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2020- 2021
IPARTIE I
II. La digitalisation du contrôle fiscal
2018
Page 4
Le RU est en train de prendre une initiative Le Luxembourg exige la transmission des La Russie est en train de moderniser ses
La Norvège suit la voie de l’UE procédures fiscales depuis 2010 : elle requiert
majeure pour numériser la fiscalité d'ici vers la digitalisation en exigeant documents comptables/fiscales sous
2020, ce qui pourrait éliminer le besoin de SAF-T (FAIA) sur demande. des données détaillées en TVA et en prix de
L’Allemagne exige la des documents comptables dans transfert. Elle fait des analyses big data
déclarations fiscales. le cadre du SAF-T et des
transmission des données depuis 2015..
comptables et des balances factures électroniques
sous format électronique. obligatoires. La Lituanie exige, sur demande, des
relevés électroniques de TVA et de
transport en plus de la comptabilité SAF-
T.
Norvège Russie La Pologne est en train de mettre
La France exige l’envoi données Luxembour en œuvre un programme "e-
financières sous SAF-T (FEC) en cas RU g Taxes" qui aura une incidence sur
de contrôle fiscal et dispose Lithuanie le déclaratif des contribuables.
également d'une obligation de Allemagne
facturation électronique BTG. Pologne
France Hongrie
La Corée du Sud a mis en œuvre une
Les autorités fiscales américaines ont ciblé Autriche initiative e-tax qui exige la soumission
des exigences fiscales électroniques autour USA Espagne de données transactionnelles, y
Portugal
de certains types de déclarations. Italie Corée du Sud compris les factures électroniques afin
d’effectuer des réconciliations avec les
Grèce Chine taxes payées.
L'administration fiscale mexicaine Le Portugal suit les
dispose d’exigences élevées lui Mexique recommandations
permettant de réaliser des contrôles OCDE, et exige La Hongrie oblige les
fiscaux électroniques. notamment le SAF-T entreprises à transmettre
toutes les données de La Chine a lancé un "plan
facturation B2B 1000 comptes" pour
La Colombie est en train de mettre en domestiques a compter du
œuvre l’obligation de facturation Colombie accélérer sa digitalisation
1er juillet 2018. en se concentrant sur les
électronique.
grandes entreprises.
Le Pérou exige que les documents L'Autriche exige des
comptables et les factures électroniques Perou Brésil documents comptables
soient remis à l'administration fiscale. dans le cadre du SAF-T
et de la facturation
électronique obligatoire. L'administration fiscale
Le Chili exige la tenue d’une comptabilité et australienne a entrepris une
l’accès par les contribuables à leurs ERP en cas Chili
Australie initiative visant à développer une
de contrôles fiscaux. Italie et Grèce rendent capacité d’analyse de données
obligatoire la facturation avancée.
Le Brésil a des obligations fiscales électronique à compter
L'Argentine exige des contribuables la électroniques nombreuses, y de 2019 et les factures
mise en place de la facturation Argentine compris un système public de sont transmises au jour
électronique et effectue des analyses comptabilité électronique accessible le jour à l’administration
sur les factures transmises. directement par l'administration
fiscale.
Niveaux de Niveau 2 – E-
Niveau 1 – E-file Niveau 3 – E-match Niveau 4 – E-audit Niveau 5 – E-assess
digitalisation accounting
Le dépôt électronique La comptabilité Réconciliation électronique a Contrôle informatisé en temps Déclarations fiscales pré-
Utilisation de Transmission des données Transmission de données Les données transmises au Les données transmises
formulaires comptables en vue de comptables supplémentaires et Niveau 2 sont analysées et sont utilisées par les
électroniques justifier les déclarations et autres types de données ; les rapprochées en temps réel par administrations fiscales
standardisés pour le cela dans un format administrations fiscales ont accès les administrations fiscales. Les pour le calcul de l’impôt
dépôt obligatoire ou électronique défini et à d’autres sources de données (ex contribuables qui reçoivent les sans avoir recours aux
facultatif des suivant un calendrier relevés bancaires) afin de notifications de contrôles fiscaux déclarations déposées par
déclarations fiscales également défini réconcilier les données soit par informatisés ont peu de temps les contribuables. Les
type d’impôt ou encore pour pour répondre entreprises ont un temps
réaliser des croisements entre les limité pour vérifier les
données de plusieurs calculs fait par les
contribuables et de plusieurs pays administrations fiscales
Note: Tous les gouvernements/administrations ne recueillent pas la même information ou ne la traitent pas de la même façon selon ce modèle. De plus, le passage à la digitalisation
n'est pas nécessairement linéaire.
Réf. Rapport OCDE 2017: The changing tax compliance environment and the role of audit
FEC facultatif
Art. L47-A du LPF, instaure 5
la possibilité de présenter
ses écritures comptables via
Contrôle du système le Fichier des Ecritures
informatique Comptables (FEC)
Le contrôle du système
Examen de
d’information fait son
comptabilité
apparition (art. 54 al. 3 du 4
CGI, Loi n°81-1160) Contrôle du système Art. L13-G
informatique et des prévoit la
données possibilité
d’engager un
Adoption des 4 textes 3 examen de
fondateurs : L13, L47, L74, comptabilité : 15
L102B du LPF (Loi n°89- jours pour
936 du 29 déc. 1989) remettre le FEC
FEC obligatoire
(art. L47-AA
Art. L47-A du LPF, les LPF)
entreprises tenant leur
2 comptabilité au moyen de
systèmes informatisés
doivent la présenter sous
1 forme dématérialisée
► Début des années 90 : l’article 103 de la loi de finances pour 1990 (Loi n° 89-936 du 29.12.1989) a
eu pour objectif, en cas de traitement informatisé de la comptabilité, de permettre le contrôle
informatique des données et non plus seulement de procéder à la vérification du matériel utilisé.
Cela a entrainé :
► la modification des textes fondateurs suivants : articles L.13 du LPF, L.57 du LPF et L. 74 du
LPF.
► l’adoption des textes fondateurs suivants : nouvel article L.102 B du LPF et nouvel article L.47 A
du LPF.
► l’abrogation du texte fondateur suivant : article 54 alinéa 3 du CGI.
Cette rédaction a été critiquée. Il a été soulevé qu’elle pouvait « laisser subsister quelques incertitudes
sur la portée du dispositif, en particulier au regard du droit de communication » (JOAN, 3ème séance du
15.12.1989) et qu’elle tendait en pratique à « utiliser le droit de communication, non plus pour recouper
des informations, mais pour instaurer sans le dire une procédure de pré-vérification » (JOAN, 3ème
séance du 15.12.1989)
► Modification du texte en deuxième lecture « pour mieux centrer le dispositif sur le droit de contrôle »
(JOAN, 3ème séance du 15.12.1989).
► A partir du milieu des années 2000, le discours de l’administration sur le contrôle fiscal évolue : est
affiché un but de transparence mais aussi d’efficacité du contrôle fiscal (faire plus avec moins de
moyens), ce qu’une objectivation du contrôle fiscal doit permettre (harmonisation,
homogénéisation… des pratiques et des techniques). L’informatisation du contrôle fiscal devient un
moyen de concilier les deux buts.
Les dispositifs de télédéclaration et télépaiement sont mis en place de façon obligatoire, mais ne
conduisent pas au télé-contrôle en France (par opposition au Brésil ou Russie par exemple).
Il semble que les juges emboitent le pas de l’administration, en faisant parallèlement évoluer les textes
fondateurs (art. L13 et L47), indépendamment les uns des autres : ils consacrent une interprétation
jurisprudentielle selon laquelle l’art. L13 et l’art. L47 ont un champ d’application distinct et l’administration
a donc des modalités de droits d’accès aux données différenciées.
Depuis 2013, on observe une accumulation de nouveaux textes élargissant le champ du contrôle fiscal
informatisé, au lieu de traiter le contrôle fiscal « normal » et le contrôle fiscal informatisé à égalité
L.13 LPF ► Périmètre du CFI et droit de communication élargi (ex. comptabilité analytique)
L13 G et L47-AA ► Examen de comptabilité avec remise du FEC dans un délai de 15 jours
LPF ► Traitements effectués dans le cadre de l’examen de comptabilité
A faire :
• Evolution de ces textes dans le temps (de 1990 à 2018)
• Analyser / Lire ces mêmes textes dans leur version actuelle en s’aidant des fonctionnalités de
millésime de Legifrance.
► Le cadre légal du contrôle fiscal informatisé (au sein du Livre des Procédures fiscales) en
2019 :
► L 13 : définit le périmètre d’investigation
► L 13-G et L 47-AA : définissent la procédure de « l’examen de comptabilité » (contrôle fiscal à
distance). C’est une procédure de contrôle fiscal qui se distingue de la procédure de vérification
de comptabilité
► L 47-A-I : prévoit la possibilité d’utiliser ALTO2 dans le cadre d’un contrôle classique et
l’obligation pour les entreprises de présenter le fichier des écritures comptables à compter du 1er
janvier 2014
► L 47-A-II : encadre le contrôle des données par les demandes de traitements demandées par le
vérificateur (garanties données aux contribuables)
► L 47-A-III : autorise la copie inopinée du fichier des écritures comptables
► L 57 : obligation d’indiquer dans la proposition de rectification les traitements effectués sous
l’égide de l’art. L47-A-II LPF
► L 74 : Evaluation d’office (et pénalité de 100%) si le contrôle informatisé de l’article L47-A I et II
s’avère impossible
► L 102-B : obligation de conservation des données
► Autres modalités très particulières de contrôle : l’art. L16B-IV (perquisitions fiscales), L13-D et L
13-E (contrôle des contrôles permanents et documentés formant la piste d’audit fiable des
factures)
► Demandes de traitements
Lorsque la comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés :
• les agents de l'administration fiscale peuvent effectuer la vérification sur le matériel utilisé par le contribuable.
• Celui-ci peut demander à effectuer lui-même tout ou partie des traitements informatiques nécessaires à la
vérification. Dans ce cas, l'administration précise par écrit au contribuable, ou à un mandataire désigné à cet effet,
les travaux à réaliser ainsi que le délai accordé pour les effectuer.
• Le contribuable peut également demander que le contrôle ne soit pas effectué sur le matériel de l'entreprise. Il met
alors à la disposition de l'administration les copies des documents, données et traitements soumis à contrôle.
Ces copies seront produites sur un support informatique fourni par l'entreprise, répondant à des normes fixées par arrêté.
Le contribuable est informé des noms et adresses administratives des agents par qui ou sous le contrôle desquels les
opérations sont réalisées. Les copies des documents transmis à l'administration ne doivent pas être reproduites par cette
dernière et doivent être restituées au contribuable avant la mise en recouvrement.
Article 57 alinéa 2 (Loi n°89-936 du 29 décembre 1989) : Impact sur la procédure de redressement
Lorsque les redressements notifiés ont été déterminés à l’issue de la mise en œuvre de l'article L. 47 A
du LPF, l'administration doit préciser au contribuable la nature des traitements effectués.
► Une position pour le futur : CE 20/11/2013 (n°334896), décision rendue au visa de l’art L47-A-II du
LPF version antérieure à 2017 :
« Considérant que, pour juger irrégulière la procédure de vérification, la cour administrative d'appel
de Versailles a estimé que l'administration avait procédé à des traitements informatiques de la
comptabilité en dehors de l'entreprise, contrairement au choix exprimé par M. A... en application de
l'article L. 47 A du livre des procédures fiscales de réaliser lui-même les traitements ; que toutefois,
faute d'avoir recherché si les traitements opérés par l'administration sur les données
élémentaires transmises par M. A... l'avaient été à l'aide des fonctionnalités des applications
au moyen desquelles l'entreprise tient sa comptabilité, dans des conditions de nature à
porter atteinte à la garantie offerte au contribuable par l'article L. 47 A du livre des
procédures fiscales, la cour a commis une erreur de droit. »
Par ailleurs, pour ce qui est de la violation des droits et libertés précités, il a été décidé par le Conseil constitutionnel que
l’atteinte à l’exercice de la liberté d’expression et de communication est nécessaire, adaptée et proportionnée aux objectifs
poursuivis, le législateur ayant « assorti le dispositif critiqué de garanties propres à assurer, entre le droit au respect de la
vie privée et l’objectif de valeur constitutionnelle de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales ».
8 garanties:
- Respect de l’objectif constitutionnel de lutte contre la fraude
- Encadrement du dispositif: limité à certaines infractions (manquements graves: activités illicites, occultes, domiciliation
fiscale)
- Deux conditions sur les données collectées: « contenus librement accessibles » et « manifestement rendus publics par les
utilisateurs »
- Absence de reconnaissance faciale
- Destruction des données sensibles non pertinentes sous 5 jours
- Appréciation individuelle de la situation du contribuable (pas de « redressement automatisé »)
- Garantie de la Loi de 1978 sur le droit d’accès
- Contrôle du juge afin de veiller à ce que « les algorithmes utilisés par ces traitements ne permettent de collecter,
d’exploiter et de conserver que les données strictement nécessaires à ces finalités »
Néanmoins : la référence au b du 1 de l’article 1728 du CGI est contraire à la Constitution (suppression de cette référence)
La loi de finances pour 2020 a été promulguée par le Président de la République le 28 décembre 2019.
Ce qui change
Contour du dispositif :
• Collecte et exploitation des contenus, librement accessibles, publiés sur internet par les utilisateurs des opérateurs de plateforme en ligne définis par
l’article L.111-7 du code de la consommation, manifestement rendus publics par leurs utilisateurs.
• Limitation du dispositif aux infractions fiscales et douanières : à l’exception du manquement prévu au b du 1 de l’article 1728 du code général des
impôts (majoration de 40% en cas de défaut ou de retard de production d’une déclaration fiscale dans les trente jours suivant la réception d’une
mise en demeure).
Droit d’opposition :
- Inapplication du droit d’opposition prévu par l’article 110 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés
aux traitements susmentionnés.
Issue de l’expérimentation :
- Réalisation d'une analyse d'impact relative à la protection des données à caractère personnel et transmission des résultats à la Commission
nationale de l'informatique et des libertés, dans les conditions prévues à l'article 62 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.
- Réalisation d’une première évaluation de l’expérimentation et transmission des résultats au Parlement ainsi qu’à la Commission nationale de
l’informatique et des libertés au plus tard dix-huit mois avant son terme.
- Réalisation d’un bilan définitif de l’expérimentation et transmission des résultats au Parlement ainsi qu’à la Commission nationale de
l’informatique et des libertés au plus tard six mois avant son terme.