I. La compréhension de l’écrit
En didactique des langues, l’acte de comprendre désigne : « l’opération mentale de
décodage d’un message oral par un auditeur (compréhension orale) ou d’un message écrit par
un lecteur (compréhension écrite). Cette opération nécessite la connaissance du code oral ou
écrit et s’inscrit dans un projet d’écoute ou de lecture (s’informer, se distraire, etc. ) » (Jean-
Pierre Robert, Dictionnaire pratique de didactique du FLE, 2008 :40).
Les deux processus qui sont mis en œuvre dans l’activité de compréhension et qui
permettent la construction de la signification sont le processus sémasiologique et
onomasiologique. Le pocessus sémasiologique va du mot au discours. Il s’agit de comprendre
successivement les mots, les groupes de mots et les phrases pour parvenir à dégager de la
signification. Le processus onomasiologique va donc du discours au mot. Il s’agit de formuler
des hypothèses sur le sens du texte ensuite ces hypothèses seront ou confirmées ou infirmées.
En général, selon Jean pierre Robert, c’est le deuxième qui est généralement invoqués par les
apprenants.
La séance de la compréhension de l’écrit nous impose, selon Rachid Sahnouni (dans son
document paru dans Oasis), les questions suivantes : qu’est-ce que lire ? Comment développer
la capacité de « faire du sens avec l’écrit » ? Quelles techniques mettre en oeuvre dans le
cadre de la réception et de la découverte de l’écrit ? Quelles habitudes de lectures faut-il
installer chez l’apprenant ?
Tout manuel commence par une présentation de l’ouvrage ou un avant-propos.
Vient ensuite, un sommaire qui présente les projets, organisés sous forme de séquences
d’apprentissage.
La séquence associe des activités multiples (oral, écrit, activités de langue, évaluation
formative, méthodologie, révisions) et précise les compétences et les objectifs d’apprentissage
à installer. Afin de saisir davantage, arrêtons-nous un moment sur quelques définitions.
A partir d’une pédagogie explicite de la lecture, nous pouvant aider nos élèves à
intérioriser la notion de cohérence textuelle, à prendre conscience de la structure des
différents types de textes, à les éduquer et à les « convertir » à la grammaire de texte.
Il leur est nécessaire d’acquérir de nouvelles compétences qui leur permettent de saisir
la structure sémantique d’un texte, son contenu référentiel et de reconnaître le genre textuel,
de diversifier leurs stratégies d’approche du sens du texte (appréhension globale du sens d’un
texte,élaboration d’hypothèses de sens, recherche d’indices lexicaux ou grammaticaux
porteurs de sens, décloisonnement ou « déstructurations », des éléments du texte pour la «
reconstruction du sens » progression thématique du texte étudié
2. La compréhension de l’écrit dans l’enseignement et choix de textes
La compréhension de l’écrit est une étape très importante dans l’enseignement des
langues. Au secondaire surtout, durant chaque séquence didactique, l’enseignant prévoit de
travailler sur plusieurs textes écrits qu’il exploite comme des supports pour répondre à
certains objectifs qui sont indiqués dans les programmes. Il peut travailler sur les textes
proposés dans le manuel ou choisir d’autres textes, mais tout en veillant toujours aux objectifs
tracés dans les programmes. Il s’agit de documents authentiques. Dans le cas où l’enseignant
ne trouve pas textes adaptés aux objectifs tracés, il peut fabriquer un texte. Il s’agit de textes
adaptés.
3. Les objectifs généraux derrière le choix des textes
1. Les objectifs linguistiques : ce sont les objectifs les plus évidents, puisque
chaque enseignement est axé sur l’apprentissage de la langue. Mais la langue envisagée
comme but et non comme moyen. Le texte est avant tout une langue mise en œuvre dans un
contexte de manière fonctionnelle et de manière authentique. Les objectifs linguistiques sont
perceptibles à différents niveaux :
1.2. Le niveau lexical : l’étude du lexique est une étape très importante. C’est à
travers l’étude du lexique que l’apprenant accède au sens du texte et permet parfois de
catégoriser les types de discours. Cette étude du lexique permet un enrichissement en surface
du réservoir lexical à travers le vocabulaire thématique, mais également un enrichissement en
profondeur puisque l’enfant pourra donner un sens exacte aux mots utilisés. Enfin l’enfant
pourra effectuer un usage pratique du lexique puisqu’il pourra réinvestir ce lexique qui se
transformera en un savoir-faire et un savoir-être. Il s’agit vraisemblablement du lexique
relationnel.
EX : dans le débat d’idées, il y a usage d’un vocabulaire spécifique : les
modalisateurs, les détracteurs, les opposants, les antagonistes, etc.
Il y a enfin l’étude du champ lexical pour déterminer parfois la position du
scripteur.
1.3. Le niveau syntaxique : la syntaxe est aussi très importante dans l’étude d’un
texte. Par exemple l’étude de la typologie des phrases permet de rendre compte de la
typologie des discours. Par exemple, la présence de phrases interrogatives rend compte qu’il
s’agit d’une interview ou d’un entretien. L’étude des verbes également.
2. Objectifs formatifs :
Il s’agit ici de l’acquisition de connaissances procédurales, qui vont permettre à l’élève de
développer des savoir-faire, et de l’acquisition de comportements, c’est-à-dire de savoir-être.
Etudier un texte, c’est aussi une occasion pour former l’élève. Cette formation peut s’effectuer
à quatre niveaux :
2.1. Le niveau méthodologique :
Il s’agit ici d’inculquer aux élèves des techniques, des procédés, des savoirs faire. Le
texte servira donc de modèle pour apprendre à :
organiser un discours ;
structurer un énoncé ;
argumenter ;
exposer ;
raconter ;
décrire etc.
On notera que ce niveau est bien pris en charge par les programmes du secondaire
puisqu’ils sont justement basés sur une typologie des textes : on étudie des textes pour
apprendre à en reconnaître les caractéristiques Ŕ au niveau de l’analyse Ŕ et à les réutiliser Ŕ
au niveau de l’expression écrite.
On regrettera tout de même une chose : ces caractéristiques sont dégagées après
l’étude d’un seul texte, alors qu’il aurait été plus pertinent d’analyser au moins deux textes
pour pouvoir les comparer afin de dégager d’une part les éléments communs, qui
correspondent aux invariants du type, et d’autre part les éléments spécifiques à chacun, qui
sont des variables.
Cette façon de procéder présente un avantage certain dans la mesure où elle met en
garde les élèves contre la tentation de retrouver, dans chaque texte du même type abordé par
la suite, toutes les caractéristiques dégagées pour caractériser ce type.
On en donnera un exemple vécu. Après avoir étudié le texte narratif et en avoir dégagé
la structure à partir d’un premier texte, un professeur propose un second texte aux élèves et
leur demande d’en dégager la structure. Dans leurs réponses, tous les élèves ont retrouvé dans
le texte une situation initiale, des événements et une situation finale. Rien de plus normal,
dira-ton.
Le problème, c’est que la situation initiale n’était pas du tout évoquée dans ce texte qui
commençait directement par l’énumération des événements ! Mais les élèves, n’ayant pas été
mis en garde, ont pensé que cette structure était invariable et qu’il y avait lieu de la dégager à
chaque fois.
2.2. le niveau intellectuel :
L’objectif ici est de développer chez les élèves la pratique d’opérations mentales telles
que définies par exemple par BLOOM dans sa taxonomie des objectifs cognitifs :
identifier ;
comprendre ;
appliquer ;
analyser ;
synthétiser ;
évaluer.
On y arrivera en demandant aux élèves, au cours de la séance de compréhension,
d’effectuer certaines recherches : repérer un personnage, un objet, une idée, un articulateur
logique ; relier des personnages à des actions ou des objets à des caractéristiques ; retrouver
les différentes phases d’un récit, les différents éléments d’une argumentation ; résumer les
principaux points d’un développement ; exprimer un point de vue critique sur une théorie, un
comportement… Ainsi entraîné, l’esprit de l’élève deviendra plus souple, plus sûr, plus
rapide.
La lecture du texte est suivie de questions. Ces questions aident l’enseignant. Il faut
qu’elles aient un caractère non contraignant afin d’éviter d’orienter les réponses vers celles,
au préalable, préparées par l’enseignant. Il faut organiser plusieurs questions pour qu’il y ait
choix dans l’ajout, la suppression ou la modification par rapport à des critères.
EX :