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PLAN DETAILLE DROIT GENERAL 2022-23

Les règles de droit

Définition du droit
SEANCES 1 2 3 Les divisions du droit : droit privé et droit public
Les règles de droit nationales
Les règles de droit internationales

Les juges

Le Tribunal judiciaire
SEANCES 4 et 5 Le Tribunal de commerce
Le Conseil des Prud’hommes
La Cour d’appel
Les juridictions pénales : tribunal de police, tribunal correctionnel, Cour d’assises, Cour d’appel et Cour d’assises
d’appel

Le procès
SEANCE 6
Les droits du justiciable
La preuve : modes de preuve, principe de loyauté de la preuve

Thème (séances 1 à 3) : les règles de droit 6H

I - Définition du droit
On peut définir le droit comme l’ensemble des règles régissant la vie des hommes en
société et sanctionnées par l’autorité publique (l’État).
D’une part, le droit suppose l’existence d’une société, c’est-à-dire d’une pluralité
d’individus. Une personne vivant seule sur une île déserte n’a pas besoin de droit. Elle est
libre de faire ce qu’elle veut puisque sa liberté ne cause aucun tort à autrui. En revanche, dès
l’instant où deux individus coexistent, la règle de droit devient nécessaire pour éviter que la
loi du plus fort ne l’emporte.
D’autre part, le droit suppose l’existence d’une sanction. La règle de droit est
obligatoire, contrairement aux autres règles de vie en société comme les règles de politesse ou
de bienséance. Or le propre de la règle de droit est que son non-respect est sanctionné par
l’État, dont le rôle est de garantir le maintien de l’ordre social. La violation d’une règle de
droit est donc une faute sanctionnée principalement de deux manières : soit de manière civile,
par une réparation, soit de manière pénale, par une punition.

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La sanction civile prend la forme d’une réparation financière, appelée « dommages et
intérêts ». On entend par dommages et intérêts une somme d’argent évaluée par le juge
destinée à compenser le préjudice subi par une personne du fait d’une autre personne. Par
exemple, celui qui ne respecte pas un contrat sera condamné à réparer financièrement le
dommage causé à autrui.
La sanction pénale intervient lorsqu’une infraction a été commise. Elle prend la forme
d’une punition, dont les expressions les plus sévères sont une amende versée à l’État et/ou
une peine de prison. Sanctions pénales et civiles peuvent se cumuler. Ainsi, la contrefaçon est
un délit sanctionné par une amende, une peine de prison et des dommages et intérêts si la
victime de la contrefaçon a subi un préjudice financier.

II - Les divisions du droit


On distingue traditionnellement deux grandes classifications du droit : le droit privé et le
droit public.
A. Le droit privé
C’est l’ensemble des règles gouvernant les rapports des particuliers entre eux ou des
particuliers avec des groupements privés (sociétés, associations…).
Le droit privé se subdivise en plusieurs branches parmi lesquelles :
–– le droit civil : c’est l’ensemble des règles générales applicables aux personnes privées :
• la famille : divorce, autorité parentale…
• les personnes : état civil (sexe, nom, domicile), respect de la vie privée
• les contrats etc.
–– le droit commercial : c’est l’ensemble des règles relatives à l’activité des entreprises
commerciales :
• la création d’une micro-entreprise ou d’une grande société
• la vente d’un fonds de commerce
• la conclusion d’un bail commercial etc.
–– le droit du travail : c’est l’ensemble des règles gouvernant les rapports entre employeurs
et salariés, que ces rapports soient individuels ou collectifs :
• les règles d’embauche
• la modification d’un contrat de travail
• l’élection des représentant du personnel etc.
–– le droit international privé : c’est l’ensemble des règles applicables aux relations
internationales entre personnes privées :

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• un mariage entre deux personnes de nationalité différente
• l’expatriation d’un salarié
• une vente internationale de marchandises entre deux sociétés domiciliées dans des États
différents etc.
–– le droit pénal : c’est l’ensemble des règles destinées à punir les faits constitutifs d’une
infraction. Les infractions se répartissent en trois catégories : les contraventions, les délits et
les crimes. Les contraventions (divisées en 5 classes) sont sanctionnées par une amende allant
jusqu'à 1 500 euros ; les délits par une amende de plus de 1 500 euros et/ou par une peine de
prison de 10 ans maximum ; les crimes par une amende de plus de 1 500 euros et par une
peine de prison supérieure à 10 ans et allant jusqu’à la perpétuité.
Exemples :
• infractions routières, injures
• vol, abus de biens sociaux
• assassinat, viol etc.
B. Le droit public
C’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation de l’État et concernant les rapports des
personnes publiques entre elles, ou des personnes publiques avec les personnes privées.
On entend par personne publique l’administration (un ministre, un préfet), les
collectivités territoriales (la commune, le département et la région), et les établissements
publics (établissements scolaires et universitaires, hôpitaux, entreprises publiques…).
Le droit public se subdivise en plusieurs branches parmi lesquelles :
–– le droit administratif : c’est l’ensemble des règles générales applicables aux personnes
publiques ou concernant les relations entre personnes publiques et personnes privées :
• la délivrance à un particulier d’un permis de construire par la mairie
• l’exclusion d’un élève d’un lycée public
• les cartes et titres de séjours des étrangers etc.
–– le droit constitutionnel : ce sont les règles issues de la Constitution de 1958 et relatives
aux trois pouvoirs publics : pouvoir législatif (exercé par le parlement), pouvoir
exécutif (exercé par le gouvernement), pouvoir judiciaire (exercé par les tribunaux) :
• le processus législatif (l’adoption des lois)
• le statut des juges
• l’élection présidentielle etc.
–– le droit fiscal : c’est l’ensemble des règles relatives aux recettes des personnes publiques.
Exemples :

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• la création d’une nouvelle tranche d’imposition sur le revenu
• la suppression de la taxe d’habitation
• la diminution de l’impôt sur les sociétés etc.
–– le droit international public : c’est l’ensemble des règles relatives aux organisations
internationales et aux rapports entre États :
• une résolution adoptée par le conseil de sécurité de l’ONU
• la délimitation des frontières entre deux États

Exercice

Déterminez le droit applicable dans les cas suivants :

1.Une facture impayée entre une grande surface et une épicerie.

2.Un référendum sur le mode d’élection du président de la République.

3. L’action d’un patient contre un hôpital à la suite d’une opération manquée.

4. Un conflit entre deux parents divorcés à propos de la garde de leurs enfants.

5. Un licenciement pour motif personnel contesté par un salarié.

6. Une escroquerie à la carte bancaire.

7. Le dépôt de bilan d’une société.

8. Le non-paiement de deux mois de loyers par un locataire à son bailleur.

9. Le recours d’un commerçant contre la décision du maire refusant l’ouverture de sa boutique


le
dimanche.

10. Le refus d’indemnisation d’un sinistre par une compagnie d’assurances.

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III. Les règles de droit nationales

A - La Constitution
La Constitution fixe l’ensemble des règles déterminant l’exercice du pouvoir politique et
garantissant les droits et les libertés des citoyens. Depuis la Révolution, la Constitution
consacre le principe de la séparation des pouvoirs, théorisé par Montesquieu. Au pouvoir
législatif (parlement) le soin d’adopter les lois, au pouvoir exécutif (gouvernement) la tâche
de les exécuter, au pouvoir judiciaire (juges) la mission de sanctionner leur violation.
La Constitution du 4 octobre 1958 cite un certain nombre de textes fondamentaux qui ont,
de ce fait, valeur constitutionnelle : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de
1789, le préambule de la Constitution de la IVe République de 1946 et la Charte de
l’environnement de 2004. La Constitution proclame ainsi de nombreux droits absolus
auxquels nulle règle ne peut déroger : égalité des citoyens, liberté d’association, présomption
d’innocence, droit de propriété, développement durable…
La Constitution française a une valeur juridique supérieure aux autres règles de droit. Ces
dernières doivent donc respecter les droits et les libertés fondamentales proclamés par la
Constitution. D'où l'existence d'un contrôle de constitutionnalité des lois.
Ce contrôle est exercé par le Conseil constitutionnel. Cette institution est composée de
neuf membres, nommés pour 9 ans non renouvelables, ce qui assure leur indépendance à
l’égard des pouvoirs publics. Trois membres sont nommés par le président de la République,
trois par le président de l’Assemblée nationale, trois par le président du Sénat. Il s’agit de
hauts fonctionnaires, de professeurs de droit, d’anciens acteurs de la vie politique car, pendant
leur mandat, les membres du Conseil constitutionnel ne peuvent pas exercer de fonctions
parlementaires ou gouvernementales.

B - La loi
1. Les textes de lois issus du pouvoir législatif
Le pouvoir législatif est représenté par le Parlement, composé de l’Assemblée nationale et
du Sénat. Le rôle du Parlement est de voter la loi dans les matières principales :  droits et
libertés des citoyens, nationalité, état et capacité des personnes, régimes
matrimoniaux, successions et libéralités, sanctions pénales, impôt, enseignement, propriété,

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droit du travail… Le Parlement a ainsi le pouvoir de faire des lois sur des sujets essentiels
prévus par la Constitution.
Le texte de loi doit être voté dans les mêmes termes par les deux assemblées. Chaque
assemblée a le pouvoir de suggérer des amendements, c’est-à-dire des modifications. Chaque
amendement provoque une nouvelle discussion du texte, suivant un système de navette entre
les deux assemblées, jusqu’au vote final. Une fois votée, la loi est promulguée par le président
de la République qui la fait entrer en vigueur.
Le lendemain de sa promulgation, la loi est publiée au Journal officiel de la
République française (le JO), ce qui la fait entrer en vigueur (sauf exceptions).
Une nouvelle loi qui entre en vigueur n’est pas rétroactive : la nouvelle loi ne s’applique pas
aux situations antérieures à son entrée en vigueur (sauf exceptions).

2. Les textes de lois issus du pouvoir exécutif


Le pouvoir exécutif est représenté par le président de la République et par le
Gouvernement, composé du Premier ministre et des ministres. Il élabore également de
nombreuses règles de droit écrites :
Les décrets sont adoptés par le président de la République, le Premier ministre et les
ministres. Les arrêtés sont adoptés par les ministres (arrêtés ministériels), les préfets (arrêtés
préfectoraux), les maires (arrêtés municipaux).

C - La coutume
On peut définir la coutume comme une règle de droit non écrite, née d’un usage
prolongé et considérée comme obligatoire. Ainsi, deux éléments doivent être réunis pour
former une coutume. D’une part, un élément matériel : la pratique constante, répétée car « une
fois n’est pas coutume ». D’autre part, un élément psychologique : le sentiment, pour ceux qui
suivent la coutume, d’obéir à une règle obligatoire, à une loi, alors qu’il n’existe pas de texte.
La coutume était la principale règle de droit sous l’Ancien Régime puis elle a été
progressivement rédigée afin d’être mieux connue et a donc quasiment disparu.
La coutume a une valeur inférieure à la loi. Elle n’est valable que si elle ne contredit pas les
règles de droit écrites.
Ex. : la coutume pour la femme mariée de porter le nom de son mari comme nom d’usage.

D - La jurisprudence

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On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues par les juridictions
sur une question de droit. Habituellement, le rôle des juges n’est pas de créer du droit mais
d’appliquer les lois. Cependant, il arrive qu’il n’existe pas de loi sur le cas à juger. Il
appartient alors au juge d’interpréter les textes pour trouver une solution juridique au cas
particulier qui lui est soumis. Cette solution rendue par le juge constitue une nouvelle règle de
droit d’origine jurisprudentielle.
La difficulté vient de ce que la jurisprudence n’a pas le caractère général et permanent des
autres règles de droit, en particulier de la loi. En effet, la règle élaborée par un juge ne vaut
que pour la situation jugée à un moment donné. Une autre solution peut, dans un contexte
pourtant similaire, être retenue par un autre juge, voire par le même juge. Il s’agit alors d’un
revirement de jurisprudence. L’exemple de la publicité comparative illustre bien le pouvoir
créateur du juge et le caractère évolutif de la jurisprudence. Jusqu’en 1992, il n’existait pas de
loi autorisant ou interdisant la publicité comparative. En général, celle-ci était
systématiquement attaquée par les entreprises faisant l’objet d’une comparaison et elle était
mal vue par les tribunaux, qui avaient l’habitude de condamner l’annonceur pour concurrence
déloyale. Mais à partir de 1986, la jurisprudence changea à l’occasion de litiges opposant des
concurrents de la grande distribution. Les juges admirent la comparaison de produits
similaires, vendus dans les mêmes conditions, par des commerçants différents. Cette
évolution jurisprudentielle fut consacrée par une loi du 18 janvier 1992 qui admit pour la
première fois la publicité comparative.
La jurisprudence peut ainsi inspirer l’adoption de nouvelles lois. Mais dès qu’un nouveau
texte de loi est adopté, les juges sont tenus de le respecter. La jurisprudence a ainsi une valeur
inférieure à la loi.

IV. Les règles de droit internationales

A - Les traités internationaux


Un traité international est un accord (on parle aussi de « convention », de « pacte »)
conclu entre deux États (traité bilatéral) ou entre plusieurs États (traité multilatéral). En
France, les traités sont négociés et signés par le pouvoir exécutif. Les traités doivent être
ratifiés, c’est-à-dire approuvés par les Français (loi ou référendum).
Une fois intégré dans l’ordre juridique interne, le traité a une valeur inférieure à la
Constitution mais supérieure aux lois françaises.
B - Les règles de l’Union européenne

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C’est l’ensemble des textes de lois adoptés par les institutions de l’Union européenne et
applicables dans les pays membres. Ces textes de lois sont de plus en plus nombreux. En
France, près de la moitié des nouvelles règles de droit est d’origine européenne, en particulier
en matière de libre circulation des marchandises et de protection des consommateurs. C’est
dire la grande importance du droit de l’Union européenne dans la vie quotidienne des citoyens
français.
On distingue deux sortes principales de lois issues de l’Union européenne : le règlement et la
directive.
Le règlement est une mesure générale directement applicable dans chaque État membre.
Ainsi du RGPD en 2018, le Règlement Général sur la Protection des Données. Ce texte
important encadre dorénavant le traitement des données personnelles dans l’Union
européenne.
La directive est aussi une mesure générale, mais non directement applicable. Elle fixe aux
États membres des buts à atteindre en leur laissant le choix des moyens. Chaque État
doit ainsi adopter une loi de transposition pour adapter sa législation nationale aux objectifs
de la directive. Par conséquent, la directive ne devient obligatoire que lorsque la loi de
transposition a été adoptée. Par exemple, la directive du 25 octobre 2011 relative aux droits
des consommateurs allonge le délai légal de rétractation dans la vente à distance à 14 jours au
lieu de 7 jours précédemment. Cette directive fut transposée en France par une loi du 17 mars
2014.

Conclusion sur la hiérarchie des normes.

Exercice

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) est une agence spécialisée de l’ONU


chargée d’élaborer les normes internationales du travail. À cette fin, elle rédige des traités
internationaux proclamant les droits fondamentaux des travailleurs : interdiction du travail
forcé, liberté syndicale, égalité de rémunération, non-discrimination, réglementation du travail
de nuit, des accidents du travail, des congés payés…
L’un de ces traités, la Convention n° 158 sur le licenciement (adoptée en 1982 et
ratifiée par la France en 1989), soumet le licenciement à plusieurs conditions. Parmi ces

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conditions, figure l’exigence d’une justification1. Or une loi française institue le « Contrat
Nouvelles Embauches » (CNE) autorisant la rupture du contrat de travail par l’employeur sans
justification, pendant une durée de 2 ans. D’après cette loi, il suffit que l’employeur envoie au
salarié une lettre recommandée avec accusé de réception l’informant de la fin de son contrat,
sans avoir à motiver sa décision. Les premières ruptures de contrat surviennent et sont
contestées par les salariés devant les tribunaux français.
Les juges vont-ils appliquer la convention internationale ou la loi française ?

1
Article 4 de la Convention : « Un travailleur ne devra pas être licencié sans qu’il existe un motif valable de licenciement lié
à l’aptitude ou à la conduite du travailleur ou fondé sur les nécessités du fonctionnement de l’entreprise. »

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THEME 2 (séances 4 et 5) : Les juges (4H)

Les juges

Le Tribunal judiciaire
SEANCES 4 et 5 Le Tribunal de commerce
Le Conseil des Prud’hommes
La Cour d’appel
Les juridictions pénales : tribunal de police, tribunal correctionnel, Cour d’assises, Cour d’appel et Cour d’assises
d’appel

Différence entre les juridictions judiciaires et administratives.

I. Le tribunal judiciaire
C’est une juridiction collégiale composée selon les affaires d’un ou de trois juges
professionnels. Il juge les affaires civiles qui n’ont pas été attribuées à une autre juridiction.
Pour les litiges n’excédant pas 5000 euros ainsi que pour les conflits de voisinage, une
tentative de conciliation préalable est obligatoire auprès d’un conciliateur de justice.
Cette procédure permet de résoudre gratuitement et rapidement des litiges de voisinage, des
affaires de copropriété ou des différends entre bailleurs et locataires.

II. Le tribunal de commerce


C’est une juridiction collégiale composée de trois juges non professionnels : des commerçants
élus par leurs pairs. Il juge les litiges commerciaux (litiges entre entreprises, entre associés,
faillite etc.).

III. Le conseil de prud’hommes


C’est une juridiction collégiale composée 4 juges non professionnels : 2 salariés et 2
employeurs nommés par les organisations syndicales et patronales. Les conseillers
prud’homaux jugent les litiges individuels du travail (litiges dits sociaux), c’est-à-dire les
litiges relatifs au contrat de travail (durée du travail, salaires, licenciement…).

IV. Les juridictions pénales

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En droit pénal, avant que la personne soit jugée, il y a d’abord une enquête confiée au
Procureur de la République (Parquet / avocat général / Ministère public).
Les magistrats du Parquet représentent l’Etat dont les règles de droit ont été transgressées. Ils
sont présents pendant l’audience pénale. Ils ne jugent pas mais font des réquisitions : ils
réclament des sanctions pénales au nom de l’État pour réparer le trouble causé à la société. Au
fond, le Parquet est en quelque sorte l’avocat de l’État, en charge du maintien de l’ordre
public.

Les tribunaux pénaux, appelés aussi tribunaux répressifs, jugent les infractions, c’est-à-
dire des fautes sanctionnées par la loi et punies d’une amende et d’une peine de prison. Ils
se prononcent sur l’innocence ou la culpabilité de la personne poursuivie : soit ils l’acquittent
(la personne inculpée est relaxée), soit ils la condamnent (elle est sanctionnée).
La compétence du tribunal pénal dépend de la gravité de l’infraction commise. Pour rappel,
les infractions se répartissent en trois catégories : les contraventions (sanctionnées par une
amende allant jusqu'à 1 500 euros), les délits (sanctionnés par une amende de plus de 1 500
euros et/ou par une peine de prison de 10 ans maximum) et les crimes (sanctionnés par une
amende de plus de 1 500 euros et par une peine de prison supérieure à 10 ans).

A. Le tribunal de police
Il juge les contraventions, divisées en cinq classe selon le montant de l’amende (38 euros ;
150 euros ; 450 euros ; 750 euros et 1500 euros doublés en cas de récidive) :
infractions routières, tapage nocturne, diffamation, violences volontaires ayant entraîné une
incapacité de travail inférieure ou égale à 8 jours etc.

B. Le tribunal correctionnel
Il juge les délits : publicité trompeuse, contrefaçon, vol, violences, homicide involontaire etc.

C. La Cour d’assises
Elle juge les crimes : meurtre, assassinat, viol, attentats etc.
C’est une juridiction tout à fait particulière, par son organisation (elle ne siège pas de
manière permanente mais par session) et par sa composition : chaque Cour d’assises est
composée de neuf juges : trois magistrats professionnels et six jurés qui sont des citoyens
tirés au sort sur les listes électorales : c’est ce que l’on appelle le jury populaire.

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V. La Cour d’appel
Selon le principe du double degré de juridiction, toute personne ayant perdu en
première instance peut faire rejuger entièrement le litige une seconde fois devant une Cour
d’appel. C’est une juridiction collégiale composée de trois juges professionnels. Le jugement
de première instance est alors remplacé par l’arrêt rendu par la Cour d’appel, qui peut soit le
confirmer, soit l’infirmer. Ce principe de l’appel est fondamental car il protège le
justiciable d’une erreur judiciaire en lui donnant une seconde chance.
Condition à l’appel : à part en droit pénal, il faut que le litige représente une somme
supérieure à un certain taux de ressort, fixé aujourd’hui à 5 000 euros. En effet, faire appel
coûtant cher (frais de justice et d’avocat), la somme en jeu doit être significative.
La Cour d’appel juge les appels, sauf en matière criminelle où l’affaire est rejugée par une
Cour d’assises d’appel. La composition de la CAA est renforcée : trois juges professionnels
et neuf jurés.

Exercice

Déterminez la juridiction compétente dans les litiges suivants :

1. Un litige entre deux commerçants en raison du non-respect d’un délai de livraison

2. Un litige entre voisins pour un préjudice de 2000 euros

3. Un litige entre un salarié et un employeur à propos des horaires de travail

4. la contestation d’un testament

5. Un litige entre deux particuliers relatif à la vente d’une voiture d’occasion

6. Une condamnation à une amende de 3 750 euros et 1 an de prison pour financement illégal
d’une campagne électorale présidentielle

7. La contestation par un humoriste d’un arrêté préfectoral interdisant son spectacle

8. Une condamnation pour viol à 15 ans d’emprisonnement

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9. La décision de la Mairie de Paris de ne pas renouveler un marché de Noël sur les Champs
Elysées en raison « de la médiocre qualité des animations et des produits vendus » par le
forain Marcel Campion.

10. La condamnation d’un homme politique pour incitation à la haine et injure raciale à une
amende de 10000 euros.

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Thème 3 (séance 6) : le procès (2H)

Le procès
SEANCE 6
Les droits du justiciable
La preuve : modes de preuve, principe de loyauté de la preuve

I.Les droits du justiciables

La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des


libertés fondamentales proclame dans son article 6 : « Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue publiquement, équitablement et dans un délai raisonnable ». Ratifiée
par la France, cette Convention garantit ainsi à chaque citoyen français un certain nombre de
droits fondamentaux à toutes les étapes du procès.
Chaque citoyen a droit à une justice « publique » avec un accès aux salles d’audiences.
Le principe de la publicité de la justice connaît néanmoins des exceptions dans les affaires
relatives aux mineurs, à la vie privée (ex. divorce) ou risquant de provoquer un trouble à
l’ordre public (ex. pédophilie). Ces affaires sont jugées « en chambre du conseil », c’est-à-dire
à huis clos.
Chaque citoyen a droit à une justice impartiale : au cours du procès, le juge ne doit pas subir
de pression de la part du pouvoir politique ou des parties en litige. S’il s’avère qu’il existe un
lien entre une partie et un juge, ce dernier peut être récusé et dessaisi du dossier. 
Chaque citoyen a le droit d’être jugé « dans un délai raisonnable ». Malheureusement, la
justice est beaucoup trop lente, faute de moyens suffisants. Une procédure de première
instance peut durer plusieurs années selon la nature de l’affaire et la juridiction saisie, le
Conseil des Prud’hommes étant la juridiction la plus lente. Les procédures pénales sont
encore plus longues. Il existe heureusement une procédure d’urgence : le référé : le justiciable
saisit le président du tribunal compétent afin que soient ordonnées « rapidement » des
mesures provisoires dans l’attente du jugement au fond (= comparution immédiate au pénal).
L’action en justice est introduite par une assignation. C’est un acte par lequel une personne
(le demandeur) fait connaître à une autre personne (le défendeur) son intention de la faire
comparaître (de l’assigner) devant une juridiction.

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II. La preuve

A.Les différents modes de preuve

D’une part, la charge de la preuve pèse sur le demandeur : celui qui agit en justice doit
prouver ce qu’il invoque.
D’autre part, en l’absence de preuve certaine, le doute doit profiter à l’accusé (la fameuse
présomption d’innocence en matière pénale).
Il existe plusieurs manières de prouver judiciairement ce que l’on prétend : l’aveu, qui
consiste à reconnaître un fait ; le test ADN (test des empreintes génétiques) utilisé pour
identifier ou innocenter des suspects ; le témoignage consistant à dire ce que l’on a vu ou
entendu directement ; la présomption de fait, indice permettant de tirer certaines
conséquences d’une situation ; la preuve par écrit enfin, la plus forte.

Tous les écrits n’ont pas la même valeur probante. On distingue trois sortes d’écrits.
En premier lieu, les actes authentiques dressés par un officier public. Ce sont les
actes notariés (donation, vente immobilière…) et les actes d’état civil (naissance, mariage,
décès) qui marquent les différentes étapes juridiques de la vie des hommes.
En second lieu, les actes sous signature privée, rédigés par les particuliers. Ce sont
principalement des contrats : contrat d’assurance, bail d’habitation, contrat de travail… L’acte
sous signature privée doit être rédigé en autant d’exemplaires originaux qu’il y a de parties au
contrat, chaque original devant être daté et signé par les parties. Le contrat original daté et
signé a pleine valeur probante.
En dernier lieu, les écrits quelconques/ordinaires : facture, bon de livraison ou de
commande, relevé bancaire, correspondance : lettre, fax, courriel, sms, photocopie de contrat
etc. Ces écrits n’ont pas la même valeur probante que les actes authentiques et les actes
sous signature privée. Ce sont des indices pouvant éclairer le juge mais non des preuves à part
entière.
Pour les contrats qui n’excèdent pas 1 500 euros, c’est le principe de la preuve par tout
moyen qui s’applique : écrit, témoignage, indice… En revanche, les contrats portant sur une
somme de plus de 1 500 euros doivent être prouvés par écrit privé ou authentique.

B.La loyauté de la preuve

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Quelle qu’elle soit, la preuve présentée au juge ne doit pas avoir été obtenue de manière
déloyale, c’est-à-dire malhonnêtement. Ce principe de la loyauté de la preuve impose ainsi
de respecter d’autres grands principes juridiques comme le droit au respect de la vie privée ou
le droit au secret des correspondances. L’enregistrement d’une conversation téléphonique ou
d’une vidéo à l’insu de son auteur constitue un procédé déloyal (sauf enquête pénale).
Ex. de la caissière filmée en train de voler.
Ex de l’employeur accédant à l’ordinateur de son salarié.

Exercice
Stéphane prête 1 000 euros à son ami Henri, par chèque. Ils décident oralement que le
remboursement se fera en une seule fois, 3 mois plus tard, sans intérêt. Le jour venu, Henri
refuse de rembourser sa dette en prétextant que c’était un cadeau.
Comment le demandeur peut-il prouver son bon droit ?

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