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> Entretien
exclusif avec
François Pinault
> Visite en
avant-première
de son musée
à Paris
DOSSIER
Les fascinants
autoportraits
cachés des
artistes
Document non-contractuel à caractère publicitaire. Pour connaître le détail, l’étendue et les conditions
de garanties, reportez-vous aux conditions générales et particulières du contrat. La souscription
d’un contrat ou de certaines garanties demeure soumise à nos règles d’acceptation des risques.
Beaux Arts I 3
v o U s
D E z -
RE N
A R t iR B R E
à p é c E m
D
DU 15
LANDERNEAU (29)
SOMMAIRE N° 439 JANVIER
EN COUVERTURE
Giovanni Giacometti
Autoportrait
1899, huile sur toile, 40 x 60 cm.
6 I Beaux Arts
PALAIS
ROYAUX
DE
CORÉE
8 I Beaux Arts
GIORGIO
MORANDI
La collection
Magnani-Rocca
Musée de Grenoble
16 déc. 2020 – 14 mars 2021
museedegrenoble.fr
Giorgio Morandi, Nature morte, 1936. Huile sur toile. Fondation Magnani Rocca, © Adagp, Paris 2020
VU
par L au rèn e Flinois
10 I Beaux Arts
Invitation à
quarante créateurs
16 décembre 2020
— 11 mai 2021
14 %
ont placé une partie
62,4 % du personnel
en chômage partiel
des musées anticipent ou ont licencié.
une baisse du nombre
des expositions.
30,9 %
%
6 % des musées vont
craignent réduire leur personnel
de devoir fermer permanent.
définitivement. Plus de
67,4 % 46 %
planifient vont limiter
une baisse les contrats
des programmes temporaires
publics. eet free-lance.
50 % Environ
prévoient
une diminution
80 %
ont déclaré que les
des horaires mesures de sécurité
d’ouverture. 15 % et de conservation
imaginent une
hausse généralisée étaient
de l’offre maintenues.
Montage d’après
Léonard de Vinci.
en ligne.
* Enquête mondiale réalisée par l’ICOM (International Council of Museums)
auprès de 900 musées de cinq continents en septembre-octobre 2020.
DISPARITION
Daniel Cordier, la liberté en héritage
Il fut le premier à exposer Louise Nevelson et Robert Rauschenberg, puis à acquérir
des œuvres de Robert Morris ou Charles Simonds. Daniel Cordier est décédé le 20 novembre,
à 100 ans. En 1940, à 19 ans, il rejoint très vite le général de Gaulle, à Londres, avant de
Figure de la résistance
devenir le secrétaire de Jean Moulin. Après la guerre, il commence à collectionner, puis ouvre
et grand collectionneur,
Daniel Cordier, une galerie en 1956 à Paris – activité qu’il cesse en 1964. En 1989, il effectue une première
ici en 2014, à Paris. donation au musée national d’Art moderne de 500 œuvres de 66 artistes (Jean Dubuffet, César,
Hantaï, Bernard Réquichot, Dado…). Un ensemble présenté de façon permanente depuis
1999 au musée des Abattoirs de Toulouse. En 2010 et 2015, il fait deux donations au Centre
Pompidou, en particulier d’objets issus de sociétés non occidentales et de nombreuses
archives. Un hommage national lui a été rendu aux Invalides, le 26 novembre.
«Sous le fil – L’art tissu dans les collections de Daniel Cordier
et des Abattoirs» jusqu’au 30 mai • musée des Abattoirs/Frac Occitanie
76, allées Charles de Fitte • 31300 Toulouse • 05 34 51 10 60 • lesabattoirs.org
12 I Beaux Arts
© Hervé Lewandowski - © CA Consulting - © Adagp, Paris, 2020 - © Adélaïde Laurent-Bellue
EXPOSITION
JEAN Jusqu’au 30 janvier 2021
www.jacqueslacoste.com - 19, avenue Matignon Paris 8 + 33 (0)1 42 89 11 11 - 12, rue de Seine Paris 6 + 33 (0)1 40 20 41 82
L’ESSENTIEL FRANCE
P
our la cinquième année consécutive, l’église Saint-Eustache, à Paris, sous sont proposées des interventions dans l’espace public,
l’impulsion de la galeriste Françoise Paviot, chargée de l’art contemporain des performances, des projections et des Journées
à la paroisse, en partenariat avec Rubis Mécénat, accueille une œuvre sur professionnelles avec pour thème «Qu’en est-il de nos
le thème de la Nativité, fruit d’un appel à projets lancé auprès des élèves de l’École imaginaires ?».
nationale supérieure des Beaux-Arts. Tout juste diplômé, le lauréat Prosper Legault «Chroniques – Biennale des imaginaires numériques»
propose, en écho à l’architecture romane et gothique de l’église, un collage jusqu’au 17 janvier • à Aix-en-Provence, Marseille et Avignon
chroniques.org
en 3D réalisé «à partir de restes d’enseignes ou de mobilier urbain glanés au cours
de ses déambulations». Des «poèmes de rues» pour changer le regard.
Jusqu’au 2 février • saint-eustache.org
Découverte d’un vase rarissime
La trouvaille est exceptionnelle ! C’est même
Le Mobilier national, solidaire de la filière lainière une première en France. Un vase entier
Soutenir les productions françaises de en verre ouvragé, dit «diatrète», datant de la fin
la laine : c’est l’objectif du Mobilier de l’époque romaine, a été mis au jour par
national, engagé au sein du collectif les équipes de l’Inrap à Autun (Saône-et-Loire)
Tricolor, «pour mettre ses productions lors des fouilles de 230 sépultures d’une importante
d’exception au service de la sauvegarde nécropole. Enchâssé dans une sorte de cage elle
des savoir-faire et soutenir la traçabilité aussi en verre, il est orné de motifs décoratifs sculptés,
de nos matières premières», selon rehaussés de lettres en relief formant les mots
Hervé Lemoine, son directeur. «Vivas feliciter» (Vis en félicité). Il ne subsiste qu’une
Aujourd’hui, des tapis et des tapisseries dizaine d’objets complets de ce type dans le monde.
du Mobilier national, destinés
notamment aux lieux officiels, sont
encore confectionnés aux Gobelins
Restauratrice à l’œuvre sur un tapis en laine,
(Paris) et à Lodève (Hérault). Trois
à la manufacture des Gobelins.
cents kilos de laines françaises de
LE CHIFFRE DU MOIS différentes provenances locales
serviront ainsi en avril à l’artiste Sheila
14 I Beaux Arts
olklore
J4 Exposition Jusqu’au 22 février 2021
F
atalia Gontcharova © Adagp, Paris, 2020 ; photo © Centre Pompidou, MNAM—CCI, Dist. RMN—Grand Palais / Adam Rzepka
Mucem
N
Avec le soutien des mécènes fondateurs Exposition conçue et organisée En partenariat avec
par le Centre Pompidou-Metz
en partenariat avec le Mucem
SUR LA PLANÈTE Par Françoise-Aline Blain
PAYS-BAS
ÉMIRATS ARABES UNIS / ÉTATS-UNIS
Our House, un musée
Culturespaces étend sa toile 100 % electro
Depuis sa création, en 1990, Culturespaces est devenu «Une expérience innovante
le principal gestionnaire privé de musées, centres d’art et et futuriste.» C’est ce que
monuments en France, avec plus de 4,6 millions de visiteurs proposera le premier musée
par an sur 14 sites. Après Les Baux-de-Provence, Paris, européen exclusivement
Bordeaux et l’île de Jeju en Corée du Sud, l’opérateur étend dédié à la musique électronique,
son réseau de centres d’art numériques en s’installant qui doit ouvrir ses portes cet été
à Dubaï, au pied de la célèbre tour Burj Khalifa, dans le Dubai à Amsterdam. Our House
Mall qui accueille chaque année 80 millions de visiteurs. se veut éducatif, ludique
En ouverture, une exposition dédiée à Van Gogh. Fin 2021, et multisensoriel. Objectif :
ce sera au tour de New York d’inaugurer le Hall des Lumières retracer l’histoire de ce courant
dans une ancienne banque du quartier de Tribeca. musical, de Berlin à Detroit
en passant par Ibiza. Au
programme : immersion visuelle
Deux nouveaux centres d’art numériques
vont voir le jour à Dubaï et New York. et sonore, masterclasses,
concerts et ateliers où les
ÉTATS-UNIS visiteurs pourront eux-mêmes
mixer. our-house.com
Hallucination collective
D’après une étude publiée dans la revue américaine
Proceedings of the National Academy of Sciences,
il s’agirait de «la première preuve d’ingestion
d’hallucinogènes sur un site d’art rupestre».
Dans une grotte sacrée de Californie, à 80 km
de Santa Barbara, fréquentée du XVIe
au XIXe siècle par le peuple des Chumash,
des chercheurs ont mis au jour des boulettes
mâchées de datura (une plante aux propriétés
psychoactives), enfoncées dans les fissures
de la cavité à la manière de vieux chewing-gums
séchés. Cette découverte relance l’hypothèse
selon laquelle les images rupestres seraient
le produit d’hallucinogènes.
NIGERIA
Les bronzes volés reviennent
sur leurs terres royales
L’Edo Museum of West African Art sera dessiné par
la «starchitecte» britannico-ghanéenne David Adjaye.
Destiné à exposer les bronzes volés par les troupes
britanniques en 1897 et aujourd’hui conservés dans
des collections européennes et américaines, ce musée
devrait voir le jour en 2024 à Benin City (anciennement Le monastère
Edo). Le British Museum, qui détient plusieurs milliers arménien de
de ces bronzes provenant de l’ancien palais royal Gandzasar,
du Bénin, s’est prononcé pour le retour de certaines construit au
œuvres, mais sous forme de prêt. XIIIe siècle.
ÉGYPTE HAUT-KARABAKH
Un trésor mortel exhumé à Saqqarah Une mission pour le patrimoine
Une centaine de sarcophages, vieux de plus de deux mille ans, ont été Il s’agirait d’une première. L’Unesco a proposé
découverts à 12 mètres de profondeur à Saqqarah, siège de l’ancienne d’envoyer une mission d’experts au
nécropole de Memphis (capitale de l’Égypte antique). Les cercueils auraient Haut-Karabakh «avec l’accord des parties
appartenu à de hauts fonctionnaires de la Basse Époque (700-300 av. J.-C.) concernées», pour faire un inventaire
et de la période ptolémaïque (332-30 av. des biens culturels de la région. Depuis
J.-C.). Les momies retrouvées à l’intérieur le cessez-le-feu instauré le 10 novembre
sont enveloppées d’un linceul orné de dans la guerre opposant l’Azerbaïdjan
hiéroglyphes colorés et accompagnées à l’Arménie, les inquiétudes étaient vives
d’objets, dont des statues de divinités quant à la préservation d’un patrimoine
et des masques funéraires. culturel millénaire dans les territoires
récemment perdus par les Arméniens.
Présentation d’une partie de la centaine Le périmètre de la mission (biens visés,
de sarcophages découverts. comité d’experts…) est encore à déterminer.
16 I Beaux Arts
L’ESSENTIEL MONDE Par Françoise-Aline Blain
CHINE
Le patrimoine ouïghour en péril
Un rapport accuse Pékin d’avoir
détruit des milliers de mosquées
dans la province musulmane du
Xinjiang. Et somme la communauté
internationale de réagir.
18 I Beaux Arts
5 ANS !
LE MACTE
MACTe
CULTURES URBAINES &
3.0 DU
2
AU
23 NOV.
0 2
17 JAN.
0
S’OFFRE H I P - H O P 2 0 2 1
À VOUS !
EZ PÉREZ
ART ART
MUSEUM MIAMI
& MÉMORIAL ACTe
ACT
POINTE À PITRE
ACCUEILLENT
RONALD CYRILLE
AKA B.BIRD
#RÉSIDENCECONNECTÉE
ARTIST IN PROGRESS
ATELIER OUVERT
ARCHITECTURE Par Philippe Trétiack
De l’École supérieure
d’art et de design
Toulon Provence
Méditerranée au jardin
Alexandre Ier,
l’architecte marseillaise
Corinne Vezzoni
assume tout le plan
d’urbanisme de l’îlot
Chalucet, entre la gare
et la rade de Toulon.
A
près Montpellier, Nantes et Bordeaux, protecteur, isolant le jardin Alexandre Ier, tout
c’est peut-être au tour de Toulon de se faire de plénitude, des sources de nuisances sonores
la capitale de l’architecture contemporaine. du boulevard et des voies ferrées. Pièce de choix
Signe qui ne trompe pas, les grands noms de la de l’école, sa galerie des balcons, chute vertigineuse
profession, alléchés par l’odeur du béton frais, d’escaliers et de de paliers utilisables comme lieux
commencent à s’inscrire en masse aux différents d’exposition. Sas, vide et resserre d’émotions,
concours que la ville, sous l’impulsion du maire cette pièce architecturale est éclairée par des baies
Hubert Falco, lance ici et là. La Marseillaise vitrées qui la dynamisent à la manière des fenêtres
Corinne Vezzoni, honorée très récemment de la des cars Greyhound, dessinés dans les années 1940
grande médaille d’or de l’Académie d’architecture, par Raymond Loewy. Au sud, les salles de classe
avait remporté en 2015 un vaste projet d’aménagement s’ouvrent au soleil et bénéficient d’une vue plongeante
où ne concourraient encore que des Français. sur la petite rade et ses navires de guerre. En dessous,
L’îlot Chalucet dont elle assume le plan d’urbanisme la médiathèque reprend et double en partie l’ancien
est désormais achevé. C’est un sacré morceau. hôpital. Les détails subtils abondent : retraits des
ouvertures créant des alcôves, sauvetage des poutres
Une colline néo-moderniste anciennes, discrétion des luminaires… Quant aux
entre rocaille et mer logements, Vezzoni les a voulus sobres et massifs,
Pour commencer, voici sauvé un jardin magnifique. vaguement paquebot. Entre ces différents pôles
Autrefois possédé par la Marine, il fut délaissé et livré se dresse encore une école de commerce dessinée
au saccage. Vezzoni en a fait un domaine où sont par Christian Devillers, remarquable par la scansion
célébrées les essences exotiques (autrefois rapportées de ses piliers en façade et son large porte-à-faux
par les marins), les simples (plantes médicinales de métal. Parce que chaque rue aboutissant au jardin
utiles à l’hôpital de la Charité, hier présent sur le site) y trouve un accès, l’ensemble joue de la suture
et l’eau sous toutes ses formes et tous ses sons. Plus entre une ville orthogonale du XIXe siècle et une ville
haut se dressent une médiathèque, des logements, du XXe saupoudrée de bâtiments construits en
et l’École supérieure d’art et de design Toulon oblique. D’un coup, c’est tout un quartier qui revit
Provence Méditerranée dont la façade au pan coupé et l’on mesure l’urbanité de cette architecture
et aux ouvertures en bandes forme un redan, une blanche, inspirée en partie par l’enfance de Corinne
saillie spectaculaire face à la gare. En fond de décor Vezzoni en Afrique du Nord. On regrettera peut-être
se dresse, majestueux, le mont Faron, et c’est un surpoids de références au dogme corbuséen
dans cette conque, entre rocaille et mer, que s’élève néo-moderne, reste qu’entre jardin et murs, tout l’îlot
désormais cette colline moderniste aux allures Chalucet chaloupe à présent d’une nouvelle vigueur.
de fortin contemporain. L’école en est la pièce L’architecture sauvera Toulon de la décrépitude.
maîtresse car l’architecte l’a pensée comme un îlot
20 I Beaux Arts
1 ère maison de ventes aux enchères en Europe sur le marché
des Peintres d’Asie du début du XXe siècle et saluée
de multiples records mondiaux
Adjugé 37 700 €
Adjugé 62 400 €
Expertises gratuites et confidentielles sur rendez-vous Avec 7 records du monde et près de 8 millions d’euros de résultats
dans toutes les grandes villes de France et en Belgique, en 2020, le département Peintres d’Asie consolide sa place de leader
Luxembourg, Suisse... sur le marché Européen.
L’œuvre Jeune fille aux Pivoines de Le Pho, emportée 1 164 760 euros,
Charlotte Reynier-Aguttes signe un deuxième record mondial pour l’artiste et prouve ainsi
+33 (0)1 41 92 06 49 - reynier@aguttes.com le fort engouement des collectionneurs et amateurs du Vietnam pour
ce peintre dont la côte ne cesse de monter.
Les collectionneurs internationaux savent aujourd’hui qu’ils vont trouver
Neuilly-sur-Seine • Paris • Lyon • Aix-en-Provence • Bruxelles à chaque vacation Aguttes consacrée aux Peintres d’Asie du XXe siècle
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ARCHITECTURE
Dormir au cœur
d’une lanterne
Three Hostels • 2016
Baoxi, Longquan (Chine)
Anna Heringer Architecture
Pionnière en matière de construction
vernaculaire contemporaine en terre,
Anna Heringer s’est illustrée également
dans la réalisation d’architectures
monumentales en bambou. En témoigne
ce projet pérenne conçu dans le cadre
de l’International Bamboo Architecture
Biennale de Baoxi (municipalité de
Longquan), un village à 500 km au sud
de Shanghai. Soit deux auberges et une
maison d’hôtes constitués d’une structure
centrale en terre battue et en pierre
sur laquelle sont greffées des unités
de couchage qui s’illuminent la nuit.
L’ensemble est recouvert d’enveloppes
spectaculaires en bambou tressé qui
célèbre la tradition de la vannerie chinoise
à grande échelle tout en préservant
l’harmonie d’un paysage de montagne
et de forêts de bambou. Magique !
Faire du sport Déjà réputée pour l’excellence de sa pédagogie qui associe les valeurs du bouddhisme et les vertus
de l’écologie au programme scolaire britannique, l’école internationale Panyaden, à 15 km de Chiang Mai,
dans un lotus s’est doté d’un complexe sportif unique. Soit une structure de 700 m2 entièrement réalisée en bambou,
dont la forme organique évoque la fleur de lotus, symbole de la Thaïlande mais aussi de la pureté du corps
Bamboo Sports Hall Panyaden
et de l’esprit dans le bouddhisme. Fruit d’un travail commun entre architectes, ingénieurs et artisans,
International School • 2017
la construction est soutenue par d’immenses arches culminant à 17 m de hauteur, qui ont été assemblées
Nam Phrae (Thaïlande) à la main au sol puis levées par des grues. Disposés le long du terrain, de larges balcons offrent en outre
Chiangmai Life Architects au public une place de choix sur les différents événements sportifs.
22 I Beaux Arts
Par Céline Saraiva
Classique, moderne
et rustique
Prisée par les Beatles comme
par Buckingham Palace, cette icône
du design italien des années 1960
est rééditée par la firme danoise
Fritz Hansen. Cent ans après
la naissance de son concepteur,
le magistral Vico Magistretti.
24 I Beaux Arts
Rencontre entre les collections du
FRAC Auvergne et du musée Crozatier
Musée Crozatier
Le Puy-en-Velay
Jusqu’au 24 mai
Ouvert 7j/7. toutes les vacances scolaires www.musee.patrimoine.lepuyenvelay.fr
DESIGN
Objets de connexion
À Nancy, l’artiste Pierre Giner poursuit la déclinaison
de son œuvre numérique CNAPN, conçue il y a dix ans pour
le Centre national des arts plastiques (Cnap). Celle-ci génère
des expositions virtuelles à partir des quelque 8 000 objets design
répertoriés dans la base de données des collections du Cnap
et prend d’abord la forme d’un site Internet. Ce «lieu d’art virtuel»
investit aujourd’hui le musée des Beaux-Arts de Nancy.
Commissaire et scénographe de l’exposition «Le droit des objets
à (se) disposer d’eux-mêmes», Pierre Giner interroge le principe
même de collection. Divers dispositifs virtuels infiltrent ainsi
les salles dédiées aux collections permanentes du musée nancéen,
en même temps que des pièces bien réelles prêtées par le Cnap
peuvent être tout autant regardées qu’essayées !
«Le droit des objets à (se) disposer d’eux-mêmes»
jusqu’au 18 janvier • 3, place Stanislas • 54000 Nancy
musee-des-beaux-arts.nancy.fr • cnap-n.fr
Lao
Pierre Charpin • galerie Kreo • 2010
D’une apparence proche de celle d’un mobile, cette suspension aux
couleurs délicates – deux nuances de gris et un «bleu océan» – semble
flotter dans les airs. Cette sensation est donnée par l’asymétrie
des éléments qui la composent, sortes de T à la barre démesurée posée
sur un petit pied fin. L’arrondi des ampoules aux extrémités des
trois longs tubes en métal laqué adoucit la géométrie de la forme,
tout en soulignant son horizontalité.
De 30 000 à 50 000 € • édition limitée à 8 ex. • galeriekreo.com
26 I Beaux Arts
Par Claire Fayolle
Awkward Selfportrait
Laureline Galliot • 2016
Designer et peintre, Laureline Galliot pratique le dessin sur iPad.
Son goût pour les outils numériques et son penchant pour la couleur
et les atmosphères étranges sont communs à l’ensemble de
ses productions. En témoignent le vase Lucky Toad (2013) et la théière
Teapot (2012), fabriqués en impression 3D, qui apparaissent dans cet
autoportrait domestique fauviste, sur le linteau de la cheminée. Au
musée des Beaux-Arts de Nancy, l’impression pigmentaire se confronte
à la collection
de peintures
modernes :
les œuvres
d’Émile Friant
et d’Édouard
Manet.
laureline
galliot.com
85 Lamps
Rody Graumans • 1993
Quatre-vingt-cinq ampoules, douilles et fils électriques reliés à des
dominos : ce sont ces simples éléments, disponibles dans tout magasin
de bricolage, qui constituent ce luminaire. Devenu très rapidement un
objet phare du collectif néerlandais Droog Design, ce lustre n’a pas pris
une ride. Avec sa grappe d’ampoules coiffée d’un chignon de dominos,
il incarne brillamment une économie de moyens décorative.
2 695 € • droog.com
Cavea
Olivier Vadrot • 2016
À propos de cette commande du Cnap, Pierre Giner
écrit dans le journal de l’exposition qu’il aurait
aimé avoir l’idée de cet «objet singulier
et spécifique qui manquait à la collection».
Composé d’éléments autonomes, ce mobilier
nomade permet d’organiser divers formats
d’échange – conférence, table-ronde,
workshop – dans des espaces variés.
Déployé dans une salle du musée, le dispositif
s’accompagne d’une lecture et d’une
projection d’œuvres et d’objets de la collection
générée par «une extension de CNAPN».
vadrot.com
Beaux Arts I 27
MODE Par Par Selvane Mohandas du Ménil
28 I Beaux Arts
SECRETS
DE
MAQUILLAGE
ET COIFFURES
DE L'ÉPOQUE
EDO
EXPOSITION
07 octobre 2020
06 mars 2021
MAISON DE
LA CULTURE
DU JAPON
À PARIS
101bis, quai Branly
75015 Paris
M° Bir-Hakeim
RER Champ de Mars
01 44 37 95 00 / 01
www.mcjp.fr
Horaires
Du mardi au samedi
de 11h à 19h30
Réservation obligatoire
Organisation
MCJP,
POLA ORBIS HOLDINGS INC.
POLA Research Institute of Beauty & Culture
Avec le concours de
JAPAN AIRLINES
MCJP.officiel
@MCJP_officiel
@mcjp_officiel
CINÉMA Par Jacques Morice
ÉGALEMENT À L’AFFICHE
Le Haut-Karabakh, avec des si
Un expert français (Grégoire Colin) débarque
au Haut-Karabakh pour réaliser un audit sur
l’aéroport. Dans l’esprit du Désert des Tartares,
ce film d’attente d’une cinéaste diplômée de
l’Académie des beaux-arts d’Erevan, en Arménie,
se fait prophétique lorsque l’on connaît
l’histoire récente de cette région du Caucase…
Si le vent tombe de Nora Martirosyan
> En salles le 20 janvier
de l’image
Six mois après Effacer l’historique, de Benoît
Delépine et Gustave Kervern, voici les 2 Alfred.
Sur fond de start-up très «friendly», cette satire
des valeurs et habitudes liées aux nouvelles
Mandaté par un général français, un photographe tente, technologies est un régal de poésie burlesque,
en 1860, de prendre des clichés de la guerre coloniale aussi débridée que méthodique.
qui sévit au Mexique. Sa mission tourne à l’idée fixe. Les 2 Alfred de Bruno Podalydès
> En salles le 13 janvier
E
st-il fou ? Suicidaire ? Chapeauté et emmitouflé dans son épais
manteau, Louis, photographe, est une sorte de mystique qui poursuit
la guerre. Nous sommes en 1860, perdus quelque part au fin fond
d’une région montagneuse du Mexique, où la France mène une guerre coloniale.
Avec son matériel lourd et encombrant arrimé sur sa mule, il se déplace seul,
bientôt aidé par un paysan. Il veut être au cœur des combats, mais ne les trouve
pas, arrivant toujours à contretemps. Premier long-métrage hardi dans son
ambition comme son rigorisme, Vers la bataille est un film hanté, à plus d’un titre.
Hanté par les fantômes du passé de son héros, par une fascination de la mort,
et enfin par les sédiments des «films-trip» qui l’ont précédé, d’Aguirre, la colère
de Dieu (Werner Herzog) à Dead Man (Jim Jarmusch).
30 I Beaux Arts
“ Le douanier Rousseau n’est pas loin,
la folie, la poésie non plus.”
Beaux Arts Magazine
ELIO GERMANO
EST ANTONIO LIGABUE
JE VOULAIS
ME CACHER
UN FILM DE
GIORGIO DIRITTI
AU CINÉMA LE 30 DÉCEMBRE
LIVRES
Moisson miraculeuse
Pendant dix ans, Madeleine de Sinéty a photographié le quotidien d’un village breton
dans les années 1970-1980. Un ouvrage émouvant et intense qui montre un monde disparu.
E
té 1972. Après des vacances passées Les clichés, publiés dans Un village et présentés
à la mer, sur les côtes bretonnes, au centre d’art guingampais de GwinZegal
Madeleine de Sinéty rentre à Paris, où elle (en attendant une prochaine exposition au musée
travaille comme illustratrice pour des journaux Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône,
et des revues. Sur la route, ça bouchonne. où sont conservées les archives), ne constituent
Elle quitte la nationale et tombe sur un village, qu’une partie infime des quelque 33 280 diapositives
Poilley, à une soixantaine de kilomètres au nord couleur et des 23 076 négatifs noir et blanc
de Rennes. Enchantée par le cadre, rustique que Madeleine de Sinéty laissa à sa mort, en 2011.
à souhait, elle décide d’y passer la nuit. Elle y restera Ces images teintées de la lumière des origines,
Un village
par Madeleine de Sinéty près de dix ans, photographiant jour après jour éclairées par les mines comblées des enfants
éd. GwinZegal • 180 p. • 35 € la vie du bourg et des champs, à une époque où les jouant à travers champs ou par celles, soulagées,
chevaux tiraient encore des charrettes, où les vaches des fermiers qui, sans attendre d’avoir achevé
étaient traites à la main matin et soir, et où les bals la moisson, s’envoient une rasade de cidre
en plein air faisaient danser jeunes et vieux bras bien méritée, suffisent pourtant à émouvoir.
dessus, bras dessous. C’était dans les années 1970. Sans doute, quand on les découvre aujourd’hui,
Il y a un siècle. Il y a une éternité. tirent-elles sur la corde sensible de la nostalgie
32 I Beaux Arts
Par Judicaël Lavrador et Daphné Bétard
d’une douce France, rythmée par les saisons et les Indispensable pour les fêtes :
rites simples des villageois. Sans doute exhument- le livre des recettes détox
elles une manière de vivre que la «rurbanisation», Yeux vitreux, coton dans la tête, cheveux
ses pavillons accolés et le passage à une agriculture qui piquent, gencives qui grattent ?
intensive ont enfoui dans des hangars en tôle Voici l’ouvrage idéal pour remédier à la gueule
ondulée d’où les bêtes ne sortent plus. de bois et faire des lendemains de cuite
Madeleine de Sinéty a d’ailleurs pu mesurer des moments qui chantent. Au menu : shot
la portée mémorielle de son travail, près de dix ans aux huîtres et gingembre, bouillon épicé,
après avoir quitté Poilley et s’être installée
smoothie betterave-avocat, cocktail de bière
salé, toast au labneh, soupe provençale,
aux États-Unis, lorsqu’elle reçut du maire une lettre
nouilles froides aux palourdes, haddock fumé,
accompagnée d’un billet d’avion, la priant de Cuites – 60 recettes
faciles pour
pancakes japonais, moules thaï… Soixante chefs
revenir «photographier le village avant qu’il ne soit nous livrent leurs recettes miracles pour
lendemains difficiles
trop tard». Ce qu’elle fit dans les années 1990, éd. Human Humans passer les fêtes la tête haute. D. B.
constatant les dégâts : «J’ai été très impressionnée 156 p. • 19,90 €
par l’ampleur des changements survenus en si peu
de temps. Les plus petites fermes ont disparu, Les vertus de l’art sur le cerveau
la plupart des talus ont été abattus, les champs
Saviez-vous que la Tentation de saint Antoine
élargis pour ouvrir le passage aux imposantes (vers 1500) de Jérôme Bosch est un véritable
machines agricoles modernes.» atlas de signes cliniques de l’ergotisme (maladie
courante à son époque) ? Croyez-vous
Des images plus subjectives que réelles en la puissance des ex-voto ? Vous sentez-vous
Étonnamment, loin de céder au pessimisme moins seuls face aux autoportraits
rétrograde, elle reconnaît aussi «avoir vu mélancoliques de Dürer et Van Gogh ?
se dérouler la continuité d’une histoire que je n’avais Pourquoi les Nanas de Niki de Saint Phalle nous
pas consciemment projeté de photographier. enchantent et nous troublent autant ?
À travers les inévitables bouleversements de la vie
C’est à un musée imaginaire de l’art qui guérit
que nous invite le neurologue Pierre Lemarquis,
moderne, c’est l’histoire d’une relation qui n’a
accompagné du neuropsychiatre et écrivain
pas fondamentalement changé : celle des habitants
L’Art qui guérit Boris Cyrulnik. Les œuvres ici réunies,
d’un petit village entre eux, et avec la terre qu’ils par Pierre Lemarquis depuis les grottes préhistoriques jusqu’au
travaillent et le bétail qu’ils élèvent». Ces mots disent (préface de street art, démontrent les vertus positives
tout l’optimisme et la joie de vivre de la photographe, Boris Cyrulnik) de l’art sur le cerveau et nous révèlent
éd. Hazan • 192 p. • 25 €
dont les images sont finalement le reflet. les secrets de fonctionnement de l’empathie
Pétries d’une douceur, d’une beauté et d’une grâce esthétique. Ou comment nos neurones
simples, elles témoignent davantage d’un regard interagissent avec la création. D. B.
assumant sa subjectivité que d’une réalité des
choses et de la vie. Elle capture uniquement ce qu’elle
veut, ce qui rentre dans son cadre, ce qui l’attire, Tous des larves !
l’aiguille, l’inspire. Ce qui lui ressemble. Gageons Jugée infâme, répugnante d’aspect,
alors que ces images sont aussi, en creux, un portrait associée aux parasites, à la putréfaction,
de Madeleine de Sinéty. Et qu’elle se reconnaît à un état léthargique, la larve est aussi
dans chacun de ses personnages. synonyme de transformation et de vie.
À commencer par cette vieille femme, dénouant Docteure en esthétique, critique et commissaire
dans un geste apaisé ses longs cheveux gris d’exposition, Marion Zilio a fait de cette forme
embryonnaire qui grouille notre alter ego
en fermant les yeux. Ou ce jeune homme qui,
animal et le point de départ d’un essai
un dimanche matin, sur un terrain gras et boueux,
redoutable et stimulant sur les modes de
shoote dans un ballon de football avec une énergie fonctionnement des sociétés humaines.
telle que son pied semble toucher le ciel. Il y a Convoquant des artistes comme Pierre Huyghe
encore cette petite, en couverture du livre : accoudée Le Livre des larves (qui travaille avec des matières ou espèces
à la table de la cuisine, une télé éteinte en arrière- par Marion Zilio vivantes) et Hubert Duprat (connu pour ses
éd. PUF • 204 p. • 17 €
plan, elle nous fixe intensément, nous interpelle. sculptures façonnées à partir de trichoptères),
Ses grands yeux bleus braqués, pleins de la bonté le texte fait de nous des larves, des cafards
généreuse dont l’enfance est capable, sur Madeleine semblables à Gregor Samsa (le héros de
de Sinéty à l’époque, et sur nous aujourd’hui. la Métamorphose de Kafka), invités à
Le monde ressemble-t-il, cinquante ans plus tard,
reconsidérer notre rapport au monde. D. B.
à celui que contemplait cette enfant ? J. L.
À VOIR
«Un village» jusqu’au 17 janvier • centre d’art GwinZegal
4, rue Auguste Pavie • 22200 Guingamp • 02 96 44 27 78
gwinzegal.com
Beaux Arts I 33
CULTURE NUMÉRIQUE Par Florelle Guillaume & Charlotte Ullmann
A
mis de la musique baroque,
préparez-vous à en prendre
plein les yeux et les oreilles
grâce à l’expodcast (contraction d’expo
et podcast) du Centre de musique
baroque de Versailles. Un parcours de
70 mn découpé en 6 épisodes à écouter
sur l’épopée de la chapelle royale
de Versailles et ses musiciens. De la
création de cet écrin, inauguré en 1710,
à la «success story» du grand maître
Lalande, successeur de Lully, en
passant par les messes du Roi-Soleil,
c’est tout un pan de l’histoire de France
qui est ici conté par la commissaire
de l’exposition Suzanne Gervais.
Complété d’un site web riche en
documents, frises chronologiques
et interviews, l’expodcast exploite
pleinement les technologies au service
du savoir. Et si vous avez encore
des doutes sur vos connaissances,
un quiz est là pour vous tester ! C. U.
expodcast.cmbv.fr • podcast également
disponible sur francemusique.fr François Puget Réunion des musiciens, 1688
34 I Beaux Arts
ART CONTEMPORAIN
Vente en préparation
Avril 2021
CHU TEH-CHUN (1920-2014) Composition, n°62. 1960. Huile sur toile, 65 x 100 cm (détail). Adjugé 488 480€ le 29 mai 2020
Expertises gratuites et confidentielles sur rendez-vous. Nous recherchons les signatures : Fernando Botero,
Bernard Buffet, Alexander Calder, Christo et Jeanne Claude,
Spécialiste
Robert Combas, Olivier Debré, Sam Francis, Hans Hartung,
*sans actionnaire extérieur
Ophélie Guillerot
Yves Klein, André Lanskoy, Georges Mathieu, Henri
+33 (0)1 47 45 93 02 - guillerot@aguttes.com
Michaux, Yan Pei-Ming, Pablo Picasso, Kazuo Shiraga,
1ère maison de ventes aux enchères indépendante en France*
Niki de Saint-Phalle, Pierre Soulages, Chu Teh-Chun,
Neuilly-sur-Seine • Paris • Lyon • Aix-en-Provence • Bruxelles Walasse Ting, Bernar Venet, Claude Viallat,
aguttes.com | Suivez-nous Fabienne Verdier, Zao Wou-Ki, Huang Yong Ping...
PHILO Par François Cusset
36 I Beaux Arts
ENVIE
D’EXPOSER ?
Contactez
info@thebox.lu
L
a Toile bruisse, frémit, s’agite… l’orage ou la pousse
Les informations appartiennent désormais des fleurs, l’internaute
à la famille des vibrations. L’analogie entre ne tolère pas l’absence
Internet et une «toile», et la référence au patient d’un chef d’orchestre
tissage de l’araignée, ne sont pas fortuites : quelque invisible, et encore moins
chose survient, tombe, et voilà le choc qui se la gratuité des bouteilles
réverbère sur toute la surface de la toile ; l’araignée à la mer. Il est possible
localise la chose, l’avale, puis la digère. Les événements que tous ces monolithes,
du monde, vus depuis un écran, relèvent ainsi évaporés depuis, n’aient
de l’entomologie. Les informations «font le buzz» : rien à voir entre eux.
c’est précisément le bourdonnement de l’insecte. L’avenir nous dira
L’une d’entre elles a été particulièrement suivie peut-être s’il s’agit d’une
par le monde de l’art ces derniers temps. Au milieu plaisanterie ou d’un projet
des montagnes rocheuses, on a trouvé un monolithe, concerté, d’un McCracken
un prisme triangulaire aux parois en miroir, dont envoyé par les martiens ou
la forme évoque celui que Stanley Kubrick avait d’un hommage à Kubrick.
mis en scène dans une célèbre séquence de 2001 : En attendant, on peut
l’Odyssée de l’espace. toujours méditer sur
la présence énigmatique
Des sculptures posées de ces objets au milieu
comme des planches de surf de zones désertiques,
Les premiers commentateurs de cette étrangeté font et sur celle aux alentours
d’ailleurs le lien avec le film, avant que ne survienne de pictogrammes
l’idée d’un message adressé par les extraterrestres, amérindiens datant
ou la survivance d’une civilisation disparue. D’autres de la préhistoire, ainsi
évoquent l’art minimal, et en particulier une série que sur la dimension
d’œuvres de John McCracken. Décédé en 2011, mystique que prennent
l’artiste américain avait introduit une atmosphère ces sculptures
pop dans le minimalisme des années 1960, en posant minimalistes en raison
ses rutilantes sculptures monochromes contre le mur de leur emplacement.
des galeries, telles des planches de surf. Son fils,
se souvenant d’une conversation de 2002 pendant L’œuvre d’art est une pollution sacrée Découvert le 18 novembre
dans le désert de l’Utah
laquelle son père avait évoqué l’idée de «placer Car l’art ne fait que cela : déplacer. Lorsque Marcel (États-Unis), ce monolithe
l’une de ses œuvres dans un endroit difficilement Duchamp achète un porte-bouteilles au BHV a depuis été retiré
accessible, pour qu’elle soit retrouvée plus tard», et l’exporte dans une galerie d’art, il réalise la même par des défenseurs de
accrédite cette thèse. J’ai rencontré John McCracken opération magique. Afin de cerner la notion de sacré, l’environnement.
dans les années 1990, à l’occasion de sa première l’anthropologue Mary Douglas comparait cela
exposition parisienne. L’homme était impressionnant : avec la saleté, qu’elle définissait comme «tout ce qui
l’allure raide d’un William S. Burroughs, les traits n’est pas à sa place». L’œuvre d’art est une sorte
de Clint Eastwood, l’aura d’un Donald Judd, il était de pollution sacrée : elle présente un monde où rien
taciturne et légèrement grinçant. Je me souviens n’est à sa place. Duchamp le savait, lui qui voyait
que sa biographie comportait un trou noir d’environ dans l’art une manière de «maintenir vivantes
quinze d’ans durant lesquels il n’avait pas eu les grandes traditions spirituelles avec lesquelles la
la moindre exposition ni réalisé la moindre œuvre. religion elle-même semble avoir perdu le contact […],
L’héroïne, disait-on. Ou avait-il été capturé par maintenir allumée la flamme d’une vision intérieure
une soucoupe volante ? En tout cas, je peux témoigner dont l’œuvre d’art semble la traduction la plus fidèle
que McCracken était tout à fait le genre d’artiste pour le profane». Spiritualité du ready-made…
à installer secrètement des monolithes dans le désert. Ces propos inattendus de la part de l’auteur d’Étant
Mais voilà que les choses se compliquent quand donnés, tenus à la fin des années 1950, résonnent
une deuxième sculpture apparaît en Roumanie, fortement aujourd’hui. Vrais John McCracken ou
puis une troisième en Californie. Le complotisme copies, ces monolithes font écho à une autre prophétie
se déchaîne alors : tout cela cache forcément duchampienne : «The great artist of tomorrow
quelque chose. Comme les premiers groupes will go underground.» Le grand artiste de demain
humains inventèrent des divinités pour expliquer sera un clandestin.
38 I Beaux Arts
LUCY + JORGE
ORTA
VISUEL : LUCY + JORGE ORTA, EXODE: LAUNDRY OF SORROWS #14, 2020 © ADAGP, PARIS, 2020
10 OCT. 2020
21 FÉV. 2021
A R T I S T E S,
DESIGNERS, JURY
L’ART DE LA
Claire Chazal
DATE LIMITE DE
Anne-Sophie Duroyon-Chavanne
CANDIDATURE
Astrid de la Forest
5 FÉVRIER 2021
Adrien Goetz
MÉDAILLE DANS
© Monnaie de Paris | Jean-Marc Martin
Fabrice Hyber
Béatrice Salmon
Inga Sempé
NOS ATELIERS
Olivier Sévère
APPEL
À PROJETS SUR
MONNAIEDEPARIS.FR
LA CUISINE DE L’ART
d’Alain Passard
Homard à la Picasso
Alain Passard, chef triplement étoilé de l’Arpège, a conçu pour Beaux Arts un plat aux saveurs
terre et mer, ou presque. Du souvenir des terres andalouses où naquit Pablo Picasso aux
profondeurs marines où vit le roi des crustacés, hommage au Minotaure de l’art moderne.
Homard renversé
LA RECETTE
Ò 1 homard vivant (1 kg)
Ò Un gros copeau de beurre
Ò 1 citron
Ò Fleur de sel
Ò Bouillon de légumes (betterave ou autre légume de saison)
A
la palme arrière à la tête. Ne rien jeter du homard, garder tous les éléments
ssembler contre un mur une vieille selle de vélo
lors du décorticage pour faire une sauce pleine de saveurs.
et son guidon rouillé, et le tour est joué ! En 1942,
Suggestion de vin : le sauvigon de Touraine Oisly Fabel Barbou
en pleine guerre mondiale, reclus dans son atelier,
Domaine des Corbillières, à servir bien frais.
Picasso compose une œuvre à partir d’objets de récupération.
D’un geste instinctif, en quelques secondes, le maestro
a donné naissance à une sculpture qui deviendra iconique.
Entre le ready-made de Marcel Duchamp (objet manufacturé
promu au rang d’œuvre d’art par la seule volonté de l’artiste)
et l’objet surréaliste (qui réveille les pulsions secrètes
de l’inconscient), sa Tête de taureau est d’une simplicité
déconcertante et d’une redoutable efficacité visuelle.
Le cuir de la selle, le guidon renversé suggérant deux cornes,
l’accrochage à la manière d’un trophée… même sans l’aide
du titre, l’assemblage évoque le taureau, sa puissance
naturelle, la quintessence de son animalité. Ainsi détourné
de sa fonction première, le banal objet du quotidien
déconcerte l’œil, trouble l’esprit, titille la mémoire, pour
éveiller des souvenirs lointains, des sentiments enfouis.
Un véritable tour de force à ajouter aux inventions
malicieuses du monstre sacré de la modernité. D. B.
40 I Beaux Arts
09 jan.
> 28 fév. 21
lieu infini d’art
de culture arts visuels
installation
et d’innovation
direction
José-Manuel
Gonçalvès
Iván Navarro
Planetarium
avec la Galerie Templon
SAISONAFRICA2020.com
#ElAnatsui #SaisonAfrica2020
LaConciergerieDeParis
@leCMN
* Ressortissants ou assimilés de l’UE ou de l’EEE ou non ressortissants titulaires d’un titre de séjour de longue durée délivré par un de ces États
50
expositions
qui vous
feront du bien
en 2021
42 I Beaux Arts
Des splendeurs de l’Iran
d’hier et d’aujourd’hui aux divas
de la chanson arabe, de l’Amazonie
du photographe Sebastião Salgado
à une Saison africaine contemporaine
très attendue, le premier semestre de 2021
promet d’être ouvert à toutes les scènes
et tous les médiums. Avec Beaux Arts,
démarrez l’année en beauté !
Par Daphné Bétard,
Sophie Flouquet
& Emmanuelle Lequeux
Beaux Arts I 43
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Archéologie
La Grèce,
une passion
française
Ce n’était pas prévu ainsi, mais cette ambitieuse
exposition du Louvre, conçue pour célébrer
le bicentenaire de l’indépendance grecque,
résonnera furieusement avec l’actualité.
En 1821, la Grèce commence son combat pour
s’affranchir du joug ottoman qu’elle subit depuis
quatre siècles. Et la France, comme aujourd’hui
au sujet des nouvelles prétentions turques en
Méditerranée orientale, était déjà l’un des rares
pays à la soutenir ouvertement. Par la voix
de ses intellectuels et artistes fascinés par
l’Antiquité et le peuple grec (Chateaubriand,
Hugo et Delacroix en tête) bien sûr, mais aussi via
une souscription publique et même le départ de
milliers de combattants volontaires. C’est
le président du Louvre lui-même, Jean-Luc
Archéologie
☛ET AUSSI…
Jeune Grecque
est fixé à la publication, en 1675, d’une première au tombeau de Marco
relation de voyage française (celle de Jacob Spon), Botzaris, 1827
poursuivie depuis par de fructueux échanges Bordeaux • Cité du vin • Du 9 avril au 29 août
archéologiques. S. F. À la santé des dieux !
«Paris-Athènes – Naissance de la Grèce moderne Placé sous le haut patronage de Dionysos
(1675-1919)» louvre.fr
et de son bruyant cortège de satyres,
le parcours met à l’honneur la place du vin
et de ses rites dans les productions
Nîmes • Musée de la Romanité artistiques de l’Antiquité. Et si ce breuvage
Du 13 mai au 19 septembre était un don de Dieu ?
Mégalomanie «Boire avec les dieux» laciteduvin.com
44 I Beaux Arts
Art ancien
Arcimboldo
revu par Maurizio
Cattelan
Reconnaissable entre mille avec ses portraits composés
de légumes, fruits, végétaux ou animaux (voire d’armes,
de livres ou d’ustensiles de cuisine), le peintre milanais
Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) a fasciné ses
contemporains qui ont adoré ses images doubles
et ambiguës. Assez vite passé de mode, il est redécouvert
au XXe siècle par les surréalistes, adeptes de ses
calembours et jeux de mots visuels. Ses inventions
formelles ne cessent, depuis, d’inspirer les artistes.
Démonstration au Centre Pompidou-Metz qui a imaginé
Art ancien
un dialogue original et fécond entre ses compositions
et celles de créateurs tels que Lavinia Fontana ou
Niki de Saint Phalle. Un parcours conçu avec la complicité
du très déjanté Maurizio Cattelan, lui-même sous
la coupe de ce génie maniériste amoureux du bizarre
et du monstrueux. D. B.
«Arcimboldo» centrepompidou-metz.fr
Giuseppe Arcimboldo
Le Bibliothécaire, vers 1562
Beaux Arts I 45
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Art ancien
Napoléon revient !
Voilà deux cents ans, Napoléon
s’éteignait, exilé au milieu de l’océan,
sur l’îlot de Sainte-Hélène. Son héritage
est encore tellement sujet à controverses
que certains annoncent déjà vouloir
chahuter cet anniversaire, quitte à rayer
d’un trait de plume l’histoire. Plusieurs
événements célèbrent ce bicentenaire.
Le musée de l’Armée – Hôtel national
des Invalides (où est conservé le
monumental tombeau de l’Empereur)
promet de décrypter le mythe, tandis
qu’un aréopage de conservateurs, épaulé
par les meilleurs historiens (Jean Tulard,
Thierry Lentz…), a été mobilisé pour
dresser un portrait sans zones d’ombre
à la Grande Halle de la Villette.
Dans une exposition qui devrait autant
attirer les foules que le blockbuster
«Toutânkhamon». S. F.
«Napoléon n’est plus» musee-armee.fr
«Napoléon – L’exposition» lavillette.com
✶ Hors-série Beaux Arts
46 I Beaux Arts
☛ ET AUSSI…
Paris • Musée Gustave Moreau Paris • Petit Palais Giverny • Musée
Du 12 février au 17 mai Du 30 mars au 18 juillet des Impressionnismes
(sous réserve) Du 1er avril au 1er novembre
La Fontaine par Gustave Moreau
Splendeur et décadence Jardins
«Patience et longueur de temps font plus du Paris fin de siècle impressionnistes
que force ni que rage.» Gustave Moreau
(1826-1898) a pu l’éprouver lorsqu’il a Il fut le chroniqueur de toutes Voici un sujet réjouissant :
illustré les Fables de les mondanités de la Belle Époque. le jardin vu par les nabis
Maurice Denis
La Fontaine dans une série d’aquarelles Ami de Marcel Proust, et les impressionnistes. Le Bain en plein air, 1904
ombrageuses et mélancoliques. Giovanni Boldini, l’Italien virtuose, Soit une centaine d’œuvres
Le musée consacré au peintre symbolise est révélé au Petit Palais rafraîchissantes de ces
en révèle une trentaine (rarement avec son incroyable galerie chantres de la couleur
exposées en raison de leur fragilité) de portraits de la haute société, et du plein air que furent
aux côtés d’études préparatoires un rien décadente... Renoir, Pissarro, Monet,
(remplaçant les feuilles disparues). «Giovanni Boldini (1842-1931) Vuillard et Bonnard.
Les plaisirs et les jours» «Côté jardin – De Monet
«Gustave Moreau – Les Fables petitpalais.paris.fr
de La Fontaine» musee-moreau.fr à Bonnard» mdig.fr
Art ancien
Du 5 juin au 3 octobre
Dürer et son double
Immense artiste, génie universel (et conscient de l’être au point de se figurer
sous les traits du Christ), Albrecht Dürer n’en finira jamais de fasciner.
Deux collections de dessins et de gravures, celles du musée Condé et celles
de la BnF, seront réunies pour cette exposition très attendue consacrée
au maître germanique de la Renaissance, inlassable voyageur et acteur clé
de l’Europe humaniste des arts. Pour cet orfèvre de formation, la gravure
était loin d’être un art subalterne. Elle lui permit d’expérimenter des sujets
et des cadrages inédits, mais aussi de se faire connaître bien au-delà
de Nuremberg. Une visite
à prolonger par la
découverte, au Cabinet des
arts graphiques du musée
Condé, de l’œuvre de
Jean Duvet, pionnier
français de la gravure
Élisabeth Vigée Le Brun Autoportrait de l’artiste peignant totalement méconnu du
le portrait de l’impératrice Maria Feodorovna, 1800 public, et qui fut souvent
appelé le «Dürer français».
Paris • Musée du Luxembourg Peut-être un peu
Du 3 mars au 4 juillet abusivement même si
Beaux Arts I 47
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Art moderne
Ils sont tous là, autour de lui, réunis dans la grande famille
des divisionnistes de la touche : Henri-Edmond Cross, Maximilien
Luce, Théo Van Rysselberghe et, bien entendu,
le camarade-inventeur Georges Seurat. Paul Signac (1863-1935)
fut l’un des peintres et théoriciens majeurs du post-
impressionnisme qu’il exprima dans de vibrants paysages
à la touche divisée. L’exposition revient sur son travail Victor Prouvé
et celui des principaux acteurs du mouvement, autour Salammbô, 1893
d’une cinquantaine de tableaux. S. F.
«Signac» musee-jacquemart-andre.com
✶ Journal d’expo Beaux Arts
48 I Beaux Arts
☛ ET AUSSI…
Bordeaux • Bassins de Lumières
Du 5 février au 2 janvier 2022
Bain de soleil méditerranéen
De Monet à Chagall, la Méditerranée et sa lumière
écrasante ont libéré maints peintres de leur
carcan, leur offrant la possibilité de renouveler
leur palette et leur manière. Retour en images
et en musique sur cette révolution solaire.
«Monet, Renoir… Chagall
Voyages en Méditerranée»
bassins-lumieres.com ✶ Hors-série Beaux Arts
Art moderne
pionnière de l’espace pictural.
«Cézanne» carrieres-lumieres.com
✶ Hors-série Beaux Arts
De Paris à Deauville,
le printemps des musées
Prévus pour ouvrir en 2020, de nouveaux
lieux ou des musées fermés pour travaux
devraient enfin (re)trouver leur public
ce printemps. Il en va ainsi du musée
Carnavalet (où sont les trésors historiques
de la Ville de Paris), qui a fait l’objet d’une
Paul Gauguin Eu haere ia oe (Où vas-tu ?), dit aussi La Femme au fruit, 1893 ambitieuse refonte de son parcours au sein
des deux hôtels particuliers du Marais
Paris • Fondation Louis Vuitton • Du 24 février au 25 juillet qui l’abritent. À quelques rues de là, le musée
de la Chasse et de la Nature prend
De Van Gogh à Gauguin, également ses aises. L’occupation de l’hôtel
joyaux de la collection Morozov voisin lui permet de proposer un parcours
enrichi, notamment sur les relations
Après l’exposition de la collection de Sergueï Chtchoukine – qui valut à la de l’homme à la nature, tout en continuant
fondation Louis Vuitton des records de fréquentation –, voici l’ensemble réuni
à faire cohabiter collections scientifiques
par ses rivaux et amis, les frères Morozov. Mikhaïl (1870-1903) et Ivan (1871-1921)
et art contemporain. Toujours côté vieilles
ont formé l’une des plus importantes collections d’art impressionniste, post-
pierres, le colossal chantier de restauration
impressionniste et moderne français, répartie désormais entre les musées
de l’Hôtel de la Marine arrivera lui aussi
Pouchkine, à Moscou, et l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Leur tableau de chasse,
à son terme pour ouvrir son magistral balcon
impressionnant, fait défiler les noms de Picasso, Cézanne, Van Gogh, Matisse,
Gauguin et surtout les nabis. Bonnard, dont Mikhaïl s’éprend dès 1902, avant
sur la place de la Concorde en avril.
qu’Ivan n’achète ses tableaux (13 au total) sur le marché parisien, et Maurice À Deauville enfin, les Franciscaines, nouveau
Denis, auquel Ivan commande la décoration du salon de musique de son hôtel lieu culturel polyvalent, ouvriront leurs portes
particulier : un ensemble de panneaux sur l’histoire de Psyché. Tout ce beau en mars. L’exposition inaugurale, programmée
monde se trouve de nouveau réuni à Paris. D. B. en juin, portera sur les représentations
«La collection Morozov – Icônes de l’art moderne» du paradis, de l’Antiquité à aujourd’hui. S. F.
fondationlouisvuitton.fr ✶ Hors-série Beaux Arts
Beaux Arts I 49
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Art moderne
50 I Beaux Arts
Paris • Musée d’Art moderne
Du 12 mars au 18 juillet
Art moderne
«Anni et Josef Albers – L’art et la vie» mam.paris.fr
Josef Albers Study for Homage to the Square: Green Gleam, 1963
☛ ET AUSSI…
Paris • Atelier des Lumières
Du 12 février au 2 janvier 2022
Dalí lumineux et projeté !
Attention, invasion de montres molles et autres formes
surréalistes à l’Atelier des Lumières. Qui mieux qu’Avida
Dollars pouvait se prêter au jeu de l’exposition immersive ?
«Dalí – L’énigme sans fin» atelier-lumieres.com
✶ Hors-série Beaux Arts
Beaux Arts I 51
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Art contemporain / Saison africaine
L’Afrique au féminin
«The personal is political» : le fameux slogan inventé dans les
années 1960, et clamé haut et fort la décennie suivante pour incarner
le Mouvement de libération des femmes, résonne dans les salles
du musée d’Art moderne de Paris, porté par les voix d’artistes africaines.
Identité, corps, maternité, sexualité, spiritualité, famille, image
de la femme noire… Chacune aborde à sa manière la question de l’intime
et du rapport au monde. Njideka Akunyili Crosby mêle les souvenirs
de son pays natal, le Nigeria, et son parcours personnel qui l’a menée
aux États-Unis dans des compositions nostalgiques complexes faites
de collages et de peintures, quand Kapwani Kiwanga (prix Duchamp 2020)
s’interroge sur les liens entre pouvoir et récits historiques à travers
des installations, vidéos, sculptures et performances. Billie Zangewa,
elle, coud à la main, à partir de chutes de soie, la vie quotidienne
de ses contemporains. Venues de différents pays d’Afrique, elles sont
au total seize à se révéler et réveiller la scène contemporaine. D. B.
«The Power of My Hands / Afrique(s) : artistes femmes» mam.paris.fr
52 I Beaux Arts
Paris • Musée de l’Histoire de l’immigration
Du 9 mars au 11 juillet
D’un continent africain
à l’autre
Ce pourrait être le titre d’un roman ; c’est celui
d’une exposition. «Ce qui s’oublie et ce qui reste»,
réalisée avec le musée d’Art contemporain africain
Al Maaden de Marrakech, réunit dix-huit artistes
africains ou de la diaspora. À travers des récits intimes
El Anatsui AG + BA [détail], 2014
ou des approches plus historiques, se mêlent
la question de la transmission et celle des liens
unissant les générations ou les continents à l’heure
Paris • Conciergerie • Jusqu’au 5 avril
de la globalisation. D. B.
El Anatsui : un Lion d’or «Ce qui s’oublie et ce qui reste» palais-portedoree.fr
et des capsules
Beaux Arts I 53
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Art contemporain
54 I Beaux Arts
☛ ET AUSSI…
Domaine de Chaumont-sur-Loire
À partir du 3 avril
Rendez-vous au paradis
C’est un petit coin de paradis qui, dès le
printemps venu, ouvre ses 32 hectares de jardins,
son château du XVe siècle, ses écuries, sa cour
et sa grange à la création plastique. Pour
son édition 2021, Chaumont-sur-Loire promet
de belles surprises arty à ses visiteurs, qui
découvriront les nouvelles œuvres commandées
à une quinzaine d’artistes, dont Joël
Andrianomearisoa, Sophie Lavaux, Philippe
Nick Verstand Anima, 2014
Cognée, Giuseppe Penone et Isa Barbier.
Lille • Tripostal • Du 9 avril au 12 septembre «Saison d’art 2021» domaine-chaumont.fr
Art contemporain
le Design Museum Gent, en Belgique, tire les leçons de la restauration récente prend ses quartiers dans de nouveaux espaces
du fameux retable que conserve la cathédrale Saint-Bavon de Gand, l’Agneau signés de l’agence NeM / Niney et Marca,
mystique (1432) peint par les frères Van Eyck. Évoquant les subtilités complétés d’un auditorium, d’une librairie-café,
chromatiques de l’œuvre, obtenues par superposition de couches de peinture au sein des nouveaux locaux du groupe Pernod-
et de vernis, le musée flamand invite artistes et designers à raconter la façon Ricard près de la gare Saint-Lazare. Pour fêter
dont ils associent et utilisent aujourd’hui les couleurs. D. B. l’événement, l’ouverture se fera autour d’une
«Color, etc.» lille3000.eu exposition collective joyeuse et baroque,
orchestrée par l’artiste Bertrand Dezoteux
et placée sous l’aura protectrice de Dalí…
Paris • Palais de Tokyo • À partir d’avril «Bertrand Dezoteux – Le juste prix»
L’événement de l’année ? C’est peu dire que les interventions d’Anne Imhof
sont aussi rares qu’attendues depuis son Lion d’or qui bouleversa nombre
des visiteurs du pavillon allemand à la biennale de Venise en 2017. On est
donc particulièrement heureux que le Palais de Tokyo invite la grande
prêtresse de la performance pour une carte blanche, dans la foulée de celles
offertes à Philippe Parreno, Tino Sehgal ou Tomás Saraceno. Une armée
des ombres devrait envahir la totalité
des espaces, avec leurs silhouettes
hésitantes à mi-chemin entre
la virtualité et la vie réelle. Car c’est Taysir Batniji À géographie variable, 2012
Beaux Arts I 55
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
Photographie
Berlin alternatif
et vintage
Le Jeu de paume avait bien choisi son moment pour
entreprendre des travaux. Joliment rafraîchi, le centre d’art
rouvre enfin au printemps, avec une rétrospective consacrée
à Michael Schmidt. Disparu en 2014, il est considéré en
Allemagne comme un maître, aussi respecté que le couple
Becher, mais c’est la première grande exposition que lui
consacre la France, à l’occasion d’une saison berlinoise
orchestrée par l’institution, riche notamment d’une
programmation cinématographique hors des sentiers battus.
C’est dans les quartiers alternatifs de Kreuzberg et Wedding,
au pied du mur, qu’il fait ses débuts de photographe,
dans les années 1970. Pendant plus de quinze ans, il ne se
lassera pas d’explorer sa ville, en prise directe avec l’histoire,
avant d’élargir son prisme. Dramatisant ses scénographies
à une époque où la photographie était encore peu considérée
comme un art, il renouvela profondément ce langage. E. L.
«Michael Schmidt – Une autre photographie allemande»
jeudepaume.org
Photographie
☛ ET AUSSI…
Paris • Maison
européenne
de la photographie Paris • Philharmonie • Du 7 avril au 24 octobre
À partir de mars
La sensation
Écouter, voir, entendre l’Amazonie
Zanele Muholi Voilà des décennies que le Franco-Brésilien Sebastião Salgado arpente
l’Amazonie pour saisir sa beauté fragile, et témoigner du quotidien
Ses autoportraits
de ses communautés menacées. Deux cents de ses photographies
avaient fait sensation
proposent une immersion dans cet écosystème unique au monde,
lors de la dernière
accompagnées d’une bande-son conçue par Jean-Michel Jarre à partir
biennale de Venise.
de prises de sons de la forêt. Grosse bouffée d’oxygène ! E. L.
Mais la photographe
«Salgado Amazônia» philharmoniedeparis.fr
sud-africaine,
ardente militante des
droits homosexuels,
reste méconnue en France. La Maison européenne
de la photographie met enfin à l’honneur son regard,
et ses portraits qui ne vous lâchent pas.
«Zanele Muholi» mep-fr.org
56 I Beaux Arts
Mode, musique & cinéma
Paris • Lafayette
Anticipations
Du 23 avril au 25 juillet
☛ ET AUSSI…
Martin Paris • Cinémathèque française
Margiela À partir du 13 janvier
Beaux Arts I 57
EN COUVERTURE l 50 EXPOSITIONS QUI VOUS FERONT DU BIEN EN 2021
À l’étranger
Brûle-parfum
en forme de lion,
XIe-XIIe siècle
Matthew Barney Diana: State Two, 2018
58 I Beaux Arts
Londres • Saatchi Gallery • Du 28 janvier au 11 avril
Rétrospective JR
Aujourd’hui invité par les plus grandes institutions, le street artist français
a couvert le monde de visages anonymes en format XXL, photographies Yayoi Kusama
géantes en noir et blanc placardées dans les lieux improbables ou hautement
symboliques de l’espace urbain. La Saatchi Gallery revient sur ses projets
Berlin • Gropius Bau
emblématiques et déroule le fil d’une carrière qui l’a mené des graffitis de son Du 19 mars au 1er août
adolescence à ses interventions architecturales. Portrait d’un électron libre Au pays des merveilles
qui n’a eu de cesse de faire tomber les murs, physiques ou psychologiques, de Yayoi
de séparation entre les hommes. D. B.
«JR: Chronicles» saatchigallery.com ✶ Hors-série Beaux Arts Rien de tel qu’une rétrospective Kusama pour sortir
de la morosité ! La reine aux petits pois envahit
les 3 000 m2 du Gropius Bau, qui retrace les 70 ans
de sa carrière. Particularité de cette rétrospective
psychédélique, la reconstitution de huit de ses exposi-
tions, de 1952 à 1983. Mais aussi la création d’une nou-
velle installation, Infinity Mirror Room, qui enchâsse
le visiteur dans le vertige de milliers de miroirs, et
d’une autre, spectaculaire, dans l’atrium. Au-delà du
spectacle, le désir de rappeler combien l’artiste japo-
naise a marqué l’histoire, de ses années Fluxus à New
York jusqu’à ses champs de champignons géants où
bondissent les enfants. E. L.
À l’étranger
«Yayoi Kusama : A Retrospective» gropiusbau.de
☛ ET AUSSI…
L’Aquila (Italie) • En début d’année
JR Migrants, Picnic à travers la frontière, Tecate, Mexique-USA, 2017 Maxxi renaissance dans les Abruzzes
Comment redonner vie à un territoire ravagé ? Le Maxxi
Bâle • Fondation Beyeler • Jusqu’au 16 mai de Rome propose une solution originale, en ouvrant
Arp et Rodin, de courbes une annexe dans un palazzo du XVIIIe siècle de la région
et contrecourbes de l’Aquila, violemment mise à mal par le tremblement
de terre de 2009. Il y dévoile cinq commandes passées
Pour l’un, le tourment de la chair, les contorsions sen- à des artistes italiens, dont Ettore Spalletti, récemment
suelles du bronze et du marbre ; pour l’autre, décédé, une dizaine d’œuvres de sa collection, ainsi
la quiétude des formes lisses, les arrondis organiques.
que des photographies de Paolo Pellegrin témoignant
A priori, tant de choses séparent Auguste Rodin
de la renaissance de ces terres. E. L.
et Hans Arp… Mais ce dialogue de plus d’une centaine
Ouverture du Maxxi Aquila maxxi.art • maxxilaquila.art
d’œuvres entre les deux géants de la sculpture moderne
crée de lumineux rapprochements. Ou comment,
en quelques décennies, la sculpture s’est libérée Venise • Punta della Dogana • Du 21 mars au 9 janvier
de tous les carcans académiques. E. L. Un nouveau Bruce Nauman
«Rodin / Arp» fondationbeyeler.ch/fr
Il avait déjà fait événement à Venise lors de la biennale
de 2009 en décrochant le Lion d’or. L’Américain Bruce
Nauman revient hanter la Sérénissime avec une série
d’installations vidéo récentes, en écho à sa pièce historique
de 1968, Walk with Contrapposto. Composée comme
une spirale ascendante, l’exposition se met elle-même
en contrapposto, cette torsion de la silhouette qui met
au défi les sculpteurs depuis la Grèce antique, et rappelle
combien le plus insaisissable des géants contemporains
met la question du corps au centre de son œuvre
Jean Arp
Torse gerbe, 1958 en chorégraphiant jusqu’aux pas des visiteurs. E. L.
Auguste Rodin «Bruce Nauman: Contrapposto Studies»
Le Penseur, 1880 palazzograssi.it
Beaux Arts I 59
AVANT-PREMIÈRE
60 I Beaux Arts
La Collection
Pinault s’installe
enfin à Paris
C’est le 23 janvier que l’une des plus importantes
collections privées d’art contemporain au monde
ouvrira ses portes au public, dans une Bourse de
Commerce métamorphosée par l’architecte japonais
Tadao Ando. Rencontre exclusive avec François
Pinault et visite guidée du bâtiment vide avant
l’accrochage des œuvres (que nous dévoilerons
dans notre prochain numéro).
Beaux Arts I 61
AVANT-PREMIÈRE l COLLECTION PINAULT
François Pinault
photographié
par Maxime Tétard
en décembre
dernier à la Bourse
de Commerce.
62 I Beaux Arts
Les rendez-vous de votre Collection avec Paris sont
décidément semés d’embûches… Après un premier projet
sur l’île Seguin abandonné en 2005, voilà que la crise sanitaire
a encore repoussé la rencontre du public avec celle-ci.
Mais nous y sommes enfin. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je suis très impatient et ému. Comme vous le savez, je caressais
depuis longtemps l’espoir de pouvoir un jour présenter ma Collec-
tion à Paris, afin de partager avec le public ma passion pour l’art.
D’un point de vue symbolique, il était essentiel pour moi de créer
un projet d’envergure en France, le pays où je suis né et où je me suis
construit, et de contribuer ainsi à l’énergie de la vie culturelle et
artistique. En ces temps de crise, j’ai plus que jamais foi en l’art, en
sa capacité à nous élever, à révéler de nouveaux horizons et à mon-
trer que l’être humain peut créer du bien. Enfin, pour tout vous dire,
à quelques semaines de l’ouverture, j’ai la même anxiété qu’un ado-
lescent avant un examen ! Je consacre beaucoup d’attention à
chaque détail, notamment à ce premier accrochage, car je souhaite
que les visiteurs y prennent du plaisir, de l’intelligence, et ressortent
de là différents et plus heureux. Ce sera un musée accueillant, je
l’espère, où l’on ne s’ennuiera pas. Un lieu conçu comme une pro-
menade surprenante où l’on pourra regarder, réfléchir et rêver.
L’architecte Henri Blondel transforma l’ancienne halle aux blés
en Bourse de Commerce pour l’Exposition universelle de 1889.
Parlons tout d’abord du lieu, la Bourse de Commerce.
Ce monument historique a été restauré avec une grande
rigueur, tant patrimoniale qu’intellectuelle. Il constituera Ando et son travail depuis une vingtaine d’années. Il est l’un des rares
une véritable révélation pour les Parisiens, qui architectes au monde à savoir concilier un geste architectural d’en-
le connaissaient très peu jusqu’à présent. Pourquoi vergure avec le respect rigoureux du patrimoine. Dans tous les pro-
était-il important pour vous d’inscrire votre collection jets que nous avons menés ensemble [le Palazzo Grassi en 2006 et la
d’art contemporain dans un lieu chargé d’histoire, Punta della Dogana en 2009], Tadao Ando a toujours veillé à mettre
et non pas dans un nouvel édifice comme cela devait en lumière l’histoire et à créer des espaces forts qui s’inscrivent plei-
être le cas sur l’île Seguin ? nement dans notre temps et embrassent l’avenir. Pour la
Qu’un musée ouvre dans un nouvel édifice ou restauration et la transformation de la Bourse de
qu’il investisse un bâtiment classé, l’objectif est Commerce, il s’est associé avec deux jeunes
le même : créer un lieu dédié à l’art de la talents, Lucie Niney et Thibault Marca, de
manière la plus adaptée possible. Il n’y a l’agence NeM, et a collaboré étroitement
pas de modèle unique et c’est tant mieux,
car plus il y a de contextes différents,
«Pour l’inauguration, avec Pierre-Antoine Gatier, architecte en
chef des monuments historiques.
plus les artistes sont stimulés, plus le j’ai voulu une exposition J’ajoute que l’équipe s’est enrichie et
regard sur les œuvres s’enrichit… Un j’ai mis en œuvre de nouvelles collabo-
musée doit avant tout répondre à sa qui manifeste le désir rations. J’ai ainsi confié la conception
mission : présenter les œuvres dans
les meilleures conditions d’exposition
d’ouverture – à de nouveaux des mobiliers intérieurs et extérieurs à
Ronan & Erwan Bouroullec et le res-
et de visite. Il doit inspirer les artistes, horizons, de nouvelles taurant à Michel & Sébastien Bras.
sublimer les œuvres, être accueillant
pour le visiteur. À Venise et à Paris, cette sensibilités, de nouvelles De la Bourse de Commerce
vision s’exprime à la faveur du dialogue
entre architecture ancienne et art contem-
interrogations.» se dégage une écriture architecturale
très minimale. On sait que l’art minimal
porain. Un dialogue que l’architecte star est l’une de vos passions,
Tadao Ando sait instaurer avec maestria, tant les or il est absent de ce premier accrochage.
deux architectures «s’augmentent». Cela fonctionne Est-ce justement parce qu’il est intrinsèque
très bien, c’est une fusion entre le passé et le présent. Plus à cette architecture ?
encore, en ouvrant ces bâtiments mythiques à l’art, c’est aussi une S’agissant du minimalisme, l’architecture de la Bourse de Com-
façon de les restituer au public. merce parle d’elle-même. Pour l’inauguration, j’ai voulu une expo-
sition qui manifeste le désir d’ouverture – à de nouveaux horizons,
Ce projet semble esquisser une filiation constituée de fidélités de nouvelles sensibilités, de nouvelles interrogations – et témoigne
– à vos architectes, votre équipe, vos artistes –, qui porte du dynamisme de cette Collection. Il fallait que les lieux soient
au final un projet choral. Est-ce exact ? ouverts aux artistes que la Collection suit, pour certains, depuis des
Je vous répondrais qu’on ne change pas une équipe qui gagne ! décennies, pour d’autres, depuis quelques années. Plasticiens
Plus sérieusement, ma plus grande fidélité est celle que j’ai pour mon confirmés ou en devenir se côtoient, comme se côtoient les formes
projet culturel : partager ma passion pour l’art contemporain avec le d’expression, les esthétiques, les préoccupations. Il faut faire l’ef-
plus grand nombre. Un projet de cette ampleur ne peut pas se conce- fort d’écouter chaque voix si l’on veut se faire une idée de la richesse
voir sous le seul prisme de la fidélité. Il se trouve que je connais Tadao qui nous entoure.
QQQ
Beaux Arts I 63
AVANT-PREMIÈRE l COLLECTION PINAULT
Le toit de la Bourse
de Commerce offre
une vue imprenable
sur une tour
astrologique, dite
«colonne Médicis»,
seul vestige de
l’hôtel particulier
de Catherine
de Médicis.
Vous avez plus qu’activement participé à cet accrochage. ce nouveau musée. Inutile de dire que le contexte actuel rend encore
Vous en êtes le commissaire, en collaboration avec vos plus pertinente l’idée d’ouverture.
équipes. C’est la première fois que vous vous affirmez ainsi
face à votre Collection. Pourquoi ? On perçoit dans cet accrochage, et peut-être même dans
Le collectionneur s’affirme par les choix qu’il fait et les risques qu’il votre Collection si riche et multiple, deux axes quasi opposés.
prend. Une collection, c’est un regard. Faire un projet d’exposition à D’un côté la radicalité, qu’elle soit formelle ou intellectuelle,
partir de la Collection, c’est forcément prendre position par rapport et de l’autre un profond attachement à la figure et la condition
à ce regard, s’y confronter, et cela est très stimulant. Il s’agit de la seule humaine, ainsi qu’à des pratiques picturales qui s’inscrivent
exposition dont je suis le commissaire, même si j’ai toujours été très notamment dans une tradition et une certaine recherche
attentif à chaque étape des expositions présentées depuis 2006 – du de la beauté. Qu’en pensez-vous ?
choix des thèmes ou des artistes aux principes d’accrochage et de Encore une fois, cette Collection doit être en résonance perma-
scénographie –, et cela en étroite collaboration avec mon équipe. nente avec son temps. J’ai voulu qu’elle ne se limite pas aux seules
œuvres qui flattent mon goût, mais qu’elle s’ouvre à la création artis-
Cette première séquence de la Bourse s’appelle tique dans toute sa diversité. Les voies de la radicalité, de la
sobrement «Ouverture». Comment faut-il l’entendre ? recherche de la beauté et de l’engagement dans les réalités du
Pour son sens musical annonçant un crescendo ? monde ne sont pas contradictoires ! Ce sont des modes d’expression.
En écho aux violents débats qui agitent aujourd’hui Ce qui est encore plus intéressant, c’est la manière dont
le monde de l’art, autour de la question les artistes parviennent à influencer notre percep-
des femmes ou des minorités ? tion du monde qui nous entoure.
Derrière le jeu de mots, le terme «ouver- «L’œil, ça se
ture» renvoie à une idée précieuse : l’ouver- Dans un entretien, vous aviez
ture d’esprit, l’ouverture au monde. L’ou- travaille ! C’est déclaré vous considérer davantage
verture, c’est l’accueil, mais c’est aussi
l’humilité. C’est admettre qu’on ne sait
parce que j’ai vu comme un amateur d’art que
comme un collectionneur.
pas tout, qu’on ne peut pas tout, et que beaucoup d’expositions, Vous êtes pourtant l’un des
l’autre vient non pas nous mettre en plus grands collectionneurs
danger mais nous compléter. C’est visité beaucoup d’ateliers, d’art contemporain au monde.
accepter le risque de se remettre en
question et aller au-devant de ce qui
que je peux sans doute Quelle différence faites-
vous entre amateur d’art
nous inquiète. L’art même est une mieux mesurer la et collectionneur ?
école d’humilité, parce qu’il nous Je collectionne parce que je suis un
enseigne qu’on n’en a jamais fini avec la
puissance d’un travail amateur d’art. Ce qui m’anime, c’est
beauté du monde, ni avec ses zones artistique.» d’abord et avant tout l’émotion que me
d’ombre, et que nos vies, si passagères, ont procure une œuvre d’art bien plus que le
tout à gagner à embrasser le monde plutôt qu’à désir de possession. Quand j’acquiers une
prétendre le dominer. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de œuvre, c’est vraiment pour la partager.
64 I Beaux Arts
Vous passez beaucoup de temps dans les ateliers auprès Paris, avec ses musées, ses fondations – je songe notamment
des artistes, contrairement à certains collectionneurs à la fondation Cartier qui va s’installer au Louvre des
qui préfèrent ne pas les rencontrer. Vous avez même tenu Antiquaires –, ses galeries, propose une offre d’expositions
à ce que le public soit accueilli à la Bourse de Commerce unique au monde. Comment, en tant que collectionneur et
par les artistes eux-mêmes, en présentant un certain nombre président de Christie’s, envisagez-vous l’avenir de la capitale ?
de leurs autoportraits. Pourquoi est-ce si essentiel à vos yeux ? Je suis très optimiste. Peu de capitales au monde présentent une
La rencontre avec un ou une artiste peut être passionnante. Ou telle offre culturelle, à laquelle prennent part aussi bien l’État, la Ville,
pas. Si ce n’est pas le cas, cela n’est pas grave. À l’inverse, il faut tou- que les acteurs privés. Le marché parisien a su manifester un très beau
jours prendre garde à ne pas confondre la sympathie ou l’intérêt dynamisme, comme en témoignent l’installation de galeries étran-
qu’on peut éprouver à leur égard, et le jugement sur la qualité de leur gères et le développement des galeries françaises, mais aussi la place
œuvre. Lorsque les deux vont de pair, ce sont des moments uniques reconquise par les foires dans le paysage international. Concernant
– comme lors de mes rencontres avec Robert Ryman, impression- la Fiac, je tiens à saluer le travail accompli pour son renouveau par
nant à la fois par son intelligence et sa simplicité. C’est le cas aussi Jennifer Flay et Martin Béthenod. S’agissant de la création, je me
avec David Hammons, que je connais depuis plus de quarante ans. réjouis là encore de la vitalité de la scène française, qui possède depuis
Et de beaucoup d’autres heureusement. De ces derniers mois, je longtemps cette très grande qualité de réunir à la fois des artistes qui
garde par exemple le souvenir très vif de ma rencontre avec Xinyi sont nos compatriotes et des plasticiens venus d’ailleurs qui ont fait
Cheng, formidable jeune peintre chinoise travaillant à Paris, dans le choix de Paris et de la France. Tout cela produit une très belle effer-
le XXe arrondissement, ou de mes visites à l’atelier de Tatiana vescence à laquelle, je l’espère, la Bourse de Commerce prendra part.
Trouvé, à Pantin. Les directions récentes de son travail – que je suis C’est la mission que je lui ai assignée. n QQQ
attentivement depuis longtemps – sont plus qu’intéressantes.
Beaux Arts I 65
AVANT-PREMIÈRE l COLLECTION PINAULT
A
Amoureux du patrimoine et amateurs vant même d’y dévoiler une (petite) partie de
sa pléthorique collection d’art contempo-
d’architecture contemporaine seront rain, François Pinault aura réussi, avec l’ou-
subjugués. Tadao Ando, dont c’est verture de la Bourse de Commerce, une
66 I Beaux Arts
cylindre abaissé – il n’est qu’à regarder la première giga- a donc érigé un cylindre gris de 29 mètres de diamètre, La charpente
maquette qui avait été construite –, et le résultat sublimé. 9 mètres de haut, 50 centimètres d’épaisseur, constitué métallique de la
coupole a été
Au final, l’amoureux du patrimoine comme l’amateur d’ar- de tatamis de béton et ponctué de 863 trous de banche. conservée et une
chitecture contemporaine seront subjugués. Magie d’un Une œuvre en soi que l’on viendra découvrir en même nouvelle verrière
travail collectif. temps que les travaux d’artistes exposés en ces lieux. Plus a intégré des
qu’une architecture, ce cercle dans le cercle est une signa- produits verriers
Un cercle pur et quasi mystique ture, celle d’un virtuose des enceintes percées d’un petit
dont la technologie
améliore la
En vérité, Tadao Ando est un architecte paradoxal. Loué oculus. Cette fois, l’ouverture est grandiose, et sa verrière conservation
pour son minimalisme, voici qu’à la Bourse de Commerce, d’exception, restaurée avec maestria, donne à voir le ciel préventive
des décors peints
il a choisi d’en rajouter. Au lieu de dégarnir un bâtiment en même temps qu’une splendide fresque qui la ceinture :
et des œuvres
iconique de quelques-uns de ses éléments, il l’a démulti- une ode très XIXe siècle aux vertus du commerce entre les exposées.
plié, édifiant en écho à sa rotonde une sorte de pelure d’oi- cinq continents, faisant écho à la vocation initiale de l’édi-
gnon dont la pureté subjugue. Il s’en explique : «Par son fice. S’il est vrai que les musées se substituent parfois aux
caractère unique, la Bourse de Commerce a rendu pos- lieux de culte, ici la sacralité s’impose. «Au fil des heures,
sible la naissance d’une architecture qui n’aurait pu se des variations de la lumière et des ombres, un sentiment QQQ
trouver édifiée ailleurs.» Et de poursuivre : «Pour exploiter
au mieux la structure existante, j’ai imaginé une confron-
tation entre l’ancien et le nouveau, en traitant deux enti- Cinq siècles d’histoire
tés indépendantes qui ne seraient ni des mises à jour, ni 1574-1584 Construction pour Catherine de Médicis de sa résidence par
des ajouts superficiels. Je voulais faire naître un dialogue Jean Bullant. Il n’en subsiste que la tour astrologique, dite «colonne Médicis».
passionnant, et donner ainsi une nouvelle vie à l’édifice 1763-1766 Une halle aux blés est construite à cet emplacement par Nicolas
pour les siècles à venir. Afin de concrétiser cette idée, j’ai Le Camus de Mézières, architecte expert de Louis XV : un édifice avec cour centrale
dont il ne reste que le plan.
intégré une construction nouvelle dans un bâtiment his-
torique. L’ancien resterait tel quel et le nouvel espace s’y 1806-1813 Reconstruction de la coupole en fonte de fer par François-Joseph
Bélanger après l’incendie, en 1802, de la première coupole, en bois, datant de 1783.
insérerait à la façon d’une “architecture dans l’architec-
1885-1889 Henri Blondel entreprend la transformation radicale de la halle aux blés,
ture”. Sa puissance vient alors de sa pureté géométrique,
fermée en 1873, en bourse des marchandises. Il lui donne l’aspect actuel de l’édifice
de sa forme platonicienne.» inauguré, comme la tour Eiffel, pour l’Exposition universelle.
Une idée qui s’inscrit dans la lignée des autres projets
2020 Installation de la Collection Pinault. L’édifice a été restauré sous la direction
menés par le Japonais pour François Pinault à Venise, au de Tadao Ando, associé à l’agence NeM, qui partagent la maîtrise d’œuvre avec
Palazzo Grassi et à la Punta Della Dogana. À Paris, Ando Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques.
Beaux Arts I 67
AVANT-PREMIÈRE l COLLECTION PINAULT
Pris entre la
façade de 1889
et le cylindre
implacable
de béton gris,
le visiteur
peut choisir
de multiples
parcours.
mystique s’empare du lieu», confirme l’architecte Thi- avec vue panoramique sur l’église Saint-Eustache. À
bault Marca, associé avec Lucie Niney au projet global. Et droite du hall s’ouvre le «Salon», première salle et teaser
d’ajouter : «Tadao Ando parle de purification dans ce des accrochages en cours. Un vestiaire, des bancs de
cercle où totalité et néant se superposent.» Au point d’oser repos, une librairie et… le choc. Voilà que s’offre au regard
la comparaison avec Stonehenge dans ce cercle à l’oni- le cylindre, muraille dressée dans la lumière zénithale
risme pur et muet. déversée par la verrière.
Pour les visiteurs, le parcours débute à l’extérieur. L’an-
cien petit commissariat, sis sur la rue du Louvre, qui flan- Parcours libre avec vue sur tout Paris
quait la rotonde de ce qui fut autrefois une halle aux blés, «Il fallait que les visiteurs puissent embrasser d’un
abrite désormais la billetterie. L’entrée se fait plus loin, regard la totalité de l’espace pour en jouir, mais il fallait
dans le hall de la Bourse. À gauche, un escalier et un aussi, explique Lucie Niney, les aider à se repérer. Car un
ascenseur conduisent directement au troisième étage où espace circulaire désoriente toujours.» Un déambulatoire,
se situe le restaurant tenu par Michel & Sébastien Bras, large de cinq mètres, permet d’en faire le tour, et d’en sai-
68 I Beaux Arts
Il en naît un léger fumet antique – on se croirait dans
quelque arène romaine. Partout, une certaine retenue s’ex-
prime. En assurant la circulation autour du cylindre, les
espaces ont été dégagés des couloirs qui les coupaient en
deux autrefois. Ces couloirs ne subsistent que dans les ate-
liers pédagogiques, au premier et au troisième étage, dans
le restaurant. À leur place s’ouvrent désormais de majes-
tueuses salles d’exposition, dont une carrée.
Beaux Arts I 69
EXPOSITION l CITÉ DU DESIGN
Jusqu’au 21 février
inéma, théâtre, chanson, littérature… Aucun table de Katerina Kamprani, architecte et designer basée à
C
Rejuvenique
Electric Facial domaine n’échappe à ce que la télévision a Athènes. Double flûte à champagne, arrosoir à bec tordu,
Mask, 1999 baptisé l’«accident industriel». Quand l’in- fourchette molle, brosse à dents coudée… Ses objets anti-
Inventé par un succès frappe un objet passé par les arcanes fonctionnels, imaginés après des études en design indus-
dermatogue qui
avait juste oublié
du marketing et de la communication, son triel avortées, forment l’un des trois volets de l’exposition
de le tester avant sa revers, plus cuisant encore, interroge sur la nécessité d’un «Flops ! Quand le design s’emmêle», à la Cité du design de
commercialisation, bilan cognitif en coulisses. En matière de design, le bide ne Saint-Étienne. Outre ces «Inconfortables», les autres pans
ce masque de concerne pas les projets restés dans les tiroirs et les proto- de la manifestation s’intéressent aux «Introuvables» –
stimulation
électrique des types ; il épargne les ready-made, les objets fous d’artistes, variation autour du Catalogue d’objets introuvables de
muscles du visage les pièces uniques vendues en galerie et esquive les com- Jacques Carelman (1969), parodiant le catalogue Manu-
fut vanté à la télé mandes spéciales et privées. Sa cible préférée, c’est le pro- france – et aux «Improbables».
par Linda Evans,
duit de masse destiné au plus grand nombre.
star de Dynasty Électrostimulez-vous avec Linda Evans
et cyborg de la Designers et fabricants sont ici très chatouilleux. Évo-
chirurgie plastique. quer le moindre fiasco est tabou. Les uns avanceront qu’ils Cette dernière partie est alimentée par le Museum of
Insupportable étaient trop en avance sur leur temps, d’autres estimeront Failure [lire p. 74], fondé en 2017 par un psychologue sou-
à porter, inefficace,
cher, ce fut avoir simplement raté leur rendez-vous avec le succès. Pire : cieux d’analyser en quoi des objets innovants peuvent
un beau flop. le public n’était pas prêt. Non, en effet, le public n’était pas rater leur cible. Au-delà de l’échec esthétique, utilitaire,
prêt à manger les pâtes Man- commercial ou financier, il y a aussi la déroute d’une pen-
dala, dessinées en 1987 par Phi- sée, d’un projet, d’une conception. Avec en fil rouge, la
lippe Starck pour Panzani, qui question qui taraude tout le monde : mais comment ces
ne cuisaient pas à cause de leur objets ont-ils pu arriver sur le marché ? «Flops !» donne
forme en yin-yang. Idem pour ainsi à voir une flopée de flops. Certains enfoncent des
celles conçues par le designer portes ouvertes, comme les voitures DeLorean ou Ford
automobile Giorgetto Giugiaro Edsel, d’autres relèvent du gadget désastreux, tel le
pour Voiello (marque du groupe masque de beauté électronique Rejuvenique, vanté par
Barilla). Aucun avenir sinon à l’actrice Linda Evans (Dynasty) en 1999. Ou, en 2007, la
finir en colliers de nouilles pour Hawaii Hula Chair, fauteuil reproduisant des mouve-
la Fête des Mères. ments de hula-hoop censés «stimuler la conscience du
Ces deux bricoles édifiantes corps et le dynamisme tout en massant les organes
mériteraient de figurer dans la internes». Résultat : une veste, classée par Time Magazine
série loufoque The Uncomfor- comme l’une des 50 pires inventions. QQQ
70 I Beaux Arts
Katerina Kamprani
Twin Champagne Glasses,
série The Uncomfortable, 2015
Plus objet d’artiste pervers
que produit industriel pensé
par un designer affligé d’un
dédoublement de personnalité,
cette flûte à champagne
surréaliste est à ranger à côté
de la tasse à thé pour gaucher.
Beaux Arts I 71
EXPOSITION l LES FLOPS DU DESIGN
Ferruccio Laviani /
Kartell
Lampe de table
Take, 2002
Composée de deux
modules clippés-collés
en six points, traitée
en plusieurs coloris,
la lampe Take
se décollait au fur
et à mesure que
l’ampoule chauffait. Katerina Kamprani
Un fiat lux par défaut. The Uncomfortable
Chair, série The
Uncomfortable, 2012
Un exemple des
Utilisation problématique, usage malaisé : à quoi pen- flait à l’improviste. Coup de pompe fatal aux ventes. Tenu explorations menées
saient Patricia Urquiola et Eliana Gerotto quand elles des- pour un créateur génial, l’Italien Joe Colombo essuya pour- par la curatrice
de l’exposition «Flops !»
sinèrent la lampe Bague (2003) pour Foscarini ? Non seule- tant quelques flops, notamment avec les verres à whisky
et rassemblées
ment elle n’éclaire rien mais son volume supérieur au pied encoché d’un espace où glisser un pouce ou un dans le volet des
disproportionné et trop lourd la fait basculer et tomber. cigare pour fumer et boire de la même main. Produit en «Inconfortables».
D’autres projets comme les Tools for Life, un ensemble 1964 par le verrier Arnolfo di Cambio, Smoke boira la tasse.
mobilier de l’agence d’architecture OMA (Rem Koolhaas) Réédité voilà quelques années, son prix prohibitif est Vélo en plastique
pour Knoll présenté à Milan en 2013, resteront lettre morte indexé sur le denier du culte. Sur le terrain, il fut un temps Volvo Itera, 1981-1985
Tout en plastique
devant la porte de la mise en production. Aucune vente, où architectes et designers – Odile Decq, Rudy Ricciotti,
composite et fibre
rien. Les Ateliers Jean Nouvel feront, eux, les frais d’un bide Constance Guisset, Jakob+MacFarlane – se prenaient un de verre, ce vélo
du packaging avec les tablettes de chocolat suisse Cailler, Parpaing d’or, récompense cinglante elle-même liquidée suédois teinté dans
en 2006. Glissées dans un étui en plastique transparent QQQ la masse fut vendu
à 30 000 exemplaires,
«illustré», elles donnaient l’impression d’avoir fondu, livré en boîte
blanchi, moisi. Ulcéré, le distributeur Metro les retirera sans et à monter soi-même,
état d’âme des rayonnages. Autre gadin pur sucre, le avec pièces et outils
Macarré (2001), lancé par le traîteur-pâtissier Lenôtre dans manquants.
l’idée de casser le moule trop rond du macaron.
74 I Beaux Arts
Philippe Starck / Alessi
Bouilloire Hot Bertaa, 1987
Prolifique, la collaboration
entre Starck et Alessi ne fut pas
sans accident. Aussi peu
maniable et dangereuse
qu’une grenade dégoupillée,
la grosse Bertaa en est l’exemple
le plus cuisant.
L’EXPOSITION
«Flops ! Quand le design s’emmêle» jusqu’au 21 février
Cité du design • 3, rue Javelin Pagnon • 42000 Saint-Étienne
04 77 49 74 70 • citedudesign.com
Beaux Arts I 75
EXPOSITION l MO.CO. MONTPELLIER
Jusqu’au 4 avril
Insaisissables
et saisissantes années 2000
Que reste-t-il des années 2000 ? En s’appuyant sur la collection Cranford, réunie
depuis 1999 par Muriel et Freddy Salem à Londres, le Mo.Co. déroule les temps forts
de cette bouillonnante décennie, orchestrant de singuliers dialogues entre des
artistes qui ont façonné le début du millénaire.
e retourner sur la décennie 2000-2010 est un choses, suggère Nicolas Bourriaud. Et qui rend difficile
Isa Genzken
Orang-Utan
À travers
cet orang-outan
affublé d’une
couronne en
plastique et
d’une tenue
S exercice mémoriel acrobatique auquel se
risque avec mille précautions l’exposition du
Mo.Co., à Montpellier. Ses commissaires le
disent sans ambages : «Les années 2000 ne
sont pas encore identifiables», ni identifiées comme telles,
alors même que l’histoire de l’art a déjà bien condensé les
années 1980 et 1990. Alors qu’est-ce qui coince ? Pourquoi
toute thématisation de la production artistique de ces
années-là. L’exposition ne trace donc pas de fil conducteur
reflétant à lui seul un (pour l’heure) introuvable esprit des
années 2000. Elle fait mieux en faisant profil bas. D’une
part, selon le principe appliqué à chaque fois à l’Hôtel des
collections, elle ne présente que des œuvres issues d’une
seule et même collection privée. En l’occurrence, le Mo.Co.
d’apparat en tissu
synthétique,
ne sait-on pas en analyser les traces et évaluer leur portée ? a choisi 44 artistes et quelque 80 pièces parmi les 700 que
l’artiste Tout simplement parce qu’elles ne sont pas encore révolues ! comprend la collection Cranford, constituée par Muriel et
allemande singe «Les années 2000, on n’en est pas encore sorti», affirme ainsi Freddy Salem, à Londres, à partir de 1999. Le corpus est
avec humour Nicolas Bourriaud, le directeur du Mo.Co. De fait, ce qui sur- donc subjectif. Tout en étant conséquent, il ne prétend pas
les statues
que l’on érige git, entre 2000 et 2010, ce sont bien «tous les grands thèmes être tout à fait représentatif. On pourra ainsi estimer que
à la gloire qui nous préoccupent aujourd’hui» : «l’ultra-mondialisation les artistes français sont bien mal lotis puisque pas un ne
des hommes et la surcommunication, le développement exponentiel du figure dans la liste. D’autre part, renonçant à thématiser la
de pouvoir.
numérique et d’Internet», mais aussi l’émergence de la décennie, le show montpelliérain épouse une ligne de
2008, animaux
en peluche, plastique, Chine comme puissance économique, «l’idée d’un choc des conduite chronologique dont il tire profit au maximum en
peinture en aérosol, civilisations» au moment de la guerre en Afghanistan, sans réunissant dans une même salle des œuvres créées la
acrylique, métal,
tissu, MDF,
oublier les premières pandémies, comme celle du Sras dès même année. Une règle de présentation qui donne lieu à
175 x 100 x 130 cm. 2002, et la montée d’une prise de conscience du désastre des confrontations inattendues.
écologique qui menace la
planète (le mot «anthropo- Génération plurielle et décomplexée
cène», qui nomme l’impact Au seuil de l’exposition, une Maison de Louise Bourgeois,
désastreux de l’homme sur maquette grillagée renfermant des effets intimes, partage
son environnement, date l’espace avec Fuck Destiny de Sarah Lucas, un canapé-lit
de 2001). En somme, «la rouge défoncé posé sur un coffre en bois et traversé par des
décennie 2000 est intermi- néons fulgurants. Or, en 2000, la vénérable vieille dame est
nable». On y est encore. à l’apogée de sa carrière, tandis que la jeune Anglaise com-
Dès lors, impossible de mence à peine à se faire un nom dans la foulée des Young
prendre du recul. D’autant British Artists. «C’est comme si nous avions fait une expo-
plus que le nouveau siècle a sition sur les années 1920 en plaçant Claude Monet, qui
commencé sur une image peint à cette époque les Nymphéas, aux côtés d’André Bre-
sidérante, une déflagration ton, qui acte simultanément la naissance du surréalisme»,
sans précédent : les atten- explique Nicolas Bourriaud. Pour autant, ce rapprochement
tats du 11 septembre 2001, n’atteste aucun clash des générations. La veine cultivée par
dont l’onde de choc ne s’est l’une et l’autre artiste, laissant déborder des douleurs et une
toujours pas dissipée. On rage trop longtemps contenue, n’est étonnamment pas si
subirait un effet post-trau- éloignée. Vieux et jeunes, établis ou émergents, d’Edward
matique qui nous empêche- Ruscha à Kelley Walker, de Gerhard Richter à Abraham
rait de nous remémorer les Cruzvillegas, tous sont légitimes à incarner les années 2000. QQQ
76 I Beaux Arts
Cindy Sherman Untitled #419
Quels que soient l’habit et le masque qu’elle revêt, comme ici ceux d’un clown ou d’un pantin combinant les attributs de la femme
et de l’enfant, la reine de la métamorphose explore les questions de genre et d’identité avec une bonne dose d’extravagance.
2004, impression couleurs, 167,6 x 124,5 cm.
Beaux Arts I 77
EXPOSITION l LES ANNÉES 2000
78 I Beaux Arts
Beaux Arts I 79
RÉTROSPECTIVE l FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON
Du 19 janvier au 25 avril
Photographe
de la «capitale du rêve»
Des surréalistes parisiens à l’avant-garde new-yorkaise, il a été adulé par les plus grands.
D’abord marin, puis acteur, Atget se considérait avant tout comme un photographe
commercial. Mais ses images fascinantes de Paris à l’aube du XXe siècle n’ont pas fini
d’illuminer nos jours et de hanter nos mémoires. Portrait.
Par Emmanuelle Lequeux
C
À DROITE
«
ette énorme collection, artistique et fin cet acteur qui, «rebuté par son métier, effaça son
Kiosque à Paris, documentaire, est aujourd’hui ter- masque, puis se mit en devoir de démaquiller aussi le réel».
vers 1910
minée. Je puis dire que je possède Ses débuts dans la photographie remontent à 1888. Atget
Les images
d’Atget nous font tout le vieux Paris.» Qui était donc réalise alors des documents à destination des artistes. Pay-
voyager dans cet insensé, qui pouvait se targuer sages, végétaux, c’est un Karl Blossfeldt avant l’heure.
un Paris voué d’avoir mis la capitale en bouteille ? Eugène Atget est un Quand se crée la Commission du Vieux Paris, en 1897, l’idée
à disparaître,
personnage de roman qu’aurait pu inventer Honoré de Bal- le prend de photographier les quartiers anciens de la capi-
alors que la ville
mute vers zac : un photographe solitaire qui a traîné ses guêtres pen- tale, de témoigner de tous ces petits métiers promis à une
la modernité. dant des décennies dans les rues de Paris, pour en saisir rapide désuétude. Ce qui fera dire à l’écrivain Pierre Mac
les secrets les plus humbles, la beauté décrépie. De la cité Orlan, qui préface la première monographie en 1930 : «On
tout en dédales qui disparaissait sous les coups de boutoir rencontre là l’élite populaire, celle qui donne à la rue son
du baron Haussmann, il a arpenté les moindres recoins. histoire, ses angoisses et ses triomphes.» Un condensé, à ses
Sur l’épaule, sa lourde chambre à soufflet. De 1888 à 1927, yeux, du «fantastique social actuel». Balustrades de fer
il a ainsi produit des milliers de plaques photographiques. forgé, volutes d’escaliers, heurtoirs, enseignes et fontaines…
Un incomparable trésor, qui ressuscite aujourd’hui sous À partir de 1901, Atget commence à documenter systéma-
nos yeux l’esprit du Notre-Dame de Paris (1831) de Victor tiquement tous ces éléments décoratifs qui font Paris.
Hugo. Lutèce à son crépuscule, avant que ne se lève l’aube
moderne. Mais comment ce petit monsieur, qui passait L’explorateur des bas-fonds
comme une ombre d’arrière-cours en impasses, est-il La ville n’a aucun mystère pour lui. Il fouine dans les
devenu celui que le collectionneur et expert André hôtels délabrés du Marais, se glisse dans chaque église,
Jammes appelle le «père de l’Église de la photographie» ? Saint-Gervais, Saint-Roch, Saint-Sulpice… De boutiques de
Balzac ne s’étant pas attelé à la tâche, on en sait peu de vin de bourgogne en commerce de lingerie fine, il bat tous
la biographie d’Eugène Atget. Il n’a laissé quasiment aucun les pavés épargnés par l’urbanisme pragmatique que néces-
écrit, sa vie était à mille lieues de toute mondanité. Il est né site la révolution industrielle. Il saisit chaque pulsation de
à Libourne, en 1857, très tôt orphelin. On lui prête des la capitale. Faubourg Saint-Germain, Odéon, Saint-Ger-
débuts de marin, avant qu’en 1879, il n’entre au Conserva- main-des-Prés, Saint-André-des-Arts : le Quartier latin se
toire national de musique et de déclamation, rêvant de brû- détruit sous ses yeux, il le documente pas à pas. Maubert,
ler les planches. Il vivote en participant à diverses pièces l’île Saint-Louis, les entrepôts vinicoles de Bercy, le couvent
de théâtre, mais renonce vite à cette vocation. Enfin, pas des Carmes, les bords d’une Bièvre promise à l’enterre-
tout à fait, selon Walter Benjamin, qui fut parmi les pre- ment… Ce piéton de Paris ne connaît pas la fatigue. À la fois
miers à décrypter ces images, au début des années 1930. archéologue, ethnologue et flâneur, il pousse jusqu’à la
Aux yeux du théoricien allemand, Atget restera jusqu’à la «zone», au pied des fortif’ qui ceinturent Paris, dont il livre QQQ
80 I Beaux Arts
Beaux Arts I 81
RÉTROSPECTIVE l EUGÈNE ATGET
84 I Beaux Arts
Un coin de l’entrepôt de Bercy, rue Léopold, Paris XIIe, 1913
«Ce n’est pas pour rien qu’on a comparé les prises de vue d’Atget avec celles d’un lieu du crime, décryptait Walter Benjamin dans les années 1930.
Mais le moindre recoin de nos villes n’est-il pas un lieu du crime ? Les passants ne sont-ils pas tous des criminels ? Le photographe – successeur
de l’augure et de l’haruspice [devins du monde antique romain] – n’est-il pas celui qui dépiste la culpabilité sur nos images et identifie le coupable ?»
Comment
les écoféministes
régénèrent le monde
86 I Beaux Arts
Wangechi Mutu
Tree Woman
Mi-femme
mi-arbre, cette
amazone de
l’écoféminisme
ne compte pas
prendre racine
mais plutôt
donner l’assaut
d’une lutte vitale.
2016, pâte à papier,
terre, bois,
198 x 86,3 x 76,2 cm.
Beaux Arts I 87
EXPOSITION IMAGINAIRE l COMMENT LES ÉCOFÉMINISTES RÉGÉNÈRENT LE MONDE
N
ous vivons à l’époque du grand changement planétaire. Ce bouleversement, que
l’anthropologue et philosophe féministe Donna Haraway désigne sous le nom énig-
matique de «chthulucène», touche tous les êtres vivants et questionne notre rapport
au monde et à toutes les productions humaines. L’art – ses modes de créa-
tion, d’exposition, la place des artistes et le rôle de ses institutions – doit
La couverture être repensé à la lumière de ce bouleversement majeur. La présente exposition est une
du 13e numéro
tentative d’inventer un nouveau modèle : celui d’une projection imaginaire collective
de la revue
féministe conçue par l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions).
américaine Son engagement écologique, son féminisme, mais aussi la multiplicité des voix qu’elle
Heresies, paru fait entendre sont programmatiques.
en 1981, montre
l’éruption Comme le souligne la philosophe Émilie Hache, la modernité s’est construite sur le
catastrophique double processus d’exclusion des femmes et d’exploitation de la nature, sur la conviction
du mont Saint que les femmes sont inférieures car plus proches de la nature, et que celle-ci doit être
Helens, dans l’État exploitée en raison de sa féminisation. Le lien entre le féminisme et les luttes contre le
de Washington,
le 18 mai 1980. changement climatique, le patriarcat et le capitalisme, s’est construit très progressive-
La question du ment, à partir des années 1970, porté par des figures comme la philosophe Françoise
rôle des femmes d’Eaubonne et des activistes britanniques et américaines dans le contexte de la menace
pour la sauvegarde
de notre planète
nucléaire. Il a fallu d’abord remettre en cause le féminisme matérialiste tel qu’il s’était
y est abordée pour développé en France après la Seconde Guerre mondiale, sous l’influence de Simone de En 1980, la revue
la première fois. Beauvoir. Considérant qu’«on ne naît pas femme, on le devient», il cherchait d’abord à extirper les Sorcières consacre
femmes de leur relation présupposée «innée», et donc son 20e numéro
(illustré avec
dévalorisante, avec la nature. une sculpture
À l’intérieur de ces débats, l’art occupe une place de Bernadette
ambiguë. Le système capitaliste, basé sur l’industrie, Faraggi) à «la
a fasciné les avant-gardes du XXe siècle et rendu pos- nature assassinée».
Et acte la
sibles les excès que nous connaissons : la multipli- naissance de
cation des foires, biennales et méga-expositions dans l’écoféminisme.
le monde, qui engendre des flux exponentiels de per-
sonnes et d’œuvres. La capacité de l’art – production
culturelle par excellence – à s’inscrire dans un contexte
naturel et à agir en sa faveur reste donc à démontrer.
Guerilla Girls
10 Trashy Ideas about the Environment
«J’aime utiliser le plastique, en particulier pour créer
des œuvres sur l’environnement. Après tout, l’art est
éternel, le plastique aussi.» Une absurdité parmi tant
d’autres relevées avec malice par le collectif féministe.
1995, lithographie couleur dans un sac plastique, 33 x 22,8 cm.
88 I Beaux Arts
Des sorcières
d’un nouveau genre
CI-DESSUS
Ana Mendieta
Certaines artistes cherchent à sortir
Untitled
du dualisme nature/culture dès les
(Silueta Series, années 1970, en s’appuyant sur les croyances et spiritua-
Mexico) lités païennes, s’intéressant aux rituels de fertilité, et
Une silhouette s’appropriant l’image de la Terre-Mère ou de la Grande
féminine tombée Déesse qui symbolise l’énergie créatrice et sacrée de la
à terre, laissant
une empreinte
nature. Dans la série Silueta, Ana Mendieta imprime dans la terre la trace de son propre corps lors Pony Express
rouge vif à même d’un rituel filmé. Face à elle, se trouve Rzeźby dla Ziemi [Sculptures pour la terre], une pièce quasi Ecosexual
le paysage. contemporaine, réalisée par Teresa Murak à l’occasion d’une exposition en plein air en Norvège. Bathhouse
Entre body art Bienvenue dans
L’artiste polonaise a laissé une empreinte plus abstraite, en creusant une demi-sphère de 162 cm de
et land art, cette un monde virtuel
œuvre de l’artiste profondeur (soit sa propre taille) et en érigeant, à côté, un monticule aux mêmes dimensions. La délirant, où vous
américano- sculpture tellurique dela Portugaise Clara Menéres, Mulher-Terra-Viva (1977), complète cet pourrez réaliser
cubaine irradie ensemble avec un paysage foisonnant aux formes anthropomorphes et attributs sexuels féminins, vos fantasmes
de poésie. écolos sans tabou,
qui rompt avec les clichés de l’iconographie occidentale. La figure de la déesse apparaît aussi dans dans la boue,
1973-1977,
photographie couleur, l’œuvre de la Kényane Wangechi Mutu, Tree Woman [ill. p. 87], femme grandeur nature enveloppée le sauna
50,8 x 40,6 cm. de branches et de racines cueillies dans les environs de Nairobi, où se situe son atelier. Cette créa- post-capitalocène
ou la chambre
ture, à la fois séduisante et monstrueuse, défie toute catégorisation, célébrant les forces productives
des copulations !
de la nature tout en dénonçant l’objectivation des femmes africaines.
2016, performance.
EN HAUT À DROITE
Teresa Murak La vision idéalisée de la fusion entre corps féminins et terre nour-
Rzeźby ricière est remise en cause par la Nigériane Otobong Nkanga, qui utilise son propre
dla Ziemi corps comme métaphore de l’Afrique spoliée. Dans Alterscape Stories: Spilling Waste (2006), elle
Pionnière de se glisse dans la peau d’une déesse créatrice et destructrice, déversant dans le paysage des subs-
la performance,
l’artiste polonaise
tances toxiques. Avec son projet Ecosexual Bathhouse (2016), le duo Pony Express (Ian Sinclair &
fait émerger Loren Kronemyer) nous convie, quant à lui, à entretenir des rapports sexuels avec notre environ-
de la terre des nement à l’aide de nouvelles technologies, dans une tentative à la fois sensuelle et absurde de com-
sculptures munier avec lui. En réinterprétant le Printemps de Botticelli, chef-d’œuvre de la Renaissance ita-
éphémères
évoquant l’énergie lienne où le renouveau cyclique de la nature est incarné par une femme au ventre arrondi, la peintre
du cycle de la vie. française Apolonia Sokol invite des modèles transgenres à incarner une féminité libérée de tout
1974, performance. rapport à la fécondité. Elle dénonce ainsi la discrimination subie par les femmes trans mais aussi QQQ
Beaux Arts I 89
EXPOSITION IMAGINAIRE l COMMENT LES ÉCOFÉMINISTES RÉGÉNÈRENT LE MONDE
90 I Beaux Arts
CI-DESSUS
Apolonia Sokol À GAUCHE
À GAUCHE
Maria Pinińska-Bereś
Modlitwa o deszcz
L’artiste balise un fragment de territoire pour
se l’approprier et aborder les questions d’annexion,
de délimitation et de gestion de l’espace.
1977, performance.
QQQ
Beaux Arts I 91
EXPOSITION IMAGINAIRE l COMMENT LES ÉCOFÉMINISTES RÉGÉNÈRENT LE MONDE
Réparer
le vivant
Suzanne Husky nous invite à réveiller ce
«pouvoir-du-dedans» pour passer à l’action.
Sans être directement participatives, ses œuvres sont toujours le fruit
de collaborations avec des paysans, artisans ou militants. L’artiste
altermondialiste met en forme les conflits environnementaux en s’ins-
pirant de faits réels. Sa tapisserie Euro War Rug illustre les affronte-
ments entre les militants de la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-
des-Landes et les forces de l’ordre. La Noble
Pastorale (2016-2017), elle, met en scène un acti-
viste tentant de stopper une abatteuse forestière.
Autant de stratégies de résistance qui transpa-
raissent dans ses créations face à un système
néolibéral. Autre œuvre textile, The Leftovers
d’Otobong Nkanga dénonce l’extraction des
Suzanne ressources non renouvelables pour l’exportation. Les minerais d’Afrique subsa-
Husky harienne se métamorphosent en bijoux une fois arrivés en Europe, tant et si bien
Euro War Rug que là d’où provient la richesse, il ne reste que des trous en guise de parures. «Ni
La traditionnelle la Terre ni les femmes ne sont des territoires à conquérir», écrit sur les murs de
tapisserie est La Paz le collectif féministe bolivien Mujeres Creando, s’opposant à l’emprise
ici détournée
pour représenter d’un système patriarcal, colonial, raciste et écocide.
un face-à-face
entre militants Ces artistes écoféministes rendent visibles les
de la ZAD (zone
à défendre)
enjeux de pouvoir au cœur de la notion de paysage,
de Notre-Dame- marquant de ce fait une rupture avec une histoire de l’art dans laquelle celui-ci
des Landes et était un outil visuel – lié à la beauté et au sublime – dans un rapport de domi-
forces de l’ordre.
Les activistes
s’opposaient
à la construction CI-DESSUS
de l’aéroport Otobong Nkanga The Leftovers
du Grand Ouest, Sur un fond aux couleurs de l’azurite
un «grand projet et de la malachite, ce drôle de biijou
inutile» – dont le prix à payer est celui de
finalement l’épuisement des ressources naturelles
abandonné en Afrique – montre ces béances.
en 2018. 2017, tissus, 165 x 250 cm.
2015, tapis en laine,
CI-DESSOUS
266 x 196 cm.
Céline Pelcé & Tiphaine Calmettes
En grattant la terre
CI-CONTRE j’ai trouvé mon empreinte
Mujeres Plus qu’un dîner-performance
Creando en sept tableaux, un nouveau rituel
«Ni la tierra, pour réveiller notre instinct sauvage
ni las mujeres et partager des terres consommables.
somos territorio 2019, dîner-performance au Paris Art Lab.
de conquista»
«Ni les femmes
ni la terre ne sont nation à la nature. Elles recentrent notre point de vue sur ce que le théoricien
des territoires
Nicholas Mirzoeff nomme des «stratégies de contre-visibilité émancipatrices».
à conquérir»,
clame le collectif La poétesse et performeuse Kathy Jetñil-Kijiner dénonce dans Monsters
féministe (2017) et Anointed (2018) les conséquences sanitaires et climatiques des essais
bolivien sur les nucléaires américains dans les îles Marshall dont elle est originaire. Près de 70
murs de La Paz
depuis 1992. bombes ont été larguées entre 1946 et 1958, et plus de soixante ans plus tard,
Ce slogan résonne le niveau de radioactivité dans la zone provoque toujours fausses couches et
dans toute malformations de fœtus. Double condamnation pour ce paysage aux périphé-
l’Amérique latine,
ries de la modernité qui menace de disparaître avec la hausse du niveau des
conceptualisant
le «territoire mers liée au réchauffement climatique, et que l’artiste défend jusqu’aux ins-
corps-terre». tances des Nations unies, lors du sommet sur le climat, en 2014. Militante pour
92 I Beaux Arts
Ágnes Dénes
Tree Mountain-
A Living
Time Capsule-
11,000 Trees,
11,000 People,
400 Years
Entre sciences,
philosophie
et éthique, Ágnes
Dénes est cette
artiste capable
de faire planter
11 000 arbres
en spirale sur
les flancs d’une
colline artificielle
en Finlande après
avoir fait pousser
un champ de blé
à Manhattan.
1992-1996,
impression couleur,
91,5 x 91,5 cm.
la justice climatique, elle a par ailleurs cofondé Jo-Jikum, une organisation non gouvernementale
formant les jeunes aux enjeux écologiques.
Créer des images agissantes, telle était déjà la quête d’Ágnes Dénes, pionnière de l’art écologique
dans les années 1960. Chacune de ses œuvres est une tentative de réponse pragmatique à un pro-
blème d’origine humaine, conférant à l’art une fonctionnalité par nécessité. Il en va ainsi de Tree
Mountain-A Living Time Capsule-11,000 Trees, 11,000 People, 400 Years, projet de reforestation sur
un site mis à nu par l’activité minière en Finlande. La politologue Joan Tronto et la militante des
droits civiques Berenice Fisher définissent le fait de prendre soin – le care en anglais – comme l’acti-
vité de «maintenir, perpétuer et réparer notre monde de telle sorte que nous puissions y vivre aussi
bien que possible ». Réparer le monde c’est aussi réparer l’histoire, celle qui a placé sous silence de
nombreuses cosmogonies au profit d’une modernité universelle. I Was Born on the Ice est le titre du
poème de la conteuse, artiste, actrice et interprète d’uaajeerneq (une danse du masque groenlan-
daise) Laakkuluk Williamson Bathory : «On nous a arraché nos histoires de tant de façons qu’elles
ne peuvent être les nôtres que si nous les racontons.»
94 I Beaux Arts
CI-DESSUS
Annie Sprinkle & Beth Stephens Dirt Bed
Le duo américain invente des rituels pour célébrer
son union avec la terre dont il est épris.
2012, performance avec Holly Faurot and Sarah Paulson,
au Grace Exhibition Center, à New York.
À GAUCHE
Chen Qiulin The Garden No. 2
Des vendeurs de fleurs sillonnant la ville en perdition ou
comment mêler recherches esthétiques et travail documentaire.
2007, photographie, 118,4 x 148 cm.
awarewomenartists.com
Beaux Arts I 95
LIVRE
96
I
Beaux Arts
Cherchez
l’artiste
On connaît l’appétence d’Hitchcock
pour le caméo, c’est-à-dire l’art
d’apparaître furtivement dans
ses propres productions. Mais
cette pratique a un long passé
pictural, comme le raconte l’historien
et romancier Pascal Bonafoux
dans un ouvrage érudit et jubilatoire,
Autoportraits cachés. Zoom avant,
de la Renaissance au XXe siècle.
Benozzo Gozzoli
Procession des Rois mages [détail]
1459-1460, fresque du mur est de la chapelle des Mages,
du Palazzo Medici-Riccardi, Florence.
Péché d’orgueil ?
L’identification du peintre ne laisse planer ici aucun doute.
Non seulement Benozzo Gozzoli s’est représenté plusieurs fois
dans la chapelle des Médicis à Florence, mais il a aussi apposé
sa signature sur son bonnet rouge. Oui, c’est bien lui, au milieu
de la procession de Balthazar, qui nous fixe d’un air circonspect,
comme pour signaler l’incongruité de notre présence dans cet
espace prestigieux dévolu aux Rois mages. L’homme en habit noir
à dos de mulet (signe de son humilité) est Cosme de Médicis.
Devant lui se trouve son fils Pierre, dont
le cheval porte le blason de la famille sur
son harnachement. À l’arrière, les jeunes
fils de ce dernier, Laurent et Julien.
Plus haut, l’artiste lui-même arbore
sur sa coiffe l’inscription latine
opus benotii, «l’œuvre de Benozzo».
Jamais avant Giotto (1267-1337)
un peintre n’aurait osé revendiquer
ainsi son statut d’artiste.
Beaux Arts I 97
LIVRE l AUTOPORTRAITS CACHÉS
L’
artiste est là, au beau milieu de la foule. Il
fixe le spectateur dans les yeux, l’interpelle.
Dès que l’on croise son regard, impossible de
l’ignorer. On ne voit plus que lui. Lui, le
peintre qui s’est représenté dans son propre
tableau, comme s’il avait pu assister à l’histoire qu’il
raconte. À la joie d’avoir su le débusquer s’ajoute la fasci-
nation de cette intrusion de la réalité dans la fiction. Pour-
quoi s’incruster dans l’image ? Par pure vanité ? Pour adres-
ser un message aux initiés qui sauront le reconnaître ou
faire un pied de nez aux commanditaires ? Parce que le
peintre, complice du spectateur, invite celui-ci à se plon-
ger et se perdre lui aussi dans un morceau de peinture ? Ou
peut-être espère-t-il gagner l’éternité en se représentant
ainsi, à jamais indissociable de son œuvre ? L’historien de
l’art, commissaire d’expositions et romancier Pascal Bona-
foux a fait des autoportraits cachés dans les tableaux une
obsession. Dans un ouvrage stimulant pour l’œil et l’esprit,
il nous livre le fruit de ses recherches et celles de ses
confrères qui, au terme d’enquêtes parfois laborieuses,
sont parvenus à repérer dans les œuvres du passé les
visages plus ou moins bien dissimulés de leurs auteurs.
Les exemples sont nombreux. Certains sont célèbres :
Raphaël en jeune disciple de philosophie dans l’École
d’Athènes (où il donne à Platon les traits de Léonard et à
Héraclite ceux de Michel-Ange), Véronèse en joueur de
viole de gambe dans les Noces de Cana (en compagnie de
ses contemporains et rivaux Tintoret, Titien et Bassano),
Van Eyck dans le minuscule reflet du miroir des Époux
Arnolfini… Les cas les plus anciens remonteraient à l’Anti-
quité grecque. Le peintre Apelle se serait ainsi peint lui-
même dans un portrait de Campaspe, la maîtresse
d’Alexandre le Grand. Mais aucun élément tangible ne
permet à ce jour de l’affirmer avec certitude.
98 I Beaux Arts
Hans Memling
L’Adoration des Rois mages [panneau central]
Vers 1470, huile sur bois, 95 x 145 cm.
Beaux Arts I 99
Diego Rivera
Sueño de una tarde dominical en la Alameda Central
1947, huile sur bois, 470 x 1 560 cm.
L’enfant géant
de l’épopée
mexicaine
Gloire nationale, figure
de proue du muralisme
(mouvement pictural né
à la suite de la révolution de 1910
et inspiré de la tradition murale James Ensor
précolombienne), Diego Rivera Les Cuisiniers dangereux
se lance en 1947 dans une fresque 1896, huile sur bois, 38 x 46 cm.
monumentale réunissant les figures
emblématiques de l’histoire du Mexique.
On reconnaît dans ce Rêve d’une promenade d’un dimanche
La vengeance est un plat
après-midi sur l’Alameda (un jardin public du centre de poisson froid
de Mexico) le conquistador Hernan Cortés (qui découvrit
le Mexique en 1519), un Aztèque au dos lacéré par des coups Décapité, le visage prolongeant le corps d’un hareng prêt
de fouet, le révolutionnaire Emiliano Zapata à cheval, à être servi à table, James Ensor rejoue l’un des grands
la Calavera Catrina, reine de la fête des morts dans classiques de l’histoire de l’art, qui met en scène la tentatrice
des habits à la mode européenne, la main gauche posée Salomé réclamant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plateau
sur le bras du graveur José Guadalupe Posada (qui lui donna pour le festin d’Hérode. Mais ici, la victime, c’est lui, l’artiste,
la vie), la droite dans celle d’un gamin joufflu… qui n’est cible de commentaires acides et injustes. Les critiques qu’il
autre que Diego ! L’artiste s’est représenté comme l’enfant exècre sont d’ailleurs à l’arrière-plan, serviette autour du cou,
de cette histoire, avec à ses côtés son épouse Frida Kahlo, prêts à le dévorer, certains vomissant déjà leur bile. Le
elle aussi connue pour ses autoportraits sans concession. cuisinier qui sert le repas est l’avocat et critique d’art Octave
Maus, fondateur du cercle avant-gardiste du groupe des XX
dont Ensor fit partie. L’autre est Edmond Picard, jurisconsulte
et l’un des fondateurs (avec Octave Maus et
Émile Verhaeren notamment) de la revue
l’Art moderne. Il fait frire à la poêle
(dans une sauce tomate évoquant
un bain de sang) la tête du peintre
belge Guillaume Vogels. Une pique
acerbe à l’attention de ceux qui
édictent les règles. Quant au choix
du poisson, il n’est pas anodin,
puisqu’il renvoie à un jeu de mots
dont il avait été victime. Mais l’art
d’Ensor réduit à un «hareng saur»
devient ici le symbole de sa persécution.
100 I Beaux Arts
I
Beaux Arts 101
LIVRE l AUTOPORTRAITS CACHÉS
Otto Griebel
Norman Rockwell
L’Internationale
Christmas Homecoming
1928, huile sur toile, 124 x 185 cm.
1948, huile sur toile.
102 I Beaux Arts
Beaux Arts I 103
EXPOSITION l FONDATION CARTIER POUR L’ART CONTEMPORAIN
Jusqu’au 7 mars
Les mondes
infiniment petits
et immenses
de Sarah Sze
Jouant avec les échelles, de la vaste trajectoire du soleil jusqu’à la vie
cellulaire observée au microscope, l’artiste américaine investit la fondation
Cartier avec deux installations spectaculaires. Où elle encapsule notre
petite planète à la manière d’un univers en suspension et à fragmentation.
P
lus la fenêtre est étroite, plus on peut Sarah Sze commence sa carrière en 1997-1998, alors
«
voir loin», pensait Gaston Bachelard. qu’elle est encore étudiante, en détruisant les murs de l’es-
C’est de son atelier new-yorkais que pace que lui a confié le centre d’art new-yorkais P.S.1. Il n’y
Sarah Sze a regardé l’espace. Et c’est à a cependant jamais chez elle de destruction qui ne soit aus-
la fondation Cartier que l’on peut s’y sitôt constructive et destinée à remplir l’espace ainsi occupé
promener. On y trouve un parcours destiné à l’émerveille- par des émotions plus riches et des expériences nouvelles.
ment, même si la plupart des éléments qui le constituent Elle construit des paysages éphémères en vue de prome-
font ordinairement l’objet d’indifférence ou de crainte. nades vivantes : «J’essaie de créer pour le visiteur un envi-
Sarah Sze reste délibérément une artiste classique, tout en ronnement où ses sens sont actifs afin de lui offrir un état
travaillant avec des matériaux très modernes et sur des de découverte permanent. C’est cela le merveilleux. Ce
sujets d’actualité. Sous l’influence d’une famille d’archi- moment où vous trouvez quelque chose […], cette manière
tectes, et ayant fait des études de peinture, elle accorde un dont l’œuvre vous emmène de l’extérieur vers l’intérieur,
primat à l’architecture, en s’abstenant de la dissocier de ce puis dans le monde… J’essaye de comprendre comment
qui lui paraît nécessaire à la rendre complète, la peinture l’œuvre va vous faire sentir plus vivant.»
et la sculpture. Combinant les disciplines, elle les traite
conjointement sans jamais les confondre. Tendre des fils Des installations pour cheminer
en structures cristallines bleues constitue pour elle un Le parcours n’étant pas fléché, on y déambule comme
geste pictural. Tout comme créer un espace par la sculpture dans une construction monumentale du passé, à cette dif-
est un acte d’architecture qui, repris à son tour par l’image, férence près qu’il n’y a ici aucun point focal à la gloire de
s’apparente à de la peinture d’architecture… Un exercice quelque Puissance ou vers lequel on se sentirait contraint
déjà pratiqué au Quattrocento par Piero della Francesca. de se diriger. Comme le suggérait le poète Antonio Machado,
«Bien que le mélange des médiums soit important pour «il n’y a pas d’autre chemin que l’acte de cheminer».
moi, ce qui m’intéresse, explique-t-elle, c’est de savoir ce L’homme moderne s’était caractérisé par sa conquête de
qu’une discipline fait mieux qu’une autre : une sculpture l’Espace, qui lui inspire fascination et peur à la fois,
prend de l’espace, une peinture en donne.» puisqu’il s’agit de la seule réalité du monde qu’il ne peut QQQ
Twice Twilight
Reflet d’une vie qui se transforme en permanence et que nos propres communications modifient sans cesse,
cette installation multimédia nous propulse dans une dimension spatiale indéfinie, sans début ni fin.
Des recoins s’entrouvrent au sein d’un ensemble plus vaste qui se reproduit de manière quasi fractale. Seule certitude
pour le visiteur : la bienveillance de l’artiste-démiurge qui l’a placé dans cet environnement nouveau.
2020, bois, acier inoxydable, acrylique, vidéoprojecteurs, tirages jet d’encre, céramique, dim. variables.
Vue de l’exposition «De nuit en jour» à la fondation Cartier, à Paris.
104 I Beaux Arts
Beaux Arts I 105
EXPOSITION l SARAH SZE
Beaux Arts I 107
EXPOSITION l SARAH SZE
Triple Point En encapsulant notre monde comme une poupée russe, pendule en mouvement. Quand on observe le centre, on
(Pendulum) Twice Twilight fait passer de l’extérieur à l’intérieur de la ne peut manquer de remarquer des images réfléchissantes
Représentant fondation Cartier, au moyen de films et d’images projetés qui flottent vers le bord. Dans cette périphérie s’aperçoivent
les États-Unis
à la biennale sur son architecture d’acier et de verre. Il en ressort une les rejets de la société industrielle dessinant un amas d’élé-
de Venise en 2013, confusion sans désagrément entre le réel et son reflet. Dès ments, pareils à un anneau de Saturne.
Sarah Sze avait les premiers pas, tout commence à se réduire. Un projec-
conçu son
teur central fait office de planétarium. En s’en approchant, La beauté de l’humain et de l’artificiel
pavillon comme
un lieu le visiteur découvre un autre intérieur, puis un autre plus S’inscrivant dans la série Timekeeper que Sarah Sze a
d’observation et petit, et ainsi de suite jusqu’à atteindre l’échelle de sa propre inaugurée en 2015, ces deux installations sont une œuvre
d’expérimentation main. Pendant ce temps d’immersion, son corps et celui de d’espérance fondée sur la possibilité matérielle de vivre et
en direct.
Où les objets
ces voisins sont filmés et projetés. Ils deviennent ensemble de trouver encore des beautés sur une planète que nous
tentaient des silhouettes à l’intérieur de l’espace. Les existences phy- avons cruellement et dangereusement altérée. Il ne s’agit à
de devenir des siques fusionnent avec les numériques, dessinant peut-être aucun moment d’un travail philosophique, sociologique
instruments les prémices d’un répertoire pour écosystèmes architectu- ou politique, mais d’une appréhension émotionnelle d’un
de mesure
et de raux du futur. La visite n’est pas linéaire. Des recoins s’en- monde à la fois humain et artificiel, devenu chaque jour
modélisation trouvrent sur de petits habitacles individuels presque cha- plus distant et plus proche. Il y a là une manière assez spé-
de l’Univers. leureux. Ils sont les cellules d’un ensemble plus vaste qui cifiquement féminine de s’emparer de l’univers technique,
2013, technique mixte, se reproduit à divers niveaux. Des passerelles semblent monumental, conceptuel dont les hommes s’étaient arrogé
dim. variables.
Vue du pavillon réfléchir les images de quelque lanterne magique destinée l’apanage tant dans la vie réelle que dans la sphère artis-
américain de la aux enfants. Ce ne sont en réalité que les reflets changeants tique. Sarah Sze ne réclame pas, ne revendique pas, mais
biennale de Venise.
d’une vie qui se transforme en permanence et que sa propre montre qu’une autre voie, sans doute plus vivable, est pos-
communication modifie. sible. Elle le fait sans violence, depuis sa petite fenêtre. Avec
La seconde pièce Tracing Fallen Sky est conçue comme cette capacité unique d’y voir de vastes espaces qu’elle
un bassin de Narcisse, dont le périmètre est dessiné par un construit avec la longue-vue de son imaginaire. n
108 I Beaux Arts
Poke (Times Zero)
Présentée cet été à la galerie
Gagosian (Paris), cette œuvre
fait référence à un film
de Charles & Ray Eames,
Powers of Ten (1968), qui traite
de la mesure de l’infiniment
grand et de l’infiniment petit,
et de la façon dont nous
essayons de nous situer entre
les deux. Dans Poke, Sarah Sze
enrichit la nature des images
en les superposant et
les assemblant en un grand
nombre de parties composites.
Des projections de peinture
recouvrent la surface
et semblent créer l’illusion de
mondes ou d’espaces-temps
encore plus profonds.
2020, huile, acrylique, polymères,
encre, aluminium, papier, graphite,
Dibond et bois, 187,3 x 124,8 x 7 cm.
Beaux Arts I 109
© Colette Dupriez (Lille, 1945-Milan, 1998), Variazione simultanea-détail, 1985, acrylique et collage sur toile, inv. 2009.1.7
musée de Cambrai - 15, rue de l’Épée - F-59400 Cambrai - tél : +33 3 27 82 27 90 www.villedecambrai.com
ouvert de 10h à 12h et de 14h à 18h du mercredi au dimanche à tous les publics musee.cambrai@wanadoo.fr
N O 439 Janvier 2021
MUSÉES
& CENTRES D’ART
112
Quoi de neuf ?
113
Le musée du mois
114
Les expositions en France
GALERIE
120
Nos coups de cœur
L’ENFANCE DE L’ART
122
Bêtes de scènes artistiques
Marc Chagall
La Paix ou l’Arbre de vie, 1974
118
Chagall, du patchwork aux vitraux
Les magnifiques vitraux réalisés par Marc Chagall pour la cathédrale de
Metz sont mis en lumière par le Centre Pompidou lorrain. Une rétrospective
qui permet de découvrir d’autres réalisations d’art sacré, comme cet
Arbre de vie imaginé pour Sarrebourg, dont voici une étonnante étude.
Beaux Arts I 111
L’ACTUALITÉ DES MUSÉES & CENTRES D’ART par Françoise-Aline Blain
Quoi de neuf ?
1 Deux Gauguin rejoignent
le musée de Pont-Aven
Le fonds du musée de Pont-Aven (Finistère) s’enrichit chaque année de nouvelles œuvres.
Parmi les dernières acquisitions, deux zincographies (un procédé de gravure sur zinc)
réalisées par Paul Gauguin pour une exposition du groupe impressionniste et synthétiste
au Café des Arts de monsieur Volpini à Paris, en 1889. Deux œuvres appartenant à une
série de onze formant la «Suite Volpini». Deux manquent désormais au musée breton pour
la compléter : les Cigales et les fourmis et Bretonnes à la barrière. Mais ce n’est pas tout,
la collection permanente s’est également enrichie d’un bois gravé d’Armand Seguin,
Trois Bretonnes avec enfants (1894), et d’une huile sur toile les Clairin et les Correlleau
en pique-nique à Lezaven (1924) de Pierre-Eugène Clairin. museepontaven.fr
Giambattista Tiepolo
Junon au milieu des nuées,
Paul Gauguin Les Drames de la mer – Une descente dans le maelström vers 1735
2 3
et Pastorales – Martinique, 1889
112 I Beaux Arts
MUSÉES
MUSÉES l l EXPOSITIONS
LE MUSÉE DU MOIS
Samara Scott
The Doldrums, 2020
u BORDEAUX• CAPC
Beaux Arts I 113
MUSÉES
MUSÉES l l EXPOSITIONS
EXPOSITIONS
114 I Beaux Arts
© Santiago Borja, Humo, 2016 / Design graphique : Caroline Pauchant, 2021
06. 02
> 19. 09. 2021
LE QUADRILATÈRE∕BEAUVAIS
22, rue Saint-Pierre, 60 000 Beauvais
03 44 15 67 00 ∕ culture.beauvais.fr GRAND LARGE —HAUTS-DE-FRANCE
TOXICTOYS
16.10.20
> 27.06.21
Champion
Métadier
© JOËL ANDRIANOMEARISOA . 2020
Alain Fleischer
Le Regard des morts, 1998
116 I Beaux Arts
2021
MUSÉE
www.sortiradole.fr
85 rue des Arènes
DE DOLE
JOURNAL
www.facebook.com/museedole
www.musees-franchecomte.com
renseignements : 03 84 79 25 85
D´UN PEINTRE
PROLONGATION
JUSQU’AU 16 MAI
DES BEAUX-ARTS
de
du
CUECO,
Henri Cueco, Autoportrait aux cacahuètes, 2002 (détail) - Collection particulière © David Cueco - Service communication - Alan Giboudeaux
www.musee-soulages-rodez.fr
Machines de production
GILLES BARBIER
Gilles Barbier, Some of the most popular and effective Anti-Adhesives 2011, Gouache noire sur papier 123 x 189 cm, Collection privée; Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris © Jean-Christophe Lett Conception graphique : Julie Pradalié
MUSÉES
MUSÉES l l EXPOSITIONS
EXPOSITIONS
EN BREF
Par Stéphanie Pioda
Mulhouse / Kunsthalle
L’exposition proposée par Leïla Couradin
reprend le titre d’un roman de Milan Kundera,
la Fête de l’insignifiance, dans lequel
l’auteur traite de sujets sérieux avec la plus
grande légèreté. Ainsi, la Kunsthalle garde
l’esprit de l’écrivain et invite des artistes
à percer le mystère de l’existence humaine,
autour de thématiques comme le kitsch
et l’humour, l’identité et l’altérité, la matérialité
du monde et l’ironie de l’histoire. L’exposition
est proposée dans le cadre de la Régionale,
programme trinational annuel.
«La fête de l’insignifiance – Régionale 21»
jusqu’au 10 janvier • 16, rue de la Fonderie
68100 • 03 69 77 66 47 • kunsthallemulhouse.com
118 I Beaux Arts
LE FRESNOY
CONCOURS 2021
APPLICATIONS
LE FRESNOY
CONCOURS
APPLICATIONS
Martine Aballéa
Boris Achour
John Armleder
Silvia Bächli
Julie Béna
Carole Douillard
Ernest T.
Richard Fauguet
Hans--Peter Feldmann
Hans
Esther Ferrer
Emmanuelle Lainé
Louise Lawler
Lefevre Jean-
Jean-Claude
Micah Lexier
Hanne Lippard
Hanna Putz and
Sophie Thun
Patrick Raynaud
Silvana Reggiardo
Pierre--Lin Renié
Pierre
LE FRESNOY
Irma Blank
Eva Eszter Bodnar
Antonio Gallego
Dora Garcia
Marie--Ange
Marie
Peter Liversidge
Gilles Mahé et
Jean--Philippe Lemée
Jean
Rafaël Rozendaal
Jean--Jacques Rullier
Jean
Matthieu Saladin
studio national des arts contemporains
Inscription en ligne www.lefresnoy.net
Alighiero Boetti
Louise Bourgeois Guilleminot Genêt Mayor Yvan Salomone
Raymond Hains Allan McCollum Seth Siegelaub
Marie Bourget Helene Hellmich Alfred Stieglitz
Date limite 22 avril 2021, 14h
Sophie Calle Annette Messager
David Horvitz Aleksandra Mir Stilinović
Mladen Stilinović
Hsia--Fei Chang
Hsia Pierre Huyghe Jonathan Monk Batia Suter
Claire Chevrier
Information et visite 10 mars 2021, 14h
Fabrice Hyber Mrzyk & Moriceau Eva Taulois
Claude Closky Ana Jotta Julien Nédélec Niele Toroni
Delphine Coindet Véronique Joumard Valère Novarina Endre Tót
LE FRESNOY
Pays de la Loire. Jusqu’au 04 juillet 2021, au Frac, 44470 Carquefou
STUDIO NATIONAL DES ARTS CONTEMPORAINS
www.fracdespaysdelaloire.com images Olivier Cheval, Rose Minitel et Mélissa Medan, Loïc a mal au cœur
EN BREF
GALERIES l EXPOSITIONS Par Stéphanie Pioda
120 I Beaux Arts
Slavs and Tatars
Villa Arson Nice
E xp os i t i on
MUSÉE
MANDET
RE
Riom (63)
’Ê T
D
G IO N S
É R
Prolongation
jusqu’au
14.02.2021
villa-arson.org
Slavs and Tatars, Dunjas, Donyas, Dinias, 2012, fibre de verre, acier, 52 × 30 × 25 cm
L’ENFANCE DE L’ART Par Malika Bauwens
122 I Beaux Arts
05.12.20
18.04.21
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presse artistique
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VS 2018
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EXEMPLAIRES/MOIS
Source OJD 2018
63 430 400 000 lecteurs/mois
EXEMPLAIRES/MOIS
Source OJD 2017 dont 223 000 lecteurs Premium
NE MANQUEZ PAS LES RÉSULTATS DE NOTRE ÉTUDE
DE RÉFÉRENCE ONE NEXT INFLUENCE 2020 DE L’ACPM
124 I Beaux Arts
LE CALENDRIER DES EXPOSITIONS
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13, rue de Téhéran • 75008 Musée des Beaux-Arts Palais des Beaux-Arts Musée d’Art moderne et AMSTERDAM
01 45 63 13 19 25, rue Richelieu • 62100 Place de la République • 59000 contemporain de Saint-Étienne Rijksmuseum
galerie-lelong.com 03 21 46 48 40 • calais.fr 03 20 06 78 00 Rue Fernand Léger Museumstraat 1
David Hockney – Ma Normandie Peintures des lointains pba.lille.fr 42270 • 04 77 79 52 52 +31 20 6747 000
Jusqu’au 27 février Voyages de Jeanne Thil Open Museum #6 Music mamc.saint-etienne.fr rijksmuseum.nl
Jusqu’au 28 février Jusqu’au 11 janvier Déjà-vu – Le design Ed van der Elsken
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6, rue Jacques Callot CARQUEFOU LIMOGES Jusqu’au 22 août Willem Diepraam
75006 • 01 53 10 85 68 Frac des Pays de la Loire Musée des Beaux-Arts Hors-série Beaux Arts Jusqu’au 10 janvier
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Du 22 janvier au 13 mars de la collection du Frac LYON Julie Legrand From Thonet to Dutch Design
des Pays de la Loire Musée des Beaux-Arts Jusqu’au 17 janvier Jusqu’au 21 mars
Galerie Marian Goodman Jusqu’au 4 juillet 20, place des Terreaux • 69001
79, rue du Temple 04 72 10 17 40 • mba-lyon.fr TOURS Van Gogh Museum
75003 • 01 48 04 70 52 CHAMBÉRY Picasso – Baigneuses CCC OD Museumplein 6 • +31 20 570 52 00
mariangoodman.com Musée des Beaux-Arts et baigneurs Jardin François Ier • 37000 vangoghmuseum.nl
Robert Smithson Place du Palais de Justice • 73000 Jusqu’au 3 janvier 02 47 66 50 00 Van Gogh Inspires
Jusqu’au 9 janvier 04 79 33 75 03 • chambery.fr Hors-série Beaux Arts cccod.fr Jean-Luc Mylayne
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Du 22 janvier au 13 mars par les esprits Musée Jean Couty Olivier Debré et les artistes
Jusqu’au 4 avril 1, place Henri Barbusse • 69009 architectes ROTTERDAM
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18, rue du Bourg-Tibourg CLERMONT-FERRAND museejeancouty.fr Hors-série Beaux Arts Museumpark • Westzeedijk 341
75004 • 01 53 01 99 76 Musée d’Art Roger-Quilliot Robert Doisneau +31 10 4400 300 • kunsthal.nl
nathalieobadia.com (MARQ) Jusqu’au 11 avril VILLENEUVE-D’ASCQ Black Album / White Cube
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Jusqu’au 23 janvier clermontmetropole.eu MARSEILLE 03 20 19 68 68 SINGAPOUR
Joël Andrianomearisoa Mucem musee-lam.fr SINGAPOUR
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13, rue Chapon 13002 • 04 84 35 13 13 Jusqu’au 16 mai West Lawn • 18 Marina Gardens
75003 • 01 40 29 07 20 DOLE mucem.org Drive • +65 6420 6848
galeriepapillonparis.com Musée des Beaux-Arts Folklore ÉTRANGER orient-express.com
Frédérique Loutz 85, rue des Arènes Jusqu’au 22 février Once Upon a Time
Du 5 janvier au 27 février 39100 • 03 84 79 25 85 ESPAGNE on The Orient-Express
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Galerie Vallois Cueco – Journal d’un peintre Musée Félix Ziem Guggenheim Bilbao Hors-série Beaux Arts
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01 46 34 61 07 13500 • 04 42 41 39 50 +34 944 35 90 00 SUISSE
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Jusqu’au 30 janvier 02 41 51 45 11 • fontevraud.fr Jusqu’au 31 janvier +41 61 206 62 62
Hors-série Beaux Arts MADRID kunstmuseumbasel.ch
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Martine et Léon Cligman Centre Pompidou-Metz Centro de Arte Reina Sofía Jusqu’au 14 février
AIX-EN-PROVENCE Ouverture du musée le 19 décembre 1, parvis des Droits de l’Homme Calle Santa Isabel, 52 Isa Genzken
Fondation Vasarely 57020 • 03 87 15 39 39 +34 91 774 1000 Jusqu’au 24 janvier
1, avenue Marcel Pagnol GRASSE centrepompidou-metz.fr museoreinasofia.es
13090 • 04 42 20 01 09 Musée international Le ciel comme atelier Mondrian y De Stijl RIEHEN/BÂLE
fondationvasarely.fr de la Parfumerie Yves Klein et ses contemporains Jusqu’au 1er mars Fondation Beyeler
Hors-série Beaux Arts 2, boulevard du Jeu de Ballon Jusqu’au 1er février Baselstrasse 101
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Place Saint-Jean de Malte Jusqu’au 7 mars Mo.Co. Hôtel des collections +352 22 50 45 Roni Horn
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Pharaon, Osiris et la momie Musée de Grenoble moco.art Jusqu’au 31 janvier Jusqu’au 16 mai
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Les Tanneries Jusqu’au 14 mars Jusqu’au 4 avril Limmatstrasse 270
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Jusqu’au 21 février 99, rue Paul Bert • 62300 20, avenue Stephen Liégeard 3 Park Dräi Eechelen Jusqu’au 21 février
03 21 18 62 62 • louvrelens.fr 06100 • 04 92 07 73 73 +352 45 37 85 1
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Gustav Klimt 04 90 54 47 37 Musée Camille Claudel Jusqu’au 5 avril Jusqu’au 21 février
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Hors-série Beaux Arts Jusqu’au 24 janvier museecamilleclaudel.com
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Peindre la musique Jusqu’au 24 janvier Meunier, Dalou, Rodin... calendrier@beauxarts.com
Jusqu’au 24 janvier Hors-série Beaux Arts Jusqu’au 7 mars
Beaux Arts I 125
Musée Jean Couty
Les Pains de Picasso, Vallauris, 1952 © Atelier Robert DOISNEAU - © Succession Picasso 2020
ROBERT DOISNEAU
Portraits d’artistes et vues de Lyon
CIRCUIT COURT
Le Soulages de Senghor
sera vendu à Caen
Pierre Soulages
Peinture 81 x 60 cm,
3 décembre 1956
1956, huile sur toile, 81 x 60 cm.
Estimation :
800 000 € à 1 M€
128
L
a première fois que je vis un tableau de Pierre Soulages, ce fut un choc. Je reçus
«
ELLE FAIT L’ACTU
au creux de l’estomac un coup qui me fit vaciller, comme le boxeur touché qui Floriane de Saint Pierre,
soudain s’abîme. C’est exactement la sensation que j’avais éprouvée à la première vue chasseuse d’Amis
d’un masque Dan. Ce n’est pas un hasard, les peintures de Soulages me rappellent toujours
129
les peintures, voire les sculptures négro-africaines. C’est le même mépris de toute vaine
élégance, la même évidence qui s’impose, la même saisie du spectateur à la racine de la vie»,
écrit Léopold Sédar Senghor (1906-2001) dans les Lettres nouvelles, en 1958. Le poète, écrivain
et futur président de la République du Sénégal ne cachait pas son admiration pour le peintre LA TRIBUNE
de l’Outrenoir. Un an plus tôt, il épousait en secondes noces Colette Hubert, une Normande. D’ÉLISABETH DELACARTE
Et s’offrait un tableau de Pierre Soulages, choisi dans l’atelier de l’artiste. Une toile de 1956 «En galerie, les prix
qu’il installera chez lui à Verson, dans le Calvados. Une commune à laquelle le chantre de sont stables et la passion
la négritude restera très attaché, au point d’y passer les dernières années de sa vie, aux côtés constante»
130
de son épouse, qui s’est éteinte l’an dernier.
132
en a décidé autrement. Tout le village de Gonneville-en-Auge, près de Verson, où elle réside,
se souvient encore avec émotion de Senghor qui y inventa même le terme de «normandité».
«La cliente a voulu vendre le tableau dans son contexte historique. La provenance normande
apporte une plus-value incroyable à cette œuvre, exposée à plusieurs reprises, mais qui BIENTÔT SOUS LE MARTEAU
n’est jamais passée sur le marché», défend la jeune commissaire-priseuse Solène Lainé de la Les ventes à ne pas manquer
134
maison Caen Enchères. C’est elle qui tiendra le marteau le 23 janvier pour vendre le Soulages
de Senghor, assistée de l’experte Agnès Sevestre-Barbé. La peinture est estimée à peine 1 M€,
mais ce n’est qu’un prix d’appel. Le marché devrait en vouloir pour bien plus cher. A. M.
Beaux Arts I 127
POLITIQUE CULTURELLE l LES ACTEURS
D
musée de la maison Bonaparte à Ajaccio. ans l’univers feutré de la mode, 15 œuvres d’artistes de la scène française.
la discrète Floriane de Saint Manière de soutenir les plasticiens,
Pierre est connue de tous. particulièrement éprouvés par la crise.
Françoise Adamsbaum
Elle a créé la collection de montres Dénicheuse de talents, elle a créé «Cette année marquera un tournant
d’artistes Lito et la galerie Keza à seulement 26 ans un cabinet de dans l’histoire des Amis du Centre
à Paris, en 2008. Elle prend la «chasseurs de têtes», implanté à Paris, Pompidou grâce à la remarquable
direction du musée international d’Arts New York et Milan. Depuis cet été, mobilisation et générosité de nos
modestes de Sète (Miam) / Association c’est elle qui est aux commandes membres et donateurs en ce moment
de l’art modeste, après en avoir été de la Société des Amis du Centre si particulier», insiste la présidente.
vice-présidente pendant plus de dix ans.
Pompidou, 800 membres au compteur.
Redoutablement efficace, l’association Aider à la production d’œuvres
Christian Caujolle est le premier mécène du musée Comment, toutefois, envisager l’avenir
Le cofondateur de l’agence VU’, national d’Art moderne, auquel elle en cette période d’incertitude ? La force
qui a été directeur artistique a offert cette année, en dépit de la crise, de collecte de l’association épaulera-t-
des Rencontres de la photographie une centaine d’œuvres. Valeur estimée : elle différemment le musée épuisé
d’Arles en 1997, est nommé conseiller 2,5 millions d’euros… soit davantage financièrement par les longues
artistique de la galerie du Château d’eau
que son budget annuel d’acquisition. semaines de fermeture ? «Aujourd’hui,
à Toulouse, créée en 1974 par le photographe
toulousain Jean Dieuzaide (1921-2003). Floriane de Saint Pierre n’est pas arrivée nous faisons des acquisitions car elles
à la tête de cette cohorte par hasard. permettent d’aider les artistes et de
Fille de collectionneurs (d’art tchèque, donner les moyens au musée d’avoir
Nicolas Gourault des années 1950 à aujourd’hui), elle s’est la plus belle collection au monde,
Il a reçu le prix StudioCollector à son tour prise de passion pour l’art explique Floriane de Saint Pierre. Il est
2020 pour son film VO. Créé contemporain, réunissant un ensemble important pour nous de maintenir
par les collectionneurs Isabelle pointu de travaux de femmes artistes. cette participation à “l’écosystème”.
& Jean-Conrad Lemaître en 2008 et doté
Membre depuis 2017 d’un groupe Mais nous pouvons faire davantage.
de 6 000 €, cette distinction récompense
depuis 2007 un étudiant du Fresnoy- 1964
d’acquisition de ces fidèles Nous aidons déjà la recherche, nous
Studio national des arts contemporains Naissance à Loudéac supporters du musée, elle pourrions aussi soutenir les expositions,
(Tourcoing), repéré lors de l’exposition (Côtes d’Armor). connaît le fonctionnement ou encore contribuer à la production
annuelle «Panorama». 1984
de l’association pour en d’œuvres en fonction des besoins
Entre à la direction
financière de la maison avoir assumé les fonctions du musée.» Déterminée, cette native
Loucia Carlier Christian Dior. d’administratrice des Côtes-d’Armor, à qui François
Diplômée de l’École nationale 1985 et de secrétaire générale. Pinault (lui aussi breton) a remis la
supérieure des Arts décoratifs, Diplômée de l’Essec.
1990
Pourtant, c’est en pleine crise Légion d’honneur en 2007, entend
la jeune artiste est lauréate de
Ouvre le cabinet de du Covid-19 qu’elle a relevé d’abord rester à l’écoute du musée.
la 7e bourse Révélations Emerige. À la clé,
conseil en recrutement le gant pour succéder Et élargir le cercle des Amis, qui compte
entre autres, une dotation de 15 000 € dans le domaine du luxe à Léopold Meyer, parti pour
pour réaliser une exposition personnelle déjà de nouveaux adhérents pour 2021.
Floriane de Saint Pierre
à la galerie parisienne Art : Concept. & Associés. des raisons personnelles. L’association devrait aussi capitaliser
2011 Parmi les urgences, il a fallu sur la forte expérience du numérique
Down
Fonde Ethics & Boards, gérer le report du traditionnel de sa nouvelle présidente pour accélérer
place de données
dîner de gala prévu au sa digitalisation et multiplier son offre
sur la gouvernance
des entreprises printemps, celui qui engendre de contenus. «Ce qui plaît aux Amis,
cotées en bourse. la plus grosse levée de fonds, c’est la dimension intellectuelle du
2012 et qui n’a finalement pas eu musée et la qualité de ses conservateurs»,
Agnès Thurnauer Crée la plateforme
digitale Eyes on Talents,
lieu. Tous les participants ont assure-t-elle. Soit un appétit pour
Elle poursuivait en justice été convaincus de renoncer des nourritures plus intellectuelles
dédiée à la recherche
Thu-Van Tran – nommée au prix de profils management au remboursement et que terrestres. Sophie Flouquet
Marcel Duchamp 2018 – pour et créatifs.
le plagiat de son œuvre Matrice. L’artiste d’accepter que les sommes
2020
franco-suisse a été déboutée de l’accusation Présidente des Amis (entre 10 000 et 12 000 €
par le tribunal judiciaire de Paris. du Centre Pompidou. la table) servent à acquérir
128 I Beaux Arts
MARCHÉ l LES ACTEURS
L’œil
La tribune de… de la collectionneuse
S
i les maisons de ventes aux enchères s’intéressent depuis de nombreuses années lyrique des années 1950.
aux arts décoratifs, le nombre de vacations s’intensifie et les prix s’envolent, À leur époque, la façon
avec des records liés notamment à la dispersion de collections prestigieuses qui de collectionner était bien différente :
on ne parlait pas du tout de marché de l’art.
ont pour nom Pierre Bergé & Yves Saint Laurent, Jacques Grange ou encore Félix Marcilhac.
La plupart des foires internationales
À une tout autre échelle, ma propre collection, mise en vente chez Artcurial en 2014, n’existaient pas ou n’en étaient qu’à leurs
a été un succès pour les artistes que je représente : les pièces débuts. La rencontre avec les artistes était
ont toutes trouvé preneur et le plus souvent à des prix bien essentielle. Il s’agit donc d’une passion
supérieurs à ceux de la galerie. Les créateurs vivants connaissent familiale que je perpétue avec mes deux fils.
donc une réussite croissante en ventes publiques. Il y a
une grande complémentarité entre ces deux marchés. Les lots Quel a été votre premier achat ?
Et comment se sont guidés vos choix ?
proposés aux enchères sont des pièces de seconde main,
J’ai acheté un tableau de Philippe Cognée,
réalisées par des artistes connus, et qui ont déjà eu une vie quand il n’était pas encore représenté
chez des particuliers. Parce qu’elles ont une clientèle variée par la galerie Templon : une sublime
et internationale, les maisons de ventes contribuent au peinture sur bois fidèle à sa technique de
rayonnement des artistes français à l’étranger. Pour cette l’encaustique à la cire d’abeille mélangée
raison, leur travail est incomparable et nécessaire à la vitalité aux pigments, recouverte d’un film
plastique puis chauffée au fer à repasser.
du marché. Et leurs catalogues, avec des photos des meubles
Le sujet lui était très personnel puisqu’il
en situation, sont très inspirants pour les amateurs d’art. s’agissait de son espace de vie : une pièce
à la décoration sobre composée d’un poêle
D’un côté, le goût du risque, à bois noir et d’un sofa blanc. À mes débuts,
de l’autre, un échange humain j’achetais beaucoup de peintures pour
Les vacations d’art décoratif contemporain se multipliant leur pouvoir ornemental. Avec le temps,
à un rythme effréné, allons-nous, galeries et salles de ventes, je m’intéresse à la valeur spirituelle
et culturelle des œuvres, mais aussi
continuer à nous compléter sur des parts de marché distinctes
au propos des artistes, je crois beaucoup
ou devenir de réels concurrents ? Des collectionneurs achètent en leur capacité d’anticiper les
ainsi des pièces encore disponibles en galeries à des prix changements majeurs de la société
beaucoup plus élevés en salles des ventes, et ce sans bénéficier – avec, je dois l’avouer, un intérêt
de nos prestations de service. Prenons l’exemple de la table particulièrement sensible pour les artistes
Fleurs d’Hubert Le Gall : proposée dans ma galerie à 13 600 €, femmes. Je me rends souvent aux
Hubert Le Gall
expositions, car, selon moi, le musée reste
Lampadaire elle a été adjugée 33 800 € chez Artcurial en mai dernier !
la principale source d’inspiration du
Odilon Le rapport du client-collectionneur avec l’œuvre et l’artiste collectionneur. L’art nourrit l’esprit et va
2016, bronze patiné, est tout autre selon qu’il achète sur un coup de cœur aux jusqu’à donner un sens à sa vie.
édition de 8 ex.
+ 4 épreuves d’artiste,
enchères – avec un rapport plus financier et un certain goût
h. 185 cm. du risque – ou dans une galerie qui suit les créateurs qu’elle Vos derniers coups de cœur ?
Adjugé 77 200 €
porte sur le long terme, dans l’échange humain et la passion Le merveilleux et minutieux travail
en octobre 2019
chez Christie’s, constante. Si les ventes publiques contribuent à affiner la cote d’Eva Jospin et ses forêts sculptées
à Londres. dans le carton, mais aussi d’autres envies
des artistes, les prix y fluctuent aussi beaucoup, jusque
En vente
autour des créations d’Amélie Bertrand,
dans l’irraisonnable. De notre côté, les prix sont stables Nicolas Daubanes, Marion Verboom,
à 20 000 €
à la galerie
et nous pouvons offrir de belles opportunités à nos clients. Clément Bagot, Abdelkader Benchamma,
Avant-Scène Avec l’évolution de la commercialisation online, les galeries Bianca Biondi, Vojtěch Kovařík,
doivent se réinventer et élargir leur clientèle, qui n’est Klara Hosnedlova, Zhanna Kadyrova,
plus constituée uniquement de fidèles clients mais aussi Justin Fitzpatrick, Nú Barreto ou encore
de nouveaux collectionneurs à solliciter. Ornaghi & Prestinari.
Beaux Arts I 129
MARCHÉ l LA COTE DE L’ART
Chers Olmèques
Homme-jaguar
À l’honneur jusqu’au 25 juillet
au musée du quai Branly, à Paris, Personnage debout
900-400 avant J.-C. (au cours
l’art olmèque du Mexique fascine du préclassique moyen),
serpentine vert-brun foncé,
le public. Mais mieux vaut avoir gravure rehaussée par
de l’aquarelle imitant le cinabre
des moyens considérables pour d’origine, h. 13 cm.
C
onsidérée comme la mère des sociétés mésoaméricaines, la civilisation olmèque
(1600-400 av. J.-C.) a précédé les Mayas (de 250 à 950 de notre ère), les Aztèques Objet votif
(de 1300 à l’arrivée des conquistadors), ainsi que d’autres cultures moins Hache gravée
connues du grand public, comme le Veracruz classique, les Toltèques ou les Huastèques. Vers 1200-400 avant J.-C.
(au cours du préclassique
Déployés le long du golfe du Mexique, les Olmèques ont largement influencé les moyen), pierre grise
productions artistiques de leurs suiveurs, jusqu’au Costa Rica. Sont à découvrir des et cinabre, h. 18,3 cm.
Galerie 1492, Paris.
pièces exceptionnelles – notamment une statuaire monumentale d’une insigne beauté –,
> Autour de 20 000 €
prêtées par les plus grandes institutions mexicaines. «Près des trois quarts des
300 pièces réunies sont présentés pour la première fois en Europe», se réjouit le musée
du quai Branly. «C’est un art admirable, très recherché, mais il y a peu d’objets sur
le marché et ils sont financièrement inabordables», résume de son côté le marchand
Bernard Dulon, dont le père était un grand collectionneur d’art précolombien.
Heureusement pour les amateurs, deux galeries parisiennes – Mermoz et 1492 – proposent
parfois quelques pépites olmèques à saisir, à condition d’en avoir les moyens.
pour un petit masque pendentif. Le prix augmente avec la taille, mais pas seulement. > Adjugé 44 700 € le 20 mars 2018,
«Les sculptures en jadéite rappelant la couleur de l’eau (symbole de renaissance) à Drouot (Binoche & Giquello), Paris
sont plus onéreuses – du simple au double – que les objets en serpentine, pierre
qui n’a pas la translucidité du jade, ni sa brillance, souligne l’expert Jacques Blazy.
Les collectionneurs chinois, pour lesquels le jade est un matériau sacré, en sont fous.
Ils font monter les prix sur le marché depuis quatre ans, jusqu’à plusieurs millions
d’euros pour un masque exceptionnel en jadéite.» Dans la statuaire, les «baby faces»,
des personnages joufflus aux babines de félin, plaisent beaucoup également : comptez
jusqu’à 500 000 € pour une grande pièce de 40 cm. Enfin, la céramique olmèque
de couleur noire lustrée (parfois avec un engobe blanc) présentant un dépôt de cinabre
imitant le sang atteint également des sommets. Si l’on trouve des petites «Vénus»
à moins de 5 000 €, le bestiaire retient l’attention des aficionados : vases funéraires
en forme de hiboux, toucans et autres oiseaux… mais aussi félins et poissons qui peuvent
s’envoler jusqu’à 100 000 € ! A. M.
130 I Beaux Arts
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et gouache sur papier, pour
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la couverture initiale de l’album couture
le Lotus bleu, 34 x 34 cm. Robe brodée
Estimation : 2 à 3 M€ de franges
de perles
Yves Saint Laurent
et Zizi Jeanmaire Collection
printemps-été 1969.
photographiés
par Jean-Luce Huré, Estimation :
en 1992. 3 000 à 5 000 €
132 I Beaux Arts
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134 I Beaux Arts
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paraîtra Collections & copyrights
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Rubrique Actualités : Françoise-Aline Blain © The Josef and Anni Albers Foundation / ADAPG, Paris / Photo Tim Nighswander /
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Rubrique Expositions : Emmanuelle Lequeux
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Rubrique Marché de l’art : Armelle Malvoisin * (27) Courtesy October Gallery, Londres / Photo Jonathan Greet. P. 53 Courtesy El Anatsui et
Responsable éditoriale : Solène de Bure * (09)
Chroniqueurs : Philippe Trétiack et Céline Saraiva October Gallery, Londres / Photo Andy Keate. Coll. et © MACAAL. © Nazanin Pouyandeh /
Responsable de production : Charlotte Ullmann * (14) Courtesy galerie Sator, Paris. P. 54 Pinault Collection / © Jeff Koons. Coll. et © Centre
[Architecture], Claire Fayolle et Pierre Léonforte Pompidou, musée national d’Art moderne, dist. RMN-GP / Georges Meguerditchian /
Chef de produit partenariats & éditions : Lea Schiavo * (11)
[Design], Selvane Mohandas du Ménil [Mode], © Haus-Rucker-Co. Collection particulière / Photo Dennis Bouchard. P. 55 © Nick Verstand.
Responsable gestion & diffusion : Florence Hanappe * (06) © Taysir Batniji. © Photo Nadine Fraczkowski. P. 56 © Foundation for Photography and
Jacques Morice [Cinéma], Florelle Guillaume
Chargée de diffusion : Amélie Fontaine * (04) Media Art Archive with the Michael Schmidt Archive. Courtesy Zanele Muholi et Stevenson,
et Charlotte Ullmann [Culture numérique], François Le Cap-Johannesbourg, et Yancey Richardson, New York. © Sebastiao Salgado. P. 57 © Jean-
Cusset [Philo], Alain Passard [La cuisine de l’art], Fabrication Marie Périer / Photo 12. Coll. et © discothèque Radio France. Coll. Abboudi Bou Jawde,
Nicolas Bourriaud, Malika Bauwens [L’enfance de l’art], Photogravure : Key Graphic, Paris, et Litho Art New, Turin Beyrouth. © Peter Knapp / Courtesy Condé Nast. P. 58 Collection particulière / © Lynette
Yiadom-Boakye. © Matthew Barney / Courtesy Gladstone Gallery, New York et Bruxelles.
François Olislaeger [La visite en BD] Imprimé en France (printed in France) par Aubin, Ligugé Coll. et © musée du Louvre, Paris, dist. RMN-Grand Palais / Photo Hughes Dubois.
Secrétaires de rédaction : Stéphanie Damiot Imprimé sur Artipress 75 g/m2, produit par P. 59 © Yayoi Kusama / Courtesy Ota Fine Arts, Tokyo, Shanghai, Victoria Miro, Londres et
Kabel Premium, Allemagne David Zwiner, New York, Paris. © JR-art.net. Collection privée / © Photo Manolo Mylonas.
et Muriel Naudin Coll. musées d’Art et d’Histoire, Genève / Photo Flora Bevilacqua. P. 60-61 © Photo Patrick
Commission paritaire : 1123 K 84 238 Tourneboeuf. P.62 © Photo Maxime Tétard. P. 63 © Photo Patrick Tourneboeuf.
Ont également participé à ce numéro
Numéro ISSN : 0757 2271 P. 64 © Photo Vladimir Partalo. P. 65 © Photo Maxime Tétard. P. 66 © Photo Patrick
AWARE, Mathilde Bonniec, Natacha Carron Vullierme, Tourneboeuf. P. 67 © Photo Marc Domage. P. 68 © Photo Patrick Tourneboeuf. P. 69 © Photo
Judicaël Lavrador, Stéphanie Pioda Comptabilité Maxime Tétard. © Photo Patrick Tourneboeuf. P. 70 Coll. Museum of Failures / © Jake Ahles.
Malik Bennini * (05) P. 71 © Katerina Kamprani. P. 72 © Kartell. Coll. Museum of Failures / ©Sofie Lindberg. Coll.
Département artistique Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris / © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand
assisté de Judith Nana Menani * (07) Palais / Georges Meguerditchian / © Agence Patrick Jouin ID. Coll. Centre Pompidou,
Direction artistique : Bernard Borel * (17)
9, boulevard de la Madeleine • 75038 Paris Cedex 1 MNAM-CCI, Paris / © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe
Création graphique : Ingrid Mabire * (29) Migeat / © Philippe Starck. P. 73 © Bettmann / Getty Images. © Kartell. © Katerina
malik.bennini@beauxarts.com
Iconographie Kamprani. Coll. Museum of Failures / © Sofie Lindberg. P. 74 © Keystone-France. Coll.
Comptabilité expertise Museum of Failures. Coll. Museum of Failures / ©Sofie Lindberg. Coll. Museum of Failures /
Alexandra Buffet * (36), Laurène Flinois * (37), ©Sofie Lindberg. P. 75 Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris / © Centre Pompidou,
Pierre Morio * (35) assistés d’Emma Marchand Dauphine Expert • 19, rue du Général Foy MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost / © Philippe Starck. P. 76 Courtesy
75008 Paris • 01 73 54 12 20 • fax 01 73 54 12 36 galerie Buchholz, Berlin, Cologne, New York. P. 77 Courtesy de l’artiste et Metro Pictures,
Marketing & diffusion New York et Sprüth Magers, Berlin, Londres, Los Angeles. P. 78 © Damien Hirst / Photo
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Séverine Saillard * (13) de la Ville de Paris. / © Bibliothèque historique de la Ville de Paris/Roger-Viollet. P. 84 Coll.
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1 an mensuel print + 4 hors-séries : 100 € Monopol, Cracovie. Coll. Mac/Val-musée d’Art contemporain du Val-de-Marne / Photo
(au lieu de 120 €) et ingénierie culturelle Jacques Faujour. P. 92 Courtesy galerie Alain Gutharc, Paris. © Mujeres Creando. Courtesy
Point Parole, l’agence des guides conférenciers Otobong Nkanga, Lumen Travo Gallery, Amsterdam et galerie In Situ / Fabienne Leclerc,
1 an mensuel print + web + 4 hors-séries : 120 €
en histoire de l’art Romainville. Photo Rebekka Deubner. P. 93 © Ágnes Dénes / Courtesy Leslie Tonkonow
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presse. P. 127 © OVV Cane-enchères. P. 128 © MCC. Photo D.R. © Janus van den Eijnden.
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