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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti540 - La construction responsable

Le chauffage, la climatisation
et l'eau chaude sanitaire

Réf. Internet : 42582 | 5e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
La construction responsable
(Réf. Internet ti540)
composé de  :

Environnement et construction Réf. Internet : 42552

Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire Réf. Internet : 42582

Valorisation des sous-produits industriels en génie civil Réf. Internet : 42826

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
La construction responsable
(Réf. Internet ti540)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Christophe GOBIN
Conseiller scientifique de l’ESTP

Guy RAOUL
Ancien directeur de GTM Construction, Président de la Commission française
de normalisation "Terrassement", Professeur émérite de Génie des Procédés à
L'INSA de Toulouse

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Éric AUZENET Maxime DOYA Yann ROGAUME


Pour les articles : BE9620 – Pour l’article : C8129 Pour l’article : BE8747
BE9621
Frédéric GAL Emmanuel RUTMAN
André BAILLY Pour l’article : C8103 Pour les articles : BE9270 –
Pour les articles : BE9270 – BE9271 – BE9272 – BE9273
BE9271 – BE9272 – BE9273 Baptiste HEELE
Pour l’article : REX100 Alexis SAUVAGEON
Mateusz BOGDAN Pour l’article : C8131
Pour l’article : C8131 Marine HÉRAULT
Pour l’article : REX100 Steffen SCHEER
Emmanuel BOZONNET Pour l’article : C8119
Pour l’article : C8129 Antoine HUBERT
Pour l’article : C8131 Hiva SHAMSBORHAN
Patrice BRAUD Pour l’article : REX100
Pour l’article : B9190 Christian INARD
Pour l’article : C8129 Bruno SLAMA
Richard CANTIN Pour les articles : C8110 –
Pour les articles : C8100 – C8101 André JOFFRE C8111 – C8115
Pour l’article : BE9165
Cécile CAUDRON Lise SLAMA
Pour les articles : G1512 – G1513 Pierre LE CLOIREC Pour l’article : C8115
Pour l’article : IN23
Michel CLERC-RENAUD Albert SUBRENAT
Pour les articles : BE9620 – Christophe PENNEL Pour l’article : IN23
BE9621 – BE9270 – BE9271 – Pour l’article : REX100
BE9272 – BE9273 Claude TERNANT
Denis PETIT Pour les articles : BE9270 –
Xavier DEGLISE Pour l’article : BE9850 BE9271 – BE9272 – BE9273
Pour l’article : BE8535
Stéphane ROBIN Edouard WALTHER
André DONNOT Pour les articles : C8110 – C8111 Pour les articles : C8120 – C8131
Pour l’article : BE8535

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VI
Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire
(Réf. Internet 42582)

SOMMAIRE

1– La réglementation thermique Réf. Internet page

La méthode de calcul de la Réglementation Thermique 2012. Généralités C8110 11

La méthode de calcul de la Réglementation Thermique 2012. Points spécifiques C8111 15

Réglementation thermique, ponts thermiques structuraux et solutions technologiques C8119 21

RT 2012 - Utilisation du schéma RC dans l'étude du comportement thermique d'un C8115 27


groupe
Performance énergétique des bâtiments existants. Caractérisation C8100 31

Performance énergétique des bâtiments existants. Etudes de cas C8101 35

Simulation thermique dynamique (STD) . Maîtrise des consommations d'énergie C8103 39

Méthodologie inverse pour l'obtention du comportement thermique d'un bâtiment REX100 45


ancien
Modélisation du confort dans les espaces ouverts et semi-ouverts C8120 47

2– Le chauffage Réf. Internet page

Énergie solaire thermique dans le bâtiment.Chauffage. Climatisation BE9165 53

Pompes à chaleur. Systèmes à compression de vapeur BE9620 57

Pompes à chaleur. Applications et systèmes particuliers BE9621 61

Calorifugeage . Isolation thermique des équipements BE9850 67

Bois énergie - Propriétés et voies de valorisation BE8535 73

Production de chaleur à partir du bois. Combustible et appareillage BE8747 79

3– Le traitement de l'air et la climatisation Réf. Internet page

Calcul des pressions en façade pour la ventilation naturelle dans les espaces semi- C8131 85
ouverts
Qualité de l’air intérieur : repères et cadre juridique. Logements, ERP et bâtiments G1512 89
tertiaires

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VII
Qualité de l’air intérieur : repères et cadre juridique. Atmosphères de travail G1513 95

Propriétés radiatives des bâtiments pour le rafraîchissement passif C8129 101

Traitement de l'air et climatisation. Généralités BE9270 107

Traitement de l'air et climatisation. Les composants et leurs fonctions BE9271 111

Traitement de l'air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques BE9272 117

Traitement de l'air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques BE9273 123

Traitement de l'air chargé en COV par adsorption-électrodésorption IN23 129

4– L'eau chaude sanitaire Réf. Internet page

Eau chaude sanitaire B9190 135

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Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire
(Réf. Internet 42582)

1
1– La réglementation thermique Réf. Internet page

La méthode de calcul de la Réglementation Thermique 2012. Généralités C8110 11

La méthode de calcul de la Réglementation Thermique 2012. Points spécifiques C8111 15

Réglementation thermique, ponts thermiques structuraux et solutions technologiques C8119 21

RT 2012 - Utilisation du schéma RC dans l'étude du comportement thermique d'un C8115 27


groupe
Performance énergétique des bâtiments existants. Caractérisation C8100 31

Performance énergétique des bâtiments existants. Etudes de cas C8101 35

Simulation thermique dynamique (STD) . Maîtrise des consommations d'énergie C8103 39

Méthodologie inverse pour l'obtention du comportement thermique d'un bâtiment REX100 45


ancien
Modélisation du confort dans les espaces ouverts et semi-ouverts C8120 47

2– Le chauffage

3– Le traitement de l'air et la climatisation

4– L'eau chaude sanitaire

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1

10
Référence Internet
C8110

La méthode de calcul
de la Réglementation Thermique 2012
Généralités
1
par Bruno SLAMA
Gérant de BBS Slama
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Docteur en Mathématiques.

et Stéphane ROBIN
BBS Slama
Ingénieur en Mathématiques et Modélisation – Polytech (Clermont-Ferrand)

1. Contexte réglementaire ................................................................. C 8 110 – 2


2. Concepts et notions « bâtiment » ............................................... — 2
3. Introduction à la méthode de calcul ........................................... — 2
3.1 Exigences de moyens ........................................................................ — 2
3.2 Exigences de résultats ....................................................................... — 2
3.3 Éléments nécessaires au calcul ......................................................... — 3
4. Méthode générale ........................................................................... — 4
4.1 Principe général de calcul, la méthode nodale ................................. — 4
4.2 Espaces tampons ............................................................................... — 5
5. Spécificités du calcul du coefficient Bbio................................. — 7
5.1 Définition et formule .......................................................................... — 7
5.2 Caractéristiques du bâtiment ............................................................. — 8
6. Calcul de la Tic ................................................................................ — 8
6.1 Spécificité de la prise en compte de l’inertie .................................... — 8
6.2 Calcul du terme DTI ........................................................................... — 8
7. Spécificités du calcul du coefficient Cep .................................. — 9
8. Données météo et principe des saisons ..................................... — 9
8.1 Informations météorologiques .......................................................... — 9
8.2 Principe des saisons ........................................................................... — 9
9. Scénarios conventionnels d’usage .............................................. — 10
9.1 Usage de la zone ................................................................................ — 10
9.2 Spécifications par local ...................................................................... — 11
10. Surfaces ............................................................................................ — 11
10.1 Surface utile ....................................................................................... — 11
10.2 SHONRT d’un bâtiment à usage d’habitation ..................................... — 11
10.3 SHONRT d’un bâtiment à usage autre que habitation ....................... — 11
10.4 Surface habitable ............................................................................... — 11
11. Synthèse et conclusion.................................................................. — 11
12. Glossaire ........................................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 8 110

L es réglementations thermiques françaises successives, de la RT 88 à


l’actuelle RT 2012, ont vu un accroissement constant de leurs exigences en
matière de consommation énergétique des bâtiments construits. Cette augmen-
tation des exigences s’accompagne naturellement d’une augmentation de la
complexité des calculs nécessaires à l’évaluation de celles-ci.
Parution : août 2015

Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés C 8 110 – 1

11
Référence Internet
C8110

LA MÉTHODE DE CALCUL DE LA RÉGLEMENTATION THERMIQUE 2012 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

L’ampleur des calculs, et par là même, la multiplication des paramètres et des
données d’entrée, rendent difficile une approche intuitive, voire physique, de
l’amélioration de l’efficacité énergétique au sens de la réglementation. C’est
pourquoi une bonne connaissance des arcanes des calculs effectués peut ouvrir
la voie à une optimisation plus poussée de l’étude réglementaire.
L’objectif est que chaque intervenant dans le processus d’étude et de cons-
truction du bâtiment puisse trouver l’information nécessaire à la compréhen-

1
sion de « l’esprit » et des particularités de la méthode. Il pourra ainsi traiter
plus efficacement les points délicats et réduire les blocages.
Cet article a pour but d’expliciter la méthode de calcul dans sa globalité, ainsi
que des notions générales telles que la prise en compte de l’environnement du
bâtiment. D’autres aspects particuliers font l’objet d’un article plus
détaillé [C 8 111].
La totalité des informations présentées est issue d’une étude approfondie des
textes réglementaires (décrets, arrêtés), de leurs annexes détaillant les métho-
des de calcul ainsi que de certaines normes citées par les textes eux-mêmes.
Une reconstitution de la modélisation première (méthode RC) de la simulation
utilisée a également permis d’éclaircir les fondements de la méthode.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire récapitulatif des abréviations
habituelles employées.

1. Contexte réglementaire 3. Introduction à la méthode


de calcul
La Réglementation Thermique 2012 (ou RT 2012) est une disposi-
tion réglementaire française faisant partie de l’ensemble des lois
issues du « Grenelle de l’Environnement ». La RT 2012 établit un certain nombre d’exigences que les bâti-
Ces législations s’inscrivent dans des contextes plus généraux – ments nouvellement construits se doivent de respecter.
national et européen – d’objectif de réduction des émissions de gaz Celles-ci sont de deux ordres :
à effet de serre, contextes eux-mêmes inscrits dans la logique du – des exigences de moyens ;
protocole de Kyoto de 1997, signé par la France, et dont l’applica- – des exigences de résultats.
tion a été effective à compter de 2005.
Cette RT 2012 n’est que l’expression la plus récente (comme son
nom l’indique, elle est datée de 2012) d’une réglementation qui a 3.1 Exigences de moyens
vu le jour au lendemain du premier choc pétrolier de 1973. La
nécessité impérieuse de limitation de la dépense énergétique a Les exigences de moyens sont constituées d’un ensemble
donné lieu à la toute première RT en 1977. Des versions de plus en d’équipements à mettre en place obligatoirement dans les bâti-
plus exigeantes et complexes ont été produites ensuite : RT 88/89, ments, ainsi que d’un ensemble de garde-fous qui garantissent
RT 2000, RT 2005. des performances minimales concernant les équipements et la
mise en œuvre.
Chacune de ces versions a élevé aussi bien le niveau d’exigence
que le niveau de détail des éléments pris en compte. Cette aug-
Exemples d’exigences de moyens :
mentation dans la finesse de description des bâtiments et de leurs
équipements a conduit à des calculs ne pouvant plus se réaliser – le coefficient de transmission thermique linéique moyen des liai-
que par un traitement informatique (à partir de la RT 2000). Elle a sons entre les planchers intermédiaires et les murs donnant sur l’ex-
également conduit à une complexification des algorithmes de cal- térieur ou un local non chauffé, Y 9, doit être inférieur ou égal à
cul sous-jacents, ce que nous appelons ici méthode de calcul. 0,6 W/(m.K) ;
– installation d’équipements de mesures ou d’estimation de la
consommation.

2. Concepts et notions Ces exigences ne sont pas concernées par les développements
« bâtiment » consacrés à la méthode de calcul.

La description de la méthode de calcul de la RT 2012 fait appel à 3.2 Exigences de résultats


un certain nombre de notions et de termes propres au domaine du
bâtiment. Ceux qui ne sont pas détaillés au fil du texte sont donnés Les exigences de résultats s’expriment principalement à l’aide de
dans le tableau des sigles et abréviations habituellement employés. trois coefficients qui doivent respecter des valeurs limites.

C 8 110 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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Référence Internet
C8110

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– LA MÉTHODE DE CALCUL DE LA RÉGLEMENTATION THERMIQUE 2012

La méthode de calcul abordée dans cet article est celle qui per- ventilation traversante, ou entre niveaux, relativement à l’impact
met la détermination des valeurs de ces coefficients. des défauts d’étanchéité.
La connexion aéraulique caractérise le fait qu’il y a échange d’air
3.2.1 Bbio possible entre les locaux.
Le coefficient Bbio, comme Besoin bioclimatique, caractérise le
besoin du bâtiment en tenant compte de sa conception & Le niveau « groupe »
bioclimatique. Ce niveau regroupe la quasi-totalité des informations requises.
C’est en particulier à ce niveau que s’effectue le calcul des tempé-

1
ratures intérieures (et donc la vérification de l’exigence réglemen-
L’exigence à respecter est : Bbio < Bbiomax. taire afférente) ainsi que des besoins de chauffage, de refroidisse-
Bbiomax est une valeur fixe pour un projet donné. ment et d’éclairage.
Une même zone sera séparée en différents groupes pour les rai-
3.2.2 Tic sons suivantes :
– les locaux principaux ont des évolutions de température très
Tic, ou Température intérieure conventionnelle, caractérise le
différentes : c’est par exemple le cas si une partie des locaux prin-
confort d’été, soit le fait que le bâtiment ne s’échauffe pas trop
cipaux d’une même zone est refroidie et les autres non ;
durant une période « caniculaire ».
– les locaux ont des températures proches mais on veut séparer
des besoins de chauffage et/ou de refroidissement.
L’exigence à respecter est : Tic < TicRef.
Pour un suivi des températures et des consommations des
TicRef est une valeur de référence dépendant du projet. locaux, la notion peut correspondre à celle de local.
L’éclairement intérieur est calculé au niveau du groupe après dis-
3.2.3 Cep tinction entre parties ayant ou non accès à l’éclairage naturel.
La valeur de la Consommation en énergie primaire, Cep, doit être Du fait de la définition de la zone, les différents groupes d’une
comparée à une valeur maximale, Cepmax. même zone sont en connexion aéraulique. On tient compte de la
circulation entre groupes.

L’exigence à respecter est : Cep < Cepmax & Le niveau « local »


Cepmax est une valeur fixe pour un projet donné, uniquement Au sens de la méthode, le niveau « local » permet d’affiner les
modulée par certains critères généraux. apports internes de chaleur et d’humidité, et le besoin d’éclairage.
Pour les apports internes, la répartition entre types de locaux
reste conventionnelle.
3.3 Éléments nécessaires au calcul
Pour l’éclairage, la répartition est précisée.
Les données d’entrée nécessaires au calcul complet des coeffi-
cients cités plus haut peuvent être, de façon simplifiée, regroupées 3.3.2 Systèmes
en quatre grandes catégories :
– environnement extérieur du bâtiment ; Dans la méthode Th-BCE 2012, tous les systèmes sont décrits de
– bâti ; façon formelle comme étant la connexion de trois parties :
– réseaux de distribution d’eau et d’air ; – génération ;
– ventilations et générations (production de chaud et de froid). – distribution ;
Les calculs de Bbio et Tic nécessitent les deux premières catégo- – émission.
ries de données, le principe même du Bbio étant d’évaluer des Suivant les systèmes, chacune de ces parties peut être physique
besoins sans tenir compte des systèmes de production alimentant ou virtuelle et peut aussi avoir plus ou moins de rapport avec une
le bâtiment.
réalité matérielle sous-jacente.
Le calcul du coefficient Cep, requiert obligatoirement les données
complètes. Exemples
– une distribution dans le cadre d’un émetteur à effet Joule sera
3.3.1 Bâti purement virtuelle, génération et émission seront confondues ;
& Le niveau « bâtiment » – dans un système d’ECS, l’émetteur est le dispositif final de four-
niture d’ECS (robinet…).
C’est le niveau où s’exprime l’exigence réglementaire en termes
de coefficients Bbio et Cep.
& Chauffage et refroidissement
& Le niveau « zone »
Chaque émetteur présent dans un groupe est caractérisé par sa
Ce niveau correspond à un regroupement de parties de bâtiment fonction (chauffage ou refroidissement), son ratio d’émission par
pour lesquelles les scénarios d’utilisation sont identiques. rapport au groupe (basé sur la surface relative desservie) et ses
caractéristiques propres d’émission et de régulation.
Exemple
Les scénarios des locaux de la zone « nuit » d’un hôtel, ou l’en- La distribution est séparée en une part pour les groupes et une
semble des logements d’un immeuble collectif auront les mêmes part intergroupes pouvant présenter des taux de pertes récupéra-
scénarios d’occupation. bles différents. Les caractéristiques principales d’un réseau sont
ses pertes (en W/K), sa température et ses consommations
Conventionnellement, tous les locaux d’une zone sont considé- d’auxiliaires.
rés comme étant en connexion aéraulique. L’impact des défauts La génération regroupe l’ensemble des dispositifs de stockage et
d’étanchéité est donc calculé à la frontière d’une zone. C’est donc de génération et les composants en amont de la génération (ENR,
également à ce niveau que sont définies les possibilités de tours de refroidissement, boucle primaire…).

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1

14
Référence Internet
C8111

La méthode de calcul
de la Réglementation Thermique 2012
Points spécifiques
1
par Bruno SLAMA
Gérant de BBS Slama
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Docteur en Mathématiques

et Stéphane ROBIN
BBS Slama
Ingénieur en Mathématiques et Modélisation – Polytech (Clermont-Ferrand)

1. Concepts et notions « bâtiment » ............................................... C 8 111 – 2


2. Baies .................................................................................................. — 2
3. Calcul de la consommation d’éclairage ..................................... — 4
4. Bilan aéraulique............................................................................... — 5
5. Calcul des débits extraits et soufflés ......................................... — 8
6. Ventilation naturelle et hybride ................................................... — 9
7. Émissions.......................................................................................... — 10
8. Distributions .................................................................................... — 12
9. Calcul de l’ECS ................................................................................ — 14
10. Générations ...................................................................................... — 18
11. Les générateurs à combustion ..................................................... — 21
12. Les pompes à chaleur ..................................................................... — 23
13. Photovoltaı̈que ................................................................................ — 25
14. Conclusion........................................................................................ — 26
15. Glossaire ........................................................................................... — 27
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 8 111

L es réglementations thermiques françaises successives, de la RT 88 à


l’actuelle RT 2012, ont vu un accroissement constant de leurs exigences en
matière de consommation énergétique des bâtiments construits. Cette augmen-
tation des exigences s’accompagne naturellement d’une augmentation de la
complexité des calculs nécessaires à l’évaluation de celles-ci.
L’ampleur des calculs, et par là même, la multiplication des paramètres et des
données d’entrée, rendent difficile une approche intuitive, voire physique, de
l’amélioration de l’efficacité énergétique au sens de la réglementation. C’est
pourquoi une bonne connaissance des arcanes des calculs effectués peut ouvrir
la voie à une optimisation plus poussée de l’étude réglementaire.
Le processus général des calculs de la RT 2012 (cf. article [C 8 110]) nécessite
un certain nombre de données d’entrée qui font elles-mêmes l’objet d’un calcul
en fonction des données d’entrée du bâtiment.
On peut assimiler ces traitements à des préprocesseurs qui alimenteraient le
processeur principal.
Parution : août 2015

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15
Référence Internet
C8111

LA MÉTHODE DE CALCUL DE LA RÉGLEMENTATION THERMIQUE 2012 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Cet article se propose de détailler un certain nombre de ces calculs annexes,


points particuliers de la méthode de calcul Th-BCE, afin que chaque intervenant
dans le processus d’étude et de construction du bâtiment puisse trouver l’infor-
mation nécessaire à la compréhension de « l’esprit » et des particularités de la
méthode. Il pourra ainsi traiter plus efficacement les points délicats et réduire
les blocages.
On notera qu’une lecture complète et linéaire de l’article n’est pas nécessaire

1
pour bénéficier des explications de chacun d’entre eux.
Enfin, le lecteur trouvera en fin d’article une synthèse des termes techniques,
sigles et abréviations habituellement utilisés, et ce sous forme de glossaire.

La formule est composée de deux parties :


1. Concepts et notions – la première concerne la partie de la paroi vitrée sans protection
« bâtiment » mobile ;
– la deuxième, la partie avec la protection.

Rprot,b pourcentage de la paroi vitrée avec la protection mobile


La description de la méthode de calcul de la RT 2012 fait appel à mise en place. Le tout est multiplié par l’aire de la baie Ab et par
un certain nombre de notions et de termes propres au domaine du un facteur bsolaire,b de réduction des déperditions dû à la présence
bâtiment. Ceux qui ne sont pas détaillés au fil du texte sont donnés d’un espace tampon.
au § 15, accompagnés des abréviations ou raccourcis habituelle-
ment employés.
2.1.2 Flux de lumière
La méthode de calcul détermine trois flux de lumière : Flt1, Flt2,
Flt3.
2. Baies
& Flt1 est le flux lumineux transmis au groupe par la baie sous
forme directe. Il est obtenu en sommant la part de l’éclairement
2.1 Finalité et décomposition du calcul direct Erp* qui passe par la partie sans protection mobile et que
multiplie son facteur lumineux Tlii_sp avec la part de Erp* qui
Les calculs sur les baies permettent de déterminer : passe à travers la protection mobile que multiplie son facteur lumi-
– les flux de chaleur (Fs1, Fs2, Fs3) pour déterminer les comporte- neux, Tlii_ap_dir :
ments thermiques (voir § 2.1.1) ;
– le facteur de transmission thermique global de la baie (Hges) ( )
Flt1,b = A b⋅ becl,b ⋅ ⎡⎣Rprot,b ⋅ Tlii ap,dir ,b + 1 − Rprot,b ⋅ Tlii sp,b ⎤⎦ ⋅ Erp *
pour déterminer le comportement thermique du groupe ;
– les flux de lumière (Flt1, Flt2, Flt3) pour l’éclairage (voir § 2.1.2) ;
– le débit massique d’air entrant (Qma) pour la surventilation. & Flt2 est le flux lumineux transmis au groupe par la baie sous
forme diffuse. Il est obtenu de la même manière. On somme pour
2.1.1 Flux de chaleur les deux parties de la paroi vitrée, avec et sans protection mobile,
tous les éclairements (direct : Erp*, diffus : Efp* et réfléchi : Errp*)
La méthode de calcul distingue : transmis sous forme diffuse :
– les flux de chaleur issus du rayonnement de courtes longueurs
d’onde (Fs1) ; ⎡ ⎡R
⎢ ⎣ prot,b
( )
⋅ Tlid ap _ dir ,b + 1 − Rprot,b ⋅ Tlid sp,b ⎤⎦ ⋅ Erp * ⎤

– ceux issus du rayonnement de grandes longueurs d’onde (Fs2) ;
– ceux issus de la ventilation de la lame d’air intérieure dans le Flt 2,b
⎢ ⎡
( )
= A b⋅ becl,b ⋅ ⎢ + ⎣Rprot,b ⋅ Tld ap _ dif ,b + 1 − Rprot,b ⋅ Tld sp,b ⎤⎦ ⋅ Efp * ⎥

⎢ ⎥
cas où la paroi vitrée est équipée d’une protection mobile inté-
rieure (Fs3). + ⎡R
⎣⎢ ⎣ prot,b ( )
⋅ Tlid ap _ ref ,b + 1 − Rprot,b ⋅ Tlid sp,b ⎤⎦ ⋅ ERrp *⎥

Ces trois composantes sont calculées avec les facteurs solaires
associés (Sw1, Sw2 et Sw3) de la manière suivante (pour i = 1, 2, 3) : & Flt3 est le flux lumineux transmis au groupe par la baie prove-
⎡ ⎛ Swiap _ dir,b ⋅ Drp *,b +⎞ ⎤ nant de l’éclairement réfléchi par le sol et transmis sous forme
⎢ ⎜ ⎟⎥ directe :
Fsi,b ( )
= A b ⋅ bsolaire,b ⋅ ⎢ 1 − Rprot,b ⋅ Swi sp,b ⋅ Isr
* +R
,b prot,b ⎜ Swi ap _ dif ,b ⋅ Dfp *,b + ⎟ ⎥


⎢⎣
⎜ Swi
⎝ d_ref ,b ⋅ Rrp *,b
⎟⎥
⎠ ⎥⎦ ( )
Flt 3,b = A b⋅ becl,b ⋅ ⎡⎣Rprot,b ⋅Tlii ap _ ref ,b + 1 − Rprot,b ⋅Tlii sp,b ⎤⎦ ⋅ERrp *

avec Drp*, Dfp* et Rrp* (respectivement) rayonnements incident


direct, diffus et réfléchi par le sol (après prise en compte des mas- Des formules plus complètes, mais suivant le même principe,
ques). Leur somme vaut Isr,b. sont applicables dans le cas où il y a deux protections mobiles.

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2.2 Données d’entrée : les facteurs Dans la matrice de la figure 2, par exemple, les valeurs à fournir
sont celles des cases colorées.
solaires et lumineux
Les données d’entrées spécifiques au calcul pour les baies sont 2.2.2 Facteurs lumineux
de deux ordres : Les facteurs de transmission lumineuse (appelés aussi « facteurs
– données de spécification de la transmission des flux, c’est-à- lumineux ») sont également requis pour le calcul. Le facteur lumi-
dire les facteurs solaires et lumineux (voir § 2.2.1 et § 2.2.2) ; neux global Tld se décompose en un facteur lumineux du flux inci-
dent direct transmis sous forme diffuse Tlid et un facteur lumineux

1
– données de spécification des modes d’ouverture des baies (voir
§ 2.3.2). du flux incident direct transmis sous forme directe Tlii.

Tld = Tlid + Tlii


2.2.1 Facteurs solaires
Le calcul réglementaire requiert de renseigner le facteur lumi-
Les Swi, i = 1, 2, 3, sont les facteurs solaires des baies (figure 1). neux global Tld et sa composante transmise sous forme diffuse,
Leur calcul ne font pas partie des calculs réglementaires et doivent Tlid. On doit renseigner ces valeurs pour une paroi vitrée avec et
être réalisés au préalable par les fournisseurs des produits ou le sans protection mobile. Si la protection mobile est un store à
bureau d’étude. lames orientables, comme précédemment, les résultats prennent
la forme de matrices.
Les facteurs solaires sont donnés dans les conditions de confort
(Th-E) et de consommation (Th-BC) avec et sans protection mobile.
Dans le cas où la protection mobile est un store à lames orienta- La RT 2012 prévoit la possibilité d’avoir deux protections mobi-
les. La deuxième protection est supposée avoir une fonction
bles, les résultats prennent la forme de matrices, dans lesquelles
uniquement d’anti-éblouissement. Cette deuxième protection
on trouve des valeurs de facteurs solaires pour différentes inclinai-
permet d’optimiser la gestion de la première. Les facteurs
sons de lames et hauteur du soleil.
lumineux de la deuxième protection sont conventionnels.

S1 : composante de
transmission solaire 2.3 Autres calculs liés aux baies
1. Rayonnement directe (composante
incident courte longueur d’onde),
2.3.1 Gestion des protections mobiles
2. Partie du S3
rayonnement S2 : composante de La RT 2012 détermine le ratio surfacique de baie protégée par la
1.
réfléchie vers réémission thermique
S1
protection mobile, le terme Rprot, en fonction, du type de protection
l’extérieur vers l’intérieur
2. (composante grande mobile, de la gestion qui sera mise en place, de l’éclairement fourni
3. Partie du longueur d’onde + par la lumière du jour, du vent et des températures intérieures et
rayonnement 3. convective), extérieures (voir figure 3).
S2
absorbée puis
réémise vers S3 : composante de
l’extérieur ventilation liée à la 2.3.2 Ouverture des baies pour surventiler
présence d’une lame
d’air ventilée. La RT 2012 prend en compte l’ouverture des baies pour en
déduire la surventilation qui est la méthode de rafraı̂chissement
passive consistant à faire circuler de l’air frais en provenance de
Figure 1 – Transmission des rayonnements par une baie l’extérieur dans le groupe.

Sun tracking M_suntracking_Sw_BC


Sw_ap_dir,b
Hauteur du soleil Sw_ap_diff,b Sw_ap_ref,b
0o 15o 30o 45o 60o 75o
Composantes du facteur Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3 Sw1 Sw2 Sw3
solaire
l 90
75
60
45
30
15
Inclinaison des - 0
lames
-15
-30
-45
-60
-75
l -90

Figure 2 – Matrice de facteurs solaires pour Th-BC

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LA MÉTHODE DE CALCUL DE LA RÉGLEMENTATION THERMIQUE 2012 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Baies en Gestion manuelle


Occupation locaux occupés en occupation
(Iooc_zone = 1)
Baies en Gestion manuelle
locaux inoccupés en inoccupation
Gestion manuelle
Inoccupation Gestion manuelle
(Iooc_zone = 0) Tous les locaux en inoccupation
Baies en

1
locaux occupés Gestion manuelle
PM1 en dérogation par dérogation
Occupation
(Iooc_zone = 1) Baies en
locaux occupés
non dérogées
Gestion automatique et baies en Gestion automatique
locaux inoccupés en occupation
Inoccupation
Th-BC (Iooc_zone = 0) Tous les locaux
Gestion automatique
en inoccupation

Baies en
locaux occupés
en dérogation Mise en place
Occupation
(Iooc_zone = 1) Baies en
locaux occupés
PM2
Gestion des non dérogées
(si présente) Gestion manuelle et baies en
protections mobiles locaux inoccupés Non mise en place
Inoccupation
(Iooc_zone = 0) Non mise en place

Occupation
(Iooc_zone = 1) PM1 mise en place à 90 ou 100 %
si store vénitien: orientation des lames à 90o
PM1
Th-E Inoccupation PM1 mise en place à 100 %
(Iooc_zone = 0)
si store vénitien: orientation des lames à 90o
PM2 (si présente) Non mise en place

Figure 3 – Schéma de détermination de Rprot

La ventilation hygiénique du bâtiment est supposée indépen- au bruit de la baie considérée : cela exclut la possibilité de surven-
dante de la surventilation. L’ouverture des baies n’a aucun impact tilation en période d’inoccupation hors usages d’habitation.
sur le calcul du facteur de transmission thermique global par les
baies (Hges), ni sur le calcul des flux de chaleur transmis par les
baies au groupe sous forme de rayonnement (Fs1, Fs2) ou au tra-
vers d’une lame d’air intérieure ventilée (Fs3). Les débits par ouver-
ture des baies n’interviennent pas dans les calculs de pressions
3. Calcul de la consommation
d’équilibre du groupe. d’éclairage
En revanche, pour le calcul de la surventilation (rafraı̂chissement
passif), on détermine des débits d’air frais entrant par les baies
ouvertes. 3.1 Champ d’application
Ce débit découle du ratio d’ouverture des baies, Rouv. Deux
modes de gestion sont envisagés : 3.1.1 Bâtiments et locaux concernés
– automatique, c’est-à-dire que le ratio d’ouverture des baies est Tous les bâtiments font l’objet d’un calcul d’éclairage.
commandé par un système de régulation obéissant à des consi-
gnes de température : Pour les logements et les chambres des usages d’hébergement, tou-
tes les valeurs sont conventionnelles (puissance, système de gestion).
 une dérogation manuelle par les occupants, ne concernant
que les ouvrants accessibles dans des locaux occupés, est Pour les autres bâtiments, les valeurs de puissance et de systè-
possible. La part soumise à dérogation, Pderog_ouv est pure- mes de gestion sont des données d’entrée.
ment conventionnelle et fixée à 50 %,
 ce mode autorise la surventilation en période d’inoccupation, 3.1.2 Éclairages non pris en compte
et donc la surventilation nocturne commandée ; Les éclairages non pris en compte sont les suivants :
– manuel, c’est-à-dire que ce sont les occupants du groupe qui – éclairage extérieur ;
gèrent le ratio d’ouverture des baies selon les sensations de froid – éclairage des parkings ;
ou de chaud qu’ils perçoivent, mais également selon l’exposition – éclairage de sécurité ;

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– éclairage destiné à mettre en valeur des objets ou des mar- & Accès effectif
chandises, soit : Les locaux ayant un accès effectif à l’éclairage naturel sont
 les objets d’art tels que les peintures, les sculptures, les objets constitués :
d’art avec un éclairage incorporé (lustres…) mais pas les lumi-
naires décoratifs, – des groupes munis de baies et dont la profondeur est inférieure
ou égale à 2,5*(hLi – hTa) :
 l’éclairage localisé destiné à mettre en valeur les tables de
restaurant,  hLi étant la hauteur du linteau par rapport au sol,
 hTa la hauteur du plan de travail (plan de référence) par rap-

1
– éclairage spécialisé destiné à la réalisation d’activités particuliè- port au sol,
res (i.e. : l’éclairage de scène dans les locaux utilisés pour le spec-
tacle et les loisirs sous réserve que cet éclairage vienne en complé- – pour les groupes d’une profondeur plus importante, des parties
ment d’un éclairage général et qu’il soit commandé par un système des groupes situées à une distance d’une baie inférieure à 2,5*
de commande dédié accessible au seul personnel autorisé). (hLi – hTa), sous réserve que les luminaires éclairant ces parties
soient commandés de façon indépendante ;
L’éclairage d’accentuation des aires de vente des commerces – des parties du groupe munies de parties vitrées uniformément
est pris en compte et fait l’objet dans la méthode d’un calcul réparties en toiture (éclairage zénithal, sheds, lanterneaux).
explicite. La puissance d’éclairage des bureaux fait également
& Accès réduit
l’objet d’un calcul spécifique (notion d’éclairage mobilier).
Pour les groupes munis de baies et dont la profondeur est supé-
rieure à 2,5*(hLi – hTa) :
3.2 Principe – des parties des groupes situées à une distance d’une baie supé-
rieure à 2,5*(hLi – hTa) ;
Le calcul s’effectue heure par heure pour chaque local et il est – des parties des groupes situées à une distance d’une baie infé-
caractérisé par les informations suivantes : rieure à 2,5*(hLi – hTa), sous réserve que les luminaires éclairant ces
– une surface : Alocal ; parties soient commandés par un dispositif commun à toutes les
– une puissance consommée par m2, en fonctionnement normal, parties du local.
sans gradation : Pecl_tot ;
– une puissance consommée par m2, en fonctionnement éteint 3.2.2 Focus sur le coefficient C2
(consommation résiduelle des systèmes de gestion) : Pecl_aux ;
– un mode de commande de l’éclairage artificiel qui déterminera Ce coefficient caractérise la prise en compte de la lumière natu-
le coefficient C1 (entre 0 et 1) : relle dans la gestion de l’éclairage. Il peut être interprété comme la
part d’éclairage couvert par la lumière naturelle.
 aucun (éclairage permanent en occupation),
Il est déterminé par des courbes (figure 5) selon :
 interrupteur manuel,
– l’éclairement naturel intérieur, calculé d’après les rayonne-
 interrupteur manuel + système de programmation horaire,
ments solaires et les caractéristiques des vitrages, Einat ;
 marche et arrêt automatiques par détection de présence/ – l’éclairement intérieur de référence, déterminé suivant le type
absence, d’occupation, Eiref ;
 marche manuelle/arrêt automatique par détection d’absence, – le mode de gestion des apports de lumière naturelle.
– un ratio de surface ayant accès à la lumière naturelle :
Ratioécl_nat ;
– un mode de gestion de l’éclairage artificiel en fonction de
l’éclairement naturel qui déterminera les coefficients C2pae et C2ae
4. Bilan aéraulique
(entre 0 et 1, pour chacune des parties ayant accès ou non à la
lumière naturelle) :
 impossible, 4.1 Principe
 manuelle (interrupteur marche/arrêt),
Un bilan aéraulique est effectué à chaque pas de temps. Il
 gradation automatique, conduit au calcul de la pression au niveau du plancher de chaque
 allumage et extinction automatiques par franchissement d’un zone (Pib).
seuil d’éclairement, Les débits d’air spécifiques, liés aux systèmes de ventilation,
 extinction automatique par franchissement d’un seuil sont déterminés puis les débits d’air dus à la transparence de
d’éclairement. l’enveloppe en sont déduits. Ces derniers correspondent aux débits
passant par les entrées d’air et par les défauts d’étanchéité de
La consommation d’un local est donnée par le maximum entre l’enveloppe (aussi appelés perméabilité à l’air).
Pecl_aux*Alocal et (Pecl_tot*Alocal*C1*IEcl)*[Ratioécl_nat*-
C2ae + (1 - Ratioécl_nat)*C2pae] + Pecl_aux*Alocal*(1 - IEcl). Les groupes d’une même zone peuvent communiquer, mais uni-
quement par l’intermédiaire d’un groupe particulier appelé hall/cir-
Se reporter à la figure 4. culation. La température et l’hygrométrie des groupes permettent,
après le bilan aéraulique, d’effectuer un bilan thermique.
3.2.1 Locaux ayant accès à la lumière naturelle
L’accès à la lumière naturelle est déterminé suivant la profondeur 4.2 Caractéristiques aérauliques
des locaux munis de baies. Les locaux sans baies sont décrétés
sans aucun accès à la lumière naturelle.
des composants
Pour les locaux munis de baies, on distingue les locaux ayant un 4.2.1 Entrées d’air
accès effectif de ceux ayant un accès réduit. Pour la suite, on
appelle « profondeur » la distance, perpendiculaire au centre de la Les débits d’air par les entrées d’air dépendent de la pression DP
paroi vitrée. qui s’exerce sur elles.

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LA MÉTHODE DE CALCUL DE LA RÉGLEMENTATION THERMIQUE 2012 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Baies
Rayonnements
Protections
solaires
Masques

Flux direct Flux diffus Flux réfléchi

1
Mode de
Mode de gestion
commande dans
dans le local
le local
x 20 % x 100 % x 60 %

Flux lumineux total équivalent


Type de local

Part du local
ayant accès à la
lumière Surface ayant
accès à la Éclairement
Éclairement intérieur de
lumière
naturel référence
Surface du local

Coefficient
C2
Coefficient
C1

Consommation

Puissance
auxiliaire

Puissance
d’éclairage

Figure 4 – Schéma de principe du calcul de la consommation d’éclairage

& Dans la partie principale (jusqu’à une certaine valeur DP1) : Les défauts d’étanchéité sont répartis conventionnellement selon
le schéma de la figure 6.
j
qν,EA ( ΔP ) = C j ΔP 0, 5
Les débits volumiques d’air dus à la perméabilité sont évalués à
partir de la formulation suivante :
& Pour DP > DP1, le comportement autoréglable qui est linéaire :
qν,def ( ΔP ) = sgn ( ΔP )Cdef
g 2/3
ΔP
j
qν,EA ( ΔP ) = a × ΔP + b 4.2.3 Système de ventilation
La répartition et la hauteur des entrées d’air impactent les Les débits volumiques spécifiques repris, et soufflés, par le sys-
valeurs de pressions intérieure et extérieure. Celles-ci sont fonction tème de ventilation sont calculés selon la méthode de calcul décrite
de la hauteur de tirage thermique et donc de la hauteur de la zone au chapitre suivant de ce document.
et de son degré de cloisonnement entre niveaux. On définit dans la
méthode de calcul une altitude basse (zb) et une altitude haute (zh) 4.2.4 Pression du vent
de la zone. Les débits par les entrées d’air et par infiltration dépendent de
DP :
Les entrées d’air sont réparties de manière conventionnelle dans
chaque groupe comme indiqué dans le tableau 1. ΔP = Pext,comp − Pib
1
avec Pext,comp = Cp ⋅ ρext ⋅Vvent
2 − g ⋅ z comp ⋅ ρext
4.2.2 Perméabilité 2

Les défauts d’étanchéité sont des données du groupe. Ils sont Pext,comp est déterminée pour les parois au vent, sous le vent, en
g 2 2 partie haute, basse, ainsi que pour le toit. Les valeurs des coeffi-
caractérisés par un coefficient Q4Pa surf (m /h.m ), perméabilité à cients de pression sont données conventionnellement dans le
l’air du groupe. tableau 2.

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C8119

Réglementation thermique,
ponts thermiques structuraux
et solutions technologiques 1
par Steffen SCHEER
Directeur Technique, Ingénieur Génie Civil (université de Stuttgart (D), INSA Lyon (F))
SCHÖCK France (Entzheim, France)

1. Réglementations thermiques .................................................................... C 8 119 - 2


1.1 L’Europe et la consommation d’énergie ................................................... — 2
1.2 Historique de la réglementation thermique française ............................. — 3
2. La réglementation thermique en France (RT 2012) ................................. — 4
2.1 Énergie finale, énergie primaire ................................................................ — 4
2.2 Dates d’application ..................................................................................... — 4
2.3 Une réglementation performante basée sur 3 indices
et exprimant 3 exigences ........................................................................... — 4
2.4 Exigences de moyens ................................................................................. — 7
2.5 La RT 2012 et le traitement des ponts thermiques................................... — 7
2.6 Traitement des ponts thermiques en isolation intérieure (ITI)................ — 9
2.7 Traitement des ponts thermiques en isolation extérieure ou répartie
(ITE/ITR)........................................................................................................ — 9
2.8 Bâtiments à énergie positive...................................................................... — 9
2.9 RT 2020 : déclencher une prise de conscience ......................................... — 9
3. Ponts thermiques........................................................................................ — 10
3.1 L’essentiel à savoir...................................................................................... — 10
3.2 Différents types de ponts thermiques ....................................................... — 11
4. Transfert d’humidité / Hygrométrie.......................................................... — 12
4.1 Humidité relative de l’air ............................................................................ — 13
4.2 Température de condensation / Température du point de rosée ........... — 14
4.3 Température de prolifération des moisissures ........................................ — 15
4.4 Température superficielle minimale θmin et facteur de température frsi..... — 15
4.5 Température surfacique à l’intérieur des pièces ...................................... — 16
5. Exemples de solutions thermiques peu efficaces.................................... — 16
6. Exemple des solutions thermiques efficaces selon la RT 2012 .............. — 17
6.1 Solutions du traitement des liaisons acier – acier.................................... — 17
6.2 Solutions du traitement des liaisons béton – béton ................................ — 18
6.3 Solutions du traitement des liaisons béton – acier .................................. — 20
6.4 Solutions du traitement des liaisons béton – bois ................................... — 22
7. Autres aspects techniques et calcul des rupteurs de ponts thermiques
structuraux .................................................................................................. — 22
7.1 Autres caractéristiques techniques des rupteurs de pont thermique .... — 22
7.2 Modélisation et calcul d’un rupteur de pont thermique .......................... — 23
7.3 Exemples de mise en œuvre de rupteurs de pont thermique................. — 24
8. Conclusion ................................................................................................... — 24
9. Glossaire ...................................................................................................... — 24
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 8 119
Parution : avril 2018

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C 8 119 – 1

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C8119

RÉGLEMENTATION THERMIQUE, PONTS THERMIQUES STRUCTURAUX ET SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES ____________________________________________

es bâtiments étant de mieux en mieux isolés, les ponts thermiques ont un


L impact de plus en plus important sur les déperditions. Pour les limiter, ou
pour les supprimer, des solutions techniques existent qui sont sans cesse en
évolution. C’est le cas, par exemple, des rupteurs de ponts thermiques qui font
l’objet de cet article.
Plus les performances d’isolation des parois sont élevées, plus sont sensibles
les déperditions engendrées par les ponts thermiques. Provoqués par la dis-
1 continuité entre les matériaux, mais aussi entre les matériaux et la paroi, les
ponts thermiques deviennent alors les seuls points de passage de la chaleur
vers l’extérieur, engendrant ainsi des pertes qui s’ajoutent aux déperditions
surfaciques des parois.
Notons par exemple que, dans un bâtiment isolé au niveau BBC (Bâtiment basse
consommation), qui correspond au niveau minimum exigé par la réglementation
thermique en vigueur en France actuellement, les ponts thermiques peuvent
représenter plus de la moitié des déperditions, hors ventilation. Or, la probléma-
tique n’est pas nouvelle et tous les professionnels, entreprises et Maîtres d’Œuvre,
savent la nécessité de réduire ces fuites. Ceci est d’ailleurs devenu une obligation
car le traitement des ponts thermiques est exigé dans les constructions neuves.
Notons aussi qu’au-delà de la simple conformité réglementaire, le traitement
des fuites thermiques est également l’assurance du confort des occupants, en
évitant les sensations de froid, mais aussi de la durabilité du bâti contre les
pathologies comme les risques de fissurations, moisissures, condensation et
corrosion au droit des ponts thermiques, à l’intérieur même du bâtiment.
Une spécificité française, qui ne se rencontre dans aucun autre pays euro-
péen, réside dans la pratique de l’isolation par l’intérieur. Le complexe
doublage, panneau d’isolation avec une finition généralement en plâtre,
disposé à l’intérieur des bâtiments, est très répandu en France. Évidemment,
ce type d’isolation crée plus de ponts thermiques avec des points singuliers,
qu’une isolation par l’extérieur ; cette dernière étant la pratique courante ail-
leurs en Europe et même dans le monde.
Notons qu’en dehors de la France, seuls le Japon, la Corée du Sud et la
Turquie ont recours à une isolation par l’intérieur.
Le présent article rappelle d’abord l’évolution de la réglementation ther-
mique française avant de détailler les aspects propres à la réglementation en
vigueur actuellement, la norme RT 2012. Il explique ensuite ce que sont les
ponts thermiques et décrit les notions d’hygrométrie et de transfert d’humidité.
Afin de sensibiliser le lecteur aux erreurs à ne pas commettre, mais qui
restent pourtant trop fréquentes, quelques exemples de solutions peu efficaces
sont ensuite mis en évidence. Les solutions permettant de traiter réellement
les ponts thermiques structuraux sont alors détaillées et l’article se termine par
l’examen de méthodes de calcul simples utilisables pour dimensionner les rup-
teurs de ponts thermiques.

1. Réglementations – la dépendance de l’UE augmente vis-à-vis des importations de


combustible quel qu’il soit (gaz, pétrole…) ;
thermiques – les prix des combustibles ont presque doublé sur les deux der-
nières années rendant la situation de plus en plus difficile pour les
consommateurs ;
– le climat est en mutation suite aux gaz à effet de serre émis
1.1 L’Europe et la consommation lors de la combustion des énergies fossiles ;
d’énergie – les marchés intérieurs de l’énergie ne sont pas encore pleine-
ment développés.
Depuis la signature du traité de Maastricht en 1992, la France
fait partie de l’Union Européenne. Et en tant que première puis- Sur ces bases, le livre vert [1], publié en mars 2006, établit les
sance économique et commerciale de la planète, l’UE s’est enga- fondements d’un plan d’action pour une énergie sûre, concurren-
gée énergétiquement. tielle et durable via le développement d’une politique énergétique
européenne commune et cohérente. Ce livret mobilise à la fois les
■ Le constat de l’Union Européenne est le suivant : États membres (à l’échelle nationale et locale), les particuliers et
– la demande énergétique est en augmentation et les infrastruc- les industries. De plus, il couvre tous les secteurs de l’énergie
tures sont vieillissantes ; (production, distribution et consommation).

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C 8 119 – 2

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____________________________________________ RÉGLEMENTATION THERMIQUE, PONTS THERMIQUES STRUCTURAUX ET SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES

■ On relève six propositions prioritaires dans le livre vert :


– l’UE doit achever la réalisation des marchés intérieurs de Tableau 1 – Évolution de la réglementation
l’électricité et du gaz. Cela passe par l’établissement d’un réseau thermique en France
européen avec une amélioration des interconnexions des mar-
chés ; Années Décisions réglementaires
– l’UE doit veiller à ce que son marché intérieur de l’énergie
garantisse la sécurité d’approvisionnement et la solidarité entre

1
les États membres. Il faut réexaminer la législation communautaire 1974 1er choc pétrolier
sur les stocks et créer un observatoire européen de l’approvision- Premières réglementations pour les bâtiments
nement en énergie ; d’habitation neufs. Il s’agit de mieux maîtriser les
consommations d’énergie, introduction du
– il y a nécessité d’un débat à l’échelle communautaire sur les coefficient G (déperditions volumiques).
différentes sources d’énergies, les coûts et les contributions au
changement climatique ;
– l’Europe doit relever les défis en matière de changement cli- 1976 Modifications pour tenir compte du non
matique d’une façon qui soit compatible avec les objectifs de Lis- résidentiel, introduction du coefficient G1
(déperditions volumiques autres que d’habitation).
bonne. Les objectifs doivent être clairs pour donner la priorité à
l’efficacité énergétique, mais aussi adopter une feuille de route à
long terme pour les sources d’énergie renouvelables ; 1980 Label haute isolation pour des bâtiments
– il faut un plan stratégique pour les technologies énergétiques d’habitation.
afin de créer des marchés de pointe en matière d’innovation éner-
gétique. la politique énergétique extérieure doit être commune 1982 Introduction des coefficients GV (énergie et
pour faire face à : ventilation) et BV (besoin de chauffage) et
• la hausse et la volatilité des prix de l’énergie, renforcement de ces deux coefficients de 30 %
pour le logement.
• la dépendance croissante à l’égard des importations,
• la forte croissance de la demande mondiale d’énergie et le
1983 Labels HPE & solaires dans les bâtiments
réchauffement planétaire.
d’habitation.

Remarque 1988 Renforcement de l’exigence de 25 % pour le non


résidentiel, introduction du coefficient C
L’UE pourrait encore réduire de 20 % sa consommation
(consommation d’énergie) et reconduction du
d’énergie, ce qui représenterait une économie de 60 milliards
label HPE
d’euros, ainsi qu’un progrès important pour la sécurité de
l’approvisionnement énergétique et une possibilité de créer
jusqu’à 1 million d’emplois nouveaux dans les secteurs direc- 2001 Nouvelle réglementation thermique RT 2000
tement concernés. (applicable à partir du 1/6/2001), coefficient C
(chauffage, eau chaude sanitaire (ECS)), auxiliaires
et éclairage et TIC (confort été)

Lors de la préparation de leur cadre de référence stratégique


national et de leur programme opérationnel, les États membres et 2004 Quelques corrections et distinction entre les labels
les régions sont appelés à mieux utiliser les possibilités offertes HPE et THPE
par la politique de cohésion à l’appui de la stratégie actuelle. D’ail-
leurs, en France et dans d’autres pays de l’Union Européenne, on 2006 Nouvelle réglementation thermique RT 2005
retrouve une étiquette énergétique sur les bâtiments. Cette éti- (applicable à partir du 1/9/2006), renforcement des
quette est une des réponses à la nécessité de s’engager vis-à-vis exigences : diminution de la consommation
du changement climatique. d’énergie de –15 à –20 % par rapport à la RT 2000

2010 Premier Grenelle de l’environnement,


renforcement avec le label BBC : –50 % par
1.2 Historique de la réglementation rapport à la RT 2005
thermique française
2011 Nouvelle réglementation thermique RT 2012
Pour mieux comprendre l’évolution de la réglementation ther-
(applicable depuis le 28/10/2011), label BBC pour
mique en vigueur en France, l’historique des réglementations suc-
tous bâtiments (consommation d’énergie primaire
cessives est rappelé dans le tableau 1. < 50 kWh ép./(m2.an)),
Il est difficile de comparer les différentes normes et les labels,
car les consommations, les surfaces et autres indicateurs qui la
2020 Nouvelle réglementation énergétique en tenant
définissent, ont changé au fur et à mesure des années.
compte du cycle de vie des matériaux et de la
Toutefois, une règle reste toujours en vigueur : nom
ie nned’em
érgs construction (E+C–).
nomie d’énergie est celle que l’on n’utilise pas !
En tous cas, dans les bâtiments, limiter les transmissions de HPE « Haute performance énergétique »
chaleur par les ponts thermiques est une nécessité, tant pour les THPE « Très haute performance énergétique »
économies d’énergie que pour le confort et la salubrité des loge- kWh ép. kWh d’énergie primaire
ments, comme nous le verrons ultérieurement.

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C 8 119 – 3

23
Référence Internet
C8119

RÉGLEMENTATION THERMIQUE, PONTS THERMIQUES STRUCTURAUX ET SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES ____________________________________________

2. La réglementation Depuis, différentes associations ont déposés des recours,


notamment sur les valeurs de transformation de l’énergie pri-
thermique en France maire électrique. Le 23 juillet 2014, le Conseil d’État a rejeté un
recours en intégrant les émissions de gaz à effet de serre dans la
(RT 2012) méthode de calcul.

En France, de tous les secteurs économiques, le bâtiment est le 2.2 Dates d’application
1 plus gros consommateur d’énergie (42,5 % de l’énergie finale
totale) et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre
(GES).
La RT 2012 est applicable à tous les permis de construire :
– déposés à compter du 28 octobre 2011 pour certains bâtiments
La facture annuelle de chauffage représente 900 € en moyenne neufs du secteur tertiaire (bureaux, bâtiments d’enseignement pri-
par ménage, avec de grandes disparités (de 250 € pour une mai- maire et secondaire, établissements d’accueil de la petite enfance)
son « basse consommation » à plus de 1 800 € pour une maison et les bâtiments à usage d’habitation construits en zone ANRU ;
mal isolée). Elle pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des – à partir du 1 mars 2012, pour tous bâtiments d’habitations
construits dans des zones ANRU ;
ménages, particulièrement sur les plus modestes d’entre eux et
– déposés à partir du 1er janvier 2013 pour tous les autres bâti-
ces dépenses tendent à augmenter avec la hausse du prix des
ments neufs à usage d’habitation (maisons individuelles ou acco-
énergies. lées, logements collectifs, cités universitaires, foyers de jeunes
Aussi, afin de réduire durablement les dépenses énergétiques, travailleurs).
le Grenelle de l’Environnement prévoit la mise en œuvre d’un pro-
gramme de réduction des consommations énergétiques des bâti-
■ Modalités applicatives
ments (articles 3 à 6 de la loi « Grenelle 1 » du 3 août 2009). Elle s’applique à tous les bâtiments neufs ou toutes les parties
nouvelles de bâtiments (élévation, extension) chauffés ou refroidis
Notons que, depuis la mise en place d’une réglementation ther- afin de garantir le confort des occupants.
mique (1974), la consommation énergétique des constructions
neuves a été divisée par 2. Le Grenelle de l’Environnement prévoit Elle ne s’applique pas aux :
de la diviser à nouveau par 3 grâce à une nouvelle réglementation – aux constructions provisoires d’une utilisation inférieure à
thermique, dite « RT 2012 » (voir [C8110] et [C8111]). 2 ans ;
– aux bâtiments dont la température d’utilisation est ≤ 12 °C ;
Pour atteindre cet objectif, la consommation énergétique du – aux bâtiments destinés à rester ouverts sur l’extérieur ;
bâtiment porte sur les 5 catégories de consommations suivantes : – aux bâtiments d’élevage ou d’utilisation spécifique avec des
– le chauffage ; conditions particulières de température, d’hygrométrie ou de qua-
– le refroidissement ; lité de l’air ;
– l’éclairage ; – aux bâtiments situés dans les départements d’outre-mer.
– la production d’eau chaude sanitaire ; ■ Réglementation
– les consommations auxiliaires.
Les décrets qui font loi concernant la norme thermique RT 2012
La valeur moyenne de 50 kWh ép./ (m2SHONRT.an), modulée sont :
selon la localisation géographique est devenue la référence dans – le décret n° 2010-1269 et l’arrêté du 26 octobre 2010 qui défi-
la construction neuve. Ce saut permettra de prendre le chemin nissent les exigences ;
des « Bâtiments à énergie positive » (BEPOS) en 2020. – le décret n° 2011-544 du 18 mai 2011 et l’arrêté du 11 octobre
2011 qui définissent les attestations de prise en compte de la
RT 2012 ;
Définitions : – l’arrêté du 20 juillet 2011 qui définit la méthode de calcul de
kWh ép./ (m2SHONRT.an) : kWh d’énergie primaire par m2 de Th-B-C-E ;
SHONRT et par an, – le décret n° 2012-111 du 27 janvier 2012 qui modifie le décret
m2SHONRT : surface de plancher hors œuvre nette au sens de du 26 octobre 2010.
la RT 2012. Elle est égale à la surface hors œuvre brute d’un ■ Attestations de prise en compte de la RT 2012
bâtiment ou d’une partie de bâtiment, diminuée de certaines
surfaces spécifiques (par exemple combles non aménagés, Cette attestation de conformité à la RT 2012 est à déposer au
balcons, surfaces non closes…) – voir § 2.5. moment du permis de construire par le Maître d’Ouvrage.
Nota : une grande partie des définitions et des illustrations Une nouvelle attestation est à établir à l’achèvement des tra-
de cet article proviennent du site http://www.developpement- vaux par le Maître d’Ouvrage lui-même, ou par attestation du
durable.gouv.fr) Maître d’Œuvre qui a pris en compte la réglementation thermique.

2.3 Une réglementation performante


2.1 Énergie finale, énergie primaire basée sur 3 indices
La réglementation thermique 2012, tout comme la RT 2005 et exprimant 3 exigences
avant elle, exprimait des exigences par rapport à l’énergie pri-
Précisons d’abord ce que sont les indices Bbio, Cep et Tic
maire (à ne faut pas confondre avec l’énergie finale). (figure 2) :
– l’indice Bbio, ou « Besoin bioclimatique », caractérise le besoin
L’énergie finale (kWhEF) est la quantité d’énergie disponible du bâtiment selon sa conception bioclimatique ;
pour l’utilisateur final. – l’indice Cep, correspond à la « Consommation en énergie pri-
maire » ;
L’énergie primaire (kWhEP) est la consommation nécessaire à – l’indice Tic ou « Température intérieure conventionnelle »
la production de cette énergie finale (figure 1). caractérise le confort d’été.

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C 8 119 – 4

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C8119

____________________________________________ RÉGLEMENTATION THERMIQUE, PONTS THERMIQUES STRUCTURAUX ET SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES

Énergie

1
primaire

1 kWhEF 2,58 kWhEP


pour l’électricité
Pertes de
1 kWhEF 1 kWhEP production
pour les autres énergies (gaz, réseaux Pertes de
de chaleur, bois, etc.) transformation

Pertes de
transport

Énergie
finale

Figure 1 – Énergie finale (EF) et énergie primaire (EP) d’après la RT 2012

La RT 2012 comporte trois exigences de résultat relatives à la Pour les maisons individuelles ou accolées, une modulation
performance du bâtiment. permet, en outre, de tenir compte de la surface afin de ne pas
Les exigences relatives aux indices Bbio et Cep sont désormais pénaliser les petites constructions.
exprimées en valeur absolue, et non plus en valeur relative. Elles L’indice Bbiomax se définit donc comme suit :
sont bornées par :
– une valeur maximale pour les deux premiers (Bbiomax et Cep-
max) ;
– une valeur de référence (Ticref) pour le dernier. avec Bbiomaxmoyen valeur moyenne du Bbiomax définie par type
d’occupation du bâtiment ou de la partie de
Elles portent sur la performance globale du bâtiment et non sur bâtiment et par catégorie CE1 ou CE2,
les performances des éléments constructifs et des systèmes éner-
gétiques pris séparément. Ainsi, une plus grande liberté de Mbgéo coefficient de modulation selon la
conception est laissée aux Maîtres d’Œuvre. localisation géographique,
Mbalt coefficient de modulation selon l’altitude,
Il y a donc trois critères à respecter :
– l’exigence d’efficacité énergétique minimale (Bbio ≤ Bbiomax) ; Mbsurf pour les maisons individuelles ou accolées,
coefficient de modulation selon la surface
– l’exigence de consommation conventionnelle d’énergie maxi-
moyenne des logements du bâtiment ou de
male (Cep ≤ Cepmax) ;
la partie de bâtiment.
– l’exigence de confort d’été (Tic ≤ Ticref).

Définition des catégories CE1 et CE2 : pour certains bâti-


2.3.1 Définition et modulations du « Bbiomax » ments, notamment ceux situés en zone de bruit des aéroports
ou des voies rapides, il peut s’avérer nécessaire d’installer des
Cette exigence fixe une limite du besoin cumulé en énergie
systèmes actifs de refroidissement pour assurer un bon confort
pour les composantes dépendant de la conception du bâti :
thermique en été, alors que les fenêtres sont fermées.
– chauffage ;
– refroidissement ;
– éclairage artificiel. Ces bâtiments, s’ils sont munis d’un tel système de refroidisse-
ment, ont alors le droit de figurer en catégorie « CE2 ».
Elle impose ainsi une optimisation du bâti, indépendamment
des systèmes énergétiques mis en œuvre. Tous les autres bâtiments sont dits de catégorie « CE1 ».

Le Bbiomax est modulé en fonction de :


2.3.2 Définition et modulations du « Cepmax »
– la typologie du bâtiment ;
– sa localisation géographique ; Cette exigence porte sur les consommations énergétiques
– son altitude. conventionnelles en énergie primaire sur cinq usages (chauffage,

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C 8 119 – 5

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1

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Référence Internet
C8115

RT 2012 – Utilisation du schéma RC


dans l’étude du comportement
thermique d’un groupe
par Bruno SLAMA 1
Gérant de BBS Slama
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Docteur en mathématiques.

et Lise SLAMA
Gérante de BBS Slama
Ingénieur en mathématiques et modélisation – Polytech (Clermont-Ferrand). Docteur en
informatique.

1. Rayonnement d’un groupe ............................................................ C 8 115 – 2


2. Rappels d’électricité ...................................................................... — 2
3. Équilibre des températures dans un groupe.............................. — 3
4. Température et flux dans un groupe ........................................... — 5
5. Flux solaires ..................................................................................... — 6
5.1 Cas des parois lourdes ....................................................................... — 6
5.2 Cas des baies ...................................................................................... — 7
6. Flux internes et bilan ..................................................................... — 7
7. Températures ................................................................................... — 8
8. Représentations .............................................................................. — 8
9. Mise en équation ............................................................................. — 8
10. Résolution de l’équation différentielle....................................... — 10
11. Résumé et propositions ................................................................. — 11
11.1 Hypothèses de la méthode ................................................................ — 11
11.2 Possibilités offertes par le modèle .................................................... — 11
11.3 Représentation des parois. Comparaison à un autre modèle .......... — 11
11.4 Granularité du modèle ....................................................................... — 12
11.5 Couplage des groupes ....................................................................... — 13
11.6 Calcul de la Tic ................................................................................... — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 8 115

es réglementations thermiques françaises successives, de la RT 88 à


L l’actuelle RT 2012, ont vu un accroissement constant de leurs exigences en
matière de consommation énergétique des bâtiments construits. Cette augmen-
tation des exigences s’accompagne naturellement d’une augmentation de la
complexité des calculs nécessaires à l’évaluation de celles-ci.
L’ampleur des calculs, et par là même, la multiplication des paramètres et des
données d’entrée, rendent difficile une approche intuitive, voire physique, de
l’amélioration de l’efficacité énergétique au sens de la réglementation. C’est
pourquoi une bonne connaissance des arcanes des calculs effectués peut ouvrir
la voie à une optimisation plus poussée de l’étude réglementaire.
Le processus général des calculs de la RT 2012 (cf. article [C 8 110]) fait appel
en son cœur, à une simulation dynamique du comportement thermique des
locaux. Ce comportement est modélisé par une méthode dite « RC » comme
résistance-capacité par analogie avec les calculs électriques.
Cet article a pour but d’expliciter cette méthode de modélisation, d’en détail-
ler les calculs et de proposer une résolution mathématique de ceux-ci.
Parution : mai 2016

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Référence Internet
C8115

RT 2012 – UTILISATION DU SCHÉMA RC DANS L’ÉTUDE DU COMPORTEMENT THERMIQUE D’UN GROUPE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Rayonnement d’un groupe

La puissance rayonnée par un corps est égale à : θl

P = εS σT 4

1 avec e émissivité,
s = 5,67.10 W.m-2 K-4,
-8 θm
S surface,
T température en kelvins.

En distinguant Pm la puissance rayonnée par les parois lourdes et


Pl la puissance rayonnée par les parois légères, et en prenant le
même e pour toutes les parois, on a (figure 1) :

Pm = εA m σθm 4 θm température des parois lourdes


θl température des parois légères (on appelle « parois légères »
Pl = εA lσ θl4 les baies, les cloisons)

Au total, on a : Figure 1 – Températures des parois

(
Ptot = ε A mσ θm
4 + A σ θ4
l l ) & Application numérique
En appelant Agroupe la surface du local, on suppose que :
& Puissance émise et bilan de puissance ⎧A m = 2,5A groupe
⎨A + A = 4 ,5A groupe
La puissance émise se répartit sur les surfaces lourdes et légères ⎩ m l
proportionnellement à leur surface. Le bilan de puissance pour les
murs lourds est donc égal à : Al 2
On a alors =
Al + Am 4 ,5
Am
Wm = Pm − Ptot avec q0 = 293 K,
Am + Al
hri = 45,6703.10−82933.2 / 4 ,5ε
=
εσ
Am + Al
((
A m + A l A mθm )
4 − A A θ4 − A A θ4
m m m m l l ) = 6,12ε
Avec e = 0,9, on retrouve bien la valeur utilisée dans la RT 2012 :
=
εσ
Am + Al
( (
4 − θ4
A mA l θm l )) hri = 5,5

Remarques
 La valeur est très sensible à la part de parois lourdes ; par
On remarque que Wm = - Wl. exemple si Am = 3,5 Agroupe, hri est divisé par 2.
Si qm et ql sont voisins d’une température q0, on peut écrire :
 La valeur est directement sensible à l’émissivité.
εσ A lA m ⎛⎛ θ − θ ⎞4 ⎛ θ − θ ⎞4⎞  Le résultat n’est valable qu’autour de 20  C.
Wm = θ04 ⎜ ⎜ 1 + m 0 ⎟ − ⎜ 1 + l 0 ⎟ ⎟
Al + Am ⎜⎝ ⎝ θ0 ⎠ ⎝ θ0 ⎠ ⎟⎠  Pour tenir compte de l’augmentation de surface due au
caractère non plan des parois, on utilise hrs = 1,2hri.
θm − θ0
En supposant que est proche de 0 et en utilisant le fait
θ0
que (1 + x )
4
≃ 1 + 4 x lorsque x est proche de 0, on a : 2. Rappels d’électricité
εσ A lA m ⎛⎛ θ −θ ⎞ ⎛ θ − θ ⎞⎞
Wn = θ04 ⎜ ⎜ 1 + 4 m 0 ⎟ − ⎜ 1 + 4 l 0 ⎟ ⎟ Soit un circuit représenté par le schéma de la figure 2 où A, B, C
Al + Am ⎝ ⎝ θ0 ⎠ ⎝ θ0 ⎠ ⎠ sont des potentiels et RAB, RAC, RBC des résistances.
εσ A lA m ⎛ θ −θ ⎞ Le théorème de Kennelly montre que les courants entrant en A, B
= θ04 ⎜ 4 m l ⎟
Al + Am ⎝ θ0 ⎠ et C du schéma de la figure 2 sont identiques à ceux rentrant en A,
B et C du schéma de la figure 3 lorsqu’il s’agit des mêmes poten-
εσ A lA m tiels et que les résistances RA, RB, RC sont définies par :
=4 θ03 (θm − θl )
A l+ A m
RABRAC
RA =
RAB + RAC + RBC
4 εσ A lθ03 RABRBC
avec hri = , on obtient : RB =
Al + Am RAB + RAC + RBC
RACRBC
Wm = hri (θm − θl ) A m RC =
RAB + RAC + RBC

C 8 115 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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Référence Internet
C8115

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– RT 2012 – UTILISATION DU SCHÉMA RC DANS L’ÉTUDE DU COMPORTEMENT THERMIQUE D’UN GROUPE

Le potentiel G vérifiant par hypothèse :


A
G − A G −B G −C
+ + =0
RA RB RC

On a :
A B C
+ +
RA RB RC
G=
1 1 1
+ +
RA RB RG
1
R AC
3. Équilibre des températures
AB

dans un groupe
R

Le groupe est modélisé dans la figure 4 où qm est la température


de surface des parois lourdes, ql la température des parois légères
(incluant les baies) et qi est la température de l’air intérieur.
En appelant hci = 2,5 le coefficient d’échange intérieur convectif
dans le local, on met ainsi en évidence 3 échanges :
B
RBC
C θ i → θm (
: hci.A m θ i − θm ) (
= H im θ i − θm , )
θi → θl : ( )
hci.A l θ i − θ l (
= H il θ i − θ l , )
hrs .A m (θ l − θm ) ( )
Figure 2 – Schéma en triangle
θ l → θm : = H lm θ l − θm ,
A les échanges réciproques ayant des valeurs opposées (figure 5).

θl

θi
RA

θm

θm température de surface des parois lourdes


θl température des parois légères
θi température de l'air intérieur

Figure 4 – Équilibre des températures

θi
RC
B
R

R im
il
R

B θl Rlm
C θm

Figure 3 – Schéma en étoile Figure 5 – Schéma des échanges réciproques

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1

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Référence Internet
C8100

Performance énergétique
des bâtiments existants –
Caractérisation
1
par Richard CANTIN
Ingénieur Divisionnaire des Travaux Publics de l’État – Enseignant Chercheur
École Nationale des Travaux Publics de l’État (ENTPE), Université de Lyon, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article C8100 intitulé « Performance énergétique
des bâtiments existants – Caractérisation » paru en 2012, rédigé par Richard CANTIN et
Gérard GUARRACINO

1. Synthèse de l’approche.............................................................................. C 8 100v2 - 2


2. Méthodologie du diagnostic énergétique ................................................ — 2
2.1 Premiers niveaux d’organisation............................................................... — 2
2.2 Approche comparative ............................................................................... — 3
2.3 Diagnostic de visite..................................................................................... — 3
2.4 Investigation ................................................................................................ — 4
3. Caractérisation simple................................................................................ — 5
3.1 Besoins énergétiques ................................................................................. — 5
3.2 Mesures de consommation........................................................................ — 5
3.3 Ratio de consommation ............................................................................. — 5
3.4 Signature énergétique ................................................................................ — 6
4. Caractérisation multiple............................................................................. — 7
4.1 Problématiques multicritères..................................................................... — 7
4.1.1 Aspects multicritères de la réhabilitation ........................................ — 7
4.1.2 Problématique de choix..................................................................... — 7
4.1.3 Problématique de tri .......................................................................... — 7
4.1.4 Problématique de rangement ........................................................... — 7
4.1.5 Problématique de description........................................................... — 7
4.2 Méthodologie multicritère.......................................................................... — 8
4.2.1 Formulation du problème ................................................................. — 8
4.2.2 Liste des actions potentielles ............................................................ — 8
4.2.3 Liste des critères à considérer .......................................................... — 8
4.2.4 Tableau des performances................................................................ — 9
4.2.5 Agrégation des performances .......................................................... — 9
4.3 Formulation des approches multicritères ................................................. — 10
4.3.1 Approches élémentaires.................................................................... — 10
4.3.2 Informations critères et poids ........................................................... — 10
4.4 Exemple de caractérisation multiple ......................................................... — 11
4.4.1 Formulation du problème de réhabilitation..................................... — 11
4.4.2 Actions potentielles de réhabilitation............................................... — 11
4.4.3 Critères d’évaluation du décideur..................................................... — 11
4.4.4 Tableau des performances des actions............................................ — 12
4.4.5 Agrégation des performances et résultats....................................... — 12
5. Conclusion ................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc C 8 100v2
Parution : décembre 2019

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Référence Internet
C8100

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS EXISTANTS – CARACTÉRISATION ______________________________________________________________

et article se situe dans le contexte renouvelé de la directive européenne


C 2010/31 de mai 2010 traitant de la performance énergétique des bâti-
ments, et de la recommandation de la commission européenne 2019/786 de
mai 2019 relative à la rénovation des bâtiments.
La recherche de la performance énergétique des bâtiments existants privi-
légie trois objectifs :

1
• réduction globale de la demande d’énergie, à service rendu équivalent ou amélioré ;
• optimisation énergétique du projet, le référentiel initial étant fourni par le diagnostic ;
• étude multicritère des actions possibles de réhabilitation.
L’objectif de cet article est de présenter la caractérisation de la performance
des bâtiments en vue de leur réhabilitation. Il précise le cadre méthodologique
du diagnostic énergétique, ainsi que la caractérisation simple et multiple de la
performance énergétique des bâtiments existants.
L’étude complète du sujet suppose la lecture de l’article complémentaire
[C 8 101]

– réaliser une approche comparative avec des bâtiments simi-


1. Synthèse de l’approche laires, à différents stades d’avancement du processus de réhabilita-
tion. Il s’agit :
La performance énergétique des bâtiments existants est difficile • d’identifier les similitudes constructives et la fréquence des
à caractériser. En effet, au-delà de la problématique énergétique problèmes rencontrés pour le même type de bâtiment,
complexe des bâtiments existants, la performance est une notion • de prendre connaissance d’autres expériences de réhabilita-
polysémique relative aux objectifs, aux résultats et aux actions tion ;
mises en œuvre pour produire ces résultats, grâce aux moyens
donnés. – mettre en place un pilotage efficace de l’opération de réhabili-
tation, et prendre en compte la complémentarité de techniques
■ La performance associe trois notions : existantes, traditionnelles et innovantes ;
– évaluer les performances économiques, sociales et environne-
– pertinence : articulation entre objectifs et moyens (pertinence
mentales selon des horizons variables sur le moyen et le long
énergétique : les moyens mis en œuvre lors d’une réhabilitation
terme. Il s’agit d’anticiper et d’intégrer l’évolution des coûts des
correspondent-ils aux objectifs de réduction des besoins énergé-
énergies et les contraintes énergétiques futures plus sévères ;
tiques ?) ;
– fixer des objectifs mesurables, des indicateurs, des référen-
– efficience : articulation entre moyens et résultats (efficience tiels, et repérer les leviers d’action favorisant la capacité d’autocor-
énergétique : est-ce que la consommation énergétique est minimi- rection durant les opérations de réhabilitation et d’exploitation du
sée pour un confort thermique maximal ?) ; bâtiment.
– efficacité : articulation entre résultats et objectifs (efficacité
énergétique : est-ce que la réhabilitation a permis de réduire la L’élaboration des solutions de réhabilitation doit donc associer
consommation énergétique du bâtiment existant, et de combien ?). une approche systémique et globale, propre à chaque champ dis-
ciplinaire, et une approche globale du bâtiment existant formant
■ La performance est également une notion multidimensionnelle, une entité complexe.
relative au niveau de décision auquel elle correspond. Construire
ou réhabiliter un bâtiment consiste à élaborer une décision qui
implique la participation de plusieurs acteurs aux compétences et Il s’agit de ne pas isoler les décisions, les actions, et les
aux responsabilités distinctes : composants en essayant d’améliorer chacun séparément des
autres. Ils ne sont pas indépendants en raison des interactions
– occupants ; multiples qui les relient.
– maîtres d’ouvrage ;
– maîtres d’œuvre ;
– bureaux d’études ;
– entreprises, etc.
À la différence de la construction neuve, la réhabilitation s’ins-
2. Méthodologie
crit dans le cycle de vie du bâtiment existant qui impose aux diffé- du diagnostic énergétique
rents acteurs un champ de contraintes prédéfinies.

■ Ainsi, plusieurs actions sont spécifiques à la réhabilitation :


2.1 Premiers niveaux d’organisation
– diagnostiquer le bâtiment existant et identifier les origines des
consommations énergétiques et les niveaux de confort. Le dia- Le diagnostic est un travail de recherche visant à connaître et à
gnostic doit permettre de : agir, en identifiant les raisons qui expliquent une situation et les
• connaître l’état du bâtiment, actions à mener en considérant les causes et les effets. Il est diffé-
rent de l’audit qui est un constat, réalisé par un contrôle a poste-
• analyser les informations recueillies pour déterminer l’écart riori selon un référentiel prédéfini.
avec les objectifs,
Le diagnostic énergétique, préalable à une réhabilitation, comporte
• indiquer les actions possibles à mettre en œuvre ; 3 étapes :

C 8 100v2 – 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

32
Référence Internet
C8100

_______________________________________________________________ PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS EXISTANTS – CARACTÉRISATION

l’utilisation de données statistiques, il existe quelques moyens d’y


avoir recours avec une raisonnable efficacité, sans faire appel à ce
stade à des diagnostics plus élaborés.
Niveau 1
Approche comparative Par exemple, les ratios énergétiques sont des outils efficaces per-
mettant de hiérarchiser les consommations des bâtiments et four-
nissent une première base d’étude fixant les niveaux d’exigences.
La consommation énergétique du bâtiment est-elle Non
plus élevée que celle de bâtiments similaires?

Oui
Le degré de confiance des résultats dépend de la qualité des
données. L’approche statistique et l’approche expérimentale sont
complémentaires, les données statistiques permettant d’évaluer la
1
Niveau 2
variabilité d’un facteur (par exemple en terme d’écart type) et d’en
Diagnostic de visite
déduire le degré de représentativité des résultats. L’extrapolation
des résultats doit tenir compte de la qualité des données, de la
dispersion observée et des différentes corrélations.
Après avoir effectué la maintenance et l'entretien, Non ■ La performance énergétique peut ainsi être caractérisée par
la consommation énergétique du bâtiment est-elle l’écart relatif entre les ratios observés et des ratios de référence
plus élevée que celle de bâtiments similaires ? issus des bases de données.
Oui Le choix des indicateurs se base alors sur l’analyse des diffé-
rents facteurs susceptibles de jouer un rôle dans la consommation
Niveau 3 énergétique, ce qui nécessite d’avoir recours à une approche plu-
Investigation ridisciplinaire.

Où est consommée l'énergie ? 2.3 Diagnostic de visite


Le niveau 2 correspond au diagnostic de visite, souvent utilisé
dans les bâtiments où les différents systèmes consommant de
Figure 1 – Premiers niveaux d’organisation du diagnostic énergé- l’énergie sont standardisés, et où les actions possibles d’écono-
tique
mies d’énergie peuvent être facilement répertoriées. Ce diagnostic
est approprié à la plupart des bâtiments modernes (époque indus-
trielle, standardisation), compte tenu de leurs dimensions, carac-
– évaluation de la performance énergétique du bâtiment exis- téristiques répétitives et similitudes.
tant ;
– identification et évaluation des actions possibles de réhabilita- ■ Pour un bâtiment existant, ce type de diagnostic doit fournir les
tion ; informations suivantes :
– établissement du rapport du diagnostic énergétique. – indications sur les actions les plus évidentes, et estimations
L’évaluation globale de la performance énergétique d’un bâti- approchées du potentiel d’économie ;
ment existant par un diagnostic peut s’organiser selon 3 niveaux – aperçu de l’utilisation des énergies potentiellement disponibles
(figure 1). localement ;
– besoins des prochaines étapes de l’étude et diagnostics
complémentaires pour identifier les déperditions énergétiques ;
2.2 Approche comparative – calculs simples et détaillés de consommation des différents
types d’énergie.
Le niveau 1 de l’évaluation de la performance énergétique ■ La démarche du diagnostiqueur sur le site est organisée suivant
consiste à identifier rapidement les potentiels d’économie d’éner- trois phases :
gie du bâtiment et les ressources énergétiques de son environne-
ment, en se basant sur l’existence de similitudes constructives – reconnaissance ;
entre les bâtiments. – relevé ;
– diagnostic des différents composants et systèmes du bâtiment.
■ Pour effectuer cette approche comparative, le recours à des indi-
• La phase de reconnaissance se réfère à plusieurs documents,
cateurs permet d’apprécier les aspects énergétiques. Il s’agit d’une
parmi lesquels :
analyse simple de la performance énergétique, parfois appelée
« benchmarking ». – le plan de masse et de situation du bâtiment ;
– la situation de la parcelle (limites, voisinage) ;
Pour renseigner ces indicateurs, les données suivantes doivent
– le positionnement des bâtiments entre eux et vis-à-vis de leur
être recueillies à ce premier niveau de diagnostic :
environnement proche ;
– données climatiques et environnementales près du bâtiment ; – les schémas des installations techniques.
– ressources énergétiques locales ;
– caractéristiques des systèmes constructifs du bâtiment ; • La phase de relevé s’organise à partir des éléments suivants :
– caractéristiques relatives à chaque zone thermique du bâti- – caractérisation de l’enveloppe du bâtiment ;
ment ; – époque de construction ;
– données relatives à l’éclairage, aux systèmes de chauffage, de – parti constructif, tant architectural que structurel ;
rafraîchissement, de climatisation et d’eau chaude sanitaire ; – état de conservation et d’entretien général.
– données relatives à l’occupation et aux usages ; • Lors du diagnostic de visite, il est nécessaire de garder à
– données relatives à la facturation des différentes énergies. l’esprit les facteurs influençant la consommation énergétique
■ L’exploitation des données statistiques renseigne la perfor- au niveau :
mance énergétique d’un bâtiment par comparaison avec un parc – de l’intégration dans le site ;
de bâtiments semblables. Cependant, malgré les limites liées à – des conditions d’occupation ;

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1

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Référence Internet
C8101

Performance énergétique
des bâtiments existants
Études de cas 1

par Richard CANTIN


Ingénieur Divisionnaire des Travaux Publics de l’État – Enseignant Chercheur
École Nationale des Travaux Publics de l’État (ENTPE), Université de Lyon, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article C8101 intitulé « Performance énergétique
des bâtiments existants – Études de cas » paru en 2012, rédigé par Richard CANTIN
et Gérard GUARRACINO.

1. Préalables à la réhabilitation énergétique des bâtiments


d’enseignement........................................................................................ C 8 101v2 - 2
1.1 Caractérisation ............................................................................................ — 2
1.2 Recommandations relatives aux problèmes de réhabilitation ............... — 2
1.3 Études de cas et mesures de réhabilitation .............................................. — 2
1.4 Référentiel des performances .................................................................... — 3
1.5 Développement d’un projet de réhabilitation........................................... — 3
2. Caractérisation de la performance énergétique
de bâtiments anciens ............................................................................. — 4
2.1 Spécificités des bâtiments anciens............................................................ — 4
2.2 Méthodologie développée ......................................................................... — 4
2.2.1 Panel des études de cas .................................................................... — 4
2.2.2 Approche systémique........................................................................ — 4
2.2.3 Données recueillies pour chaque bâtiment ..................................... — 5
2.2.4 Métrologie employée......................................................................... — 5
2.3 Étude du comportement thermique du bâtiment .................................... — 5
2.3.1 Méthode d’analyse............................................................................. — 5
2.3.2 Environnement et implantation ........................................................ — 7
2.3.3 Organisation des espaces intérieurs ................................................ — 7
2.3.4 Mode constructif ................................................................................ — 8
2.3.5 Enveloppe ........................................................................................... — 8
2.3.6 Ouvertures .......................................................................................... — 12
2.3.7 Équipements....................................................................................... — 13
2.3.8 Occupants ........................................................................................... — 13
2.4 Différenciation entre constructions anciennes et modernes................... — 14
3. Conclusion................................................................................................. — 14
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 8 101v2

n France, le parc immobilier existant est remarquable par sa diversité…


E Après plusieurs siècles d’une architecture qui s’appliquait à prendre en
compte l’environnement bioclimatique, utilisant principalement des ressources
et matériaux locaux, est apparue une architecture industrialisée, assujettie
principalement à des contraintes économiques et urbaines, employant de nou-
veaux matériaux aux propriétés thermo-physiques très différentes.
Ce parc immobilier existant est aussi marqué par les chocs pétroliers des
années 1970 et la mise en place des premières réglementations thermiques qui
ont favorisé la production de bâtiments plus « hermétiques », ventilés, chauffés
Parution : mars 2020

et éclairés artificiellement.

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35
Référence Internet
C8101

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS EXISTANTS ________________________________________________________________________________

Ainsi, les millions de bâtiments existants ont été conçus avec des méthodes
et des techniques nombreuses et variées. Dans ce contexte, les performances
énergétiques des bâtiments existants, souvent méconnues, restent toujours
difficiles à caractériser.
Dans cet article, des bâtiments d’enseignement et des bâtiments anciens
sont présentés comme études de cas afin de montrer comment il est possible
de mieux appréhender la complexité de la caractérisation de la performance

1 énergétique des bâtiments existants.

1. Préalables Pour chaque type de problème, une liste de solutions (ou actions)
de réhabilitation est ainsi proposée. Chaque action est décrite, et
à la réhabilitation complétée, par une indication sur son temps de retour sur investis-
sement moyen.
énergétique des bâtiments Des descriptions plus détaillées des groupes de mesures de
d’enseignement réhabilitation énergétique sont disponibles :
– enveloppe du bâtiment ;
– chauffage ;
1.1 Caractérisation – ventilation ;
– système de refroidissement et protection solaire ;
Un exemple de caractérisation de la performance des bâtiments
– éclairage et système électrique ;
existants est donné par un outil d’aide à la décision en matière de
réhabilitation énergétique des bâtiments d’enseignement. L’outil – gestion.
« Energy Concept Adviser » (ECA) a été développé dans le cadre
des travaux de l’Agence internationale de l’Énergie.
Cet outil permet de poser et de résoudre un problème multicri-
1.3 Études de cas et mesures
tères de réhabilitation énergétique (figure 1). Il s’appuie sur les de réhabilitation
bases méthodologiques complémentaires des approches multicri-
tères (tableau 1). La deuxième partie de l’ECA est présentée sous la forme d’une
matrice à deux entrées, les études de cas (les bâtiments réhabili-
tés) et les mesures de réhabilitation. Pour chaque bâtiment réha-
1.2 Recommandations relatives bilité, sont indiquées les mesures mises en œuvre. Il est ainsi
possible d’identifier rapidement l’ensemble des bâtiments simi-
aux problèmes de réhabilitation laires où a été mis en œuvre tel groupe de mesures, ou d’actions
potentielles, de réhabilitation.
La première partie de l’ECA dresse une liste de problèmes géné-
raux ou spécifiques, rencontrés dans les bâtiments d’enseignement Les études de cas peuvent être classées par pays, âge et typologie.
existants, ainsi qu’une liste d’actions potentielles pour leur réha- Pour chaque groupe de mesures de réhabilitation, des sous-parties
bilitation. décrivent les techniques énergétiques applicables (tableau 2).

Figure 1 – Structure de l’outil d’aide à la décision

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________________________________________________________________________________ PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS EXISTANTS

Tableau 1 – Différentes étapes de l’approche


Étapes Outils d’aide à la décision

• Recommandations
Dresser la liste des actions potentielles
• Solutions et actions possibles pour les problèmes existants

• Études de cas
Dresser la liste des critères à prendre en compte



Collection de bâtiments réhabilités
Mesures de réhabilitation
Collection et description des mesures et techniques de réhabilitation
1
• Référentiel des performances
Établir le tableau des performances
• Comparaison avec d’autres bâtiments
• Référentiel des performances
• Comparaison avec d’autres bâtiments
Agréger les performances
• Développement de stratégies de réhabilitation
• Analyse des résultats de différentes actions possibles appliquées à un bâtiment

Des diagrammes montrent le classement du bâtiment étudié sur


Tableau 2 – Fonctions du bâtiment existant l’échelle des consommations, selon le type d’énergie et l’unité
et cibles des actions potentielles choisie.

Fonctions Cibles des actions


1.5 Développement d’un projet
Portes, fenêtres, systèmes d’isolation
Enveloppe
et d’enveloppe.
de réhabilitation
Dans cette partie de l’ECA, les différents concepts liés à un projet
Système de chauffage, ECS, sources
Chauffage peuvent être développés itérativement et comparés entre eux
d’énergie, systèmes de contrôle.
(tableau 3).
Ventilation naturelle, mécanique, Les comparaisons se font à l’aide des :
Ventilation
hybride, systèmes de contrôle. – consommations (énergie primaire, énergie finale) ;
– émissions de CO2 ;
Systèmes de protection solaire, – coûts.
Refroidissement
systèmes de refroidissement,
et protection solaire Des outils et des rapports complémentaires sont également
climatisation, systèmes de contrôle.
accessibles. Les références des contacts sont précisées.
Éclairage artificiel, systèmes L’ECA, et d’autres outils (TOBUS, EPIQR, etc.), fournissent une
Éclairage et systèmes
électriques associés, éclairage aide à l’application d’approches multicritères. L’ECA permet de défi-
électriques
naturel, systèmes de contrôle. nir les actions possibles pour une réhabilitation énergétique, aide à
la définition des critères, et permet, par des outils de calcul, la carac-
Diagnostic énergétique, térisation des performances énergétiques des bâtiments existants.
Gestion commissionnement, formation
et sensibilisation, mesures sans coût.
Tableau 3 – Étapes pour l’étude d’un projet
de réhabilitation
Chaque étude de cas est décrite selon une même grille qui permet • Caractéristiques générales du bâtiment
la comparaison entre les différents bâtiments. Des informations • Situation géographique
complémentaires plus détaillées pour chaque bâtiment sont égale- Décrire le bâtiment • Éléments et composants de l’enveloppe
ment disponibles. existant • Systèmes de chauffage et de ventilation
• Éclairage
• Données économiques
1.4 Référentiel des performances Sélectionner
une mesure
La consommation actuelle de chaque bâtiment peut être com- • Sélectionner un composant
de réhabilitation
parée aux performances des bâtiments constituant un parc immo- • Sélectionner une mesure de réhabilitation
pour chaque
bilier local ou national. • Résultat général
composant
Les entrées sont : du bâtiment
– le type de bâtiments d’enseignement ; Créer et comparer • Sélectionner les éléments pour différents
– la surface chauffée ; le projet projets
– la zone climatique ; de réhabilitation • Estimer les résultats attendus selon
– la consommation électrique ; énergétique l’échelle et les unités souhaitées
– la consommation de l’énergie de chauffage et de rafraîchisse-
Résumer et éditer • Présenter les résultats et les principaux
ment ;
les rapports éléments du rapport
– la consommation d’eau.

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C8101

PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS EXISTANTS ________________________________________________________________________________

2. Caractérisation – le bâtiment doit présenter une surface habituelle de ce type


d’habitat et avec une occupation permanente ;
de la performance – le bâtiment doit se présenter dans une organisation conforme
à l’état initial ;
énergétique de bâtiments – pour les immeubles collectifs, le logement étudié doit être
situé en étage courant ;
anciens – le bâtiment doit mettre en œuvre des matériaux locaux habituels ;
– l’environnement proche du bâtiment doit également être repré-

1 2.1 Spécificités des bâtiments anciens


sentatif :
• orientation type,
Face à l’évolution et à la différenciation des techniques construc- • mitoyenneté habituelle,
tives, il convient d’aborder la problématique de la performance • espaces tampons usuels ;
énergétique des bâtiments anciens suivant une approche spécifique.
– le bâtiment doit présenter un mode de chauffage traditionnel
Les enjeux de la réhabilitation thermique du parc existant portent (hors techniques innovantes contemporaines) permettant une esti-
sur l’amélioration des performances du parc immobilier en ther- mation assez précise de l’énergie consommée.
mique d’hiver et sur les enjeux du confort d’été. À cela il faut ajouter
les enjeux sociaux et culturels liés à la conservation du patrimoine ■ Exigences complémentaires
bâti et les enjeux économiques liés à des réhabilitations complexes Aux points précédents, se rajoutent les points suivants :
du bâti ancien.
– existence d’un dossier de plans, ou à défaut d’une description
de la composition des murs ;
Remarque – pas de travaux envisagés à court terme ;
La réhabilitation doit être définie selon le type de bâti- – pas de changement d’occupant en perspective pour les trois
ment considéré en soulignant que le bâti ancien présente prochaines années ;
un comportement thermique complexe. – un dispositif de chauffage qui permet le comptage.
Exemple L’association Maisons Paysannes de France a fourni une
liste de bâtiments répondant aux exigences définies auparavant.
Sur la base de l’étude sur site de quelques bâtiments, l’étude de
cas présente les performances thermiques du bâti ancien, ainsi que : Le suivi expérimental présenté porte sur les bâtiments suivants :
– les dispositions constructives spécifiques qui contribuent au – collectif Haussmannien – Paris ;
confort d’hiver ; – collectif Pierre – Paris ;
– les caractéristiques physiques qui participent au confort d’été. – individuel terre crue – Reims ;
– individuel bois/torchis – Normandie.

2.2 Méthodologie développée 2.2.2 Approche systémique


Le comportement thermique du bâtiment est considéré comme
2.2.1 Panel des études de cas le centre d’un système complexe aux paramètres multiples et
interdépendants : climat, matériaux de construction, mode de vie
Le logement, individuel et collectif, présentant de nombreux des occupants, etc.
spécimens qui subsistent dans leur état initial, constitue la typo-
Les systèmes suivants, qui déterminent le comportement ther-
logie de bâtiments retenue pour cette présentation.
mique du bâtiment, ont été considérés :
Les spécimens présentés sont représentatifs des modes
– environnement et implantation ;
constructifs traditionnels existants avant l’arrivée des matériaux
modernes : béton, plastique, etc. Ces bâtiments n’ont pas subi de – organisation intérieure (distribution, organisation des pièces,
modifications importantes qui pourraient fausser l’analyse du espaces tampon) ;
mode constructif initial. – mode constructif (procédés constructifs, liaisons entre les élé-
ments du bâtiment) ;
Pour l’établissement du panel de bâtiments, des exigences prin-
cipales et complémentaires ont été définies. – enveloppe (constitution et propriétés des parois opaques) ;
– ouvertures ;
■ Exigences principales – équipements techniques ;
On note les suivantes : – occupants.
– le bâtiment doit être représentatif d’un mode constructif tradi- La performance énergétique globale du bâtiment résulte égale-
tionnel du patrimoine bâti ; ment des interactions entre les différents systèmes (figure 2).

Figure 2 – Interactions systémiques du bâtiment

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C8103

Simulation thermique dynamique


(STD) – Maı̂trise des consommations
d’énergie
par Frédéric GAL
1
Responsable du développement durable
Bouygues Bâtiment Ile-de-France

1. Différences entre calcul réglementaire et simulation


thermique dynamique .................................................................... C 8 103 – 2
2. Outils ................................................................................................. — 3
2.1 Fonctionnement ................................................................................. — 3
2.1.1 Transferts conductifs ............................................................... — 3
2.1.2 Transferts convectifs ................................................................ — 5
2.1.3 Transfert par rayonnement ...................................................... — 6
2.2 Hypothèses d’entrée .......................................................................... — 6
2.2.1 Fichier météo ........................................................................... — 6
2.2.2 Enveloppe ................................................................................ — 7
2.2.3 Usage du bâtiment .................................................................. — 9
2.2.4 Éclairage .................................................................................. — 12
2.2.5 Équipements électriques ......................................................... — 13
2.2.6 Zoning ...................................................................................... — 13
2.2.7 Définir son modèle .................................................................. — 15
2.2.8 Attention aux surfaces ............................................................. — 15
2.2.9 Choix du pas de temps............................................................ — 15
2.2.10 Équipements de production énergétiques ............................. — 15
2.3 Sorties de la Simulation thermique dynamique ............................... — 17
2.4 Fiabilité des outils de Simulation thermique dynamique ................. — 17
3. Engagement de performance énergétique................................. — 17
3.1 GPEI (Garantie de performance énergétique intrinsèque) ............... — 18
3.2 GRE/CPE ............................................................................................. — 18
4. Conclusion........................................................................................ — 20
5. Glossaire ........................................................................................... — 20
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 8 103

L es outils de modélisation thermique sont aujourd’hui devenus incontour-


nable dans la conception de projets environnementaux.
En effet, nous sommes passés d’une ère où les parties environnementales des
projets se justifiaient avec des pages de texte à une ère de la justification où les
pages de calcul les ont remplacées.
La simulation thermique permet donc d’estimer des besoins énergétiques
d’un projet (calorifiques et frigorifiques) en fonction de sa géométrie, de ses
caractéristiques physiques (isolation, inertie, type de menuiserie…) et de sa
localisation.
En fonction des outils, si la modélisation de la production énergétique est
possible elle permet alors de passer des besoins énergétiques à la consomma-
tion. Il faut pour cela y intégrer en plus de la production, les rendements de
régulation, distribution et émission.
Parution : mai 2015

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C8103

SIMULATION THERMIQUE DYNAMIQUE (STD) – MAÎTRISE DES CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

La STD (Simulation thermique dynamique) permet donc d’agir à plusieurs


niveaux d’avancement du projet, en esquisse pour valider une conception de
projet comme en PRO pour calculer de manière assez précise des consomma-
tions énergétiques d’un projet.
La STD de part ses résultats concrets donne donc une évaluation chiffrée des
options retenues. Elle apporte donc une réponse concrète à une évaluation qui
restait intuitée.

1 L’outil de STD permet de modéliser les bâtiments et de mesurer l’impact de


chaque paramètre de la construction sur le niveau de performance énergétique
de bâti. Cet outil est devenu indispensable pour concevoir des bâtiments neufs
ou les rénover en haute performance énergétique.
Les différentes étapes de la modélisation sont les suivantes :
– construction du modèle géométrique ;
– interaction avec l’environnement, fichier météo annuel ;
– données de matériaux pour l’ensemble des éléments du modèle géomé-
trique, façade, toiture, sous-sol, éléments intérieurs, structure (prise en compte
de l’inertie du bâtiment), etc. ;
– définition des équipements thermiques, chaud, froid, ventilation ;
– hypothèses d’usage, occupation, équipements, éclairage.
Les résultats que fournit une simulation thermique dynamique :
– évolution des températures heure par heure pour chaque zone du bâtiment
sur l’année ;
– puissance de chauffage ou de froid nécessaire ;
– consommation annuelle des équipements et du bâtiment ;
– origine des apports énergétiques ;
– données météorologiques complètes.
À partir de ces résultats, la STD permet de mener différentes études de faisa-
bilité technique en comparant entre elles, les solutions techniques à mettre en
œuvre sur une construction (enveloppe, isolations, menuiseries, traitement des
ponts thermiques, mise en œuvre d’énergies renouvelables, systèmes,
fluides…).
La STD permet, en outre, de localiser précisément certaines déperditions
énergétiques, de préconiser des solutions de travaux pour y remédier, de chif-
frer des économies d’énergies et un retour sur investissement.
La simulation thermique dynamique est aujourd’hui un outil de conception
précieux pour les constructions économes en énergie de demain.
Nota : le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes et expressions importants, des notations et symboles
utilisés tout au long des divers chapitres.

Par exemple, les scénarii d’occupation des locaux, d’allumage des


1. Différences entre calcul éclairages, les températures de chauffage (en journée, ou la nuit)
etc., sont tous définis précisément dans la Règlementation ther-
réglementaire et simulation mique (RT), et l’on ne saurait changer ces hypothèses dans un logi-
ciel de calcul réglementaire, où les scénarii type de la RT ont tous été
thermique dynamique intégrés.

Au contraire, en STD, tous ces paramètres seront réglables de


La STD se distingue de la simulation dite « réglementaire » en manière à pouvoir estimer au mieux la consommation et les
plusieurs points. besoins réels du bâtiment étudié.
La différence majeure entre les deux types de calcul est que la Car le propos n’est pas le même : étant donné qu’en calcul RT le
STD représente un environnement totalement ouvert et paramé- but est de comparer les bâtiments entre eux, et surtout de les com-
trable, là où le calcul réglementaire imposera toutes les hypothèses parer avec la réglementation, on comprend que différents bâti-
à prendre pour la réalisation de la simulation. ments soumis à une même réglementation doivent être simulés

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SIMULATION THERMIQUE DYNAMIQUE (STD) – MAÎTRISE DES CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE

avec les même hypothèses. Ainsi, les besoins énergétiques calcu- Nous comparerons ici deux modèles permettant de simuler ce
lés grâce à ce moteur de calcul RT peuvent être assez éloignés des phénomène :
besoins réels finaux du bâtiment. – le modèle des fonctions de transfert de G. Mitalas [1] (voir
Une autre différence majeure entre ces deux types de simulation § 2.1.1.1) ;
tient dans leurs moteurs de calcul respectifs. Là où tous les logi- – le modèle par analogie électrique utilisé dans la RT (voir
ciels de calcul réglementaire utilisent le moteur de la RT, les divers § 2.1.1.2).
logiciels STD sur le marché sont libres de choisir leurs méthodes de
calcul. Cela se traduit notamment, dans la plupart des cas, par des 2.1.1.1 CTF (Conduction Transfer Coefficients)

1
calculs plus complexes et donc plus longs lors des STD. Il est éga-
G. P. Mitalas et D. G. Stephenson [1] ont théorisé, dans les
lement nécessaire d’être vigilant sur les hypothèses d’entrées, bien
années 1970, la méthode qui allait devenir la référence des normes
plus nombreuses et beaucoup moins cadrées que dans le calcul RT.
ASHRAE, et le cœur du calcul de la conduction dans le logiciel
TRNSYS. Cette méthode, appelée « méthode CTF » (pour Conduc-
tion Transfer Coefficients), ou parfois « méthode des facteurs de
réponse », repose principalement sur le principe de transformée
2. Outils de Laplace, et sur sa version discrétisée, la transformée en Z (ces
outils mathématiques seront rappelés plus loin). Son atout majeur
est avant tout sa rapidité de convergence vers une solution d’une
précision acceptable pour l’usage du bâtiment. Elle a su s’imposer
Pour se prononcer sur un logiciel plutôt qu’un autre, il faut défi- comme un compromis entre précision élevée, mais coûteuse en
nir en amont de la Simulation thermique dynamique le niveau de temps de calcul (éléments finis), et précision faible obtenue rapide-
précision qui est souhaité. Les logiciels de Simulation thermique ment (calcul statique).
dynamique ont chacun leurs spécificités propres, leurs forces, La démarche générale de cette méthode est de déterminer la
leurs faiblesses. fonction de transfert décrivant la réponse, le comportement ther-
L’évolution des outils est très rapide, aussi nous ne nous attarde- mique du mur considéré. Une fois déterminée, cette fonction de
rons pas à lister les points forts et points faibles des outils car ils transfert permet de prédire le comportement du mur quelles que
évoluent à chaque version… soient les conditions de températures extérieure et intérieure aux-
quelles il est soumis.
Néanmoins, nous pourrons citer quelques outils très utilisés sur
le marché (voir le Pour en savoir plus) : Les problèmes de la méthode, utilisée par TRNSYS et servant de
référence aux normes ASHRAE, sont bien connus : les résultats
– TRNSYS : peu convivial et très typé recherche mais avec une divergent fortement dès lors que l’on raccourcit le pas de temps,
grande ouverture et des capacités presque infinies ; ou que l’on considère des murs très massiques, ou très fins.
– IES-VE : peut-être un des meilleurs outils du marché ! Convivial
et complet ; En effet les calculs ont, pour résumer, « besoin de temps » pour
– Design Builder : outil plus confidentiel que les deux précédents. converger vers une solution stable, et ce d’autant plus que le mur
Il a une très bonne saisie graphique mais est plus limité que VE ; possède une inertie (et donc une constante de temps) élevée. Si
– Comfie Pleiades : très bon outil pour débuter, l’utilisateur l’on raccourcit le pas de temps ou que l’on augmente l’inertie ils
expert se trouvera vite limité par les capacités du logiciel ; n’ont « plus le temps » d’aboutir à une solution stable. Les résultats
perdent alors leur sens physique.
– Archiwizard : outil en plein développement, qui semble être
prometteur (la partie éclairage y est très bien traitée). Les chercheurs du domaine travaillent actuellement sur d’autres
méthodes qui pourraient palier ce problème. Certains travaillent
sur la mise au point d’outil permettant d’établir, pour chaque mur,
2.1 Fonctionnement le nombre de coefficients et le nombre de pôles optimaux par rap-
port à un pas de temps donné afin d’obtenir une erreur minimale.
Les transferts thermiques, tels qu’ils sont couramment identifiés D’autres enfin travaillent sur des algorithmes nouveaux, comme
en physique du bâtiment, sont de trois types : la régression dans le domaine fréquentiel, de Wang et Chen, encore
– radiatifs (voir § 2.1.3) ; en développement. Ces nouvelles techniques devraient permettre
– convectifs (voir § 2.1.2) ; de relever les prochains défis de la simulation dynamique de la
– conductifs (voir § 2.1.1). conduction, à savoir les pas de temps de l’ordre de la minute, les
murs à très forte isolation, à très forte inertie ou encore utilisant
des isolants à changement de phase.
2.1.1 Transferts conductifs
Cependant, malgré ces difficultés, cette méthode semble être
Les transferts conductifs, qui sont l’objet de cette partie, tradui- considérée actuellement comme offrant l’un des meilleurs compro-
sent le passage de la chaleur à travers les murs du bâtiment et mis entre fiabilité et temps de calcul. Elle est actuellement utilisée
reposent sur une équation fondamentale : l’équation de la chaleur. quasi-systématiquement aux USA et au Canada.
La résolution dynamique de l’équation de la chaleur, basée sur la
loi de Fourier, nécessite la résolution d’équations différentielles non 2.1.1.2 Méthode RC (Résistance condensateur)
linéaires. Les solutions exactes de ces dernières n’étant pas Ce modèle établit le bilan thermique d’une zone en raisonnant
connues, il en résulte que les moteurs de calculs doivent effectuer par comparaison avec les lois de l’électricité. Ainsi, les murs et
des approximations et utiliser des méthodes numériques d’appro- baies sont assimilés à des résistances (en rapport avec leur résis-
ximation du résultat par itérations successives, faisant par là tance thermique), les cloisons lourdes comportent une capacité
même augmenter le temps de calcul. C’est pourquoi des méthodes (liée à leur inertie thermique), les températures sont les potentiels
d’approximation de ces solutions exactes ont été recherchées. électriques du modèle, et les flux thermiques en sont les courants.
Ce modèle est à la base du calcul RT 2012 (règles Th-E). Néan-
Citons, comme exemple, entre autres, la méthode par éléments moins, il semble possible de s’en servir dans un but de Simulation
finis, considérée comme pouvant être extrêmement précise, mais thermique dynamique.
au prix de calculs très longs, et donc coûteux et peu adaptés à un
contexte de productivité. Le principe de la méthode est de comparer un système ther-
mique clos avec un circuit électrique, composé de résistances et

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SIMULATION THERMIQUE DYNAMIQUE (STD) – MAÎTRISE DES CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Insufflation DOUBLE FLUX Extraction

Hei

1 Ei (W)
V vent (en m/s)
Apports
θi internes θs
θe (en 0C) Apports
solaires

HR (en %) Hes Hem

θm

Q 4Pa Qv Inf
Hem

Plancher chauffant / rafraichissement

Ai + As

Air neuf Hei

θi
P

θei
Co
nv
ec
tiv

OU
e

His θop

Baies
Hes

θs
θes

Émetteur
Hms Ai + As
P (en W)
e
nn ant
Parios
Hem ayo
opaques Pr
θm

θem

Cm

Figure 1 – Exemple de modèle RC pour le calcul du BBIO (besoins énergétiques) de la RT 2012 (Crédit Conseil-xpair.com)

de capacités (voir figure 1). L’intérêt est qu’une fois toutes les carac- & Avantages de cette méthode
téristiques du modèle déterminées (en fonction de la géométrie de
la paroi, et des caractéristiques thermiques des matériaux), on  On constate que le nombre de calculs nécessaires à l’obtention
obtient un circuit électrique simple, dont le fonctionnement est de la température de l’air intérieur est très petit en comparaison à
décrit par des équations beaucoup moins complexes à résoudre la méthode Mitalas. Il n’y a qu’une équation différentielle à résou-
que celles du modèle Mitalas. dre, et sa solution exacte est connue. De plus, le nombre de nœuds

C 8 103 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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Référence Internet
C8103

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SIMULATION THERMIQUE DYNAMIQUE (STD) – MAÎTRISE DES CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE

étant très réduit, les développements mathématiques n’en sont que – étudier la migration et l’évacuation de polluants (vapeur d’eau,
plus simples. CO2, COV…) ;
– calculer des vitesses d’écoulement d’air (confort, renouvelle-
 Cela se traduit a priori par un temps de calcul inférieur à celui ment d’air en tous points).
de logiciels comme TRNSYS.
Pour cela, deux types de simulation ont été mis au point, la simu-
 De plus il est à noter que ce modèle parvient à intégrer de lation dite « nodale », et la simulation par volumes finis.
nombreux phénomènes différents. Rayonnement (diffus, réfléchi,
direct), conduction, convection, ventilation sont pris en compte et
& Simulations nodale et par volumes finis

1
intégrés au sein d’un modèle cohérent et fonctionnel. Cette sou-
plesse en facilite l’utilisation dans un contexte aussi varié que
 Nodales
peut l’être celui de la simulation thermique.
Actuellement utilisée dans les principaux logiciels de simulation
& Inconvénients de cette méthode thermique (Virtual Environment, TRNSYS, Design Builder, etc.), ce
type de modèle repose sur un réseau de nœuds thermiques, reliés
En revanche, certaines approximations sont nécessaires. les uns aux autres par des liens. Ces nœuds et ces liens peuvent
être de plusieurs types, permettant de modéliser plusieurs types
 Plusieurs éléments, dont les échanges convectifs, les capacités de phénomènes.
thermiques etc., sont modélisés par de simples coefficients généri-
ques issus de la RT, et nous n’avons pas de moyens de savoir si ces Ces modèles reposent uniquement sur des équations de conser-
approximations sont adaptées au cas étudié en particulier. vation de masse entre les zones. Plus simples mathématiquement
que les modèles par éléments finis, ils sont cependant plus faciles
Certains flux thermiques sont négligés, comme le rayonnement à utiliser (pas de maillage complexe par exemple) et plus rapides,
reçu par les cloisons légères ainsi que leur capacité thermique. car ils nécessitent moins de calculs.
La capacité thermique Cm est calculée selon la norme ISO 13780, Ils permettent de connaı̂tre :
en tenant compte de variations périodiques de la température de
surface des matériaux. Cette méthode est peut-être pertinente, – les débits d’air entre zones ;
mais nous n’avons pas de comparaison chiffrée avec d’autres – le bilan thermique aéraulique ;
modèles d’inertie thermique plus précis. Nous n’avons pas encore – les concentrations de polluants dans toutes les zones.
le recul suffisant pour évaluer la pertinence de ces approximations, Une fois les différents débits connus, le bilan thermique découle
et savoir si le gain en temps de calcul trouve sa contrepartie dans d’une simple équation d’équilibre énergétique. Les bilans sont
une imprécision plus importante. effectués pour une zone : connaissant la quantité d’air extérieur
entrant, la température et l’humidité de cet air entrant, on obtient
 Un autre gros inconvénient de ce modèle est la difficulté de le terme QIV des équations de balance énergétique du modèle de
coupler plusieurs zones entre elles, chaque zone étant représentée TRNSYS (Heat balance method).
par un modèle RC propre. Le problème réside dans le couplage des
zones à travers les cloisons lourdes, puisque chaque modèle RC a Notons que la méthode utilisée est exactement la même dans les
besoin du comportement de l’autre pour déterminer l’influence que modules de calcul aéraulique nodal des autres logiciels de STD,
cet autre modèle exerce sur lui. tels que Design Builder ou Virtual Environment (voir les Sites Inter-
net dans le Pour en savoir plus).

2.1.2 Transferts convectifs  CFD (par modules finis)


La simulation s’agit ici de résoudre les équations fondamentales
& Explication de la prise en compte des transferts aérauliques de la dynamique des fluides, dites « équations de Navier-Stockes ».
Ces transferts aérauliques comprennent : Ces équations regroupent plusieurs principes :
– les transferts par convection ; – conservation de la masse ;
– les transferts par infiltration d’air extérieur dans le local ; – conservation de la quantité de mouvement ;
– les transferts thermiques dus à la ventilation. – conservation de l’énergie mécanique ;
– équations d’état du fluide.
Le présent document présentera la manière dont sont simulés
ces phénomènes. Nous nous attacheront principalement aux Nous ne connaissons pas, à l’heure actuelle, la solution exacte
modèles dits « nodaux », notamment ceux de la RT 2012 et des de ces équations. Il est donc nécessaire, pour la résolution des
logiciels de STD du marché (TRNSYS et Virtual Environment). équations différentielles non-linéaires qu’elles impliquent, de
Nous exposerons rapidement les principes de la simulation par conserver un certain nombre d’hypothèses dont nous ne ferons
volumes finis en conclusion. pas le détail ici. Une fois ces hypothèses prises, on procède à la
résolution.
La simulation des phénomènes aérauliques dans le bâtiment
Pour ce faire l’espace est découpé en un maillage, dont la finesse
nous apparait comme étant moins avancée que celle des phénomè-
varie selon la géométrie du local étudié (plus fin sur les arrêtes, les
nes de rayonnement ou de conduction. Les modèles existants sont
angles par exemple). Ces volumes finis, où les conditions de
moins complexes et moins nombreux, et sont souvent insérés dans
vitesse, de température, de pression, etc., de l’air sont supposées
les logiciels via des modules annexes non indispensables à la
constantes, sont ensuite liés les uns aux autres via les équations
simulation thermique en elle-même (à la différence du rayonne-
de Navier-Stockes.
ment par exemple, phénomène central s’il en est et faisant l’objet
de modèles très détaillés). Retenons que cette simulation, si elle est de facto plus lourde en
terme de temps de calcul que la simulation nodale, permet cepen-
Pourtant, l’aéraulique est loin d’être négligeable, puisque que les dant d’obtenir d’autres données intéressantes, en plus de toutes
fuites et la ventilation représentent à elles seules 20 à 25 % des celles obtenues par cette dernière :
déperditions thermiques des bâtiments d’habitation.
– flux d’air détaillés à l’intérieur des zones ;
Les buts de la simulation aéraulique sont au nombre de trois : – champs de vitesse de l’air en tous points de l’espace (permet de
– calculer les échanges thermiques (déperditions ou apports) dus déterminer par exemple d’éventuelles zones d’inconforts) ;
aux infiltrations d’air extérieur et à la ventilation (mécanique, natu- – bonne modélisation des stratifications d’air dans les grands
relle ou assistée) ; volumes.

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1

44
Référence Internet
REX100

RETOUR D’EXPÉRIENCE

Méthodologie inverse
pour l'obtention du comportement 1
thermique d'un bâtiment ancien
par Hiva SHAMSBORHAN
Enseignant Chef de projets R&D
Département énergétique et environnement, ICAM (Lille, France)
Christophe PENNEL
Enseignant responsable projets R&D, ICAM site de Paris-Sénart (Lieusaint, France)
Baptiste HEELE
Ingénieur exploitation au CNPE (Civaux, France)
et Marine HERAULT
Ingénieur développement BI chez Sopra Steria (Lille, France)

e nos jours, beaucoup de pays développés essaient de réduire la


D consommation globale d'énergie des bâtiments, ainsi que leurs émis-
sions de gaz à effet de serre. Pour atteindre les objectifs de réduction de
consommation visés, la rénovation devient nécessaire pour un bon nombre
de bâtiments. Beaucoup de méthodes sont utilisées dans le monde pour
réussir les projets de rénovation des bâtiments. Parmi celles-là, on peut
mentionner :
– l’audit énergétique ;
– l’évaluation des performances du bâtiment ;
– la quantification des gains énergétiques ;
– l’analyse économique ;
– l’évaluations des risques et mesure & vérification (M&V) de l'énergie sauvée.
Dans le but d'avoir des rénovations pertinentes pour économiser l'énergie,
l'audit énergétique du bâtiment est primordial. L'audit énergétique varie
selon le champ et la profondeur. Selon le manuel d'ASHRAE, l'audit éner-
gétique peut être classifié selon trois niveaux :
– niveau 1: survol des évaluations ;
– niveau 2 : étude énergétique avec analyse ;
– niveau 3 : analyse énergétique détaillée.
Les modèles numériques sont une partie importante de l'analyse énergé-
tique détaillée. Aussi, ils permettent de prédire l'énergie économisée après
un ensemble de projets de rénovation.
En connaissant les caractéristiques d'un bâtiment, nous pouvons facilement
calculer sa STD et obtenir son comportement thermique. C'est le cas du
bâtiment pour lequel la base de données technique est disponible. Si la
base de données technique est manquante, il y a deux façons fiables pour
obtenir la résistance thermique du mur :
– la première est une méthode destructive, i.e. faire des trous dans les
murs (carottage ou méthode endoscopique) pour comprendre leur compo-
Parution : octobre 2016

sition et calculer leur résistance thermique ;


– la seconde est une méthode non destructive qui utilise un fluxmètre pour
obtenir la résistance thermique du mur et la comparer avec la méthode des-

11-2016 © Editions T.I. REX 100 - 1

45
Référence Internet
REX100

RETOUR D’EXPÉRIENCE

tructive. Ficco et al. ont prouvé la précision et la fiabilité de la seconde mé-


thode pour les bâtiments historiques.

1
Dans ce travail, il a été tenté d'impliquer ladite méthode non destructive
dans une méthodologie inverse, afin d'obtenir le comportement thermique
du bâtiment, sans utiliser aucune opération de destruction.
Le travail est effectué à l’ICAM de Lille qui a été construit en 1898. L’Éta-
blissement est donc considéré comme un bâtiment historique dans lequel
les opérations destructives ne sont pas recommandées. D'autre part, il n'y
a aucune information à propos de la composition des murs. Les bâtiments
de l’ICAM présentent donc une bonne opportunité pour appliquer notre
méthodologie et des essais.

Points clés
Domaine : thermique du bâtiment
Entreprises concernées : toutes sortes d'entreprise intéressée
Technologies / méthodes impliquées : mesure des températures et du flux
thermique
Secteurs : rénovation des bâtiments historiques

1. Contexte Ce bâtiment est appelé « bâtiment Auber » parce qu'il est


parallèle à la rue Auber à Lille avec, comme coordonnées géo-
Une aile d’un des bâtiments de l’ICAM de Lille a été choisie graphiques, 50° 37’ 49’’ N, 3° 2’ 30’’ E (voir figure 1). Il a un
pour comprendre son comportement thermique. Ce bâtiment rez-de-chaussée, 1er étage, 2e étage et un comble avec un
n'a pas une bonne isolation et consomme beaucoup d'énergie, toit. Ce bâtiment est composé de classes et de bureaux. La
comme nous le montre la facture de consommation de gaz surface de chaque étage est environ de 474 m2. L'entrée prin-
(~ 21 k€/an). cipale du bâtiment est orienté nord-est et l'autre côté est

Figure 1 – Vue du bâtiment Auber depuis la rue Auber. L’entrée principale apparaît sur les deux images

REX 100 - 2 © Editions T.I. 11-2016

46
Référence Internet
C8120

Modélisation du confort
dans les espaces ouverts
et semi-ouverts 1
par Edouard WALTHER
AREP
Docteur en Energétique, Agrégé de Génie Civil

1. Caractéristiques de l’individu dans les espaces semi-ouverts C 8 120 - 2


1.1 Nécessité du régime transitoire ............................................................. — 2
1.2 Terme d’activité métabolique ................................................................. — 3
1.3 Propriétés de la vêture............................................................................. — 3
2. Mise en équation du métabolisme humain ................................... — 4
2.1 Équations gouvernantes du modèle de Pierce...................................... — 4
2.2 Échanges respiratoires ............................................................................ — 5
2.3 Transfert de chaleur................................................................................. — 5
2.3.1 Échanges convectifs ........................................................................ — 6
2.3.2 Échanges radiatifs............................................................................ — 6
2.3.3 Échange sensible total..................................................................... — 6
2.4 Transfert de masse .................................................................................. — 6
2.4.1 Calcul de la relation de Lewis LR .................................................... — 7
2.4.2 Transfert évaporatif ......................................................................... — 7
2.5 Régulation de température du métabolisme......................................... — 8
2.5.1 Vasomotricité ................................................................................... — 8
2.5.2 Sudation............................................................................................ — 8
2.5.3 Tremblement .................................................................................... — 8
2.6 Calcul de la SET (Standard Effective Temperature) .............................. — 9
3. Effet de l’environnement sur le confort ........................................ — 9
3.1 Vitesses d’air et propriétés de vêture..................................................... — 9
3.1.1 Variation de la résistance thermique.............................................. — 9
3.1.2 Variation de la résistance à la perméation de vapeur................... — 10
3.2 Influence de la température moyenne rayonnante............................... — 10
4. Influence de la variabilité physiologique sur la Standard
Effective Temperature ........................................................................ — 11
4.1 Présentation des paramètres physiologiques variables....................... — 11
4.2 Effet du genre ........................................................................................... — 11
4.3 Effet de l’environnement ......................................................................... — 12
5. Conclusion.............................................................................................. — 13
6. Nomenclature ........................................................................................ — 13
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. C 8 120

e nombreuses approches ont été développées afin de quantifier le niveau


D de confort des individus dans les espaces intérieurs, souvent à des fins de
productivité : les premières études du domaine ont consisté à mettre en regard
les températures intérieures d’usines et la qualité de la production ou
l’absentéisme.
Parution : juillet 2018

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C 8 120 – 1

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Référence Internet
C8120

MODÉLISATION DU CONFORT DANS LES ESPACES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS ________________________________________________________________

L’application des modèles de confort dans le domaine du bâtiment et de


l’aménagement a généralement lieu avant la construction du projet, afin d’éva-
luer des variantes constructives par rapport à un critère objectif.
Dans certains cas particuliers, la température intérieure de confort peut être
déterminée par une méthode empirique. Ainsi, l’approche adaptative de la
norme EN 15251 utilisée pour les bâtiments en ventilation naturelle donne une

1
relation linéaire entre température de confort et la moyenne glissante sur un
mois de la température extérieure, calibrée à partir de milliers de mesures.
En ambiance intérieure, le plus utilisé des indicateurs est le Predicted Mean
Vote de Fanger qui relie le flux (négatif ou positif) auquel est soumis l’individu
à la sensation de confort ou d’inconfort. Le lien a été rendu possible par la
combinaison d’une approche équationnelle, permettant d’établir le bilan ther-
mique, avec une régression statistique sur le niveau de confort d’un
échantillon de quelques milliers de personnes.
Cependant, des travaux récents ont montré les limites de l’approche du Pre-
dicted Mean Vote (PMV) qui est calée sur une morphologie masculine et
occasionne des décalages importants de la plage de confort selon le genre.
L’approche équationnelle traitée ici est le « two-node model » développé à la
fondation J. B. Pierce (aussi appelé « modèle de Pierce ») au courant du
XXe siècle.

1. Caractéristiques Dans ce modèle, le métabolisme est un système régulé en tem-


pérature par des actions de correction (vasomotricité, sudation,
de l’individu dans perspiration) qui évoluent au cours du temps et en fonction des
conditions environnantes.
les espaces semi-ouverts En effet, dans les milieux extérieurs ou semi-extérieurs, les
variations rapides des conditions ambiantes rendent les
approches en régime permanent inaptes à la prédiction du
1.1 Necessité du régime transitoire confort. Ceci est d’autant plus vrai lorsque ces espaces sont occu-
pés de manière transitoire (e.g. les lieux extérieurs de passage, les
Avec le modèle de Pierce, il s’agit alors de répondre à des bâtiments très ouverts, les gares) : le temps de montée en tempé-
besoin militaires, et notamment de déterminer la résistance au rature du métabolisme est de l’ordre d’une heure en été et de plu-
stress thermique des soldats ou des pilotes de chasse soumis à sieurs heures en hiver [20].
des pressions atmosphériques très variables [25].
La formulation du modèle est relativement simple et consiste à À titre d’exemple, la figure 2 montre la simulation des tempéra-
représenter le corps humain sous la forme de deux cylindres tures corporelles et de la mouillure cutanée d’un individu avec le
concentriques représentant le centre du corps ou « noyau » et la modèle à deux nœuds de Pierce.
couche de peau, entourés de la vêture (voir figure 1). À partir de l’état d’équilibre thermique, l’individu est mis dans un
environnement chaud avec un fort rayonnement solaire pour trente
minutes.
L’évolution des températures corporelles en régime transitoire
(lignes continues) montre une évolution asymptotique vers le régime
permanent qui serait obtenu dans ces conditions (lignes pointillées).
La mouillure cutanée suit, quant à elle, une dynamique légèrement
plus lente et le régime permanent n’est pas atteint en une demi-
heure d’exposition.

Les réactions physiologiques engendrées par l’environnement


sur le métabolisme via convection, rayonnement et échanges
hydriques permettent de calculer l’indicateur de confort SET
(Standard Effective Temperature) (voir [B2180]).
Il s’agit de la température opérative d’un environnement de
référence qui produirait la même température de peau et la même
mouillure cutanée que l’environnement réel étudié. Cet environne-
ment de référence a une vitesse d’air faible, une humidité relative
à 50 % et la vêture est standardisée par rapport à l’activité de
l’individu.
Les sections qui suivent donnent la description mathématique
du corps humain et des transferts associés dans le but de détermi-
Figure 1 – Représentation du corps humain ner la SET à partir de ses réactions physiologiques.

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C 8 120 – 2

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Référence Internet
C8120

_________________________________________________________________ MODÉLISATION DU CONFORT DANS LES ESPACES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS

Tableau 1 – Métabolisme total en fonction


de l’activité
38
Activités [en W/m2] [en met]

37
Repos, couché 45 0,8
Température (en °C)

36
1

0,8
Repos, assis 58 1 1

w (–)
35 0,6 Debout, activité légère (bureau) 70 1,2

0,4 Travail léger debout (laboratoire) 95 1,6


34
0,2
Activité moyenne debout 115 2
33 0 (travail sur machine)
0 5 10 15 20 25 30
Activité soutenue (travail lourd) 175 3
Temps (min)

Tnoyau Tpeau w
Le tableau 1 donne quelques ordres de grandeur de la puis-
Tnoyau RP Tpeau RP w RP sance dégagée en fonction de l’activité.
Ta = 30 °C, Tr = 60 °C, HR = 30 %,
Tnoyau, Tpeau sont les températures du centre du corps et de peau,
w est la mouillure cutanée, 1.3 Propriétés de la vêture
RP est le régime permanent
La vêture est prise en compte via une résistance thermique iclo
exprimée en [clo], tel que 1 [clo] = 0,155 [m2.K/W] (notée Rcl dans
Figure 2 – Évolution des températures corporelles et de la mouillure cette unité).
cutanée d’un individu soumis à un environnement estival chaud
À titre d’exemple, la valeur de 1 [clo] correspond à un costume
chemise/veste/pantalon.
On abordera ensuite l’effet de l’environnement sur le confort,
puis l’influence de la variabilité physiologique sur la dispersion Le tableau 2 donne le niveau d’isolation en clo pour quelques
des résultats sera explorée. ensembles de vêtements.
Le port de vêtements augmente la résistance thermique entre
l’environnement extérieur et la surface de la peau. Cependant, il
1.2 Terme d’activité métabolique augmente également la surface exposée au transfert de chaleur :
on introduit alors le facteur fcl afin de caractériser l’augmentation
Le métabolisme se décompose entre métabolisme dit « basal », de la surface d’échange liée à la vêture :
de maintien en température, et métabolisme d’activité, lié à la
tâche effectuée. (3)
Le terme d’activité métabolique basale en fonction de la taille H Dans l’équation (3), k = 0,2 si iclo < 0,5 et k = 0,15 sinon.
[m], de la masse m [kg] et de l’âge est calculé avec l’équation (1)
La surface A × fcl se trouve ainsi augmentée de 20 % pour le
issue de [32] :
port d’une résistance thermique de 1 [clo].
La quantité de vêtement portée varie en fonction de la saison et
(1) de facteurs individuels.
Cependant les travaux de [28] ont montré que le niveau de
Pour les individus masculins et féminins, les constantes a, b, c, vêture des individus peut être déterminé à partir de la tempéra-
d prennent respectivement les valeurs a = 3,45, b = 0,004, c = 0,01, ture extérieure à 6 heures du matin le jour même, selon la loi
d = 43,4 et a = 3,19, b = 0,004, c = 0,018 et d = 42,1. représentée sur la figure 3 [28].
La surface du corps humain est déterminée à partir de l’équa-
tion empirique de Dubois qui donne une relation entre taille H et
masse m : Tableau 2 – Correspondance entre vêture et niveau
d’isolation en clo
(2)
La valeur typique pour un invidivu moyen est A ~ 1,8 [m2]. Vêtures [en clo]
Le terme source métabolique peut être donné de deux
Tenue d’été légère 0,3
façons :
– directement en unités métaboliques « met », avec 1 [met] équi- Tenue de travail de bureau 0,7
valant à 58,2 [W/m2] de surface corporelle. Une activité légère de
bureau correspond en général à 1 [met] ; Tenue d’intérieur d’hiver 1,0
– en tant que combinaison du métabolisme basal et du métabo-
lisme d’activité lié à l’exécution de la tâche, généralement en [W] Tenue extérieure typique 1,5
que l’on convertit en [W/m2] à l’aide des relations (2) et (1).

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C 8 120 – 3

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Référence Internet
C8120

MODÉLISATION DU CONFORT DANS LES ESPACES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS ________________________________________________________________

– représente le produit du débit massique sanguin et de


la capacité thermique massique du sang cb = 4 180 [J/(kg.K)] ;
– Qr est la puissance totale dissipée par la respiration (sensible
et latente).
À la surface de la peau, l’accumulation Ssk (skin) est la somme
1,1
de la puissance transférée depuis le noyau par conduction et par
1 le débit sanguin, des échanges convectifs C, radiatifs R et évapo-

1
ratifs E :
0,9
(5)
0,8
clo (–)

0,7
Dans l’équation (5), le terme de droite représente l’accumulation
d’énergie dans la couche de peau. À gauche de l’égalité, le terme
0,6 E représente les échanges évaporatifs à la surface de la peau liés
0,5
à la perspiration et à la sudation.
Le schéma électrique équivalent est donné figure 5.
0,4
La masse de la peau varie en fonction du débit sanguin qui
0,3 gonfle plus ou moins les tissus externes. On introduit donc la frac-
–20 –10 0 10 20 30
tion α de la masse corporelle contenue dans le cylindre extérieur
Température 6 h (en °C) du modèle.
Les variations des températures de peau Tsk et du noyau Tc sont
alors décrites par les équations différentielles (6) et (7) :
Figure 3 – Modèle de Schiavon et al. pour la détermination de la
vêture journalière.
(6)

2. Mise en équation (7)

du métabolisme humain Dans l’équation (7), la capacité thermique massique du corps


vaut cp = 3 492 [J/(kg.K)], le coefficient α représente la fraction de
Dans ce paragraphe, le bilan des flux sur les deux nœuds du
modèle de Pierce est exposé.
On détaille ensuite le calcul des transferts de chaleur et de
masse sur le corps humain, puis la régulation des températures Qr
métaboliques. Enfin, le calcul de la SET sera explicité. R

(Usk + mbcb)

2.1 Équations gouvernantes du modèle


de Pierce
Le modèle à deux-noeuds de [15] considère le corps humain
comme deux cylindres concentriques (noyau et peau) régulés en C
température par plusieurs mécanismes : Tc
α
– perspiration (diffusion de vapeur à travers la couche de peau) ;
– sudation ; (1 – α)
– frissonnement ;
– vasomotricité. W
La chaleur métabolique, ainsi que l’énergie dissipée du fait de Tsk
Tcl
l’activité, sont représentées par un terme source. Deux équations-
bilan permettent de calculer l’évolution des température du noyau
et de la peau en fonction des transferts radiatifs, convectifs et éva-
poratifs avec le milieu extérieur (la conduction est négligée pour E
la posture debout, la surface de contact avec le sol étant de l’ordre
de 2 % de celle du corps).
La figure 4 donne une représentation du modèle cylindrique et Figure 4 – Représentation schématique du corps humain avec deux
cylindres concentriques et une couche de vêture (pointillés)
des flux appliqués.
On établit alors un bilan de puissance sur le noyau, tel que la
somme algébrique de la puissance métabolique M, de la puissance
échangée avec la couche de peau (conduction Usk et débit sanguin Qr E
) et des échanges respiratoires Qr soit égale à une accumula- 1/(mcb)

tion de puissance dans le noyau Sc (indice « c » pour core). Rcl T Rg


Tsk cl
(4) Tc 1/Usk Top

Dans l’équation (4) :


– le terme M correspond à l’activité métabolique en [W/m2] ;
– Usk est la conductance thermique des tissus entre le noyau et Figure 5 – Schéma électrique équivalent du transfert de chaleur et
la peau (prise telle que Usk = 5,28 [W/(m2.K)]) ; des flux appliqués aux nœuds du modèle

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C 8 120 – 4

50
Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire
(Réf. Internet 42582)

1– La réglementation thermique 2
2– Le chauffage Réf. Internet page

Énergie solaire thermique dans le bâtiment.Chauffage. Climatisation BE9165 53

Pompes à chaleur. Systèmes à compression de vapeur BE9620 57

Pompes à chaleur. Applications et systèmes particuliers BE9621 61

Calorifugeage . Isolation thermique des équipements BE9850 67

Bois énergie - Propriétés et voies de valorisation BE8535 73

Production de chaleur à partir du bois. Combustible et appareillage BE8747 79

3– Le traitement de l'air et la climatisation

4– L'eau chaude sanitaire

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51
2

52
Référence Internet
BE9165

Énergie solaire thermique dans


le bâtiment.Chauffage. Climatisation

2
par André JOFFRE
Ingénieur Arts et Métiers
Président Directeur Général de Tecsol SA

1. Chauffage de piscine .............................................................................. BE 9 165 - 2


1.1 Bassins de plein air...................................................................................... — 2
1.2 Bassins couverts .......................................................................................... — 3
1.3 Calcul de l’installation ................................................................................. — 3
1.3.1 Déperdition des bassins..................................................................... — 3
1.3.2 Apports solaires .................................................................................. — 5
2. Chauffage de locaux ............................................................................... — 5
3. Climatisation solaire ............................................................................... — 6
3.1 Systèmes à « sorption ».............................................................................. — 6
3.2 Système à « refroidissement évaporatif »................................................. — 7
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 166

e chauffage des bassins de piscines constitue une application privilégiée de


L l’énergie solaire. Le bas niveau de température de consigne (de l’ordre de
30 oC) se traduit par de bonnes performances des capteurs solaires.
Le chauffage des locaux connaît quant à lui un fort développement, en
particulier dans le secteur des maisons individuelles.
Avec la climatisation solaire, il existe une parfaite adéquation entre le gise-
ment solaire et les besoins de rafraîchissement.
Pour ce qui concerne le rayonnement solaire et le principe des capteurs
solaires thermiques, le lecteur se reportera à l’article [BE 9 164].
Parution : janvier 2005

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur BE 9 165 − 1

53
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BE9165

ÉNERGIE SOLAIRE THERMIQUE DANS LE BÂTIMENT. CHAUFFAGE. CLIMATISATION _________________________________________________________________

Notations et symboles 1. Chauffage de piscine


Symbole Unité Définition Pour les piscines de plein air, utilisées pendant la période esti-
vale, ce sont des installations utilisant des capteurs sans vitrage
qui seront mises en œuvre. En revanche, pour des piscines couver-
A m2 Surface d’entrée du capteur tes, utilisées toute l’année, l’énergie solaire sera souvent utilisée
solaire pour couvrir une partie des besoins d’eau chaude sanitaire des
douches et le chauffage de l’eau de renouvellement des bassins.
B Facteur optique du capteur solaire

Hj kWh · m– 2 · j – 1 Rayonnement solaire global


1.1 Bassins de plein air

2 Ι W· g–1 Enthalpie (ou chaleur latente)


de vaporisation de l’eau Pour des installations utilisées uniquement pendant les périodes
où il n’y a pas de risque de gel, on pourra retenir le schéma indiqué
sur la figure 1.
K W · K–1 Coefficient de déperdition global
du capteur Le chauffage de l’eau des bassins s’effectue en aval des instal-
lations de filtration et de traitement de l’eau.
Ka Coefficient d’absorption du plan L’installation solaire permet d’assurer le préchauffage de l’eau
d’eau
des bassins par circulation « directe » (sans échangeur) dans les
capteurs et un dispositif d’appoint assure le maintien des bassins
Ke W · m– 2 · K –1 Coefficient de transmission à la température de consigne.
thermique de l’eau
Les capteurs solaires sont raccordés en dérivation sur la canali-
KR W · m– 2 · K –1 Coefficient d’émittance de l’eau sation de refoulement de la filtration.
La régulation de l’installation se fait par l’intermédiaire d’une
S m2 Surface du bassin de la piscine sonde de température disposée à la sortie des capteurs solaires.
Lorsque la température dans les capteurs est supérieure de 5 oC à
Période sans couverture la température du circuit de filtration, le régulateur différentiel met
t h
isothermique en fonctionnement le circulateur. Lorsque cet écart de température
diminue et atteint 2 oC, le circulateur s’arrête.
Volume de renouvellement de Le dispositif d’appoint est placé en aval de l’installation solaire.
VR L
l’eau de la piscine
Une vanne trois voies permet de réguler l’énergie apportée par la
chaudière d’appoint en fonction de la température du circuit de fil-
Vv m · s– 1 Vitesse du vent à la surface tration. La sonde doit être disposée sur l’entrée échangeur (circuit
du bassin de la piscine
piscine).
Humidité spécifique de l’air Dans certains cas, si la place disponible pour installer les
X g · kg–1 capteurs est suffisante, on pourra mettre en œuvre une surface de
ambiant
capteur adaptée pour éviter l’installation d’un dispositif d’appoint.
η % Rendement du capteur C’est en particulier le cas des petites piscines, pour lesquelles on
recherchera l’autonomie de chauffage grâce à l’énergie solaire.

Bassin Bac
tampon

Filtre
Chaudière
gaz

Arrivée eau froide

Pompe avec préfiltre


Vanne normalement ouverte
Vanne normalement fermée
RD Régulateur RD Régulateur différentiel
pH/Cl
Circuit solaire Sonde de régulation

Figure 1 – Schéma de principe d’une installation de chauffage solaire d’une piscine de plein air

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________________________________________________________________ ÉNERGIE SOLAIRE THERMIQUE DANS LE BÂTIMENT. CHAUFFAGE. CLIMATISATION

Une piscine publique est souvent associée à la production d’eau geur est supérieure de 7 oC à la température du bas du réservoir
chaude sanitaire pour alimenter les douches. Dans ce cas, l’instal- de stockage, le régulateur différentiel met en fonctionnement le cir-
lation solaire, qui mettra en œuvre des capteurs vitrés, servira éga- culateur secondaire (circuit eau sanitaire). Lorsque cet écart de
lement à chauffer l’eau nécessaire à l’alimentation des bassins température diminue et atteint 2 oC, le circulateur s’arrête.
(figure 2). Le ballon de stockage permet d’alimenter directement le bac
Ce type d’installation n’étant utilisé qu’en dehors des périodes tampon, par l’intermédiaire d’un mitigeur, pour amener la tempé-
de gel, il conviendra de la vidanger pendant l’hiver. rature de l’eau « solaire » à un niveau voisin de la température de
la piscine.
La régulation de l’installation se fait par l’intermédiaire d’une
sonde de température disposée à la sortie des capteurs solaires. Par ailleurs, le ballon est raccordé sur un dispositif d’appoint
Lorsque la température dans les capteurs est supérieure de 7 oC à (ballon, production instantanée) afin de délivrer une eau à la tem-
la température du bas du réservoir de stockage, le régulateur dif- pérature de consigne dans le circuit d’eau chaude sanitaire.
férentiel met en fonctionnement le circulateur. Lorsque cet écart de
température diminue et atteint 2 oC, le circulateur s’arrête.
Le ballon de stockage permet d’alimenter directement le bac
tampon, par l’intermédiaire d’un mitigeur, pour amener la tempé-
1.3 Calcul de l’installation 2
rature de l’eau « solaire » à un niveau voisin de la température de La première étape consiste à calculer les déperditions des
la piscine. bassins. Ce calcul peut s’effectuer à partir de valeurs moyennes
journalières, car le système, de grande inertie, voit ses caractéris-
Par ailleurs, le ballon solaire est raccordé sur un dispositif tiques évoluer lentement.
d’appoint (ballon, production instantanée) afin de délivrer une eau
à la température de consigne dans le circuit d’eau chaude sanitaire.
1.3.1 Déperdition des bassins

1.2 Bassins couverts Les pertes thermiques des bassins de plein air sont de différentes
origines :
Pour les piscines couvertes, la démarche est identique au cas — pertes par évaporation :
évoqué dans le paragraphe 1.1. L’utilisation toute l’année nécessite
toutefois la mise en place d’un circuit solaire primaire protégé Pévap = (25 + 19 Vv ) · S · (X – X ′) · Ι · t /1 000
contre le gel (figure 3). avec Pévap pertes par évaporation (kWh · j–1),
La régulation de l’installation se fait à l’aide d’un interrupteur Vv vitesse du vent à la surface des bassins (m · s–1),
crépusculaire qui déclenche l’alimentation du circulateur du circuit
primaire (solaire) ainsi que l’alimentation de la régulation différen- S surface des bassins (m2 ),
tielle lorsque le niveau d’ensoleillement dépasse un certain seuil. X humidité spécifique de l’air saturé à la température
Lorsque la température sur le circuit solaire à l’entrée de l’échan- de l’eau (g d’eau/kg d’air),

Bassin Bac
tampon

Pompe avec préfiltre

Clapet antiretour

Vanne de réglage
Chaudière

Mitigeur
thermostatique

Filtre
gaz

Vanne normalement ouverte

Vanne normalement fermée

Soupape de sécurité
Départ ECS Filtre à tamis à robinet de rinçage
solaire vers Régulateur
l’appoint Compteur volumétrique
pH/Cl
à émetteur d’impulsions
Purgeur d’air automatique
Ballon Flexible EPDM (éthylène-propylène-
RD solaire diène-monomère) tresse acier inoxydable
RD Régulateur différentiel
Arrivée
eau froide Sonde de régulation
ECS eau chaude sanitaire

Figure 2 – Schéma de principe d’une installation solaire de production d’eau chaude sanitaire et de chauffage de l’eau de renouvellement
d’une piscine de plein air

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2

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Pompes à chaleur
Systèmes à compression de vapeur
par Éric AUZENET
Diplômé de l’Institut Français du Froid Industriel et du Génie Climatique

2
Ingénieur au Centre de recherche et développement de la Compagnie
Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)
et Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées à Lyon
Conseiller technique à la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)

1. Théorie ........................................................................................................ BE 9 620 - 2


1.1 Schéma théorique et principe général de fonctionnement ..................... — 2
2. Technologie ............................................................................................... — 7
2.1 Compresseurs .............................................................................................. — 7
2.2 Échangeurs de chaleur................................................................................ — 8
2.3 Organes de détente ..................................................................................... — 9
2.4 Composants frigorifiques annexes ............................................................ — 10
2.5 Exemples de schémas frigorifiques ........................................................... — 11
3. Sources de chaleur .................................................................................. — 13
3.1 Source froide sur l’air.................................................................................. — 13
3.2 Source froide sur le sol ............................................................................... — 14
3.3 Source froide sur l’eau ................................................................................ — 16
3.4 Couplage avec capteurs solaires................................................................ — 17
3.5 PAC sur boucle d’eau .................................................................................. — 20
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BE 9 622

l’heure où nous parlons économie d’énergie et réduction des émissions


À de gaz à effet de serre, la pompe à chaleur (PAC) apparaît comme une
technologie à même d’apporter une contribution significative pour répondre
aux grands défis de demain.
Parmi les domaines qui peuvent être concernés, le secteur du bâtiment repré-
sente en France presque la moitié de la consommation d’énergie finale et un
cinquième des émissions de gaz à effet de serre ; les énergies utilisées sont très
majoritairement fossiles (gaz et fuel). Mais les applications industrielles peuvent
également trouver un intérêt à employer de telles technologies.
Dérivées des applications frigorifiques, les PAC ont longtemps été limitées
dans leurs applications à des niveaux de température de chauffage assez bas.
Ceci rendait difficile voire impossible leur emploi pour des opérations de
remplacement des chaudières à combustible fossile. Le secteur privilégié était
donc celui des constructions neuves. De plus, les conditions économiques rela-
tives aux prix des énergies traditionnelles de même que l’immaturité du marché
n’ont pas favorisé leur essor au cours des décennies passées.
Les développements récents de nouvelles technologies, notamment poussés
par les réglementations visant les fluides frigorigènes, devraient permettre de
voir apparaître sur le marché de nouveaux produits dans les prochaines
années. Fabriqués en grande série, ils seront capables de chauffer de l’eau à
des niveaux de température adaptés à des actions de réhabilitation mais éga-
lement pour la production d’eau chaude sanitaire.
Parution : juillet 2005

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POMPES À CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________________

Nous pouvons espérer que les potentiels énergétiques et environnementaux


des PAC qui ont été sous-exploités jusqu’à ces dernières années seront
reconnus à leur juste valeur. Les PAC, qui sont à même de valoriser l’énergie
basse température et renouvelable contenue dans les éléments tels que l’air,
l’eau et le sol, devraient donc devenir un des éléments majeurs dans notre
paysage énergétique.
Leur couplage avec d’autres systèmes valorisant des énergies renouvelables
comme l’énergie solaire thermique doit également constituer un des axes de
recherche de demain afin de favoriser les synergies et les complémentarités.
Après avoir rappelé, dans cette première partie [BE 9 620], les principes théo-
riques de fonctionnement ainsi que les différentes conceptions et technologies
2 possibles pour les PAC, nous aborderons ensuite dans la seconde partie
[BE 9 621] les différentes applications envisageables avec les PAC. Un para-
graphe sera consacré au marché et aux performances des produits.
Enfin, les machines à compression avec moteur thermique, les systèmes à
absorption et ceux à évolution ouverte apparentés aux PAC seront traités.

1. Théorie Le transfert d’énergie entre la source froide (Q e ) et la source


chaude (Q c ) de la PAC s’effectue par l’intermédiaire d’un fluide
frigorigène (ou calorigène) circulant en boucle fermée.
• Le compresseur aspire des vapeurs surchauffées (point A) de
1.1 Schéma théorique et principe général fluide frigorigène et les amène grâce à un apport de travail méca-
de fonctionnement nique (W ) de la pression d’évaporation (p e ) à la pression de
condensation (p c ).
• Les gaz comprimés (point B) sont ensuite refroidis puis
1.1.1 Schéma de principe d’une pompe à chaleur
passent à l’état liquide au sein du condenseur. Le phénomène de
Le principe de fonctionnement utilisé pour les PAC à compres- condensation est réalisé par circulation sur le condenseur d’un
sion de vapeur est identique à celui rencontré sur les systèmes de fluide externe (air ou eau par exemple) qui va se réchauffer en pré-
production frigorifique. levant l’énergie véhiculée par le fluide frigorigène.
Dans le cas des PAC, l’énergie qui sera utilisée sera celle dispo- • Le fluide frigorigène liquéfié (point C) est ensuite admis à
nible du côté haute pression de l’installation, alors que dans les l’organe de détente qui va abaisser sa pression de p c à p e .
systèmes frigorifiques, nous cherchons à refroidir un milieu en lui • Le fluide à l’entrée de l’évaporateur (point D) est un mélange
prélevant de l’énergie du côté basse pression de l’installation. de liquide et de vapeur dont le titre massique (proportion massi-
Les éléments de base d’une pompe à chaleur sont : que de vapeur par unité de masse totale de fluide frigorigène) est
variable en fonction du degré de sous-refroidissement du liquide et
— un compresseur ; de la température d’évaporation.
— un condenseur ;
— un organe de détente ; • Le fluide externe sur l’évaporateur va se refroidir et céder
— un évaporateur. l’énergie qu’il contient, en évaporant le fluide frigorigène jusqu’à le
surchauffer pour qu’il soit ensuite aspiré par le compresseur
L’assemblage de ces composants se réalise comme indiqué sur (point A).
la figure 1.

1.1.2 Représentation dans un diagramme


de Mollier
Le parcours du fluide frigorigène décrit ci-dessus peut être repré-
Qc senté dans un diagramme de Mollier (figure 2). Nous retrouvons
C B
les points A, B, C et D mentionnés précédemment.
Condenseur
W Nous observons plus précisément la surchauffe des vapeurs
pc pc
avant leur entrée dans le compresseur (ligne A′A), la désurchauffe
Organe de Compresseur des vapeurs au refoulement du compresseur (ligne BB ′) et le
détente sous-refroidissement du liquide (ligne C′C). Le point B′′ correspond
pe pe au cas où la compression du fluide frigorigène est réalisée de
Évaporateur manière adiabatique réversible c’est-à-dire en suivant une courbe
D A isentropique.
Qe Afin de faciliter la compréhension, nous ne représentons pas sur
le cycle thermodynamique les pertes de pression rencontrées réel-
lement dans les installations. Il est cependant nécessaire de tenir
Figure 1 – Schéma de principe d’une PAC à compression de vapeur compte de celles-ci lors des cas concrets d’application.

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___________________________________________________________________________________________________________________ POMPES À CHALEUR


Pression (bar)

50 50
40 pc
C C' 40 B' B'' B
10
9
30
8
30
7
6
20 20
5

4
10

pe
10
2
0 0
3
D A
A'
0 20 40
– 10 – 10
2
150 190 230 270 310 350 390 430
Enthalpie (kJ/
(kJ/kg)
(kJ/k
kg)
. . . .
Qe/m W/m
. .
Qc/m
hD hA hB Figure 2 – Représentation du cycle
thermodynamique d’une PAC dans un
diagramme de Mollier du R134a

Par lecture directe des enthalpies massiques sur le diagramme avec T2


température (en K) de la source chaude à l’entrée de
de Mollier, il est aisé de déterminer les puissances mises en jeu au l’échangeur de chaleur (condenseur),
niveau de chacun des composants principaux en multipliant les T1 température (en K) de la source froide à l’entrée de
écarts enthalpiques par le débit massique de fluide frigorigène ṁ l’échangeur de chaleur (évaporateur).
circulant dans la PAC :
Le COPréel obtenu sur les machines thermodynamiques est bien
inférieur au COPthéorique du cycle de Carnot en raison des différen-
Q̇ e = ṁ ( h A – h D )
tes pertes exergétiques qui se produisent sur un cycle réel.

Ẇ = ṁ ( h B – h A )
1.1.3 Facteurs d’influence des performances
des PAC et critères de choix du fluide
Q̇ c = Q̇ e + Ẇ = ṁ ( h B – h C ) = ṁ ( h B – h D ) frigorigène
Nous pouvons ainsi calculer le coefficient de performance réel La relation définissant le COPthéorique met bien en évidence le
COPréel de la PAC qui vaut en première approximation : fait que les performances énergétiques des machines seront
d’autant plus dégradées que l’écart entre les sources froide et
Q̇ c (h B – h C) chaude sera important.
COP réel = ---------
- = ---------------------------
-
Ẇ (h B – h A) En repartant du cycle thermodynamique représenté en figure 2,
il est possible, en première approche, d’évaluer les performances
La valeur obtenue par ce calcul tient compte uniquement des des PAC pour différents fluides frigorigènes. Cela peut notamment
puissances transmises au fluide frigorigène. Or, la puissance être réalisé, dans le cadre de pré-étude de PAC, dans le but d’éva-
mécanique du travail de compression transmise au fluide peut être luer l’adéquation du fluide frigorigène avec l’application envisagée
inférieure à la puissance électrique absorbée par le compresseur en (figure 3).
raison des pertes qui peuvent survenir : pertes par échauffement du Nous considérons deux cas d’étude :
moteur électrique, pertes de chaleur par les parois du compres-
seur... Le COP obtenu est alors inférieur au COPréel en considérant 1. La température d’évaporation est fixée à 0 oC
la puissance électrique absorbée par le compresseur. Surchauffe à l’aspiration du compresseur = 5 K
Pour les PAC utilisant des compresseurs hermétiques ou Sous-refroidissement à l’entrée du détendeur = 5 K
semi-hermétiques (moteur + éléments de compression dans le flux La température de condensation varie entre 30 oC et 60 oC
de fluide frigorigène), la relation mentionnée ci-dessus s’applique
La compression est considérée isentropique
car l’énergie générée par l’échauffement du moteur est transmise
directement au fluide frigorigène qui circule autour de lui.
2. La température de condensation est fixée à 45 oC
Le COP théorique ou COP du cycle idéal de Carnot est exprimé
Surchauffe à l’aspiration du compresseur = 5 K
par la relation suivante :
Sous-refroidissement à l’entrée du détendeur = 5 K
T2 La température d’évaporation varie entre – 20 oC et 10 oC
COP théorique = ------------------------
-
( T2 – T1 ) La compression est considérée isentropique

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POMPES À CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________________

10 164

T refoulement (°C)
COP
144
9
124
8
104

7 84

64
6
44

2
5
24

4 4
30 35 40 45 50 55 60 30 35 40 45 50 55 60
T condensation (°C) T condensation (°C)
COP = f (T condensation) T refoulement compresseur = f (T condensation)

8 164
T refoulement (°C)
COP
7,5
144
7
124
6,5
6 104

5,5 84
5
64
4,5
44
4
3,5 24

3 4
– 20 – 15 – 10 –5 0 5 10 – 20 – 15 – 10 –5 0 5 10
T évaporation (°C) T évaporation (°C)
COP = f (T évaporation) T refoulement compresseur = f (T évaporation)

R22 R134a R290 R717 R410A R404A R407C

Figure 3 – Évolution du COP et de la température de refoulement pour différents fluides frigorigènes

Le COP réel est calculé en reprenant les expressions mention- nécessaire d’intégrer les performances des composants qui vont
nées précédemment. constituer la PAC, comme le compresseur ou les échangeurs. De
Nous déterminons également, pour chaque cas, la température par leurs caractéristiques, ceux-ci peuvent en effet conduire à
de refoulement isentropique en sortie de compresseur. inverser les tendances en terme de performances de machines
complètes.
Les fluides frigorigènes sélectionnés pour l’étude comparative
sont les suivants : R22, R407C, R410A, R134a, R404A, R717 (ammo- La représentation de la température de refoulement en fonction
niac), R290 (propane). Les principales caractéristiques de ces fluides des conditions à l’évaporateur et au condenseur fait apparaître les
sont données dans le tableau 1. Le cas du CO2 sera traité dans le éléments suivants :
paragraphe 1.1.4. — les fluides ont un comportement sensiblement différent en
(0)
terme de température de refoulement : l’ammoniac présente des
Les propriétés des fluides frigorigènes sont calculées grâce au températures de refoulement élevées alors que le R22 et le R410A
logiciel REFPROP version 6.01. se situent dans des valeurs intermédiaires et que le propane, le
Nota : concernant les fluides frigorigènes, le lecteur pourra se reporter à l’article
[BE 8 042] [3].
R404A et le R134a présentent des valeurs sensiblement plus faibles ;
— la température de refoulement augmente lorsque l’écart entre
Nous pouvons noter pour le cas 1 comme pour le cas 2 que le la température d’évaporation et la température de condensation
COP diminue lorsque l’écart entre la température d’évaporation et s’accroît.
la température de condensation augmente.
Ces observations conduisent souvent à limiter l’utilisation de cer-
Ce type de graphique permet d’établir une classification des tains réfrigérants sur des plages de fonctionnement réduites. La
fluides frigorigènes en termes de performances en fonction des température de refoulement est en effet un facteur limitant pour les
conditions de fonctionnement au niveau de l’évaporateur et du compresseurs dont l’huile de lubrification des pièces internes ne
condenseur. peut pas supporter des valeurs excessives sous peine de se dégra-
À ce stade de l’analyse, nous ne prenons en compte que les pro- der rapidement. Selon les types de compresseurs et les huiles uti-
priétés des fluides frigorigènes. Pour affiner ces chiffres, il est lisées, les températures de refoulement maximales admissibles

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BE 9 620 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

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BE9621

Pompes à chaleur
Applications et systèmes particuliers
par Éric AUZENET
Diplômé de l’Institut Français du Froid Industriel et du Génie Climatique

2
Ingénieur au Centre de recherche et développement de la Compagnie Industrielle
d’Applications Thermiques (CIAT)
et Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées à Lyon
Conseiller technique à la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)

1. Applications des PAC à compression de vapeur............................. BE 9 621 - 2


1.1 Évolution du marché des PAC..................................................................... — 2
1.2 Performances des PAC ................................................................................ — 3
1.3 Le réseau utilisateur .................................................................................... — 7
1.4 Application des PAC au chauffage.............................................................. — 9
1.5 Application des PAC au chauffage et rafraîchissement ............................ — 15
1.6 Application industrielle ou agricole de la PAC .......................................... — 15
2. PAC à compression avec moteur thermique .................................... — 16
3. PAC à absorption ..................................................................................... — 17
3.1 Cycle à simple effet ..................................................................................... — 18
3.2 Cycle à double effet ..................................................................................... — 19
4. Système à évolution ouverte apparenté aux PAC .......................... — 21
4.1 Recompression mécanique de vapeur (RMV)........................................... — 21
4.2 Ejectocompression (ou thermocompression) ........................................... — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 622

L es solutions techniques comportant des PAC ou des systèmes apparentés


sont d’une extrême diversité et se trouvent encore en pleine évolution.
Cependant, ces techniques ont d’ores et déjà fait leur preuve et l’expansion des
ventes de PAC ces dernières années le prouve.
Elles ouvrent de nombreuses possibilités dont nous avons voulu illustrer
l’intérêt. Elles peuvent être ajoutées à des installations existantes afin d’amé-
liorer leurs performances. Elles peuvent également remplacer le moyen de
chauffage existant. Mais c’est dans les installations neuves qu’elles peuvent
être le mieux intégrées et fournir les meilleures économies d’énergie et de coût
de consommation.
Avec la promotion de l’utilisation rationnelle de l’énergie, le développement
de l’utilisation des énergies renouvelables, la baisse des émissions de CO 2 , la
PAC a un réel avenir.
Parution : janvier 2006

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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61
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BE9621

POMPES À CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________________

1. Applications des PAC


à compression de vapeur 25 000

Nombre de PAC vendues en France


22 000

20 000

1.1 Évolution du marché des PAC 14 000


15 000

1.1.1 Situation de la France


10 000
Suite aux chocs pétroliers des années 1970, l’installation des PAC 7 500
6 000
principalement de type air-eau a connu, à l’instigation d’Électricité
5 000

2
de France, une période faste au début des années 1980 (programme 3 000
PERCHE Pompe à chaleur En Relève de Chaudière dans l’Habitat 1 700
Existant). La PAC est alors installée en complément des chaudières 0
fuel ou propane. En demi-saison, la PAC est à même de fournir toute 1997 1998 1999 2000 2001 2002
la puissance nécessaire au chauffage des locaux puis, par baisse de
la température extérieure, la chaudière traditionnelle assure le
Figure 1 – Évolution des ventes de PAC en France entre 1997 et 2002
complément et enfin la totalité du chauffage à l’arrêt de la PAC (voir
§ 1.4.2).
Quelques contre-références, un marché non mature, le manque
de formation des professionnels de l’installation et de la mainte- Par ailleurs, l’ADEME ainsi que les crédits d’impôt accordés par
nance et l’atténuation des prix de l’énergie (fuel, gaz, électricité) ont l’État ont également contribué à redynamiser ce marché.
ADEME : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie http://www.ademe.fr/
contribué à rendre moins attractif ce mode de chauffage et à faire
retomber ainsi ce marché pourtant très prometteur. Le pic des Il faut aussi noter que le marché des PAC est porté par la possi-
ventes est ainsi atteint en 1982 avec environ 50 000 unités puis il bilité offerte par certains appareils de faire de la climatisation ou du
chute ensuite assez rapidement pour atteindre quelques milliers de rafraîchissement en été. Cette fonctionnalité séduit en effet de plus
PAC à la fin des années 1980. en plus d’utilisateurs des systèmes thermodynamiques.
C’est à la fin des années 1990 que les PAC ont de nouveau été Ainsi le nombre de ventes annuelles de PAC est passé d’environ
promues dans le secteur résidentiel, notamment sous l’impulsion 1 700 unités en 1997 à 22 000 unités en 2002 (source EHPA et
d’Électricité de France au travers de son offre commerciale Vivrélec, figure 1). Le marché a été multiplié par 10 en cinq ans. Cependant,
élaborée en partenariat avec les intervenants de la filière à cette date, les PAC représentant seulement 6 % des installations
construction neuve. Par ailleurs, la prise de conscience des phéno- de chauffage pour les logements neufs (source EHPA).
mènes liés au réchauffement climatique a également contribué à Nota : EHPA : European Heat Pump Association http://www.ehpa.org/
mettre en avant le chauffage par PAC et à la faire rentrer dans la La figure 1 montre l’évolution du marché des PAC dans le
catégorie des énergies renouvelables. secteur résidentiel en France entre 1997 et 2002.
Le programme Vivrélec lancé par EDF et destiné à apporter un Selon l’AFPAC, la répartition des ventes en 2002 par typologie de
haut niveau de confort aux utilisateurs a porté à la fois sur les PAC serait la suivante : 4 000 PAC air/eau, 8 000 PAC géothermales
systèmes de chauffage, le bâti des habitations, la production d’eau et 10 000 PAC air/air.
chaude sanitaire, la gestion de l’énergie et les conseils aux AFPAC : Association française pour les pompes à chaleurs http://www.afpac.org/
consommateurs. Les incitations proposées par EDF ont consisté à
aider financièrement les installations de chauffage performantes : Le parc de PAC installées est au total de 30 000 unités environ en
aide de 300 F pour promouvoir les produits les plus efficaces, 2001 (en excluant les PAC installées lors du programme PERCHE)
subvention de 1,5 à 4 F par mètre carré pour encourager les ins- dont environ 75 % utilisent l’air comme source froide, 15 % l’eau et
tallations dont les performances sont supérieures à celles requises 10 % le sol. La France est devenue en quelques années le deuxième
par la RT 2000, encouragement des professionnels dans le but de marché en Europe pour les PAC, derrière la Suède.
promouvoir les habitations labellisées Vivrélec, prêt à taux réduit
pour les particuliers. 1.1.2 Situation en Europe
L’association de EDF avec Promotelec est née de la volonté de
garantir les bonnes performances des installations de chauffage La situation est assez disparate en Europe en ce qui concerne le
thermodynamique pour les utilisateurs finaux. Promotelec, orga- marché des PAC.
nisme de certification indépendant, est chargé par EDF de certifier Le nombre de PAC destinées au chauffage des logements et ins-
la conformité de la réalisation des solutions proposées par les tallées en Europe, classées par pays, est donné dans le tableau 1
constructeurs de matériels électriques au cahier des prescriptions (année 2000 source EHPA) :
techniques défini dans l’offre Vivrélec. (0)

Compte tenu de la difficulté à récolter des informations exhaus-


Le développement des PAC en France à la fin des années 1970, tives sur les marchés, ces chiffres constituent uniquement des
début des années 1980 avait vu la mise en place par l’AFNOR d’une indications et doivent donc être considérés avec précaution. Ils
procédure de certification des PAC appelée Certinor ensuite rem- recouvrent à la fois les applications résidentielles et tertiaires et
placée par un label NF. Cette procédure avait cependant fini par peuvent se référer à des équipements très divers (PAC pour chauf-
tomber dans l’oubli chez les fabricants et par être finalement aban- fage uniquement, PAC réversibles, PAC pour production d’eau
donnée. Il était donc nécessaire de mettre en place des nouvelles chaude sanitaire). Ces chiffres ne tiennent pas compte des produits
procédures garantissant les performances des installations. conçus initialement pour la climatisation et qui peuvent être utilisés
C’est ainsi qu’afin de pouvoir être mises en œuvre dans le cadre en appoint pour le chauffage.
d’opérations Vivrélec, les PAC doivent remplir les critères définis au Le nombre total de PAC destinées au chauffage est estimé à
cahier des charges Promotelec et notamment atteindre des perfor- 600 000 environ en 2000. Celui des PAC destinées uniquement à la
mances minimales (voir paragraphe 1.2 consacré aux performan- production d’eau chaude sanitaire est estimé à 550 000 unités avec
ces des PAC). des marchés concentrés quasi exclusivement en Allemagne
Promotelec : http://www.promotelec.com/ (370 000 unités) et en Autriche (114 000 unités).

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qu’en Europe et a bénéficié d’une expérience déjà existante de la


Tableau 1 – Parc de PAC installées en Europe en 2000 part de l’ensemble des acteurs du marché (fabricant, installateurs,
et répartition par type de source froide réparateurs...) ce qui a facilité l’introduction de cette technologie.
et part du résidentiel (source EHPA) Il a bien sûr été nécessaire d’adapter les appareils aux conditions
de fonctionnement du mode chauffage (températures de conden-
Type de PAC Part sation, d’évaporation, système de dégivrage, etc.) mais cela a été
Parc (source froide) du résidentiel relativement aisé en raison d’un ensemble de connaissances
Pays
installé Sol Eau Air important sur le sujet.
(%)
(%) (%) (%)
Suède 370 000 72 12 16 90 1.2 Performances des PAC
Suisse 67 000 40 5 55 91
Allemagne
Autriche
63 000
33 000
72
80
11
16
17
4
95
90
1.2.1 Détermination des performances des PAC
selon les normes de mesure 2
Norvège 30 000 17 2 81 83 La détermination des performances des appareils se fait selon
des normes d’essais reprises dans la liste des références norma-
France 30 000 15 10 75 95 tives [Doc. BE 9622]. Ces normes décrivent entre autres les
Pays-Bas 29 500 – – – – conditions d’essais à appliquer aux bornes des appareils à tester
(température sèche de l’air, température humide de l’air, tempéra-
Finlande 15 000 52 47 1 – ture d’eau, écart de température entre l’entrée et la sortie d’eau,
Belgique 6 500 30 0 70 30 pression statique disponible sur l’air pour les appareils gainés...),
les tolérances admissibles sur les valeurs mesurées ainsi que les
Grande-Bretagne 3 000 – – – 40 critères de stabilité des conditions d’essais pour lesquels la mesure
Espagne Pas de marché pour les PAC – marché orienté est considérée comme correcte.
essentiellement sur la climatisation Par ailleurs, les normes précisent également les conditions des
Italie Pas de marché pour les PAC – marché orienté autres essais de fonctionnement à appliquer aux appareils et qui per-
essentiellement sur la climatisation mettent ainsi de valider leur aptitude à la fonction pour l’ensemble
des conditions d’utilisation : essai avec températures d’air ou d’eau
maximales et minimales aux bornes de l’appareil, essai de
(0)
dégivrage...
Les installations d’essais pour les machines de type eau-eau sont
Tableau 2 – Part de marché des PAC dans l’habitat neuf
relativement faciles à mettre en œuvre : elles sont constituées de
en 2002 en Europe (source EHPA) deux circuits hydrauliques (un pour le condenseur et un pour l’éva-
porateur) sur lesquels nous réglons facilement les débits d’eau et
Part de marché
les températures à l’entrée des appareils.
Pays PAC Autres L’instrumentation de mesure (débitmètre, sonde de température
(%) (%) en entrée et en sortie d’échangeur, appareil de mesure de la
puissance absorbée...) permet ensuite d’accéder aux grandeurs
Suède 95 5
caractéristiques : puissance calorifique, puissance frigorifique,
Norvège 94 6 puissance absorbée, COP (coefficient de performance) et EER
(Energy Efficiency Ratio).
Suisse 40 60
En ce qui concerne les appareils dont au moins un des échan-
France 6 94 geurs de chaleur est sur l’air (extérieur ou intérieur), il est néces-
saire de recourir à des salles d’essais dans lesquelles il est possible
de recréer différentes conditions climatiques. Elles sont appelées
Le tableau 2 recence la part de marché dans l’habitat neuf. salles climatiques. Dans le cas des PAC air-eau, les conditions de
température sèche et humide sont fixées à l’entrée de l’évapo-
Les disparités observées entre les différents pays s’expliquent rateur et la puissance calorifique sur le circuit hydraulique de
principalement par le degré de maturité du marché, lui-même très l’appareil est mesurée de la même manière que pour les PAC
lié aux politiques de promotion de ces systèmes de chauffage eau-eau.
décidées aux niveaux nationaux. Les taux de croissance de marché
les plus dynamiques sont observés dans les pays où les actions de Pour les appareils de type air-air, il est nécessaire de disposer de
promotion ont été les plus fortes dans les années précédentes. deux enceintes climatiques : une pour le climat intérieur et une
pour le climat extérieur. Les conditions de température sèche et
Le marché suédois est sans conteste le plus développé humide définies dans les normes sont également réglées. La
actuellement : deux tiers des systèmes de chauffage installés en méthode de mesure des puissances thermiques peut être réalisée
Suède sont équipés de pompes à chaleur et ce ratio atteint 95 % de de deux façons différentes :
PAC dans les logements neufs. La Suisse et l’Allemagne sont les
● Méthode enthalpique sur l’air intérieur : connaissant le débit
pays immédiatement situés derrière la Suède en termes de parc de
machines installées. d’air par mesure, on détermine la puissance calorifique en le multi-
pliant par l’écart enthalpique sur l’air. Cela nécessite de mesurer la
température sèche et la température humide de l’air en entrée et en
1.1.3 Situation aux États-Unis et au Japon sortie d’appareil.
● Méthode calorimétrique : la puissance de l’appareil est déter-
Les chocs pétroliers des années 1970 ont contribué à lancer le minée par bilan. La puissance calorifique émise par la PAC est
marché des PAC aux États-Unis et au Japon. compensée par un système de production frigorifique (batterie
Grâce à la forte implantation des systèmes de climatisation (prin- froide) pour lequel il est possible de mesurer précisément la puis-
cipalement de type air-air) dans ces deux pays, la transition vers sance (mesure de débit et de température d’entrée et de sortie
des systèmes thermodynamiques de chauffage a été plus facile d’eau). Une compensation est faite également du côté de l’évapora-

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teur de l’appareil (batterie chaude ou batterie électrique et humidifi- Eurovent Certification, qui rassemble les principaux fabricants de
cateur). Une fois que les conditions d’essais stables sont atteintes, matériels de climatisation et de chauffage thermodynamique, inter-
un bilan de l’ensemble des puissances mises en jeu sur chacun des vient dans la vérification des performances des matériels.
climats est réalisé ce qui permet ainsi d’accéder à la puissance de Le certification Eurovent des matériels ne revêt pas de caractère
l’appareil. obligatoire pour les fabricants ; elle est donc libre et basée sur la
Afin de s’affranchir des déperditions par les parois de la salle volonté des professionnels du secteur de garantir à leurs clients
d’essais, on a recours à une salle calorimétrique à ambiance des performances valides.
compensée : une deuxième enceinte entoure alors la première et la
Chaque année, des PAC sont donc testées par des laboratoires
température sèche dans cette enceinte est maintenue à la même
indépendants (CETIAT, CEIS, TUV...) : ceux-ci sont chargés de vérifier
valeur que dans la salle d’essai.
expérimentalement, en appliquant les normes d’essais en vigueur,
Un autre moyen est d’étalonner les déperditions des cloisons de que les données fournies par les constructeurs (puissance calori-
la salle d’essais en fonction de l’écart de température entre l’inté- fique, puissance frigorifique, puissance absorbée, COP, EER, niveau

2
rieur et l’extérieur de celle-ci et d’appliquer ensuite les corrections sonore) sont correctes et comprises dans la fourchette de tolérance
une fois les mesures réalisées. admise.
Lorsque les PAC disposent d’un évaporateur sur l’air et lorsque Les campagnes de certification Eurovent et Promotelec sont géné-
le givrage puis le dégivrage de la batterie se produisent au cours ralement couplées.
de l’essai de détermination des performances, il est alors demandé
par les normes d’essais de prendre en compte l’énergie consommée Eurovent Certification a également décidé de mettre en place une
par le dégivrage ; durant celui-ci (généralement réalisé par inversion grille de classification des PAC et systèmes de climatisation en
de cycle). L’échangeur de chaleur situé du côté du réseau de l’uti- fonction de leur efficacité (COP ou EER). Afin que le choix des clients
lisateur est alors l’évaporateur et vient donc prélever de la chaleur et des consommateurs se fasse aussi sur la base de critères éner-
au milieu à chauffer. Les normes précisent que l’énergie thermique gétiques, les machines seront étiquetées avec une lettre (A, B, C, D,
totale (calorifique et frigorifique) ainsi que l’énergie électrique E...) tel que cela est fait pour les réfrigérateurs.
absorbée totale doivent être comptabilisées sur des cycles entiers Par ailleurs, la directive 2002/31/CE mise en place au niveau euro-
comprenant le givrage puis le dégivrage de l’appareil. Le COP avec péen depuis le 1er janvier 2003 décrit les informations qui doivent
dégivrage de la PAC est ensuite obtenu en divisant l’énergie ther- être indiquées par les constructeurs sur les étiquettes des climati-
mique totale par l’énergie électrique absorbée totale. seurs et PAC air-air ou eau-air réversibles à usage domestique (puis-
sance inférieure à 12 kW). Cette directive ne s’applique pas aux PAC
non réversibles assurant uniquement la fonction chauffage ni aux
1.2.2 Conditions de détermination des performances PAC air-eau, eau-eau ou échangeant avec le sol.
des PAC : certification des PAC
et seuils de performances Parmi les informations mentionnées nous trouvons notamment
la classe énergétique (lettre comprise entre A et G) en mode refroi-
Comme nous l’avons vu en [BE 9 620] § 1.1.3, les performances dissement et en mode chauffage lorsque le produit est réversible.
des PAC sont principalement dépendantes des températures des
sources aux bornes des échangeurs de chaleur. Lorsque l’écart
entre les températures des sources augmente, les performances 1.2.3 Exigence de la RT 2000 vis-à-vis des PAC
des PAC diminuent. De plus, du fait de la présence des échangeurs
de chaleur qui introduisent des écarts de températures supplémen- La RT 2000 (nouvelle Réglementation Thermique 2000) a dans
taires entre les sources et le fluide frigorigène, les températures ses exigences, le calcul de consommation d’énergie :
d’évaporation et de condensation s’éloignent l’une de l’autre au
détriment du COP. Cela a également un effet au niveau des C  C ref
compresseurs dont les rendements se dégradent généralement
lorsque le taux de compression augmente. Les fluides frigorigènes avec C consommation d’énergie primaire calculée avec les
possèdent également des propriétés thermodynamiques plus ou éléments réellement installés,
moins favorables selon les régimes de températures souhaités aux Cref consommation d’énergie primaire calculée avec des
bornes des PAC. équipements de référence.
L’optimisation des performances des PAC passe donc par un La PAC entre dans le calcul de consommation en tant que géné-
choix judicieux du fluide frigorigène et par un dimensionnement rateur de chauffage. Le générateur de référence est une chaudière
des échangeurs de chaleur et une sélection de compresseurs standard associée à des radiateurs à haute température (tempé-
permettant d’atteindre des températures d’évaporation les plus rature moyenne de 70 oC). Les caractéristiques de cette chaudière
élevées possible et des températures de condensation les plus sont données dans le tableau 4.Le fuel ou le gaz sont considérés
basses possible. comme une énergie primaire. L’électricité est transformée en éner-
Afin de comparer équitablement différents équipements, les gie primaire avec un coefficient de 2,58 en France.
performances des machines (puissance calorifique, puissance Pour être plus performante que la chaudière de référence, la PAC
absorbée, COP, perte de pression statique sur l’eau, etc.) sont géné- devra avoir un coefficient de performance (COP) moyen sur l’année
ralement données pour des conditions normalisées. Les conditions de chauffage supérieur à 2,58 pondéré par :
d’essais définies dans le cadre de l’obtention du label Promotelec
sont reprises en partie dans le tableau 3. Pour une information plus — le rendement de la chaudière de référence ;
exhaustive, le lecteur se reportera au document référencé [10]. (0) — la prise en compte dans le COP des auxiliaires spécifiques à
une PAC (par exemple, les ventilateurs de l’évaporateur pour une
Les appareils labellisés Promotelec peuvent être utilisés dans le
PAC air-eau ou la pompe d’eau froide pour une PAC eau-eau) ;
cas des opérations Vivrélec de EDF. Le processus de labellisation
Promotelec définit des conditions d’essais à la fois pour le mode — la prise en compte des réseaux à basse température diminuant
chaud mais également pour le mode froid car la majorité des pro- les pertes de distribution, améliorant ainsi la consommation et dimi-
duits proposés sur le marché est réversible. L’obtention du label Pro- nuant fictivement le COP nécessaire.
motelec nécessite d’atteindre des seuils minimaux de performances Pour une PAC à eau comme source froide, le calcul suppose une
(COP et EER). Les conditions d’essais et les performances minimales puissance calorifique et un COP constants toute l’année. Ces valeurs
exigées sont évidemment différentes en fonction du type de géné- sont déterminées à la température d’eau de la nappe ou à – 5 oC
rateur et des conditions appliquées aux sources. dans le cas des capteurs enterrés.

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Tableau 3 – Conditions d’essais et exigences de performances minimales des générateurs thermodynamiques


pour l’obtention du label Promotelec
PAC air-air réversible

Entrée unité extérieure Entrée unité intérieure

Température Température COP minimum


Température sèche Température sèche Vivrélec
humide humide
(˚C) (˚C) (˚C) (˚C)
7 6 20 15 max 2,7
Mode chaud

Mode froid
–7
35
–8
24
20
27
15 max
19
1,6 (1)
2,2 2
PAC air-eau réversible

Entrée air Eau

Température Température Température COP minimum


Température sèche Vivrélec
humide entrée sortie
(˚C) (˚C) (˚C) (˚C)
7 6 30 35 3,3
Mode chaud
Application PCR –7 –8 (3) 35 2 (1)
Mode froid 35 (2) 23 18 2,2
7 6 40 45 2,5
Mode chaud
Application VCV –7 –8 (3) 45 1,5 (1)
Mode froid 35 (2) 12 7 2,2
PAC eau-eau réversible

Évaporateur Condenseur
COP minimum
Température Température Température Température
Vivrélec
entrée sortie entrée sortie
(˚C) (˚C) (˚C) (˚C)
Mode chaud 10 (4) 30 35 4
Application PCR
Mode froid 23 18 30 35 3,8
Mode chaud 10 (4) 40 45 3
Application VCV
Mode froid 12 7 30 35 3,2
Application PCR Mode chaud –2 –5 30 35 3
Mode froid 23 18 30 35 3,5
Application VCV Mode chaud –2 –5 40 45 2,3
Mode froid 12 7 30 35 3
PCR : plancher chauffant rafraîchissant.
VCV : ventiloconvecteur.
(1) Le COP tient compte des dégivrages.
(2) Non contrôlée.
(3) Température fonction du débit pris identique à celui de l’essai à + 7 oC.
(4) Température fonction du débit pris identique à celui de l’essai en mode froid.

Pour une PAC à air extérieur comme source froide, le calcul tient — le COP à – 7 oC de température extérieure en tenant compte
compte des variations de performance en fonction de la tempé- du dégivrage.
rature extérieure mais pour une température de la source chaude (0)

fixe toute l’année. Une valeur intermédiaire (COP à + 3 oC) est calculée par la for-
mule suivante :
Pour la puissance calorifique, la valeur est calculée par inter-
polation linéaire des valeurs de puissance calorifique pour des
températures extérieures de + 7 et – 7 oC.  COP + 7 – COP – 7 avec dégivrage
COP + 3 = 0,96  -------------------------------------------------------------------------
-
Le COP est calculé en fonction de trois valeurs :  14

— le COP à + 7 oC de température extérieure ; × ( 3 – 7 ) + ( COP + 7 )
— le COP à – 7 oC de température extérieure sans dégivrage, 

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Tableau 4 – Caractéristiques de la chaudière


de référence COP

COP+7
Caractéristiques Pn  400 kW Pn > 400 kW
COP+3
Rendement sur le PCI en %
en pleine charge avec la 2 lg (Pn) + 84 89,2
COP–7 sans dégivrage
température moyenne de COP–7 avec
l’eau à 70 oC dégivrage

Rendement sur le PCI en %


à 30 % de charge avec la 2 lg (Pn) + 83 88,2 –7 +3 +7
température moyenne de Température extérieure (°C)
l’eau à 50 oC

2 Perte en pourcentage de la
puissance nominale à Figure 2 – Exemple d’évolution du COP d’une PAC à air
comme source froide
charge nulle avec la tempé- – 0,55 lg (P ) + 1,75 0,32
rature moyenne dans la n
chaudière de 30 K au-dessus
de la température ambiante
le système de chauffage par chaudière individuelle au gaz est pris
lg : logarithme base 10. comme référence pour les comparaisons.
Pn : puissance nominale de la chaudière en kW.
● Du point de vue de la consommation totale d’énergie primaire
nécessaire à la production de la même quantité d’énergie calorifi-
que utile pour le chauffage, les systèmes par chaudière fuel ou gaz
se situent sensiblement au même niveau que les systèmes
(0)

Tableau 5 – Calcul du COP d’une PAC à air combinés intégrant l’énergie solaire. Le système au bois consomme
comme source froide légèrement plus d’énergie en raison du plus faible rendement de la
chaudière.
Température Valeurs de COP prises en compte
extérieure pour le calcul de l’interpolation linéaire Pour ce qui est des PAC, elles nécessitent entre 20 à 40 % de plus
d’énergie primaire que la chaudière gaz, ceci étant imputable en
Au-dessus de + 7 oC COP à + 7 oC et COP à – 7 oC sans dégivrage grande partie à la consommation d’énergie électrique pour laquelle
oC le rendement de conversion de l’énergie primaire en électricité est
Entre + 3 et + 7 COP à + 7 oC et COP à + 3 oC assez faible. Pour sa part, le système tout électrique est le plus
En dessous de + 3 oC COP à + 3 oC et COP à – 7 oC avec dégivrage pénalisant toujours pour les mêmes raisons.
● En analysant les différents systèmes de chauffage du point de
vue de la consommation d’énergie primaire non renouvelable,
c’est-à-dire en regardant quels sont ceux qui épuisent le moins les
Le tableau 5 donne les interpolations linéaires utilisées en fonc- ressources énergétiques, nous constatons que pour la même quan-
tion de la température extérieure. tité de chaleur utile fournie, les PAC consomment entre 10 et 30 %
La figure 2 montre l’évolution du COP en fonction de la tempé- de moins d’énergie primaire non renouvelable que les systèmes de
rature extérieure. chauffage au gaz et au fuel et se placent ainsi quasiment au même
niveau que les systèmes combinés exploitant l’énergie solaire.
Les évolutions de la RT 2000 prévues tous les cinq ans modi-
fieront ces courbes. Le système de chauffage électrique est le plus consommateur en
énergie primaire non renouvelable alors que le système au bois est
le plus économe.
1.2.4 Intérêts énergétique et environnemental
● En termes de mobilisation des énergies renouvelables, nous
liés à l’utilisation des PAC pouvons établir le classement suivant par ordre décroissant : le sys-
tème au bois est le plus mobilisateur, viennent ensuite les systèmes
Bien qu’elles consomment de l’énergie électrique, les PAC sont
par PAC puis ceux utilisant l’énergie solaire et enfin les chaudières
souvent considérées comme faisant partie des énergies renouve-
gaz ou fuel et les systèmes électriques qui n’exploitent pas les
lables et il est donc intéressant de voir, à ce titre, comment elles se
énergies renouvelables.
positionnent par rapport aux solutions traditionnelles de chauffage
ainsi que par rapport aux solutions intégrant d’autres énergies
renouvelables. Des travaux [11] ont été menés dans ce sens et En résumé, les PAC sont donc bien placées du point de vue de
permettent à partir de cas d’études particuliers de dégager une ten- la mise en valeur des énergies renouvelables et peuvent rivali-
dance dans le positionnement de différents modes de chauffage les ser avec les systèmes à base d’énergie solaire. Afin de ramener
uns par rapport aux autres. leur consommation d’énergie primaire totale à des niveaux
Dans le cadre des études réalisées, des hypothèses réalistes sont comparables à ceux des systèmes chaudière fuel ou gaz ou des
prises en compte concernant les rendements de génération de la systèmes combinés solaires, il est nécessaire d’agir dans le sens
chaleur (rendement de chaudière ou COP pour les PAC par d’une réduction de leur consommation électrique c’est-à-dire
exemple), les rendements de distribution de la chaleur, les d’une augmentation de leur COP.
consommations des auxiliaires. Par ailleurs, on tient compte pour
les PAC des émissions potentielles de fluide frigorigène en
considérant un taux de fuite moyen annuel estimé à 5 %. ● Pour ce qui est de l’impact environnemental (figure 4), deux
hypothèses de calcul ont été prises pour les émissions de CO2 par
Pour chaque système de chauffage, il est ainsi possible d’évaluer kWh :
quelle quantité d’énergie primaire renouvelable et d’énergie pri-
maire non renouvelable est mise en jeu pour produire 1 kWh de — kWh français : 77 g CO2 /kWh,
chaleur. Dans les résultats énoncés ci-après et relatifs à la figure 3, — kWh européen : 400 g CO2 /kWh.

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BE9850

Calorifugeage
Isolation thermique des équipements

Denis PETIT
2
par
Ingénieur INSA de Lyon en génie physique
Président de CALOSOFT SAS à Villeurbanne (France)

1. Calorifugeage ........................................................................................ BE 9 850v2 - 2


2. Phénomènes physiques ...................................................................... — 3
3. Matériaux isolants................................................................................ — 6
4. Mise en œuvre ....................................................................................... — 8
5. Contrôles ................................................................................................ — 10
6. Aspects économiques et écologiques............................................ — 11
7. Calculs ..................................................................................................... — 13
8. Conclusion.............................................................................................. — 14
9. Glossaire ................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus Doc. BE 9 850v2

ans le cadre de la problématique énergie-climat, avec le réchauffement


D climatique et la diminution des sources d’énergies fossiles, des actions
importantes en économies d’énergies et en limitation des rejets de gaz à effet
de serre doivent être effectuées dans tous les secteurs. Des études internatio-
nales montrent que l’isolation des installations industrielles et des
équipements du bâtiment permet de faire d’importantes économies d’énergie,
et donc de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce secteur est
dénommé en France, calorifugeage. Les équipements isolés sont des tuyaute-
ries, des réservoirs, des citernes, des installations de chauffage ou de
froid, etc. Bien que les principes physiques soient identiques, il y a de grandes
différences avec l’isolation thermique des parois de bâtiments.
Le calorifugeage est l’isolation thermique des installations, où circulent ou
qui contiennent des fluides froids ou chauds. Il est appliqué dans de nombreux
sites industriels et tertiaires. On en trouve aussi dans les bâtiments sur les
équipements thermiques.
Il est essentiel de comprendre ce qu’est le calorifugeage, ses buts, ses
concepts de base et comment aborder une étude d’isolation thermique d’équi-
pements à l’aide d’exemples pratiques.
Les formules de calcul ne sont abordées que brièvement car il existe mainte-
nant des logiciels (CaloXPert) et des normes (NF EN ISO 12241, VDI 2055-
1, ASTM C680) qui les décrivent (cf. [Doc. BE 9 850]). Les isolants actuels sont
des produits complexes, où se mêlent des phénomènes de conduction, de
convection et de rayonnement et de ce fait, nous ne détaillerons pas la phy-
sique spécifique de ces produits.
Parution : mars 2022

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés BE 9 850v2 – 1

67
Référence Internet
BE9850

CALORIFUGEAGE ___________________________________________________________________________________________________________________

Sigle Développé Symbole Unité Définition


CEE certificat d’économie d’énergie épaisseur de la lame d’air
Sd m
équivalente
CG verre cellulaire ; cellular glass
T K température thermodynamique
silicate de calcium-magnésium (calcium-
CMS
magnesium-silicate) ε – émissivité
CS silicate de calcium (calcium silicate) θ °C température Celsius
CSI corrosion sous isolation conductivité thermique de
λ W · m–1 · K–1
l’isolant
EP perlite expansée (expanded perlite)

2
φ W flux thermique
mousse de polystyrène expansé
EPS
(expanded polystyrene foam) coefficient de résistance à la
µ –
vapeur d’eau
EV vermiculite exfolié (exfoliated vermiculite)
π kg · Pa–1 · m–1 · s–1 perméabilité à la vapeur d’eau
mousse souple élastomère
FEF
(flexible elastomeric foam)
GES gaz à effet de serre
GW laine de verre (glass wool)
1. Calorifugeage
MW laine minérale (mineral wool) 1.1 Présentation
PF mousse phénolique (phenolic foam)
PIR mousse de polyisocyanurate Le calorifugeage, ou isolation thermique des installations
industrielles et des équipements du bâtiment, est l’isolation
PUR mousse de polyuréthane thermique (quelquefois acoustique) des équipements stockant
ou transportant des fluides thermiques chauds ou froids.
RW laine de roche (rock wool)
Comme fluides, on trouve souvent :
mousse de polystyrène extrudé – des gaz, comme l’air chaud ou froid ;
XPS
(extruded polystyrene foam) – de la vapeur d’eau saturée ou surchauffé ;
– des liquides, comme l’eau chaude ou l’eau froide ;
– des gaz liquéfiés ;
– des produits visqueux (bitume...) ;
– d’autres produits chimiques.
Symbole Unité Définition
Les équipements isolés sont des tuyauteries, des gaines,
1,85 × 10–10 perméabilité à la vapeur d’eau des réservoirs, des citernes fixes ou mobiles, des chaudières,
C des centrales de froid, des réacteurs chimiques, et bien d’autres
kg · Pa–1 · m–1 · s–1 de l’air
appareils ou installations.
d m épaisseur de l’isolant
diamètre extérieur de On trouve les calorifuges dans quasiment toutes les installations
De m industrielles et tertiaires, principalement dans les industries
l’isolation
chimiques, la production d’énergie, de chauffage urbain, de
Di m diamètre intérieur de l’isolation ciment, de papier, etc., mais aussi les équipements thermiques
pour les hôpitaux, les aéroports, les entrepôts. On en trouve aussi
coefficient d’échange
hse W · m–2 · K–1 dans l’habitat avec les circuits d’eau chaude sanitaire et de chauf-
superficiel fage et les circuits de climatisation.
périmètre extérieur de Le calorifugeage couvre le domaine des températures de service
Pe m
l’isolation compris entre – 260 et + 1 300 °C.
périmètre intérieur de Un système calorifugé est constitué généralement :
Pi m
l’isolation – d’une protection de l’équipement contre la corrosion ;
– d’un collage des isolants non fibreux ;
q W · m–2 déperdition surfacique
– d’un ou plusieurs isolants ;
W· m–1 déperdition linéique – d’un pare-vapeur principalement en service froid ;
– d’un revêtement protecteur de l’isolation, contre les agressions
résistance thermique extérieures (pluie, soleil).
R m2 · K · W–1
surfacique
résistance à la diffusion de
Rd Pa · m2 · s · kg–1
vapeur d’eau 1.2 Buts du calorifugeage
m · K · W–1 résistance thermique linéique ■ Conserver l’énergie thermique
Dans le contexte actuel de l’augmentation des coûts énergé-
rayon de courbure du tore tiques, il faut limiter les déperditions thermiques par une isolation
Rt m
(coude) performante.

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Tableau 1 – Émissions en équivalent carbone


de quelques sources d’énergies
Source d’énergie g eqC/kWh
Température de surface (°C)

70
Fioul lourd 88
Brûlure
Gaz naturel 64
Charbon 105
Seuil de Électricité EDF 15,6
60 brûlure
1 g équivalent carbone (g eqC) = 3,67 g équivalent gaz
carbonique (g eqCO2).

50
Absence de brûlure
On utilise alors un calorifugeage composite, qui diminue la
2
2 4 6 8 10 transmission vibratoire et le bruit par une dynamique analogue
Durée de contact (s) aux systèmes masse-ressort. Ces effets s’ajoutent à l’aptitude
constitutive de beaucoup d’isolants thermiques d’être également
de bons isolants acoustiques, en particulier les isolants fibreux.
Figure 1 – Températures auxquelles des brûlures interviennent
lorsque la peau d’une personne entre en contact avec une surface ■ Protéger contre l’incendie
métallique chaude (NF EN ISO 13732-1)
Les calorifuges sont généralement incombustibles ou peu com-
bustibles, correspondant aux euroclasses A1, A2, B ou C (ancien-
■ Contrôler les températures de service nement M0, M1 ou M2 dans la normalisation française).
Néanmoins, il est possible d’ajouter des couches d’ignifuges.
L’utilisation des fluides thermiques peut exiger des températures
minimales ou maximales pour fonctionner (réaction chimique, ■ Respecter la réglementation
non-changement de phase). Le calorifugeage doit empêcher le
En France, la réglementation thermique de 2005 (RT 2005)
dépassement de la température limite.
imposait des épaisseurs minimales en fonction du diamètre des
■ Protéger contre le gel, le givre ou la condensation canalisations pour les différents usages des équipements du bâti-
ment, tels que l’eau chaude sanitaire (ECS), l’eau de chauffage et
Les équipements sont soumis aux contraintes climatiques hiver- les systèmes de refroidissement. Ces valeurs sont calculées à par-
nales. Il faut empêcher que les canalisations d’eau gèlent lorsque tir des classes d’isolations définies dans la norme NF EN 12828.
la température ambiante devient négative. Pour les tuyauteries de
faible diamètre, le calorifugeage peut n’être pas suffisant, alors il Elle reste applicable pour les bâtiments existants lors de travaux
faut apporter de la chaleur par un traçage vapeur, un traçage élec- sur ces canalisations hors du volume chauffé. Elle exige une
trique, ou par des matelas chauffants. classe 3.
Depuis la RT 2012, y compris la réglementation environnemen-
L’humidité est l’ennemi de l’isolation, il est donc nécessaire
tale de 2020 (RE 2020), il n’y a plus d’exigences particulières sur
d’éviter la condensation de la vapeur d’eau à l’intérieur des iso-
le calorifugeage des bâtiments neufs. L’ouvrage réalisé doit satis-
lants. En conséquence, la température à la surface extérieure de
faire à des exigences globales.
l’isolation doit être supérieure à la température de rosée.
La profession a émis néanmoins des recommandations et préco-
■ Protéger les personnes nisé des exigences pour chaque usage (§ 6.3).
Il est nécessaire que le personnel et les usagers ne puissent pas Les maîtres d’ouvrage peuvent bénéficier du dispositif des certi-
être brûlés lors d’un contact involontaire avec des surfaces ficats d’économies d’énergie (CEE) créé par la loi POPE de juillet
chaudes, notamment métalliques. Selon les règles profession- 2005 (§ 6.4).
nelles, les équipements présentant un risque, situés à moins de Il n’y a aucune réglementation déterminant des exigences ther-
2 m de hauteur et à portée de main (50 cm), doivent être parfaite- miques pour le calorifugeage des installations industrielles.
ment isolés. Le risque de brûlure est fonction de la température de
surface, du matériau et de la durée de contact entre la peau et la
surface. La durée de contact dépend des réflexes de la personne, À retenir
rapide (0,5 à 1 s) chez un adulte, plus lent chez un jeune enfant ou
une personne âgée (figure 1). – Le calorifugeage est l’isolation thermique des équipements
du bâtiment et des installations industrielles.
■ Limiter les rejets des gaz à effet de serre
– Cette isolation a pour buts de limiter les pertes énergé-
L’humanité veut réduire les émissions de gaz à effet de serre tiques et émissions de gaz à effet de serre, et de protéger les
(GES) qui contribuent au réchauffement climatique. Ces GES sont personnes et les équipements des contraintes thermiques et
produits principalement par la combustion des énergies fossiles des agressions environnementales.
(tableau 1). Les émissions de GES sont proportionnelles aux
déperditions thermiques et fonction des sources d’énergies utili-
sées pour la mise en température du fluide. Limiter ces déperdi-
tions par une meilleure isolation permet de protéger la planète. 2. Phénomènes physiques
■ Limiter les bruits
Le calorifugeage peut avoir un effet bénéfique sur la limitation 2.1 Modes de transfert
du bruit.
Les modes de transfert de l’énergie thermique intervenant dans
Exemple : le transport de granulés dans des canalisations fait le processus de l’isolation sont [6] [8] [10] :
énormément de bruit. – la conduction thermique dans la paroi solide ;

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CALORIFUGEAGE ___________________________________________________________________________________________________________________

– la convection, due éventuellement au fluide intérieur circulant, – la déperdition thermique, correspondant au flux de chaleur
et plus certainement à l’air ambiant ; transmis par conduction, convection et rayonnement.
– le rayonnement thermique.
La conduction thermique met en œuvre les molécules du 2.2.1 Températures
corps conducteur qui se transmettent leur énergie thermique par
propagation du plus chaud vers le plus froid. Dans un isolant, ce ■ Température ambiante
phénomène est réduit.
Pour les calculs d’isolation, il faut prendre le cas le plus défavo-
La convection est le transfert de la chaleur à la surface d’un rable. En général, pour une isolation chaude, c’est la température
corps solide vers un corps fluide, liquide ou gazeux. En calorifu- moyenne du mois le plus froid qui est utilisée.
geage, elle intervient généralement entre la protection extérieure
du calorifuge et l’air ambiant. Entre le fluide circulant dans l’équi- ■ Température du fluide
pement et la paroi de cet équipement, elle est le plus souvent

2 considérée comme négligeable. Si cette valeur est fournie par l’exploitant, elle ne peut rester
constante. Comme aucune isolation ne peut éliminer totalement
Le rayonnement thermique est le transfert de chaleur par les déperditions, elle tend à se rapprocher de la tempérante
rayonnement électromagnétique (essentiellement dans le domaine ambiante.
infrarouge) d’une paroi solide ou liquide vers son environnement,
qui peut être un gaz ou le vide. ■ Température de surface externe
C’est un des soucis majeurs de l’isolation. L’exploitant souhaite
contrôler la performance de l’isolation par la mesure de celle-ci,
2.2 Grandeurs thermiques mais la non-maîtrise des phénomènes superficiels l’interdit.
Nonobstant ces phénomènes, cette température varie aux environs
Dans le calorifugeage, les principales grandeurs thermiques à des ponts thermiques (supports, accessoires, etc.). Si un des buts
considérer sont : de l’isolation est la protection des personnes, il ne faut qu’en
– les températures ambiantes, du fluide, de surface extérieure et aucun point, cette température ne dépasse 67 °C pour du person-
entre couches d’isolants ; nel et 60 °C pour des usagers (cela pour une surface métallique).
– la conductivité thermique, liée au transfert conductif, caracté- Les calculs doivent donc utiliser une température plus basse que
ristique d’un isolant ; ces valeurs limites.
– l’émissivité, lié au rayonnement, caractéristique du revêtement
de l’isolation ; 2.2.2 Conductivité thermique
– le coefficient d’échange superficiel, lié aux phénomènes de
surface tel que la convection et le rayonnement ; La conductivité thermique, qui correspond à la capacité intrin-
– la résistance thermique, liée à l’épaisseur d’un isolant, et à sèque d’un matériau à conduire la chaleur à travers celui-ci n’est
l’échange superficiel ; pas constante et varie en fonction de la température (figure 2) [19].

0,24

0,20
Conductivité thermique [W/(m · K)]

0,16

0,12

0,08

0,04

0,00
– 100 – 50 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650
Température (°C)

MW CG FEF PIR PF XPS

Figure 2 – Conductivités thermiques de quelques isolants [19]

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ambiante et de surface, la forme et l’orientation de la surface... Sa


Tableau 2 – Quelques valeurs d’émissivité détermination est difficile et dépend du modèle choisi.
Surface ε Échange dû au rayonnement. Ce coefficient dépend des tem-
pératures ambiante et de surface, et de l’émissivité de la surface.
Aluminium laminé brillant 0,05
Échange superficiel externe. Ce coefficient vaut environ
Aluminium oxydé 0,13 8 W · m–2 · K–1 à l’intérieur des bâtiments mais peut monter au-
delà de 30 W · m–2 · K–1 avec un fort vent sur les petites sections.
Tôle galvanisée propre 0,26
Échange superficiel interne. On devrait tenir compte du coef-
Tôle galvanisée poussiéreuse 0,44 ficient d’échange superficiel interne dû au fluide circulant, mais il
est en général très élevé, sauf pour l’air ou des fumées circulant
Acier austénitique 0,15 dans des grosses sections.

2
Surface non métallique 0,94
2.2.5 Résistance thermique
La résistance thermique d’un isolant est fonction de l’épaisseur
À température ambiante, les conductivités des isolants sont
du matériau et fonction inverse de la conductivité thermique.
comprises entre 0,02 et 0,07 W · m–1 · K–1 et augmentent en fonc-
Concernant les isolants de forme cylindrique autour des tuyaute-
tion de la température.
ries, on utilise la résistance thermique linéique.
La valeur de la conductivité en fonction de la température peut Le calcul des résistances est fonction de la géométrie de l’équi-
être approximée par une fonction polynomiale de degré trois pour pement (tableau 3).
la plupart des isolants, et de degré cinq pour les polyuréthannes et
les polyisocyanurates. Cette grandeur est très utilisée dans les calculs d’isolation car le
régime thermique est permanent. Par analogie avec la loi d’Ohm
On distingue la conductivité déclarée, mesurée en laboratoire en électricité, la déperdition thermique correspondant à l’intensité
(normes ISO 8302 ou NF EN 12667) et la conductivité utile électrique et la différence de température à la différence de poten-
(NF EN ISO 23993), fonction des conditions opératoires du système tiel, il est aisé d’associer plusieurs résistances thermiques en série
d’isolation, telles que l’humidité, le vieillissement, les ponts ther- ou en parallèle, comme pour des résistances électriques.
miques, etc.
Ainsi pour une isolation multicouche ou/et composite, la résis-
tance totale est la somme des résistances de chaque couche et des
2.2.3 Émissivité résistances superficielles externe et interne. La résistance superfi-
cielle est fonction inverse du coefficient d’échange superficiel.
L’émissivité est le rapport entre le flux thermique rayonné par Comme le coefficient d’échange superficiel interne est très grand,
une surface et celui du corps noir. Sa valeur est comprise entre 0 la résistance superficielle interne est en général négligeable.
et 1 (corps noir) (tableau 2). Une bonne isolation a une résistance supérieure à 2 m2 · K · W–1.

2.2.4 Échange superficiel 2.2.6 Déperdition thermique


Le coefficient d’échange superficiel est la somme du coefficient En calorifugeage, le terme déperdition est préféré à densité de
d’échange dû à la convection et du coefficient d’échange dû au flux thermique qui est le terme normalisé. On distingue :
rayonnement.
– la déperdition linéique, en watt par mètre, correspondant au
Échange dû à la convection. Ce coefficient dépend de nom- flux thermique traversant la surface isolée d’un mètre de tuyaute-
breux facteurs comme le mouvement de l’air, les températures rie ou de gaine ;

Tableau 3 – Résistances par géométrie


Géométrie Résistance de l’isolant Résistance superficielle externe Unité

Paroi plane m2 · K · W–1

Cylindre creux m · K · W–1

Sphère creuse K · W–1

Gaine rectangulaire m · K · W–1

Coude creux 90° K · W–1

Les symboles sont définis dans le tableau placé en tête de l’article.

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Bois énergie
Propriétés et voies de valorisation

par Xavier DEGLISE


2
Pr Enseignant-chercheur
Laboratoire études recherches matériau bois (LERMAB) – (EA 4370 – USC INRA 1445)
Université de Lorraine – Vandœuvre-lès-Nancy, France
et André DONNOT
Dr Enseignant-chercheur
Laboratoire études recherches matériau bois (LERMAB) – (EA 4370 – USC INRA 1445)
Université de Lorraine – Vandœuvre-lès-Nancy, France

1. Le bois énergie en Europe et en France ......................................... BE 8 535v3 - 2


1.1 Gestion durable et cycle de vie............................................................... — 2
1.2 Énergies renouvelables en Europe......................................................... — 4
1.3 Mobilisation du bois énergie en France................................................. — 5
2. Composition et propriétés du bois.................................................. — 8
2.1 Composition chimique du bois............................................................... — 8
2.2 Pouvoir calorifique du bois (PCI, PCS) ................................................... — 10
2.3 Capacité thermique massique à pression constante ............................ — 11
2.4 Conductivité thermique ........................................................................... — 11
2.5 Masse volumique..................................................................................... — 11
3. Valorisation énergétique du bois..................................................... — 12
3.1 Voies sèches ............................................................................................. — 12
3.2 Voies humides.......................................................................................... — 17
4. Application et utilisation des produits .......................................... — 18
4.1 Pyrolyse et carbonisation ........................................................................ — 18
4.2 Combustion : chaleur, électricité, cogénération.................................... — 19
4.3 Gazéification ............................................................................................. — 22
5. Conclusion.............................................................................................. — 24
6. Glossaire ................................................................................................. — 25
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. BE 8 535v3

’utilisation du bois par l’homme pour se chauffer est des plus anciennes et
L se trouve souvent réduite à la combustion et à la fabrication de charbon de
bois. Au cours du dernier siècle, d’autres techniques d’utilisation ont vu le jour
comme la gazéification. Le développement de nouvelles applications énergé-
tiques du bois est souvent associé à des crises énergétiques, en particulier les
deux crises pétrolières, mais aujourd’hui l’intérêt se décale vers les problèmes
environnementaux en particulier l’épuisement des ressources énergétiques
fossiles et le réchauffement climatique.
À chaque problème, le bois énergie propose une solution : le charbon de
bois pour la conservation de l’énergie, la combustion pour maintenir un niveau
de confort thermique, la gazéification pour la propulsion des véhicules, etc.
Avoir une vision synthétique des possibilités qu’offre le bois en tant que
Parution : octobre 2020

source d’énergie semble important à un moment où des choix stratégiques


d’avenir sont en train de se décider.

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Les différents procédés de valorisation énergétique du bois sont en fait très


nombreux et pour la plupart opérationnels avec un minimum d’efforts et de
moyens financiers. Il est seulement dommage que les travaux réalisés dans les
années 1980 n’aient pas été poursuivis, ce qui oblige à mettre en œuvre de
technologies importées pour lutter contre l’effet de serre.
Il faut cependant être réaliste : le bois est une matière première délocalisée
qui va nécessiter des procédés de valorisation énergétique de taille raison-
nable, pour une production d’énergie de complément.

2
Symbole Unité Définition Émission par respiration
Assimilation brute Assimilation nette aérienne + souterraine :
cp kJ · kg–1 · K–1 Capacité thermique massique 17,5 à 21,3 2,4 à 4,3 15,1 à 17

d – Densité par rapport à l’eau


kgeau · kg–1 ⬇ 40 %
Hb Humidité sur bois brut
bois humide
⬇ 60 %
kgeau · kg–1
Hs Humidité sur bois sec
bois sec
kJ · kg–1 Chaleur latente massique de Stock C biomasse aérienne
Lv
vaporisation
M g · mol–1 Masse molaire
PCS kJ · kg–1 Pouvoir calorifique supérieur Stock C biomasse souterraine
PCI kJ · kg–1 Pouvoir calorifique inférieur assimilation nette = assimilation brute – respiration aérienne et souterraine
T K Température Figure 1 – Cycle du carbone en forêt tempérée (flux en tonnes de
C · ha–1 · an–1)
V Nm3 · kg–1 Volume
X – Fraction massique les forêts tropicales sèches et 2 t · ha–1 · an–1 pour les forêts
∆H0 kJ · mol–1 Enthalpie molaire standard de boréales [2].
réaction Dans le monde, on distingue deux typologies très différentes de
forêts : les forêts primaires et les forêts secondaires exploitées.
λ W · m–1 · K–1 Conductivité thermique Pour la seconde typologie, adoptée dans cet article, la notion de
ρ kg · m–3 Masse volumique durable est associée à la neutralité carbone qui sous-tend elle-
même la conservation de la surface boisée même si l’exploitation
Indices forestière tend spontanément à diminuer la biodiversité.
b brut ml Matière lignocellulosique
C carbone O oxygène
H hydrogène s sec Comme le CO2 émis lors de la combustion du bois, est égal à
H2O eau pyr pyrolyse celui absorbé pendant sa croissance, il semble évident que le
bois énergie est zéro carbone, ou neutre en carbone. Cette
hypothèse couramment admise stipule toutefois que le CO2
émis en instantané par la combustion est capté avec la même
1. Le bois énergie en Europe vitesse que le CO2 assimilé durant la vie de l’arbre. Sa combus-
tion génère toujours des gaz autres que le CO2, ces derniers
et en France pouvant alors participer à l’effet de serre (GES).

La Commission européenne [3] a engagé des travaux d’évaluation


1.1 Gestion durable et cycle de vie comparative de l’émission des GES issus de différentes sources de
bois énergie par rapport aux combustibles fossiles (tableau 1). Ils
Le bois, produit naturel, composé en majeure partie de carbone, mettent en évidence que la substitution d’énergie fossile par le bois
d’hydrogène et d’oxygène est potentiellement un combustible et est d’autant plus efficace à long terme. À court terme, il faut plutôt
donc une source d’énergie thermique. Par son origine végétale, le privilégier l’utilisation des déchets d’industries ou de bois en fin de
bois fait partie des énergies renouvelables où il arrive en tête en vie comme source de combustible ou augmenter en parallèle la sur-
France et en Europe. La majorité du bois provient de forêts dont le face forestière par de nouvelles plantations.
cycle du carbone est décrit figure 1. En zone tempérée, on admet Avec ces résultats, l’ADEME [4] a réalisé une étude de tendance
que la forêt en zone tempérée fixe en moyenne 3 t · ha–1 · an–1 de du bilan GES (gaz à effet de serre) (figure 2) à partir d’une
carbone (de 2,4 à 4,3 t · ha–1 · an–1) [1]. Pour les forêts tropicales augmentation théorique de la récolte forestière en France métro-
humides, on pourrait admettre 5 t · ha–1 · an–1, 1 t · ha–1 · an–1 pour politaine pour la production de bois d’œuvre (ou bois matériau,

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Tableau 1 – Évaluation du délai de temps de retour carbone si la récolte de bois


est destinée à un usage énergétique
Efficacité de la réduction des émissions de CO2
Court terme Moyen terme Long terme
Origine du bois (10 ans) (50 ans) (siècles)
Charbon Gaz Charbon Gaz natu- Charbon Gaz
(minéral) naturel (minéral) rel (minéral) naturel
Bois tige récolté pour l’énergie ––– ––– +/– – ++ +
Rémanents forestiers +/– +/– + + ++ ++
Déchets d’éclaircie
Grumes de récupération d’exploitation forestière
+/–
+/–
+/–
+/–
+
+
+
+
++
++
++
++
2
Nouvelles plantations sur jachères +++ +++ +++ +++ +++ +++
Remplacement de forêts par des plantations à
– – ++ + +++ +++
courte rotation
Déchets industries du bois ou bois en fin de vie +++ +++ +++ +++ +++ +++
+/– émissions de CO2 équivalents.
– ; – – ; – – – plus d’émissions de CO2 que les combustibles fossiles.
+ ; ++ ; +++ moins d’émissions de CO2 que les combustibles fossiles.

Tableau 2 – Comparaison des quantités de GES


émis par le bois et les combustibles fossiles
Réduction des émissions nettes accumulées

Masse CO2
Combustible
(t/tep) (t/tep)

Temps 0 (1)
Bois 2,3
4,25 (2)

Charbon minéral 1,4 4

Fioul 0,97 3,1


Temps de retour carbone
Gaz 0,93 2,35

tep = tonne équivalent pétrole.


(1) avec neutralité carbone postulée.
(2) sans neutralité carbone.
Manque d’assimilation nette Augmentation de GES
accumulée par la forêt atmosphériques
Assimilation accumulée par Économie de GES Notons par ailleurs que le bois émet plus de gaz à effets de serre
les produits bois atmosphériques par tep que les combustibles fossiles (tableau 2) où les valeurs
Émissions nettes fossiles évitées indiquées correspondent à la production de 1 tep ou 11,6 MWh ou
(accumulées) par le bois énergie 41,8 Gj, 1 m3 de bois correspondant à 0,9 t de CO2 . Dans le
tableau 2, on souligne que pour la même quantité d’énergie pro-
Émissions nettes fossiles évitées
(accumulées) par le bois matériau
duite par combustion, le bois libère plus de CO2 que les combus-
tibles fossiles. Cela est lié à sa composition chimique, où il y a
Bilan GES accumulé intensification moins de C, d’H et plus d’O que dans les combustibles fossiles.
des prélèvements
Nota tep pour tonne équivalent pétrole (1 tep = 41,868 GJ ≈ 42 GJ).
Figure 2 – Bilan des GES en vue de l’utilisation du développement
du bois énergie Malgré cela, le bois présente un intérêt indéniable en termes de
cycle de vie (tableau 3) [5] car d’un point de vue énergétique, seule
sa transformation fait appel à de l’énergie fossile, ce qui justifie
de construction et d’ameublement) et de bois énergie, en le aussi un bilan gaz à effet de serre très favorable puisqu’il ne
comparant à un scénario de référence « au fil de l’eau », c’est-à- consomme en énergie fossile que 6 à 12 % de la quantité d’énergie
dire à l’évolution prévue si rien ne change ni au niveau de la qu’il fournit pour 106 à 145 % pour les combustibles fossiles. En
récolte actuelle, ni au niveau de l’utilisation d’autres matériaux et termes de réchauffement climatique, la méthode employée dans la
énergies fossiles. L’avis [4] montre bien qu’il faut un temps appelé base Kbob, dédiée à l’analyse de cycle de vie, donne un pouvoir de
« temps de retour carbone » avant que la substitution ne participe réchauffement climatique par effet de serre en faveur du bois d’un
à la diminution de l’effet de serre. facteur allant de 6 à environ 15 en fonction du combustible.

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Tableau 3 – Bilan comparé du bois et des principales énergies fossiles par analyse de cycle de vie
Énergie fossile Énergie renouvelable Effet de serre
Combustibles (MJ éq-pétrole/ (MJ éq-pétrole/ (kg éq CO2/
MJ énergie produite) MJ énergie produite) MJ énergie produite)

Mazout 1,23 0,009 0,084

Gaz naturel 1,06 0,04 0,063

Propane/butane 1,15 0,08 0,076

Coke de houille 1,45 0,013 0,122

2 Bûches de bois 0,194 1,58 0,013

Bois déchiqueté 0,097 1,42 0,006

Granules (pellets) 0,21 1,32 0,011

1.2 Énergies renouvelables en Europe En fonction de la finalité et/ou de la nature de l’énergie obtenue
à partir de la source (chaleur, électricité, carburant liquide, com-
bustible gazeux), on distingue actuellement neuf types d’énergies
renouvelables, à savoir :
Par rapport aux énergies fossiles (qualifiées d’énergies de
– le solaire photovoltaïque ;
stock) comme le charbon, le pétrole, le gaz et l’uranium, les
– le solaire thermique ;
énergies renouvelables (qualifiées d’énergies de flux) sont
– l’hydraulique ;
liées en principe à des sources inépuisables comme le soleil, le
– l’éolien ;
vent, la marée, l’énergie hydraulique, la géothermie, la bio-
– la géothermie ;
masse, les déchets. Leur exploitation est accompagnée d’une
– le bois énergie ;
émission minimale de déchets et de polluants contrairement au
– les biocarburants ;
cas des énergies fossiles.
– le biogaz ;
– la valorisation énergétique des déchets.
Les énergies renouvelables peuvent être réparties en cinq En Europe, la consommation d’énergie renouvelable est de
grandes familles selon l’origine de la source, à savoir : 220 Mtep en 2019 ; elle représente 38 % de la consommation
– l’énergie solaire ; d’énergie brute, 20 % au-dessous des prévisions faites en 2015
– l’énergie éolienne ; (20 % d’énergie renouvelable). Sous l’impulsion des instances
européennes, la production d’énergie par ces voies, actuellement
– l’énergie hydraulique ; de 18 %, doit augmenter à 32 % en 2030 [6]. L’évolution de la part
– l’énergie géothermique ; des énergies renouvelables dans l’Union européenne entre 2007 et
– la biomasse, comprenant l’incinération des déchets. 2017 est donnée sur la figure 3 [7].

80
d’énergie renouvelable (% de la consommation

Énergie dans l’UE-28


70
à partir de sources
Énergie produite à partir de sources

60
d’énergie renouvelable
finale brute d’énergie)

50 18 % en 2017
40

30

20

10

0
IS
NO
SE
FI
LV
DK
AT
EE
PT
HR
LT
RO
SI
BG
IT

ES
EL
FR
DE
CZ
HU
SK
PL
IE
UK
CY
BE
MT
NL
LU
UE-28

2007 2017

Figure 3 – Évolution de la part des énergies renouvelables dans l’Union européenne entre 2007 et 2017 [7]

BE 8 535v3 – 4 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

76
Référence Internet
BE8535

______________________________________________________________________________________________________________________ BOIS ÉNERGIE

L’Europe a défini sa nouvelle politique autour du réchauffement 1.2.2 Bois dans le bilan énergétique français
climatique, l’énergie en devenant un pilier majeur mais ce faisant,
il n’existe plus d’objectifs fixés par famille d’énergie [8]. Les énergies renouvelables représentaient en France 27,5 Mtep en
2017. La part du bois énergie représentait 4,18 % de l’énergie totale
consommée par la France en 2019. Cette part modeste reste toute-
1.2.1 Bois énergie en Europe fois quasiment constante dans le temps et cache une autre réalité :
au sein des énergies renouvelables, le bois représente (figure 4) à
La biomasse solide, constituée essentiellement (~ 80 %) par du lui seul environ 36 % de la totalité de l’énergie produite par ces
bois rebut, représente 94,7 Mtep, soit environ 10 % de la consom- sources avec une consommation stable de 9 Mtep/an [11]. La part
mation énergétique européenne. En rapportant l’énergie de la bio- du bois dans les énergies renouvelables tend à baisser en raison du
masse solide consommée à l’énergie totale consommée, on développement des énergies photovoltaïque et éolienne mais aussi
obtient son taux d’utilisation (tableau 4) [9] [10]. de l’amélioration du rendement des chaudières (flamme verte).
L’utilisation principale du bois énergie est la production de

Tableau 4 – Pourcentage de biomasse solide


utilisée dans l’énergie consommée
chaleur (95 % de l’énergie primaire du bois) et dans une moindre
mesure de l’électricité. C’est la principale source d’énergie renou-
velable consommée pour le chauffage domestique. La presque
2
totalité de la production de chaleur domestique est constituée par
pour les pays de l’UE (hors Royaume-Uni) [104] [105] les chauffages à bûches, filière traditionnelle, ou par les chaudières
Énergie Biomasse Taux à pellets (granulés). La figure 5 montre l’évolution du nombre
Pays totale [104] solide [105] d’utilisation d’appareils de chaque type, la chaudière à pellets prenant une
(ktep) (ktep) (%) place de plus importante en raison de sa souplesse d’utilisation. Le
bois est utilisé en quantités égales comme énergie principale ou
Allemagne 316,123723 11,700 3,7 comme énergie d’appoint pour laquelle le taux d’auto approvision-
nement est nécessaire [12].
Autriche 33,996536 4,600 13,5
Belgique 63,983482 1,200 1,9
1.3 Mobilisation du bois énergie
Bulgarie 19,027244 1,500 7,9 en France
Chypre 2,902436 0,000 0,0
Le bois en tant que source d’énergie a deux provenances
Croatie 8,698082 1,500 17,2 principales : le bois déchet issu d’une ressource industrielle ou le
bois provenant directement de la ressource forestière.
Danemark 19,046678 1,800 9,5 Pour le bois déchet, la valorisation énergétique se fait souvent
Espagne 137,599007 5,400 3,9 en centre industriel du type chaufferies [43].

Estonie 6,587424 1,600 24,3


1.3.1 Bois déchets issus de la ressource
Finlande 35,168925 8,900 25,3 industrielle
France 256,548587 10,200 4,0 Il faut distinguer dans cette catégorie le bois déchet des indus-
tries de première transformation, assimilable au bois naturel, et le
Grèce 25,833262 0,800 3,1 bois déchet de rebut, assimilable à un bois en fin de vie, issus des
industries de seconde transformation.
Hongrie 26,712287 2,100 7,9
La majorité du flux de bois déchet est considéré comme non
Irlande 14,986436 0,200 1,3 dangereux sauf si ce bois est traité par des produits de préserva-
tion (créosote, CCA) ou contient des charges minérales polluantes
Italie 159,71433 7,100 4,4 (traitement ignifuge au bore, au Cr, etc.). Ces bois fortement adju-
Lettonie 4,831547 1,200 24,8 vés doivent naturellement être traités en centres spécialisés ; pour
les autres, une incinération en centre industriel collectif est en prin-
Lituanie 7,687221 2,400 31,2 cipe possible.

Luxembourg 4,508736 0,100 2,2 ■ Bois de rebut issus des industries de seconde transfor-
mation du bois
Malte 3,044983 0,000 0,0
La production de bois déchet officiellement collectée en France
Pays-Bas 88,81697 1,300 1,5 en 2014 [13] était de 6 Mt dont 1,6 Mt a été valorisé en centre
d’incinération avec récupération de chaleur et 0,09 Mt en centre
Pologne 107,036441 6,000 5,6 sans récupération de chaleur. Une autre voie de valorisation est
l’utilisation en bois de trituration, dans les usines de pâte à papier.
Portugal 24,816602 2,700 10,9
La nomenclature sépare ces bois en deux types :
Roumanie 33,514744 3,600 10,7 – les bois issus d’emballages (en particulier les palettes) ;
– les autres bois.
Slovaquie 17,045858 0,800 4,7
Ils sont constitués de bois sains contenant très peu de produits
Slovénie 7,052824 0,500 7,1 chimiques (bois d’emballage, de déconstruction...). Leur taux
d’humidité est relativement faible (20 à 35 % en masse). La valori-
Suède 52,446005 9,200 17,5
sation du gisement disponible est rendue difficile pour plusieurs
Tchéquie 43,51988 3,100 7,1 raisons :
– un gisement diffus donc une collecte difficile et coûteuse ;
Union – la présence éventuelle de corps métalliques, plastiques ou de
1 521,25025 94,300 6,2
européenne à 27 souillures.

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BE8535

BOIS ÉNERGIE _____________________________________________________________________________________________________________________

Répartition en %
TOTAL : 320 TWh
1,3 0,7 Bois-énergie
1,6 0,2
Hydraulique (hors pompages)
3,6 Éolien
3,6
Pompes à chaleur
5
Biocarburants
35,8
9,6 Déchets renouvelables

2
Biogaz

9,9 Solaire photovoltaïque

Géothermie

10,8 Résidus de l’agriculture et des IAA*


18
Solaire thermique

Énergies marines
* IAA : industries agroalimentaires.

Figure 4 – Production primaire d’énergies renouvelables par filière en 2019 en France (doc. SDES) [11]

Appareils à granulés Appareils à bûches Total


Évolution des appareils à granulés Évolution des appareils à bûches
384 610 378 980
400 000 376 640
unités
346 070
–1% 54 % du
–1% du marché
+ 11 %
(204 580 unités)

+3%
– 11 %
-3%

+2% 46 % du
+ 13 %
du marché
+ 28 %
(172 060 unités)

0
2016 2017 2018 2019

Figure 5 – Évolution du parc d’installation de chauffage au bois en France

Les différents flux de bois déchets ont été mesurés par tion actuelle et le gisement disponible à 200 000 t, un volume qui
l’ADEME [14] (figure 6). ne peut plus, depuis juillet 2002, être envoyé en Centre de stoc-
kage de déchets ultimes.
■ Sous-produits des industries de première transformation
du bois Les sciures ont une humidité équivalente à celle du bois scié
(50 à 70 %), ce qui rend leur utilisation difficile en chaufferie car
L’industrie de première transformation produit l’essentiel des elles ont tendance à s’agglomérer lorsqu’elles sont utilisées seules.
sous-produits industriels (45 %) sous forme d’écorces ou de Propres (récupérées par aspiration au-dessus des scies avant
sciures. d’être stockées en silo), elles sont surtout utilisées en fabrication
Avec un taux d’humidité de 40 à 60 %, la principale valorisation de panneau. Leur production est estimée à 1,7 Mt/an. Selon les sta-
des écorces est la combustion en chaudière de forte capacité tistiques établies par Agreste en 2014, les sous-produits des scie-
(> 1 MW) soit en autoconsommation sur le site de production, soit ries (sciures, écorces et plaquettes) non valorisés en trituration
en alimentation de chaufferies collectives. Le CTBA (Centre tech- représentent 5,2 Mt (de l’ordre de 1 Mtep) dont seuls 1,6 Mt (envi-
nique du bois et de l’ameublement) estime à 1 Mt la consomma- ron 0,3 Mtep) est actuellement valorisé en énergie.

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78
Référence Internet
BE8747

Production de chaleur à partir du bois


Combustible et appareillage
par Yann ROGAUME
École nationale supérieure des technologies et industries du bois (ENSTIB)

2
Laboratoire d’études et de recherches sur le matériau bois (LERMAB)
UMR 1093 INRA/ENGREF/UHP Nancy I

1. Les combustibles bois ............................................................................ BE 8 747 — 2


1.1 Origines ........................................................................................................ — 2
1.2 Caractéristiques physiques......................................................................... — 3
1.3 Composition chimique et cendres.............................................................. — 5
2. Procédés et matériels de conditionnement...................................... — 5
2.1 Tronçonnage et fendage ............................................................................. — 5
2.2 Broyage et déchiquetage ............................................................................ — 5
2.3 Compactage ................................................................................................. — 8
2.4 Conclusion.................................................................................................... — 9
3. Appareils de combustion du bois........................................................ — 9
3.1 Rappel des principes de la combustion..................................................... — 9
3.2 Appareils divisés ......................................................................................... — 9
3.3 Chaudières à bûches ................................................................................... — 10
3.4 Chaudières automatiques ........................................................................... — 11
Production de chaleur à partir du bois. Installations industrielles .... BE 8 748
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 749

a production de chaleur à partir du bois est un phénomène connu par tous,


L ne serait-ce que pour un barbecue ou dans une cheminée. Cependant, de
nombreux développements sont en cours, notamment dans le cadre de la
volonté de favoriser l’utilisation des énergies renouvelables. Des systèmes per-
formants et adaptés aux différents besoins exprimés existent aujourd’hui et sont
régulièrement optimisés.
Cet article, divisé en deux fascicules [BE 8 747] et [BE 8 748], propose une vue
globale sur le bois en tant que combustible et sur les différents systèmes de pro-
duction d’énergie, sous forme de chaleur ou d’électricité.
Parution : avril 2005

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© Techniques de l’Ingénieur BE 8 747 − 1

79
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BE8747

PRODUCTION DE CHALEUR À PARTIR DU BOIS _______________________________________________________________________________________________

feu ne transite pas par des exploitants : sur les 22 Mm3 de bois de
Tableau des notations et symboles feu issu de la récolte sylvicole, seuls 2 à 3 Mm3 sont officiellement
commercialisés !
Symbole Unité Désignation

Hb % humidité sur brut


1.1.1 Sous-produits des entreprises d’exploitation
de la forêt
Hs % humidité sur sec
La disponibilité réelle de la ressource en bois mobilisable en forêt
est liée à différents facteurs qui sont l’âge des peuplements et leurs
Mh kg masse de l’échantillon humide
caractéristiques (essences...), leur accessibilité (pentes, accès...), la
diversité des propriétaires forestiers et la dispersion des parcelles,

2
M0 kg masse de l’échantillon sec ainsi que le marché de l’offre et de la demande.
La forêt peut proposer du bois de feu, des houppiers (branches et
CF coefficient de foisonnement
cimes) inutilisés lorsque les grumes ont été exploitées (en forêt ou
en bord de route) et des branches d’élagage. Les futaies proposent
ρa kg · m−3 masse volumique apparente aussi un gisement important qui est assez mal exploité (le gisement
serait de l’ordre de 10 Mm3 si toutes les tailles étaient compta-
ρb kg · m−3 masse volumique brute bilisées).
La ressource actuellement disponible uniquement en forêt est
PCSs kJ · kg−1 pouvoir calorifique supérieur sur sec évaluée à environ 8 Mt/an, ce qui correspond à 4,8 Mtep de plaquet-
tes qui permettraient d’alimenter 24 000 chaufferies automatiques
PCIs kJ · kg−1 pouvoir calorifique inférieur sur sec d’un mégawatt. En ajoutant à ce chiffre la capitalisation due à
l’accroissement forestier, le nombre d’installations pourrait attein-
PCIh kJ · kg−1 pouvoir calorifique inférieur humide dre plus de 50 000, ce qui représente aussi 3,3 millions de maisons
d’habitations (en prenant une puissance moyenne de 15 kW par
Xv kJ · kg−1 chaleur latente de vaporisation de l’eau maison).
à 0 ˚C (environ 2 500 kJ · kg−1)

M H2 O kg · mole−1 masse molaire de l’eau 1.1.2 Sous-produits des entreprises de la filière bois

MH kg masse de l’atome d’hydrogène L’incinération à l’air libre, la mise en décharge, l’enfouissement


des déchets de l’industrie du bois représentent un potentiel de
110 000 tep soit l’équivalent de 500 chaufferies d’un mégawatt. Les
H % pourcentage massique d’hydrogène
estimations situent à 7,5 Mt la masse de déchets produits annuelle-
ment par les industries françaises du bois, dont plus de 500 000 t
sont inutilisées et susceptibles d’être valorisées (la plus grande part
est dirigée vers les entreprises de trituration ou de panneaux).
1. Les combustibles bois Les résidus de l’industrie du bois peuvent être séparés en résidus
massifs (culées, purges, dosses, chutes...) et en résidus fractionnés
(écorces, sciures, copeaux...). L’utilisation des résidus massifs en
chaufferies automatiques nécessite une préparation préalable par
1.1 Origines broyage, afin d’obtenir des plaquettes facilement exploitables. Les
résidus fractionnés peuvent, pour la plupart, être valorisés directe-
ment, mais leurs caractéristiques spéciales (granulométrie, teneur
De nombreux gisements de bois sont disponibles et peuvent con- en cendres, masse volumique...) demandent des installations
duire à des combustibles après une phase de conditionnement plus adaptées.
ou moins importante : Entre l’arbre en forêt et le bois réellement utilisé comme bois
— l’exploitation de la forêt (bûcheronnage, débardage, d’œuvre, il est couramment admis que le rendement est voisin de
élagage...) ; 25 %, les résidus étant souvent pas ou mal valorisés. La partie bran-
— la première transformation du bois (scieries, panneaux, etc.) ; chage peut être valorisée sous forme de bûches, alors que les autres
— la seconde transformation du bois (menuiseries, ameuble- pertes ne peuvent être valorisées que sous forme de combustibles
ment, construction) ; divisés pour systèmes automatiques.
— l’industrie des emballages : palettes, caisses... ;
— les entreprises de démolition et de rénovation ;
— les décharges et déchetteries. 1.1.3 Sous-produits des entreprises
Parmi ces sources, les quatre premières peuvent aisément fournir
de récupération d’emballages et des centres
des combustibles, alors que les deux dernières fournissent le plus de tri des DIB (déchets industriels banals)
souvent des déchets qui ne sont pas combustibles directement en
chaudières, sauf après autorisation spéciale des structures adminis- On peut recenser trois grandes familles de produits susceptibles
tratives. d’être valorisés à des fins énergétiques : les emballages industriels
Les combustibles bois peuvent se présenter sous forme de (caisses, emballages sur mesure...), les palettes et caisses palettes et
bûches ou de plaquettes plus ou moins grosses et sèches. La les emballages légers (cageots et cassettes pour fruits et légumes).
majeure partie du bois consommé en bois de feu se trouve sous Leur emploi comme combustible en chaufferies n’est possible
forme de bûches (environ 85 %), l’utilisation des autres types de que s’ils sont broyés et déferraillés. Le gisement national est estimé
combustibles ayant tendance à augmenter régulièrement. Il à 550 000 t/an, ce qui représente 190 000 tep et correspond aux
convient également de remarquer que la majeure partie du bois de besoins d’environ 950 chaufferies d’un mégawatt.

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BE 8 747 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

80
Référence Internet
BE8747

______________________________________________________________________________________________ PRODUCTION DE CHALEUR À PARTIR DU BOIS

1.2.1 Humidité
Pertes : L’humidité est un facteur déterminant dans l’utilisation du bois
- sciures et copeaux : 2 %
- branchages : 35 % comme combustible. Elle influe sur la conservation du bois, sur sa
masse volumique et sur son contenu énergétique.
Deux grandeurs sont usuelles pour indiquer le contenu en eau du
bois.
Pertes :
- écorces : 5 % ■ L’humidité sur brut Hb est définie comme le rapport entre la
Au total, les pertes - sciures et
représentent plus de masse d’eau et la masse totale de bois humide :
copeaux : 8 %
75 % de la masse initiale
de l ’arbre abattu.
- chutes et Hb = 100(Mh − M0)/ Mh
délignures : 12 %
■ L’humidité sur sec Hs désigne le rapport entre la masse d’eau et
la masse de bois anhydre : 2
Hs = 100(Mh − M0)/ M0

Ces deux valeurs sont liées par la relation :


Pertes : Hb = 100Hs /(100 + Hs)
- sciures et copeaux : 10 %
- chutes : 5 % Si, dans l’industrie du bois, il est usuel d’utiliser l’humidité sur sec
comme référence, pour le bois « énergie », l’humidité prise en
compte est l’humidité sur brut.
Figure 1 – Pertes de matières le long de la filière d’utilisation du bois
(Données moyennes. Source : ENSTIB)
Dans la suite de cet article, l’humidité prise en compte sera
toujours l’humidité sur brut.
1.1.4 Conclusion
Ainsi, les combustibles ont une humidité variant de 10 à 60 %
Pour être considéré comme bois de chauffage, le bois doit être à selon qu’il s’agit de bois séché ou de bois juste abattu.
l’état naturel massif, à l’état naturel sous une autre forme (bois
déchiqueté, copeaux, sciure, poussières de ponçage, écorces), ou
résidu de l’industrie du bois, dans la mesure où il n’est pas impré- 1.2.2 Granulométrie
gné d’un enduit ni recouvert d’un revêtement renfermant des
composés organohalogénés et/ou des métaux lourds. Cette grandeur n’est utilisée que pour les combustibles divisés et
ne s’applique pas au bois sous forme de bûches. Ainsi, la granulo-
Tous les autres types de bois ou de composites contenant du bois métrie offre une indication sur la taille des morceaux de bois consti-
ne peuvent pas être considérés comme des combustibles mais tuant l’assortiment de combustibles ; elle permet de sélectionner les
comme des déchets, leur combustion n’étant possible que dans des technologies optimales d’alimentation et de combustion.
installations classées de type incinérateur. La figure 1 présente
schématiquement la filière bois ainsi que les produits disponibles La granulométrie est caractérisée par trois grandeurs :
comme combustibles à chaque niveau. — les cotes moyennes des morceaux de la fraction la plus
importante ;
Les données de ce graphique sont des données moyennes issues
— le pourcentage de fines (poussières et sciures) ;
du travail avec plusieurs entreprises du secteur. Les chiffres peuvent
— le pourcentage et la longueur maximale de gros morceaux.
fluctuer autour des valeurs mentionnées, notamment en fonction de
la nature du bois considéré (résineux ou feuillus). Les chiffres ne La granulométrie type des principaux combustibles est donnée
sont ainsi qu’indicatifs, mais permettent de visualiser la part impor- dans le tableau 1.
tante du bois qui est perdu à chaque stade. Notons aussi que les
pertes de la première et de la seconde transformation sont pour la
plupart valorisées, soit en énergie, soit en pâte à papier ou en 1.2.3 Masse volumique
panneaux divers. Les branchages peuvent être valorisés en bûches
ou en plaquettes, alors que les autres pertes ne peuvent être valo- Les combustibles bois étant toujours sous forme de morceaux, il
risées qu’en combustibles divisés : plaquettes, copeaux, briquettes, convient de différencier la masse volumique réelle du bois de sa
granulés. masse volumique apparente.
■ La masse volumique réelle est la masse volumique du bois en
tant que tel et on la note ρb. Elle dépend de l’humidité mais, surtout,
1.2 Caractéristiques physiques de la nature du bois et varie de 450 kg · m−3 pour les bois tendres
(surtout les résineux) à 650 kg · m−3 pour les bois durs courants
(chêne, hêtre...). D’autres bois ont des masses volumiques très fai-
bles ou très élevées, mais ce sont des essences rares, pas ou très
Les bois de chauffage se présentent soit sous forme de bûches,
peu utilisées en bois « énergie ».
soit sous forme divisée : plaquettes, sciures, copeaux... Les princi-
pales caractéristiques physiques ne sont pas différentes pour ces ■ La masse volumique apparente ρa tient compte de la granulomé-
deux présentations, si ce n’est pour l’aspect granulométrie. trie et de l’empilage du combustible bois. Dans un mètre cube appa-
rent, les vides sont alors remplis par de l’air, abaissant alors la
valeur de la masse volumique. Pour les plaquettes, le mètre cube
Pour le bois présenté sous forme de bûches, une norme NF a apparent est nommé MAP (m3 apparent de plaquettes) et il varie
été mise en place et sera étudiée en [Doc. BE 8 749]. selon les combustibles de 100 à 400 kg · m−3. (0)

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81
2

82
Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire
(Réf. Internet 42582)

1– La réglementation thermique

2– Le chauffage
3
3– Le traitement de l'air et la climatisation Réf. Internet page

Calcul des pressions en façade pour la ventilation naturelle dans les espaces semi- C8131 85
ouverts
Qualité de l’air intérieur : repères et cadre juridique. Logements, ERP et bâtiments G1512 89
tertiaires
Qualité de l’air intérieur : repères et cadre juridique. Atmosphères de travail G1513 95

Propriétés radiatives des bâtiments pour le rafraîchissement passif C8129 101

Traitement de l'air et climatisation. Généralités BE9270 107

Traitement de l'air et climatisation. Les composants et leurs fonctions BE9271 111

Traitement de l'air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques BE9272 117

Traitement de l'air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques BE9273 123

Traitement de l'air chargé en COV par adsorption-électrodésorption IN23 129

4– L'eau chaude sanitaire

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83
3

84
Référence Internet
C8131

Calcul des pressions en façade


pour la ventilation naturelle
dans les espaces semi-ouverts
par Édouard WALTHER
Docteur ENS Cachan, Ingénieur INSA Strasbourg, Agrégé de Génie Civil
Ingénieur de recherche en physique du bâtiment – AREP Paris
Antoine HUBERT
Docteur Kingston University, Ingénieur Grenoble INP
Ingénieur Recherche & Développement – AREP Paris 3
Alexis SAUVAGEON
Docteur ENS Cachan, Ingénieur ESTP
Ingénieur de recherche en méthodes numériques appliquées – AREP Paris
et Mateusz BOGDAN
Docteur ENS Cachan
Ingénieur de recherche en simulations multi-physiques urbaines – AREP Paris

1. Modélisation de la ventilation naturelle


pour les espaces semi-ouverts ............................................................... C 8 131 - 2
1.1 Équations gouvernantes................................................................................ — 2
1.2 Pression du vent sur l’enveloppe ................................................................. — 3
1.3 Coefficient de décharge................................................................................. — 4
2. Calcul des pressions en façade par la mécanique
des fluides numériques (CFD) ................................................................. — 4
2.1 Couche limite atmosphérique....................................................................... — 5
2.2 Règles de l’art................................................................................................. — 5
2.3 Modèles de turbulence .................................................................................. — 7
3. Calcul de ventilation naturelle ............................................................... — 9
3.1 Présentation du cas d’étude.......................................................................... — 9
3.2 Méthode.......................................................................................................... — 9
3.3 Influence de la discrétisation angulaire ....................................................... — 11
3.4 Influence des conditions météorologiques.................................................. — 13
3.5 Influence de l’environnement urbain ........................................................... — 13
4. Conclusion.................................................................................................... — 13
Pour en savoir plus ............................................................................................. Doc. C 8 131

vec la réduction des consommations d’énergie des bâtiments et le recours


A croissant à la ventilation naturelle comme moyen de rafraîchissement,
une attention particulière doit être portée à l’estimation des pressions sur
l’enveloppe, qui permettent d’estimer le renouvellement d’air lié au vent au
travers des ouvrants ou par infiltration.
La difficulté représentée par le calcul de celles-ci a conduit au développe-
ment de règles empiriques largement utilisées qui permettent de les obtenir à
partir de corrélations simples.
Parution : novembre 2020

Caractériser le comportement thermique d’un bâtiment par la simulation


requiert de tenir compte du couplage entre les phénomènes thermiques et aérau-
liques. Celui-ci nécessite une connaissance des pressions en façade et sur les

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés C 8 131 – 1

85
Référence Internet
C8131

CALCUL DES PRESSIONS EN FAÇADE POUR LA VENTILATION NATURELLE DANS LES ESPACES SEMI-OUVERTS _______________________________________

ouvrants. Ainsi, pour chaque angle d’incidence du vent, on introduit la notion de


coefficient de pression (Cp ), fraction de la pression dynamique dans l’écoulement
non perturbé par le bâtiment. Le Cp permet de s’affranchir d’un calcul systéma-
tique de la pression de stagnation sur les ouvrants pour toutes les amplitudes de
vent incident et d’obtenir les différentiels de pression entre façades.
Dans les logiciels actuels de Simulation Thermique Dynamique (STD), les
coefficients de pression sont généralement donnés par des corrélations en
fonction de l’angle d’incidence et de la forme du bâtiment [19]. Ces relations
sont valides pour des bâtiments isolés, de faible hauteur et de formes régu-
lières. Il existe des tables correctives pour des environnements urbains
réguliers [19], mais celles-ci se limitent à des environnements réguliers,
alignés ou décalés, pour deux configurations :
– deux fois plus petit que le bâtiment étudié ;
– de la même hauteur que le bâtiment étudié.

3
Il existe en complément d’autres facteurs correctifs empiriques, appliqués
directement aux débits de ventilation naturelle si des effets de masques impor-
tants sont à prendre en compte, variant de 0,33 à 0,99. Des corrections
complémentaires existent pour la géométrie, lorsque le bâtiment d’intérêt a
une forme géométrique simple : bâtiment en « L », ou encore en cours ouverte
(forme de « U »).

Il est à noter que l’ensemble de ces corrélations donne des valeurs de Cp, par façade,
sans prendre en considération les variations locales de pression, ni l’emplacement précis
des ouvrants.

Si les estimations faites sur la base de mesures sont fiables dans des cas
particuliers, ces corrélations s’avèrent inadaptées à la plupart des situations
réelles. La méthodologie présentée ici s’appuie sur une démonstration de
l’intérêt d’une estimation fine, via la simulation numérique, des coefficients
de pressions pour la thermique du bâtiment.
Ainsi, une première partie traitera des aspects théoriques régissant le calcul
des débits de ventilation naturelle en simulation thermique dynamique. On
présentera ensuite les outils récents de simulation numérique appliqués à la
dynamique des fluides en vue de l’obtention de pressions en façades. Enfin, un
exemple d’application sera développé dans la dernière partie pour illustrer les
considérations évoquées dans cet article.

1. Modélisation temps de calcul et précision de l’évaluation des débits entre zones


d’un bâtiment. En effet, au moment du projet, le niveau de détail
de la ventilation naturelle disponible est souvent trop faible pour une modélisation fine des
éléments et le coût calculatoire de la mécanique des fluides
pour les espaces numériques ne permet pas de réaliser des évaluations à l’échelle
annuelle.
semi-ouverts Un modèle communément utilisé, notamment dans le logiciel
libre de STD EnergyPlus est celui de CONTAM [5], [22] et [23], il se
On expose ici les équations gouvernantes de la ventilation natu- base sur les hypothèses suivantes :
relle liée au vent en simulation thermique dynamique des bâti- – l’écoulement est unidimensionnel ;
ments. Dans cet article, nous nous limitons aux conditions limites – le régime est permanent (on néglige les effets inertiels de la
en pression, ainsi nous n’aborderons pas les modifications de « colonne d’air » déplacée) ;
l’aéraulique liées aux gradients de température. – le gradient de pression est le seul moteur de l’écoulement ;
– le champ de pression est uniforme dans chaque section de
l’écoulement ;
1.1 Équations gouvernantes – la vitesse est uniforme dans l’écoulement.
La représentation est nodale, c’est-à-dire que chaque zone pos-
En simulation thermique dynamique, la modélisation des phé- sède un noeud unique de pression, qui est calculée en fonction de
nomènes aérauliques repose sur l’approche de Bernoulli. Cette l’équilibre des pressions extérieures et/ou de celles des zones
approche simplifiée constitue un compromis raisonnable entre adjacentes (voir l’illustration sur la figure 1).

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________________________________________ CALCUL DES PRESSIONS EN FAÇADE POUR LA VENTILATION NATURELLE DANS LES ESPACES SEMI-OUVERTS

Altitude z

Pression
Profil externe 1
de couche limite
atmosphérique Pe1

Pression Pression
externe 2 externe 3

Pe2
Pe3 3
Pz1 Pz2
z
Pression zone 1 Pression zone 2

Figure 1 – Représentation nodale des noeuds de pression pour le modèle aéraulique en STD

L’enveloppe est considérée comme perméable aux infiltrations La détermination de la vitesse de vent à la hauteur z de
d’air, par les ouvrants ou les inétanchéités (fissures, joints, etc.). l’ouvrant est faite à partir d’une loi puissance qui représente la
On écrit alors l’égalité suivante entre la zone intérieure z et l’exté- couche limite atmosphérique (ceci sera détaillé au § 2.1). En
rieur e qui donne la différence de pression totale entre ces points : l’absence de simulations de mécanique des fluides, il est néces-
saire de corriger le profil météorologique mesuré en station pour
v v (1) introduire les effets dus à la topographie réelle autour du bâti-
ment. Ainsi, on modifie la vitesse en fonction des valeurs mesu-
Où pw, pz, pe sont respectivement la pression induite par le vent rées à la hauteur zm :
sur la surface, la pression dans la zone intérieure et la pression sur
la façade extérieure.
Il s’agit alors de déterminer finement pw, la condition limite en (4)
pression liée au vent. Le système ainsi posé sera résolu numéri-
quement avec un algorithme adapté aux systèmes non linéaires.
Le tableau 1 donne quelques valeurs usuelles de l’exposant α
de la loi puissance, ainsi que de l’épaisseur estimée de couche
limite δ.
1.2 Pression du vent sur l’enveloppe
Le coefficient Cp fournit ainsi un moyen de calculer la pression
S’il est plus commode de travailler avec des pressions, il n’est pas sur l’enveloppe pour toutes les amplitudes de vent dans une
envisageable de déterminer celles-ci pour toutes vitesses de vent et direction donnée.
tous les angles d’incidence d’un site. On introduit alors la notion de
coefficient de pression, ou rapport entre la pression de stagnation p
sur l’enveloppe et la pression dynamique à l’infini p∞, tel que :
Tableau 1 – Valeurs usuelles des paramètres
de loi puissance
(2)

Couche limite δ
Environnement Exposant α [-]
Où v∞ est une vitesse de référence, illustrée sur la figure 1, qui [m]
peut être définie comme la vitesse maximum de couche limite ou
la vitesse à la hauteur moyenne du bâtiment [18]. Plaine 0,14 270
À partir des équations (2) et (4) il est possible de déterminer
simplement la pression liée au vent pw de sorte que : Vallonné/boisé 0,22 370

(3) Urbain 0,33 460

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CALCUL DES PRESSIONS EN FAÇADE POUR LA VENTILATION NATURELLE DANS LES ESPACES SEMI-OUVERTS _______________________________________

1.3 Coefficient de décharge On obtient l’équation qui suit, symboliquement proche de


l’équation (5) :
Au passage à travers un orifice, la veine de fluide se contracte à
cause des effets inertiels du jet, réduisant le débit, et d’autre part
les frottements visqueux occasionnent une perte de charge (celle-ci (9)
sera introduite dans l’équation (6)).
L’introduction du coefficient de décharge Cd par [17] offre une
formulation simplifiée de la résistance aéraulique au mouvement Il est parfois utile de disposer de la valeur de la perte de charge
du fluide qui cumule les phénomènes mentionnés ci-dessus. Il d’un ouvrant pour des calculs approchés ou pour la vérification
donne la réduction de débit occasionnée au passage d’un orifice préalable d’un ordre de grandeur. Si l’on souhaite convertir le
tel qu’indiqué dans l’équation suivante, où S est la surface géo- coefficient de décharge Cd d’un ouvrant en perte de charge ζ, il
métrique de passage : faut revenir à la définition du problème et calculer la résistance
aéraulique Z équivalente.
(5) Afin de pouvoir établir une analogie électrique de type
, sous une forme qui permet le calcul de la résistance
Ainsi, en simulation thermique dynamique, l’équation la plus aéraulique équivalente, on transforme (5) en :

3
répandue pour estimer le débit en ventilation naturelle à travers
un orifice est simplement le produit de la différence de pression
diminuée du coefficient de décharge Cd. Des corrections du coeffi- (10)
cient de décharge existent en fonction de l’angle d’incidence.
En considérant que le coefficient Cd est l’équivalent d’une perte
de charge singulière, ceci nous donne un Z équivalent tel que :
Remarque

On notera que ce modèle est valide pour un écoulement per- (11)


manent isotherme. Il a été établi initialement pour des disposi-
tifs servant à la mesure du débit. Et une perte de charge singulière valant :
L’introduction du coefficient de décharge Cd présente égale-
ment l’inconvénient de regrouper en un seul terme la dissipa-
(12)
tion visqueuse par frottement, la différence d’énergie cinétique
et la différence du travail des forces de pression. Les effets de
ces phénomènes sur l’écoulement ne peuvent alors pas être Par exemple, un coefficient de décharge Cd = 0,65 correspond à
considérés par cette formulation. Les travaux de [12] ont en une perte de charge singulière de ζ = (1/0,65)2 = 2,37.
effet montré que le fait de négliger la différence d’énergie ciné-
tique engendre des erreurs. À titre de comparaison, cela équivaut à la perte de charge singulière
d’une vanne hydraulique.
Il faut souligner que cette expression simplifiée des phéno-
mènes domine la modélisation des écoulements à travers les
ouvrants, malgré l’existence de corrélations empiriques adap-
tées pour le calcul de perte de charge en aéraulique [2].
2. Calcul des pressions
Pour des ouvrants dont on connaît le facteur de perte de charge
en façade par la mécanique
singulière ζ, l’équation régissant la perte de charge linéaire et sin- des fluides numériques
gulière entre les deux côtés de l’orifice peut s’écrire comme suit
selon Bernoulli : (CFD)
(6) L’ingénierie du vent est une discipline relativement récente
visant à caractériser l’impact des phénomènes aérauliques sur les
avec Qv [m3/s] débit, activités humaines. Le vent est un phénomène météorologique
complexe, difficilement prévisible trouvant son origine dans le
ρ [kg/m3] masse volumique de l’air, rayonnement solaire. Ce dernier échauffe en effet la surface de la
v [m/s] vitesse, Terre plus à l’équateur qu’aux pôles, ce qui engendre une circula-
λ [-] facteur de perte de charge linéique, tion globale des gaz constitutifs de l’atmosphère.
L [m] longueur éventuelle de passage dans l’orifice, Le vent correspond aux instabilités locales de cette circulation d’air
causées, entres autres, par des gradients de températures locaux et
Dh [m] diamètre hydraulique de l’ouvrant, la rotation de la planète. L’énergie transportée par le vent est par
et ζ [-] facteur de perte de charge singulière. la suite dissipée par frottement grâce à la rugosité du terrain. Cette
Réarrangeons l’expression pour faire apparaître le débit Qv. Il dissipation d’énergie se traduit par l’exercice de forces de pression
vient alors : sur les éléments constitutifs du terrain, dont les bâtiments [4].
Il est donc nécessaire de porter un soin particulier à la modéli-
(7) sation des couches limites en suivant les recommandations de la
littérature [A 1 870]. Au sol, les rugosités pourront être prises
conformes aux prescriptions de l’Eurocode 1 [6].
(8) La détermination des pressions (ou coefficients de pression)
est un élément devant être pris en compte lors de la conception
des structures pour garantir leur stabilité, leur consommation

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Qualité de l’air intérieur : repères


et cadre juridique
Logements, ERP et bâtiments tertiaires

par Cécile CAUDRON

3
Ingénieure des Travaux Publics de l’État
Responsable de la thématique Qualité de l’Air Intérieur au Cerema

Avec le soutien du ministère de la Transition écologique et solidaire.

1. Une politique qui s’est construite depuis la fin des années


90 ....................................................................................................... G 1 512v2 – 3
2. Définitions et ressources .............................................................. — 3
3. État des lieux des sources, des émissions et des effets
sanitaires .......................................................................................... — 4
4. Outils réglementaires existants ................................................... — 7
4.1 Plans nationaux santé environnement et plan national QAI ............ — 7
4.2 Évolutions législatives intégrant la QAI dans l’acte de construire ... — 8
4.3 Outils pour limiter les sources de pollution...................................... — 9
4.3.1 Étiquetage sanitaire des matériaux de construction
et de décoration ....................................................................... — 9
4.3.2 Autres outils pour limiter les sources..................................... — 10
4.4 Outils pour renouveler l’air : dispositions constructives concernant
la ventilation des bâtiments d’habitation .......................................... — 14
4.5 Outils pour surveiller et évaluer la QAI ............................................. — 15
4.5.1 Valeurs guides de l’air intérieur .............................................. — 15
4.5.2 Réglementation de surveillance de la QAI dans certains ERP — 15
4.5.3 Surveillance de l’exposition au radon dans les bâtiments .... — 20
5. Conclusion sur la QAI des logements, ERP et bâtiments
tertiaires ........................................................................................... — 22
6. Sigles, notations et symboles ...................................................... — 22
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 512v2

ans les pays industrialisés et notamment en France, nous passons en


D moyenne 80 % de notre temps dans des espaces intérieurs, qu’il s’agisse
de nos logements, nos espaces de travail ou d’études, nos lieux de loisirs, ou
encore nos moyens de transport (voiture, bus, métro, train, avion, etc.). Cette
moyenne passe à 95 % pour les jeunes enfants, population particulièrement
sensible à la pollution de l’air. En effet, un nouveau-né prend en moyenne
40 inspirations à la minute contre 16 pour un adulte. Proportionnellement, un
enfant respire plus qu’un adulte et peut capter 2 fois plus de polluants, alors
même que son système nerveux et son système immunitaire sont immatures.
Parution : janvier 2021

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Or, si la qualité de l’air extérieur – ou qualité des atmosphères, ou encore


qualité de l’air ambiant – dispose d’un cadre réglementaire contraignant et
d’une surveillance cadrée avec des objectifs chiffrés de plus en plus souvent
médiatisés lorsqu’ils sont dépassés, ce n’est pas le cas de la qualité de l’air
intérieur dont le cadre réglementaire reste moins contraignant et plus morcelé,
malgré les évolutions de ces cinq dernières années.
Cependant, les effets d’une mauvaise qualité de l’air intérieur ne sont pas
anodins, et peuvent aller d’un simple inconfort à des effets pouvant agir sur la
santé. Ces derniers peuvent être légers et constituer uniquement une gêne
(odeurs, irritation de la peau et des yeux, maux de tête, somnolence), jusqu’à
développer une pathologie plus grave, allant des allergies respiratoires comme
l’asthme, au développement de cancers.
Dans nos logements, dans les établissements recevant du public ou dans les
lieux de travail, la qualité de l’air intérieur est un véritable enjeu de santé
publique, et donc une préoccupation croissante des pouvoirs publics. Depuis
les années 2000, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a réalisé
3 plusieurs campagnes, à la fois dans les lieux fréquentés par les jeunes enfants,
les logements et les bâtiments tertiaires, et a contribué par cela à une meilleure
connaissance des substances, agents et situations affectant la qualité de l’air
intérieur dans le parc immobilier existant et des niveaux d’exposition des popu-
lations. Ces travaux, couplés à ceux, entre autres, de l’Agence nationale de
sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES),
ont conduit progressivement à la définition réglementaire de valeurs guides
pour certaines substances.
La qualité des atmosphères de travail est également une préoccupation
majeure, étroitement liée à la prévention des risques auxquels sont exposés
les travailleurs. Les établissements assujettis au code du travail doivent respec-
ter des règles en matière d’aération et de ventilation, décrites dans un prochain
article [G 1 513]. La réglementation générale concerne les locaux fermés où le
personnel est appelé à séjourner, ainsi que tous les lieux où le personnel doit
intervenir et où existe un risque lié à la qualité de l’air. Elle a pour objectif de
« maintenir un état de pureté de l’atmosphère propre à préserver la santé des
travailleurs » (article R 4222-1 du code du travail).
Il est également important de noter trois points essentiels de contexte. Tout
d’abord, les notions de qualité de l’air intérieur et qualité de l’air extérieur sont
étroitement liées du fait des transports et des transferts d’air. De plus, la pollu-
tion de l’air intérieur est spécifique, et les concentrations y sont souvent supé-
rieures à celles dans l’air extérieur, les polluants étant plus dilués à l’extérieur
(volume d’air beaucoup plus important). Enfin, si le citoyen a une action limitée
sur l’amélioration de la qualité de l’air extérieur, l’occupant est au cœur de
l’action pour améliorer la qualité de l’air intérieur par son comportement.
Si la qualité de l’air intérieur est une question complexe et hétérogène, la
réglementation la concernant est de même inégale : elle est structurée et abou-
tie pour les locaux de travail, mais pour les autres lieux de vie, elle est en déve-
loppement et évolue au gré des connaissances nouvelles sur les polluants et
leurs conséquences sur la santé.
Cet article est la version actualisée de l’article « Qualité de l’air intérieur des locaux de travail et autres lieux de vie : cadre
réglementaire national » rédigé par Laurence Prat et paru en 2012. Ainsi, la première partie [G 1 512] a été totalement réécrite
par l’auteur actuel Cécile Caudron, tandis que la seconde partie [G 1 513] est une mise à jour de l’article initial de 2012.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un parteneriat entre les Techniques de l’Ingénieur et le Cerema.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE

1. Une politique qui s’est Cette considération est intéressante car elle place l’occupant au
cœur de la notion de bonne qualité de l’air intérieur et la relie à
construite depuis la fin la notion de confort. De plus, elle met en avant le fait que l’état de
la connaissance est évolutif et qu’une définition d’une bonne qua-
des années 90 lité de l’air intérieur aujourd’hui pourra être différente de celle de
demain.
La notion de polluant peut être définie par cette version de
l’organisation mondiale de la santé (OMS) :
La qualité de l’air intérieur (QAI), intégrée à la notion de santé
environnementale, est entrée dans le débat national à la fin des
années 90, bien après celui de la pollution de l’air extérieur, pris Un polluant est tout ce qui est susceptible d’altérer la qualité
en charge par les politiques publiques depuis les années 60. de l’air en nuisant au bien-être physique, moral et social, c’est-à-
Le scandale de l’amiante, fibre naturelle cancérogène très large- dire la santé.
ment utilisée dans les bâtiments jusque dans les années 90, a lar-
gement contribué à cette prise de conscience collective.
Cette définition intègre dans la santé tous les types de bien-être,
À ce titre, la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (loi
et pas uniquement le bien-être physique.
Laure) de 1997 pose les bases de l’action publique dans le domaine
de la qualité de l’air, notamment l’article L. 220-1, revu en 2010 par Au cours de ces dernières années, plusieurs études nationales

3
décret, qui précise que le « droit reconnu à chacun à respirer un air ont été réalisées afin de mieux connaı̂tre cette pollution de l’air
qui ne nuise pas à sa santé » est de la responsabilité de tous, y intérieur, ses sources et ses impacts, en vue d’établir des valeurs
compris de celle de l’État, des collectivités territoriales et de leurs guides de qualité de l’air intérieur, régulièrement mises à jour.
établissements publics. Depuis, c’est le code de l’environnement Ainsi, l’OQAI a coordonné un inventaire des données françaises
qui porte l’essentiel de la réglementation sur la qualité de l’air inté- relatives à la qualité de l’air intérieur des bâtiments en 2001, actua-
rieur, tandis que les codes de la santé publique ou de la construc- lisé en 2004. Cette étude a eu pour objet d’identifier les données
tion s’y réfèrent régulièrement. françaises disponibles sur la qualité de l’air intérieur, de procéder
Le Grenelle de l’environnement constitue, via l’article L. 221-7 du à leur recueil et d’analyser leur validité, notamment en termes de
code de l’environnement, la seconde base de la réglementation sur méthodologie, de représentativité et d’extrapolation. Seules les
la qualité de l’air intérieur en intégrant dans le code de l’environne- données relatives à l’habitat, aux immeubles de bureaux, aux éta-
ment une section dédiée à ce sujet. Celle-ci précise que « l’État blissements scolaires et aux crèches ont été collectées. Un inven-
coordonne les travaux d’identification des facteurs de pollution taire a également été réalisé sur les études étrangères.
ainsi que l’évaluation des expositions et des risques sanitaires rela- Nota : l’inventaire a porté sur les substances prioritaires suivantes : le dioxyde d’azote
tifs à la qualité de l’air dans les environnements clos. Il élabore les (NO2) ; les particules inertes ; le monoxyde de carbone (CO) ; les composés organiques
volatils (COV) dont les aldéhydes, le benzène, les éthers de glycol et le formaldéhyde ; le
mesures de prévention et de gestion destinées à réduire l’ampleur radon ; les bactéries ; les légionelles ; les champignons et moisissures ; les allergènes
et les effets de cette pollution. Il informe le public des connaissan- d’animaux ; les biocides et la fumée de tabac.
ces et travaux relatifs à cette pollution ». Cet article constitue la
Il en a résulté que la pollution intérieure est fréquemment plus
base de toutes les politiques publiques qui suivront.
importante que la pollution extérieure, du fait notamment que cer-
Depuis, la politique publique en matière de qualité de l’air inté- taines substances n’existent qu’à l’intérieur, où le confinement et la
rieur se concentre sur la connaissance des polluants, de leur dan- concentration renforcent leurs effets – les espaces intérieurs étant
gerosité et de leurs sources, mais aussi sur la connaissance des de faibles volumes par rapport à l’extérieur, les concentrations aug-
personnes vulnérables et à risques, et enfin, sur des actions de sen- mentent beaucoup plus rapidement. Tous les logements sont expo-
sibilisation des professionnels du bâtiment et du grand public. sés à la pollution, même si celle-ci n’est pas homogène. De plus, à
C’est dans cet état d’esprit que s’est développée notamment la l’époque, si les études françaises sur l’air intérieur sont de plus en
réglementation de ces cinq dernières années [1]. plus nombreuses, elles ne sont pas également réparties sur les dif-
férents types de bâtiments ni sur leur localisation : l’habitat est le
type de bâti le plus documenté, bien avant les établissements rece-
À retenir
vant du public (ERP), et les expositions en milieu rural sont alors
– La qualité de l’air intérieur est prise en compte par les poli- peu étudiées.
tiques publiques depuis les années 90, 30 ans après la qualité Depuis, des campagnes de mesures nationales ont été pilotées
de l’air extérieur. par l’OQAI [2] afin d’améliorer l’état de la connaissance sur les pol-
– La loi Laure et le Grenelle de l’environnement constituent luants en présence, en fonction du type d’occupation (logements,
les bases de la réglementation sur la QAI. écoles et crèches, bureaux, établissements sociaux et médico-
– La réglementation sur la QAI est récente. sociaux). Ces campagnes comportent des mesures de polluants de
l’air intérieur et de paramètres d’ambiance (température, humidité,
CO2), ainsi que des questionnaires sur les caractéristiques des bâti-
ments, les activités des occupants et leur perception du confort.
2. Définitions et ressources Voici les campagnes menées à ce jour, et les principaux résultats à
retenir :
– campagne nationale logements de 2003-2005 (CNL1) réalisée
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de définition de la qualité de sur un échantillon représentatif de près de 600 logements : il en
ressort que 9 % des logements présentent des concentrations très
l’air intérieur ou d’une bonne qualité de l’air intérieur faisant
élevées pour plusieurs polluants en même temps, à l’inverse 45 %
consensus au niveau international. L’Observatoire de la qualité de
des logements ont des concentrations très faibles pour l’ensemble
l’air intérieur (OQAI) estime que :
des polluants mesurés, avec entre ces deux situations, des classes
intermédiaires de pollution. Les caractéristiques et la situation géo-
L’air est de qualité acceptable s’il ne contient aucun polluant graphique des bâtiments affectent uniquement la température,
connu à des concentrations dangereuses et si une majorité des l’humidité et la quantité de formaldéhyde – un polluant typique de
occupants n’exprime pas une insatisfaction ou des malaises l’air intérieur. Les autres concentrations en polluants sont plutôt
durant les périodes d’occupation. expliquées par la pollution extérieure ou les activités humaines à
l’intérieur du logement. À savoir qu’une seconde campagne

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

nationale logements représentative (CNL2) a été lancée, les enquê-


tes de terrain devraient débuter à l’automne 2020 ; Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation,
– campagne nationale écoles maternelles et élémentaires de de l’environnement et du travail (ANSES)
2013/2017, réalisée sur un échantillon représentatif de 300 établisse-
L’ANSES est un établissement public à caractère administratif
ments : cette campagne a mis en évidence une pollution générale-
sous la tutelle des ministères en charge de la santé, de l’agri-
ment plus faible ou équivalente à celle observée dans les loge-
culture, de l’environnement, du travail et de la consommation.
ments. Elle a mis en relief quatre points de vigilance sur les
Elle assure un travail de veille, d’expertise, de recherche et
particules, les composés organiques semi-volatils dans l’air, le d’établissement de références sur le domaine de la santé
plomb dans les peintures et le confinement ; humaine, animale et végétale et des risques. L’ANSES réalise
– programme bâtiments performants en énergie : après une des études par saisine (de l’État, des membres de son conseil
étude préparatoire sur 7 bâtiments performants, une étude a été d’administration, de syndicats ou par auto-saisine).
réalisée en 2012 sur 130 logements. Celle-ci a permis de montrer
que ces logements ont des niveaux de confinement équivalents
voire plus faibles que ceux relevés lors de la CNL1, mais que ces Les principaux lieux et sources d’exposition, ainsi que les outils
logements présentent un indice de contamination fongique plus réglementaires qui se structurent et se mettent en place sont pré-
important que les logements de la CNL1. Quant aux dysfonctionne- sentés ci-dessous.
ments des systèmes de ventilation, ils sont comparables. Enfin, les
habitants sont à 80 % satisfaits de leur confort dans ces logements ; À retenir

3
– campagne nationale bureaux : elle a été lancée en 2013 sur un
échantillon de bureaux de plus de 50 bâtiments, suite à un travail – L’OMS et l’ANSES fournissent des valeurs guides de l’air
documentaire et d’enquête auprès des médecins du travail, intérieur sur lesquelles s’appuient les politiques publiques.
lui-même réalisé en 2006. Ce travail préliminaire a permis de faire – L’OQAI a permis et permet encore de mieux connaı̂tre la
un premier état des connaissances : cette campagne, dont le pre- QAI du parc français via des campagnes nationales de mesu-
mier rapport est sorti en 2015, fait état de concentrations de pol- res.
luants dans l’air intérieur globalement faibles, à l’exception de
celle en benzène (un polluant venant essentiellement de l’extérieur)
qui dépasse la valeur d’alerte de 10 mg/m3 dans 6 % des bureaux ;
– campagne nationale dans les structures sociales et médico- 3. État des lieux des sources,
sociales dont une enquête par questionnaire a été lancée en 2017 :
cette enquête préliminaire a permis de préparer la campagne de des émissions et des effets
mesures lancée en 2018-2019 sur 100 établissements. Les résultats
sont à venir.
sanitaires
Observatoire de la qualité de l’air intérieur Les polluants mesurés dans l’air intérieur des habitats ont des
L’OQAI a été créé en 2001 par convention entre les ministres en origines diverses :
charge du logement, de la santé et de l’écologie, l’Agence de – les polluants d’origine extérieure :
l’environnement et de la maı̂trise de l’énergie (Ademe) et le  les polluants industriels et automobiles : monoxyde de car-
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Ce dernier bone (CO), oxydes d’azote, oxydes de soufre, plomb, particu-
assure la mise en œuvre des programmes de l’OQAI et la coor- les, certains composés organiques volatils – COV, etc.,
dination scientifique. L’OQAI a pour mission principale de col-
lecter et de produire des données sur les polluants et l’exposi-  les polluants agricoles (les insecticides, fongicides et engrais, les
tion des populations à la pollution de l’air intérieur. composés azotés issus de l’élevage ou encore les poussières),
 le sol (émission naturelle de radon),
En complément, diverses études menées depuis 2004 par  les pollens ou encore les moisissures ;
l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimenta- – les polluants d’origine intérieure :
tion, de l’environnement et du travail, ont permis de déterminer  les produits de construction, d’ameublement, de décoration
des valeurs guides de l’air intérieur (VGAI) sur divers polluants, (peintures, vernis, meubles et tapis), d’entretien et de brico-
tels que le formaldéhyde, le benzène, le monoxyde de carbone, lage émettent des COV (dont les aldéhydes), des particules et
le trichloroéthylène, le tétrachloroéthylène, etc. Ces valeurs sont des fibres,
régulièrement mises à jour et constituent une base scientifique
aux pouvoirs publics pour fixer des valeurs limites recomman-  les appareils à combustion (chauffage, production d’eau
dées ou réglementaires. Ces valeurs sont purement sanitaires et chaude) émettent du monoxyde de carbone (CO), des oxydes
leur détermination est basée sur les valeurs de l’Organisation d’azote (NOx), des particules et certains COV (dont les
mondiale de la santé – entre autres littératures – et le profil toxi- aldéhydes),
cologique de ces substances. Ainsi, ces VGAI sont définies  les plantes et les animaux sont susceptibles d’émettre des
comme telles par l’ANSES. pollens, des biocides (pesticides pour les plantes, antiparasi-
taires pour les animaux), des allergènes (poils de chat ou de
chien), les acariens,
Les valeurs guides de l’air intérieur (VGAI) ont été définies  la présence et l’activité humaines telles que le tabagisme, les
comme des concentrations dans l’air d’une substance chimique activités de cuisine ou d’entretien (par exemple, l’usage de
en dessous desquelles aucun effet sanitaire ou aucune nuisance produits désodorisants de l’atmosphère, de produits dégrais-
ayant un retentissement sur la santé n’est attendu pour la popu- sants, de produits cosmétiques), ou le travail bureautique
lation générale en l’état des connaissances actuelles [3]. émettent des particules, du monoxyde de carbone (CO), des
COV (aldéhydes, éthers de glycol…).
Concernant les particules fines, il existe des valeurs guides don- Dans un milieu clos, les pollutions intérieures et extérieures
nées par l’OMS dans l’air extérieur que l’ANSES recommande d’uti- s’ajoutent, mais peuvent également interagir, en créant d’autres
liser en air intérieur. polluants tels que certains COV ou de très fines particules. C’est ce
qu’on appelle les « polluants secondaires ». La population est donc

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exposée à un mélange de polluants, en concentration très souvent La pollution de l’air intérieur concerne différents types de bâti-
plus concentrée en air intérieur qu’en air extérieur, malgré l’aéra- ments, qu’il s’agisse des habitations, des lieux de travail (bureaux,
tion et la ventilation (qui peuvent aussi être inexistantes ou insuffi- postes de travail divers), des écoles, universités et lieux d’accueil
santes et/ou mal entretenues). Aujourd’hui encore, les effets sani- des jeunes enfants (crèches, halte-garderie, etc.), mais aussi les
taires de cette multiplicité de polluants sont mal connus. C’est ce espaces de loisirs comme les bars, les discothèques, les piscines
qu’on appelle l’« effet cocktail ». (émissions de chloramines, de chloroforme, etc.), les patinoires
Le tableau 1 présente les principales substances sources de pol- (émissions de monoxyde de carbone (CO), de dioxyde d’azote
lution de l’air intérieur, ainsi que leurs principaux effets sanitaires (NO2), de COV, de particules, émis par les engins utilisés pour le
connus à ce jour [4] et [5]. lissage de la glace), les gymnases, etc.

Tableau 1 – Effets sanitaires dominants des principaux polluants de l’air intérieur – classement
par nature puis alphabétique (sources : ANSES, OQAI, Ademe, INRS)

Effets sanitaires dominants


Principales sources et facteurs de
Substances/Paramètres
risques potentiels associés
Aigus Chroniques Cancers*

Biocontaminants 3
Allergènes de chiens, chats, Chiens, chats, acariens Respiratoires (allergies,
Respiratoires (allergies, asthme) ne
acariens Humidité, température asthme)

Composés chimiques

Fumée de tabac, chauffage


domestique au bois, cuisson des
aliments, matériaux de Irritations yeux et tractus Cancer possible : nasal,
Acétaldéhyde construction, de décoration et respiratoire, brochoconstriction larynx 2B
d’ameublement, nettoyants de sol, (chez les asthmatiques) Potentiel génotoxique
parquets stratifiés, colles, lasures,
décapants, dalles et flocage, etc.

Combustion de matières
organiques (cuisson des aliments, Irritation oculaire et nasale,
chauffage domestique au bois, diminution de la fréquence
Acroléine Lésions de l’ADN 3
fumée de tabac), bougies, encens, respiratoire et difficultés
spirales anti-moustiques, émissions respiratoires
gazeuses automobile

Carburants, tabagisme, produits de Neurologiques et


Leucémie, effets
Benzène bricolage, ameublement, produits immunologiques, effets 1
hématologiques diverses
de construction et de décoration hématologiques

Monomère du polychlorure de
Cancer : angiosarcome du
vinyle (PVC). Utilisé dans les filtres à Spasmes vasculaires
foie, carcinome
Chlorure de vinyle cigarette et pendant un temps douloureux au niveau des 1
hépatocellulaire. Atteinte
comme gaz propulseur pour les extrémités
osseuse
aérosols (désormais interdit)

Irritation des voies


Combustions diverses (tabagisme, Irritation des voies respiratoires, respiratoires, bronchites,
appareils de chauffage et de bronchites, obstructions obstructions bronchiques,
Dioxyde d’azote production d’eau chaude non bronchiques, toux persistante, toux persistante, respiration ne
raccordés, cuisinières gaz, etc.), y respiration sifflante, sifflante, essoufflement,
compris combustions extérieures essoufflement baisse des défenses
immunitaires

Irritations de la gorge,
Cancer possible du foie et
1,4-dichlorobenzène Antimite, désodorisant, taupicide intoxications, effets 2B
des reins
neurologiques

Effets respiratoires,
Irritation de la gorge, du nez et
Combustion de matières hématologiques et
des yeux, sensation de
Éthylbenzène organiques, peintures, vernis, neurotoxiques, ototoxicité 2B
constriction thoracique, effets
laques, effluents automobiles (perte auditive), cancer
neurologiques
possible des reins

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Tableau 1 – Effets sanitaires dominants des principaux polluants de l’air intérieur – classement
par nature puis alphabétique (sources : ANSES, OQAI, Ademe, INRS) (suite)

Effets sanitaires dominants


Principales sources et facteurs de
Substances/Paramètres
risques potentiels associés
Aigus Chroniques Cancers*

Panneaux de particules, de fibres,


en bois agglomérés, colles, Irritations des yeux, de la gorge,
peintures, fumée de tabac, des voies respiratoires et
Formaldéhyde moquettes, cosmétiques, émissions neurologiques, difficultés Cancer du nasopharynx 1
des livres et magazines neufs, respiratoires, œdème,
photocopieurs, photochimie congestion pulmonaire
atmosphérique, etc.

3
Appareils de chauffage et de
production d’eau chaude (mal
entretenus, sans une bonne Cardio-vasculaires et
Monoxyde de carbone Cardio-vasculaires ne
évacuation des fumées ou avec un neurologiques
apport d’air insuffisant), tabagisme,
véhicules à moteur, etc.

Anémies hémolytiques,
Fumée de tabac, plastifiants,
ictères, cataracte, irritation
résines, teintures, papiers
Naphtalène Anémies hémolytiques nasale, cancer possible : 2B
d’emballage, répulsifs pour insectes
hémangiosarcome
et notamment les mites, etc.
notamment

Monomère du polystyrène.
Effets neurologiques, cancer
Matières plastiques, matériaux
Styrène Irritations du tractus respiratoire pulmonaire probable, 2A
isolants, automobiles, fumée de
ototoxicité (perte auditive)
tabac

Effets neurologiques,
hépatiques et rénaux,
Nettoyage à sec (pressing ou pièces Irritations, effets neurologiques,
reprotoxique, cancer
Tétrachloroéthylène automobiles), moquettes, tapis, rénaux, hépatiques, troubles 2A
probable de l’œsophage, du
vernis, peintures visuels, décès
col de l’utérus, lymphome
non hodgkinien

Maux de tête, vertiges,


sensation d’intoxication, Neurologiques : ototoxicité
Peintures, vernis, colles, encres,
irritation des voies respiratoires (perte auditive), troubles du
Toluène adhésifs, moquettes, tapis, 3
supérieures et des yeux, fatigue, comportement et de la
calfatage siliconé, vapeur d’essence
somnolence, effets vision des couleurs
neurologiques

Atteinte du système nerveux


central pouvant mener au coma,
Cancer probable du foie et
Émissions de produits domestiques lésions neurologiques
Trichloroéthylène des voies biliaires, 2A
ou de construction périphériques, troubles
lymphome non hodgkinien
cardiaques pouvant conduire au
décès

Toxicité neurologique,
Xylènes Peintures, vernis, colles, dissolvants Neurologiques 3
hépatique, rénale

Particules/fibres

Cancers, notamment le
Bâtiments amiantés (utilisations
mésothéliome (cancer de la
très variées), routes amiantées,
Fibres d’amiante Respiratoires plèvre) et le cancer du 1
produits électroménagers,
poumon, mais aussi cancer
affleurements naturels
des reins, etc.

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G1513

Qualité de l’air intérieur : repères


et cadre juridique
Atmosphères de travail

par Cécile CAUDRON


Ingénieure des Travaux Publics de l’État
Responsable de la thématique Qualité de l’Air Intérieur au Cerema

Avec le soutien du ministère de la Transition écologique et solidaire. 3


1. Dispositions générales relatives à l’aération
et aux ambiances thermiques des lieux de travail ................... G 1 513 – 2
1.1 Obligations pesant sur le maı̂tre d’ouvrage ...................................... — 2
1.1.1 Dispositions constructives relatives à l’aération
et à l’assainissement ............................................................... — 2
1.1.2 Dispositions constructives relatives à l’ambiance thermique
et à la ventilation des locaux .................................................. — 4
1.2 Obligations pesant sur l’employeur utilisateur ................................. — 4
1.2.1 Obligations en matière d’aération et d’assainissement
des locaux de travail ............................................................... — 5
2. Dispositions particulières ............................................................. — 8
2.1 Interdiction du tabac dans les lieux de travail .................................. — 10
2.1.1 Évolutions législatives et réglementaires ............................... — 10
2.1.2 Obligations et prérogatives de l’employeur ........................... — 10
2.2 Prévention et contrôle de l’exposition à certains agents chimiques
dangereux ........................................................................................... — 11
2.3 Protection des travailleurs exposés à l’inhalation de poussières
d’amiante ............................................................................................ — 12
2.4 Prévention de l’exposition à des agents biologiques ....................... — 20
2.5 Lieux de travail exposés au risque radon ......................................... — 20
2.6 Règles applicables aux salles propres industrielles ......................... — 20
3. Conclusion........................................................................................ — 22
4. Sigles, notations et symboles ...................................................... — 22
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 513

a qualité de l’air est un enjeu mondial pour la santé. L’Organisation mondiale


L de la santé évalue à 7 millions le nombre de décès prématurés imputables à
la pollution de l’air chaque année dans le monde. En France, ces décès prématu-
rés sont estimés à 48 000, soit environ 9 % des décès annuels de notre pays.
Or, la qualité de l’air intérieur est incluse dans ces statistiques et devient donc
un axe majeur de travail pour réduire le risque pour notre santé. Les effets
d’une mauvaise qualité de l’air intérieur ne sont pas anodins, et peuvent aller
d’un simple inconfort à des effets plus graves. Ces derniers peuvent être légers
et constituer uniquement une gêne (odeurs, irritation de la peau et des yeux,
maux de tête, somnolence), jusqu’à développer une pathologie plus grave, allant
des allergies respiratoires comme l’asthme, au développement de cancers.
Ainsi, la qualité des atmosphères de travail est une préoccupation majeure,
Parution : janvier 2021

étroitement liée à la prévention des risques auxquels sont exposés les

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

travailleurs. Les établissements assujettis au code du travail doivent respecter


des règles en matière d’aération et de ventilation. La réglementation générale
concerne les locaux fermés où le personnel est appelé à séjourner, ainsi que
tous les lieux où le personnel doit intervenir et où existe un risque lié à la qua-
lité de l’air. Elle a pour objectif de « maintenir un état de pureté de l’atmo-
sphère propre à préserver la santé des travailleurs » (article R. 4222-1 du code
du travail). De plus, divers polluants ou sources de pollution non liés aux acti-
vités de l’entreprise sont également réglementés, tels que la fumée de tabac ou
encore le radon.
Le volet travail de la réglementation portant sur la qualité de l’air intérieur
s’est donc construit au fil des années et est désormais considéré comme struc-
turé et abouti.
Cet article est la version actualisée de l’article « Qualité de l’air intérieur des locaux de travail et autres lieux de vie : cadre
réglementaire national » rédigé par Laurence Prat et paru en 2012. Ainsi, la première partie [G 1 512] a été totalement réécrite
par l’auteur actuel Cécile Caudron, tandis que la seconde partie [G 1 513] est une mise à jour de l’article initial de 2012. Cet
article a été réalisé dans le cadre d’un parteneriat entre les Techniques de l’Ingénieur et le Cerema.

1. Dispositions générales 1.1 Obligations pesant sur le maı̂tre


d’ouvrage
relatives à l’aération et aux
1.1.1 Dispositions constructives relatives
ambiances thermiques à l’aération et à l’assainissement
des lieux de travail Le maı̂tre d’ouvrage est tenu de concevoir et réaliser les bâti-
ments et leurs aménagements de façon à ce que les locaux fermés,
dans lesquels les travailleurs sont appelés à séjourner, soient
conformes aux objectifs rappelés ci-dessus.
La qualité des atmosphères de travail est régie par les disposi- Ainsi, les installations de ventilation doivent être conformes aux
tions des articles R. 4211-1 et suivants du code du travail qui distin- dispositions des articles R. 4212-2 à R. 4212-7 du code du travail [1],
guent les obligations du maı̂tre d’ouvrage pour la conception des commentées et détaillées par une circulaire du 9 mai 1985 [2]. Les
lieux de travail de celles de l’employeur pour l’utilisation de ces installations doivent notamment être conçues de manière à :
lieux.
– assurer le renouvellement de l’air en tous points des locaux ;
Les premières concernent les règles auxquelles se conforme le – ne pas provoquer, dans les zones de travail, de gêne résultant
maı̂tre d’ouvrage entreprenant la construction ou l’aménagement notamment de la vitesse, de la température et de l’humidité de l’air,
de bâtiments destinés à recevoir des travailleurs, que ces opéra- des bruits et des vibrations ;
tions nécessitent ou non l’obtention d’un permis de construire – ne pas entraı̂ner d’augmentation significative des niveaux
(art. R. 4211-1 du code du travail). sonores résultant des activités envisagées dans les locaux (art.
R. 4212-2 du code du travail).
Nota : sur ce point, la convention internationale du travail n 148 du 20 juin 1977,
La notion de « lieux de travail » est définie comme « les lieux publiée par le décret n 86-1278 du 10 décembre 1986 [3] a défini la pollution de l’air
destinés à recevoir des postes de travail, situés ou non dans les comme « tout air contaminé par des substances qui sont nocives pour la santé ou dange-
bâtiments de l’établissement, ainsi que tout autre endroit com- reuses à d’autres égards, quel que soit leur état physique », et précise les mesures de
prévention et de protection qui doivent être mises en œuvre par les États signataires,
pris dans l’aire de l’établissement auquel le travailleur a accès dont la France.
dans le cadre de son travail ». En revanche, ne sont pas considé-
rés comme des lieux de travail, au sens de cet article, « les Toutes les dispositions doivent être prises lors de l’installation
champs, bois et autres terrains faisant partie d’un établissement des équipements de ventilation, de captage ou de recyclage pour
agricole ou forestier mais situés en dehors de la zone bâtie d’un permettre leur entretien régulier et les contrôles ultérieurs d’effica-
tel établissement. » (art. R. 4211-2 du code du travail). cité (art. R. 4212-3 du code du travail). Les parois internes des cir-
cuits d’arrivée d’air ne comportent pas de matériaux qui peuvent
se désagréger ou se décomposer en émettant des poussières ou
La réglementation vise d’une part à maintenir un état de pureté des substances dangereuses pour la santé des travailleurs (art.
de l’atmosphère propre à préserver la santé des travailleurs et, R. 4212-4 du code du travail).
d’autre part, à éviter les élévations exagérées de température, les Une note technique du 5 novembre 1990 [4] apporte des préci-
odeurs désagréables et les condensations (art. R. 4222-1 du code sions sur la conception, la réception et le suivi des installations,
du travail). Elle fixe des obligations pour le maı̂tre d’ouvrage ainsi ainsi que sur le captage des polluants, le recyclage de l’air et les
que pour l’employeur usager des locaux. rapports de contrôle afférents à l’installation.

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pour que l’air pollué en provenance des locaux à pollution spéci-


Conception, réception et suivi des installations (extraits fique ne pénètre pas (art. R. 4212-5 du code du travail).
de la note technique du 5 novembre 1990)
& Locaux à pollution spécifique
La conception d’une installation d’assainissement de l’air
requiert notamment pour les installations complexes une étude
détaillée faisant appel à l’expérience et aux données disponibles. Il s’agit des « locaux dans lesquels des substances dangereu-
Les caractéristiques des éléments d’une installation (captage, ses ou gênantes sont émises sous forme de gaz, vapeurs, aéro-
épuration, système de recyclage/rejet, ventilation générale com- sols solides ou liquides autres que celles qui sont liées à la seule
plémentaire) sont déterminées sur la base de cette étude. Ces présence humaine, ainsi que des locaux pouvant contenir des
caractéristiques étant interdépendantes, il n’existe pas de recom- sources de micro-organismes potentiellement pathogènes et
mandations générales valables quelle que soit la situation ren- des locaux sanitaires » (art. R. 4222-3 du code du travail).
contrée. La réalisation d’une installation conduit à la rédaction
d’un cahier des charges par le maı̂tre d’ouvrage ou son maı̂tre
d’œuvre en fonction de la destination de l’installation. Ce cahier La pollution spécifique est principalement le fait d’une modification
des charges peut imposer des objectifs en termes de concentra- substantielle de la composition de l’air sur le site de travail par des
tions (valeurs limites réglementaires ou valeurs indicatives). Par polluants nocifs, toxiques, irritants ou simplement par insuffisance
ailleurs, il est recommandé de privilégier le captage à la source du pourcentage d’oxygène (risque d’anoxie). Elle peut aussi être liée
au plus près de l’émission des polluants, par des solutions tech- à des paramètres physiques (température élevée principalement).

3
niques éprouvées et reconnues (action de prévention). Le cahier Nota : les locaux sanitaires et ceux pouvant contenir des sources de micro-organismes
des charges détermine également les moyens à mettre en œuvre potentiellement pathogènes (laboratoire de production ou d’analyses de micro-organis-
mes, traitement des eaux usées, etc.) sont considérés comme des locaux à pollution spé-
(efficacité de captage, débit d’aspiration, débit d’air neuf, effica- cifique.
cité d’épuration, etc.). Ainsi, à titre indicatif, une efficacité
moyenne de captage supérieure à 95 % et une efficacité mini- Ainsi, dans les locaux sanitaires, le débit d’air doit être au moins
male supérieure à 85 % doivent permettre de traiter de façon égal aux données rappelées dans le tableau 1.
satisfaisante un assez grand nombre de situations. Cependant, Nota : pour chaque local à pollution spécifique, la ventilation doit être réalisée et son
dès que les conditions d’émission sont plus sévères (polluants débit déterminé en fonction de la nature et de la quantité des polluants ainsi que, le cas
échéant, de la quantité de chaleur à évacuer, sans toutefois que le débit minimal d’air
très toxiques, débit d’émission de polluants important), ces effi- neuf puisse être inférieur aux valeurs fixées pour les locaux à pollution non spécifique.
cacités peuvent se révéler insuffisantes. Il convient alors de En outre, lorsque l’air provient de locaux à pollution non spécifique, il doit être tenu
réexaminer la faisabilité technique d’un captage total de la compte du nombre total d’occupants des locaux desservis pour déterminer le débit mini-
mal d’entrée d’air neuf (c’est-à-dire l’air pris à l’air libre hors des sources de pollution)
source d’émission conduisant à une efficacité de captage de (art. R. 4222-3 du code du travail).
100 %. De même, des concentrations dans les conduits de recy-
clage inférieures au cinquième des valeurs limites d’exposition D’autres exigences relatives aux locaux à pollution spécifique
ou des valeurs indicatives doivent permettre de traiter de relèvent de la responsabilité de l’employeur (cf. § 1.2).
manière satisfaisante un assez grand nombre de situations On note par ailleurs que le maı̂tre d’ouvrage est tenu de transmet-
lorsque, par ailleurs, les systèmes de captage implantés sont effi- tre à l’employeur utilisateur une notice d’instructions, quelle que soit
caces (l’air d’un local à pollution spécifique ne peut être recyclé la destination des locaux. Cette notice précise les dispositions prises
que s’il est efficacement épuré). Cependant, une étude technique pour la ventilation et l’assainissement des locaux, ainsi que les infor-
particulière et des mesures en ambiance sont toujours recom- mations permettant d’entretenir les installations, d’en contrôler l’effi-
mandées car de nombreux paramètres interviennent dans la fixa- cacité et d’établir la consigne d’utilisation (art. R. 4212-7 du code du
tion de cette valeur de concentration de référence (polluants non travail).
captés, débit et efficacité de la ventilation générale). Le cahier Nota : la consigne d’utilisation, requise par l’article R. 4222-21 du code du travail, fixe
des charges prévoit enfin le contrôle à la réception de l’installa- les mesures à prendre en cas de panne des installations. Établie en tenant compte, s’il y a
tion et la rédaction de la notice d’instructions. Le dossier d’instal- lieu, des indications de la notice d’instructions fournie par le maı̂tre d’ouvrage, elle est
lation permet de suivre les différentes phases de conception, réa- soumise à l’avis du médecin du travail, du comité social et économique.
lisation et suivi de l’installation. Il est réalisé par le chef
d’établissement à partir de la notice d’instructions, et sur la
Tableau 1 – Débit minimal d’air dans les locaux sanitaires
base de l’autocontrôle (cf. § 1.2.1.3 tableau 4). Enfin, le contrôle
régulier des installations et leur entretien régulier sont notés (art. R. 4212-6 du code du travail)
comme étant essentiels au bon fonctionnement de l’installation.
Débit minimal d’air introduit
Désignation des locaux
Les installations de ventilation doivent être compatibles avec les (en m3/h par local)
prescriptions relatives au désenfumage en matière d’incendie, et ne
doivent pas propager d’incendie. Des dispositions spécifiques sont Cabinet d’aisances isolé* 30
prévues compte tenu de la nature et de la destination des locaux.
Salle de bains ou de douches
45
& Locaux à pollution non spécifique isolée*

Commune avec un cabinet


60
Les locaux à pollution non spécifique sont définis comme les d’aisances
« locaux dans lesquels la pollution est liée à la seule présence
humaine, à l’exception des locaux sanitaires » (art. R. 4222-3 du Bains, douches et cabinets
30 + 15 N**
code du travail). d’aisances groupés

Lavabos groupés 10 + 5 N**


Dans ces locaux (locaux administratifs, salles de réunion, ateliers
avec activité non polluante, etc.), il faut assurer un renouvellement * pour un cabinet d’aisances, une salle de bains ou de douches
suffisant de l’atmosphère pour traiter la pollution liée à la seule avec ou sans cabinet d’aisances, le débit minimal d’air introduit
présence humaine. Le maı̂tre d’ouvrage doit d’une part prévoir un peut être limité à 15 m3/h si ce local n’est pas à usage collectif.
système de filtration de l’air neuf, lorsqu’il existe un risque de pol- ** N : nombre d’équipements dans le local (cabines de douche,
lution de cet air par des particules solides et que son introduction etc.).
est mécanique, et, d’autre part, prendre les mesures nécessaires

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1.1.2 Dispositions constructives relatives énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de
à l’ambiance thermique et à la ventilation bâtiments.
des locaux Nota : sur ce dernier point, on retient que les dispositions s’appliquent aux bâtiments
dont la température normale d’utilisation est supérieure à 12  C. Le territoire est découpé
Les équipements et caractéristiques des locaux de travail (chauf- en huit zones climatiques (H1a, H1b, H1c, H2a, H2b, H2c, H2d, H3) définies en annexe I de
fage, climatisation, isolation thermique) sont conçus de manière à l’arrêté du 26 octobre 2010 [8]. La consommation électrique des moteurs (quand ils exis-
tent) de ventilation fait partie des postes de consommations à intégrer dans le calcul
permettre l’adaptation de la température à l’organisme humain pen- réglementaire. Dans le cas des bâtiments ou parties de bâtiment à usage autre que d’ha-
dant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des bitation, la ventilation des locaux ou groupes de locaux ayant des occupations ou des
contraintes physiques supportées par les travailleurs (par exemple, usages nettement différents doit être assurée par des systèmes indépendants. Si le bâti-
présence de fours, travail à la chaleur, etc.) (art. R. 4213-7 du code ment est équipé de systèmes mécanisés spécifiques de ventilation, tout dispositif de
modification manuelle des débits d’air d’un local est temporisé. De plus, les locaux refroi-
du travail). dis sont pourvus de dispositifs spécifiques de ventilation.
Des dispositions similaires doivent être prises pour les locaux Les exigences relatives à l’ambiance thermique et à la ventilation
annexes tels que locaux sanitaires, de restauration et médicaux des locaux font également l’objet de nombreuses normes, dont les
(art. R. 4213-8 du code du travail). Ces conditions de température principales sont rappelées dans le tableau 2.
peuvent être obtenues par des équipements de chauffage, de venti-
lation ou de conditionnement d’air.
Ces mesures s’appliquent indépendamment des exigences en 1.2 Obligations pesant sur l’employeur
matière de performances et caractéristiques énergétiques et envi- utilisateur
3
ronnementales des bâtiments autres que d’habitation, prévues par
les articles L. 111-9 à L. 111-10 et R. 111-20 à R. 111-22 du code de la Sont visés par ces obligations les établissements destinés à des
construction et de l’habitation (art. R. 4213-9 du code du travail). activités réalisées par des travailleurs, tels que définis ci-dessus
Les équipements et les caractéristiques thermiques dans les bâti- (lieux destinés à recevoir des postes de travail, mais aussi locaux
ments à usage de bureaux ou de commerce et les bâtiments à annexes d’usage collectif, dégagements et espaces accessibles,
usage industriel ont été définis successivement par des arrêtés du postes et espaces de maintenance, etc.).
13 avril 1988 [5], du 29 novembre 2000 (modifié par arrêté du
Nota : les bâtiments et locaux qui sont accessibles au public doivent être aména-
22 décembre 2003) [6], du 24 mai 2006 [7] et enfin par l’arrêté du gés, notamment lors de travaux de modification ou d’extension, conformément au
26 octobre 2010 [8] (modifié par l’arrêté du 2 janvier 2020) relatif code de la construction et de l’habitation concernant les établissements recevant du
aux caractéristiques thermiques et aux exigences de performance public (ERP).

Tableau 2 – Principales normes concernant l’ambiance thermique des locaux


NF EN ISO 7933 Ergonomie des ambiances thermiques – Détermination analytique et interprétation de la contrainte thermique
Février 2005 fondées sur le calcul de l’astreinte thermique prévisible (indice de classement : X35-204)

NF EN ISO 11399 Ergonomie des ambiances thermiques – Principes et application des normes internationales (indice de
Mars 2001 classement : X35-208)

NF P75-301 Isolants thermiques de bâtiments manufacturés – Plaques et panneaux – Mesure de la compressibilité à


Septembre 1987 température ambiante sous charge constante (indice de classement : P75-301)

NF P75-302 Isolants thermiques de bâtiments manufacturés – Détermination de l’absorption d’eau par gravité des isolants
Décembre 1987 rigides et semi-rigides – Non-hydrophilie (indice de classement : P75-302)

NF P75-303 Isolants thermiques de bâtiments manufacturés – Détermination de l’absorption d’eau par aspersion des
Décembre 1987 isolants rigides et semi-rigides – Non-hydrophilie (indice de classement : P75-303)

NF P75-304 Isolants thermiques de bâtiments manufacturés – Détermination de l’absorption d’eau par capillarité des
Décembre 1987 isolants rigides et semi-rigides – Non-hydrophilie (indice de classement : P75-304)

NF P75-305 Isolants thermiques de bâtiments manufacturés – Détermination conventionnelle du caractère de


Décembre 1987 non-hydrophilie des isolants rigides et semi-rigides (indice de classement : P75-305)

NF EN ISO 6946 Composants et parois de bâtiments – Résistance thermique et coefficient de transmission thermique –
Juillet 2017 Méthodes de calcul (indice de classement : P50-731)

NF EN ISO 12241 Isolation thermique des équipements de bâtiment et des installations industrielles – Méthodes de calcul
Août 2010 (indice de classement : P50-733)

NF EN ISO 52016-1 Performance énergétique des bâtiments – Besoins d’énergie pour le chauffage et le refroidissement, les
Juillet 2017 températures intérieures et les chaleurs sensible et latente – Partie 1 : méthodes de calcul (indice de
classement : P50-785-1)

NF EN ISO 52017-1 Performance énergétique des bâtiments – Charges thermiques latentes et sensibles et températures
Juillet 2017 intérieures – Partie 1 : Méthodes de calculs génériques

G 1 513 – 4 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

98
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G1513

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE

1.2.1 Obligations en matière d’aération


et d’assainissement des locaux de travail Tableau 3 – Débit minimal d’air neuf par occupant
dans le cas d’une ventilation mécanique (art. R. 4222-6 du
Les règles d’aération et d’assainissement de l’air dans les
locaux de travail sont fixées par les articles R. 4222-1 à R. 4222-26 code du travail)
du code du travail. Ces règles sont déterminées suivant la nature
et les caractéristiques des locaux. Ainsi, comme évoqué précé- Débit minimal d’air neuf par
demment, dans les locaux fermés où les travailleurs sont appelés Désignation des locaux occupant
à séjourner, l’air est renouvelé de façon à maintenir un état de (en m3/h)
pureté de l’atmosphère permettant de préserver la santé des tra-
vailleurs, et à éviter les élévations exagérées de température, les Bureaux, locaux sans travail 25
odeurs désagréables et les condensations (art. R. 4222-2 du code physique
du travail).
Locaux de restauration, locaux de 30
L’article R. 4222-3 du code du travail apporte par ailleurs les vente, locaux de réunion
précisions terminologiques suivantes :
Ateliers et locaux avec travail 45
1 ) Air neuf, l’air pris à l’air libre hors des sources de
physique léger
pollution ;
2 ) Air recyclé, l’air pris et réintroduit dans un local ou un
groupe de locaux. L’air pris hors des points de captage de pol-
luants et réintroduit dans le même local après conditionnement
Autres ateliers et locaux 60 3
thermique n’est pas considéré comme de l’air recyclé ;
Nota : les débits minimaux s’appliquent à de l’air neuf pris directement sur l’extérieur
3 ) Locaux à pollution non spécifique, les locaux dans les- sans transiter dans d’autres locaux et qui peut être mélangé à de l’air recyclé sans que
cela puisse réduire les débits d’air neuf prescrits. Les locaux réservés à la circulation et
quels la pollution est liée à la seule présence humaine, à l’excep-
les locaux qui ne sont occupés que de manière épisodique peuvent être ventilés par
tion des locaux sanitaires ; l’intermédiaire des locaux adjacents à pollution non spécifique sur lesquels ils ouvrent
(art. R. 4222-7 et -8 du code du travail).
4 ) Locaux à pollution spécifique, les locaux dans lesquels des
substances dangereuses ou gênantes sont émises sous forme L’air envoyé après recyclage dans les locaux à pollution non spé-
de gaz, vapeurs, aérosols solides ou liquides autres que celles cifique est filtré. Cependant, l’air recyclé n’est pas pris en compte
qui sont liées à la seule présence humaine ainsi que locaux pou- pour le calcul du débit minimal d’air neuf rappelé ci-dessus. En
vant contenir des sources de micro-organismes potentiellement cas de panne du système d’épuration ou de filtration, le recyclage
pathogènes et locaux sanitaires ; doit être arrêté (art. R. 4222-8 du code du travail). Il est enfin interdit
5 ) Ventilation mécanique, la ventilation assurée par une ins- d’envoyer après recyclage dans un local à pollution non spécifique
tallation mécanique ; l’air pollué d’un local à pollution spécifique (art. R. 4222-9 du code
du travail).
6 ) Ventilation naturelle permanente, la ventilation assurée
naturellement par le vent ou par l’écart de température entre 1.2.1.2 Dans les locaux à pollution spécifique
l’extérieur et l’intérieur ;
Dans les locaux à pollution spécifique, il faut assurer un assainis-
7 ) Poussière totale, toute particule solide dont le diamètre sement suffisant de l’atmosphère pour préserver la santé des tra-
aérodynamique est au plus égal à 100 mm ou dont la vitesse vailleurs par ventilation mécanique.
limite de chute, dans les conditions normales de température,
est au plus égale à 0,25 m/s ; Les concentrations moyennes en poussières totales et alvéolaires
de l’atmosphère inhalées par un travailleur, évaluées sur une
8 ) Poussière alvéolaire, toute poussière susceptible d’attein-
période de huit heures, ne doivent pas dépasser respectivement
dre les alvéoles pulmonaires ;
10 et 5 mg/m3 d’air (art. R. 4222-10 du code du travail). Des pres-
9 ) Diamètre aérodynamique d’une poussière, le diamètre criptions particulières déterminent, le cas échéant, d’autres limites
d’une sphère de densité égale à l’unité ayant la même vitesse pour certaines variétés de poussières (par exemple, la silice ou
de chute dans les mêmes conditions de température et d’humi- l’amiante), ainsi que des valeurs limites pour des substances telles
dité relative. que certains gaz, aérosols liquides ou vapeurs, ou pour des para-
mètres climatiques (art. R. 4412-149 du code du travail).
1.2.1.1 Dans les locaux à pollution non spécifique & Ventilation des locaux (art. R. 4222-11 du code du travail)
Dans ces locaux, l’aération est assurée soit par ventilation méca- Pour chaque local, la ventilation est réalisée et son débit déter-
nique, soit par ventilation naturelle permanente. Dans ce dernier miné en fonction de la nature et de la quantité des polluants ainsi
cas, les locaux doivent comporter des ouvrants donnant directe- que, le cas échéant, de la quantité de chaleur à évacuer, sans toute-
ment sur l’extérieur et leurs dispositifs de commande doivent être fois que le débit minimal d’air neuf puisse être inférieur aux valeurs
accessibles aux occupants (art. R. 4222-4 du code du travail). définies dans le tableau 3. Lorsque l’air provient de locaux à pollu-
Nota : les bureaux climatisés sont considérés comme des locaux à pollution non spé- tion non spécifique, il est tenu compte du nombre total d’occupants
cifique. des locaux desservis pour déterminer le débit minimal d’entrée
L’aération par ventilation naturelle, assurée exclusivement par d’air neuf.
ouverture de fenêtres ou autres ouvrants donnant directement sur
& Émissions de gaz et vapeurs (art. R. 4222-12 du code du travail)
l’extérieur (art. R. 4222-5 du code du travail), est autorisée lorsque
le volume par occupant est égal ou supérieur à : Les émissions sous forme de gaz, vapeurs, aérosols de particules
– 15 m3 pour les bureaux et les locaux où est accompli un travail solides ou liquides, de substances insalubres, gênantes ou dange-
physique léger ; reuses pour la santé des travailleurs sont supprimées, y compris
– 24 m3 pour les autres locaux. par la mise en œuvre de procédés d’humidification en cas de
risque de suspension de particules, lorsque les techniques de pro-
Lorsque l’aération est assurée par ventilation mécanique, un duction le permettent. À défaut, elles sont captées au fur et à
débit minimal d’air neuf à introduire par occupant est déterminé, mesure de leur production, au plus près de leur source d’émission
repris dans le tableau 3. et aussi efficacement que possible, notamment en tenant compte

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QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : REPÈRES ET CADRE JURIDIQUE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

de la nature, des caractéristiques et du débit des polluants ainsi Les modalités de contrôle périodique des installations d’aération
que des mouvements de l’air. S’il n’est techniquement pas pos- et d’assainissement sont décrites par un arrêté ministériel du
sible de capter à leur source la totalité des polluants, les polluants 8 octobre 1987 [9]. Un arrêté du 9 octobre 1987 [10] précise les
résiduels sont évacués par la ventilation générale du local mesures et contrôles pouvant être prescrits par l’agent de contrôle
(art. R. 4222-12 du code du travail). Une ventilation permanente de l’inspection du travail, ainsi que les méthodes de mesure et de
appropriée doit être installée dans les locaux où sont employées contrôle.
des matières inflammables.
& Contrôles périodiques des installations réalisés par le chef
& Installations de captage et de ventilation d’établissement
Les installations de captage et de ventilation doivent être réali- L’employeur est tenu d’assurer régulièrement le contrôle des ins-
sées de telle sorte que les concentrations dans l’atmosphère ne tallations d’aération et d’assainissement. Il tient à jour les docu-
soient dangereuses en aucun point pour la santé et la sécurité des ments suivants :
travailleurs et qu’elles restent inférieures aux valeurs limites d’ex- – la notice d’instruction, établie en application de l’article R. 4212-
position fixées réglementairement (art. R. 4222-10 et R. 4412-149 7 du code du travail, pour les installations postérieures à avril 1988
du code du travail). Les dispositifs d’entrée d’air compensant les et celles ayant fait l’objet de modifications notables. Cette notice
volumes extraits sont conçus et disposés de façon à ne pas réduire doit notamment comporter un dossier de valeurs de référence fixant
l’efficacité des systèmes de captage. Un dispositif d’avertissement les caractéristiques qualitatives et quantitatives de l’installation qui
automatique doit signaler toute défaillance des installations de cap- garantissent le respect de l’application des spécifications réglemen-

3
tage qui n’est pas directement décelable par les occupants des taires et permettent les contrôles ultérieurs par comparaison ;
locaux (art. R. 4222-13 du code du travail). – la consigne d’utilisation, prescrite par l’article R. 4222-21 du
code du travail, pour toutes les installations. Cette consigne doit
& Recyclage de l’air notamment comporter un dossier de maintenance dans lequel
sont mentionnés les dates et les résultats des contrôles périodi-
L’air provenant d’un local à pollution spécifique ne peut être recy-
ques et des différentes opérations d’entretien et de nettoyage,
clé que s’il est efficacement épuré. De même, il ne peut être envoyé
d’une part, et les aménagements et les réglages apportés aux ins-
après recyclage dans d’autres locaux que si la pollution de tous les
tallations, d’autre part.
locaux concernés est de même nature. En cas de recyclage, les
concentrations de poussières et substances dans l’atmosphère du L’ensemble des documents constitue le dossier de l’installation.
local doivent demeurer inférieures aux valeurs limites d’exposition Il doit être établi, au plus tard, un mois après la première mise en
professionnelle définies réglementairement (art. R. 4222-14 du code service des installations. Il est tenu à la disposition de l’inspecteur
du travail). du travail, des agents des services de prévention des organismes
Nota : des prescriptions particulières peuvent toutefois interdire ou limiter l’utilisation de sécurité sociale compétents, ainsi que des membres du comité
du recyclage pour certaines catégories de substances ou de locaux (art. R. 4222-15 du d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Le tableau 4 rap-
code du travail). pelle le contenu du dossier d’installation, dans le cas des installa-
Les installations de recyclage comportent un système de surveil- tions postérieures à 1988.
lance permettant de déceler les défauts des dispositifs d’épuration. Le contrôle de l’empoussièrement et des concentrations est réa-
En cas de défaut, l’employeur est tenu de prendre les mesures lisé par le chef d’établissement selon les modalités suivantes (art. 3
nécessaires pour maintenir le respect des valeurs limites d’exposi- et 4 de l’arrêté du 8 octobre 1987) :
tion professionnelle définies réglementairement, si besoin en arrê-
– dans les locaux à pollution non spécifique, les opérations sui-
tant le recyclage (art. R. 4222-16 du code du travail). En cas de recy-
vantes doivent être réalisées au minimum une fois par an :
clage de l’air, les conditions du recyclage doivent être portées à la
connaissance du médecin du travail, des membres du comité social  contrôle du débit global minimum d’air neuf de l’installation,
et économique. Ces personnes sont également consultées sur toute  examen de l’état des éléments de l’installation (système d’in-
nouvelle installation ou toute modification des conditions de recy- troduction et d’extraction, gaines, ventilateurs) et plus particu-
clage (art. R. 4222-17 du code du travail). lièrement de la présence et de la conformité des filtres de
rechange par rapport à la fourniture initiale (caractéristique,
classe d’efficacité), de leurs dimensions, de leur perte de
Cas de la pollution par les eaux usées charge,
L’atmosphère des locaux de travail et de leurs dépendances  examen de l’état des systèmes de traitement de l’air (humidi-
doit être constamment tenu à l’abri de toute émanation prove- ficateur, batterie d’échangeurs),
nant d’égouts, fosses, puisards, fosses d’aisances ou de toute  lorsque le dossier de valeurs de référence est constitué,
autre source d’infection. Dans les établissements qui déversent contrôle des pressions statiques ou des vitesses d’air aux
les eaux résiduaires ou de lavage dans un égout public ou points caractéristiques de l’installation ;
privé, toute communication entre l’égout et l’établissement
doit être munie d’un intercepteur hydraulique. Cet intercep- – dans les locaux à pollution spécifique, sont réalisées au mini-
teur hydraulique est fréquemment nettoyé, et sa garde d’eau mum tous les ans les opérations suivantes :
assurée en permanence (art. R. 4222-18 et R. 4222-19 du code  contrôle du débit global d’air extrait par l’installation,
du travail).
 contrôle des pressions statiques ou des vitesses aux points
caractéristiques de l’installation, notamment au niveau des
1.2.1.3 Contrôle et maintenance des installations systèmes de captage,
L’employeur est tenu de maintenir l’ensemble des installations  examen de l’état de tous les éléments de l’installation (sys-
(captage, ventilation, recyclage, etc.) en bon état de fonctionne- tème de captage, gaines, dépoussiéreurs, épurateurs, systè-
ment et d’en assurer régulièrement le contrôle (art. R. 4222-20 du mes d’apport d’air de compensation…) ;
code du travail). Il indique dans une consigne d’utilisation les
et au minimum tous les six mois les opérations suivantes, lorsqu’il
dispositions prises pour la ventilation et les mesures à prendre en
existe un système de recyclage :
cas de panne des installations. Cette consigne, établie en tenant
compte, s’il y a lieu, des indications de la notice d’instructions four-  contrôle de la concentration en poussières sans effet spéci-
nie par le maı̂tre d’ouvrage, est soumise à l’avis du médecin du fique ou en autres polluants dans les gaines de recyclage ou
travail et du comité social et économique (art. R. 4222-21 du code à leur sortie dans un écoulement canalisé,
du travail).  contrôle de tous les systèmes de surveillance mis en œuvre.

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Propriétés radiatives des bâtiments


pour le rafraîchissement passif
par Emmanuel BOZONNET
Maître de conférence
La Rochelle Université, LaSIE UMR CNRS 7356 (France)
Maxime DOYA
Chef de projet
TIPEE, Lagord (France)

3
et Christian INARD
Professeur
La Rochelle Université, LaSIE UMR CNRS 7356 (France)

1. Les produits sélectifs froids....................................................................... C 8 129 - 2


1.1 Propriétés radiatives des matériaux sélectifs froids ...................................... — 3
1.2 Vieillissement et performances dans le temps............................................... — 6
1.3 Normalisation des produits sélectifs froids .................................................... — 7
1.4 Les produits sélectifs froids du marché .......................................................... — 10
2. Application pour l’efficacité énergétique du bâtiment
et le traitement des îlots de chaleur urbains ........................................ — 11
2.1 Traitement radiatif de surface – effets directs sur les bâtiments .................. — 12
2.2 Traitement radiatif de surface – effets indirects à l’échelle de la ville .......... — 14
3. Perspectives de développement de nouvelles techniques –
cas des revêtements thermochromes ..................................................... — 17
3.1 Contexte............................................................................................................. — 17
3.2 Les revêtements thermochromes à base de colorant.................................... — 18
3.3 Les revêtements thermochromes sans colorant ............................................ — 19
4. Conclusion....................................................................................................... — 21
5. Glossaire .......................................................................................................... — 22
6. Sigles, notations et symboles.................................................................... — 22
Pour en savoir plus................................................................................................ Doc. C 8 129

e besoin de climatisation des espaces habités s’accroît à la fois de par le


L réchauffement climatique global, mais aussi de par la combinaison de
phénomènes liés à la conception des bâtiments et aux occupants : les Ilots de
Chaleur Urbains (ICU), l’accessibilité croissante des systèmes de climatisation
pour le plus grand nombre, la fréquence accrue des périodes de canicule et
des besoins croissants pour les populations vulnérables.
Avec un scénario de développement moyen de la climatisation de 750 %
dans le résidentiel à 2050, le traitement radiatif des enveloppes bâties présente
une part importante des solutions de rafraîchissement passif ou d’atténuation
des besoins énergétiques des systèmes actifs.
Ce traitement radiatif des éléments d’enveloppe vise à maîtriser les apports
solaires d’été des façades ou toitures directement exposées au soleil. On décrit
ici l’utilisation de matériaux aux propriétés de surface dites « sélectives
Parution : décembre 2019

froides ». Ces matériaux, dont font partie des produits traditionnels utilisés
depuis l’antiquité, sont aujourd’hui caractérisés par des protocoles standar-
disés d’évaluation de leur performance (par exemple en toiture pour les

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PROPRIÉTÉS RADIATIVES DES BÂTIMENTS POUR LE RAFRAÎCHISSEMENT PASSIF ______________________________________________________________

produits dits « cool roofs ») et des normes qui sont plus ou moins bien inté-
grées dans les réglementations thermiques ou environnementales.
Dans cet article, les mécanismes et les normes liés à ces techniques de pro-
duits sélectifs froids sont explicités. De nombreux cas de référence
documentés ont mis en évidence les bénéfices possibles pour la conception
des bâtiments, mais aussi pour la limitation du réchauffement global et des
îlots de chaleur localement.
Les développements récents de nouvelles techniques de traitement des sur-
faces font émerger de nombreuses pistes pour augmenter sensiblement le
potentiel de rafraîchissement passif pour le bâtiment et l’environnement
urbain. Ces techniques innovantes sont prometteuses pour l’adaptation au
changement climatique par leur potentiel d’utilisation en façade ou en toiture
pour les sites urbains denses. Ainsi, les produits colorés cool, les rétro-
réflectifs, les électrochromes, les thermochromes, les fluorescents, et de
nombreuses autres alternatives ou combinaisons sont abordés ici.

3
1. Les produits sélectifs limitation de l’absorption d’énergie solaire est la technique la plus
directe pour le rafraîchissement passif des espaces intérieurs, mais
froids aussi une technique d’urbanisme pour limiter les îlots de chaleur
urbains. Dans une moindre mesure, les couleurs claires comme les
pigments colorés éclaircis à l’aide de pigments blancs sont aussi uti-
L’utilisation de revêtements clairs pour traiter les habitations lisées avec des performances honorables. C’est donc une solution
des pays chauds afin d’améliorer le confort thermique des de rafraîchissement passif peu contraignante en termes de mise en
occupants, tel que le blanc de chaux qui est un exemple de maté- œuvre, de rénovation ou de conception, car elle peut être réalisée à
riau sélectif froid, est une pratique traditionnelle et toujours l’aide d’une simple couche de peinture notamment.
actuelle pour les populations locales du pourtour méditerranéen,
d’Afrique, d’Amérique centrale et du Moyen Orient (figure 1). De façon générale, les produits sélectifs froids sont redéfinis ici
à partir des bilans radiatifs et de leurs propriétés radiatives qui
Ces revêtements blancs présentent la capacité quasiment maxi- concernent à la fois l’absorption du spectre solaire et leur capacité
male à réfléchir le rayonnement solaire dans le spectre visible. La à émettre la chaleur par rayonnement dit « infrarouge » dans le

Figure 1 – Vues de villages traditionnels (Grèce)

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_______________________________________________________________ PROPRIÉTÉS RADIATIVES DES BÂTIMENTS POUR LE RAFRAÎCHISSEMENT PASSIF

spectre des grandes longueurs d’onde. Des méthodes d’évalua- on pourra se référer à des articles plus généraux sur les phénomènes de transfert ou la
thermique du bâtiment (voir le Pour en savoir plus, section « À lire dans nos bases »).
tion spécifiques et de nouveaux produits ont été développés. De
plus, cela a eu pour résultat d’inclure le traitement radiatif de
l’enveloppe des bâtiments dans certaines normes dédiées à l’effi- Un matériau sélectif froid a des propriétés radiatives lui
cacité énergétique des bâtiments. permettant à la fois de limiter au maximum les apports de
Les produits sélectifs froids peuvent être appliqués à toutes les chaleur par rayonnement et de réémettre la chaleur par rayon-
surfaces urbaines et plus spécifiquement à toutes les parties expo- nement.
sées au soleil. Ce chapitre aborde le sujet par l’exemple des toi- Sa capacité à réfléchir le rayonnement solaire est appelée
tures qui ont été les premières à avoir été étudiées de manière facteur de réflexion solaire ou albédo. Cette quantité notée ρSOL
approfondie. a une valeur qui varie de 0 à 100 %. Sa capacité à émettre la cha-
leur par rayonnement infrarouge lointain est appelée émissivité
thermique. Cette quantité notée εIR varie entre 0 et 1. La valeur 1
1.1 Propriétés radiatives des matériaux est celle du corps noir c’est-à-dire un « émetteur » parfait.
sélectifs froids Ces deux caractéristiques radiatives, facteur de réflexion solaire
et émissivité thermique, doivent être maximales pour un matériau
sélectif froid afin de limiter l’échauffement dû à l’absorption du
1.1.1 Bilan thermique d’une toiture sélective rayonnement solaire visible et à maximiser l’émission thermique
froide
3
dans le domaine infra-rouge qui refroidit la surface.

Le bilan thermique d’une surface extérieure de toiture (figure 2),


élément d’enveloppe opaque, permet d’identifier les différents Pour un éclairement solaire (figure 2) noté ESOL en W/m2, la
termes d’échange radiatif pour concevoir un revêtement dit part absorbée par la toiture dépend donc de son albédo ρSOL et
« sélectif froid ». s’exprime par . On vérifie donc bien que, plus la
Le rayonnement solaire total incident est en partie réfléchi par valeur de l’albédo est élevée, moins l’énergie solaire est absorbée
la surface opaque de la toiture. La paroi étant opaque, la part non par la surface.
réfléchie est absorbée par la toiture ce qui constitue ici la princi- La toiture à température de surface notée TS [K] émet un rayon-
pale source de chaleur. La température de surface d’une toiture
nement infrarouge dans le domaine des grandes longueurs
sombre ensoleillée peut aller au-delà de 70 °C et le flux de chaleur
se dissipe alors vers les sources froides : d’onde proportionnel à et à son émissivité thermique εIR, soit
– conduction thermique dans le matériau qui constitue une avec σ la constante de Stefan Boltzmann.
charge thermique pour un bâtiment climatisé ;
– émission d’un flux radiatif dans le domaine des infrarouges L’environnement émet également un rayonnement infrarouge
lointains généralement positif vers la voûte céleste de température vers la toiture. Ce rayonnement au-dessus d’une toiture est équi-
apparente très faible surtout par ciel clair ; valent au rayonnement d’une surface à température TCIEL [K] qui
– échange convectif avec l’air environnant qui contribue en parti- est généralement très faible pour un ciel clair. D’après la loi de
culier au réchauffement de l’environnement proche du bâti. Kirchhoff, le facteur d’absorption du rayonnement de la surface
est égal à son émissivité. Donc, pour le rayonnement infrarouge
Nota : les notions de transfert radiatif rappelées dans cet article sont limitées aux lointain émis par la voûte céleste, la part absorbée par la toiture
rappels nécessaires à la compréhension des techniques présentées dans la suite. Pour
plus de détails sur les termes de transfert thermique liés en particulier au rayonnement, peut s’exprimer par . Le rayonnement infrarouge net

Rayonnement solaire Rayonnement infrarouge Convection

TCIEL [K] Température


Équivalente de ciel

E
SO
L
E PERTES PERTE
IR HI
LA ÉC RADIATIVES PAR
SO ÉFL IR NETTES TAIR [K]
CONVECTION
R

L
E SO Température
L TS [K] de surface T S [K]
ρ SO
SO

(1

Toiture
-ρS
L AI

O
RE

L
)E S
AB

O
L

Conduction thermique
SO
RB
É

Figure 2 – Représentation simplifiée des différents termes du bilan thermique d’une toiture et des fractions radiatives solaire et infrarouge lointaine

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PROPRIÉTÉS RADIATIVES DES BÂTIMENTS POUR LE RAFRAÎCHISSEMENT PASSIF ______________________________________________________________

dissipé par la toiture est donc égal à la différence entre la part


émise par la toiture et la part absorbée issue du ciel soit :
1,0

Intensité solaire normalisée [ - ]


On vérifie bien que, plus l’émissivité thermique εIR est élevée, plus 0,8
Ultraviolets 5 %
le flux net radiatif sera élevé. De plus, ce flux net radiatif sera positif Visibles 43 %
traduisant un refroidissement de la toiture si TCIEL est inférieure à TS, 0,6 Proches Infrarouges 52 %
ce qui est généralement le cas pour une surface exposée au soleil.

0,4
Pour des toitures traditionnellement sombres, par exemple en
terre cuite ou avec une étanchéité bitume, il est courant de
mesurer des températures de surface supérieures à 60 °C. L’uti- 0,2

lisation de matériaux de revêtement possédant à la fois un coef-


ficient de réflexion solaire et une émissivité thermique élevés 0,0
permet de réduire fortement ces températures. Ainsi, les réduc- 250 500 750 1 000 1 250 1 500 1 750 2 000 2 250 2 500
tions de température observées peuvent être supérieures à Longueur d’onde [nm]

3
40 °C, ce qui permet de rapprocher la température de surface
des toitures du niveau de la température de l’air extérieur. Figure 3 – Intensité solaire spectrale normalisée par sa valeur
à 496 nm selon ASTM G 173

1.1.2 Facteur de réflexion solaire (ou albédo)


1.1.2.2 Définition de l’albédo
La définition d’une valeur d’albédo pour un matériau est en réalité
relativement complexe car sa capacité à réfléchir le rayonnement
solaire dépend de la définition du spectre du rayonnement solaire L’albédo d’une surface noté ρSOL représente la capacité de la
par longueur d’onde. Elle dépend également des variations des pro- surface à réfléchir l’éclairement solaire total à savoir les
priétés du matériau sur l’étendue du spectre solaire de référence. composantes diffuse et spéculaire. Cette valeur correspondant
à l’ensemble du spectre solaire s’obtient par l’intégration des
1.1.2.1 Répartition spectrale du rayonnement solaire facteurs de réflexion monochromatiques pondérés par les
valeurs spectrales de l’éclairement solaire.
À la surface terrestre, la répartition spectrale de l’énergie solaire
est distribuée en général à plus de 99 % entre les longueurs
d’onde 300 et 2 500 nm. Ce domaine de longueurs d’onde généra-
L’albédo ρSOL peut donc se calculer à partir de la mesure du fac-
lement nommé « courtes longueurs d’onde » peut être subdivisé
teur de réflexion monochromatique noté ρλ et de l’éclairement
en trois sous-domaines pour les applications liées au bâtiment :
solaire Eλ (figure 3) selon l’équation suivante (équation (1)).
– ultraviolet (UV) ;
– visible (VIS) ;
– proche infrarouge (PIR ou NIR en anglais pour Near Infrared).
(1)
■ Le rayonnement ultraviolet, invisible pour l’œil humain, est divisé
en UVB (280-315 nm) et en UVA (315-380 nm). Ce dernier, très éner-
gétique peut être à l’origine de cancers de la peau. La lumière est le
rayonnement électromagnétique visible par l’œil humain à l’origine En pratique, le domaine d’intégration entre les longueurs
de la vue. Le rayonnement visible est compris entre 380 et 780 nm, d’ondes λS0 et λS1 dépend des limites du spectre solaire utilisé
soit le domaine pour lequel la plupart des personnes perçoivent cor- comme référence, par exemple de 300 nm à 2 500 nm. La valeur
rectement le rayonnement sous forme lumineuse. de l’albédo varie entre 0 et 1 ou 0 et 100 %. La valeur 0 corres-
pond au corps noir qui absorbe tout le rayonnement qu’il reçoit et
■ À partir de 700 nm, on commence à parler de rayonnement la valeur 1 à une surface qui réfléchit tout le rayonnement qu’elle
proche infrarouge. La Commission Internationale de l’Éclairage (CIE) reçoit.
divise l’infrarouge en trois sous-domaines : IR-A (0,7 – 1,4 μm) aussi
appelé « proche infrarouge », IR-B (1,4 – 3,0 μm) aussi appelé « infra- Pour des applications particulières, il peut être utile d’évaluer
rouge court », et IR-C (3 – 1 000 μm). Cependant, pour la prise en une fonction de distribution du facteur de réflexion bidirectionnel
compte du rayonnement solaire dans les études liées à l’énergé- (BRDF). C’est le cas des rues canyons qui sont de véritables
tique du bâtiment, la dénomination « proche infrarouge » est géné- pièges à rayonnement et où la composante réfléchie doit être
ralement associée à l’ensemble des longueurs d’onde infrarouges maximisée afin que le rayonnement solaire ne pénètre pas dans la
du rayonnement solaire à savoir de 700 à 2 500 nm. Il en est de rue et ne soit presque entièrement absorbé par inter-réflexions
même en astronomie. entre les surfaces urbaines [1].
■ Ainsi, la norme américaine ASTM G173-03 définit un spectre solaire
de référence (figure 3) qui est utilisé dans la définition de l’albédo des
toitures par différentes normes telles que l’ASTM E903-12. 1.1.3 Émissivité thermique

Les bandes de longueur d’onde du rayonnement solaire et de


Plus de la moitié du rayonnement solaire est dans le domaine l’infrarouge lointain étant disjointes, les coefficients de réflexion
des proches infrarouges et donc invisible à l’œil humain. Ainsi, solaire et d’émissivité thermique sont deux propriétés radiatives
la couleur perceptible d’une surface ne donne pas forcément indépendantes du matériau. En effet, le rayonnement émis par
une bonne indication sur la valeur même approximative de une surface à température ambiante est presque totalement
l’albédo d’une surface ensoleillée. Plus précisément, la distribu- compris dans l’infrarouge dit « lointain » à savoir entre 4,8 et
tion de l’énergie solaire est de 5 % dans les UV, de 43 % dans le 41 μm pour une surface à 300 K, alors que le rayonnement solaire
visible et de 52 % dans les proches infrarouges. à la surface de la Terre, tel que défini par les spectres de référence

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(figure 3), est compris dans un domaine de longueurs d’onde


compris entre 0,3 et 2,5 μm.
Coefficient de réflexion solaire [ - ]
L’émissivité thermique noté εIR dite aussi « émissivité infra- 1,0
1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0
rouge » représente la capacité de la surface à réémettre la cha- Peinture
Brique rouge Goudron et gravier
Asphalte
blanche pour toiture neuve
leur absorbée sous forme de rayonnement dans les grandes 0,9
Toiture
Toitture
végétalisée
végé
vég
égétalilissée sable
longueurs d’onde ou infrarouges lointains. Cette valeur est Plâtre Peinture
Peinture noire
blanc vert clair Béton
obtenue sur l’ensemble du spectre d’émission en intégrant la 0,8 clair

Émissivité thermique [ - ]
Tuile fibro-ciment
valeur monochromatique de l’émissivité pondérée par l’émit- Toiture galvanisée
tance du corps noir à la même température. 0,7 à la chaux
Bois de pin
Peinture aluminium
0,6 vieillie

La valeur de l’émissivité thermique εIR peut donc se calculer à Peinture aspect


0,5 bronze
partir des valeurs monochromatiques ελ selon l’équation suivante
(équation (2)). 0,4
Cuivre terni
Peinture aluminium
neuve
0,3 Acier inoxydable

3
Profil galvanisé
301, 316 oxydé
(2)
0,2 Profil galvanisé
Feuille neuf
d’aluminium
0,1
L’émittance du corps noir dépend de sa température polie Cuivre Feuille
poli d’aluminium
de surface TS et l’intégration se fait sur le domaine des infra- 0
rouges lointains à savoir de λIR0 à λIR1. 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

Coefficient d’absorption solaire [ - ]


L’émissivité thermique d’une surface est généralement détermi-
née par les propriétés du matériau sur une très fine couche
externe de quelques dixièmes de millimètre. L’état de surface et la Figure 4 – Classification des matériaux selon leurs valeurs d’émissi-
rugosité ont une influence et, généralement, εIR croît avec la rugo- vité thermique et de coefficient de réflexion solaire
sité. Cette influence est d’autant plus marquée que εIR est faible.
Si les imperfections de la surface sont plus petites que la longueur
d’onde considérée, alors le matériau est dit « optiquement lisse ». Un matériau de toiture sélectif froid a des caractéristiques radia-
Cependant, l’état de surface n’est pas uniquement fonction du tives superficielles lui permettant de conserver une surface expo-
polissage. Il peut varier suivant la préparation du matériau ou sée au rayonnement solaire plus froide. Puisqu’une importante
encore suivant l’oxydation pour un métal. En effet, un métal poli a partie de l’énergie solaire est contenue dans des longueurs
typiquement une faible émissivité thermique mais, si l’épaisseur d’ondes invisibles, un revêtement avec un fort albédo n’est donc
de métal oxydé atteint plusieurs micromètres, la couche d’oxyde pas uniquement une surface de teinte claire mais elle doit être éga-
devient opaque et le substrat métallique n’a plus d’influence sur lement capable de réfléchir l’énergie sur l’ensemble du spectre
l’émission thermique de la surface qui devient alors celle d’un solaire. Une surface blanche d’un revêtement élastomère a un fort
matériau mat à émissivité plus élevée. coefficient de réflexion solaire à la fois dans le domaine visible et
proche infrarouge ce qui peut donner une valeur de l’albédo de
1.1.4 Matériaux sélectifs froids usuels l’ordre de 0,85. Le dioxyde de titane utilisé comme pigment dans
les élastomères est responsable de la couleur et de la forte réflecti-
vité dans le visible. La réflectivité décroit graduellement avec les
1.1.4.1 Classification des matériaux selon leur albédo longueurs d’onde en raison de la présence de liaisons C-H et de la
et leur émissivité thermique
vibration de l’atome d’hydrogène dans le revêtement élastomère
En fonction du matériau en surface et de son état, les valeurs de (organique).
l’albédo et de l’émissivité thermique permettent de classer les
matériaux. Ce classement se fait en considérant les matériaux L’augmentation de l’albédo peut cependant se concevoir par un
sélectifs froids avec des valeurs proches de 1 pour l’émissivité traitement par bande de longueur d’onde dans l’étendue du spectre
thermique et l’albédo et les matériaux sélectifs chauds avec des solaire en distinguant la bande spectrale visible pour l’aspect coloré
valeurs proches de 0 pour ces mêmes grandeurs. Cette distribu- de la bande des proches infrarouges. Pour obtenir ces valeurs, les
tion, représentée à la figure 4 pour des matériaux courants, per- mesures pour des surfaces homogènes peuvent être réalisées par
met de situer le potentiel des matériaux dits « sélectifs froids ». spectrophotomètre à sphère intégrante (figure 5) ou par mesures
in-situ du rapport de l’éclairement solaire incident et réfléchi pour
Pour des applications traditionnelles en construction, l’émissivité des surfaces irrégulières par exemple.
thermique d’une surface est habituellement supérieure à 0,80-0,85 et
souvent proche de 0,90, sauf pour les couches composées de Des mesures effectuées en laboratoire (figure 5) pour un revête-
métaux ou particules métalliques telles que les bardeaux en alumi- ment de façade classique de couleur marron et un produit sélectif
nium. Les métaux purs présentent des émissivités thermiques com- froid de même couleur et dit « coloré cool » montre la différence
prises entre 0,2 et 0,6 en fonction de leur état de surface. Les de distribution des valeurs de l’albédo. Le revêtement coloré cool
revêtements métalliques à fort albédo ne sont donc pas des maté- respecte la colorimétrie d’un revêtement classique. Ceci explique
riaux sélectifs froids du fait de leur faible émissivité thermique. sa faible réflectivité pour le rayonnement visible. Par contre, la
réflectivité spectrale dans la partie non visible des proches infra-
1.1.4.2 Matériaux sélectifs froids colorés (cool-colored) rouges est maximale ce qui permet d’avoir une couleur marron
sombre avec une valeur de l’albédo plus de deux fois supérieure à
L’utilisation de matériaux à fort albédo est traditionnellement la version classique du même revêtement soit 0,381 au lieu de
associée à l’utilisation de revêtements blancs dont la généralisa- 0,145 [2]. La valeur de l’albédo utilisée ici ne doit donc pas se limi-
tion peut être contestée par des contraintes architecturales ou des ter à une simple valeur forfaitaire basée sur la couleur comme
règles d’urbanisme. L’analyse des propriétés radiatives a permis dans la réglementation RT2012 [3]. Elle est ici calculée sur la base
le développement de nouveaux produits sélectifs froids colorés. d’une intégration et d’une pondération sur le spectre solaire de

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nécessaire d’adopter des procédures expérimentales spécifiques.


Les procédures expérimentales les plus couramment utilisées
pour déterminer le vieillissement des propriétés des matériaux de
100 couverture de toiture sont :
Marron standard ρ SOL = 0,145
ρ SOL = 0,381 – le vieillissement naturel normalisé (voir § 1.2.1.1) ;
Coefficient de réflexion

Marron sélectif froid


80 ρ SOL = 0,044
Noir – les processus de vieillissement accéléré (voir § 1.2.1.2).
spectral [%]

60
1.2.1.1 Méthodes de vieillissement naturel
40
UV Visible 43 % PIR 52 % Le vieillissement naturel consiste à exposer les échantillons aux
20
conditions extérieures incluant l’ensoleillement direct et autres
évènements météorologiques. Il existe à travers le monde un
0 nombre de sites appelés « fermes de vieillissement » qui pré-
300 400 500 600 700 800 1 200 1 600 2 000 2 400
sentent chacun des conditions climatiques différentes et qui
Longueur d’onde (nm) peuvent être utilisés pour évaluer la durabilité des matériaux. Des
éléments tels que l’angle d’exposition au soleil affectent considé-
rablement les résultats et doivent être clairement définis par les
Figure 5 – Mesures spectrophotométriques des revêtements colorés normes d’essai. Lors des évaluations de l’exposition naturelle, il

3
cools est important de surveiller tous les problèmes environnementaux
tels que ceux liés aux conditions météorologiques ou aux concen-
trations des polluants atmosphériques.
référence normalisé par ciel clair (figure 5). L’utilisation de diffé- Les caractéristiques radiatives des matériaux de toitures sont
rents spectres solaires normalisés peut modifier légèrement la ainsi définies avant et après vieillissement normalisé (norme
valeur obtenue pour ces coefficients [4]. ASTM G7) par le comité américain Cool Roof Rating Council
Ces produits à fort albédo proposés pour le rafraîchissement (CRRC – https://coolroofs.org/). Trois fermes de vieillissement sont
passif doivent aussi présenter une forte valeur de l’émissivité agréées par le CRRC aux États-Unis. Elles sont représentatives de
thermique afin de favoriser le rafraîchissement nocturne. Cela doit trois régions climatiques et de différentes expositions à la pollu-
se traduire par une augmentation de l’absorptivité au-delà de tion atmosphérique. Il s’agit de Phoenix en Arizona, de Miami en
5 μm, ce qui dans ce cas est observé dès 2 400 nm (figure 5). Floride et de Youngstown en Ohio. Un processus similaire a été
développé à l’échelle européenne par le Comité Européen des
Cool Roofs (ECRC) avec les sites de Sanary-Sur-Mer en France et
Le développement de produits sélectifs froids colorés per- de Modène en Italie. Le premier est représentatif d’un climat
met de répondre à des exigences de conception architecturale méditerranéen suivant la classification Köppen et Geiger, alors
ou de règles d’urbanisme tout en contribuant au rafraîchisse- que le second est un climat océanique modéré suivant la même
ment passif de l’enveloppe des bâtiments. classification. Les méthodes d’exposition suivies correspondent
aux normes ISO 877-1 et ISO 2810.

1.2.1.2 Méthode de vieillissement artificiel accélérée


1.2 Vieillissement et performances
dans le temps Pour permettre une caractérisation plus rapide des produits du
marché, des méthodes de vieillissement artificiel accéléré ont été
Afin d’évaluer la performance à long terme des matériaux sélec- développées. La norme ASTM D7897-15 propose une méthode
tifs froids utilisés pour l’enveloppe des bâtiments, il est important pour simuler le résultat de 3 années de vieillissement naturel en
de connaître les valeurs « vieillies » du facteur de réflexion solaire laboratoire. Le protocole implique la pulvérisation et le séchage
et de l’émissivité thermique. En effet, ces propriétés radiatives, très de composés chimiques et organiques tels que suies, sels, pous-
dépendantes de l’état de surface, peuvent varier fortement dans le sières d’oxydes métalliques, etc. La méthode utilisée est celle
temps en raison de leur exposition aux conditions climatiques. retenue par l’ANSI/CRRC S100 pour évaluer les performances des
toitures sélectives froides à 3 ans.
La réduction des valeurs du facteur de réflexion solaire due au
vieillissement entraîne une augmentation significative des Ce protocole découle des travaux de Sleiman et al. [7] qui ont
consommations d’énergie pour la climatisation des bâtiments. Le étudié des échantillons provenant de la base de données du CRRC
vieillissement des matériaux est causé par deux processus : l’éro- et qui en ont adapté les compositions et proportions des produits
sion et la salissure. L’impact de l’érosion et de l’encrassement sur pulvérisés pour obtenir un vieillissement accéléré équivalent à
l’albédo ont été étudiés dans de nombreuses publications. chaque site de vieillissement naturel.
La pulvérisation de composés pour l’encrassement artificiel est
Le phénomène d’érosion est plus ou moins accéléré par les
entrecoupée de cycles de vieillissement avec un appareil qui
intempéries, l’exposition au rayonnement solaire, les fluctuations
expose les matériaux à des cycles alternés de rayons ultraviolets
de température et d’humidité, les cycles de gel/dégel et l’effet de
et de températures élevées associés à une pulvérisation d’eau.
l’érosion mécanique due au vent [5] [6]. Le rayonnement UV a un
Des lampes fluorescentes UVA-340 sont utilisées pour simuler les
effet sur les liens entre les atomes de carbone et d’hydrogène des
photons de haute énergie du soleil.
molécules organiques
Le mécanisme de salissure intègre le dépôt de polluants atmos-
phériques, par exemple les suies telles que les oxydes de carbone 1.2.2 Garanties de performance et nettoyage
noir, les poussières et les particules qu’elles soient organiques ou Pour l’utilisation de matériaux sélectifs froids dans la construc-
inorganiques, ainsi que la contamination microbiologique (cyano- tion, il est important de prendre en compte les propriétés de la sur-
bactéries, champignons, algues). face neuve mais aussi son évolution à long terme. Le regain
d’albédo par nettoyage des surfaces a été évalué sur 15 échantil-
1.2.1 Méthodes de vieillissement normalisées lons de membranes de toiture constituées de chlorure de polyvi-
nyle, blanches ou gris clair, prélevés sur des toitures vieilles de 5 à
Afin de pouvoir évaluer de manière précise et rigoureuse les 8 ans [9]. Les échantillons salis par l’exposition présentent une
performances au vieillissement des produits sélectifs froids, il est perte de leur albédo allant de 11 à 59 %. Les techniques de

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Traitement de l’air et climatisation


Généralités
par André BAILLY
Directeur du laboratoire de la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)
Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon
Conseiller technique CIAT
Emmanuel RUTMAN
Ingénieur de l’École catholique d’arts et métiers de Lyon
Responsable de l’équipe Confort du laboratoire CIAT 3
et Claude TERNANT
Ingénieur de l’École des hautes études industrielles de Lille (HEI)
Ancien responsable du département Assistance technique de CIAT

1. L’homme et son environnement ........................................................... BE 9 270 - 2


2. Le confort : conditions et indicateurs ............................................... — 5
3. Les différents systèmes de climatisation ......................................... — 11
4. Objectifs du traitement d’air ................................................................ — 13
5. Réponse de la communauté professionnelle ................................... — 15
Notations et symboles .................................................................................... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 274

L e maintien des conditions d’ambiance d’un local a plusieurs buts :


— satisfaire les exigences de confort d’occupation ;
— satisfaire les exigences d’un procédé de fabrication ou d’un laboratoire ;
— assurer la conservation des bâtiments, l’humidité et le froid dégradant
rapidement les murs et toitures.
Le traitement de l’air ne se limite pas au maintien d’une température ambiante.
Beaucoup d’autres facteurs peuvent être pris en compte tels que l’hygrométrie,
la qualité de l’air, le niveau sonore, la précision et la stabilité des paramètres,
l’esthétique, la diffusion d’air...
Il fait appel à de nombreuses technologies et requiert les connaissances de
spécialités aussi différentes que la thermique, l’hydraulique, l’aéraulique,
l’acoustique, la filtration, la chimie, l’informatique, l’automatique, la régulation,
la métrologie.
L’ère primaire du simple chauffage est révolue. L’être humain aspire à un
confort thermique, acoustique, lumineux et de qualité d’air. La climatisation par
le traitement d’air répond à ces nouvelles exigences.
Avant de développer les différents aspects du traitement d’air, les différentes
notions de confort, de pollution de l’air et leurs effets sur l’homme seront rappe-
lés, les composants rencontrés en traitement d’air seront indiqués.
Ce n’est pas un catalogue de solutions types, mais un exposé des bases de
sélection et de calcul afin d’aider le lecteur à concevoir les climatisations par trai-
tement d’air de la plus simple à la plus complexe.
Parution : janvier 2001

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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

Cet exposé se compose de 4 articles


[BE 9 270] Traitement de l’air et climatisation. Généralités
[BE 9 271] Traitement de l’air et climatisation. Les composants et leurs fonctions
[BE 9 272] Traitement de l’air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques
[BE 9 273] Traitement de l’air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques
complétés par un fascicule de documentation :
[Doc BE 9 274] Traitement de l’air et climatisation. Pour en savoir plus.

1. L’homme ■ Les mécanismes comportementaux rassemblent les données qui


font de l’homme un animal difficilement quantifiable et souvent
et son environnement imprévisible.
Exemple : les vêtements servent aussi bien d’atours à une femme
magnifique, qu’ils permettent à un corps parfois disgracieux de se

3
dérober au regard d’autrui. Par ailleurs nous les utilisons dans un souci
1.1 Ajustements thermiques du corps de confort thermique.
humain avec son milieu
■ Les mécanismes végétatifs rassemblent les moyens de régu-
lation du corps humain. En effet, la valeur de consigne est en perma-
L’homme est un homéotherme. Il maintient sa température nence comparée aux informations nerveuses issues des récepteurs
interne constante quel que soit son environnement, indépendam- cutanés chauds et froids et à celles des récepteurs thermiques des
ment de sa propre production de chaleur. Cela garantit l’intégrité
sites centraux.
des fonctions vitales de son organisme.
Pour maintenir l’homéothermie, nous devons avoir égalité entre Pour illustrer ces mécanismes végétatifs, nous avons rassemblé
la création de chaleur à l’intérieur du corps et les échanges avec dans le tableau 1 :
l’environnement.
— les sensations (température et confort) progressives d’un
Cette chaleur est due principalement à l’oxydation des aliments, homme sédentaire soumis à une exposition prolongée aux diverses
éventuellement complétée par des apports externes. Elle est égale-
conditions thermiques considérées ;
ment (dans une moindre mesure) influencée par les coefficients de
conductance des divers tissus traversés et par les débits sanguins — les réactions de son organisme concernant son comportement
locaux [1]. physiologique et son état de santé [2].
Le bilan enthalpique du corps peut s’exprimer par la relation :

L = M + W + R + (C + Cres) + (Eres + Ediff + Esud)


1.2 L’homme et les sons
avec L charge thermique (W/m2),
M métabolisme (met ou W/m2),
Nous devons toujours garder à l’esprit que le mot « son » désigne
W travail extérieur (W/m2),
à la fois la vibration physique qui éveille la sensation et la sensation
R rayonnement thermique (W/m2), elle-même. Le son qui traduit une notion de type objectif :
C convection thermique (W/m2), — est un phénomène physique d’origine mécanique, les fluctua-
Cres convection respiratoire (W/m2), tions rapides de la pression de l’air au niveau de nos oreilles engen-
drant une sensation auditive ;
Eres évaporation respiratoire (W/m2),
— exprime le côté difficilement quantifiable et souvent imprévisi-
Ediff évaporation par diffusion d’humidité à travers la ble de l’homme ;
peau (W/m2),
— agit d’une manière subjective qui se traduit par une perception
Esud évaporation par sudation (W/m2). de ce son au niveau du cerveau humain.

Les valeurs ci-dessus sont comptées positives lorsqu’elles ■ Réaction de l’oreille humaine
augmentent la charge thermique du corps et négatives
lorsqu’elles diminuent la charge thermique. La réaction de l’oreille humaine est proportionnelle au logarithme
de la pression acoustique. L’ordre de grandeur de l’amplitude des
sensations est de 106 ; il s’agit donc d’une valeur inadaptée à une
Nota : pour la définition de chacun de ces termes, le lecteur pourra se reporter à l’article
Confort thermique [BE 9 085] de ce traité [33]. échelle linéaire. La sensibilité de l’oreille varie suivant les fréquen-
ces. Ainsi, l’homme est très vulnérable aux moyennes fréquences et
Ainsi, depuis la nuit des temps, l’homme a su évoluer et s’adapter
peu sensible aux basses et fortes fréquences [3]. Le psychoacousti-
à son milieu. L’homme moderne n’échappe pas à la règle. Pour
maintenir notre température interne constante, nous mettons en cien ne cherche pas à connaître les secrets de la physiologie de
œuvre des processus comportementaux et végétatifs de thermo- l’audition mais recherche plutôt la fonction de transfert entre les sti-
régulation. mulus et les sensations perçues.

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__________________________________________________________________________________________________ TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION

(0)

Tableau 1 – Sensations de température et de confort, et mécanismes végétatifs


Sensation
Comportement physiologique Conditions de santé
Température Confort
d Réchauffement rapide et dangereux du corps Collapsus thermique : trouble
Insupportable Insupportable
d Défaillance de la régulation thermique de la circulation
d Transpiration
d Vasodilatation d Danger des coups de chaleur
Très chaud Très inconfortable d Coup de chaleur d Troubles cardio-vasculaires
d Fatigue

Chaud Inconfortable Même comportement que ci-dessus se réduisant avec la diminution


Assez chaud Assez inconfortable de la sensation de chaud

Régulation normale par transpiration Limite du danger des coups

3
Légèrement chaud Légèrement inconfortable et échange vasculaire de chaleur
État thermique neutre À l’aise Zone de régulation vasomotrice normale État de santé et d’équilibre normal
d Augmentation des pertes de chaleur sensible Début d’affectation
Légèrement frais Assez confortable d Nécessite un vêtement plus isolant par assèchement de la peau
ou une activité accrue et déshydratation des muqueuses
dAugmentation des pertes de chaleur sensible
Passablement frais Un peu inconfortable dNécessite un vêtement plus isolant ou une Affectation accrue
activité accrue par assèchement de la peau
Vasoconstrictions dans les mains et déshydratation des muqueuses
Froid Inconfortable et dans les pieds
dDouleurs musculaires
Très froid Très inconfortable Frissonnements dAltération de la circulation
périphérique

■ Propagation du son dans l’oreille finalité est conditionnée par plusieurs facteurs dont les plus impor-
Le cerveau humain, à travers ce capteur spécialisé, peut acquérir tants sont :
un signal lié au transfert d’énergie d’une vibration acoustique — le type de polluant ;
aérienne sur neuf octaves et une échelle dynamique de plus de
120 dB. Le processus de propagation du son peut se décomposer en — la concentration ;
sept étapes : — la morphologie de l’individu ;
— une source sonore émet un train d’ondes ;
— le pavillon capte ces ondes ; — la durée de l’exposition.
— le canal auditif externe joue le rôle de résonateur à la fré-
quence de 3 000 Hz ; ■ Polluants gazeux
— au niveau du tympan nous pouvons observer un gain de 10 à
12 dB à 3 000 Hz et une perte d’environ 3 dB à 7 000 Hz ; Nous avons rassemblé, dans le tableau 2, les polluants gazeux
— la chaîne des osselets se met à vibrer ; avec leurs principales sources connues.
— cette vibration provoque alors l’apparition d’une force qui, en
(0)
agissant sur la membrane séparant l’oreille moyenne du vestibule,
va créer une pression. Celle-ci est de 10 à 30 fois supérieure, suivant
les fréquences, à la valeur de la pression de l’onde sonore au niveau Tableau 2 – Sources de polluants gazeux
du pavillon ;
— les vibrations transmises à l’oreille interne provoquent l’appa- Polluant Source
rition d’influx nerveux qui, par l’intermédiaire du nerf auditif, vont
renseigner le cerveau. Atmosphère, moteurs
Monoxyde de carbone (CO) thermiques, cigarettes,
chaudières
Hommes, atmosphère,
1.3 Les polluants Dioxyde de carbone (CO2)
combustion
Atmosphère, moteurs
Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), un polluant est Oxydes d’azote (NOx ) thermiques, cigarettes,
tout ce qui est susceptible d’altérer la qualité de l’air en nuisant au chaudières
bien-être physique, moral et social, donc à la santé. Au vu du nom- Dioxyde de soufre (SO2) Atmosphère, combustion
bre important d’éléments en jeu et de la complexité de l’être
humain, il n’existe pas pour l’instant de norme définissant un air Formaldéhyde (HCHO) Matériaux de construction,
cigarettes
sain. Nous devons toujours garder à l’esprit que certains polluants
peuvent entraîner, à plus ou moins long terme, des risques pour Ozone (O3) Équipement d’éclairage,
l’homme pouvant parfois provoquer la mort. Bien entendu, cette photocopieurs

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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

■ Micro-organismes ■ Fièvre de Pontiac


Les principales causes de prolifération des micro-organismes À l’instar de la légionellose, elle se traduit par une affection béni-
sont : gne de type pseudogrippal. La première épidémie a eu lieu en 1968
à Pontiac dans le Michigan.
— une hygrométrie importante ;
— une température élevée ; ■ Syndromes toxiques
— un milieu nutritif approprié. Sous ce vocable sont regroupés les effets pouvant être mortels
pour l’homme. Nous retrouvons :
Nous pouvons citer parmi ces micro-organismes les levures, les
champignons et les bactéries. Un milieu chaud, humide et empous- — les intoxications oxycarbonées, le CO étant un puissant inhibi-
siéré est un véritable « paradis » pour ces polluants. teur de l’oxygénation des tissus. Il existe heureusement certains
symptômes d’alerte à une intoxication oxycarbonée, en particulier
■ Radon maux de têtes, troubles digestifs, vertiges et fatigue ;
— le saturnisme : le plomb, élément présent dans les peintures
Le radon est un gaz radioactif lié à la désintégration du radium. utilisées à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, est responsa-
Cet élément naturel est situé dans le sol, les roches et l’eau. Il peut ble de cette maladie.
être à l’origine du cancer de la thyroïde.
■ Syndrome des bâtiments malsains
Ce polluant pénètre dans les bâtiments par diffusion et convec-

3 tion. Dans l’atmosphère, il va se désintégrer. La concentration du Contrairement aux effets traités précédemment, nous abordons
ici un syndrome non spécifique. Il est plus connu sous son appella-
radon est exprimée en becquerels par m3 (Bq/m3). Ses résidus de tion anglaise, Sick Building Syndrome (SBS). Depuis la fin des
désintégration sont exprimés en working level (WL). années 1970, les occupants des bureaux climatisés des IGH (immeu-
Nota : le Working Level est la mesure des résidus de désintégration du radon. La valeur ble de grande hauteur) se plaignent, entre autres, de troubles respi-
1 WL représente toute combinaison de résidus de radon éphémère dans un litre d’air qui ratoires, de manifestations oculaires, cutanées, neuropsychiques et
résulte d’une émission résiduelle de 1,3 x 105 MeV d’énergie potentielle α.
digestives. Ces troubles provoquent une sensation d’inconfort bénin
Un WL est généralement égal à environ 200 pCi/L (picocuries par litre d’air). mais permanent.
Pour information, nous pouvons citer l’Atomic Energy Control Les facteurs de développement du SBS :
Board (Canada) qui a fixé deux seuils : — sont, entre autres, liés à la qualité de l’air intérieur, notamment
— à partir de 0,01 WL, il faut une investigation de contrôle ; au débit d’air neuf ;
— à partir de 0,15 WL, il faut une intervention immédiate. — dépendent aussi des équipements techniques comme l’éclai-
rage et des facteurs organisationnels comme le confort du mobilier
■ Fibres et le stress physico-social.
Suite aux différentes polémiques de ces dernières années sur les De même, les aspects psychosomatiques liés à l’absence de con-
dangers des fibres d’amiante, nous comprenons aisément que cer- trôle sur l’environnement jouent un rôle dans l’apparition du SBS.
taines concentrations de ces fibres dans l’air puissent être nocives L’OMS considère que 25 à 30 % des bâtiments neufs et rénovés
pour l’homme. L’OMS recommande une valeur crête maximale de sont concernés par le Sick Building Syndrome.
500 mg/m3 pour une durée d’exposition de 10 min et une valeur
moyenne de 120 mg/m3 pour une durée d’exposition de 24 h.

1.5 Odeurs
1.4 Effets des polluants sur l’homme
Le cycle olfactif humain se décompose en quatre étapes bien dis-
tinctes, nous permettant de différencier plus de 4 000 odeurs :
Les répercussions sanitaires des ambiances artificielles sont mal ■ Détection de l’odeur
connues et sont souvent sujettes à polémiques. Nous allons traiter
les principales pathologies médicales associées aux techniques de Cette action est liée à la notion de seuil absolu qui correspond à la
mise en œuvre des climats artificiels. concentration minimale du stimulus pour qu’il devienne percepti-
ble. Nous comprenons aisément que ce terme d’absolu soit ina-
■ Allergies dapté. En effet, il est plus correct de ramener ces seuils à des
concepts statistiques. Ainsi, il est convenu de définir le seuil de
La pénétration dans un organisme de molécules antigènes provo- détection comme la concentration à laquelle un sujet détecte une
que l’apparition d’anticorps spécifiques. Dans certains cas, notre odeur avec une probabilité de 0,5. Parmi les différents agents qui
action de défense immunitaire réagit de manière disproportionnée. jouent un rôle dans le mécanisme de détection, nous pouvons citer
C’est cette action que nous appelons allergie. Bien entendu, les indi- l’adaptation, la distorsion du signal, les rythmes diurnes, l’activité
vidus sont inégaux devant les attaques des antigènes transportés hormonale, mais aussi l’âge et la maladie.
par l’air, souvent rassemblés sous le terme de pneumallergènes. En
effet, ces allergies n’affectent que les sujets les plus sensibles pré- ■ Expression de l’intensité perçue en fonction du stimulus exercé
sentant une certaine prédisposition génétique. Certains facteurs Elle se fait suivant une loi de type puissance qui peut s’écrire ;
comme le tabagisme ou un état dépressif facilitent l’apparition des
allergies. Concrètement, elles se manifestent le plus souvent par des I = kCn
rhinites, des sinusites, de l’asthme, de l’urticaire, de l’eczéma voire
des conjonctivites. avec I intensité perçue,
C concentration de l’odeur (mg/m3),
■ Légionellose
k, n constantes dépendant du type d’odeur.
En 1976, à la suite d’un congrès dans un hôtel de Philadelphie, de
nombreux légionnaires furent hospitalisés. En 1977 fut découverte ■ Caractérisation de l’odeur
la bactérie responsable de ces troubles. Cette infection est liée à Nous utilisons comme unité de quantification l’unité d’odeur
l’inhalation de « Legionella pneumophila ». Elle se traduit par une (UO). Elle correspond à la dilution de l’odeur dans l’air. Ainsi une
pneumopathie infectieuse. odeur de 10 UO équivaut à un volume de l’odeur donnée diluée

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110
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BE9271

Traitement de l’air et climatisation


Les composants et leurs fonctions
par André BAILLY
Directeur du laboratoire de la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques
Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon
Conseiller technique CIAT
Emmanuel RUTMAN
Ingénieur de l’École catholique d’arts et métiers de Lyon
Responsable de l’équipe Confort du laboratoire CIAT 3
et Claude TERNANT
Ingénieur de l’École des hautes études industrielles de Lille (HEI)
Ancien responsable du département Assistance technique de CIAT

1. Centrale de traitement d’air ................................................................. BE 9 271 - 2


1.1 Caisson de mélange .................................................................................... — 2
1.2 Caisson de filtration..................................................................................... — 3
1.3 Batterie chaude ............................................................................................ — 3
1.4 Batterie froide .............................................................................................. — 4
1.5 Caisson de bipasse ...................................................................................... — 7
1.6 Humidificateur ............................................................................................. — 7
1.7 Ventilateur .................................................................................................... — 9
1.8 Récupérateurs d’énergie ............................................................................. — 12
2. Régulation .................................................................................................. — 15
2.1 Capteurs ....................................................................................................... — 15
2.2 Différents types de régulation .................................................................... — 17
3. Réseau aéraulique.................................................................................... — 23
3.1 Gaines........................................................................................................... — 23
3.2 Bouches ........................................................................................................ — 23
3.3 Systèmes de diffusion ................................................................................. — 25
4. Conclusion ................................................................................................. — 25
Notations et symboles .................................................................................... BE 9 270
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 274

n système de conditionnement d’air est généralement composé de trois


U éléments :
— la centrale de traitement d’air traite l’air du point de vue thermique et de la
qualité et met l’air en mouvement ;
— la régulation agit sur différents paramètres pour maintenir les valeurs
mesurées proches du confort désiré ;
— le réseau aéraulique assure les liaisons entre la centrale de traitement d’air
et les locaux desservis. Il sert également, en liaison avec l’extérieur, à l’introduc-
tion et à l’extraction d’air.
Dans cet article, chaque composant de ces trois éléments est décrit en rappe-
lant son rôle et son fonctionnement.
Parution : avril 2001

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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

Ce document fait partie d’un ensemble de quatre articles sur le traitement d’air :
[BE 9 270] Traitement de l’air et climatisation. Généralités
[BE 9 271] Traitement de l’air et climatisation. Les composants et leurs fonctions
[BE 9 272] Traitement de l’air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques
[BE 9 273] Traitement de l’air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques
complétés par un fascicule de documentation
[Doc. BE 9 274] Traitement de l’air et climatisation. Pour en savoir plus

1. Centrale de traitement Air recyclé


d’air
3 Le concepteur détermine la nature et l’ordre des composants de la
1 2 3 4 5 6 7
Air
primaire
centrale de traitement d’air (CTA) en fonction des résultats désirés. Air soufflé
neuf
La figure 1 montre un exemple de composition comprenant :
— un caisson de mélange (1) ;
— un caisson de filtration (2) ;
Figure 1 – Exemple de composition d’une centrale de traitement
— une batterie chaude (préchauffage) (3) ; d’air
— une batterie froide (4) ;
— une batterie chaude (réchauffage) (5) ;
— un humidificateur (6) ;
— un ventilateur (7).

1.1 Caisson de mélange


a volets à lames parallèles
■ Rôle
Le caisson de mélange standard (2 voies) est généralement utilisé
pour réaliser le mélange de deux airs :
— l’air neuf ;
— l’air recyclé.
Il est parfois destiné uniquement à assurer une sélection de cir-
cuit.
Exemple : pour le fonctionnement tout air neuf ou le fonctionne- b volets à lames en opposition
ment tout air recyclé.
Figure 2 – Volets d’un caisson de mélange
Dans certaines installations un peu plus sophistiquées, le caisson
de mélange comporte une troisième voie, qui assure l’écoulement
et le dosage de l’air extrait. Nous l’appelons généralement « caisson
de mélange économiseur ».
Air Air
■ Fonctionnement rejeté repris

Le caisson de mélange standard « 2 voies » comporte, à l’inté-


rieur ou à l’extérieur, des volets dont les lames peuvent être mon- Air
recyclé
tées en parallèle (figure 2 a) ou en opposition (figure 2 b).
Air Air
Le caisson de mélange économiseur à 3 voies permet d’assurer : neuf soufflé

— le dosage et l’extraction d’air vicié ;


— le dosage et l’introduction d’air neuf ;
— le passage de l’air recyclé.
Caisson Centrale de traitement
Les 3 volets sont motorisés et solidaires. de mélange d'air double
Il se monte sur une centrale de traitement d’air double qui est
dotée de deux ventilateurs destinés à assurer le soufflage et la Figure 3 – Exemple de montage d’un caisson de mélange
reprise (figure 3). économiseur

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__________________________________________________________________________________________________ TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION

1.2 Caisson de filtration ● Montage de type 3 à porte amont (figure 4 c) avec cadres uni-
versels et filtres à efficacité de 50 % OPA à 99,99 DOP ou NaCl (clas-
sification CEN 779 : F5 à F9 et CEN 1 822 : H10 à H12).
L’opération de filtration n’a aucune action sur les caractéristiques ● Montage de type 1 et 2 à porte latérale (figure 4 d). Dans certai-
thermiques de l’air. Elle n’apparaît pas sur le diagramme de l’air nes applications, nous retrouvons le montage 1 plus le montage 2
humide. Elle crée une chute de pression sur l’air. Elle fait cependant alliant le préfiltre et le filtre.
partie intégrante d’une centrale de traitement d’air.
■ Définition ■ Classification
Filtrer consiste à éliminer d’un fluide gazeux tout ou partie des Le tableau 2 décrit les différentes qualités des filtres couramment
particules ou aérosols qu’il contient, en les retenant sur une couche installés dans les centrales de traitement d’air.
poreuse appelée « média filtrant ». Le tableau 1 donne les techni-
ques de mesure de l’efficacité d’un filtre.
■ Montage
1.3 Batterie chaude
Les cellules de filtre utilisées sont aux dimensions interna-
tionales : 24 in x 24 in ou 12 in x 24 in soit 610 mm x 610 mm ou
305 mm x 610 mm.

3
■ Rôle et fonctionnement
Nous indiquons ci-dessous :
— les trois types de montage possibles ; La batterie chaude (figure 5 a) assure le préchauffage ou le chauf-
— les qualités de filtres qui peuvent être sélectionnés pour cha- fage de l’air à l’aide d’un fluide chaud qui peut être de l’eau, de l’eau
que type de montage. surchauffée, de la vapeur, la condensation d’un fluide frigorigène ou
● Montage de type 1 à porte latérale (figure 4 a) avec glissières
des résistances électriques. Durant l’opération de chauffage, l’humi-
comprimables (portée horizontale) et filtres à efficacité de 65 à 90 % dité absolue, ou teneur en humidité w, reste constante. En revanche,
gravimétrique (GRAVI) (classification CEN 779 : G1 à G4). l’humidité relative ε (en %) diminue.
● Montage de type 2 à porte latérale (figure 4 b) avec glissières Nota : ε est utilisé pour désigner la valeur de l’humidité relative sur le diagramme de
l’air humide. Par contre, HR suit l’unité % pour désigner une valeur d’humidité relative
comprimables (portées horizontale et verticale) et filtres à efficacité (% HR).
de 50 à 95 % opacimétrique (OPA) (classification CEN 779 : F5 à F8). (0)

Tableau 1 – Méthodes d’essais des filtres à air


Nature et mode de génération de l’aérosol
Méthode Applications Principe de mesure (1)
d’essai
L’aérosol d’essai est obtenu par dispersion, au L’aérosol d’essai est dispersé dans la section
moyen d’une trompe à air comprimé, d’une d’entrée du banc d’essais. La poussière non
poussière synthétique composée de : retenue par le filtre à l’essai est recueillie sur le
Gravimétrie (GRAVI) Filtres
à moyenne — 72 % de silice, filtre de prélèvement. La masse de poussière
efficacité (préfiltre) — 23 % de noir de carbone, recueillie sur le filtre de prélèvement et la masse
de poussière émise sont déterminées par pesée.
— 5 % de linters de coton. La perméance P du filtre est le rapport de ces
La concentration est de 70 mg/m3 deux masses.
L’aérosol d’essai est l’aérosol atmosphérique. La poussière atmosphérique, prélevée au
Le diamètre médian de l’aérosol atmosphérique moyen de deux sondes de prélèvement identi-
est variable d’un lieu à un autre. Il est en général ques, placées en amont et aval du filtre à l’essai,
compris entre 0,5 et 1 µm. La concentration, est recueillie sur deux disques de papier filtre à
variable aussi, est comprise entre 0,02 et très haute efficacité. L’opacité des dépôts de
Filtres à haute 0,3 mg/m3. poussière sur les deux disques de papier est
Opacimétrie (OPA) efficacité mesurée au moyen d’un opacimètre. Les durées
de prélèvement amont et aval sont choisies de
telle sorte que les opacités des deux dépôts
soient voisines.
La perméance P du filtre est le produit du rap-
port des durées de prélèvement et du rapport
des opacités des dépôts.
L’aérosol d’essai est obtenu par vaporisation La concentration de particules DOP est mesurée
DOP (n’est plus Filtres à très haute puis condensation du dioctylphtalate (DOP) qui en amont et en aval du filtre à l’essai à l’aide
peut fournir des particules homogènes d’une d’une cellule photoélectrique.
utilisée depuis 1996) efficacité taille de 0,3 µm. La perméance P du filtre est le rapport des deux
La concentration est de 100 mg/m3. concentrations.
L’aérosol d’essai est composé de particules soli- L’aérosol prélevé en amont et en aval du filtre à
des de chlorure de sodium produit par pulvéri- l’essai sert d’air comburant à un brûleur à gaz
sation d’une solution saline, puis évaporation méthane. L’intensité de la raie « D » du sodium
NaCl (remplace la Filtres à très haute complète de l’eau des gouttelettes (le diamètre émise par la flamme est mesurée au moyen
médian de 0,35 µm est en fait l’arête de l’aérosol d’une cellule photoélectrique. Cette intensité est
méthode DOP) efficacité cubique). proportionnelle à la concentration en sel de
La concentration est de l’ordre de 5 mg/m3. l’aérosol prélevé.
La perméance P du filtre est le rapport des inten-
sités aval et amont.
(1) La perméance P est le rapport de la concentration de particules en aval et en amont du filtre.

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a filtre en montage de type 1 b filtre en montage de type 2 c filtre en montage de type 3 d filtre en montage de types 1 et 2 associés

Figure 4 – Différents types de montage des filtres

(0)

3 Matière
Tableau 2 – Qualités des filtres
Montage Classification (voir tableau 1 : Tenue au feu Construction
Application méthode d’essai)
Cadre Média
Acier galvanisé Acier galvanisé G1 65 % GRAVI M0 Plan
Préfiltre Carton Fibre de verre 1 G4 90 % GRAVI M3
Plissé
Acier galvanisé Synthétique G4 90 % GRAVI M1
Filtre haute Carton Fibre de verre 2 ou 3 F6 65 % OPA M3 Plissé
efficacité
F7 85 % OPA M3
F8 95 % OPA M3
Acier galvanisé Fibre de verre 2 ou 3 F6 65 % OPA M2 Poches
F7 85 % OPA M3
F8 95 % OPA M3
Acier galvanisé Fibre de verre 2 ou 3 F6 65 % OPA M1 Dièdre profond
ou PVC plissé
F7 85 % OPA M1
F8 95 % OPA M1
Filtre Acier galvanisé Fibre de verre 3 H 10 95 % DOP M1 Dièdre profond
absolu plissé
H12 99,99 % DOP M1
NaCl
Filtre Mousse carbonée 2 ou 3 Conditions ordinaires, absorption moyenne
à charbon Acier galvanisé
actif Charbon 3 Pour conditions industrielles Cassettes

■ Régulation — les résistances à fils nus ; ce sont des fils de faible inertie. Le
La régulation de la batterie à eau se fait : branchement s’effectue sur bornes par bloc précablé.
— soit par variation du débit d’eau. C’est un fonctionnement en La régulation de la batterie électrique peut être réalisée :
répartition (figure 5 b) : — en tout ou rien par action sur un ou plusieurs étages ;
• la température d’entrée d’eau dans la batterie est constante, — en progressif par variation de la tension effective.
• le débit d’eau dans la batterie est variable et la pompe du cir-
cuit général assure la circulation d’eau ;
— soit par variation de la température. C’est un fonctionnement
en mélange ou injection (figure 5 c) : 1.4 Batterie froide
• la température d’entrée d’eau dans la batterie est variable,
• le débit d’eau dans la batterie est constant et assuré par une
■ Rôle et fonctionnement
pompe secondaire.
La batterie froide (figure 6 a) assure le refroidissement de l’air,
■ Batterie électrique avec ou sans déshumidification, à l’aide d’un fluide froid qui peut
La batterie chaude peut être électrique. Elle est alors composée être de l’eau glacée ou glycolée ou par évaporation d’un fluide frigo-
de deux types de résistance : rigène (batterie à détente directe).
— les résistances blindées (figure 5 d) ; ce sont des tubes à ailet- Durant l’opération de refroidissement sans déshumidification,
tes spiralées et en inox. Le branchement s’effectue sur barrettes de l’humidité absolue ou teneur en humidité w reste constante. En
cuivre ; revanche, l’humidité relative ε (en %) augmente.

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Entrée
d'eau chaude

Sen
s de
l'air 2
1
sens de l'air
sens de l'air
Sortie d'eau
Pompe
a batterie chaude alimentée en eau C
NF NO NO

C NF

C voie commune toujours passante


NO voie normalement ouverte
NF voie normalement fermée
3
b régulation en répartition de c régulation en injection de
la batterie chaude alimentée la batterie chaude alimentée
en eau en eau

d exemple de batterie chaude électrique

Figure 5 – Batterie chaude

Entrée
d'eau

sens de l'air
Sen
s de
l'air
Bac de récupération
des condensats
NF NO

Sortie C
d'eau Pompe de circulation
du circuit général
Écoulement Bac de récupération
Nécessité de des condensats des condensats
prévoir un siphon
a batterie froide alimentée en eau b régulation en répartition de la batterie froide alimentée en eau

Batterie à
sens de l'air détente
sens de l'air Sens de l'air directe
Collecteur d'aspiration
Bac de Pompe de Détendeur
récupération recyclage Distributeur thermostatique
des sur la batterie
condensats NO C Piquage pour
Pompe de raccordement
NF circulation du éventuel de gaz chaud
Moto- Condenseur
circuit général à eau
Brins de distribution compresseur
(ou à air)

c régulation en injection de la batterie d batterie froide à détente directe. Le bac d'évacuation des condensats
froide alimentée en eau n'est pas représenté (à droite, circuit frigorifique de la batterie à détente directe)
C voie commune toujours passante NO voie normalement ouverte NF voie normalement fermée

Figure 6 – Batterie froide

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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

Durant l’opération de refroidissement avec déshumidification,


l’humidité absolue w diminue, l’humidité relative ε (en %) aug- Pression
mente. atmosphérique

■ Régulation de la batterie froide à eau


La régulation de la batterie à eau se fait :
Bac de réception
— soit par variation du débit d’eau ; c’est un fonctionnement en des condensats A
répartition (figure 6 b) :
• la température d’entrée d’eau dans la batterie est constante,
• le débit d’eau dans la batterie est variable et la pompe du cir-
cuit général assure la circulation d’eau ;
— soit par variation de la température ; c’est un fonctionnement Vers puisard
en mélange ou injection (figure 6 c) : a ventilateur à l'arrêt
• la température d’entrée d’eau dans la batterie est variable, Pression
• le débit d’eau dans la batterie est constant et assuré par la négative
pompe secondaire.
■ Batterie à détente directe

3 Le froid est produit par changement de phase du fluide frigori-


gène (évaporation) (figure 6 d, partie gauche). La batterie est ali-
mentée par un détendeur thermostatique et reliée à un groupe de
Bac de réception
des condensats B

condensation comprenant un compresseur et un condenseur


(figure 6 d, partie droite).
■ Évacuation des condensats Vers puisard
Toutes les batteries froides, qu’elles soient à eau ou à détente b au démarrage du ventilateur
directe, sont équipées d’un bac de récupération de condensats.
L’eau condensée sur la batterie est recueillie dans ce bac de récupé- Pression
ration. Celui-ci est raccordé par une tubulure d’évacuation vers un négative
siphon à l’air libre dont la construction est à prévoir dès l’installa-
tion.
Ce siphon permet avant tout le bon écoulement de l’eau et a, en C
Bac de réception B
outre, deux fonctions essentielles : D
des condensats
— dans le cas d’un système en dépression, il empêche l’entrée de
l’air extérieur ;
— dans le cas d’un système en surpression, il évite une perte de
l’air soufflé.
Explication : dans un système en dépression, il se crée une Vers puisard
« pression statique négative » entre la batterie et le ventilateur c ventilateur en régime
(figure 7). En l’absence de siphon, l’air extérieur s’engouffre dans la
tuyauterie et empêche l’évacuation des condensats, jusqu’à ce que Figure 8 – Niveaux d’eau dans le siphon suivant les différentes
la hauteur d’eau dépasse la valeur de cette pression statique néga- phases de fonctionnement du ventilateur
tive.

Or, comme la plupart des bacs de condensats ne peuvent contenir


une telle quantité d’eau, ils débordent et les gouttelettes d’eau sont
Pression généralement entraînées par la vitesse d’air dans le ventilateur, puis
négative Pas d'écoulement dans la gaine. Il faut donc prévoir un siphon.
des condensats
La hauteur nécessaire de ce siphon dépend uniquement de la
« pression statique négative » effective à la surface du bac de récu-
pération.
Bac de réception Pour monter correctement le siphon, nous devons tenir compte
des condensats des trois phases de fonctionnement du ventilateur : ventilateur à
l’arrêt, démarrage du ventilateur, ventilateur en régime.
● Ventilateur à l’arrêt (figure 8 a)
Le niveau de la colonne A sera égal à deux fois la pression néga-
tive existant dans l’appareil en phase de fonctionnement.
● Démarrage du ventilateur (figure 8 b)
Le niveau des condensats B fluctuera au démarrage jusqu’à
atteindre le maximum de dépression (égale à la dépression négative
du système).
L'air extérieur pénètre
dans la tuyauterie ● Ventilateur en régime (figure 8 c)
Le niveau des condensats B sera stabilisé à la valeur de la pres-
Figure 7 – Fonctionnement d’un bac d’évacuation des condensats sion négative du système. La cote C devra être égale à au moins
sans siphon deux fois la valeur de cette pression négative.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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116
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Traitement de l’air et climatisation


Aspects thermiques et mécaniques
par André BAILLY
Directeur du laboratoire de la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)
Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon
Conseiller technique CIAT

3
Emmanuel RUTMAN
Ingénieur de l’École catholique d’arts et métiers de Lyon
Responsable de l’équipe Confort du laboratoire CIAT
et Claude TERNANT
Ingénieur de l’École des hautes études industrielles de Lille (HEI)
Ancien responsable du département Assistance technique de CIAT

1. Aspects thermiques................................................................................. BE 9 272 - 3


1.1 Calcul du débit d’air ..................................................................................... — 3
1.2 Droite de pente du local .............................................................................. — 4
1.3 Mélange ........................................................................................................ — 4
1.4 Chauffage...................................................................................................... — 10
1.5 Refroidissement et déshumidification ....................................................... — 11
1.6 Humidification .............................................................................................. — 15
2. Aspects mécaniques................................................................................ — 16
2.1 Filtration........................................................................................................ — 16
2.2 Mise en mouvement .................................................................................... — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 274

ans un système de conditionnement d’air, la partie la plus délicate à sélec-


D tionner est la centrale de traitement d’air.
Les articles BE 9 270 et BE 9 271 ont mis en valeur que sa composition dépend
de la destination du local (confort retenu, utilisation...).
La sélection de la centrale de traitement d’air dépend du bilan thermique mais
aussi de sa composition et de la destination du local. En reprenant chaque com-
posant, les calculs ou éléments nécessaires pour obtenir une sélection de la part
du constructeur sont développés. Pour les aspects thermiques, les calculs per-
mettent de déterminer l’évolution de l’air sur le diagramme de l’air humide. Les
aspects mécaniques concernent les sélections des éléments qui font subir un
traitement à l’air n’apparaissant pas sur le diagramme de l’air humide.
Ce document fait partie d’un ensemble de quatre articles sur le traitement d’air :
[BE 9 270] Traitement de l’air et climatisation. Généralités.
[BE 9 271] Traitement de l’air et climatisation. Les composants et leurs fonctions.
[BE 9 272] Traitement de l’air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques.
[BE 9 273] Traitement de l’air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques
complétés par un fascicule de documentation
[Doc. BE 9 274] Traitement de l’air et climatisation. Pour en savoir plus.
Parution : avril 2001

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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles Notations et symboles


Symbole Unité Définitions Symbole Unité Définitions

A m2 surface totale d’absorption sonore Ps W puissance d’apport ou de déperditions


Sabine d’un local en chaleur sensible d’un local

c m/s vitesse de propagation d’une onde Pu W puissance aéraulique utile


acoustique d’un ventilateur

Cam ppm concentration de particules en amont q facteur de directivité d’une source sonore
d’un filtre
q’ kJ/kg enthalpie de l’air humide
Cav ppm concentration de particules en aval AS
d’un filtre
Q kg/s débit massique d’un air sec
CE coefficient d’épuration d’un filtre
Qe kg/s débit d’eau évaporée dans l’air
cp kJ/kg capacité thermique massique de l’air sec correspondant à la puissance latente

3
AS/K (AS)
Qm kg/s débit massique d’air dans le ventilateur
d m distance entre deux points
QV m3/s débit volumique d’air dans le ventilateur
D m diamètre de la gaine circulaire ou
diamètre équivalent d’une gaine 2 ab R dB/m réduction acoustique d’une gaine
rectangulaire de côtés a et b égal à -------------
a+b
S m2 section d’une gaine
DF facteur de décontamination en filtration
t ˚C température sèche de l’air humide
E efficacité d’un filtre ou d’une batterie
froide
t s temps de référence
f Hz fréquence d’une onde sonore
ta °C température ambiante
HR % valeur de l’humidité relative de l’air
humide (suit l’unité %) tS ˚C température de soufflage

K coefficient pour le calcul du niveau w kg/kg humidité absolue de l’air humide


sonore en décibels (1 pour le calcul AS
de la puissance, 2 pour la pression)
W J énergie
kJ/kg chaleur latente de vaporisation de l’eau
L d’eau Wa J énergie fournie à l’arbre du ventilateur

LI dB niveau d’intensité sonore Wabs J énergie absorbée par un moteur

Lp dB niveau de pression sonore Wm J/kg travail massique d’un ventilateur


LW dB niveau de puissance sonore Wmot J énergie fournie à l’arbre du moteur
M Pa ou valeur du niveau sonore mesuré Wu J énergie aéraulique utile
W (puissance ou pression)
WV J/m3 travail volumique d’un ventilateur
M0 Pa ou valeur du niveau sonore de référence
W (puissance ou pression) α coefficient d’absorption sonore
d’un matériau
N tr/min vitesse de rotation d’un ventilateur
γ kJ/kg valeur de la droite de pente du local
p Pa pression d’air d’eau
P W puissance échangée par une batterie γb kJ/kg valeur de la droite de pente d’une batterie
d’eau froide
3 pénétration ou perméance d’un filtre
3 m périmètre d’une gaine ε % humidité relative de l’air

Pa W puissance sur l’arbre d’un ventilateur ηa rendement aéraulique d’un ventilateur

Pabs W puissance absorbée par un moteur ηG rendement global d’un ventilateur

PC W puissance calorifique d’une batterie ηm rendement d’un moteur


de chauffage
ηt rendement de transmission d’un groupe
PF W puissance frigorifique d’une batterie moto-ventilateur
froide
λ m longueur d’onde acoustique
PL W puissance d’apport ou de déperditions
en chaleur latente d’un local ρ kg/m3 masse volumique de l’air
Pmot W puissance mécanique sur l’arbre ρ rendement d’un humidificateur
d’un moteur adiabatique

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118
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1. Aspects thermiques Air recyclé

Remarques : la capacité thermique massique cp de l’air 1 2 3 4 5 6 7


dépend de sa température et de son humidité. La variation de la Air
valeur de cp est négligeable dans les conditions de température primaire
Air soufflé
et humidité utilisées en conditionnement de l’air. neuf
Nous utiliserons donc une valeur fixe.
1 Caisson de mélange 5 Batterie chaude (réchauffage)
2 Filtre (section de filtration) 6 Humidificateur
Nous allons illustrer les aspects thermiques du traitement d’air
par le cas d’un laboratoire industriel comprenant : 3 Batterie chaude (préchauffage) 7 Ventilateur
4 Batterie froide
— des parois (murs, fenêtres, toit) donnant sur l’extérieur ;
— du personnel en période dite d’occupation (apports internes en
chaleur sensible et chaleur latente) ;
Figure 1 – Composition de la centrale de traitement d’air

3
— des apports internes en chaleur sensible (moteur...) pendant la
pour climatiser le laboratoire industriel
période d’occupation ;
— des apports internes en chaleur sensible et chaleur latente par
un bain-marie pouvant fonctionner en et hors occupation ;
— des apports internes en chaleur sensible et chaleur latente par tS température de soufflage (˚C),
des bacs Bunsen en période d’occupation. cp capacité thermique massique de l’air sec (AS)
Le débit d’air neuf demandé pour assurer un air correct en fonc- (1 005 J/kg AS/K).
tion des pollutions internes est de 0,63 kg/s. Nota : la charge d’un local à traiter correspond à tous les apports et pertes en puissance
(température, humidité par déperditions ou apports internes et externes).
Le tableau 1 donne les bilans thermiques en fonction de la saison
et de l’occupation du local. La température de soufflage est fonction :
La figure 1 représente la composition de la centrale de traitement — de la température de l’air au niveau des occupants ;
d’air nécessaire pour maintenir les conditions d’ambiance. — du type de bâtiment (hauteur sous plafond...) ;
Nota : nous employons le terme « chaleur sensible » pour bien faire ressortir que la — du mode de diffusion d’air ;
seule puissance de transmission de chaleur utilisée est celle qui correspond à une variation — de l’utilisation du bâtiment (atelier, magasin ou bureau...) ;
de température. Selon le même principe, nous emploierons le terme « chaleur latente »
pour la transmission d’humidité. — de l’activité des occupants (position assise, debout ou
couchée...) ;
— des exigences techniques en matière de précision (tempéra-
ture, hygrométrie).
1.1 Calcul du débit d’air Exemple : à titre indicatif, pour des installations de type « confort »
et des bâtiments de hauteur moyenne avec une diffusion d’air bien étu-
Le débit d’air se calcule à partir du bilan thermique en chaleur sen- diée, les températures de soufflage se situent vers :
sible et de la température de soufflage désirée. • 8 à 12 K au-dessous de l’ambiance, en été ;
• 10 à 20 K au-dessus de l’ambiance, en hiver.
Ps
Q = ------------------------- Dans des cas particuliers comme les salles propres, le débit d’air
ta Ð tS cp
peut être déterminé par le taux de brassage à respecter. Nous défi-
avec Q débit massique de l’air (kg/s), nissons le taux de brassage par la formule :
Ps charge de chaleur sensible ou puissance sensible (W), Débit d′air (m 3 ⁄ h)
Taux de brassage (volume ⁄ h) = -------------------------------------------------------------
ta température ambiante (˚C), Volume du local (m 3 )
(0)

Tableau 1 – Bilan thermique du laboratoire industriel pris comme exemple (1)

Conditions Conditions Puissance Puissance Puissance


Période extérieures intérieures sensible latente totale
(W) (W) (W)

Été 32 ˚C, 40 % HR 25 ˚C, 50 % HR 12 670 1 875 14 545

Hiver en occupation − 10 ˚C, 100 % HR 19 ˚C, 50 % HR − 5 510 + 1 535 − 3 975

Hiver hors occupation − 10 ˚C, 100 % HR 19 ˚C, 50 % HR − 11 030 + 775 − 10 255


(1) Puissance sensible = gain ou perte en température.
Puissance latente = gain ou perte en humidité.
Les valeurs négatives correspondent à une perte de chaleur ou d’humidité (déperditions).
Les valeurs positives correspondent à un gain de chaleur ou d’humidité (aperditions).
Le bilan ne tient pas compte de l’air neuf. Il est traité directement par la centrale de traitement d’air.
Il n’y a pas d’abaissement de température hors occupation pour obtenir toujours une bonne précision des conditions d’ambiance.

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Exemple : le débit d’air en été pour le laboratoire industriel dont les de reprise dépend de nombreux facteurs. Par simplification, nous la
caractéristiques sont celles du tableau 1 avec une température de représentons sous forme d’une droite.
soufflage de 10 K au-dessous de l’ambiance est de : L’évolution de l’air, entre les deux points de soufflage et de
12 670 reprise, constitue donc la « droite de pente » du local. Idéalement,
---------------------------------- = 1 ,26 kg ⁄ s pour tous les points situés à l’intérieur du local, il existe un même
1 005 × 10 rapport γ.
Le volume spécifique aux conditions de soufflage (15 ˚C, 100 % HR Sur le diagramme de l’air humide (cf. article [BE 9 270]), la pente
environ) est de 0,83 m3/kg (cf. diagramme de l’air humide, article est représentée par le rapport de la variation d’enthalpie à la varia-
[BE 9 270]). tion de masse d’eau :
Le débit volumique est donc de : 1,26 × 0,83 = 1,05 m3/s.
dq′
Si nous gardons le même débit d’air en hiver, la température de souf- γ = ---------
flage en occupation serait de : dw
Ps 5 510 avec γ valeur de la « droite de pente » du local (kJ/kg
t S = t a + ------------- = 19 + ----------------------------------------- = 23 ,4 ° C d’eau),
cp Q 1 005 × 1 ,26
dq ’ variation d’enthalpie (kJ/kg AS),
Cette valeur est trop basse. Il faut envisager, pour l’hiver, un débit
d’air réduit, en prévoyant un moteur à deux vitesses pour le ventilateur. dw variation de masse d’eau (kg d’eau/kg AS).

3 Pour un moteur de 1 500 et 750 tr/min. le débit d’air est de 1,26 et


0,63 kg/s, car le débit varie dans la même proportion que la vitesse. La
température de soufflage devient 27,7 °C. Cette valeur reste accepta-
En introduisant le débit massique d’air traité dans la formule pré-
cédente, nous obtenons :

ble. Nous ne pouvons pas diminuer le débit car le débit d’air neuf Qdq′ Puissance thermique totale
γ = -------------- = -----------------------------------------------------------------------------
demandé est de 0,63 kg/s. En hiver, la centrale de traitement d’air fonc- Qdw Débit d′eau
tionnera en tout air neuf.
La puissance thermique totale sera exprimée en kilowatts, et le
En hors occupation, la température de soufflage devient : débit d’eau (en kg/s) correspond à la chaleur latente du bilan ther-
11 030 mique.
t S = 19 + --------------------------------- = 36,4 °C
1 005 × 0,63 Le débit d’eau se calcule par la formule :
Nota : les conditions de soufflage sont à 15 °C de température et proche de la saturation PL
soit proche de 100 % HR (à ne pas confondre avec les conditions d’ambiance qui sont 25°C Q e = ------
et 50°C HR). Nous prenons la valeur 100 % car nous ne connaissons pas à ce stade du calcul L
la valeur exacte qui va se situer entre 85 et 100 %. Néanmoins, l’erreur reste faible et infé-
rieure à 1 %, donc négligeable. avec Qe débit d’eau (kg/s),
Le volume spécifique est déterminé au soufflage donc au niveau du ventilateur. Le ven- PL puissance en chaleur latente (kW),
tilateur déplace un volume d’air donné. Il sera à peu près constant quelle que soit la saison.
Ce débit volumique et le volume spéficique déterminent le débit massique. Celui-ci reste L chaleur latente de vaporisation de l’eau (2 520 kJ/kg).
constant sur toute l’installation (loi de conservation de la masse), par contre le débit volu-
mique change. Nous allons calculer les droites de pente du local pris comme
exemple dans cet article (tableau 2).
Les figures 2, 3 et 4 représentent le tracé des droites de pente du
1.2 Droite de pente du local local sur le diagramme de l’air humide pour les trois périodes avec
l’indication des points d’ambiance (A) et de soufflage (S). La pente
est obtenue à partir de l’origine (+). Cette origine (+) est placée de
La totalité de la chaleur sensible et de la chaleur latente qui com- façon arbitraire et détermine l’échelle de γ. Elle est située sur la
posent la charge thermique du local (charges internes + charges droite (− ∞, + ∞). Une parallèle à cette droite est ensuite tracée pas-
externes) doit être absorbée par l’air soufflé dans le local au cours sant par le point d’ambiance.
de son trajet. Autrement dit, les charges thermiques du local (sensi-
ble et latente) doivent être compensées par les variations de tempé-
rature et d’humidité (entre le soufflage et la reprise).
L’air est soufflé à une température et à une hygrométrie définies
1.3 Mélange
par la régulation. Au cours de son trajet dans le local, cet air :
— change de température en absorbant la charge thermique Le mélange de deux airs (aux points A et B par exemple) est réa-
sensible ; lisé en centrale de traitement d’air par le caisson de mélange ou en
— change de valeur d’humidité en absorbant la charge thermique aval d’un caisson de bipasse (cf. article [BE 9 271]).
latente. L’influence de chaque air dans le mélange est directement propor-
Les variations peuvent être positives ou négatives. tionnelle à son débit massique.
L’air est donc repris à d’autres valeurs de température et d’hygro- Ainsi nous pouvons appliquer la loi des mélanges pour calculer
métrie. La forme de l’évolution entre ces deux points de soufflage et les valeurs caractéristiques suivantes de l’air obtenu (au point C).
(0)

Tableau 2 – Calcul des droites de pente du laboratoire industriel considéré dans l’article

Puissance totale Puissance latente Débit d’eau correspondant Droite de pente


Période
(W) (W) (kg/s) (kJ/kg d’eau)

Été 14 545 1 875 0,744 × 10−3 19 548

Hiver en occupation − 3 975 1 535 0,609 × 10−3 − 6 526

Hivers hors occupation − 10 255 775 0,308 × 10−3 − 33 345

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γ (kJ/kg d’eau)

85
20
50000
30000 γ = 19 548

19

80
20000
16000

18
17 c)
e

75
12000

16 ir s

)c)
a
10000 25

e
15 /kg

c
saai 70
9000

e
s
rirs
l
kca
8000

JkJ/k 65
kga
en

g
0
700

/
14
q'

q' 'e 0 6
ennk
e(
13
lpi
0

55
600

tha
20

e(q(
10

En

lpiei

ε = 100
nthth 0
aalp
5
11

90
40

ε=
9
e

80
e

45
EEn

70
=
00 e

35

ε
=
50

60

=
50

=
15 eε

7
eε =

30
40
5

4
6
(A) eε =
Droite de
20

3
0 25
4

50 (S)
4 pente du local
15

10
3
10
2

5
1

0
0

00
40
0
–1

–5
–5
–2

–10
15 ˚C 25 ˚C
–3

Température
–10 –9 –8 –7 –6 –5 –4 –3 –2 –1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
( C)
Volume spécifique
(m3/kg d'air sec) 0,750 0,760 0,770 0,780 0,790 0,800 0,810 0,820 0,830 0,840 0,850 0,860
00

2500

200
300
35

0
γ taux de variation de q' rapporté à la variation de w (kJ/kg d'eau)

Figure 2 – Droite de pente du local en été

γ (kJ/kg eau)
19 srecse
) c)

0,025
–`
20
irai

γ=–65
)c)

26 0,024 − 50000
gkag

esec

− 30000
rirs
lc/kal/

kga 80

0,023 − 20000
saai
kncak
18

0,022 − 12000
/g
ennk 75
'e

− 10000
JkJ/k
en
17

0,021
q'(q

− 8000
25
e (ie

e(q( 70

0,020
16

0,960

− 6000
q' 'e
lpailp

0,019 − 5000
thnath

nthth 65
15

lpiei

0,018 − 400
EnE

aalp

0
14

60

0,017 − 300
0
0,955
EEn

0,016
55

20 0,015 − 20
00
ε = 100

0,014 − 15
00
90
ε=

e
0,950
= 0

0,013
e
8
70

−1
=

e 0,012 000
ε

60


=
50
=

15 eε 0,011
eε = −5
40 0,010 00
0,945

eε =
30 0,009
eε = 0,008
20 0
(A) eε = 0,007
(S)
0,940

0,006
100
ε=
e 0,005

0,004
50
0,935

0,003 0
0,002

0,001
19 ˚C 27,6 ˚C
0,000
0,930

Température(( C) 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55
Température

Volume spécifique
(m3/kg d'air sec) 0,830 0,840 0,850 0,860 0,870 0,880 0,890 0,900 0,910 0,920 0,930
10
2500

200

15

00
0 0
0

γ taux de variation de q ' rapporté à la variation de w (kJ/kg d'eau)

Figure 3 – Droite de pente du local en hiver en occupation

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BE9273

Traitement de l’air et climatisation


Aspects acoustiques et physico-chimiques
par André BAILLY
Directeur du laboratoire de la Compagnie Industrielle d’Applications Thermiques (CIAT)
Michel CLERC-RENAUD
Ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon
Conseiller technique CIAT
Emmanuel RUTMAN
Ingénieur de l’École catholique d’arts et métiers de Lyon
Responsable de l’équipe Confort du laboratoire CIAT 3
et Claude TERNANT
Ingénieur de l’École des hautes études industrielles de Lille (HEI)
Ancien responsable du département Assistance technique de CIAT

1. Aspects acoustiques ............................................................................... BE 9 273 - 2


1.1 Notions de base ........................................................................................... — 2
1.2 Propagation du son ..................................................................................... — 4
1.3 Source et origine du bruit ........................................................................... — 6
1.4 Traitement du bruit dans un local .............................................................. — 6
1.5 Implantation en local technique ................................................................. — 8
1.6 Vibrations en aéraulique ............................................................................. — 8
1.7 Atténuations dans les gaines...................................................................... — 10
1.8 Traitements complémentaires .................................................................... — 11
2. Aspects physico-chimiques................................................................... — 14
2.1 Ionisation...................................................................................................... — 14
2.2 Rayons ultraviolets ...................................................................................... — 14
2.3 Séchage chimique ....................................................................................... — 14
3. Conclusion ................................................................................................. — 16
3.1 Système en évolution constante ................................................................ — 16
3.2 Multiples fonctions de la centrale de traitement d’air.............................. — 17
3.3 Clés de la réussite d’une installation ......................................................... — 17
Notations et symboles .................................................................................... BE 9 272
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 9 274

L ’air est un bon élément propagateur du son. Or, en conditionnement d’air,


l’air est aspiré puis refoulé dans le local traité. Entre l’extraction et le souf-
flage, il a traversé des éléments générateurs de bruit. Il va donc véhiculer ces
bruits. Si des atténuations ne sont pas disposées au bon endroit, une gêne peut
se révéler importante dans le local à traiter thermiquement et même à l’extérieur
du local ou du bâtiment. L’aspect acoustique doit donc être étudié dès la concep-
tion de l’installation.
Des notions d’acoustique sont rappelées avant de répertorier les sources pos-
sibles de bruit. Ce premier paragraphe se termine par des conseils et des solu-
tions pour les différents traitements acoustiques possibles en conditionnement
d’air.
Dans certains cas, l’installation demande un traitement particulier de l’air (trai-
tement physico-chimique). En début de ce deuxième paragraphe, les traitements
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TRAITEMENT DE L’AIR ET CLIMATISATION __________________________________________________________________________________________________

d’ionisation et par rayonnement ultraviolet sont décrits succinctement car ils


tendent à disparaître au profit d’une filtration améliorée. Le séchage chimique,
objet de la deuxième partie de ce paragraphe, peut remplacer la déshumidifica-
tion par refroidissement. Ce principe est utilisé lorsque la valeur de l’humidité
absolue de l’air désirée dans le local est très basse. Son principe et ses régula-
tions sont décrits.
Ce document fait partie d’un ensemble de quatre articles sur le traitement d’air :
[BE 9 270] Traitement de l’air et climatisation. Généralités
[BE 9 271] Traitement de l’air et climatisation. Les composants et leurs fonctions
[BE 9 272] Traitement de l’air et climatisation. Aspects thermiques et mécaniques
[BE 9 273] Traitement de l’air et climatisation. Aspects acoustiques et physico-chimiques
complétés par un fascicule de documentation
[Doc. BE 9 274] Traitement de l’air et climatisation. Pour en savoir plus

3
1. Aspects acoustiques Important : les ondes sonores ne se propagent pas dans le
vide (la pression du vide est nulle).

1.1 Notions de base ■ La longueur d’onde est le rapport de la vitesse de propagation à


la fréquence :

c
Le tableau des notations et symboles utilisés dans cet article λ = ---
f
est commun avec celui de l’article [BE 9 272] où il pourra être
consulté. avec λ longueur d’onde (m),
c vitesse de propagation (m/s),
1.1.1 Paramètres et unités utilisés f fréquence (Hz).

■ La puissance acoustique est la quantité globale d’énergie acous- ■ Les sons, qu’il s’agisse de la puissance, de la pression ou de
tique cédée par unité de temps par la source (source sonore conti- l’intensité, varient dans une très large plage. À titre indicatif :
nue considérée comme ponctuelle) sous forme d’ondes sonores.
— en matière de puissance sonore :
Cette puissance sonore est émise.
• un murmure correspond à 10−9 W,
■ L’énergie diffusée par la source provoque, dans l’air ambiant, un
train d’ondes de pression. La pression oscille autour de la pression • le booster de la fusée Saturne correspond à 3 × 108 W ;
atmosphérique. L’amplitude efficace des oscillations est appelée — les pressions sonores peuvent varier de 2 × 10−5 à 2 × 103 Pa.
pression acoustique. Cette pression acoustique communément C’est pourquoi, l’échelle logarithmique a été utilisée pour la repré-
appelée niveau sonore est reçue. sentation graphique. Pour obtenir un nombre sans dimension, nous
■ L’intensité acoustique est la quantité moyenne d’énergie qui tra- exprimons les sons (puissance, pression, intensité) sous forme d’un
verse, par seconde, une surface unitaire perpendiculaire à la direc- rapport entre la valeur mesurée et une valeur de référence. Le bel
tion des ondes sonores. exprime la valeur logarithmique de ce rapport.

■ La période est l’intervalle de temps qui sépare deux valeurs les Un niveau sonore exprimé en bels n’a de sens que si nous indi-
plus rapprochées pour lesquelles : quons la valeur de référence. Usuellement, nous utilisons le décibel
sous-multiple qui vaut un dixième de bel (symbole dB) :
— les pressions acoustiques sont identiques ;
— les dérivées sont les mêmes (évolution dans le même sens).
M
L = 10 K lg  --------
■ La fréquence est l’inverse de la période. M0
■ La vitesse de propagation d’une onde sonore est constante pour
un matériau donnée. Elle varie avec la température. avec L niveau sonore (dB),
Exemple : pour l’air : c = 331,4 + 0,607t soit à 20 ˚C : 343,54 m/s. K coefficient (1 pour la puissance et l’intensité, 2
pour la pression),
La tableau 1 donne quelques valeurs de vitesse de propagation.
(0)
M valeur mesurée,
M0 valeur de référence.
Tableau 1 – Vitesse de propagation de l’onde sonore pour
différents matériaux La valeur de référence correspond au seuil d’audibilité. L’oreille
humaine travaille approximativement de façon logarithmique.
Type Acier Béton Caoutchouc Bois tendre Eau Ainsi, l’oreille perçoit de façon identique le passage de 0,01 Pa à
0,1 Pa et le passage de 0,1 Pa à 1 Pa.
Vitesse 5 000 3 à 4 000 40 à 150 250 à 400 1 450
(m/s) Le tableau 2 donne les valeurs de référence.

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124
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— la bande de tiers d’octave (figure 2) : cette courbe plus


(0)

Tableau 2 – Valeurs de référence pour l’échelle sonore détaillée fait apparaître une pointe aux environs de 200 Hz ;
— une analyse fine (figure 3) : cette courbe permet de définir
Type de Unité de Valeur de Symbole la pointe observée dans l’analyse en tiers d’octave. Elle se situe
Application
paramètre mesure référence utilisé à 195 Hz et correspond à la fréquence de pale du ventilateur
Puissance W son émis 10−12 W LW 1 300
(1 300 tr/min et 9 pales soit --------------- tr/s × 9 pales = 195 Hz ).
Pression Pa son reçu 10−5 Pa Lp 60

Intensité W/m2 10−12 W/m2 LI


1.1.3 Filtre et courbe de gêne

1.1.2 Spectre ■ Filtre


L’oreille filtre en fonction des fréquences. Pour prendre en consi-
Le spectre est une représentation graphique du niveau sonore sur dération les variations de la réponse de l’oreille, des filtres de pon-
la plage totale des fréquences audibles (30 à 16 000 Hz). Dans un but dération ont été créés pour permettre à l’appareil de contrôle
de standardisation, la plage est divisée en bandes d’octave. Chaque (sonomètre) de mesurer le niveau auditif perçu par l’oreille.

3
bande est définie de façon à avoir la fréquence supérieure égale au En climatisation, nous utilisons essentiellement le filtre de pondé-
double de la fréquence inférieure et est désignée par sa fréquence ration A (tableau 4).
centrale (moyenne géométrique) qui est égale à la racine carrée du
produit des fréquences extrêmes. ■ Courbe de gêne
L’Organisation internationale de normalisation (International Pour intégrer la faiblesse de l’oreille aux basses fréquences, un
Organization for Standardization ISO) a défini les dix bandes système empirique a été créé. Ce sont des courbes de gêne.
d’octave à utiliser (tableau 3). Les fréquences centrales sont obte-
nues en multipliant ou en divisant par deux la fréquence de base L’Organisation internationale de normalisation (ISO) a adopté les
fixée à 1 000 Hz. courbes dénommées courbes ISO. Le chiffre de chaque courbe cor-
respond à son niveau sonore dans l’octave 1 000 Hz (figure 4). Le
Le spectre peut être représenté par : niveau de gêne est la valeur de la courbe tangente au spectre repré-
— la bande d’octave (figure 1) : cette courbe régulière d’un venti- sentatif du niveau sonore. Sur la figure 4, la courbe de gêne est
lateur donne les tendances du niveau sonore. ISO 78.
(0)

Tableau 3 – Bandes d’octave standards


31,3 62,5
Dénomination de la bande d’octave ........ (Hz) arrondi à arrondi à 125 250 500 1 000 2 000 4 000 8 000 16 000
31 63

Valeur minimale ........................................ (Hz) 22,1 44,2 88,4 177 354 707 1 414 2 828 5 657 11 314

Valeur maximale ........................................ (Hz) 44,2 88,4 177 354 707 1 414 2 828 5 657 11 314 22 627

110 110

Lp (dB) Lp (dB)

100 100

90 90

80 80

70 70

60 60
63 125 250 500 1 x 103 4 x 103 63 125 250 500 1 x 103 4 x 103
2 x 103 8 x 103 2 x 103 8 x 103
Fréquence (Hz) (analyse en octave) Fréquence (Hz) (analyse en 1/3 d'octave)

Figure 1 – Analyse spectrale d’un ventilateur en bande d’octave Figure 2 – Analyse spectrale d’un ventilateur en tiers d’octave

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Lp (dB) 110
100 Lp (dB)
90
100
80
70
90
ISO 78
60
50
80
40
ISO 80
30 ISO 78
70
20
ISO 70
10
60
0

3
0 24 48 72 96 120 144 168 192 216 240 ISO 60
12 36 60 84 108 132 156 180 204 228 50
Fréquence (Hz)(analyse en bande fine 0/250 Hz)
ISO 50
Figure 3 – Analyse spectrale d’un ventilateur en bande fine 40

ISO 40
(0) 30
Tableau 4 – Filtre de pondération A ISO 30
par bande d’octave 20
Bande
d’octave ISO 20
............... (Hz) 63 125 250 500 1 000 2 000 4 000 8 000 10

Valeur − − − 8,6 − 3,2 0 + 1,2 + 1,0 − 1,1


à ajouter . (Hz) 26,2 16,1 0
31,5 63 125 250 500 1 000 2 000 4 000 8 000
Fréquences médianes des bandes d'octave (Hz)
1.2 Propagation du son Figure 4 – Courbes de gêne ISO

1.2.1 Relation puissance/pression/distance

En champ libre, la relation entre la pression et la puissance est :

1
p Y2 = ρc -------------2- P X
4π d

avec PX puissance efficace émise par la source X (W),


q=1 q=2
pY pression efficace perçue au point Y (Pa),
a champ libre : b contre une paroi :
ρ masse volumique du milieu (kg/m3), sphère complète 1/2 sphère
c vitesse du son dans le milieu (m/s),
d distance entre les points X et Y (m).
Cette relation montre l’importance de la distance dans l’amortis-
sement d’un son. Le niveau de pression sonore chute de 6 dB cha-
que fois que la distance est doublée.

1.2.2 Directivité

En champ libre, la puissance sonore se diffuse sur la surface totale


d’une sphère. Avec des obstacles, la même puissance se diffuse sur
q=4 q=8
une partie de la sphère seulement. Elle est plus concentrée, donc la
pression acoustique reçue est plus forte. Le facteur de directivité q c dans l'angle de 2 parois : d dans le coin formé par 3 parois :
d’une source est le rapport de la surface totale de la sphère à la sur- 1/4 de sphère 1/8 de sphère
face réelle de la partie de sphère sur laquelle se diffuse le son
(figure 5). Figure 5 – Facteurs de directivité

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La pression perçue est égale à :

q 4
p 2 = ρcP  -------------2- + ----
4π d A
avec p pression sonore perçue (Pa),
1
2 ρ masse volumique de l’air (kg/m3),
c vitesse du son dans l’air (m/s),
4
P puissance sonore émise (W),
q facteur de directivité,
3 d distance entre la source et le récepteur,
A surface totale d’absorption du local.
1 émission du bruit Le calcul en décibels devient :
2 onde réfléchie
p ρ cP q 4 1/2

3
3 onde absorbée  -------------- + ----
L p = 20 lg ------ = 20 lg ----------  4π d 2 A
4 onde transmise p0 p 02
Figure 6 – Propagation du son en local clos Comme p 02 = ρ cP 0

P q 4 1/2

La formule de calcul de la pression devient :


L p = 20 lg ------  -------------- + ---- 
P 0 4π d 2 A
q P q 4
p Y2 = ρc -------------2- P X = 10 lg ------ + 10 lg  -------------- + ---- 
4π d P0  4π d 2 A 

avec q facteur de directivité, q 4


L p = L W + 10 lg  -------------- + ---- 
d distance entre les points X et Y (m). 4π d 2 A
avec Lp niveau de pression sonore perçu (dB),
1.2.3 Propagation et absorption du son LW niveau de puissance sonore émise (dB).
p0 et P0 sont les valeurs de référence à indiquer obligatoirement
■ Propagation en local clos pour toute valeur donnée en décibels.
L’énergie sonore qui atteint la paroi (figure 6, énergie incidente ①) Généralement les valeurs de référence sont :
se divise en trois parties :
— l’énergie réfléchie, qui repart dans le local où s’est produit le p0 = 2 · 10−5 Pa ;
bruit :
• l’angle de réflexion est égal à l’angle d’incidence, P0 = 10−12 W.
• l’onde réfléchie reste dans le plan d’incidence,
• c’est une transmission aérienne (onde réfléchie ➁, sur la
figure 6) ; 1.2.5 Addition des bruits
— l’énergie dissipée dans la paroi sous forme de chaleur ou
transmise vers d’autres parois (transmission solidienne) (onde Plusieurs sources sonores peuvent être situées proches les unes
absorbée ➂, sur la figure 6) ; des autres. Les puissances et les carrés des pressions s’additionnent
— l’énergie transmise dans la pièce voisine (transmission et leurs valeurs en décibels s’additionnent de façon logarithmique :
aérienne) (onde transmise ➃, sur la figure 6).
n
■ Absorption du son
Un matériau absorbant mis sur une paroi diminue la quantité
P t = P 1 + P 2 + ... + P i + ... + P n = ∑ Pi
i=1
d’énergie sonore réfléchie à l’intérieur du local.
1
La partie d’énergie absorbée s’appelle le coefficient d’absorption
α. Sa valeur varie avec la fréquence. p t2 = p 12 + p 22 + ... + p i2 + ... + p n2 = ∑ p 12
i=1
Le chercheur Sabine a défini la surface d’absorption d’une paroi,
dont l’aire est S et le coefficient α égal à : αS.
n
En faisant la somme des αS pour toutes les parois d’un local et  Pi 
L W = 10 lg  ∑ ------
pour une bande d’octave déterminée, nous obtenons la surface  i = 1 0
P
totale d’absorption A = ΣαS exprimée en m2 Sabine.
n
 lg ------ Pi
  
1.2.4 Niveau de pression sonore d’un local = 10 lg  ∑ 10 P0 
i = 1 
Dans un local, la pression acoustique reçue en un point de LW
n
 --------i 
l’espace résulte de l’effet conjugué : 
= 10 lg  ∑ 10  10  
— d’une onde directe ; i = 1 
— de toutes les ondes réfléchies.

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3

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INNOVATION

Traitement de l’air chargé en COV


par adsorption-électrodésorption
par Albert SUBRENAT et Pierre LE CLOIREC

Les composés organiques volatils (COV) sont des polluants dont l’émission
par l’industrie est réglementée. Ce système de traitement de l’air est basé 3
sur l’adsorption par des tissus de carbone activé. Les filtres sont régénérés
par chauffage électrique.

des applications optimales en fonction des


Albert SUBRENAT est chargé de recherche à contraintes appliquées. Aussi, il convient de proposer
l’École des mines de Nantes. des technologies spécifiques innovantes plus en adé-
Albert.Subrenat@emn.fr quation avec les problèmes à régler.
Pierre LE CLOIREC est professeur à l’École Les objectifs de ces travaux de recherche et de
des mines de Nantes. Il y dirige le département développement sont de mettre à disposition un pro-
systèmes énergétiques et environnement. cédé de traitement des émissions chargées en COV
de mise en œuvre et de fonctionnement aisés. Le
système est basé sur l’adsorption par des tissus de
1. Cadre réglementaire carbone activé et la régénération des filtres par
chauffage électrique.
et objectifs
Pour une approche globale du procédé, les tissus
L’élimination des composés organiques volatils de carbone activé, la mise en œuvre d’un module
(COV) est devenue une des priorités dans la lutte des adsorbant régénérable et enfin un exemple d’instal-
émissions gazeuses polluantes. En effet, ces compo- lation industrielle de traitement d’air chargé en COV Citepa
sés sont impliqués dans l’effet de serre ou le dérègle- seront présentés tour à tour. http://www.citepa.org
ment du cycle de Chapman (voir [J 3 928]) donnant
des concentrations anormales d’ozone dans l’air. La
Actitex
France a signé des traités internationaux sur la Ce travail résulte d’un partenariat entre l’École http://www.pica.fr
réduction de la pollution atmosphérique et en parti- des mines de Nantes et les sociétés Actitex (Yves Sofrance
culier sur la réduction des composés organiques Debayles), Sofrance (Christophe Devillers et Guy http://www.sofrance.com
volatils [1]. Le Centre interprofessionnel technique Pouquet) et Air Liquide (Jean-Marie Disdiers). Air Liquide
d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) http://www.airliquide.com
effectue le bilan annuel des émissions de COV et met
à jour régulièrement l’évolution des rejets de pol-
luants dans l’atmosphère. Ainsi, entre 1988 et 2001, 2. Un matériau adsorbant
les émissions de COV non méthaniques (COVNM) original : les tissus
dans l’air en France métropolitaine sont passées de
2 706 000 t/an à 1 674 000 t/an, soit une réduction de carbone activé Les familles de COV
globale de 38 % environ. En 2001, les rejets indus-
Solvants chlorés :
triels ont représenté environ 30 % du total. La régle- Parmi les matériaux adsorbants utilisables pour dichlorométhane,
mentation récente impose des mesures drastiques l’élimination des composés organiques volatils, le perchloroéthylène.
quant à la réduction des COVNM rejetés par les éta- charbon actif est généralement utilisé sous forme de Aromatiques : toluène,
benzène, xylène,
blissements classés (voir les textes réglementaires grains ou de bâtonnets extrudés. Ces solides poreux éthylbenzène.
en fin d’article). En outre, de nombreux secteurs garnissent des colonnes qui sont régénérées habi- Aliphatiques :
mettant en œuvre des solvants (chimie, pétrochimie, tuellement par de la vapeur d’eau ou par un autre mélanges
extraction et distribution de combustibles, pharma- gaz chaud [G 1 770]. Récemment, des fibres de d’hydrocarbures.
Esters : acétate
cie, traitement de surface, dégraissage, imprimerie, charbon actif sous forme de tissu (figure 1) ou de d’éthyle.
nettoyage à sec, peinture...) doivent mettre en place feutre ont été produites industriellement. Du fait de Cétones : acétone,
des procédés pour réduire leurs émissions polluan- l’application visée, il convient dans un premier temps méthyléthylcétone
Parution : octobre 2004

(MEK).
tes. S’il existe actuellement des traitements, comme de définir finement leurs caractéristiques phy- Aldhéhydes :
l’oxydation thermique, la biofiltration, la condensa- sico-chimiques et électriques. Dans un second formaldéhyde,
tion, le lavage de gaz [1] [G 1 700], il faut noter temps, les propriétés d’adsorption vis-à-vis de COV acétaldéhyde.
qu’aucun système n’est universel et que chacun a sont déterminées.

10-2004 © Techniques de l’Ingénieur IN 23 - 1

129
Référence Internet
IN23

INNOVATION

Sur le traitement viscose (rayonne) ou encore polyacrylonitrile (PAN)


de l’air et les COV : puis activation. Cette dernière étape consiste en une
Introduction aux traite- oxydation sous CO2 ou vapeur d’eau à haute tempé-
ments de l’air [G 1 700] rature (entre 800 et 1 200 oC), permettant de déve-
de P. Le Cloirec
lopper une porosité interne des fibres et une surface
L’adsorption en traite-
ment de l’air [G 1 770] spécifique importante, siège de l’adsorption des
de P. Le Cloirec composés à transférer. Selon la nature du précurseur
Techniques de dépollu- et les conditions opératoires de fabrication, il est pos-
tion des rejets atmos- sible d’obtenir une gamme de matériaux adsorbants
phériques industriels relativement large, se distinguant par leur texture,
[J 3 920] de J. Raguin
Procédés de traitement
leur structure poreuse et leur surface spécifique. Ces
des COV ou composés propriétés sont importantes en termes de capacités
organiques volatils d’adsorption, de pertes de charge en système dyna-

3
[J 3 928] de N. Soltys mique, ainsi que de propriétés électriques. Ces
Inventaire des textes quelques caractéristiques sont ainsi rassemblées
réglementaires relatifs à
l’air [GR 520] de Figure 1 – Rouleau de tissu de carbone activé dans le tableau 1, pour différents tissus commer-
Y. Pitoun (doc. Actitex) ciaux de la société Actitex.
Droit de l’air : cadre Ainsi, il existe une grande variété de tissus aux
international et commu-
nautaire [G 1 510] de propriétés macroscopiques différentes (mode de
L. Prat tissage, épaisseur, grammage), essentiellement liées
Déchets et risques pour aux caractéristiques de perte de charge, ainsi que
la santé [G 2 450] de physico-chimiques (structure poreuse, surface spéci-
G. Keck et E. Vernus
fique, chimie de surface, résistivité électrique) dues
au mode de fabrication. Le choix d’un tissu se fait
donc en fonction du composé à adsorber et du cahier
des charges imposé.

2.2 Caractéristiques électriques


Ces tissus étant essentiellement composés de
carbone (à plus de 99 % en masse), ils se compor-
tent d’un point de vue électrique comme des maté-
riaux conducteurs classiques. La résistance
électrique d’une pièce de tissu dépend de la nature
du matériau, de sa géométrie et de ses dimensions.
Elle est donnée par la relation classique :
a tissu ρ L
R = ----- -----
e ᐉ
avec ρ la résistivité électrique du matériau
(Ω · m),
R la résistance électrique de la pièce de tissu
(Ω),
e l’épaisseur du matériau (m),
L la longueur de la pièce de tissu (m),
ᐉ la largeur de la pièce de tissu (m).
De plus, cette résistance électrique varie avec la
température (figure 3). Elle décroît au fur et à
mesure que la température augmente suivant une loi
linéaire [3] :
R (T )
----------------- = 1 + α 0 冠 T – T 0 冡
R0
b fibre
avec R (T) la résistance électrique à la température
T (Ω),
Figure 2 – Textile de carbone activé (WWP-3)
R0 la résistance électrique à la température
T0 (Ω),
2.1 Caractéristiques physico-chimiques α0 le coefficient thermique à la température
T0 (K–1),
Les tissus de carbone activé sont des adsorbants
dont l’aspect est celui d’un textile classique, composé T la température moyenne de la pièce de
de fils tissés ou tricotés, eux-mêmes faits de fibres tissu (K),
multilobées [2] d’environ 10 µm de diamètre T0 = 273,15 K.
(figure 2). Ainsi, la caractérisation électrique des tissus et la
Ces matériaux sont généralement obtenus par car- connaissance de leur comportement permet de pré-
bonisation d’un tissu précurseur synthétique de type voir et de contrôler le chauffage électrique de ces

IN 23 - 2 © Techniques de l’Ingénieur 10-2004

130
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IN23

INNOVATION

Tableau 1 – Caractéristiques physico-chimiques de différents tissus


de carbone activé
Nom commercial (1) RS-1301 WRH-18 WWP-3 WKL-20

Précurseur.......................................................... Viscose Viscose Viscose Viscose

Armure .............................................................. Satin de 3 (2) Tricoté Tissé Tricoté

Procédé d’activation ............................................. H2O CO2 CO2 CO2


Trame (3) 20 50 14 50

3
Texture ................................. (fils/cm)
Chaîne (3) 12 50 14 50
Trame (3) 7,4 7,5 16,3 7,5
Diamètre des fibres ......................(µm)
Chaîne 6,7 3,8 11,0 4,2
(3)
Grammage ............................(g · m–2) 220 130 130 125

Épaisseur .................................. (mm) 0,61 0,41 0,47 0,42

SBET (4) .............................. (m2 · g–1) 1 461 790 873 784

Volume microporeux (5).......(cm3 · g–1) 0,506 0,310 0,435 0,310

Volume mésoporeux (6) .......(cm3 · g–1) 0,237 0,020 0,108 0,020

Volume poreux total ............(cm3 · g–1) 0,743 0,330 0,543 0,330

Volume microporeux ......................(%) 68,1 94,0 80,1 94,0

Diamètre médian des pores ............. (Å) 7,3 7,0 3,6 7,0
(1) Les noms commerciaux sont liés au mode de tissage et à la surface spécifique.
(2) Mode de tissage.
(3) Les fils de trame sont les fils perpendiculaires aux lisières du tissu ; les fils de chaîne y sont parallèles.
(4) Il s’agit de la surface spécifique mesurée par la méthode classique Brunnauer - Emmet - Teller.
(5) Pores de diamètre inférieur à 20 Å.
(6) Pores de diamètre compris entre 20 et 500 Å.

matériaux, et d’utiliser cette technique comme mode vitesse de balayage en gaz vecteur. Celui-ci sert alors
de désorption. De plus, la forme textile et la qualité uniquement à transporter les molécules désorbées.
de fabrication de ces matériaux donnent un chauf- Ainsi, la durée des régénérations est réduite
fage homogène (figure 4), et donc une régénération (quelques dizaines de minutes), la concentration du
rapide et efficace de l’adsorbant [4]. désorbat élevée et son volume faible [5]. Lorsque
L’étude et la caractérisation de l’ensemble de ces l’on dimensionne des systèmes de traitement en
paramètres permettent de concevoir, d’adapter et de continu sur deux adsorbeurs alternant des phases
prévoir le comportement électrique de filtres indus- d’adsorption et de régénération, la réduction de la
triels, ainsi que leurs conditions opératoires de régé- durée de régénération s’accompagne donc d’un gain
nération. sur la quantité d’adsorbant mise en œuvre.

2.3 Régénération par chauffage 2.4 Propriétés d’adsorption


électrique direct vis-à-vis des COV
La régénération par chauffage électrique intrin-
sèque des tissus permet de fournir l’énergie néces- Les tissus de carbone activé ont de bonnes proprié-
saire à la désorption en limitant les transferts tés d’adsorption vis-à-vis d’une large gamme de sol-
thermiques intermédiaires. La désorption de la plu- vants. Les vitesses d’adsorption sont très rapides, en
part des COV utilisés dans l’industrie peut être obte- raison des grandes surfaces d’échange externe dues Le tissu de carbone
activé se comporte
nue à des températures comprises entre 60 et à la structure fibreuse du matériau. Ainsi, les cinéti- comme une résistance
150 oC. De plus, la montée en température du maté- ques de transfert externe sont élevées, 5 à 10 fois et chauffe par passage
d’un courant électrique.
riau est très rapide en raison de sa faible inertie plus rapides qu’avec des grains (figure 5a ). Les Il est à la fois l’adsor-
thermique (2 à 5 o C · s –1 pour une configuration capacités d’adsorption sont elles aussi élevées, avec bant et le système de
chauffage nécessaire à
industrielle). Cette technique de chauffage permet la particularité d’être conséquentes dès les faibles la désorption.
aussi de découpler le chauffage de l’adsorbant de la concentrations (figure 5b).

10-2004 © Techniques de l’Ingénieur IN 23 - 3

131
3

132
Le chauffage, la climatisation et l'eau chaude sanitaire
(Réf. Internet 42582)

1– La réglementation thermique

2– Le chauffage

3– Le traitement de l'air et la climatisation


4
4– L'eau chaude sanitaire Réf. Internet page

Eau chaude sanitaire B9190 135

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
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• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

133
4

134
Référence Internet
B9190

Eau chaude sanitaire

par Patrice BRAUD


Ingénieur ENSAIS (École nationale supérieure des arts et industries de Strasbourg )

1. Bases de dimensionnement. Définition des besoins ..................... B 9 190 - 2


1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Installations individuelles ........................................................................... — 2
1.3 Installations collectives dans l’habitat ....................................................... — 3
1.4 Installations du secteur tertiaire ................................................................. — 3

4
2. Règlements et normes............................................................................ — 4
2.1 Préambule .................................................................................................... — 4
2.2 Qualité de l’eau ............................................................................................ — 4
2.3 Qualité des installations.............................................................................. — 5
2.4 Maîtrise de l’énergie.................................................................................... — 6
3. Systèmes de production d’eau chaude. Règles de conception .. — 7
3.1 Composition générale ................................................................................. — 7
3.2 Classification et choix.................................................................................. — 7
3.3 Description technique ................................................................................. — 8
3.4 Règles de calcul ........................................................................................... — 12
3.5 Bilans énergétiques prévisionnels ............................................................. — 17
4. Exemple chiffré de production collective......................................... — 17
4.1 Solution semi-accumulation....................................................................... — 17
4.2 Solution « semi-instantané » ...................................................................... — 17
4.3 Comparaison................................................................................................ — 18
5. Annexe : besoins d’ECS ......................................................................... — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 9 190

et article a pour objet de fournir aux techniciens et ingénieurs les bases


C de conception et de calcul des installations de production et de distribution
d’eau chaude sanitaire, qu’il s’agisse d’équipement individuel ou collectif. Il a
été réalisé à partir de l’ouvrage intitulé « ECS. L’eau chaude sanitaire dans les
bâtiments résidentiels et tertiaires. Conception et calcul des installations ».
Comme le précise cet ouvrage, les publications relatives à ce sujet sont nom-
breuses, mais, toutefois, les informations sont dispersées, parfois même
contradictoires.
Le dimensionnement d’une installation d’ECS (comme nous l’appellerons
désormais tout au long de ce document ), ne répond pas à des règles déter-
ministes. Les besoins sont généralement fluctuants, dans le temps ou d’un lieu
à l’autre, avec des comportements et des attentes très variables suivant les
usagers ; leur définition est parfois malaisée. Cet article ne prétend pas fixer des
règles de dimensionnement, ce qui serait risqué du fait de la fluctuation des coûts
d’énergie et d’équipement.
Parution : novembre 1996

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1. Bases de dimensionnement. Terminologie


Définition des besoins Bouclage : technique visant à maintenir la température de
distribution ECS proche de la valeur fixée, par circulation forcée
d’eau chaude dans le collecteur, au moyen d’une canalisation
1.1 Généralités retour parallèle et d’une pompe, formant ainsi une boucle eau
chaude.
■ Les besoins d’une installation d’ECS dépendent de trois para- Efficacité du stockage (ou facteur de mélange) : coeffi-
mètres [1] : la température d’utilisation, le débit instantané, le cient égal au rapport entre la capacité utile du stock à la tempé-
volume disponible. Ces valeurs peuvent varier en fonction des habi- rature de distribution ECS prévue et la capacité réelle.
tudes, voire du contexte social. Préparateur (ou chauffe-eau)) : appareil de production
d’ECS comportant un dispositif de réchauffage (faisceau tubu-
● La température de l’eau utilisée varie généralement selon les
laire, serpentin, résistance électrique), par opposition à ballon
usages entre 33 et 40 oC (bains, douches) et 55 oC (lavage sans
ECS (capacité de stockage ne contenant aucun dispositif de
détergent), avec une limite fixée réglementairement à 60 o C, à
réchauffage).
l’exception des cuisines ou buanderies des établissements recevant
Recalage : terme qualifiant les valeurs des besoins ECS pour
du public, où l’ECS peut être distribuée à 90 oC en certains points,
les logements en 1986, par comparaison avec ceux de 1979.
moyennant une signalisation particulière (§ 2.3).
Relance : utilisation du dispositif de réchauffage, en dehors
● Le débit instantané est, quant à lui, affecté d’un coefficient de de la période de charge (généralement en heures creuses), pour
foisonnement variable en fonction du nombre de points de puisage. un système de production d’ECS à accumulation.
● Enfin, le volume d’ECS nécessaire a vu sa valeur croître régu- Relève : substitution d’une énergie à une autre (par exemple
lièrement, y compris durant la période de crise de l’énergie, malgré électricité au lieu de fuel ou de gaz).

4 l’utilisation de robinets limiteurs de débit d’eau, à coupure automa-


tique de débit, par temporisation hydraulique (genre Presto), ou de
robinets mitigeurs automatiques diminuant le temps d’attente pour
Rendement de distribution : coefficient donné par :
E dis
η dis = 1 – ----------
-
l’obtention de l’eau mitigée à la température voulue. Ainsi, entre E ut
deux enquêtes effectuées par le Centre Scientifique et Technique du
Bâtiment (CSTB) en 1979 et 1986 [2] [3], dans les logements collectifs, avec Edis énergie perdue lors de la distribution,
la progression des volumes consommés pour des installations Eut énergie utile apportée par l’eau puisée.
comparables a été de 27 %. Néanmoins, la consommation reste Rendement de stockage : rapport de la quantité d’énergie
globalement moins élevée en France que dans certains autres pays puisée en ECS, à la quantité d’énergie introduite en stockage.
industrialisés. Traçage : technique consistant à appliquer un cordon chauf-
■ Face à ces besoins, le concepteur dispose d’un large éventail de fant sur le collecteur ECS (généralement sous l’isolant), de
solutions : manière à maintenir la température de distribution ECS à la
valeur fixée, en dehors des périodes de soutirage.
— système individuel ou collectif ;
— système instantané ou à accumulation ou intermédiaire ;
— choix de la température de production et de distribution ; ● La durée moyenne d’utilisation s’établit à environ 340 jours par
— choix de l’énergie et du mode de production (simple ou an (durée moyenne constatée lors de l’enquête de 1986, pour un
mixte). logement type T3 c’est-à-dire avec 3 pièces principales).
Le choix opéré dans l’une de ces quatre rubriques dépend de ceux ● Le rendement de distribution dépend généralement de deux
des trois autres, mais aussi et surtout du système de chauffage facteurs :
retenu par ailleurs. — le refroidissement entre deux puisages du volume mort
compris entre chaque point d’utilisation et l’équipement de produc-
tion (de l’ordre de 0,5 à 1 litre par point) ;
— les déperditions thermiques en cours de puisage.
1.2 Installations individuelles À l’intérieur d’un logement, ce rendement de distribution peut
ainsi varier entre 80 et 95 %, selon le degré d’isolation des canali-
■ La température de l’eau distribuée n’est pas constante. Aussi, pour sations et leur position dans ou hors le volume chauffé.
la définition des besoins, les calculs sont-ils effectués pour une Cela étant, ces valeurs probables de consommation annuelle
température de puisage équivalente à 60 o C. Ces besoins sont n’entrent pas dans le calcul du dimensionnement des installations,
synthétisés dans le tableau 3, qui provient des enquêtes effectuées lequel prend en compte les besoins extrêmes et non les besoins
par le CSTB [2] [3]. On y trouve : moyens.
— les besoins moyens annuels, selon le nombre de pièces que ■ En individuel, deux systèmes de production d’ECS existent
comporte le logement, en litres/jour pris à 60 oC, en 1979 et en 1986, généralement : le système à accumulation et le système instantané.
enfin ceux à adopter pour le dimensionnement – soit 1,5 fois les
● Le système à accumulation est surtout électrique, bien que
valeurs de 1986 – pour tenir compte de l’évolution probable des
consommations dans les années à venir ; l’utilisation de combustible fossile se justifie au moins pendant la
— les consommations annuelles d’énergie, selon le nombre de saison de chauffe, puisque les chaudières sont alors utilisées pour
pièces, ou énergie utile (en kilowatt heure) pour une température des durées significatives et à des charges optimales, offrant en outre
d’eau froide de 12 o C ; ces consommations correspondent en un temps de réponse plus court.
revanche aux valeurs de 1986, sans coefficient de majoration de 1,5. La capacité du préparateur à retenir s’échelonne généralement de
Par ailleurs, dans le paragraphe 5, les trois tableaux 4 précisent 100 à 300 litres pour un logement de 1 à 5 pièces, par pas de 50
les coefficients de répartition à appliquer à ces valeurs selon litres par pièce. Une étude réalisée par EDF en 1985 a, par ailleurs,
l’heure, le jour et le mois. confirmé ces valeurs moyennes [4].
● Le dimensionnement du système instantané, presque toujours
La consommation annuelle tient bien évidemment compte de
à combustible fossile vu le coût relativement important de la prime
la durée moyenne d’utilisation ainsi que du rendement de distribu-
fixe (abonnement relatif à la puissance souscrite) pour la production
tion, tels qu’ils ressortent des relevés effectués en 1986.
d’ECS électrique, conduit à déterminer la puissance de la chaudière,

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à partir du débit maximal probable de l’installation. Ce dernier est — de l’efficacité du stockage, ou facteur de mélange, qui peut aller
obtenu en additionnant les débits spécifiques à chaque usage de 0,75 à 0,95 pour des ballons verticaux (0,9 minimum pour les
susceptibles d’être simultanés, et en multipliant le total obtenu par ballons électriques, selon la norme NF C 73-221) ; une valeur élevée
1,5 pour couvrir les pertes de distribution et anticiper l’évolution des du facteur de mélange est d’autant plus nécessaire si l’on compte
besoins. sur une possibilité de restitution rapide, comme dans les systèmes
à semi-accumulation ;
— des pertes en boucle, qui ne sont jamais négligeables.
1.3 Installations collectives dans l’habitat Exemple : pour un écart de température eau chaude – ambiance de
40 K, la valeur des pertes (en W/m) par les canalisations non
Si les avantages liés au regroupement de la demande semblent calorifugées est de l’ordre de 1,6 fois la valeur du diamètre extérieur en
a priori l’emporter (limitation de la puissance maximale et du volume millimètres. Pour une isolation équivalente à 1 cm de laine de verre,
de stockage du fait du décalage des besoins, limitation des déper- cette valeur est ramenée à 0,5 fois le diamètre.
ditions par fourniture à température plus basse de certains usages,
réduction des coûts d’investissement et d’entretien par rapport à plu- Le choix du débit de boucle est généralement défini pour une chute
sieurs installations individuelles cumulées), il convient pour autant de 5 K, peu ressentie par l’usager le plus défavorisé. Ce débit peut
de ne pas en sous-estimer les inconvénients (augmentation des être modulé (avec 2 pompes différentes), voire interrompu durant
déperditions du fait de la création d’un réseau de distribution qu’il les périodes de non puisage.
faut maintenir en température pour garantir une équivalence de four- Exemple : le rendement de distribution ou de bouclage varie de
niture en tout point du réseau, augmentation des coûts d’investis- 30 % en l’absence d’isolation à 60 ou 70 % avec une isolation correcte.
sement et d’entretien du fait du comptage de répartition).
La définition précise des volumes totaux simultanés, mais surtout
des profils de puisage, est donc déterminante pour satisfaire au Concernant ce dernier point, le choix ou non du bouclage et

4
mieux les besoins et au moindre prix. de son utilisation peut se résumer de la façon suivante :
— en pratique, il est bon de prévoir soit le bouclage, soit le tra-
■ Préalable au choix de l’équipement, il y a celui du ou des niveaux çage de la canalisation, pour une distance supérieure à 10 mètres
de température d’ECS distribuée, lesquels peuvent varier de 45 oC entre le point d’utilisation et la source ;
(nécessaire en pratique pour l’obtention de 40 oC à tous les robinets) — l’arrêt de la circulation d’eau n’est pas autorisé par les avis
à 60 oC, maximum réglementaire. Les recommandations peuvent se techniques relatifs aux produits de traitement d’eau quand l’eau
résumer ainsi : est l’objet d’un traitement chimique. En tout cas, il n’est possible
— limiter si possible la température de production à 55 oC, pour que si l’installation est correctement équilibrée, de manière à ne
limiter les déperditions et les risques d’entartrage et de corrosion ; pas laisser de branches mortes après redémarrage ;
— prévoir la possibilité de régler la température à des valeurs dif- — le traçage électrique, qui permet de faire l’économie du col-
férentes, suivant l’usage et la longueur des circuits de distribution lecteur retour et de ne maintenir en température qu’une seule
(45 oC généralement pour les salles d’eau représentant environ 2/3 longueur, nécessite la pose d’un traceur en continu, solidaire
des besoins, 55 oC pour les cuisines), le coût d’exploitation étant avec le tuyau, protégé par l’isolant, avec une alimentation
directement lié à la température de distribution. asservie à la température. L’intérêt du traçage dépend pour
beaucoup de la nature de l’énergie employée pour la préparation
■ La définition précise du profil des puisages n’est pas aisée, de l’ECS ; il est évident si cette énergie est l’électricité.
c’est pourquoi l’étude visera à calculer certaines grandeurs caracté-
ristiques, variables selon le système retenu :
— la capacité nominale de stockage, à partir des besoins journa-
liers maximaux, pour un système à accumulation totale (nocturne 1.4 Installations du secteur tertiaire
généralement), en tenant compte de l’efficacité du stockage ou
facteur de mélange, paramètre caractérisant la qualité de la strati-
fication, à garantir par le constructeur ; Bien que répondant à des situations très variées, le dimension-
— la capacité de stockage et la puissance appelée pour la relance, nement des installations de ce secteur répond aux mêmes règles
à partir des besoins estimés pendant les périodes où la relance peut que pour les installations individuelles et collectives.
être appelée, pour un système à accumulation avec relance ; selon Le tableau 5 rassemble, pour divers utilisateurs du secteur ter-
le profil de puisage établi pour chaque type de jour (12 mois et 3 tiaire, les ratios des besoins d’ECS probables, pour de l’eau à 60 oC,
types, cf. tableau 4), on cherchera alors à exploiter au mieux l’équi- provenant de sources diverses. Les écarts sont parfois importants
pement de production selon ses propres caractéristiques (1 ou (nombre de chambres, de repas, de lits...) pour une même famille
plusieurs ballons, relance dans le ballon ou séparée) ; d’établissements, rendant le dimensionnement des équipements
— le plus gros volume appelé en continu, sur une durée de souvent délicat. L’extrapolation de valeurs en provenance de sites
quelques heures, ainsi que l’appoint fourni par le réchauffage réalisé équivalents en cours d’exploitation, si elle est possible, est donc
pendant le même temps, pour un système à semi-accumulation ; particulièrement recommandée. Le concepteur fondera en outre son
— la puissance nécessaire pour répondre à un puisage court et approche à partir des éléments suivants :
important, après épuisement du stock, pour un système semi-
instantané ; — les bâtiments d’hébergement (hôtel, maison de retraite, foyer,
— la puissance nécessaire au réchauffage pour la minute la plus camping) présentant généralement des profils de puisage assez
chargée, pour un système instantané ; toutefois, tenant compte de réguliers, les solutions à semi-accumulation sont souvent retenues,
l’inertie thermique de l’installation (quelques litres par logement), avec des températures de distribution variant entre 40 et 50 oC ;
le calcul est rapporté à une durée de pointe de 10 minutes à laquelle — pour les établissements hospitaliers, la variété des besoins
est associée le volume de pointe correspondant. (hébergement, restauration, blanchissage...) conduit à séparer ther-
miquement les divers usages ;
■ Le calcul des grandeurs caractéristiques ci-dessus doit éga- — pour les établissements scolaires et sportifs ainsi que sur les
lement tenir compte : lieux de travail, la température est généralement limitée à 40 oC,
— du rendement de stockage, lequel varie généralement entre voire 35 oC ; la simultanéité des puisages est maximale, lors des
80 et 93 %, si toute l’énergie est utilisée sur un cycle diurne ; pauses, entraînant un débit de pointe maximal.

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2. Règlements et normes de clapet de non-retour, avec soupape de sûreté et rejet du volume


excédentaire par un entonnoir siphonné (groupe de sécurité hydrau-
lique) permet de répondre à cette exigence.
2.1 Préambule
2.2.2 Traitement thermique
Les exigences de qualité auxquelles toute installation de distri-
bution d’eau chaude doit répondre, qu’elle soit individuelle ou col-
lective, peuvent se décliner comme suit : Concernant le traitement thermique de l’eau potable, c’est-à-dire
son réchauffage pour l’amener à l’état d’ECS, on distingue deux
— le réglage de la température doit être possible, précis et fidèle ;
modes de préparation :
— la température, une fois réglée, doit être stable ;
— le temps d’attente, nécessaire à l’écoulement d’eau refroidie — la préparation directe : chauffe-eau électrique (résistances
avant l’arrivée de l’eau chaude, doit être aussi court que possible blindées en contact avec l’eau ou résistances boudinées sur stéatites
(quelques secondes) ; en gaine étanche), chauffe-bain ou chaudière de chauffage central
— la fourniture d’eau chaude doit être continue, c’est-à-dire fiable, à double usage, à combustible (avec échangeur entre produits de
sauf interruption accidentelle de l’alimentation en eau froide du pré- combustion et eau potable) ;
parateur ou consommation excessive. — la préparation indirecte : par échangeur incorporé à une chau-
dière ou indépendant, avec utilisation d’un fluide caloporteur d’ori-
Pour satisfaire ces exigences, il convient de rappeler les gine variée (chaudière, capteur solaire, pompe à chaleur, rejet
règlements et normes relatifs à la qualité de l’eau et des installations thermique, réseau de chaleur, eau géothermale...).
d’ECS, ainsi qu’à la maîtrise de l’énergie.
C’est dans ce dernier cas qu’une pollution est à craindre par le
fluide caloporteur, celui-ci étant souvent chargé d’impuretés et de
produits additifs (antigel non sanitaire, par exemple). Certaines

4 2.2 Qualité de l’eau dispositions sont donc à respecter, que nous résumons ci-après.
■ Règlement sanitaire départemental type (article 16.9) et
instruction technique pour la réalisation et l’installation des
Seules sont rappelées ci-après les exigences relatives à la prépa-
ration et à la distribution de l’ECS, à l’exclusion de celles concernant dispositifs de traitement thermique de l’eau potable [5].
l’eau froide potable. ● Fluide caloporteur ne contenant que des produits à usage
alimentaire ou autorisés (fluide type I) – Cas 1
— Installations multifamiliales : l’échangeur à simple paroi est
2.2.1 Hygiène admis moyennant soit l’utilisation d’un appareil de classe B
(tableau 1), soit le maintien d’une différence de pression (pression
Sur ce plan, le texte de base est le règlement sanitaire d’eau potable toujours supérieure à celle du fluide caloporteur) avec
départemental type , complété le cas échéant par l’autorité un échangeur de classe C. Néanmoins dans ce dernier cas, comme
départementale. L’eau chaude sanitaire y est considérée comme eau la pression d’eau potable ne peut être garantie en permanence,
destinée à la consommation humaine, puisqu’utilisable en particulier l’alimentation en fluide chauffant doit être équipée de vannes d’iso-
pour la cuisine. Rappelons-en les principales prescriptions : lement automatiques et d’une vanne de mise à l’air libre, actionnées
— produits additionnels : l’adjonction de produits antigel est par un détecteur de pression différentielle (figure 1), avec mise en
interdite ; l’utilisation de produits tels que catio-résines, polyphos- sécurité par manque de courant.
phates, silicates, pour lutter contre la corrosion et l’entartrage, doit En outre, dans les deux cas, il doit être possible de contrôler
être pratiquée conformément à la réglementation en vigueur et en l’existence d’une fuite éventuelle (par manomètre, par exemple).
respectant les avis techniques spécifiques à chaque fournisseur ; Enfin, conformément aux prescriptions du DTU no 65.11 (Disposi-
— l’installation doit être pourvue de dispositif anti-retour, per- tifs de sécurité des installations de chauffage central concernant le
mettant d’éviter la pollution du réseau public d’eau potable ou du bâtiment ), l’échangeur doit avoir subi, côté fluide caloporteur, une
réseau intérieur de distribution ; épreuve de tenue à une pression au moins égale à 1,5 fois la pres-
— tout poste de traitement d’eau doit être, de même, pourvu en sion maximale de service, avec un minimum de 6 bar.
amont d’un clapet de non-retour, le déversement des rejets se fai- — Installations unifamiliales : l’échangeur à simple paroi peut
sant par un entonnoir siphonné ; être de classe C (tableau 1), sans qu’il soit nécessaire de maintenir
— la dilatation de l’eau engendrée par son réchauffage ne doit une différence de pression.
provoquer ni retour en amont, ni détérioration des appareils qui la
produisent ou des canalisations qui la véhiculent ; la mise en place Le contrôle de fuite éventuelle doit être possible et l’épreuve de
tenue à la pression réalisée comme indiqué précédemment. (0)

Tableau 1 – Traitement thermique de l’eau potable par échangeur (préparation indirecte)


Classe Échangeur Matériau Fluides Cas
A double paroi (1) non oxydable à l’air tous (type II) 2
acier inoxydable usage alimentaire
B simple paroi ou cuivre ou produits autorisés (type I) 1

traditionnel usage alimentaire


C simple paroi (acier noir) ou produits autorisés (type I) 1 (2)

(1) deux parois distinctes entre fluide chauffant et ECS


(2) utilisation unifamiliale ou maintien d’une différence de pression si installation multifamiliale

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2.2.3 Qualité sanitaire

Dernier point et non le moindre, la qualité sanitaire de l’ECS doit


faire l’objet d’une surveillance régulière et les installations doivent
faire l’objet d’un contrôle technique préalablement à leur utilisation.
Ce contrôle technique permet de vérifier le mode d’alimentation
et de vidange de tous les appareils raccordés, complété par un
contrôle analytique de l’eau après désinfection des réseaux
intérieurs.
À Paris, ces contrôles sont confiés au Centre de Recherches et
d’Études du Contrôle des Eaux de la Ville de Paris (CRECEP) ; dans
les autres départements, les DDASS désignent l’organisme
compétent.
Ce contrôle, réalisé aux frais du propriétaire, s’applique à tout
Figure 1 – Maintien d’une différence de pression réseau collectif neuf, public ou privé (cf. article 20 du règlement sani-
avec un échangeur de classe C taire départemental type). La même disposition s’applique aux
réseaux anciens, mais seulement en cas de transformation, adjonc-
tion ou réhabilitation.
● Fluide caloporteur contenant des produits à usage non ali-
mentaire ou non autorisés (fluide type II) – Cas 2
2.3 Qualité des installations
4
Dans ce cas, seuls sont autorisés les échangeurs à double paroi
ou les systèmes à double échange.
— Échangeur à double paroi de classe A (tableau 1) : l’espace
■ La pérennité des installations est directement liée aux caracté-
compris entre les parois, même rempli d’un matériau inerte à l’air
ristiques physico-chimiques de l’eau utilisée et à la température
et aux fluides, doit permettre l’évacuation par gravité, sans rétention,
de production, ces deux facteurs intervenant dans le processus de
des fuites éventuelles de l’un ou l’autre des fluides.
formation du tartre ou des corrosions.
L’échangeur doit avoir subi séparément sur chacun des circuits
Les caractéristiques principales d’une eau sont les suivantes :
une épreuve de tenue à la pression identique à celle du cas 1. La
conformité à ces conditions, ainsi qu’à celles relatives aux ponts — la dureté, relative à la teneur en sels dissous de calcium ou
thermiques entre les deux enveloppes ou à l’utilisation d’un fluide de magnésium ; plus celle-ci est élevée, plus l’eau est dite dure et
intermédiaire de type I à l’intérieur de ces deux enveloppes, doivent entartrante ;
faire l’objet d’une attestation du CSTB, sous couvert du ministère — l’agressivité, relative à la présence de gaz carbonique dissous
de la Santé. dans l’eau ; le réchauffage a généralement pour effet de réduire
l’agressivité de l’eau ;
— Système à double échange : ce dispositif comprend un premier — la corrosivité, liée à la composition physico-chimique de l’eau
échangeur, réalisant l’échange thermique du fluide primaire vers un (pH, résistivité, teneur en oxygène dissout, en chlorures...) ; le
fluide intermédiaire de type I, et un second échangeur distinct du réchauffage, mais aussi le renouvellement, la stagnation, les dépôts,
premier et réalisant l’échange du fluide intermédiaire vers le fluide ont pour effet d’accroître la corrosivité. On distingue plusieurs types
secondaire (eau potable). Le premier échangeur ne fait l’objet de corrosion : par courants galvaniques, par oxydation, par aération
d’aucune prescription particulière. Le second doit pour sa part être différentielle.
conforme aux indications du cas 1.
● Règles communes de réalisation.

Les échangeurs, qu’ils soient à simple ou à double paroi, ne En règle générale, l’entartrage concerne surtout les appareils
doivent pas comporter de raccord démontable sur les surfaces de production instantanée, alors que la corrosion se manifeste
d’échange. Ils doivent être munis d’une plaque indicatrice men- davantage dans les appareils à accumulation. Par ailleurs, ces
tionnant : désordres sont plus fréquents lorsque l’eau est agressive ou
que sa température dépasse 60 oC, d’où l’intérêt de maintenir
— la pression d’épreuve ; celle-ci à une valeur inférieure, si possible.
— la pression maximale de service de chaque circuit ; En outre, il faut rappeler la nécessité de placer les canalisa-
— la classe (tableau 1). tions en cuivre toujours en aval de celles en acier galvanisé, ceci
■ Circulaires des 2 juillet 1985 et 2 mars 1987 relatives au traite- afin d’éviter la formation du couple électrolytique cuivre-zinc
ment thermique des eaux destinées à la consommation humaine. conduisant à des perforations rapides.
● La circulaire du 2 juillet 1985 établit la classification des fluides
caloporteurs de type I. Cette classification comporte : Les traitements anticorrosion (sur l’eau ou sur l’installation) et
— une liste A regroupant les fluides pouvant être dilués dans les antitartre (toujours complété par un traitement anticorrosion) ne
circuits primaires de chauffage, installation solaire notamment ; doivent en aucun cas altérer les qualités de l’eau, laquelle doit rester
— une liste B regroupant les additifs pouvant être introduits dans potable. Le DTU 60.1, additif no 4, précise les conditions pour
les circuits de chauffage destinés à la production d’ECS ; lesquelles l’eau doit faire l’objet d’un traitement ; ce dernier peut
— une liste C regroupant les fluides frigorigènes pouvant être revêtir trois formes :
introduits dans les pompes à chaleur, ainsi que les lubrifiants des — la filtration, lorsque l’eau contient des matières en suspension ;
compresseurs de pompes à chaleur. — la neutralisation, pour une eau chargée en CO 2 agressif (10 à
● La circulaire du 2 mars 1987 est relative à la mise à jour de ces 15 mg/L) ;
mêmes listes. — le traitement filmogène, par addition de produits autorisés
(silicates ou phosphates).

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