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Problème Énoncé

Fonctions dilatantes
Soit f une application continue de R dans R.
On suppose que pour tous réels x et y, on a |f (y) − f (x)| > |y − x|.
1. (a) Montrer que f est injective
(b) Montrer que f est strictement monotone.
(c) Montrer que f est non bornée et bijective.

2. On suppose qu’il existe a et b dans R, avec a < b, tels que f ([a, b]) ⊂ [a, b].
(a) Montrer qu’il existe un point c de [a, b] tel que f (c) = c.
(b) On suppose que f est croissante. Peut-on avoir f (a) > a ou f (b) < b ?
Déterminer la restriction de f au segment [a, b].
(c) On suppose que f est décroissante. Déterminer sa restriction à [a, b].

3. On suppose désormais que f est croissante.


Soit Γ la courbe représentative de f dans un repère orthonormé Oxy.
(a) On suppose que f (x) < x pour tout x réel.
Montrer qu’alors Γ admet en +∞ une asymptote parallèle à la droite y = x.
(b) Que dire de Γ si on a x < f (x) pour tout x réel ?
(c) Soit U l’ensemble des x de R tels que f (x) = x.
Montrer que si U est vide, on se trouve dans l’un des deux cas précédents.
Montrer que si U est non vide et borné, il est réduit à un point ou à un segment.
Quelle peut être la nature de U s’il est non borné ?
Expliciter une application f croissante pour chacune des formes de U possibles.
4. On suppose que U est non vide.
On considère la suite (xn ) définie par u0 dans R et un+1 = f −1 (un ) pour tout n.
Montrer que cette suite est soit constante, soit convergente vers un point frontière de U .

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Problème Énoncé

Corrigé
1. Soient x, y dans R tels que f (x) = f (y). Alors 0 = |f (x) − f (y)| > |x − y| > 0.
Ainsi |x − y| = 0 donc x = y, ce qui prouve l’injectivité de f .
Supposons par l’absurde que f ne soit pas strictement monotone.
Alors il existe trois réels x, y, z tels que x < y < z mais tels que f (y) ∈ / [f (x), f (z)].
Supposons par exemple f (y) < min(f (x), f (z)), et soit t dans ]f (y), min(f (x), f (z))[.
D’après le théorème des valeurs intérmiédaires, il existe c dans ]x, y[ tel que f (c) = t.
De même, il existe d dans ]y, z[ tel que f (d) = t.
Ainsi f (c) = f (d) avec c < y < d ce qui contredit l’injectivité de f .
Conclusion : l’application continue f est strictement monotone.

2. l’application f étant monotone ` = lim f et `0 = lim f existent dans R = R ∪ {−∞, +∞}.


+∞ −∞
Par l’absurde, supposons que ` soit un réel. Pour tout x de R, on a |f (x + 1) − f (x)| > 1.
Si on passe à la limite quand x → +∞, on trouve |` − `| > 1, ce qui est absurde.
Ainsi ` = ±∞, et de la même manière `0 = ±∞.
Enfin f est continue et strictement monotone : elle réalise une bijection de R sur l’intervalle
ouvert J délimité par ` et `0 , et ce qui précède montre que J = R.
Conclusion : f est une bijection de R sur R.

3. (a) L’application g : x 7→ f (x) − x est continue sur R donc sur [a, b].
On a g(a) = f (a) − a > 0 et g(b) = f (b) − b 6 0.
D’après le TVI, il existe c dans [a, b] tel que g(c) = 0 donc tel que f (c) = c.
(b) On a |f (c) − f (a)| > |c − a| donc f (c) − f (a) > c − a car a 6 c et f est croissante.
Mais f (c) = c donc f (a) 6 a, ce qui impose f (a) = a car a 6 f (a) 6 b.
De même |f (b) − f (c)| > |b − c| donc f (b) − c = f (b) − f (c) > b − c.
Il en résulte f (b) > b donc f (b) = b car a 6 f (b) 6 b.
Pour tout x de [a, b] : |f (x) − f (a)| > |x − a| ⇒ f (x) − a > x − a ⇒ f (x) > x.
De même : ∀ x ∈ [a, b], |f (b) − f (x)| > |b − x| ⇒ b − f (x) > b − x ⇒ f (x) 6 x.
On constate donc que f (x) = x pour tout x de [a, b].
(c) Pour tout x de R, posons h(x) = f (a + b − x).
Cette application est continue, et elle est croissante sur R par composition.
Pour tous x, y de [a, b], on a :
|h(y) − h(x)| = |f (a + b − y) − f (a + b − x)| > |(a + b − y) − (a + b − x)|.
Autrement dit |h(y) − h(x)| > |y − x| pour tous réels x, y.
Enfin, pour tout x de [a, b], on a a + b − x ∈ [a, b] donc h(x) = f (a + b − x) ∈ [a, b].
Ainsi h vérifie exactement les propriétés de f dans la question précédente.
Il en résulte : ∀ x ∈ [a, b], h(x) = x.
Finalement, pour tout x de [a, b] : f (x) = h(a + b − x) = a + b − x.

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Problème Énoncé

4. (a) L’application g : x 7→ f (x) − x est continue sur R, et strictement négative.


Soient x, y dans R, avec x < y.
On a |f (y) − f (x)| > |y − x| donc f (y) − f (x) > y − x donc g(y) > g(x).
Ainsi g est croissante sur R, et elle est majorée (par 0.)
On en déduit que g possède une limite finie α quand x → +∞ (et α 6 0.)
Autrement dit lim (f (x) − x) = α− .
x→+∞
Ainsi Γ présente l’asymptote y = x + α en +∞ (courbe partout en dessous.)
(b) Comme précédemment, g est croissante. Mais cette fois elle est minorée (par 0).
On en déduit que g possède une limite finie β quand x → −∞ (et β > 0.)
Ainsi lim (f (x) − x) = β + et Γ a l’asymptote y = x + β en −∞ (Γ au-dessus)
x→−∞

(c) Dire qu’on n’est pas dans les deux cas précédents, c’est dire que l’application continue
x 7→ f (x) − x ne garde pas un signe constant sur R, et donc qu’elle s’y annule.
Autrement dit, il existe x0 dans R tel que f (x0 ) = x0 . Ainsi U est non vide.
Pour montrer que U est un intervalle, on montre que s’il contient a et b (avec a 6 b)
alors il contient le segment [a, b]. Mais cela résulte immédiatement des calculs faits dans
la question (3b) : on a en effet prouvé que si l’application f est croissante et si f (a) = a
et f (b) = b, alors f (x) = x pour tout x de [a, b].
Enfin, si (xn )n>0 est une suite convergente d’éléments de U, de limite `, alors les égalités
f (xn ) = xn entraı̂nent, par passage à la limite (car f est continue), l’égalité f (`) = `,
c’est-à-dire l’appartenance de ` à U.
Cela prouve que U est un ensemble fermé (on aurait pu aussi dire que U est l’image
réciproque du fermé {0} par l’application continue g : x 7→ f (x) − x.)
Conclusion : l’ensemble U est ici un intervalle fermé non vide.
(d) — Cas où f (x) > x pour tout x. On peut choisir f : x 7→ x + 1.
Dans ce cas, on a évidemment |f (y) − f (x)| = |y − x| pour tous x, y.
L’application f : x 7→ x + ex est un autre exemple.
Dans ce dernier cas, ∀ (x, y) ∈ R2 , |f (y) − f (x)| = |ey − ex | > |y − x| : l’inégalité
stricte est une conséquence du théorème des accroissements finis : il existe en effet un
réel c, strictement compris entre x et y, tel que ey − ex = ec (y − x).
— Cas où f (x) < x pour tout x. On peut choisir f : x 7→ x − 1, ou f : x 7→ x − e−x .
— On trouve U = {a} en choisissant l’application f : x 7→ 2x − a.

 f (x) = 2x − a si x 6 a
— Si f est définie par f (x) = x si a 6 x 6 b , on trouve U = [a, b].
f (x) = 2x − b si x > b


f (x) = x si x 6 a
— On trouve U =] − ∞, a] quand f est définie par .
f (x) = 2x − a si x > a

f (x) = 2x − a si x 6 a
— Si f est définie par , alors U = [a, +∞[.
f (x) = x si x > a
— Enfin, on trouve U = R si f (x) = x pour tout x.
On a ainsi un exemple d’application f , pour chacun des U possibles.

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Problème Énoncé

(e) Si f (x0 ) = x0 , c’est-à-dire si x0 est dans U, alors x1 = f −1 (x0 ) = x0 et xn = x0 pour tout


entier n (récurrence évidente) : dans ce cas, la suite (xn ) est donc constante.
Supposons au contraire que x0 n’est pas dans U. On a donc f (x0 ) 6= x0 .
Remarquons que, tout comme f , l’application f −1 est strictement croissante.
Supposons f (x0 ) < x0 , c’est-à-dire x0 < f −1 (x0 ) = x1 , alors f −1 (x0 ) < f −1 (x1 ) c’est-à-dire
x1 < x2 . Plus généralement xn < xn+1 pour tout n (récurrence évidente.)
De la même manière, si f (x0 ) > x0 , on trouve xn > xn+1 pour tout n.
La suite (xn ) est donc strictement monotone si x0 n’est pas élément de U.
On a : ∀ c ∈ U, ∀ n ∈ N, |f (xn+1 ) − f (c)| > |xn+1 − c| donc |xn − c| > |xn+1 − c|.
Ainsi la suite n 7→ |xn − c| est décroissante (donc convergente car positive.)
Il est donc impossible que la suite (xn ) tende vers ±∞. Comme cette suite est monotone,
il en découle qu’elle est convergente. Posons ` = lim xn .
n→∞
Le réel ` ne peut pas être intérieur à l’intervalle U, sans quoi les xn seraient dans U au
bout d’un certain temps, ce qui contredirait les égalités f −1 (xn ) 6= xn .
Il s’ensuit que la limite ` est nécessairement une extrémité de l’intervalle U.

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