à sa seule et
unique épouse, la mère d’Elric.
34
Lier les Âmes des défunts
Une fois que l’Âme est sortie sans encombre de son corps, elle
doit se dissimuler. De son vivant, le Nécromancien aura pris soin
de la lier à un objet ou un animal, comme l’ont fait Sadric ou
encore Drinij Bara, l’un des plus puissants sorciers de l’Orient
mystérieux. L’objet ou l’animal dans lequel le Nécromancien
enferme son Âme doit avoir une grande importance à ses yeux
avant qu’il ne l’y place. Une fois cachée dans ce réceptacle, l’Âme
peut attendre que l’attention du Seigneur du Chaos se détourne
d’elle, ce qui n’est pas improbable vu la relative inconstance de ces
êtres divins. Une fois que l’Âme est en relative sécurité dans son
réceptacle, elle ne peut être invoquée et aucun contact avec elle
n’est possible sauf si elle envoie d’elle-même des rêves à un vivant.
Trouver le chemin
de la Forêt des Âmes
Une fois l’Âme en relative sécurité, loin des griffes du Duc du Chaos
qui la recherche, elle doit trouver la voie vers le seul lieu du Multivers
à l’abri de la Loi, du Chaos et même de la Balance : la Forêt des Âmes.
Ce lieu paisible, où les Âmes de certains morts privilégiés vivent dans
la sérénité, possède autant de noms qu’il existe de civilisations dans
le Multivers. Seuls quelques sages dans quelques plans connaissent la
véritable voie que l’Âme doit emprunter pour s’acheminer vers ce lieu
de paix où les conflits des Puissances ne l’atteindront plus. C’est sur
ce chemin semé d’embûches que le Chaos et la Loi tentent, la plupart
du temps, de recouvrer leur dû. La recherche de la Forêt des Âmes
peut constituer, en elle-même, une forme d’aventure atypique pour
l’Âme des personnages morts au champ d’honneur.
Le Parchemin de la Langue des Morts
Ce parchemin contient la description d’une des voies possibles
pour atteindre la Forêt des Âmes. Sadric a enterré son épouse
avec l’une de ses copies pour que son Âme en puisse trouver
la voie. Elle y attend maintenant son époux, dont l’Âme, à sa
mort, fera l’objet d’une dispute entre Arioch et Mashabak. Elric
parviendra toutefois à la récupérer pour que son père puisse
échapper aux Seigneurs du Chaos et retrouver son épouse dans
une mort sereine.
Ce Parchemin, qui n’est que la transcription d’un des passages des
Incantations après la Mort, a été plusieurs fois reproduit. Outre la
copie placée dans le tombeau de l’Impératrice de Melniboné, il
en existerait au moins deux autres : l’une se trouverait dans la
Grande Bibliothèque d’Elwher, la Capitale de l’Orient Mystérieux,
tandis que l’autre serait conservée au cœur de la forêt de Soom. Il
y en a peut-être d’autres…
Tous les grands sorciers des Jeunes Royaumes, à part, bien sûr,
Jagreen Lern qui se croit promis à un grand destin, seraient
prêts à payer des fortunes pour obtenir une de ces copies afin de
pouvoir sauver leur Âme de la damnation.

La Magie
des Rêves
« Ce qui est à l’intérieur a toujours une forme extérieure et il n’est rien à
l’extérieur qui n’ait une forme intérieure. »
– La Forteresse de la Perle
La Magie des Rêves est rare dans les Jeunes Royaumes. Elle
concerne à la fois le Vol de Rêve et les Quêtes oniriques, qui
ont des liens cosmologiques puisqu’ils reposent sur le Rêve,
mais relèvent de pratiques complètement différentes. Nous
traiterons ces derniers dans un supplément ultérieur.
Le Vol de Rêve est peu connu et peu pratiqué dans les Jeunes
Royaumes, si ce n’est dans le Désert des Soupirs et dans
l’Orient Mystérieux, à Eshmir notamment. Toutefois, ce
manque de notoriété est peut-être la conséquence de l’occupa-
tion principale des Voleurs de Rêve car ce sont avant tout…
des voleurs. Leur magie consiste à se lier à un rêveur, entrer
dans l’un de ses Rêves, en identifier la source et la lier à une
forme physique qui vient se greffer sur l’étrange bâton à bout
recourbé qu’ils nomment crosse et qui ne les quitte jamais. On
dit également que ces Voleurs voyagent entre les plans grâce
aux voies célestes qu’ils arpentent leur vie durant, formant une
sorte de tribu nomade du Multivers.
Les Quêtes oniriques sont surtout pratiquées par les Melni-
bonéens. Ces derniers ont même construit des berceaux oni-
riques leur permettant d’entreprendre ces Quêtes plus faci-
lement. En effet, pendant des milliers d’années, les futurs
dirigeants du Glorieux Empire se sont préparés à l’immense
tâche qui les attendait en accomplissant nombre de Quêtes
oniriques qui leur permettaient d’acquérir les compétences et
les savoirs, profanes ou magiques, qui leur seraient nécessaires
pour régner. Ces Quêtes, parfois envoûtantes, expliquent le
surnom d’Imrryr : la Cité Qui Rêve.
du trafic de rêve
Du trafic de Rêve
— Mais que faites-vous donc de votre butin ?
— Voyons, Prince Elric, nous l’écoulons, deux fois l’an, sur le Marché aux
Songes. Il n’est presque aucun type de rêve – si bizarre, si terrifiant soit-il
– qui ne fasse l’objet d’un commerce actif.
– La Forteresse de la Perle
Les Rêves sont plus tangibles et plus importants qu’on le
dit souvent dans les Jeunes Royaumes. Ils peuvent même être
l’objet d’un trafic.
En effet, au Marché des Songes, quelque part dans le Multi-
vers, sur un plan connu des seuls Voleurs et Trafiquants de
Rêve, il est possible d’acheter des Rêves volés contre monnaie
sonnante et trébuchante. Ce Marché se tient deux fois par an
et constitue le lieu de rassemblement de tous les pratiquants
du Vol de Rêve. Nul n’a jamais tenté de le cartographier ou
d’en rationaliser l’agencement. En effet, de part et d’autre de
son artère principale, les échoppes des marchands venus de
tout le Multivers éclaboussent le visiteur de leur éclat cha-
toyant et de leurs étrangetés parfois perturbantes : des créa-
tures oniriques enfermées dans de curieuses cages de jade, des
bocaux de verre coloré remplis d’organes aux formes chan-
geantes, des prisons de verre et de bronze enfermant des rêves
éthérés réduits à l’état de brumes… Cette artère principale est
également bordée de tavernes, d’auberges, de cafés ou d’hôtels,
reflets de la diversité infinie des plans. Lorsque l’on s’avise de
chercher la limite du marché en suivant cette route, on se rend
compte que le Marché des Songes, à l’image d’un ruban de
Möbius, est à la fois rectiligne et clos sur lui-même. Illusoire,
paradoxal et improbable, le Marché des Songes est lui-même
un songe dissimulé au cœur du Multivers.
35
 Affairés quoique toujours affables, les Trafiquants de Rêve sont
les maîtres du commerce onirique. Tout comme les Voleurs,
ils savent voyager en passant par les voies célestes mais, pour
une raison ou pour une autre, ils ont cessé de pratiquer le Vol.
Anciens Voleurs retirés ou simples commerçants talentueux,
ils servent d’intermédiaires entre les Voleurs et leurs acheteurs
potentiels. Lorsqu’ils n’arpentent pas le Marché des Songes
afin de jouer les entremetteurs, ils entretiennent leur réseau
de contacts à travers les plans qu’ils visitent, traquent offres
et demandes, négocient les échanges et arrangent les transferts
de Rêve. En effet, ils savent qui veut quoi, qui vend quoi, qui
possède quoi, qui peut obtenir quoi et qui peut se débarrasser
de quoi. Une fois le marché conclu, le Trafiquant transmet
au Voleur les informations qui lui permettront de retrou-
ver son acheteur et arrange le transfert du Rêve. Lorsque la
transaction est accomplie, le Trafiquant paie le Voleur tout
en s’octroyant un large pourcentage de la rémunération. Si
l’argent est parfois utilisé, il est toutefois loin d’être la seule
monnaie d’échange du trafic onirique : les Rêves s’échangent
parfois contre d’autres Rêves mais plus habituellement contre
des gemmes rares, des épices exotiques, des étoffes, des vête-
ments inconnus des Jeunes Royaumes, des objets magiques ou
technologiques, voire des services inavouables.
la magie des rêves

« Ma parole est mon lien »

Les Trafiquants ne donnent jamais leur parole à la légère.

Qu’elle soit donnée à un acheteur ou à un Voleur de Rêves, un
Trafiquant fera tout pour respecter l’engagement verbal qu’il
a pris. Qu’il doive mettre en danger sa vie, ou la pérennité de
son commerce, le Trafiquant sera toujours lié par l’accord qu’il
a passé. De même, il s’attendra à une attitude équivalente de la
part de son interlocuteur. Aussi il n’existe aucun contrat écrit, ou
gravé, qui régisse les transactions au Marché des Songes. Parfois
des arpenteurs des rêves sont engagés par la Guilde pour prouver
la bonne foi d’un tel ou la mauvaise de tel autre. En fonction de
sa gravité, un manquement à la parole donnée sera puni par la
banqueroute, le bannissement, voire la mort.
Voleurs et Trafiquants appartiennent à la Guilde des Songes.
Celle-ci est l’organisation centrale régulant le commerce oni-
rique : ses membres effectuent, surveillent et régulent les tran-
sactions entre les diverses parties. Voleurs comme Trafiquants
doivent prêter serment à la Guilde et accepter son Code. Qui-
conque enfreint ce Code finit toujours par être découvert par
les anciens de la Guilde qui prennent la mesure de l’infraction
et châtient le coupable. Ce châtiment peut aller jusqu’à l’ex-
pulsion de la Guilde et la destruction de la crosse du Voleur.
Devenir
un Voleur de Rêve
— Un voleur de rêve, commença-t-elle, fait exactement ce que les mots
impliquent : nous dérobons des rêves. À l’origine, notre guilde regroupait
de vrais bandits qui avaient maîtrisé le tour particulier de pénétrer dans
les mondes oniriques d’autrui pour y voler ce dont la magnificence – ou
l’exotisme – les séduisait. Peu à peu, toutefois, les gens ont pris l’habitude
de faire appel à nous pour être débarrassés des rêves indésirables… les rêves
qui hantaient ou retenaient prisonniers parents ou amis.
– La Forteresse de la Perle
Le Vol de Rêve est à la fois un talent particulier qui peut
apparaître chez n’importe qui et une pratique codifiée rele-
vant d’un apprentissage. Ainsi, les Voleurs de Rêve servent la
Guilde des Songes qui les a formés et à laquelle ils ont prêté
serment. Le symbole de cette appartenance et de ce serment
est la crosse qu’ils ne quittent jamais et que la Guilde leur a
donnée à la fin de leur apprentissage.

36

La crosse des Voleurs de Rêve
La crosse est le symbole des Voleurs de Rêve et de leurs aptitudes
particulières. Elle leur permet de concentrer leur énergie
spirituelle pour voyager et voler.
Il s’agit d’un bout de bois d’une longueur d’un mètre environ,
recourbé comme un bâton de berger et le plus souvent ouvragé : une
crosse très ornée est souvent le signe d’une grande puissance, mais
il n’existe pas réellement de règle en la matière. Toutefois, comme
les Rêves contenus dans la crosse du Voleur se matérialisent sous
la forme de ciselures ou de gemmes, l’ornementation d’une crosse
est le reflet direct du nombre de Rêves qu’elle contient, sachant
qu’elle peut en abriter une infinité.
Il est impossible de pratiquer le Vol de Rêve sans crosse. Ainsi, la
Guilde des Songes punit parfois ceux qui transgressent ses règles
en brisant leur crosse. Comme elle est la seule organisation à
posséder le secret de leur fabrication, une telle sentence équivaut
à un bannissement sans retour du monde des Rêves. Ces crosses
persistent après la mort de leur porteur : certaines sont devenues
de véritables objets de quête.
En termes de jeu, chaque rêve incrusté dans la crosse fournit
un point d’Âme supplémentaire à son porteur tant qu’elle est
intacte. En outre, les Runes de Vol, de Rêve et de Voyage y sont
gravées et sont donc utilisables par le porteur de la crosse.
En effet, pendant ses années d’apprentissage, le Voleur en
devenir suit son maître qui lui apprend à voyager et à voler.
Il ne reste jamais seul et apprend au fur et à mesure à échap-
per aux dangers des contrées oniriques. Une fois son appren-
tissage terminé, son maître lui offre une crosse qu’ils vont
ensemble baigner dans les eaux des six Contrées oniriques.
Ce n’est qu’après ce long voyage qu’ils se séparent : l’apprenti
prête serment à la Guilde et devient un Voleur à part entière.
Ainsi, la vie d’un Voleur de Rêve est faite de voyages, de
découvertes, de larcins et de marchandages. S’il peut voyager
dans tout le Multivers, il choisit parfois de se fixer sur un
plan particulier afin d’approfondir ses connaissances, se créer
un réseau de contacts ou juste par curiosité. Toutefois, aucun
Voleur n’oublie jamais de se rendre au Marché des Songes lors
de son ouverture bisannuelle.
Malgré sa grande liberté, le Voleur est lié à la Guilde des
Songes et doit respecter ses préceptes. Il n’a notamment pas
accès aux Rêves qu’il vole et ne peut s’en servir pour augmen-
ter son savoir ou sa puissance.
devenir un voleur de rêve
Nouveau métier : Voleur de Rêve
Vous aviez le don depuis votre enfance, votre maître n’a fait
que le découvrir. Vous êtes à la fois un voleur talentueux, un
arpenteur de Rêve et un redoutable magicien. Vous voyagez sur
les voies célestes du Multivers à la recherche d’autres horizons,
mais depuis quelque temps, vous avez décidé de revenir dans les
Jeunes Royaumes, votre plan d’origine, curieux de ce que vous
pourriez y trouver. Vous êtes libre de vos faits et gestes, mais
vous n’oubliez jamais, deux fois par an, d’aller au Marché des
Songes pour vendre quelques-unes de vos trouvailles et remplir
votre bourse. Toutefois, vous savez que les biens matériels sont
aussi éphémères que les songes dont ils sont les enfants…
Capacité spéciale  : tant qu’il est en possession de sa crosse,
le Voleur de Rêve pratique le Voyage et le Vol de Rêve.
Bonus d’attributs : + 1 en Clairvoyance, + 1 en Trempe, + 1 en
Adresse.
Compétences exercées  : Commerce, Discrétion, Filouterie,
Perception, Persuasion, Savoir : Alchimie, Savoir : Art (au choix),
Savoir : Plans, Savoir : Rêve, Savoir : Soins du corps.
Équipement de départ  : des vêtements exotiques, quelques
doses de narcotique, une crosse contenant trois Rêves.
Les amants terribles
La Guilde des Songes est secrètement agitée par une rumeur
persistante à propos de deux Voleurs de Rêve parcourant le
Multivers à la recherche d’expériences et de savoirs à partager
afin d’atteindre une complétude et une perfection inégalées en
se nourrissant l’un l’autre des Rêves qu’ils dérobent sur leur
passage.
Ils se nomment Harmados et Sodamrah. L’un est blond, l’autre
est brun. On les dit graciles et aériens, oniriques pour tout dire.
La rumeur prétend que lorsqu’ils n’explorent pas les Rêves de
leurs victimes ensemble, ils arpentent les Rêves l’un de l’autre
et qu’ils se connaissent si bien qu’ils n’ont plus besoin de parler
pour se comprendre.
On murmure également que leur savoir est infini et leur
puissance sans limite car ils auraient dérobé les rêves des plus
grands érudits du Multivers, parcouru tous les Plans et découvert
le secret de l’immortalité.
Certains conteurs chantent au coin du feu comment, d’un simple
claquement de doigt, ils savent matérialiser les mondes les plus
féériques, les objets les plus précieux et les compagnons les plus
rares et transformer à jamais la vie de ceux qui croisent leur
chemin.
Les Anciens de la Guilde des Songes ont mis à prix la tête de ces
deux amants qui défient par leur seule existence les préceptes
de l’organisation, utilisant leur magie pour se transformer eux-
mêmes et refusant de livrer leur butin au commerce onirique.
Ils s’apprêtent à engager des mercenaires afin d’aller enquêter –
et non pas l’un des leurs… car ils craignent trop que le charme
captivant des amants rebelles ne contamine leur chasseur.
37
 Des possibilités
magiques du Vol
de Rêve
Voyager dans les rêves
Avant tout, le Voleur de rêve doit apprendre à voyager dans
les rêves, ce qui peut s’avérer extrêmement dangereux, voire
mortel : le voyageur peut faire de mauvaises rencontres, se
perdre voire être absorbé par la réalité du rêve pour ne jamais
revenir et mourir.
En termes de jeu, les rêves se définissent par leur Intensité :
celle-ci détermine leur puissance, la difficulté du voyage pour
y parvenir, le nombre de points d’Âme à dépenser pour les
voler et la difficulté du vol.
Pour voyager dans les rêves, il faut passer par le canal d’un
rêveur : celui-ci est en quelque sorte le seuil que doit franchir
le Voleur pour entrer dans les Contrées oniriques. Une fois
franchi ce seuil, le voyageur peut circuler dans les rêves de
la magie des rêves
son rêveur.
Les Contrées oniriques sont au nombre de sept. Les nom-
breuses générations de Voleurs de rêve les ont nommées et
leur ont attribué une symbolique qui tend à définir au mieux
leur nature. Plus on y progresse, plus l’Intensité des rêves
qu’ils abritent croît, même si celle-ci varie d’un rêve à l’autre.
Voici ces Contrées, telles que les ont codifiées les Voleurs de rêve :
1. Sadanor, la Contrée des rêves communs
(Intensité : 1 à 5).
2. Marador, la Contrée des Anciens Désirs
(Intensité : 6 à 10).
3. Paranor, la Contrée des Illusions Perdues
(Intensité : 11 à 15).
4. Celador, la Contrée de l’Amour Oublié
(Intensité : 16 à 20).
5. Imador, la Contrée de la Nouvelle Ambition
(Intensité : 21 à 25).
6. Falador, la Contrée de la Folie (Intensité : 26 à 30).
7. Le septième Monde n’a pas de nom : les Rêves qui le
peuplent sont le domaine du Chaos (Intensité : 31 et +).
Avant toute chose, le voyageur doit cartographier sommaire-
ment les rêves de son rêveur afin d’avoir une petite idée de la
manière dont il doit s’orienter pendant son voyage. Pour ce
faire, il doit toucher le front du rêveur de sa crosse et réussir
un test de Clairvoyance + Perception / Intensité du rêve
recherché.
38
Exemple : Cécile, dont le personnage nommé Nagin’ est Voleuse de rêve et
désire voler un rêve d’Amour Oublié, doit d’abord cartographier les rêves
du prince que son personnage souhaite délivrer de son obsession. Elle effec-
tue donc un test de Clairvoyance + Perception / 20 car elle souhaite
cartographier les rêves de son rêveur jusqu’à Celador. Son test réussit, elle
peut donc commencer son voyage.
Une fois le parcours cartographié, le voyageur peut pénétrer
dans les Contrées oniriques. Il doit toucher d’une main le
rêveur qui lui sert de seuil et tenir de l’autre sa crosse sans
laquelle il ne peut ni voyager ni voler. Pour entrer dans les
Contrées oniriques, le voyageur doit réussir un test de Clair-
voyance + Savoir : Rêve / Intensité du rêve visé.
 Si son test réussit, il parvient à entrer dans le rêve visé.
 Si son test est une réussite héroïque, il parvient à entrer
dans le rêve visé et bénéficie d’un bonus de + 2 pour le
voler.
 Si son test échoue, il ne parvient pas à trouver son chemin.
Il est expulsé des rêves de son rêveur mais peut tenter à
nouveau sa chance.
 Si son test est un échec dramatique, il ne parvient pas à
trouver son chemin et se perd dans la Contrée onirique
visitée. Il subit une perte de points d’Âme égale à l’Inten-
sité du rêve visité.
Et si mon rêveur s’éveille ?
Si le rêveur s’éveille, le canal est coupé  : le voyageur doit se
projeter hors de la Contrée onirique dans laquelle il se trouve
le plus rapidement possible. Pour cela, il doit réussir un test de
Clairvoyance + Trempe / Intensité du Rêve.
Toutefois, la qualité du réveil influe sur cette difficulté : s’il s’agit
d’un réveil doux et progressif, le seuil de difficulté pour s’extraire
de la Contrée onirique est abaissé de 5. S’il s’agit d’un réveil
brutal et violent (substance excitante, coups, cris, blessures), le
seuil de difficulté est augmenté de 5.
 Si le test réussit, le voyageur sort indemne du rêve.
 Si le test est une réussite héroïque le voyageur obtient un
bonus de + 2 pour pénétrer à nouveau dans les rêves de ce
même rêveur.
 Si le test échoue, le voyageur reste bloqué dans la Contrée
onirique dans laquelle il se trouve. Il doit attendre que son
rêveur dorme à nouveau pour en sortir.
 Si le test est un échec dramatique, le rêveur voit ou
sent qu’une présence a essayé de briser sa conscience
et voler son rêve. De plus ce rêve ne pourra plus
jamais être volé, il est immédiatement propulsé dans
le septième et dernier monde, domaine du Chaos.
Et si le rêveur meurt, le voyageur en reste prisonnier pour
l’éternité, devenant une créature onirique à son tour.

La relation qui s’instaure entre le rêveur et le voyageur n’est
pas sans contreparties. En effet, plus le voyageur entre dans les
Rêves du rêveur, mieux il le connaît : franchir le même seuil
est de plus en plus facile et les interactions éveillées avec le
rêveur sont de plus en plus transparentes.
Ainsi, après le premier voyage par le canal d’un rêveur, chaque
nouveau passage du seuil par son entremise bénéficie d’un
bonus cumulatif de + 1 (jusqu’à un maximum de + 4). De
plus, ce bonus s’applique aux interactions sociales du voya-
geur avec son rêveur.
Le voyage en lui-même est plein de pièges et de surprises. Pour
des raisons de fluidité de jeu, nous vous conseillons de ne pas
faire jouer tous les voyages des PJ, sauf s’il s’agit d’un élément
du scénario et que tout le groupe est en mesure de voyager.
Si tel est le cas, le MJ doit se souvenir que les voyageurs
exposent leur âme et non leur corps : si l’on considère qu’ils
jouissent de toutes leurs caractéristiques et compétence
comme lorsqu’ils sont éveillés, leur réserve de points de Santé
n’est pas affectée par les dégâts qu’ils pourraient subir. Ce
sont leurs points d’Âme qui déterminent leur résistance face
aux sources de souffrances qui sont purement spirituelles.
des possibilités magiques du vol de rêve
Ainsi, les PJ n’ont pas besoin de boire, manger ou dormir
mais ils peuvent avoir besoin de nourritures spirituelles pour
regagner quelques points d’Âme : prendre le temps de discu-
ter agréablement, contempler le paysage, écouter une histoire,
courtiser l’être aimé… Voici quelques exemples d’activités
susceptibles de soigner l’Âme de vos voyageurs :
 Prendre le temps de contempler le paysage, prendre un
peu de repos, jouer aux cartes en bonne compagnie : + 1
point d’Âme.
 Écouter une histoire captivante, discuter à bâtons rom-
pus avec ses compagnons, se livrer à une activité grisante
comme la course, goûter la gastronomie locale (onirique) :
+ 2 points d’Âme.
 Évoquer un souvenir heureux avec des amis, se livrer à
une joute amicale, se livrer au badinage amoureux : + 3
points d’Âme.
 Courtiser l’être aimé, aider un ami, être soutenu par
des amis fidèles, réussir une épreuve, apprendre quelque
chose : + 4 points d’Âme.
 Passer une nuit torride, défaire un ennemi dangereux, créer
une œuvre d’art : + 5 points d’Âme.
En outre, les Voleurs de Rêve ont codifié un certain nombre
de lois qu’Oone expose à Elric lors de leur voyage :
 Si quelqu’un s’offre à te guider, accepte toujours mais n’y crois jamais.
 Méfie-toi du familier.
 Accueille l’étrange avec circonspection.
 Tout gain se paie, que ce soit avant ou après l’événement.
 Ne t’accroche à rien, sinon à ton Âme.
Si vous souhaitez mettre en scène un voyage dans un scénario,
nous vous conseillons de lire ou relire le roman de Michael
Moorcock nommé La Forteresse de la Perle : c’est dans ces pages
qu’Elric accomplira un voyage onirique avec la belle Oone.
Voler les Rêves
Une fois que le voyageur est arrivé dans le Rêve recherché,
il peut tenter de le voler. Il doit pour cela réussir un test de
Trempe + Filouterie / Intensité du Rêve et dépenser un
nombre de points d’Âme égal à cette Intensité.
 Si le test réussit, le Voleur a volé le Rêve visé. Il se réveille
automatiquement, frais et dispos.
 Si le test est une réussite héroïque, le Voleur a volé le Rêve
visé et ne dépense que la moitié des points d’Âme requis.
 Si le test échoue, le Rêve résiste. Le Voleur peut retenter sa
chance lors du prochain sommeil de sa cible.
 Si le test est un échec dramatique, le vol échoue et le Rêve
est endommagé. Il se métamorphose, généralement de
manière désagréable, à la convenance du MJ.
39
 Plonger un rêveur dans le sommeil ?
Un voyageur peut passer par le canal d’un rêveur naturel mais
c’est une voie peu aisée : le rêveur peut se réveiller au contact
du voyageur ou avoir un sommeil agité, voire se réveiller, ce
qui peut s’avérer dangereux.
C’est pourquoi la plupart des voyageurs et des Voleurs
s’assurent la maîtrise du sommeil de leur rêveur, soit par des
narcotiques, soit par leur technique d’induction de sommeil.
Cette dernière permet, par des massages et des paroles
apaisantes, de faire sombrer le rêveur dans un profond
sommeil que seuls ceux qui maîtrisent cette technique peuvent
interrompre. La cible doit être consentante et bien installée :
toute tentative pour endormir une cible qui tente de résister
au sommeil se solde par un échec automatique. De plus, cette
technique requiert de disposer d’au moins dix minutes. À l’issue
de ce temps de préparation, le « masseur » doit effectuer un test
de Présence + Savoir : Soins du corps / Trempe x 2 de sa cible.
S’il réussit, la cible est endormie jusqu’à ce qu’il la réveille.
Toutefois, beaucoup de Voleurs de Rêve utilisent les
narcotiques suivants :
Achrandir N’aälab (drogue à ingérer)
Virulence : entre 15 et 20 selon les fournisseurs
Effet pathologique  : le sommeil de la cible devient profond
la magie des rêves
et dure 12  heures environ. Elle ne peut être réveillée avant
ce temps, si ce n’est pas des moyens violents et coercitifs
(hurlements, coups).
Effet létal  : si la cible est réveillée avant le terme de son
sommeil par des moyens violents, elle doit tenter un test de
Puissance + Trempe / 15. Si elle échoue, elle est victime d’une
crise cardiaque et perd la moitié de ses points de Santé en
dégâts létaux.
Une fois le vol accompli, le Voleur se réveille : le Rêve volé se
sera matérialisé sur sa crosse sous la forme d’une ciselure, d’un
joyau ou d’une incrustation.
Un Vol de Rêve peut avoir de nombreuses conséquences sur
l’Âme d’une cible. Voici quelques exemples d’effets possibles :
Guérir d’une affection grave, d’une passion ou d’une folie : le
Voleur de Rêve doit diagnostiquer l’affection, la passion ou la
folie qui ronge le rêveur en réussissant un test de Clairvoyance
+ Perception / 15. Il détermine ainsi la Contrée onirique dans
laquelle il doit réaliser son vol et l’Intensité du Rêve à voler.
Une fois le vol effectué, le rêveur est guéri de son affection, de
sa passion ou de sa folie. Il gagne un nombre de points d’Âme
définitifs égal à la puissance de la Contrée onirique où se trou-
vait son affection (1 point pour un Rêve commun, 2 points
pour un Ancien Désir, 3 points pour une Illusion Perdue…).
Faire sombrer dans la mélancolie ou le chagrin : le Voleur
de Rêve doit d’abord diagnostiquer la source de bonheur et
de joie de sa cible en réussissant un test de Clairvoyance +  1 pour un Rêve commun, + 2 pour un Ancien Désir…, jusqu’à
40
Tyr NaäNoög (drogue à ingérer ou à fumer)
Virulence : entre 15 et 20 selon les fournisseurs
Effet pathologique : la cible sombre dans un profond sommeil
dans les 1d6 minutes si elle fume le Tyr NaäNoög et 1d6
heures si elle l’a ingéré. Ce sommeil dure 12 heures environ.
Elle ne se réveillera pas spontanément mais il est possible de
la tirer de son sommeil en insistant un peu.
Effet létal : si la cible ingère ou fume plus de 5 doses en moins
de 5 heures, elle s’endort et meurt paisiblement.
RhateelHanoöt (drogue à ingérer ou à injecter)
Virulence : entre 20 et 25 selon les fournisseurs
Effet pathologique  : la cible tombe dans le coma
instantanément si la dose est injectée, au bout de 1d6 tours
si elle est ingérée. Ce coma est profond : rien ne peut l’en tirer,
si ce n’est l’antidote de cette drogue, que possède tout bon
Voleur de Rêve.
Effet létal : pour chaque jour passé dans ce coma alchimique, la
cible doit effectuer un test de Puissance + Trempe / Nombre
de jours de coma x 5. Si elle réussit, elle continue à vivre mais
reste dans le coma. Si elle échoue, elle meurt paisiblement.
Il est difficile de se procurer ces drogues (Rareté : 8) car leur
recette n’est maîtrisée que par quelques Alchimistes très
puissants et par la Guilde des Songes. Elles sont donc coûteuses
(de 15 à 20 PA la dose en fonction du vendeur). Toutefois, un
Voleur de Rêve alchimiste en connaît la recette et peut en
fabriquer s’il dispose du matériel nécessaire en réussissant un
test de Clairvoyance +  Savoir  : Alchimie  /  Virulence de la
drogue.
Perception / 15. Il détermine ainsi la Contrée onirique dans
lequel il doit réaliser son vol et l’Intensité du Rêve à voler.
Une fois le vol effectué, le rêveur a perdu le Rêve à l’origine de
sa joie ou de son bonheur. Il perd définitivement un nombre
de points d’Âme égal à la puissance de la Contrée onirique où
se trouvait son Rêve de bonheur.
Altérer ses relations avec un individu ou un groupe : le
Voleur de Rêve doit d’abord diagnostiquer la nature des
relations qui lient le rêveur avec l’individu ou le groupe en
question en réussissant un test de Clairvoyance + Percep-
tion / 15. Il détermine ainsi si le Rêve de sa cible envers l’in-
dividu ou le groupe est positif ou négatif, dans quelle Contrée
onirique il se trouve et son Intensité.
Une fois le vol effectué, le rêveur a perdu le Rêve qui influen-
çait ses relations avec l’individu ou le groupe en question. Si
cette influence était négative, il est bien mieux disposé à leur
égard : l’individu ou le groupe bénéficient d’un bonus dans leurs
interactions avec le rêveur égal à la puissance de la Contrée (+

un maximum de + 4 cependant) où se trouvait le Rêve. Si cette
influence était positive, il est très mal disposé envers eux : l’indi-
vidu ou le groupe subissent un malus dans leurs interactions
avec le rêveur égal à la puissance du Monde dans lequel se trou-
vait le Rêve (jusqu’à un malus de – 4).
Mais les Rêves sont également une denrée spirituelle que l’on
peut vendre et consommer. Un rêveur ne peut consommer un
Rêve qu’avec l’aide d’un Voleur. Celui-ci doit pénétrer dans la
Contrée onirique où le Rêve doit être implanté en réussissant son
test de voyage puis effectuer un test de Clairvoyance + Filou-
terie / Intensité du Rêve.
 Si le test réussit, le Rêve est consommé avec succès.
 Si le test est une réussite héroïque, le Rêve est consommé
avec succès et ses effets techniques sont doublés.
 Si le test est un échec, le Rêve est consommé mais il est
mal assimilé : ses effets disparaissent au bout de Intensité
du Rêve jours.
 Si le test est un échec dramatique, le Rêve est mal assimilé
et le consommateur subit l’inverse de l’effet escompté (à
la discrétion du MJ).
C’est à cause de cette opération compliquée que les Voleurs
de Rêve ne peuvent pas consommer directement les Rêves
qu’ils volent.
Consommer le Rêve d’autrui peut avoir de nombreux effets
sur l’Âme du consommateur. Voici quelques exemples d’effets
possibles :
Créer une affection grave, une passion ou une folie : le
Voleur de Rêve doit disposer d’un Rêve issu d’une affection,
d’une passion ou d’une folie.
Une fois le Rêve consommé, en général contre la volonté du
rêveur, celui-ci est touché par l’affection, la passion ou la folie
du Rêve. Il perd définitivement un nombre de points d’Âme
égal à la puissance de la Contrée du Rêve (1 pour un Rêve
commun, 2 pour un Ancien Désir…).
des possibilités magiques du vol de rêve
Rendre joyeux, heureux ou énergique : le Voleur de Rêve
doit disposer d’un Rêve qui est source de joie ou de bonheur.
Une fois le Rêve consommé, le rêveur est affecté par cette
source de joie ou de bonheur. Il gagne un nombre de points
d’Âme définitifs égal à la puissance de la Contrée du Rêve
(1 pour un Rêve commun, 2 pour un Ancien Désir…).
Altérer ses relations avec un individu ou un groupe : le
Voleur de Rêve doit disposer d’un Rêve connoté positivement
ou négativement envers un individu ou un groupe donné.
Une fois le Rêve consommé, si le Rêve était positif, le rêveur
est bien mieux disposé à leur égard. Ils bénéficient d’un bonus
dans leurs interactions avec le rêveur égal à la puissance de la
Contrée (+ 1 pour un Rêve commun, + 2 pour un Ancien
Désir…, jusqu’à un maximum de + 4) du Rêve. Si le Rêve
était négatif, le rêveur est très mal disposé envers eux : l’in-
dividu ou le groupe subissent un malus dans leurs interac-
tions sociales avec le rêveur égal à la puissance de la Contrée
du Rêve (– 1 pour un Rêve commun, – 2 pour un Ancien
Désir…, jusqu’à un maximum de – 4).
Gagner des connaissances sur un sujet précis : le Voleur de
Rêve doit disposer d’un Rêve dont le thème central relève de
la compétence qu’il désire voir la cible acquérir.
Une fois le Rêve consommé, le rêveur est un peu plus érudit
dans le domaine en question. Le coût en PX pour gagner un
point dans la Compétence ou le Savoir ciblé est divisé par
deux. De plus, le MJ peut lui délivrer des informations s’il
le désire, mais seulement de vive voix, et sans certitude quant
à leur véracité. Un Rêve consommé est par nature illusoire,
capricieux et mensonger. Aucune connaissance solide ne peut
naître du Rêve.
Attention ! Consommer le Rêve d’autrui met l’Âme en péril
car le Rêve est lui-même une parcelle d’âme. Ainsi, à chaque
absorption de Rêve, le consommateur doit faire un test de
Trempe x 2 / Intensité du Rêve consommé + nombre total
de Rêves consommés durant son existence.
 Si le test réussit, aucun désagrément ne se produit.
 Si le test est une réussite héroïque, le Rêve est consommé
sans effet secondaire et il n’est pas comptabilisé dans le
nombre total de Rêves consommés durant l’existence du
consommateur.
 Si le test échoue, le consommateur perd définitivement
un nombre de points d’Âme égal au degré de puissance
de la Contrée du Rêve consommé (1 point pour un Rêve
commun, 2 points pour un Ancien Désir, 3 points pour
une Illusion Perdue…).
 Si le test est un échec dramatique, le consommateur perd
définitivement un nombre de points d’Âme égal au degré
de puissance de la Contrée du Rêve consommé x 2.
41
 Enfin, les Voleurs de Rêve savent tirer mille et une merveilles
des larcins conservés dans leur crosse. Voici quelques exemples
d’effets possibles :
Matérialiser un objet onirique : le Voleur de Rêve peut maté-
rialiser rapidement un objet se trouvant dans l’un des Rêves
contenus dans sa crosse, qu’il doit tenir en main, ou au moins
toucher.
Pour ce faire, il doit d’abord localiser l’objet en question dans
les Rêves dont il dispose en effectuant un test de Clairvoyance
+ Perception / 15. Cette opération lui prend un tour de jeu.
Puis il matérialise l’objet onirique dont il veut disposer en
réussissant un test de Trempe + Filouterie / Intensité du
Rêve et en dépensant un nombre de points d’Âme dépendant
de la taille de l’objet conjuré : 1 point pour un objet de petite
taille, 2 pour un objet de taille moyenne, 3 pour un objet de
grande taille.
Le temps de matérialisation dépend de la taille de l’objet
conjuré : 1 tour pour un objet de petite taille (un poignard,
un carnet, un fruit), 2 tours pour un objet de taille moyenne
(une épée, un petit bouclier, une robe), 3 tours pour un objet
de grande taille (un trône, un lit, un char).
Ces objets semblent magnifiques et donnent l’illusion de la
la magie des rêves
réalité quand on ne les observe pas attentivement. Toutefois,
comme les Rêves, ils sont illusoires : un observateur attentif
ne trouvera nulle ciselure précise sur le magnifique cimeterre
conjuré et l’érudit ne pourra jamais attraper que des bribes
de phrases incompréhensibles dans le grimoire à la si belle
reliure. De même, ils peuvent sembler magiques par leur
apparence, mais ils sont incapables d’influer sur le réel comme
peuvent le faire des objets magiques.
De plus, ces objets matérialisés disparaissent au prochain lever
du soleil.
Enfin, matérialiser un objet brise le Rêve dont il est issu et le
rend à jamais inutilisable.
Matérialiser un personnage onirique : le Voleur de Rêve
peut matérialiser un personnage se trouvant dans l’un des
Rêves contenus dans sa crosse.
Pour ce faire, il doit d’abord localiser le personnage en ques-
tion dans les Rêves dont il dispose en effectuant un test de
Clairvoyance + Perception / 15. Cette opération lui prend
un tour de jeu.
Puis il matérialise le personnage onirique désiré en réussissant
un test de Trempe + Coercition / Intensité du Rêve et en
dépensant un nombre de points d’Âme égal à l’Intensité du
Rêve.
Le temps de matérialisation dépend de l’Intensité du Rêve
utilisé : 1 tour pour une Intensité de 1 à 10, 1 minute pour
une Intensité de 11 à 20, 1 heure pour une Intensité de 21 à
30, 1 jour pour une Intensité de 31 et +.
42
Les personnages oniriques
Avant tout, le personnage onirique possède un nom et une
apparence physique. Il se définit également par un défaut et une
qualité, choisis par le PJ, dont PJ et MJ pourront se servir pour
pimenter la partie.
Il a également des caractéristiques que le PJ Voleur de Rêve
détermine, sachant que la somme de ses caractéristiques
doit être égale à l’Intensité du Rêve dont il provient et que le
minimum pour une caractéristique est de 1.
Il maîtrise également cinq compétences aux valeurs suivantes :
2, 3, 4, 5, 6.
Il est doté d’un trait spécifique (se reporter aux traits spécifiques
démoniaques, cf. p. 230 du livre de base)
Il possède l’équipement que requiert son rôle.
Le personnage onirique possède des caractéristiques, des
compétences et un trait spécifique. Il sert celui ou celle qui l’a
conjuré jusqu’à la mort. S’il est capable de faire montre d’un
certain nombre de savoirs et de compétences, le personnage
onirique est toutefois toujours décalé par rapport au réel et
ne passe jamais inaperçu. C’est le plus souvent un personnage
doté d’une personnalité très affirmée et originale.
Il disparaît au prochain lever du soleil.
Matérialiser un personnage onirique brise le Rêve dont il est
issu et le rend à jamais inutilisable.
Confondre Rêve et réalité : le Voleur de Rêve peut superpo-
ser la réalité et un Rêve contenu dans sa crosse.
Il choisit le Rêve qu’il sacrifie et il le brise net par la seule force
de sa volonté en réussissant un test de Trempe x 2 / Intensité
du Rêve tout en dépensant un nombre de points d’Âme égal à
l’Intensité du Rêve sacrifié. Cette action lui prend un tour.
 Si le test réussit, le Rêve recouvre la réalité sur un rayon
égal à son Intensité mètres.
 Si le test est une réussite héroïque, le Rêve recouvre la réa-
lité sur un rayon égal à son Intensité x 2 mètres et le Voleur
ne dépense que la moitié des points d’Âme requis.
 Si le test échoue, le Rêve vole en éclats et le Voleur perd
ses points d’Âme.
 Si le test est un échec dramatique, le Rêve vole en éclats
infligeant une perte de 2d10 points d’Âme à tous les
êtres présents dans un rayon égal à son Intensité mètres.
Quelques lambeaux de rêves sont encore accrochés à la
réalité, la pratique de l’Œil du Sorcier sera altérée et aucun
Sorcier ne pourra utiliser de Rune dans un rayon de Inten-
sité mètres pendant Intensité heures.
Lorsque le Rêve recouvre la réalité, tous les témoins pris dans le
Rêve doivent effectuer un test d’Extase ou de Terreur en fonction de
la nature du Rêve, c’est-à-dire un test de Clairvoyance + Trempe
/ Intensité du Rêve. Les conséquences du test sont gérées comme
 des possibilités magiques du vol de rêve

lors d’un test d’Extase ou de Terreur habituel (cf. le livre de base,

p. 99). Ce test ne peut être retenté que toutes les heures.
En outre, le Voleur de Rêve est dans son élément : il bénéficie
d’un + 2 à tous ses tests d’action tant qu’il est dans cette zone
de réalité instable.
La confusion entre le Rêve et la réalité dure Intensité du
Rêve heures.
Le Rêve sacrifié est définitivement détruit.

Note : il est évident qu’une manipulation magique aussi spectaculaire doit

rester rare, en particulier sur les terres vouées à la Loi. Par la transgression
des lois naturelles qu’elle suppose, elle est une abomination aux yeux de tout
serviteur des Seigneurs Blancs.

Tenir un carnet onirique

Les PJ désirant incarner un Voleur de Rêve ont tout intérêt à tenir

le compte des Rêves dont ils disposent dans un carnet onirique.
Ils doivent leur donner un nom, noter leur Intensité et la Contrée
onirique d’où ils proviennent, ainsi que la cible qu’ils ont volée.
Et pour limiter les désirs toujours fantasmatiques des PJ, le
MJ est vivement encouragé à leur faire noter un bref descriptif
du Rêve incluant son cadre spatio-temporel, ses principaux
personnages, son intrigue et ses spécificités.
On considérera qu’un Voleur débute avec trois Rêves communs
dans sa crosse.

43
 L’implantation
de Rêve
Fins connaisseurs de l’Âme des vivants, les Voleurs de Rêve
arpentent dès le début de leur apprentissage les Rêves com-
muns. Ils savent au plus profond d’eux-mêmes que ces Rêves
ne sont pas le fruit d’une Âme individuelle mais naissent des
interactions sociales et culturelles des habitants d’un monde
donné. Ils en ont donc déduit qu’ils étaient influençables et
que le meilleur vecteur d’influence était l’Art.
Ainsi, certains Voleurs de Rêve ont étudié la manière dont ils
pouvaient influencer ou créer un Rêve commun par le biais de
différents arts.
Tout d’abord, le Voleur doit définir son Rêve : le cadre spatio-
temporel, les personnages et l’intrigue qui le régissent. Puis il
doit s’entourer d’artistes avec lesquels il va travailler, ou dont
il va s’inspirer à leur insu pour mettre en forme le Rêve et
l’adapter aux arts choisis.
Influencer les Rêves communs
la magie des rêves
En termes de jeu, le Voleur de Rêve doit faire un test de Clair-
voyance + Savoir : Rêve / 20 pour définir au mieux le Rêve
qu’il veut influencer ou créer. Cette étape lui prend au moins
un jour (à la discrétion du MJ).
 Si le test réussit, le Voleur parvient à définir précisément
son Rêve et peut passer à l’étape suivante.
 Si le test est une réussite héroïque, le Voleur définit pré-
cisément son Rêve et parvient à créer un Rêve légendaire
capable d’influencer les âmes humaines sur le long terme.
 Si le test est un échec, le Voleur ne parvient pas à définir
précisément son Rêve : le test des artistes pour le mettre
en forme voit son seuil élevé de 5 points.
 Si le test est un échec dramatique, le Voleur comprend
qu’il s’est engagé dans une impasse. Il doit prendre un
mois pour se remettre de son échec créatif.
44
Du Rêve au Mythe
Certains Voleurs de Rêve murmurent que, parfois, les Rêves se
transforment en mythes : lorsque le Voleur est à l’origine d’un Rêve
légendaire et qu’il rencontre un artiste suffisamment talentueux
pour donner naissance à une œuvre elle-même légendaire, au bout
d’un temps suffisamment long pour que le Rêve prenne racine
dans la Contrée des Rêves communs, il deviendrait mythe et
sortirait des Rêves communs pour devenir une Quête onirique…
Puis le ou les artistes concerné(s) doivent faire un test de Clair-
voyance + Savoir : Art (au choix selon l’art concerné) / 20
pour parvenir à le mettre en forme. Le temps impliqué par cette
création dépend de l’art choisi et du talent de l’artiste (à la
discrétion du MJ).
 Si le test réussit, l’œuvre d’art naît et peut transmettre le
Rêve au public.
 Si le test est une réussite héroïque, l’œuvre d’art naît ; elle
est si réussie qu’il s’agit d’une œuvre légendaire.
 Si le test est un échec, l’artiste ne parvient pas à créer une
œuvre capable de nourrir les rêves des hommes. Il faut
recommencer tout le processus.
 Si le test est un échec dramatique, l’artiste crée une œuvre
dont le sens est contraire aux intentions initiales du
Voleur. L’effet sur le public est à la discrétion du MJ.
Une fois la ou les œuvres achevées, il faut les transmettre au
public : on considère qu’il faut un mois pour que le Rêve
naisse et il demeure tant que les œuvres sont diffusées. Si le
Rêve ou l’œuvre est légendaire, elle restera dans le répertoire
et le Rêve va se nourrir de lui-même, même si la diffusion
cesse.
On considère qu’il est d’une Intensité de 1. Toutefois, l’Inten-
sité du Rêve dépend des différents arts mis à contribution : elle
gagne un + 1 par art impliqué (jusqu’à un maximum de 5).
Il est à noter qu’il arrive bien souvent que l’artiste ignore que
sa création sert ou servira à un Voleur de Rêves. Que le Voleur
se soit fait mécène, ou bien qu’il fréquente l’entourage de
l’artiste, l’œuvre n’est pas nécessairement créée dans le but de
servir le Voleur de Rêve… Celui-ci ne fait que s’en nourrir.
Greffer un Rêve artificiel
Les plus talentueux des Voleurs de Rêve affirment qu’il serait
possible de créer des Rêves individuels artificiels et de les
implanter dans un rêveur afin de manipuler son Âme. C’est une
procédure longue, difficile, compliquée et dangereuse maîtrisée
par quelques rares Voleurs au talent hors du commun.
Toutefois, un Voleur ne peut greffer un Rêve artificiel seul :
cette opération ne peut se faire qu’en groupe. De plus, elle se
divise en trois étapes.

La conception
Chaque Voleur dirige un aspect du Rêve. Les théoriciens de
la greffe de Rêve ont distingué trois rôles : l’Architecte, le
Conteur, l’Acteur. Le temps de conception d’un Rêve est égal
à son Intensité jours.
L’Architecte conçoit le cadre du Rêve, qu’il soit spatial ou
temporel : il détermine le décor qui doit être le plus détaillé
possible tout en gardant un certain flou onirique. Si l’Archi-
tecte oublie ce paradoxe, son Rêve aura l’air trop réel.
Le Conteur met en place la trame du récit onirique. C’est lui
qui détermine ce qui va se produire, les diverses péripéties et
coups de théâtre du Rêve. Lui aussi doit garder à l’esprit que
les Rêves sont souvent peu vraisemblables et qu’ils possèdent
une dimension symbolique qu’il lui faudra retransmettre. C’est
également lui qui fait agir les personnages secondaires du Rêve.
Le ou les Acteurs jouent les rôles principaux dans l’intrigue
du Rêve. Ils doivent posséder de grands talents de comédiens
car ce sont eux qui seront au contact du rêveur et vont devoir
interagir avec lui directement.
À l’issue de la conception du Rêve, les Voleurs font un test de
Clairvoyance + Savoir : Rêve / Intensité du Rêve fabriqué
(ils choisissent cette Intensité en fonction de leur puissance
et du type de Rêve à greffer). C’est une action en coopéra-
tion (cf. le livre de base, p. 90). Attention, leur compétence
Savoir : Rêve est limitée par le savoir artistique que leur rôle
implique : Savoir : Architecture pour l’Architecte, Savoir :
Théâtre & Poésie pour le Conteur et les Acteurs. Leur com-
pétence de conception de Rêve est donc égale à la valeur la
plus basse des deux.
 Si le test est une réussite, ils peuvent passer à l’étape suivante.
 Si le test est une réussite héroïque, ils peuvent passer à l’étape
suivante et bénéficient d’un bonus de + 2 à tous les tests des
deux étapes suivantes car leur Rêve est incroyablement bien
conçu pour tromper le rêveur et s’adapter à son Âme.
 Si le test est un échec, leur conception est fautive mais ils
s’en rendent compte. Ils peuvent se remettre à travailler sur
leur Rêve et retenter à nouveau le test après le temps de
conception nécessaire.
 Si le test est un échec dramatique, leur conception est
fautive mais ils ne s’en rendent pas compte. Ils subissent
un malus de – 5 à tous les tests des deux étapes suivantes.
La performance
Le Rêve est prêt : il ne lui manque plus que d’être joué, telle
une pièce de théâtre.
Pour ce faire, les Voleurs doivent entrer tous ensemble dans les
Rêves du rêveur ciblé comme s’ils allaient effectuer un voyage.
Toutefois, une fois qu’ils ont atteint la Contrée onirique dési-
rée, ils font place à l’acteur principal du Rêve : le rêveur.
Le Rêve se déroule comme prévu, à ceci près que le rêveur
entre en interaction avec l’intrigue qui lui est proposée. Outre
le fait que les Voleurs doivent être réactifs pour rediriger le
l’implantation de rêve
Rêve vers sa conclusion si le rêveur emprunte un chemin inat-
tendu, ils doivent aussi prendre garde à ce qu’il ne se rende
compte de rien. Ils doivent tous réussir un test de Clair-
voyance + Persuasion (pour l’Architecte et le Conteur)
ou de Présence + Persuasion (pour les Acteurs) / Clair-
voyance + Perception du rêveur.
 S’il réussissent tous, le Rêve se déroule comme prévu et le
rêveur ne se doute de rien.
 Si l’un d’entre eux échoue, le Rêve se déroule comme
prévu mais le rêveur sait qu’il s’est fait manipuler d’une
manière ou d’une autre. Il subira les effets du Rêve mais
ils seront atténués par la conviction qu’il a été manipulé.
 Si l’un d’entre eux fait un échec dramatique, le Rêve
dérape, le rêveur en prend le contrôle et le résultat final
n’aura pas les effets escomptés (à la discrétion du MJ).
 Si l’un d’entre eux fait une réussite héroïque, il peut
contrebalancer les effets d’un échec ou d’un échec drama-
tique pour que le Rêve se déroule comme prévu sans que
le rêveur ne se doute de quoi que ce soit.
La greffe
Après avoir joué le Rêve, les Voleurs doivent l’implanter dans
l’Âme du rêveur.
Ils doivent pour cela faire un test en coopération de Trempe
+ Filouterie / Intensité du Rêve fabriqué.
 Si le test réussit, le Rêve est greffé et il influence le rêveur
comme prévu.
 Si le test est un échec, le Rêve est greffé mais il prend mal :
il va s’estomper au fil du temps. Il aura disparu au bout de
Intensité du Rêve fabriqué jours.
 Si le test est un échec dramatique, le Rêve ne prend pas
et le rêveur se rend compte qu’il a été manipulé. Il sait
également par qui.
 Si le test est une réussite héroïque, le Rêve est greffé, il
influence le rêveur comme prévu et il garde un caractère
plastique pour ses concepteurs. Ces derniers pourront
revenir pour le modifier pendant Intensité du Rêve fabri-
qué jours après sa greffe en réussissant à chaque fois un
test de Trempe + Filouterie / Clairvoyance + Trempe
du rêveur.
Les Voleurs de Rêves sont ainsi capables d’altérer la person-
nalité d’un rêveur, de lui implanter une passion, une idée fixe
ou encore de fausses connaissances. C’est à eux de fixer l’effet
escompté et de concevoir leur Rêve en fonction de cet effet
avec, bien évidemment, l’accord du MJ.
45
 la magie des rêves

46

La Magie
des Enchantements
De la Sorcellerie à la Démonologie en passant par la Nécro-
mancie et bien d’autres arts impies, la magie des Jeunes
Royaumes est teintée par la noirceur et la violence de ces
temps âpres et funestes. Les hommes sont rudes, leurs mœurs
brutales, leur magie sanglante. Il existe toutefois d’autres tra-
ditions, aux accents parfois bienveillants, comme la magie des
Enchantements. Nous en présentons ici deux voies distinctes :
le Chemin de Roses et de Ronces et la Greffe. Vous pouvez les
intégrer dans votre version de Mournblade, les ignorer ou encore
vous en inspirer pour imaginer et proposer à vos joueurs
d’autres Enchantements.
Le Chemin de Roses
et de Ronces
Hybride improbable d’horticulture et de Sorcellerie, le Che-
min de Roses et de Ronces, aussi connu sous le nom de magie
des fleurs, est assimilé à l’art des rebouteux, et même à l’Alchi-
mie par les ignares… L’arpenteur du Chemin de Roses et de
Ronces ne prépare pas de cataplasmes à base de chou ou de
tisanes d’essence de sauge. Non, il laisse cela aux ignorants qui
n’ont pas compris que le véritable pouvoir ne réside pas dans
la mutilation d’une plante, mais dans la plante elle-même.
L’adepte plante directement la graine dans le corps du souffrant : la chair
est son terreau, le sang son engrais. Le végétal croît sur son
porteur et parfois se développe en lui. C’est par cette fusion
contre nature qu’il apporte ses bénédictions au malade.
le chemin de roses et de ronces
Loin de l’image du druide errant dans sa forêt, l’arpenteur du
Chemin de Roses et de Ronces est en général un sédentaire
qui ne s’éloigne guère de son jardin de simples et de son labo-
ratoire. Certains partent à l’aventure, cueillant des semences
dans les espaces sauvages qu’ils explorent et protégeant leurs
décoctions sous plusieurs couches d’étoffes dans les sacs de
leur animal de bât. Mais la plupart ne se compliquent pas la
vie, et seule la volonté d’une Puissance supérieure pousserait
sur les routes un pratiquant de la magie des fleurs.
Le Chemin de Roses
et de Ronces en pratique
Contrairement à un sorcier, celui qui emprunte le Chemin
de Roses et de Ronces ne maîtrise pas des sorts, mais des
méthodes de croissance végétale appelées Pousses. Afin de
concevoir les préparations pour le bon développement des
graines, l’arpenteur (certains grimoires occultes emploient
indifféremment ce terme ou celui d’herboriste pour dési-
gner le pratiquant de la magie des fleurs) doit appréhender
les bases de l’Alchimie, c’est-à-dire posséder un score d’au
moins 3 en Savoir : Alchimie.
Pour réaliser une Pousse, l’herboriste doit traiter la graine
adéquate et y consacrer le temps de préparation correspondant.
C’est durant cette manipulation qu’il dépensera les points
d’Âme nécessaires, qui ne seront regagnés qu’à la plantation
de la graine ou au terme de sa dégénérescence (une semaine
sans bain, un an avec bain). Il devra tremper ses semences dans
des solutions spécifiques (mélange d’engrais, d’eau, décoction
de fleurs, de cendre de bois, d’os et d’insectes broyés, voire
d’urine !), qu’il réalisera lui-même grâce à ses connaissances
de base en Savoir : Alchimie.
Si l’arpenteur ne peut pas raviver ses semences par des bains
hebdomadaires, elles perdent leur pouvoir au bout d’une
47
 semaine et libèrent les points d’Âmes emmagasinés.
Une fois la graine prête, l’adepte doit, pour la planter et
déclencher sa croissance, réussir un test de Clairvoyance
+ Savoir : Plantes & Animaux contre un seuil de difficulté
variant selon les Pousses. La compétence Soins sert de limi-
tant au Savoir : Plantes & Animaux. En effet, il ne sert à rien
de savoir contrôler le végétal si on ne connaît rien à l’anatomie
humaine.
Les graines issues du jardin de simples de l’arpenteur pro-
curent un modificateur de + 2 au test de Pousse et ne pro-
voquent aucun échec dramatique, quel que soit le résultat du
test. En veillant sur elles jusqu’à leur maturité, l’arpenteur les
maîtrise mieux que les semences d’une plante sauvage.
 Si la Pousse est réussie, on applique, au terme de la durée
avant action, son effet et son effet secondaire.
 Si le test donne lieu à une réussite héroïque, l’arpenteur
peut décider de ne pas appliquer les effets secondaires.
 En cas d’échec, l’herboriste a gâché ses graines (il regagne
cependant les points d’Âme qu’elles contenaient) et la
manipulation inflige seuil de difficulté / 2 points de dégâts
létaux à la Santé de son patient.
 En cas d’échec dramatique, le patient subit seuil de difficul-
té points de dégâts létaux. Les plantes se développent fol-
la magie des enchantements
lement dans sa chair, avec toutes les conséquences néfastes
que cela peut avoir (à la discrétion du MJ).
Les Pousses
Format de description des Pousses
Une Pousse est présentée sous le format suivant :
Intitulé de la Pousse
Seuil de difficulté : difficulté du test de Pousse.
Points d’Âme  : nombre de points à dépenser pour cultiver la
Pousse.
Type de plantes ; temps de préparation ; durée avant action
Effet  : cette partie concerne autant la description visuelle de
la plante et de son développement que son effet mécanique en
termes de jeu.
Effets secondaires  : s’il y a lieu, les conséquences de la
plantation du végétal.
48
La Digitale Blanche
Seuil de difficulté : 10
Points d’Âme : 5
Une digitale pourpre ; 24 heures ; avant action : 12 heures
Effet : les graines se plantent dans la chair brûlée. Elles éclosent
lentement, libérant des pétales aussi blancs que la nacre qui
vont peu à peu se colorer de rouge alors qu’ils puisent leur
énergie de la peau consumée. Une fois qu’ils auront atteint un
pourpre profond, le patient aura récupéré la moitié des dégâts
létaux occasionnés par le feu en points de Santé.
Effets secondaires : le sujet garde à vie la marque de ses brû-
lures sous la forme d’une pigmentation accrue de la peau,
comme une espèce de bronzage piqueté de trous blêmes là
où les fleurs ont poussé (– 1 en Présence si vous êtes un MJ
sévère).
L’Échinacée de Fièvre
Seuil de difficulté : 15
Points d’Âme : 5
Une échinacée pourpre ; 2 heures ; avant action : 2 heures
Effet : l’Échinacée de Fièvre ne pousse que dans le corps d’un
homme fiévreux : plus sa température est élevée, plus la plante
pousse vite, faisant baisser la fièvre du malade. Le sujet bénéfi-
cie d’un bonus de + 5 à tous les tests liés à son rétablissement
(maladie, poisons, soins, etc.).
Effets secondaires : coupées et séchées, les fleurs de l’Échina-
cée de Fièvre ont des propriétés hallucinatoires connues de
nombreux shamans et honnies par les prêtres de la Loi.
L’Iris Mange-Poison
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : Virulence du poison que l’on souhaite éliminer / 2
Un iris ; 12 heures ; avant action : 12 heures
Effet : planté au plus près d’une artère, l’Iris étend ses racines
dans le réseau sanguin d’un homme empoisonné pour se gor-
ger de la toxine. Les pétales d’un bleu pâle virent au mauve
foncé suivant la Virulence du poison absorbé. Une fois leur
teinte stable, le patient est guéri, on peut couper la fleur.
Effets secondaires : les racines restent dans le corps du
malade qui mettra plus d’une année à les évacuer. Durant cette
période, tous les tests de Soins sur sa personne subiront un
malus de – 2.

Le Lierre-Suture
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : 15 – Trempe de la cible
Toutes lianes (lierre grimpant, vigne vierge, salsepareille,
etc.) ; 1 semaine ; avant action : 48 heures
Effet : l’arpenteur plante ses graines dans le membre amputé
qu’il rapproche du corps du blessé. Le végétal se développe et
s’insinue dans la chair, soudant les deux parties comme si elles
n’avaient jamais été séparées.
Effets secondaires : le sujet ressent une vive douleur pendant
la pousse de la liane qui dure un mois. Il doit réussir un test
de Trempe x 2 / 25 pour pouvoir agir pendant ce laps de
temps avec un malus de – 5 à toutes ses actions, sinon le sujet
sombre dans un bienheureux coma au premier mouvement.
Quoi qu’il arrive, il perd définitivement un nombre de points
de Santé (létaux et non létaux) égal à 10 – sa Trempe.
La Mousse Cicatrisante
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : 1 point par heure d’utilisation (c’est-à-dire
par point de Santé rendu)
Toute mousse ; 3 heures ; avant action : 3 heures
Effet : l’arpenteur masse les chairs meurtries avec ses mains
enduites de la Mousse Cicatrisante réduite à l’état de baume
grumeleux, qui va se répandre sur les membres blessés, diffusant
une douce chaleur. Tant que le sujet ne se débarrasse pas de la
Mousse Cicatrisante, il récupère 1 point de Santé par heure,
que les dégâts soient létaux ou non létaux. Une fois qu’elle a
cessé de faire effet, la mousse tombe d’elle-même du corps du
patient en squames d’un brun verdâtre peu ragoûtant.
Effets secondaires : l’aspect ignoble de cette mousse verdâtre
colonisant des parcelles du corps humain est rebutant. De
plus, cette mousse produit une très forte dépendance, à moins
que la cible ne réussisse un test de Trempe x 2 / 20. Si la cible
ne peut se frotter une muqueuse (bouche, yeux, sexe) avec la
mousse au moins une fois par semaine, elle perd tout désir
sexuel. Au contraire, si elle parvient à combler sa dépendance,
sa libido est décuplée. Les herboristes et arpenteurs qui savent
produire cette mousse sont couverts d’or et de titres dans cer-
taines cours des Jeunes Royaumes.
Les Orties de Velours
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : Trempe de la cible
Une ortie ; 1 semaine ; avant action : 3 jours
Effet : déposées sur une plaie ouverte, les graines germent et
de douces feuilles s’en extraient. Elles acquièrent leur pouvoir
urticant au fur et à mesure que la lacération se referme jusqu’à
devenir aussi dures et piquantes que des ronces. Au bout de
12 heures de patience, le personnage Gravement blessé (ou
de 6 heures pour un personnage Blessé) regagne Trempe x 2
points de Santé sans risque de séquelles.
le chemin de roses et de ronces
Effets secondaires : utilisées en cataplasme, ces feuilles d’or-
ties procurent un bonus de + 2 au test de Soins.
La Rose Gorge-Gangrène
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : 15 – Trempe de la cible
Un rosier ; 1 nuit (de minuit à l’aube) ; avant action : 24
heures
Effet : les graines se nourrissent de chair gangrenée, débar-
rassant le patient de sa nécrose. L’éclosion des fleurs du rosier
marque la fin du processus de guérison.
Effets secondaires : aucun si on retranche le rosier dès la flo-
raison. Dans le cas contraire, il repoussera sans cesse et pui-
sera ses forces dans la chair intacte, condamnant le sujet à une
mort lente et douloureuse…
Les Tournesols Aveugles
Seuil de difficulté : 20
Points d’Âme : 5 par œil
Un tournesol ; 1 mois ; avant action : 1 mois
Effet : les Tournesols Aveugles se plantent dans les globes
oculaires d’un sujet ayant perdu la vue. Au lieu de gagner en
force et hauteur, la fleur va peu à peu se résorber et pénétrer
la prunelle de l’aveugle, qui recouvrera la vue en présence du soleil
(par temps couvert également). Sous terre ou de nuit, le sujet
restera aveugle.
Effets secondaires : le porteur des Tournesols Aveugles n’est
plus sujet à l’éblouissement et son iris devient aussi jaune que
les tournesols. Les Tournesols plantent leurs racines dans le
cerveau de la cible, et s’en nourrissent peu à peu. La cible
perd un point de Clairvoyance par mois. À moins de prendre
régulièrement des potions et des drogues liées à des Runes
d’Amélioration (cf. le livre de base, p. 204), rien ne semble
pouvoir endiguer cette dégénérescence.
L’Anémone Sanglante
Seuil de difficulté : 25
Points d’Âme : 20
Une anémone rouge ; 1 an ; avant action : 6 mois
Effet : sans doute la Pousse la plus monstrueuse du registre
des arpenteurs, l’Anémone Sanglante permet à celui qu’elle
habite de surmonter toute mort violente. À moins d’une déca-
pitation, l’Anémone Sanglante qui s’est substituée au réseau
sanguin de son porteur empêchera le cœur de celui-ci de
s’arrêter. Sauf blessure irrémédiable au cerveau, le sujet est
immortel face aux attaques physiques.
Effets secondaires : si le sujet tombe inconscient à la suite
d’une blessure qui aurait dû le tuer, il ne meurt pas. Cepen-
dant l’Anémone Sanglante devient incontrôlable. Une gigan-
tesque corolle de fleur rouge se déploie à partir de la plaie
ouverte, une effroyable bouche végétale qui cherche à happer
et dévorer les proies les plus faibles à sa portée. On ne peut
49
 l’arrêter sans mettre fin aux jours de son porteur, qui, s’il se
réveille, devra réussir un test de Trempe x 2 / 20 pour calmer
l’Anémone Sanglante et la forcer à regagner son corps. En
raison de sa puissance et de ses effets secondaires, cette Pousse
est un des secrets les mieux gardés du Chemin de Roses et de
Ronces.
Anémone Sanglante
Trait
 Immobile : l’Anémone Sanglante lance son effroyable bouche
végétale à partir de la plaie de son porteur. Celui-ci, inanimé,
lui sert de socle. Les mouvements de l’Anémone, quoique
vifs, sont limités dans l’espace.
Caractéristiques
Adresse : 7 Clairvoyance : –
Présence : 3 Puissance : 12 Trempe : 10
Mêlée 10
Combat
Vitesse : – Santé : 49
Initiative : 1d10 + 7 Âme : –
la magie des enchantements
Capacité Offensive : 22 Défense : 25
Protection : 0
La Greffe
Désireux de se rapprocher des Automata, êtres purs et par-
faits, certains très rares serviteurs de la Loi ont conçu une
magie dont l’usage est tenu secret et dont les bénéficiaires sont
soigneusement choisis au terme de longs rites initiatiques : la
Greffe, à même de les débarrasser de leurs tares organiques.
Son principe est simple : la chair est imparfaite, il faut donc la
remplacer. L’officiant substitue donc aux muscles défaillants
et aux membres périssables des artefacts façonnés dans des
matériaux nobles (cristal, marbre, argent, etc.) qui, une fois
greffés, transcenderont les faiblesses de l’humain pour le rap-
procher de la perfection. Démonstration de grande piété aux
yeux de certains représentants privilégiés du haut clergé des
Puissances de la Loi, ces améliorations restent rarissimes et
surtout peu connues.
Avec son adaptabilité coutumière, le Chaos n’a pas tardé à
dévoyer cette école de magie. Et si les « déviants » sont rares
et isolés, ils n’en possèdent pas moins une totale maîtrise de
leur art, peut-être supérieure à celle des serviteurs de la Loi.
Des rumeurs évoquent des greffes de crocs de tigre pan-tan-
gien ou d’appendices de toutes sortes.
50
Format de description des Greffons
Un Greffon est présenté sous le format suivant :
Virulence du Greffon : seuil de difficulté à battre pour réaliser
la greffe.
Rejet : quantité de points d’Âme à dépenser chaque semaine par
le personnage amélioré. Ces points d’Âme ne se regagnent qu’au
rythme d’un toutes les six heures (quatre par jour).
Effet : description et effet du Greffon sur son porteur.
Le Greffon
Le futur porteur d’un Greffon se doit d’acquérir l’objet
répondant à ses désirs, qu’il s’agisse de gemmes taillées en
forme d’yeux par un joaillier, d’un bras en marbre sculpté
par un tailleur de pierre ou de fines tiges d’or fondues par
un orfèvre. Comme l’artefact répond à un cahier des charges
précis, ce doit être un objet d’excellente facture réalisé par un
maître. Il faut donc au moins trois mois de travail au maître-
artisan pour le réaliser. Il doit ensuite réussir un test d’Adresse
+ Savoir : Artisanat / 25.
Le sorcier peut ensuite s’atteler à sa tâche et, au terme d’une
longue et éprouvante opération, réaliser un test d’Adresse
+ Soins / Virulence du Greffon. La compétence Soins est
limitée par la compétence Savoir : Logique & Mécanique
pour une Greffe de la Loi, et par la compétence Savoir :
Plantes & Animaux pour une Greffe du Chaos.
 Si le résultat du test est une réussite, le personnage a ren-
forcé son corps, mais il devra se rétablir et passer par une
phase de rééducation d’au moins 10 – Trempe mois avant
de repartir à l’aventure.
 En cas de réussite héroïque au test, le temps d’immobi-
lisation est ramené à 6 – Trempe mois (il peut donc être
égal à zéro).
 Dans les deux cas, le personnage doit perpétuellement lut-
ter contre le rejet du Greffon par son organisme. Pour ce
faire, il doit absorber chaque semaine de petites quantités
de la matière qui le constitue. Pilule, composé brut ou
travaillé, etc., la forme importe peu tant que le greffé les
ingère au terme de transes et de prières les liant symboli-
quement à lui. En termes de jeu, cet effort hebdomadaire
pour éviter un rejet se traduit par une dépense de points
d’Âme (ils ne se regagnent qu’au rythme d’un toutes les
six heures, ce qui signifie concrètement que la Greffe affai-
blit la psyché de ceux qui s’y soumettent, certains Gref-
fons étant si difficiles à supporter que l’Âme ne peut plus
retrouver son niveau de base). Si ce rituel d’absorption n’a
pas lieu, le greffé subit 1 point de dégât létal cumulatif
par jour après le 7e (1 point de dégât létal le 8e jour, 2 le
9e, 3 le 10e, etc.), jusqu’à ce qu’il ingère une petite quantité
de la matière appropriée dans les conditions adéquates.

 Les bonus procurés par les Greffons ne sont pas à prendre
en compte lorsqu’il s’agit de calculer la somme de points
d’expérience à dépenser pour augmenter une compétence
ou une caractéristique.
 En cas d’échec, le personnage perd 10 points de Santé
de manière permanente et l’artefact doit repasser entre les
mains d’un artisan.
 Si le test est un échec dramatique, les conséquences sont
aussi extrêmes que la pratique de cet art : amputation,
cécité, handicap grave et définitif, voire mort…
Quelques Greffons
L’Ambre Bonne Étoile
Virulence : 10
Rejet : 10
Effet : taillé selon le symbole des Puissances Supérieures
vénérées (huit flèches entrecroisées pour le Chaos et une
flèche unique pour la Loi), l’ambre est fixé entre les replis de
l’intestin du patient qui sent la douce chaleur qu’émet cette
pierre grosse comme le poing dans les situations difficiles. Sa
base de Bonne Aventure est augmentée de 2 points.
Les Bras du Colosse de Pierre
Virulence : 15
Rejet : 15
Effet : le bras du sujet est amputé à la base de l’épaule. Tirant
les nerfs avant qu’ils ne se rétractent à l’intérieur du corps,
le chirurgien les lie au bras de pierre sculpté avant de souder
l’ensemble.
 Marbre : gain de 2 points de Puissance ; perte d’1 point
d’Adresse.
 Obsidienne : gain de 2 points de Puissance et possibilité
de parer avec le bras comme si c’était une targe (cf. le livre
de base, p. 294) ; perte de 2 points d’Adresse.
L’Émeraude-Cœur
Virulence : 20
Rejet : 25
Effet : bien qu’il ne soit pas d’une complexité extrême, ce
Greffon est le plus délicat de tous, car toute erreur, aussi
minime soit-elle, aboutira à la mort du patient. Il faut extraire
le cœur et lier l’artefact aux artères coronaires. Cet organe, qui
ne connaîtra aucune défaillance, multiplie par deux les effets
de la guérison naturelle du porteur.
la greffe
Le Docteur Heriben
et la révolte des esclaves d’Imrryr
Il y a bien longtemps, lors des guerres Dharzi, un docteur
aujourd’hui oublié officiait à la cour de Melniboné. Ses écrits et
ses travaux ont été frappés d’interdiction par l’Empereur d’alors,
et si son lointain successeur, le Docteur Jest, les consulte encore
aujourd’hui, c’est dans le secret le plus absolu. Le Docteur Heriben
avait cartographié une partie du cerveau humain en menant ses
expériences sur des esclaves, car il était inimaginable qu’il se serve
de Melnibonéens. Il améliora ces humains et en fit des esclaves
plus performants, plus inventifs, et parfois même supérieurs
à leurs maîtres. Certains devinrent de grands généraux dans les
armées serviles envoyées au combat contre les nuées dharzi.
Les Melnibonéens conçurent une inquiétude grandissante face
à ces serviteurs que les drogues ne semblaient plus abrutir. Une
nuit, les Dyvim rassemblèrent leurs alliés et massacrèrent ces
esclaves tandis que le Docteur Heriben était arrêté et empalé
(supplice généralement réservé aux non-Melnibonéens). L’un
de ses meilleurs sujets, un général encore en campagne, souleva
ses troupes et les entraîna dans une révolte sanglante contre
les légions melnibonéennes. Il disparut ensuite des chroniques.
Certaines rapportent qu’il rejoignit les Dharzi, d’autres qu’il fonda
son propre royaume dans les étendues désolées du Désert des
Larmes.
Les Tiges d’intuition melnibonéennes
Virulence : 25
Rejet : 25
Effet : opération la plus périlleuse de l’école de la Greffe, les
Tiges d’intuition melnibonéennes exigent que le sorcier déca-
lotte le crâne de son sujet et introduise des tiges de métal
dans son cerveau afin de lier des zones distantes et établir des
associations là où il n’y en avait pas.
 Cuivre : gain de 3 points en Clairvoyance ; la cible gagne
également un traumatisme (cf. le livre de base, p. 162).
 Argent : gain de 2 points en Clairvoyance et son bonus
d’Initiative est augmenté de + 2 ; la cible gagne également
un traumatisme.
51
 Les Griffes du Fauve d’Airain
Virulence : 15
Rejet : 10
Effet : les ongles et leurs matrices sont arrachés au patient. Le
praticien insère dans l’espace ainsi vidé des griffes forgées sur le
modèle de celles des plus redoutables fauves des Jeunes Royaumes.
Ces griffes sont rétractiles, mais les mains de la cible deviennent
grosses et difformes. Elles sont difficilement utilisables car leurs
doigts se replient mal et perdent toute sensibilité. La cible ne peut
plus manier d’épée, de cuillère ni de plume. Elle a toutes les peines
à s’habiller et à se raser seule. Tous les tests d’Adresse nécessitant
l’usage des mains sont désormais affectés d’un malus de – 2.
 Fer : le bonus de maniement des armes naturelles passe de
+ 3 / 0 à + 4 / + 2 et les dégâts de 1d4 dégâts non létaux
à 1d8 en dégâts létaux.
 Acier : le bonus de maniement des armes naturelles passe
à + 4 / + 3 et les dommages à 1d6 + 2 dégâts létaux.
Les Mains Divines
Virulence : 15
Rejet : 10
Effet : coupées au niveau du poignet, les mains du patient
sont jetées comme de vulgaires détritus alors que le chirurgien
la magie des enchantements
greffe des mains métalliques façonnées par un maître-forge-
ron réputé. Agissant avec soin et célérité, il doit prendre garde
de ne pas abîmer la perfection de ces artefacts, ce qui ruinerait
l’opération. En effet, une seule rayure lors de cette étape et les
Mains Divines ne procurent plus leur avantage à leur porteur.
  Fer : bonus de + 4 au test d’invocation d’un Automaton
mineur.
 Acier : bonus de + 4 au test d’invocation d’un Automaton
mineur et médian.
 Or : bonus de + 4 au test d’invocation d’un Automaton
mineur, médian et majeur.
Les Nerfs Précieux
Virulence : 25
Rejet : 20
Effet : le chirurgien éventre littéralement son patient et pro-
cède à l’ablation méticuleuse d’une partie de son système ner-
veux afin de le remplacer par des filaments d’or ou d’argent.
En raison de la violence du procédé, le personnage gagne deux
traumatismes (cf. le livre de base, p. 162), et perd définitive-
ment 5 points de Santé.
 Argent : gain de 3 points d’Adresse.
 Or : gain de 2 points d’Adresse et bonus de + 2 en Initiative.
Le Reflet de l’Âme des Seigneurs
Virulence : 20
Rejet : 20
Effet : si les yeux de l’homme sont le reflet de son âme, ces
joyaux donnent un aperçu de la nature des Puissances supé-
52
rieures aux hommes du commun qui croisent la route du por-
teur de ce Greffon. Celui-ci a sciemment remplacé ses globes
oculaires par des gemmes. Le porteur conserve la vue tant que
les gemmes sont incrustées dans ses orbites.
 Verre : octroie un bonus de + 2 à tous les tests de Percep-
tion et d’Armes à distance.
 Pierre de lune : confère la capacité de percevoir et contem-
pler les songes d’un dormeur à condition de se trouver à
son chevet (cf. p. 38).
 Cristal de roche : permet de conserver l’image perceptive
de certains événements (quelques minutes), et d’en rap-
peler très exactement le souvenir à sa mémoire. On peut
conserver deux scènes par œil.
 Agathe : permet de déterminer les affinités d’un person-
nage envers les forces de la Loi ou du Chaos.
 Onyx : permet de percevoir les aspirations les plus pro-
fondes d’un homme. Ce pouvoir ne fonctionne que si
le possesseur des yeux converse au moins une dizaine de
minutes avec sa cible.
 Obsidienne : permet de percevoir les peurs les plus pro-
fondes d’un homme. Ce pouvoir ne fonctionne que si le
possesseur des yeux converse au moins une dizaine de
minutes avec sa cible.
 Une opale blanche et une opale noire : permet de voir dans
le noir le plus absolu (même celui que peut produire la
magie) et de ne pas subir les effets de l’éblouissement dus
à une intensité lumineuse trop forte.
 Rubis : confère la capacité de ressentir les sentiments d’une
personne au fil de ses fluctuations. Ce pouvoir ne fonc-
tionne que sur une cible à vue sur laquelle on se concentre.
 Diamant : donne le pouvoir de lire les pensées superfi-
cielles d’un être que l’on voit et sur lequel on se concentre.
Les Pierres de Lune
D’une rareté extrême, les pierres de lune sont des gemmes semi-
précieuses recherchées par les joailliers et les orfèvres pour leur
grande beauté. Cependant, si tout un chacun connaît les petites
pierres fines extraites de la roche avec patience, il existe des
manifestations de Pierres de Lune bien plus étranges comme
celles qui apparaissent en cercles concentriques dans les endroits
les plus sauvages du Pikarayd et dont les pointes émergent des
flots de la Mer Bouillonnante quand elle se jette sur des récifs
granitiques si dangereux que seuls les fous osent s’y aventurer ;
ou bien celles qui prennent la forme de monolithes si denses
qu’ils sont parcourus de reflets d’une noirceur impensable, dans
les jungles de Soom. Les érudits prêtent à ces étranges Pierres de
Lune des propriétés oniriques démultipliées par rapport à celles de
leurs petites-cousines. En réalité, ces gemmes hors-normes sont
un héritage dharzi  : ce sont des balises extra-planaires ignorées
de tous, même des puissants Melnibonéens… Leurs propriétés
oniriques, qui ont en partie déteint sur les pierres de lune vulgaires
par un effet de résonance magique, proviennent de leur capacité
à déchirer les voiles entre les plans du Multivers. À quoi ou à qui
sont-elles destinées ? Nul ne le sait – pour le moment.
 grandeur et décadence des sorciers de soom
L’Antique Sorcellerie
lunaire de Soom
Avant de sombrer dans l’oubli, Soom était la capitale du
continent austral. Son histoire tragique et le bruit de ses vic-
toires nourrissent les récits des conteurs du Lormyr et les lon-
gues veillées de l’Oin. Car les habitants de Soom, des réfugiés
venus d’un autre plan du Multivers, avaient réussi à imposer
leur cité-État et leur domination par une magie née dans leur
univers d’origine : la Sorcellerie lunaire.
Grandeur et
décadence des
sorciers de Soom
L’exode des ancêtres
tel qu’il est raconté par Aerané, le barde de Darash Megel, un château à la
frontière entre le Lormyr et l’Oin
« Ils fuyaient à travers le temps et le Multivers, pourchassés par le rire
dément d’un demi-dieu vengeur. C’était des hommes d’une grande noblesse,
issus d’une civilisation raffinée. Ils étaient nés pour régner. Un peuple pro-
mis à de formidables accomplissements. Mais la destinée en avait voulu
autrement. Courroucés par leur vanité et leur ambition, les dieux les
avaient reniés et châtiés.
Depuis lors, ils fuyaient à travers les plans au fil d’un exil cruel, perdant leur
âme et leur identité à chaque escale de cette errance sans fin, abandonnant fils
et filles auprès de maris et d’épouses de races inférieures au grand dépit des
sorciers, les guides de ce peuple déraciné. Mais ces sorciers ne pouvaient rien
dire. Ils avançaient la tête basse, l’échine courbée et les dents serrées, subissant
frustration après frustration avec stoïcisme, car ils étaient responsables de leur
déchéance et de l’ire des dieux. Ils étaient sacrilèges et blasphémateurs. Et fiers !
Oui, comme ils étaient fiers de leur magie, de leurs talents de divination si
grands qu’ils considéraient le temps comme leur esclave, qu’ils percevaient les
instants futurs comme une vigie contemple la mer du sommet de son mât et,
pire encore, les modifiaient comme s’ils n’étaient que glaise entre leurs mains.
Du temps de leur gloire, personne ne pouvait arrêter leur marche conqué-
rante : leurs armées savaient quels plans fourbirait l’ennemi, qui les trahirait
ou au contraire les rejoindrait, quand une coulée de boue emporterait une
troupe ou bloquerait une passe, quand un volcan anéantirait une ville rebelle.
Et si l’événement ne devait pas se produire, les sorciers fouillaient les cieux
du regard, braquaient leurs gigantesques miroirs vers la voûte étoilée, pesaient
de tout leur poids sur la destinée et la tordaient à leur convenance. Personne
ne pouvait déjouer la tyrannie de leurs prédictions.
Mais ils avaient commis une erreur. Ivres de pouvoir et de conquêtes, ils
s’étaient proclamés rois, puis empereurs. Leur convoitise satisfaite sur le
monde humain, ils ne s’étaient pas tournés comme tant d’autres vers les
plans voisins du Multivers. Quel intérêt de conquérir de faibles mondes
humains ? Non, leur ambition démesurée les poussait plus loin que ces
misérables terres, vers les sphères supérieures, vers les dieux eux-mêmes.
C’était une époque de grands prodiges et de plus grandes faims encore. »
L’Histoire de Soom
description lyrique des bas-reliefs ornant les ruines explorées aux abords
de la forêt de Soom
Les chroniques de cette expédition sont relatées dans les
parchemins poussiéreux et mis au secret de la Maison des
Archives de Iosaz, la capitale du Lormyr.
« Combinant la science et les talents de ses frères, le Seigneur-Sorcier qui
dirigeait le peuple de Soom échafauda un sortilège complexe. Conjonction
astrale après conjonction astrale, horoscope après horoscope, il installa un
savant réseau de miroirs au fil des années à travers le vaste empire. Et
quand, après un temps qui sembla infini malgré sa patience et sa volonté
inébranlables, la configuration propice se dessina dans le ciel et trouva son
exact reflet dans les jeux de miroirs à la surface du monde, le Seigneur-Sor-
cier offrit au Temps sa fille, qu’il avait conçue dans cet unique but, et força
le dieu à quitter la Lune où il sommeillait pour venir s’accoupler.
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 Que d’esclaves furent sacrifiés lors des somptueuses fêtes qui suivirent, que de
banquets furent dressés et de libations offertes au Seigneur-Sorcier ! C’était
des jours de joie, de chant et d’orgie. Le vin et le sang coulaient au rythme
démesuré des passions de l’époque, les cirques ne désemplissaient pas, les
fauves festoyaient sur les corps de pauvres hères. Rien n’était trop beau pour
célébrer le triomphe des maîtres de ce monde, l’apothéose qui allait les rendre
égaux aux dieux car, dans leur folie, ils pensaient leur ascension venue.
Il n’en était rien : on ne peut tromper le Temps ni le museler.
surpassait Soom en nombre et en brutalité. Tourmentés, les sorciers scru-
tèrent le ciel, dressèrent toujours plus d’horoscopes, braquèrent leurs miroirs
en direction des étoiles, mais leurs conclusions les plongeaient dans des abîmes
de détresse. Ils se réunirent en symposium et, après de longues délibérations
où pointaient la terreur et le défaitisme, ils s’accordèrent sur un constat
effroyable : Soom était perdue.
Henak’etElyr, adepte de l’école naissante de l’Encre, prit alors la parole
et, au terme d’un discours enflammé, la tête de la cité. Sur son ordre, les