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ECONOMIE GENERALE 1

IUT TC Montpellier
2016 / 2017

Laurent Granier
laurent.granier@umontpellier.fr
1
OBJECTIFS
• Comprendre le raisonnement économique

• Situer les principales théories et leurs auteurs

• Comprendre la notion de choix rationnels dans un univers où


les ressources sont rares

• Comprendre les mécanismes fondamentaux de la concurrence


2
PLAN DU COURS

Introduction : le raisonnement économique

1. Histoire de la pensée économique

2. Le circuit économique

3. Notions de microéconomie

3
ORGANISATION DU COURS

• Diaporama disponible sur l’ENT

• Exercices disponibles sur l’ENT et corrigés en TD

• Peu de prises de notes : écouter, poser des questions, comprendre et


annoter quelques informations pour retrouver le raisonnement

• Examens :

• TER en milieu de semestre : QCM

• Examen final de semestre : exercices avec questions de compréhension

4
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
• Economie générale :
ème
- J. E. Stiglitz , C. Walsh et J-D. Lafay.  Principes d’économie moderne, 3 édition, De
Boeck, 2011.
ème
- D. Calmels et E. Maurus. IUT L’essentiel du cours Economie DUT GEA et TC, 2
édition, Nathan, 2012.

• Microéconomie :

- B. Guerrien. Dictionnaire de l’analyse économique, La Découverte, 2002.

- A. Mas Colell, M. D. Whinston et J. Green. Microeconomic Theory, Oxford University


Press, 1995.

- H. R. Varian. Analyse microéconomique, 3ème édition, De Boeck, 1995.


5
INTRODUCTION : LE
RAISONNEMENT
ÉCONOMIQUE

6
PLAN
1. L’objet de la science économique :

1.1 Définitions

1.2 Niveaux d’analyse

2. Méthode de la science économique

2.1 La théorie économique

2.2 Econométrie

2.3 Autres disciplines


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1. Objet de la science économique :
1.1 Définitions

• Science des richesses matérielles :

• Du Grec « nomos » (lois) et « oikos » (maison)

• « Art de gérer les biens du foyer »

• Etude des moyens permettant l’accumulation des biens


et services possédés par une nation (fin XVIIIe et début
XIXe)

• Adam Smith (1776) : « recherche sur la nature et les


causes de la richesse des nations »
8
1. Objet de la science économique :
1.1 Définitions

• Science des choix :

• Les richesses sont produites et achetées dans le but de


satisfaire des besoins

• Consommer les biens et services satisfait ces besoins

• Dans un monde où les ressources sont rares, les


individus doivent faire de choix (échange, répartition,
consommation...)

• L’air n’est pas un bien économique


9
1. Objet de la science économique :
1.1 Définitions
• Science de l’échange :

• L’échange au coeur de l’analyse économique

• Peutse faire sur un marché si le vendeur se procure du


profit en vendant le bien ou service

• Largediscussion sur la formation du prix qui résulte de la


confrontation entre offreurs et demandeurs

• Certains services remplissent des besoins collectifs et


échappent au marché (ne permettent pas de réaliser de
profit) : c’est la production non-marchande assurée par
l’Etat 10
1. Objet de la science économique :
1.2 Niveaux d’analyse
• La microéconomie :

• Etudieles comportements individuels du consommateur,


du salarié et du producteur

• Lesconclusions tirées de l’analyse d’un individu « rationnel


» peuvent être généralisées à l’ensemble des individus

• Exemple : un consommateur préfère acheter un bien à un


prix faible qu’élevé

• Le marché (biens et services, capital, travail) recueille


l’ensemble des décisions individuelles
11
1. Objet de la science économique :
1.2 Niveaux d’analyse
• La macroéconomie :

• Etudieles relations entre les variables économiques


globales (production, consommation, revenu, inflation,
chômage...)

• Lacomptabilité nationale et le circuit économique


permettent de mener cette analyse

• Exemple
: lien entre inflation et chômage, lien entre
consommation et revenu

• La macroéconomie a des fondements microéconomiques


12
2. Méthode de la science économique :
2.1 La théorie économique
• L’élaboration d’un modèle économique :

• Représentation
simplifiée de la réalité expliquant des
phénomènes économiques

• Elaboré à partir de définitions et hypothèses qui seront


ensuite confrontées à la réalité pour confirmer ou
infirmer la théorie

• On cherche un lien de causalité entre variables


économiques ceteris paribus (toutes choses égales par
ailleurs)

• Exemple : quantités augmentent quand le prix baisse (à


qualité et revenu donnés) 13
2. Méthode de la science économique :
2.1 La théorie économique
• Confrontation du modèle avec les faits :

• Science sociale : observer les phénomènes économiques au


travers des statistiques pour valider le modèle

• Exemple : consommation augmente si revenu augmente


(Keynes) : vrai à court terme seulement...

• Incertitudes
et anticipations des agents économiques
rendent les prévisions économiques aléatoires

• Exemple : hausse des prix : moins de consommation


(sauf si agents anticipent une augmentation encore plus
forte)

• Révolution de la science
14
économique
2. Méthode de la science économique :
2.2 L’économétrie
• Branche de la science économique :

• Testerles lois économiques au moyen d’outils


mathématiques et statistiques (tester les théories sur
des données réelles)

• Exemple : l’INSEE (institut national de la statistique et


des études économiques) utilise l’économétrie pour
valider des hypothèses et effectuer des prévisions
quantitatives

15
2 Méthode de la science économique :
2.3 Autres disciplines
• La psychologie, la sociologie, l’histoire, la philosophie, le droit
et la gestion : disciplines qui peuvent être associées à
l’économie

• L’étudedes choix individuels et de la rationalité des


agents mobilise des connaissances en psychologie et en
sociologie

• Laquestion du bien-être et de la justice sociale en


économie est aussi une question philosophique

• Lesthéories de la firme empruntent des notions de


droit et de gestion
16
PARTIE 1 :
L’HISTOIRE DE LA PENSÉE
ÉCONOMIQUE

17
PLAN

1. L’économie classique et la critique Marxiste

2. L’école néoclassique

3. L’économie Keynésienne

4. La critique du Keynésianisme

18
1. L’économie classique et la critique Marxiste
1.1 Les économistes classiques
• Ils
démontrent l’efficacité du système capitaliste qui prend
de l’ampleur au milieu du XVIIIe

• Le système capitaliste : modèle économique fondé sur le


salariat et qui permet la recherche du profit individuel dans
le cadre de relations marchandes

• Conditions de la dynamique capitaliste réunies dès 1750 en


Angleterre

• La croissance de la population, les inventions dans l’industrie,


le développement de nouvelles énergies vont bouleverser
les structures économiques 19
1.1 Les économistes classiques
1.1.1 Adam SMITH (1723-1790)

A. L’origine de la valeur :

• Valeur des biens et services produits et donc les


conditions de l’enrichissement de la nation

• C’estla quantité de travail pour produire ce bien : plus


objectif que la simple valeur monétaire

20
1.1 Les économistes classiques
1.1.1 Adam SMITH (1723-1790)
B. La division du travail :

• Diviser le travail pour accroître la quantité produite


quotidiennement par les ouvriers

• Travaildivisé en tâches élémentaires et réparti entre


ouvriers

• La division du travail permet :


• d’améliorer l’habileté des ouvriers pour une tâche

• de réduire les temps morts

• de favoriser une production de masse


21
1.1 Les économistes classiques
1.1.1 Adam SMITH (1723-1790)
C. La primauté des échanges :

• L’échange est un « penchant naturel des individus » qui


cherchent à satisfaire leurs besoins égoïstes sur un marché

• En ne cherchant que leurs propres profits, les individus


vont échanger, ce qui profite à la communauté

• La multiplication des échanges permet l’enrichissement du


pays

• Il
appelle cela la « main invisible » et prône le libéralisme
des échanges : la concurrence sur les marchés conduit au
meilleur état possible 22
1.1 Les économistes classiques
1.1.2 David RICARDO (1772-1823)
A. La valeur :

• Distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange :

• Valeurd’usage : utilité que procure le bien à un


individu

• Valeurd’échange : retirer du bien vendu une quantité


+/- grande d’un autre bien

• La valeur tient à la quantité de travail incorporée dans le


bien produit : nombre d’heures de travail (directement ou
indirectement)
23
1.1 Les économistes classiques
1.1.2 David RICARDO (1772-1823)
B. La répartition du profit :
• 3 catégories d’individus : les propriétaires terriens, les fermiers et les
ouvriers agricoles

• Les fermiers exploitent dans un premier temps les terres les plus
fertiles car elles procurent plus de production pour la même quantité
de travail. L’augmentation de la demande conduit à l’exploitation de
terres - fertiles.

• Le coût unitaire, les prix et les rentes augmentent (+ de surface pour


la même production). Les salaires augmentent pour que les salariés
puissent garder leur productivité avec des prix plus élevés.

• Baisse du taux de profit des fermiers. L’économie bute alors sur un


état stationnaire qui n’est combattu que par le progrès technique ou
l’importation de produits moins coûteux.
24
1.1 Les économistes classiques
1.1.3 Jean-Baptiste SAY (1767-1832)

• Un producteur (offreur) reçoit un revenu qu’il va s’empresser de


dépenser en matières premières ou en biens d’investissement.

• La part du revenu distribué aux salariés va être dépensée sous forme


de consommation immédiate

• Le montant d’épargne que les salariés gardent permet de financer


l’investissement des entreprises

• Tout le revenu de la production est ainsi dépensé : la production crée


sa propre demande

• Il faut supposer que le rôle de la monnaie est neutre (n’est utilisée


que pour les échanges)
25
1.2 La critique Marxiste (1818-1883)
1.2.1 Une société de classes

• Toutesociété est composée de groupes sociaux aux intérêts


antagonistes

• Dansle système capitaliste, s’opposent les capitalistes


(détenteurs des moyens de production) et les prolétaires
(détenteurs de leur propre force de travail)

• La lutte pour le profit conduit les uns à éliminer les autres :


le capitalisme est un état transitoire voué à disparaître

26
1.2 La critique Marxiste
1.2.2 La baisse tendancielle du taux de profit

A. La théorie de l’exploitation :

• Capital mort ou constant : machines, matières premières

• Capital vivant ou variable : le travail

• Seulle capital variable transmet aux biens une valeur


supérieure à son propre coût

• Marx appelle la plus-value la différence entre la valeur


produite et le paiement de la force de travail
27
1.2 La critique Marxiste
1.2.2 La baisse tendancielle du taux de profit

B. Le problème de l’accumulation :

• La recherche de gains de productivité conduit les


capitalistes à remplacer le travail par les machines

• Ceci augmente le chômage et l’exclusion

• Cela entraine une baisse tendancielle du taux de profit car


la plus-value extorquée par les capitalistes sur le travail
diminue en remplaçant des hommes par des machines

• La baisse du taux de profit ne peut être ralentie que par la


baisse des salaires ou l’allongement de la durée du travail
28
2. L’école Néoclassique
2.1 Fondements théoriques

• Apparue à la fin du XIXe

• Démontrer comment les individus optimisent leur


satisfaction dans un monde où les ressources sont limitées

• S’éloignent des problématiques des classiques comme :

• L’accumulation de richesses

• Le partage du revenu

• Pensent l’économie comme l’agrégation des décisions


individuelles qui trouvent leur coordination via les marchés
29
2. L’école Néoclassique
2.1 Fondements théoriques

• En 1870, l’économie européenne ne ressemble plus à celle décrite


par A. SMITH :

• L’industrie de masse s’est développée

• La concurrence s’est développée

• Les entrepreneurs-manageurs et les ingénieurs apparaissent

• Les ouvriers s’organisent pour répondre à leur paupérisation et aux


conditions de travail difficiles

• 3 courants : Ecole de Vienne (Carl MENGER, 1840-1921), Ecole de


Lausanne (Léon WALRAS, 1834-1910), Ecole de Cambridge (Alfred
MARSHALL, 1842-1924)
30
2. L’école Néoclassique
2.1 Fondements théoriques
A. Une approche microéconomique
• Arbitrages réalisés par les individus (consommateurs ou producteurs)

• Plus d’analyse en termes de classes sociales (capitalistes et ouvriers)

• Le choix des individus est fondamental en raison de la rareté des


ressources : en choisissant, l’individu décide aussi de renoncer

• Exemples :
• Salaire vs efforts et Salaire vs +/- de loisirs
• Consommation vs épargne
• Combinaison de biens en fonction du budget et des préférences
• Combinaison travail / capital pour la production : dépend du taux de salaire
(prix du travail), et du taux d’intérêt (prix du capital)
31
2. L’école Néoclassique
2.1 Fondements théoriques
B. Notion de rationalité des individus et notion d’utilité
marginale
• Compte tenu de l’information dont ils disposent, les individus sont
supposés faire le meilleur choix possible pour :

• maximiser une satisfaction

• ou minimiser un coût

• L’utilité totale d’un bien est sa capacité à satisfaire le besoin d’un individu

• Mais c’est l’utilité marginale qui fonde la valeur d’un bien : utilité procurée
par la dernière unité consommée

• L’utilité marginale décroît avec la consommation de ce bien. Un individu


consomme un bien tant que son utilité marginale n’est pas nulle
32
2. L’école Néoclassique
2.2 L’équilibre économique
A. Définitions :
• L’équilibre de l’agent économique :

Un agent économique qui a maximisé sa satisfaction atteint un état


d’équilibre économique. Il n’a plus intérêt à modifier ses choix

• L’équilibre partiel ou de marché :

La confrontation des offres (producteurs) et des demandes


(consommateurs) sur le marché d’1 bien ou d’1 service permet la
détermination d’un prix et d’une quantité d’équilibre pour lesquels la
plus grande partie des offreurs et des demandeurs sera satisfaite.

Personne n’a intérêt à modifier ses décisions


33
2. L’école Néoclassique
2.2 L’équilibre économique
A. Définitions :
• L’équilibre général :
• La somme des offres sur tous les marchés (B & S, travail, monnaie) est égale à la
somme des demandes

• L. WALRAS démontre l’existence d’1 prix d’équilibre ajustant l’ensemble des


marchés : Il re-démontre la loi de SAY (l’offre crée sa demande). Si l’équilibre est
réalisé sur n-1 marché, il l’est aussi sur le n-ième marché.

• Conduit à l’allocation optimale des ressources (plein-emploi facteurs de P°)

• L’optimum économique : Vilfredo PARETO :


Situation dans laquelle le sort d’1 agent éco. ne peut être amélioré sans dégrader
la situation d’1 autre agent. L’équilibre général peut être un optimum de PARETO.
34
2. L’école Néoclassique
2.2 L’équilibre économique
B. Détermination d’un équilibre partiel : le prix, mode de
coordination des décisions individuelles :
• Les acheteurs (demandeurs) cherchent un prix le moins élevé possible

La demande est une fonction décroissante du prix

• Les vendeurs (offreurs) cherchent au contraire un prix le plus élevé


possible

L’offre est une fonction croissante du prix

• Les prix proposés par les agents constituent une source d’information
permettant d’atteindre l’équilibre économique, à condition qu’ils soient
parfaitement flexibles (exemple du commissaire priseur de WALRAS)
35
2. L’école Néoclassique
2.2 L’équilibre économique

•Le prix d’équilibre est Pe pour lequel le nombre d’offreurs et égal au


nombre de demandeurs. La quantité échangée Qe est maximale.
•Attention : hypothèse de concurrence pure et parfaite
36
3. L’économie Keynésienne
John Maynard KEYNES (1883-1946)

• Remise en cause des postulats classiques : efficacité du


marché

• Mise en évidence du rôle primordial de la monnaie

•A influencé fortement les politiques d’après guerre mais est


accusé de creuser les déficits et de favoriser l’inflation

Exemple : plans de relance pour lutter contre la récession

• Lien entre économie réelle et économie monétaire

• L’autorégulation du marché ne suffit pas


37
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques

A. Critique de la loi de SAY

• Rappel :
• Les marchandises s’échangent contre des marchandises et la monnaie
n’est qu’un intermédiaire

• L’égalité entre épargne et investissement est forcément respectée

• Au contraire, Keynes considère que l’épargne et


l’investissement doivent être étudiés séparément (n’émanent
pas des mêmes agents et ne dépendent pas des mêmes
variables)
38
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques

A. Critique de la loi de SAY :

a) L’épargne :
• Part du revenu qui n’est pas consommée

• Les ménages décident d’épargner en fonction de leur revenu


disponible

• Intuitivement, un ménage à faible revenu dépense un supplément de


revenu éventuel en consommant alors qu’un ménage aisé va pouvoir
épargner

39
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques
A. Critique de la loi de SAY :

b) L’investissement :
• Emane essentiellement des entreprises

• Dépend de l’efficacité marginale du capital : rendement attendu de


l’investissement comparé à son coût (taux d’intérêt)

• L’investissement décroît avec le taux d’intérêt

• L’investissement dépend de comment les entreprises voient l’avenir :

• Avec optimisme : investissement élevé

• Avec pessimisme : investissement faible


40
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques

A. Critique de la loi de SAY :

c) Déséquilibre entre épargne et investissement :


• Aucune raison qu’il y ait une égalité entre épargne et investissement :
ne dépendent pas des mêmes agents et des mêmes calculs :

Plus d’équilibre ex ante

• Le niveau d’investissement réel sera néanmoins égal au niveau


d’épargne disponible des ménages. C’est toujours l’épargne qui finance
l’investissement

Cet équilibre ex post sera réalisé par l’ajustement des quantités


41
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques
• Les entreprises souhaitent produire et vendre pour un montant de 100

• Le revenu correspondant est dépensé par les ménages en consommation


(80) et en épargne (20)

• Les entreprises ont prévu d’investir 30 pour ce niveau de production

• La demande prévue (C + I) est alors de 110

• La demande anticipée excède de 10 l’offre et l’investissement dépasse


l’épargne de 10

• Les entreprises vont déstocker 10 (vendre 10 de ce qui a été produit


précédemment) pour satisfaire la demande

• L’offre (revenu) augmente de 10 (offre = 110)

• L’investissement diminue de 10 (investissement réel = 20 = 30 - 10)


42
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques

B. La demande effective :
a) Définition :
• Prise en compte des incertitudes et les anticipations des agents économiques

• La demande effective est une « production que les entrepreneurs espèrent


tirer du volume d’emploi qu’ils décident de donner »

• Cette anticipation est source d’incertitude car le niveau de production ne sera


pas nécessairement égal à la demande réelle

• Si cette anticipation conduit les entrepreneurs à réduire la production,


l’investissement et le volume d’emploi nécessaires seront aussi plus faibles

• Keynes est un économiste de la demande : une stimulation de la demande (C


et I) par l’Etat permet d’améliorer les anticipations et donc la demande effective

43
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques
B. La demande effective :

b) Le chômage involontaire :

• L’existence de la demande effective explique la possibilité d’un


chômage involontaire

• Chez les néoclassiques, le volume d’emploi est fixé par la


confrontation de la demande et de l’offre de facteur travail

• Ici, il est aussi dicté par les anticipations des entreprises :

Les entreprises peuvent ne pas vouloir embaucher toute la main d’oeuvre


disponible sur le marché, même si des agents accepteraient de travailler
pour un salaire réel plus faible que celui du marché
44
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques

C. Le rôle de la monnaie :

a) La monnaie chez les Classiques :

• Elle n’a pas d’incidence sur les variables « réelles


» (consommation, investissement, production, emploi...)

• Elle ne fait que favoriser les échanges


• Keynes s’oppose à cette idée en montrant que le taux d’intérêt
est le chaînon manquant entre l’économie monétaire et
l’économie réelle
45
3. L’économie Keynésienne
3.1 Critique des hypothèses classiques
C. Le rôle de la monnaie :
b) Les motifs de détention de monnaie :
• Les ménages vont décider de détenir des actifs monétaires sous forme de
liquidités ou de titres financiers en fonction de 3 motifs :

• Motif de transaction (échanger les biens et services)


• Motif de précaution (parer les dépenses futures)
• Motif de spéculation (acheter des titres en vue d’un gain futur)
• Les deux premiers motifs dépendent du revenu
• Le dernier (Keynésien) mesure les anticipations que réalisent les agents sur le
niveau du taux d’intérêt (cf. cours des obligations) : achat de titres si baisse des
taux anticipée et épargne liquide si c’est l’inverse.

• Les autorités monétaires jouent donc sur la production et aussi sur l’arbitrage
entre monnaie et titres
46
3. L’économie Keynésienne
3.2 Nécessaire intervention des pouvoirs publics

A. La politique budgétaire :

Recours au déficit budgétaire pour augmenter la demande


globale en période de sous-emploi
• L’accroissement de la dépense publique ou la baisse des impôts
augmente le revenu économique des agents

• Outil privilégié du Keynésianisme (très utilisé dans les années 70-80)

• Problème de l’inflation

• Problème de la dette publique, surtout en économie ouverte


47
3. L’économie Keynésienne
3.2 Nécessaire intervention des pouvoirs publics

B. La politique monétaire :
Fournir aux agents économiques la quantité de monnaie jugée
nécessaire pour leur permettre de consommer, épargner, investir et
spéculer
• Keynes beaucoup plus réservé sur son efficacité contre le sous-emploi

• Autorités augmentent leur offre de monnaie pour permettre la baisse des taux

• Ceci de manière discrétionnaire (non systématique) car le taux d’intérêt est


une variable psychologique à manier avec crédibilité (éviter les anticipations
négatives des agents)

• La baisse des taux peut être signe de récession prochaine. Elle incite alors à
conserver les liquidités (remontée future des taux) : la monnaie n’est pas
utilisée pour financer les entreprises et l’Etat (- d’achats de titres)
48
4. La critique du Keynésianisme

Echec des politiques interventionnistes cherchant à combattre la


stagflation (inflation + chômage) dans les années 70

• Certains économistes libéraux remettent en cause un certain


nombre de postulats Keynésiens :

• Rôle actif de la monnaie

• Existence d’un chômage involontaire

• Efficacité des politiques économiques en période de sous-


emploi
49
4. La critique du Keynésianisme
4.1 La critique monétariste (école de Chicago, M. Friedman)

A. La théorie du revenu permanent :

a) Définitions : 2 catégories de revenus :

• Revenu permanent : valeur du capital issu :

• Du patrimoine humain (revenus qu’un individu peut escompter de par sa


profession et de ses capacités intellectuelles)

• Et du patrimoine matériel actuel et futur (biens immobiliers, titres, épargne)

• Revenu transitoire : revenu temporaire relié aux entrées d’argent ponctuelles

• Exemple : prime, revenus de transfert (augmentent avec une politique


expansionniste)

• Sorte d’intérêt sur le capital de l’individu ou sa richesse réelle (revenu permanent)


50
4. La critique du Keynésianisme
4.1 La critique monétariste (école de Chicago, M. Friedman)

A. La théorie du revenu permanent :

b) Instabilité de la relation entre revenu et consommation :

• Friedman considère que la consommation d’un individu dépend très


largement de son revenu permanent et non de son revenu transitoire

• Une distribution de revenu ponctuelle de l’Etat n’affecte pas la richesse


réelle de l’individu et n’augmente donc pas sa consommation

• Met en doute le lien entre revenu et consommation établi par Keynes


et la politique budgétaire fondée sur la relance de la demande globale

51
4. La critique du Keynésianisme
4.1 La critique monétariste (école de Chicago, M. Friedman)

B. La neutralité de la monnaie à long terme :

a) Théorie quantitative de la monnaie (1919) :


• Irving Fisher établit une équation simple liant la quantité de monnaie en
circulation et le volume des échanges

M . V = P .Q
M : masse monétaire ; V : vitesse circulation monnaie ; P : niveau général des prix ; Q : niveau des échanges

• La masse monétaire s’écrit donc : M = PQ / V

• V varie très peu à court terme (dépend des nouveaux moyens de


paiements)

• M ne mesure alors que la valeur des échanges PQ : la monnaie n’est


demandée que pour des motifs de transaction
52
4. La critique du Keynésianisme
4.1 La critique monétariste (école de Chicago, M. Friedman)

B. La neutralité de la monnaie à long terme :


b) Les anticipations adaptatives et l’inefficacité des politiques
économiques :
• Friedman remet en cause le rôle actif de la monnaie

• Les agents peuvent être « surpris » à CT par la politique de l’Etat

• A LT, un effet d’expérience permet aux individus d’anticiper les


conséquences des interventions de l’Etat

• Si de la monnaie est injectée (baisse taux d’intérêt), augmentation à CT de C


et I (production)

• Mais génère à LT l’augmentation des prix et salaires : baisse de la production

• On revient au niveau de production de départ avec une inflation + élevée


53
4. La critique du Keynésianisme
4.1 La critique monétariste (école de Chicago, M. Friedman)

B. La neutralité de la monnaie à long terme :

b) Les anticipations adaptatives et l’inefficacité des politiques économiques :

• Forts de ces expériences, les individus vont « lire » les décisions de l’Etat

• La prochaine baisse des taux d’intérêt ne se traduira même plus par une
augmentation de C et I, les agents économiques anticipant plus d’inflation

• A LT, toute relance de l’Etat entraîne plus d’inflation sans modifier le niveau
d’activité et de chômage. Friedman parle de « taux de chômage naturel »

• Friedman préconise une augmentation graduée de la masse monétaire par


les autorités pour limiter les anticipations des agents et limiter l’inflation

• Cette augmentation annuelle doit être calquée sur le taux de croissance à


long terme (PQ) selon la théorie quantitative de la monnaie

54
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)

A. La nouvelle école classique (R. Lucas, T. Sargent et R. Barro) :

a) Les anticipations rationnelles (John Muth, 1961) :

• Les agents économiques utilisent au mieux les informations dont ils


disposent

• Ils peuvent se tromper si l’information qu’ils détiennent est imparfaite mais


l’effet d’expérience les conduit à comprendre l’implication de toute
politique économique

• Seule une politique économique faite « par surprise » peut tromper les
anticipations rationnelles des agents économiques

55
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)

A. La nouvelle école classique (R. Lucas, T. Sargent et R. Barro) :


b) L’inefficacité de la politique budgétaire (Robert Barro, 1974) :

• Relecture de Ricardo avec hypothèse d’anticipations rationnelles

• Le déficit public issu de la relance sera financé l’augmentation future des impôts

• Les individus augmentent leur épargne, et non leur consommation, pour parer
ce surcroît de dépense future

• La politique budgétaire n’a plus aucun effet sur la demande globale et le revenu

• Cette théorie repose sur une connaissance parfaite des phénomènes


économiques et sur l’idée que les agents n’ont pas de préférence pour le
présent (se discute notamment pour les revenus faibles)
56
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)
A. La nouvelle école classique (R. Lucas, T. Sargent et R. Barro) :
c) L’inefficacité de la politique monétaire (Lucas, Sargent et Wallace, 1976) :

• Reprise de Friedman : toute politique monétaire permet aux agents


économiques d’anticiper l’inflation future et de demander plus de salaire
(annihile l’effet de la variation des prix)

• Les salaires réels étant identiques, l’expansion monétaire n’a aucun impact sur la
production et le chômage à CT comme à LT

• Les autorités peuvent mentir sur leurs objectifs réels pour contourner les
anticipations rationnelles : ce n’est efficace qu’une seule fois

• Les Etats doivent donc adopter des règles affichées très tôt (exemple :
augmentation de la masse monétaire calquée sur le taux de croissance à LT)

• La politique économique n’a de sens que si elle est crédible aux yeux des
acteurs : ne contre pas les anticipations rationnelles (Kydland et Prescott, 1977)
57
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)

A. La nouvelle école classique (R. Lucas, T. Sargent et R. Barro) :

• La nouvelle école classique a été critiquée par la nouvelle école


Keynésienne (Stiglitz, Blanchard, Mankiw, Akerlof)

• Cette dernière accepte certaines critiques faites à Keynes comme la


prise en compte des fondements micro de la macroéconomie

• Néanmoins, elle rejette l’idée que les marchés s’ajustent grâce à la


flexibilité des prix et des salaires :

L’imperfection de l’information sur les marchés mène à des rigidités


qui empêchent la parfaite coordination des agents

58
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)
B. L’école des choix publics : J. Buchanan et G. Tullock

a) Le marché des biens publics :

• Les décisions politiques sont analysées comme un marché sur lequel les acteurs
maximisent leur satisfaction, comme dans la sphère privée

• Un CR ou un PR de biens publics va se comporter rationnellement, comme une


entreprise qui maximise son profit ou un consommateur, son utilité

• Ce marché met en relation 3 catégories d’acteurs :


• Les élus politiques (cherchent à se faire (ré-)élire en proposant des programmes
politiques séduisants et coûteux)

• Les citoyens (font pression sur les candidats, grâce à leurs bulletins de vote, pour
obtenir plus de programmes publics conformes à leurs besoins)

• Les bureaucrates et fonctionnaires (restent en poste quelque soit la tendance élue


et cherchent à maintenir ou accroître leur budget)
59
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)

B. L’école des choix publics : J. Buchanan et G. Tullock


b) Les « imperfections » du marché public :

• Quel est l’équilibre sur ce marché du politique (décisions des élus qui satisferont le
plus de citoyens) ?

• On montre que cet équilibre n’existe pas si le nombre d’électeurs est trop important.
Une voix n’a qu’un faible impact : comportements d’abstention

• Les décisions politiques sont jugées « sous-optimales » : elles s’adressent à des


groupes de pression (lobbying) qui défendent leurs intérêts et nuisent à la majorité

• Solution : mise en concurrence des services publics pour lutter contre le lobbying et
la bureaucratie :

• Permettrait un chiffrage plus objectif des projets mis en oeuvre.

• Les déficits budgétaires doivent être encadrés : éviter leur utilisation abusive à des fins
électoralistes (LOLF 2001: indicateurs de performance pour gérer les budgets publics)
60
4. La critique du Keynésianisme
4.2 Les nouvelles écoles libérales (critique radicale de
l’interventionnisme)

B. L’école des choix publics : J. Buchanan et G. Tullock

c) Les « économistes de l’offre » :

• Ce sont les rigidités pesant sur les entreprises qui entravent la croissance éco.
• Toute relance de la demande ne fait qu’augmenter les prix et les impôts futurs
• Ce financement des politiques de relance par l’impôt provoque un
découragement de l’initiative privée (Ricardo 1817 déjà !)

• Arthur LAFFER a inspiré les politiques américaines au début des 80’s :


• Un taux d’impôt trop important réduit les recettes fiscales
• Les agents économiques ne sont plus incités à travailler davantage si le
supplément de revenu est utilisé pour payer des impôts
61
PARTIE 2 :
LE CIRCUIT ÉCONOMIQUE

62
PLAN
1. La comptabilité nationale : le cadre national de l’économie
• Mesure la richesse d’un pays à travers un cadre comptable qui enregistre les
flux monétaires entre agents économiques

• Permet le calcul des principales grandeurs économiques comme le PIB (Produit


Intérieur Brut) ou le RNB (Revenu National Brut)

2. Le circuit, représentation simplifiée de l’activité économique


• Outil privilégié de cette comptabilité
• Propose une représentation schématique de la circulation de cette richesse
entre les acteurs de l’économie
63
1. La comptabilité nationale : le cadre national de l’économie
A. Historique
• La nécessité de la compta. nat. apparaît dans les années de crise traversées par
le monde entre 1930 et 1950

• La grande dépression (début des 30’s), la diffusion des idées keynésienne et la


reconstruction donnent une grande importance à l’Etat (pays industrialisés)

• Les pouvoirs publics ont besoin de statistiques et d’un cadre comptable solide
pour justifier leurs mesures économiques

• Premier système de compta. nat. en 1953 sous la direction de l’ONU

• La France développe son système puis se rallie aux pays anglo-saxons en 1976
avec le système élargi de comptabilité nationale (SECN)

• En 1995 est mis en place un système européen de comptabilité (SEC 95) :


harmonisation plus aboutie des comptes des pays de l’UE
64
1. La comptabilité nationale : le cadre national de l’économie
B. Cadre spatial de la comptabilité nationale

• La compta. nat. décrit l’éco nationale délimitée selon 1 critère de résidence (INSEE) :

« toutes les unités économiques qui ont un centre d’intérêt sur le territoire
économique »

• Ce territoire comprend la métropole et les DOM depuis 1995 mais pas les TOM qui
font partie du reste du monde (RDM)

• Le caractère de résident s’applique :

• aux personnes physiques françaises ou non qui ont leur domicile principal en France
depuis au moins 1 an

• aux personnes morales françaises ou non situées en France depuis au moins 1 an :


unités de production installées qui exercent des activités économiques sur le territoire

• Notion de territorialité fondamentale : délimite le champ du calcul du PIB

65
1. La comptabilité nationale : le cadre national de l’économie
C. Les secteurs institutionnels

• La comptabilité nationale classe les agents économiques en 5 secteurs


institutionnels résidents caractérisés par des comportements homogènes

• On y ajoute le reste du monde (RDM) qui regroupe toutes les unités non
résidentes

• Chaque secteur se caractérise par une fonction et des ressources


principales

66
1. La comptabilité nationale : le cadre national de l’économie
C. Les secteurs institutionnels
Secteurs Fonction Ressources
Exemple
institutionnels principale principales
Produire des biens et des Toutes les entreprises publiques et privées
Sociétés non
services marchands non Produit de la vente non financières et non individuelles (SNCF,
financières (SNF) financiers IBM France, Renault...)
Financer, c’est-à-dire assurer
l’intermédiation entre prêteurs Les institutions financières (Banque de
Sociétés financières et emprunteurs, et assurer, Dépôts collectés et primes France, banques commerciales,
(SF) c’est-à-dire couvrir les agents d’assurance intermédiaires et auxiliaires financiers) et les
économiques contre les sociétés d’assurances (mutuelles comprises)
risques éventuels
Ménages Rémunération du travail, du
Toutes les personnes vivant sous un même
Consommer ou produire toit, avec ou sans lien de parenté
(entrepreneurs capital et de la terre, transferts
(pour les EI) des biens et Les EI (artisans, commerçants, professions
individuels (EI) services marchands
sociaux ou produits de la vente
libérales...) dont le patrimoine est confondu
pour les EI
compris) avec celui de l’exploitant
On distingue :
Produire des services non - Les APUC (centrales) : Etat, Universités,
Administrations Prélèvements obligatoires, taxes
marchands et redistribuer les Pôle emploi...
publiques (APU) revenus primaires
(impôts et cotisations sociales)
- Les APUL (locales) : collectivités locales,
organismes de sécurité sociales
Institutions sans but Produire des services non
lucratif au service marchands pour leurs Versements volontaires de leurs Associations, partis politiques, syndicats,
des ménages membres ou pour une partie membres, subventions publiques ONG...
de la collectivité
(ISBLSM)
Reste du monde Tous les agents non résidents exerçant des
Pas de fonction propre Pas de ressources propres activités avec les résidents (importations,
(RDM) 67 exportations, intérêts versés et reçus...)
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
A. Un circuit entre deux secteurs institutionnels

a) Définition :

• Echange entre producteurs et consommateurs

• Origine de l’activité économique : production de B & S qui fournit un


revenu lorsqu’elle est vendue sur un marché

• Le fruit de la vente permet ensuite de rémunérer les agents qui ont


contribué à cette production (salariés par exemple)

• La distribution de revenus permet la consommation de B & S

• Cette consommation alimentera une nouvelle production

68
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
A. Un circuit entre deux secteurs institutionnels

a) Définition :

Soit une production de 1 000 entièrement distribuée aux ménages sous forme
de salaires. Les ménages consomment tout le revenu
Production des SNF
(P = 1 000)

Revenu des ménages


(R = salaires = 1 000)

Dépenses des ménages


(D = consommation = 1 000)

b) Condition d’équilibre du circuit :

Le circuit est « bouclé » si P = R = D. Le revenu est entièrement consommé.


La dépense est donc constituée de la seule consommation
69
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
B. Un circuit entre plusieurs secteurs

a) L’épargne et l’investissement :

• Tout le produit de la vente des entreprises était distribué en salaires aux


ménages, lesquels consommaient tout leur revenu. On peut affiner le circuit et
le rendre plus réaliste (et plus complexe)

• Une partie du revenu des entreprises sert à rémunérer l’Etat (impôts), les
banques (intérêts) ou les actionnaires (dividendes).

La somme restante est le revenu disponible des entreprises, ou épargne, qui


permet de financer des investissements (biens durables pour une production
future)

• Les ménages utilisent aussi leurs revenus pour payer leurs impôts, les
assurances et banques, les ISBLSM...

Le revenu disponible des ménages se partage entre consommation et épargne


auprès des banques ou des marchés financiers. Cette épargne finance les
investissements des secteurs institutionnels

70
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
B. Un circuit entre plusieurs secteurs

b) Définition :

Soit une production de 1000 entièrement distribuée sous forme de revenus (R) à
tous les secteurs (ménages, Etat, entreprises...). Le revenu est utilisé ainsi : 800 de
consommation (C) et 200 d’épargne (S). L’épargne sert à financer l’investissement (I)
qui est donc aussi de 200. La dépense totale (D) des secteurs est composée des
biens de consommation et d’investissement achetés sur le marché
Production des secteurs
(P = 1 000)

Revenu distribué à l’ensemble


des secteurs
(R = 1 000 = 800 (C) + 200 (S))

Dépenses des secteurs


(D = 1 000 = 800 (C) + 200 (I))

71
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
B. Un circuit entre plusieurs secteurs

c) Les conditions d’équilibre du circuit :

On a toujours P = R = D. La prise en compte de l’épargne et de l’investissement


conduit à écrire :

P=R=C+S=D=C+I

Ce qui conduit à dire que : C+S=C+I

Le circuit est « bouclé » si l’épargne finance en totalité l’investissement

P = 1 000 = R = 800 + 200 = D = 800 + 200

Le montant de l’épargne est égal à celui de l’investissement

72
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
C. Un circuit ouvert sur l’extérieur

a) Définition :

On peut considérer qu’une nation n’est pas en autarcie : elle a des relations
avec le reste du monde

• Les B & S consommés peuvent être d’origine étrangère : il s’agit d’une


importation (M) qui procure du revenu au RDM

• La vente de B & S nationaux peut aussi être réalisée à l’étranger : il


s’agit d’une exportation (X).

• Les importations réduisent le revenu national puisque ce revenu fuit


vers l’étranger

• Les exportations vont accroître le revenu national puisque c’est le RDM


qui achète des produits nationaux
73
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
C. Un circuit ouvert sur l’extérieur

a) Définition :

Reprenons les données précédentes en ajoutant le montant des importations


(M = 500) et des exportations (X = 500)

Production nationale
(PN = 1 000)

Revenu national
(RN = 1000 = 800 (C) + 200 (S))

Dépenses des secteurs


(D = 1000 = 800 (C) + 200 (I) + 500 (X) - 500 (M))

74
2. Le circuit, représentation simplifiée de l’économie
C. Un circuit ouvert sur l’extérieur
b) Les conditions d’équilibre du circuit :

PN (production nationale)

= RN (revenu national = C + S)

= DN (dépense nationale = C + I + X (dépense étrangère en produits nationaux) - M


(dépense nationale en produits étrangers))

On en déduit que : C+S=C+I+X-M

Ce qui conduit à dire que : S-I=X-M

Il y a équilibre si S = I et X = M.

Si au contraire X > M, alors S > I. Et si X < M, alors S < I

• Un excédent national se traduit par un excès d’épargne sur l’investissement national


• Un déficit commercial se traduit par un excédent d’investissement sur l’épargne nationale
75
PARTIE 3 :
NOTIONS DE
MICROÉCONOMIE

76
PLAN

1. Le comportement microéconomique du consommateur

2. Le comportement microéconomique du producteur

3. Le modèle de concurrence parfaite et l’équilibre


concurrentiel

4. Les modèles de concurrence imparfaite

5. Les défaillances du marché


77
CHAPITRE1 : Le comportement
microéconomique du consommateur
• Etude de la façon dont le consommateur cherche à maximiser
sa satisfaction en fonction des ressources rares dont il dispose

• Chaque individu exprime des choix de consommation

• L’agrégation
de ces choix permet de déterminer la fonction de
demande globale

• Lasensibilité aux prix de cette demande globale mesurée par


des élasticités est un élément important car elle influence la
production
78
PLAN
1. La maximisation de l’utilité du consommateur :

A. Les courbes d’indifférence

B. L’équilibre du consommateur

2. La fonction de demande totale :

A. Le lien entre le prix et la demande individuelle d’un bien

B. L’agrégation des demandes individuelles

C. Les élasticités de la demande


79
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence

a) Présentation :

• Le consommateur fait des choix de consommation en fonction de ses


préférences. Il peut classer les paniers de biens par ordre de préférence

• Une courbe d’indifférence représente toutes les combinaisons de 2 biens (X,


Y) qui procurent un niveau d’utilité identique au consommateur

• Le long de cette courbe, le consommateur n’a pas de préférence entre


consommer plus de X et moins de Y ou consommer plus de Y et moins de
X

80
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence

• Un individu a le choix entre 2 biens à consommer : poulets et tablettes de chocolat

• Il est capable de dire que la combinaison d’un poulet et de 4 tablettes de chocolat


(combinaison A) lui procure la même utilité, ou satisfaction, que la combinaison de
2 poulets et de 2 tablettes de chocolat (combinaison B)
81
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence
b) Propriétés des courbes d’indifférence :

• Elles sont décroissantes :

Le consommateur doit renoncer à une quantité de bien Y s’il veut augmenter la


quantité de bien X tout en conservant le même niveau d’utilité

• Elles se déplacent vers la droite lorsque le niveau d’utilité du consommateur


augmente :

• Au point C, la consommation de 3 poulets et 4 tablettes de chocolat procure


une satisfaction plus grande que les combinaisons A ou B

• Sur tous les points de U2, le niveau d’utilité du consommateur est plus élevé que
sur U1
82
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence
b) Propriétés des courbes d’indifférence :

• Elles ne peuvent pas se croiser :

• La combinaison du point A se trouve à la fois sur les niveaux d’utilité U1 et U2 :

C’est par hypothèse impossible puisque tous les points de U2 ont un niveau d’utilité
supérieur à ceux de U1 83
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence
c) Le taux marginal de substitution (TMS) :
• Le TMS entre deux biens X et Y mesure la quantité de bien Y que le consommateur
est prêt à abandonner pour obtenir une unité supplémentaire de bien X tout en
conservant le même niveau d’utilité

• Graphiquement, le TMS mesure la pente, en valeur absolue, du segment reliant deux


paniers de biens situés sur une même courbe d’indifférence

• C’est aussi la variation négative de la quantité de bien Y nécessaire à l’augmentation


de celle du bien X. Le signe négatif placé devant permet d’avoir un TMS positif plus
facile à analyser

• Le TMS est décroissant car plus le consommateur renonce à une quantité de biens Y,
plus il consomme de biens X mais il est de moins en moins disposé à échanger du Y
contre du X

• Son intérêt n’est pas de consommer un seul type de bien mais de procéder à des
substitutions permettant de mélanger les deux biens

84
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
A. Les courbes d’indifférence
c) Le taux marginal de substitution (TMS) :

Variation des quantités Variations des


Combinaison TMS
de Y (dY) quantités de X (dX)
Passage de A vers B 4-8=-4 2-1=1 4
Passage de B vers C 1-4=-3 4-2=2 1,5
85
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur
a) La contrainte de budget du consommateur :

• Le consommateur désire toujours consommer plus de B & S mais il est


limité par son budget

• Il doit tenir compte de son revenu (R) et du prix des biens (px et py) qu’il
souhaite consommer pour savoir les quantités (Qx et Qy) qu’il pourra
effectivement consommer

• Son revenu R s’écrit alors : R = (Qx . px) + (Qy . py)

• L’équation de la droite de contrainte budgétaire du consommateur est :

• Qy = - (px / py) . Qx + R / py

• Le coefficient directeur (- px / py) est négatif, ce qui signifie que la droite de


budget est décroissante 86
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur
La droite de budget

• Au point A, le consommateur n’achète que du bien Y (Qx = 0). La quantité de Y


qu’il peut consommer est donc égale à son revenu total divisé par le prix de Y

• Au point B, le consommateur n’achète que du bien X (Qy = 0). La quantité de X


qu’il peut consommer est donc égale à son revenu total divisé par le prix de X
87
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur

La droite de budget

• Un poulet coûte 10 € et une tablette coûte 2, 50 €.

• Le revenu du consommateur est de 100 €. Le consommateur peut acheter au


maximum 10 poulets (et 0 tablette) au point B ou 40 tablettes (et 0 poulet) au point
A

• L’équation de la contrainte budgétaire est

Qy = - 10 / 2,5 Qx + 100 / 2,5

Ou encore Qy = - 4 Qx + 40

88
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur
b) Combinaison optimale du consommateur

• Le consommateur va choisir la combinaison qui lui procure la plus grande utilité, c’est-à-
dire la courbe d’indifférence la plus élevée, compte tenu de sa contrainte budgétaire

• A et C satisfont la contrainte budgétaire mais sont situées sur U1 qui n’est pas la plus
élevée. D se situe sur la courbe la plus élevée U2 mais excède le budget du
consommateur. L’équilibre, E, est obtenu au point de tangence entre la droite de budget
et la courbe d’iso-utilité la plus élevée 89
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur
c) Calcul de l’équilibre du consommateur :

• A l’équilibre (E), le rapport des utilités marginales des deux biens (X et Y) est égal
au rapport des prix de ces deux biens

• UmX / UmY = px / py ou UmX / px = Umy / py

• L’utilité marginale d’un bien est décroissante au fur et à mesure qu’il est
consommé

• Tant que l’utilité marginale du bien X est supérieure à celle du bien Y, le


consommateur échange des unités du bien Y contre des unités de X

• Plus il consomme de X, plus son utilité marginale diminue : la substitution entre X


et Y s’interrompt lorsque les utilités marginales rapportées à leur prix sont égales

• A l’équilibre, le consommateur n’a plus intérêt à modifier la combinaison de biens


X et Y consommés
90
1. La maximisation de l’utilité du consommateur
B. L’équilibre du consommateur
c) Calcul de l’équilibre du consommateur :
• Imaginons que la fonction d’utilité totale du consommateur soit le produit de la
consommation de poulets (Qx) et de tablettes de chocolat (Qy) :

Ut = Qx . Qy
• Les utilités marginales sont les suivantes :

• UmX = dU / dX = Qy (dérivée partielle de Ut par rapport à Qx)

• UmY = dU / dY = Qx (dérivée partielle de Ut par rapport à Qy)

• Le rapport des prix est : px / py = 10 / 2,5 = 4

• On pose l’égalité à l’équilibre, soit UmX / UmY = px / py. Donc Qy / Qx = 4

• On en tire Qy = 4 Qx

• La droite de budget est : Qy = - 4 Qx + 40. En remplaçant Qy par 4 Qx, on obtient Qx =


5 et Qy = 20

• La combinaison optimale est 5 poulets à 10 € et 20 tablettes à 2,50 €, soit une dépense de


100 € 91
2. La fonction de demande totale
A. Le lien entre le prix et la demande individuelle d’un bien

• Le consommateur choisit entre 2 biens X et Y

• Si le prix de X diminue alors que celui de Y ne varie pas, le bien X devient


relativement moins cher que Y et le consommateur aura tendance à remplacer
du Y par du X

• La quantité de X demandée augmente quand son prix baisse, à niveau de


revenu inchangé

• Exemple :

Si le prix du poulet passe de 10 € à 8 € alors que le prix du chocolat reste


inchangé à 2,50 €, le budget de 100 € va permettre de consommer davantage
de poulets et moins de chocolat

92
2. La fonction de demande totale
A. Le lien entre le prix et la demande individuelle d’un bien

La variation du prix de X modifie à elle seule le rapport des prix (px / py)

La droite de budget se déplace vers la droite et les quantités de X à l’optimum


augmentent 93
2. La fonction de demande totale
B. L’agrégation des demandes individuelles
La fonction de demande totale est la somme agrégée de toutes les demandes
individuelles

Seul le prix du bien considéré varie : le revenu, le goût des consommateurs et le prix
des autres biens sont négligés

La baisse du prix d’un bien X de P1 à P2 augmente la quantité demandée de Q1 à


Q2 94
2. La fonction de demande totale
C. Les élasticités de la demande

a) Les élasticités-prix :

Elle mesure la variation de la demande liée à la variation du prix du bien demandé

L’élasticité est négative car les quantités demandées et le prix varient en sens inverse.

C’est la raison pour laquelle on la calcule en valeur absolue :


ΔQ
Q
eprix =
ΔP
P
Le prix du poulet passe de 10 € à 8 € et la quantité de 100 à 150 :

e = |((150 - 100) / 100) / ((8 - 10) / 10) | = |- 2,5| = 2,5

e entre 0 et 1 signifie une demande inélastique. e = 0 signifie une demande


totalement inélastique 95
2. La fonction de demande totale
C. Les élasticités de la demande

b) Les élasticités croisées :

Elle mesure la variation de la demande d’un bien X liée à la variation du prix d’un
bien Y
ΔQX
QX
ecroisée =
ΔPY
PY
Si e > 0, les biens sont dits substituables. Une variation du prix de Y dans un sens
entraîne une variation dans le même sens des quantités demandées de X (pomme
de terre vs riz)

Si e = 0, les biens X et Y sont dits indépendants. Une variation du prix de Y n’a pas
d’impact sur les quantités demandées de X (journaux vs canapés)

Si e < 0, les biens sont dits complémentaires. Une variation du prix de Y entraîne une
variation de sens contraire des quantités demandées de X (pétrole vs automobile)
96
EXERCICE 1
Soit un consommateur ayant la fonction d’utilité suivante :

U(X1, X2) = X1 . X2

1) Quelle sera son utilité s’il achète un panier de biens


composé de 8 unités de bien X1 et 1 unité de bien X2 ?

2) Calculer le TMSX2→X1 du consommateur en ce point.

3) Interpréter économiquement la valeur de ce TMS en


utilisant le concept d’utilité marginale.

4) Représenter graphiquement la situation.


97
EXERCICE 2
Un consommateur procède au classement entre 6 paniers de 2
biens X et Y :

•Il préfère strictement le panier (8 ; 48) à (15 ; 15)


•Il est indifférent entre (15 ; 10) et (3 ; 12)
•Il préfère strictement (15 ; 15) à (10 ; 45)
•Il préfère strictement le panier (10 ; 45) au panier (9 ; 48)
Peut-on considérer que le classement de ce consommateur est
rationnel ? Argumenter la réponse.
98
EXERCICE 3
Commenter la forme des courbes d’indifférence du
consommateur sur le graphique ci-dessous :

99
EXERCICE 4
Soit un consommateur dont on représente la relation de
préférence par la fonction d’utilité suivante :

U(x , y) = 2x + 4y

Le revenu du consommateur est égal à 10.

1) Déterminer l’équation des courbes d’indifférence associées


aux niveaux d’utilité U1 = 12 et U2 = 24. Tracer les courbes
d’indifférence et commenter.

2) Calculer les utilités marginales et le TMS du bien Y au bien X.


Commenter. 100
EXERCICE 4 (SUITE)
3) Ecrire l’équation de la droite de budget en notant px et py
les prix respectifs des biens X et Y. Déterminer sa pente.
Sachant que px = py = 2, tracer la droite de budget.

4) Déterminer graphiquement le panier de bien qui maximise


l’utilité du consommateur.

5) Comment les prix doivent-ils être modifiés pour qu’à


l’équilibre, le consommateur ne consomme que le bien X ?
101
EXERCICE 5
Parmi un ensemble de biens entre lesquels un consommateur
a le choix, envisageons 3 biens : A, B et C.

La demande pour ces biens se formule de la manière suivante


:

qA = 70 + R / 500 - 10pA - 5pC

qB = 120 + R / 125 - 8pB + 8pA

qC = 90 + R / 100 - 9pC + 4pA

Initialement, R = 5 000, pA = 4, pB = 5, pC = 2
102
EXERCICE 5

1) La demande pour le bien B est-elle rigide ou élastique ?

2) Qu’advient-il de la position de la courbe de demande pour


le bien A si :

- Le prix de ce bien augmente ?

- Le prix du bien B diminue ?

- Le prix du bien C augmente ?


103
CHAPITRE 2 : Le comportement
microéconomique du producteur

• Lesproducteurs utilisent deux facteurs de production, travail


et capital, pour fabriquer les biens et les services qu’ils
vendent sur le marché

•A court terme, l’entreprise doit savoir de quelle quantité de


travail elle va avoir besoin pour produire

•A plus long terme, l’entrepreneur est conduit à combiner


travail et capital de façon à assurer la croissance et la
pérennité de l’entreprise sur son marché
104
PLAN
1. Le calcul économique du producteur en courte période :

A. La productivité des facteurs de production

B. Les coûts de production

2. Le calcul économique du producteur en longue période :

A. Les courbes d’isoquantes

B. Le développement des capacités de production


105
1. Le calcul économique du producteur en courte
période

• Le producteur doit fabriquer des B & S (outputs) à l’aide de deux facteurs de


production, travail et capital (inputs)

• Sur une courte période, seule la quantité de travail peut varier. Le facteur
capital reste stable

• Lorsqu’une entreprise débute son activité, elle dispose d’un capital de départ
(bâtiment, machines...) qui ne variera pas sur une courte période, par
exemple l’année.

• En revanche, elle peut plus facilement embaucher ou débaucher des salariés


pour adapter sa production

106
1. Le calcul économique du producteur en courte période
A. La productivité des facteurs de production
a) Définition :

• La productivité moyenne d’un facteur de production (PML pour le travail et PMK


pour le capital) mesure la quantité de B & S produite rapportée à la quantité de
travail (ou de capital) utilisée :

PML = PT / L = Production totale / quantité de travail utilisée

Si une entreprise produit 100 biens avec 10 ouvriers, la productivité moyenne


du travail est de 10 biens par ouvrier

• La productivité marginale d’un facteur de production (PmL pour le travail et PmK


pour le capital) est la variation de la quantité produite lorsque la quantité du facteur
de production varie d’une unité :

PmL = ∆PT / ∆L

Si l’entreprise produit 105 unités avec 1 ouvrier de plus (11ouvriers), la


productivité marginale du travail sera de (105 - 100) / (11 - 10) = 5
107
1. Le calcul économique du producteur en courte période
A. La productivité des facteurs de production
b) La loi des rendements décroissants :
• Si l’entreprise continue à embaucher du personnel alors que le capital reste fixe, la
production augmente, mais de moins en moins vite, puis finit par décroître lorsque les
individus deviennent trop nombreux.

• Il existe donc pour une entreprise un nombre de salariés optimal à embaucher. Celui-ci
peut être décrit par le comportement des productivités moyennes et marginales du
travail.
Quantité produite

Production totale (PT)

A B Productivité moyenne
du travail (PML)
C
0 10 15 20 30
Salariés
Productivité marginale du travail (PmL) 108
1. Le calcul économique du producteur en courte période
A. La productivité des facteurs de production
b) La loi des rendements décroissants :

• Entre 0 et 10 salariés, la PmL augmente, ce qui signifie que l’embauche d’un


salarié supplémentaire fait croître la production plus vite qu’avec un salarié de
moins. Au point A, la PmL est à son maximum.

• Entre 10 et 20 salariés, la PmL est décroissante mais reste positive. L’embauche


d’un salarié supplémentaire continue à faire croître la production totale, mais
de moins en moins vite.

• Au point C, la productivité marginale est nulle. La production totale atteint son


maximum. Embaucher un 21ème ouvrier fera alors baisser la production totale
car les salariés deviennent trop nombreux pour travailler efficacement.

• Cependant, même si le produit total augmente encore entre 15 et 20 salariés,


l’entrepreneur réalisera un profit maximal lorsque la productivité moyenne du
travail sera la plus élevée, soit pour 15 salariés, au point B où la courbe de PmL
coupe la courbe de PML.
109
1. Le calcul économique du producteur en courte période
B. Les coûts de production de l’entreprise
a) Définitions :
• Le coût total (CT) est la somme des coûts variables (CV, qui augmentent avec la
quantité produite) et des coûts fixes (CF, qui ne dépendent pas des quantités
produites).

• En courte période, le capital est un coût fixe. Le travail est un coût variable qui
augmente avec les quantités produites.

• Le coût moyen (CM) est le coût total sur la quantité produite : CM = CT / PT

• Si un ouvrier reçoit un salaire journalier de 100 € bruts et qu’il produit 100 B & S, le
coût moyen du produit est alors de 1 €.

• Le coût marginal (Cm) est la variation du coût total rapportée à la variation des
quantités produites : Cm = ∆CT / ∆PT

• Chaque ouvrier coûte 100 €. Le 1er ouvrier produit 100 B & S et l’embauche d’un
2nd ouvrier porte la production totale à 180. Le coût marginal est alors de (200 -
100) / (180 - 100) = 1, 25. L’embauche d’un ouvrier de plus coûte 1, 25 € par
unité produite supplémentaire.
110
1. Le calcul économique du producteur en courte période
B. Les coûts de production de l’entreprise

b) Les courbes de coût moyen et de coût marginal :

• Il existe une relation inverse entre productivité (moyenne ou marginale) et


coût (moyen ou marginal). Lorsque les productivités augmentent, les coûts
diminuent et inversement.

• Un salarié fabrique 2 produits au lieu de 1 en une heure. Si ce salarié est


payé 10 € de l’heure, la productivité moyenne passe de 1 à 2 produits par
heure et le coût moyen passe de 10 € (10 / 1) à 5 € (10 / 2).

• Le CmL est minimal lorsque la PmL est maximale (10 salariés). L’entreprise a
pourtant intérêt à continuer à embaucher tant que le CML continue à
baisser (ou tant que la PML continue à augmenter)

• Au 15ème salarié, le coût moyen est minimal. L’embauche d’un 16ème salarié
fait augmenter le coût moyen et réduit donc le bénéfice de l’entreprise
111
1. Le calcul économique du producteur en courte période
B. Les coûts de production de l’entreprise
b) Les courbes de coût moyen et de coût marginal :

112
EXERCICE 6
En courte période, la production totale d’une entreprise varie en
fonction du nombre d’unités de facteur travail (L) selon la relation :

PT = - L3 + 10L2 + 32L

1) Calculer et représenter sur un graphique le PT, la PML et la PmL


pour L variant de 1 à 9.

2) Analyser les formes de PML et PmL et expliquer leurs positions


respectives.

3) Cette entreprise est-elle soumise à la loi des rendements


décroissants ?

4) Quelle quantité la firme devrait-elle produire ?


113
2. Le calcul économique du producteur en longue
période

Lorsque les deux facteurs de production sont variables, la question de leur


combinaison optimale devient cruciale pour l’entrepreneur. Le raisonnement
microéconomique du producteur est alors calqué sur celui du consommateur.

A. Les courbes d’isoquantes :

a) Définition :

Les isoquantes représentent l’ensemble des combinaisons de facteurs possibles


pour un même niveau de production

114
2. Le calcul économique du producteur en longue période
A. Les courbes d’isoquantes
a) Définition :

La courbe d’isoquante l1 représente toutes les combinaisons de facteurs permettant


de réaliser la même production. Ainsi, la combinaison A (L1, K1) utilise plus de capital
et moins de travail que la combinaison B (L’1, K’1), mais le niveau de production est
identique. En revanche, la combinaison C (L2, K2) permet un niveau de production
plus élevé que toutes les combinaisons de l1. 115
2. Le calcul économique du producteur en longue période
A. Les courbes d’isoquantes
b) La combinaison optimale des facteurs de production :
Le producteur, tout comme le consommateur, est contraint par son budget. Il doit supporter un
coût total de production (CT) qui tient compte de la quantité de chaque facteur utilisée (K et
L) et du prix de chacun de ces facteurs (Pk et Pl) :

CT = (Pk . K) + (Pl . l)

On en déduit alors la contrainte budgétaire de l’entrepreneur ou droite d’isocoût :

K = (- Pl / Pk). L + CT / Pk

116
2. Le calcul économique du producteur en longue période
A. Les courbes d’isoquantes
c) Le calcul de l’équilibre du producteur :

• A l’équilibre (au point E), le rapport des productivités marginales des deux
facteurs L et K est égal au rapport des prix de ces deux facteurs :

PmL / PmK = Pl / Pk ou PmL / Pl = PmK / Pk

• La productivité marginale d’un facteur finit par être décroissante à mesure que
celui-ci est utilisé.

Les combinaisons de facteurs travail et capital conduisent à diminuer la


productivité marginale du facteur qui est le plus utilisé (le travail par
exemple), et à augmenter la productivité marginale de celui qui est le
moins utilisé (le capital par exemple).

• A l’équilibre, le producteur n’a plus intérêt à modifier la combinaison productive


entre travail et capital.
117
2. Le calcul économique du producteur en longue période
A. Les courbes d’isoquantes
c) Le calcul de l’équilibre du producteur :

• Une entreprise dispose d’un budget de 1 000. Une machine coûte 500 et chaque
salarié employé coûte 100.

• La contrainte budgétaire s’écrit : K = (-100 / 500). L + 1 000 / 500


• La fonction de production est : PT(L, K) = L . K
• Le rapport des prix Pl / Pk = 0, 2 doit être égal au rapport des productivités
marginales PmL / PmK. Les productivités marginales du travail et du capital sont les
dérivées partielles de la PT par rapport aux facteurs travail et capital

• PmL = dPT / dL = K De même, PmK = dPT / dK = L

• A l’équilibre, PmL / PmK = Pl / Pk. Comme K / L = 0, 2, alors K = 0, 2 L


• En remplaçant cette expression dans la droite de budget, on obtient L = 5 et K = 1
•On vérifie qu’une machine coûtant 500 et 5 salariés coûtant 100 respectent bien le
budget du producteur 118
2. Le calcul économique du producteur en longue période
B. Le développement des capacités de production
a) Les rendements d’échelle :
• Les rendements d’échelle mesurent l’incidence de la variation des quantités de facteur
travail et capital sur le niveau de production. Les rendements sont constants si la production
augmente dans les mêmes proportions que la variation des facteurs de production

• La quantité de facteurs travail et capital augmente de 10 %, ce qui fait varier la production


de 10 %

• Dans le cas de rendements constants, l’accroissement linéaire des quantités de facteurs


travail et capital permet de dessiner un chemin d’expansion linéaire

119
2. Le calcul économique du producteur en longue période
B. Le développement des capacités de production

a) Les rendements d’échelle :


• Les rendements sont croissants si la production augmente dans des
proportions plus importantes que la variation des facteurs de production

Exemple : la quantité de facteurs travail et capital augmente de 10 %, ce qui fait


croître la production de 15 %

• Les rendements sont enfin décroissants si la production augmente dans des


proportions moins importantes que la variation des facteurs de production

Exemple : la quantité de facteurs travail et capital augmente de 10 %, ce qui fait


croître la production de 5 %

120
2. Le calcul économique du producteur en longue période
B. Le développement des capacités de production
b) Le coût moyen de longue période :

• En longue période, l’entreprise va changer de taille et/ou de technologie et va


modifier sa structure de coûts. En reliant ces différents paliers, on obtient une courbe
de coût moyen de longue période qui a une forme en U : l’entreprise réalise d’abord
des économies d’échelle (le coût moyen baisse) puis des déséconomies d’échelle (le
coût moyen augmente).

• Une entreprise qui se développe et grandit peut étaler ses coûts fixes sur une plus
grande quantité produite, ce qui réduit son coût moyen unitaire. Mais lorsque cette
entreprise devient trop importante, elle supporte des coûts d’organisation et de
transaction plus élevés qui nuisent à son efficacité.
121
2. Le calcul économique du producteur en longue période
B. Le développement des capacités de production
c) La fonction d’offre globale :

• L’entreprise va comparer le coût marginal de sa production au prix du marché,


considéré comme une donnée.

• Tant que ce prix est supérieur au coût marginal, l’entreprise a intérêt à produire. Un
marché où le prix augmente (P1 vers P2) va donc attirer des offreurs
supplémentaires (Q1 vers Q2).

• La fonction d’offre est croissante en fonction des prix. 122


EXERCICE 7
La fonction de production d’une firme s’écrit :

Q(L, K) = A . 50L2/3 . K1/2

où Q, L et K représentent respectivement le volume de


production et les quantités de travail et de capital utilisées. A est
une constante positive.

1) Montrer que cette firme connaît à court terme des


rendements marginaux décroissants.

2) Montrer qu’elle connaît au contraire à long terme des


rendements globaux croissants.
123
EXERCICE 8
La fonction de production d’une firme s’écrit :

Q(L, K) = 50LX . K0,4

où Q, L et K représentent respectivement le volume de


production et les quantités de travail et de capital utilisées.

Cette firme a des rendements d’échelle constants à long


terme.

1) Montrer que cette firme a des rendements marginaux


décroissants à court terme.

2) Tracer la courbe de produit total à court terme et la


courbe de coût marginal à long terme. 124
CHAPITRE 3 : Le modèle de concurrence
parfaite et l’équilibre concurrentiel
• Le modèle de concurrence pure et parfaite permet de comprendre
dans un cadre théorique la formation et l’évolution des prix sur les
différents marchés de B & S

• La détermination du profit des entreprises dépend des coûts


auxquels elles font face et du prix du bien ou du service qu’elles
produisent

• Ce prix est considéré comme une donnée qui s’impose aux agents
économiques présents sur le marché

• Les conditions de la CPP permettent alors de déterminer le prix


d’équilibre en courte comme en longue période
125
PLAN
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait :

A. Les conditions de la CPP

B. La détermination et l’évolution du prix

2. La maximisation du profit de l’entreprise :

A. Le profit en courte période

B. Le profit en longue période


126
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
A. Les conditions de la CPP
Il y a en effet 5 hypothèses pour le modèle de CPP :
• L’atomicité du marché : les offreurs et les demandeurs sont très nombreux et de
taille à peu près égale (de sorte qu’aucun agent économique ne peut influencer seul
la fixation du prix et les quantités échangées sur le marché)

• L’homogénéité des produits : les biens et services échangés sont identiques pour les
acheteurs et ne différent que par leurs prix (les consommateurs sont indifférents à
l’identité des offreurs et la qualité est semblable pour l’ensemble des produits)

• La transparence du marché : l’information sur les quantités échangées et les prix est
immédiatement disponible et gratuite

• La liberté d’entrée sur le marché : n’importe quelle entreprise peut entrer sur le
marché (sans obstacle d’ordre technique, juridique ou financier)

• La parfaite mobilité des facteurs de production : le travail comme le capital peuvent


parfaitement se déplacer (d’une entreprise ou d’une activité à une autre)
127
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
B. La détermination et l’évolution du prix
a) Le prix d’équilibre :
• Il est déterminé par la rencontre entre l’offre (croissante du prix) et la
demande (décroissante du prix)

• Le prix d’équilibre se situe à 100 € (offre = demande = 15 000). Si le prix est


trop élevé (150 €), l’offre est supérieure à la demande. Si le prix est trop faible
(50 €), la demande est supérieure à l’offre 128
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
B. La détermination et l’évolution du prix
b) Les variations de la demande :
Dans le modèle de CPP, les prix sont parfaitement flexibles à la hausse ou à la
baisse et réagissent à une variation des quantités demandées et offertes

129
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
B. La détermination et l’évolution du prix
b) Les variations de la demande :
• Lorsque la demande de chaussures augmente à la suite par exemple d’une
hausse du revenu des ménages, la courbe de demande se déplace vers la
droite (demande 2). Ce surcroît d’acheteurs pour un même nombre d’offreurs
permet d’échanger davantage de produits à un prix plus élevé.

• Inversement, si la demande baisse, la courbe de demande se déplace vers la


gauche. Les quantités échangées et le prix d’équilibre diminuent.

• L’accroissement de la demande sans variation de l’offre conduit à échanger 20


000 paires de chaussures au lieu de 15 000, à 125 € au lieu de 100 €.

• Si le prix d’équilibre de départ était de 125 € pour 20 000 paires échangées


(intersection offre 1 et demande 2), la baisse de la demande sans variation de
l’offre ferait déplacer la courbe de demande vers la gauche (demande 1). Les
quantités échangées passeraient de 20 000 à 15 000 et le prix de 125 € à 100
€.
130
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
B. La détermination et l’évolution du prix
b) Les variations de l’offre :
Evolution du prix d’équilibre suite à une variation de l’offre :

131
1. Présentation du modèle concurrentiel pur et parfait
B. La détermination et l’évolution du prix
b) Les variations de l’offre :
• Lorsque l’offre de chaussures augmente suite à une réduction des charges des
entreprises par exemple, l’offre se déplace vers la droite (offre 2). Ce surcroît
d’offreurs pour un même nombre d’acheteurs permet d’échanger davantage
de produits, mais à un prix moins élevé que le prix de départ car la
concurrence est plus vive.

• Inversement, si l’offre baisse, la courbe d’offre se déplace vers la gauche. Les


quantités échangées diminuent mais les prix augmentent suite à la raréfaction
du nombre de produits présents sur le marché.

• L’accroissement de l’offre de chaussures sans variation de la demande conduit à


échanger 20 000 paires au lieu de 15 000 au prix de 75 € au lieu de 100 €.

• Si le prix d’équilibre de départ était de 75 € pour 20 000 paires échangées


(intersection offre 2 et demande 1), la baisse de l’offre sans variation de la
demande ferait se déplacer la courbe d’offre vers la gauche (offre 1). Les
quantités échangées passeraient de 20 000 à 15 000 paires et le prix de 75 € à
100 €
132
2. La maximisation du profit de l’entreprise
A. Le profit en courte période

a) Définitions :
• Recette totale (RT) : chiffre d’affaires c.à.d les quantités vendues (Q) multipliées par
le prix de vente (PV) :

RT = Q . PV

Une entreprise qui produit 100 paires de chaussures à 100 € la paire réalise une
recette totale de 10 000 €.

• Recette moyenne (RM) : recette totale rapportée aux quantités vendues

RM = RT / Q = (Q . PV) / Q = PV

La recette moyenne est donc égale au prix de vente.

133
2. La maximisation du profit de l’entreprise
A. Le profit en courte période
a) Définitions :
• Recette marginale (Rm) : variation de la recette totale induite par la variation d’une
unité produite. Mathématiquement, la Rm est la dérivée de la recette totale :

Rm = (RT)’ = dRT / dQ = (Q . PV)’ = PV

La recette marginale est donc aussi égale au prix de vente.

Si l’entreprise doit produire 110 paires de chaussures, sa recette totale est de 11 000
€. La recette marginale est donc égale à (11 000 - 10 000) / (110 -100) = 100 €, soit
le prix de vente.

• Profit total (∏T) : différence entre la recette totale (RT) et le coût total (CT). Le
profit moyen (∏M) ou unitaire est la différence entre la recette moyenne et le coût
moyen :

∏T = RT - CT et ∏M = RM - CM ou ∏T / Q
134
2. La maximisation du profit de l’entreprise
A. Le profit en courte période
b) Détermination du profit de l’entreprise :
Imaginons une entreprise dont la structure des coûts moyen et marginal est conforme
à celle du chapitre précédent (producteur). Le prix de vente (PV), qui est aussi la
recette moyenne (RM) et la recette marginale (Rm) est une donnée qui s’impose à
l’entreprise. On dit alors que la firme est price taker (« preneuse de prix »)

135
2. La maximisation du profit de l’entreprise
A. Le profit en courte période
b) La détermination du profit de l’entreprise :
L’entreprise a intérêt à produire tant que sa recette marginale (c’est-à-dire
l’augmentation de la recette totale induite par une unité de production
supplémentaire) est supérieure à son coût marginal (c’est-à-dire l’augmentation
du coût total induit par une unité de production supplémentaire).

La courbe de Cm doit donc toujours être en dessous de celle de Rm, soit pour
les quantités produites entre Q1 et Qe.

Dès que sa recette marginale devient égale à son coût marginal, l’entreprise n’a
plus intérêt à produire.

Elle maximise son profit en CCP au point E, c’est-à-dire lorsque Rm = PV = Cm


dans la partie croissante du coût marginal.

ED mesure le profit unitaire (RM - CM), BD les quantités produites optimales


(Qe) et le rectangle ABDE le profit total réalisé par l’entreprise
136
2. La maximisation du profit de l’entreprise
B. Le profit en longue période
En longue période, les facteurs de production (travail et capital) sont variables. De
plus, d’autres entreprises sont attirées par l’existence de profit sur le marché

a) L’évolution du marché :
L’entrée de nombreuses entreprises sur le marché augmente l’offre globale et les
quantités échangées (Q1, Q2, Q3). Cette concurrence plus importante fait baisser le
prix d’équilibre (P1, P2, P3)

137
2. La maximisation du profit de l’entreprise
B. Le profit en longue période
b) Le profit de l’entreprise :
L’entreprise répercute les nouveaux prix du marché pour calculer son profit. Le
profit était maximal en P1. En P2, le profit se réduit ainsi que les quantités vendues
par l’entreprise (Q2). En P3, le profit est nul, le prix d’équilibre se fixe au minimum
du coût moyen (point A). Un prix inférieur à P3 entraînerait des pertes pour
l’entreprise

138
EXERCICE 9
On connaît le barème de coût total d’une firme représentative de celles opérant
sur un marché en concurrence pure et parfaite :

Volume de production Coût total


0 20
1 28
2 34
3 42
4 52
5 70
6 96
7 126
8 160

On connaît aussi les équations de courbes d’offre et de demande sur ce


marché :

QO = 100 + 10 P et QD = 600 - 15 P 139


EXERCICE 9 (SUITE)

1) Déterminer le volume de production et le profit que cette


firme réalisera à l’équilibre à court terme.

2) Quels seront son prix et son volume de production à long


terme (le barème de coût total à long terme est le même qu’à
court terme) ?

140
CHAPITRE 4 : Les modèles de
concurrence imparfaite

• Les économistes ont vite considéré que le modèle de CPP n’était


qu’une hypothèse de travail qui ne permettait pas d’appréhender
toute la réalité économique

• Les modèles de concurrence imparfaite se rapprochent davantage


d’un fonctionnement réaliste de l’économie en décrivant le pouvoir
de marché dont disposent les firmes

141
PLAN
1. Les cas de concurrence imparfaite :

A. Monopole

B. Concurrence monopolistique

C. Oligopole

D. Monopsone

2. L’équilibre de marché : cas du monopole :

A. Recette moyenne et recette marginale

B. Représentation graphique
142
1. Les cas de concurrence imparfaite
On parle de concurrence imparfaite dès qu’au moins une des conditions de
CPP n’est pas respectée. Le prix n’est plus une donnée qui s’impose à tous. Les
offreurs peuvent fixer librement leurs prix : ils sont price makers (« faiseurs de
prix »)

A. Le monopole :

a) Définition :

Situation de marché dans laquelle un seul offreur propose des biens et services
à une multitude de demandeurs : la condition d’atomicité du marché n’est plus
respectée

Exemple : la SNCF dispose partiellement du monopole du transport ferroviaire


français de voyageurs. La législation européenne combat les monopoles publics
et cherche, comme dans le cas des télécommunications, à renforcer la
concurrence
143
1. Les cas de concurrence imparfaite
A. Le monopole
b) Les catégories de monopole :

• Le monopole naturel : une seule entreprise est capable de fournir l’ensemble du


marché tout en demeurant rentable en raison des rendements d’échelle croissants
que lui procure la spécificité sa technologie. Les coûts fixes sont tellement importants
qu’ils interdisent l’arrivée de nouveaux concurrents. Ces barrières naturelles à l’entrée
sur le marché légitiment l’existence d’un monopole.

Une situation de monopole naturel est souvent l’argument avancé par les défenseurs
des monopoles publics (énergie ou transport par exemple).

• Le monopole légal : lorsque des contraintes réglementaires (licence exclusive attribuée


au monopoleur par exemple) empêchent l’entrée sur le marché d’un autre
producteur.

La française des jeux dispose du monopole de l’organisation du loto national.

• Le monopole technologique : lié aux innovations développées par une firme qui lui
permettent de jouir temporairement d’un pouvoir de monopole.

Une entreprise pharmaceutique peut bénéficier d’un brevet sur un médicament 144
1. Les cas de concurrence imparfaite
B. Concurrence monopolistique

• De nombreux offreurs sur le marché mais certains d’entre eux vendent un


bien disposant d’une caractéristique unique qui leur confère une situation
de monopole, temporaire ou non. La condition d’homogénéité du produit
n’est pas respectée.

Philips a été le premier à mettre sur le marché le CD musical et a donc


bénéficié d’un monopole temporaire qui s’est arrêté lorsque les
concurrents ont à leur tour adopté cette technologie.

• La concurrence ne s’établit pas sur les prix mais à partir des


caractéristiques du produit. Le rôle de la promotion et de la publicité
devient alors crucial pour les détenteurs de ce monopole temporaire.

La communication de Philips a longtemps porté sur son image d’innovateur


en rappelant pour tous ses produits qu’il était l’inventeur du Compact Disc.

145
1. Les cas de concurrence imparfaite
C. L’oligopole
a) Définition :

• Présence de quelques offreurs pour une multitude de demandeurs.


Lorsqu’il n’existe que deux vendeurs, on parle de duopole.

• Les marchés oligopolistiques résultent souvent d’opérations de


concentration liées au rachat des entreprises concurrentes dans le but de
réaliser des économies d’échelle ou de réduire la concurrence.

Exemple : le marché automobile est un oligopole dans la mesure où le


nombre de marques est beaucoup moins important qu’il y a 50 ans. Le
marché français est même un duopole car on ne compte que 2 offreurs :
Renault et PSA.

b) Les stratégies en situation d’oligopole :

Les entreprises doivent élaborer une stratégie qui tient compte du


comportement de leurs concurrents. Le marché oligopolistique peut alors
être coopératif ou non coopératif
146
1. Les cas de concurrence imparfaite
C. L’oligopole
b) Stratégies en situation d’oligopole :

• La coopération entre les entreprises peut prendre la forme de cartel dans lequel les
concurrents s’entendent pour limiter la production ou pour proposer un prix de
vente élevé. Les cartels sont interdits par le droit de la concurrence car ils lèsent les
consommateurs qui paient le produit plus cher.

Il est courant de désigner l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole)


comme un cartel ou les quelques producteurs mondiaux peuvent s’entendre pour
réduire la production et augmenter artificiellement le prix du baril. C’est la raison de
l’embrasement du prix en 2008 lorsque les pays de l’OPEP ont réagi à la baisse du
dollar qui réduisait leurs recettes.

• L’absence de coopération peut conduire à une guerre des prix préjudiciable aux
offreurs. L’issue de cette guerre devient alors incertaine. Aucun acteur n’a intérêt à
prendre une décision indépendamment de son concurrent. Augustin COURNOT
montre en 1838 que dans une situation de duopole, chaque offreur doit réagir aux
quantités offertes par l’autre. On converge vers un partage équitable du marché.

Le marché de l’aviation civile est un duopole non coopératif entre EADS et Boeing
(guerre sur prix, innovations et dénonciations d’aides publiques) 147
1. Les cas de concurrence imparfaite
D. Le monopsone

• Situation de marché à l’opposé du monopole : un seul acheteur et un grand


nombre d’offreurs

• C’est l’acheteur, et non l’offreur, qui fixe les quantités vendues et le prix de
vente sur le marché.

• Les monopsones sont le plus souvent des marchés publics où le seul


acheteur est l’Etat.

• Le marché de l’armement lourd est un monopsone, le seul acheteur étant


l’Etat

148
2. L’équilibre de marché en concurrence imparfaite : le
cas du monopole
A. Recette moyenne et recette marginale :

• Les conditions de maximisation du profit en situation de monopole sont les


mêmes qu’en CPP.

• L’offreur produit tant que sa recette marginale (Rm) est > à son coût
marginal (Cm). Le profit du monopoleur est maximal lorsque Rm = Cm.

• Comme en CPP, la recette moyenne (RM) est égale au prix de vente (PV).
Mais comme il n’y a qu’un seul producteur, le prix de vente est une fonction
décroissante des quantités produites par le monopoleur.

• La recette moyenne est donc aussi la fonction de demande globale. En


conséquence, la recette marginale est également décroissante en fonction des
prix.
149
2. L’équilibre de marché en concurrence imparfaite : le
cas du monopole
B. Représentation graphique :

150
2. L’équilibre de marché en concurrence imparfaite : le
cas du monopole
B. Représentation graphique :
• Au point A, la production du monopoleur (Qa) est nulle. Le prix (Pa) est très élevé.
Plus les quantités proposées par le monopoleur augmentent, plus le prix (et la
recette moyenne du monopoleur) baisse.

• Le profit est maximal lorsque la recette marginale est égale au coût marginal, soit
au point E.

• Pour trouver le prix de vente auquel seront vendues les quantités Qe, on projette
sur la droite de recette moyenne le point E’ correspondant à ces quantités, soit un
prix de vente Pe.

• Le prix permettant le profit maximal en CPP est représenté à l’intersection du coût


marginal et de la droite de recette moyenne, soit au point Ecpp. Le profit maximal
du monopoleur est réalisé pour un prix plus élevé et pour des quantités moins
importantes qu’en CPP. Le monopole pénalise donc les consommateurs.

• Depuis l’ouverture à la concurrence du marché des télécommunications, le tarif des


appels téléphoniques a largement baissé pour un nombre plus important (en
comparaison à l’époque du monopole de France Telecom).
151
EXERCICE 10
On connaît le barème de coût total d’un monopole :
Volume de production Coût total
0 30
1 50
2 60
3 68
4 80
5 96
6 120
7 154
8 200
On connaît aussi l’équation de la demande qui lui est adressée :

P = 50 - 5 Q

Calculer le volume de production, le prix et le profit de cette firme. 152


CHAPITRE 5 : Les défaillances du
marché
Les mécanismes de marché ne peuvent pas réguler de manière
satisfaisante l’ensemble des relations économiques

Plan :
1. Les biens collectifs : certains biens et services ne peuvent être
échangés dans un cadre marchand

2. Les externalités : les conséquences négatives pour la collectivité de


la production et de la consommation de certains biens ne font pas
nécessairement l’objet d’une transaction économique marchande

3. Les asymétries d’information : les problèmes d’information entre


agents sur le marché remettent en cause l’efficacité économique sur
celui-ci 153
1. Les biens collectifs
A. Définition
Les biens collectifs ne peuvent être produits par le marché car ils ont la
particularité d’être non rivaux et « non excluables »

a) La non rivalité des biens :

Un bien est non rival lorsque sa consommation par un agent n’empêche pas les
autres agents de consommer le même bien dans les mêmes quantités. Les biens
collectifs sont par nature indivisibles mais leur éventuelle saturation peut leur
faire perdre leur caractère de non-rivalité.

Exemple :

Les biens de consommation courante sont des biens rivaux qui permettent
l’échange sur le marché. La consommation d’une paire de chaussure par un
individu empêche les autres de pouvoir la consommer.

En revanche, l’air que l’on respire est un bien collectif pur. Il pourrait devenir un
bien rival s’il venait à manquer.
154
1. Les biens collectifs
A. Définition
b) La non exclusion des biens :

Un bien est dit « non excluable » lorsqu’il est impossible d’empêcher un agent
économique de le consommer

Exemple : la consommation de bijoux peut écarter par son prix une quantité
d’individus relativement importante. En revanche, les routes départementales,
dans la mesure où les péages sont a priori exclus, doivent être ouvertes à tous.

c) La typologie des biens et services :


Rivalité OUI NON
Exclusion
Biens mixtes ou biens de «
Biens marchands courants
OUI clubs » (club sportif,
(voiture, papier...)
autoroutes...)
Biens communs ou collectifs Biens collectifs purs (air,
NON impurs (biens collectifs information publique, routes
épuisables : eau, poissons...) nationales, défense nationale) 155
1. Les biens collectifs
B. Problèmes économiques posés par les biens
collectifs
a) La tarification :

Les biens collectifs non rivaux permettent à un usager supplémentaire de


consommer le bien sans entraîner une quelconque nuisance (moindre quantité
et qualité du bien par exemple) pour ceux qui consomment déjà ce bien.

Leur coût marginal est donc nul, ce qui pose le problème de leur prix puisque
l’offreur sur un marché tarifie le bien qu’il produit par rapport à son coût
marginal. Il peuvent difficilement être vendus sur un marché dans la mesure où
aucun agent n’est obligé de payer pour bénéficier de ce bien.

Exemple :

L’éclairage public est un service utilisé par tous. Il serait impossible pour un
offreur privé de tarifer ce service en fonction de la consommation de chacun
car les usagers chercheraient alors à minorer leur consommation pour faire
payer les autres.
156
1. Les biens collectifs
B. Problèmes économiques posés par les biens collectifs
b) Le phénomène de passager clandestin :
• Dans le cas des services publics, une tarification de marché conduirait les usagers
à adopter des comportements de « passager clandestin », c’est-à-dire à s’efforcer
de faire payer les autres tout en continuant à profiter du service.

• C’est donc aux pouvoirs publics de prendre en charge la production et de la


financer par l’impôt, quitte à accepter des phénomènes de passagers clandestins,
ou au contraire, à faire payer des non-utilisateurs potentiels.

Exemples :
Les syndicats sont reconnus d’utilité publique mais peuvent favoriser des
comportements de passager clandestin. Un salarié n’est pas obligé d’être
syndiqué pour profiter des avancées sociales obtenues par le syndicat. Ceci
n’empêche pas l’attribution de subventions publiques aux syndicats.

L’ensemble de la communauté finance par l’impôt les routes nationales et


départementales, que les contribuables aient une voiture ou non.
157
2. Les externalités
A. Définition

a) Externalités positives et négatives :


• On parle d’externalité lorsque l’activité d’un agent économique modifie le
bien-être d’autres agents sans compensation financière.

• Les externalités sont négatives lorsqu’elles réduisent le bien-être et positives


lorsqu’elles l’améliorent.

Exemples :
L’entreprise pollueuse dégrade la qualité de l’eau ou de l’air de l’ensemble de la
communauté. C’est une externalité négative.

En revanche, une entreprise qui finance la recherche médicale peut contribuer


à la découverte d’un vaccin par exemple. C’est une externalité positive.
158
2. Les externalités
A. Définition
b) L’allocation sous-optimale des ressources :
• Les externalités négatives conduisent selon Arthur PIGOU à une allocation sous-
optimale des ressources car les entreprises notamment ne prennent pas en compte
dans leurs coûts de production le coût social (ou environnemental) induit par les
externalités qu’elles provoquent.

Une entreprise pollueuse devrait inclure dans ses coûts de production le coût
collectif induit par la pollution, ce qui la conduirait à augmenter ses prix de vente ou
à diminuer sa production.

• Parallèlement, l’entreprise n’intègre pas non plus dans ses recettes les effets positifs
sur la communauté de sa production, ce qui la conduit à ne pas produire autant que
le souhaiterait la société (externalités positives).

Si les entreprises étaient toutes convaincues de l’efficacité de la formation


professionnelle, la loi ne les obligerait pas à consacrer un montant minimal de leur
masse salariale à cet effet.

• Le marché ne permet pas d’intégrer dans les fonctions de production les externalités.
Les pouvoirs publics sont donc amenés à légiférer pour corriger ces effets induits («
internaliser les externalités ») 159
2. Les externalités
B. Le rôle des pouvoirs publics
a) La réglementation :
• L’Etat a le pouvoir d’imposer aux acteurs économiques des règles de
comportement visant à réduire les externalités.

• La réglementation ne pénalise pas les auteurs des externalités mais permet de


prévenir les effets néfastes sur la communauté.

Exemples :
La vaccination obligatoire des enfants, la vérification du niveau de pollution
d’une voiture lors de son contrôle technique sont autant de règlements
permettant de diminuer les externalités négatives des consommateurs.

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) établie en 2001 contraint les


grandes entreprises françaises à évaluer les conséquences environnementales
et sociales de leur activité sur les parties prenantes (salariés, syndicats, clients,
fournisseurs, citoyens...). 160
2. Les externalités
B. Le rôle des pouvoirs publics

b) La fiscalité :
• Imposer les acteurs coupables d’effets néfastes sur la communauté permet
d’internaliser les externalités et répond à l’allocation sous-optimale des
ressources de Pigou.

• Symétriquement, des subventions peuvent être attribuées aux agents


économiques qui favorisent, par leur activité, la communauté.

Exemples :
L’acheteur, en 2008, d’une voiture trop polluante doit s’acquitter d’un droit à
polluer (éco-pastille) qui sert à financer les bonus des propriétaires de
véhicules jugés les moins polluants.

Une taxe générale sur les activités polluantes des entreprises est en vigueur
depuis 1999 pour lutter contre les rejets de carbone.
161
2. Les externalités
B. Le rôle des pouvoirs publics
c) Le marché des droits à polluer :
• Ronald COASE considère également que les externalités doivent être
internalisées, mais par un processus de négociation entre les parties
concernées et non par la fiscalité car l’Etat ne dispose pas de l’information
nécessaire pour savoir quel serait le taux optimal d’imposition.

• Le droit de polluer ou de dépolluer devient alors un droit de propriété


échangeable sur un marché fictif sans coût de transaction et de négociation :

• Soit les pollués (citoyens) disposent d’un droit de propriété (droit à un


environnement propre), et le pollueur (entreprise) doit alors négocier
pour racheter ce droit aux pollués ou faire le nécessaire pour réduire ses
externalités.

• Soit le pollueur (entreprise) dispose d’un droit de propriété (droit à


polluer). Ce sont alors les pollués qui vont proposer des compensations
au pollueur pour qu’il réduise ses externalités, par exemple en acceptant
d’acheter un produit « propre » plus cher. 162
2. Les externalités
B. Le rôle des pouvoirs publics
c) Le marché des droits à polluer :
• Le rôle des pouvoirs publics est alors d’affecter ces droits de propriété aux
agents économiques, ce qui suppose qu’ils connaissent parfaitement pollueurs
et pollués.

• Si l’échange de ces droits de propriété se réalise dans un environnement de


concurrence pure et parfaite, l’Etat n’est alors plus indispensable dans la
réallocation optimale des ressources.

Exemple :
Le protocole de Kyoto entré en vigueur en 2005 préconise d’instaurer un
marché du droit à polluer. Les entreprises européennes disposent de droits
d’émission de CO2 qu’elles peuvent revendre si ces droits ne sont pas « utilisés
», ou racheter si leurs droits initiaux ne sont pas suffisants.

Chaque année, les émissions de ces droits se raréfient, ce qui les rend plus
chers et permet à terme de réduire la pollution.
163
3. L’asymétrie d’information sur les marchés

Le problème de l’information est un élément central de la théorie des marchés.


La transparence constitue un des socles de la CPP.

On parle d’asymétrie d’information lorsque l’un des deux contractants dispose


d’une information de meilleure qualité sur le produit ou sur les conditions de
l’échange.

Ceci lui confère un avantage qui perturbe l’allocation optimale des ressources

Plan :

A. Le défaut de coordination des contractants

B. La théorie des jeux

164
3. L’asymétrie d’information sur les marchés
A. Le défaut de coordination des contractants
a) La sélection adverse ou antisélection :
• Lorsque l’acheteur n’est pas en mesure de déceler la qualité des produits vendus sur
le marché.

• Les vendeurs d’un bien de mauvaise qualité ont intérêt à augmenter leur prix de
vente. Les acheteurs ne sont plus assurés qu’un prix élevé est la garantie d’une
bonne transaction.

• Si au contraire les prix baissent, les « bons » vendeurs sortent du marché et


seuls les « mauvais » ont encore intérêt à offrir leurs produits. Le prix ne joue
plus son rôle d’information pour les acteurs.

• Georges Akerlof en 1970 illustre ce phénomène à l’aide du marché des voitures


d’occasion. Si les acheteurs sont incapables de déceler la qualité des véhicules alors
que les offreurs la connaissent parfaitement, un prix moyen va exclure les bons
vendeurs qui refusent de vendre leurs produits à ce prix, au profit des mauvais, qui
peuvent vendre leurs voitures à bon prix. Les mauvais produits chassent les bons. Les
acheteurs sont conduits à restreindre leurs achats.

• La réglementation, comme par exemple la garantie contre les vices cachés, est un des
moyens qui permettent de contraindre les agents à révéler leur information. 165
3. L’asymétrie d’information sur les marchés
A. Le défaut de coordination des contractants

b) L’aléa moral :
• Lorsqu’un mandant (employeur, assureur...) rémunère un mandataire (salarié, assuré...)
sans être parfaitement sûr que le comportement de ce dernier sera conforme à ce
qu’il attend.

• Un employeur ne peut pas parfaitement observer le comportement d’un salarié car


son contrôle demanderait trop de temps. Les salariés peuvent donc être incités à
limiter leurs efforts tout en profitant de leurs rémunérations

• Les clients peu compétents en matière de mécanique automobile sont contraints de


faire confiance au garagiste, garant d’une expertise qu’ils ne possèdent pas.

• Les mandants doivent donc trouver des mesures incitatives obligeant les mandataires
à révéler l’information qu’ils cachent.

Si les employeurs proposent des salaires élevés, ils vont attirer les bons candidats et
obliger les autres à révéler leurs véritables compétences. C’est la théorie du salaire
d’efficience (Shapiro & Stiglitz). 166
3. L’asymétrie d’information sur les marchés
B. La théorie des jeux

Dans un univers incertain où l’information disponible est insuffisante, les agents


doivent élaborer des stratégies en anticipant le comportement des autres. Le
dilemme du prisonnier est une illustration d’équilibre d’un jeu mettant en
évidence ces anticipations (équilibre de NASH, 1951).

Deux prisonniers sont enfermés séparément. Chacun a le choix de dénoncer


l’autre ou de se taire.

Prisonnier 1
Dénonce l’autre Se tait
Prisonnier 2

Chaque prisonnier est Le prisonnier 2 est libre, le


Dénonce l’autre prisonnier 1 est condamné
condamné à 20 ans
à perpetuité
Le prisonnier 2 est Chaque prisonnier est
Se tait condamné à perpétuité, le
condamné à 10 ans
prisonnier 1 est libre
167
3. L’asymétrie d’information sur les marchés
B. La théorie des jeux

Nash montre que chaque prisonnier ne peut prendre le risque de se taire. Un


prisonnier a toujours intérêt à dénoncer son complice, quitte à être condamné
à 20 ans si celui-ci fait de même.

La non-coopération des acteurs conduit ici à un équilibre sous optimal alors


que la coopération aurait permis de trouver une solution médiane.

Les conclusions de cette théorie et de ses extensions sont extrêmement


critiques pour les tenants de l’efficacité de la concurrence car celle-ci ne
conduit plus nécessairement à l’optimum économique comme l’envisageaient
les classiques.

On retrouve cette idée dans le duopole : les 2 concurrents ont intérêt à


s’entendre sur le niveau de production plutôt que de se faire concurrence

168

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