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Etude des glissements de terrain dans la wilaya de Mila par approche


géophysique.

Technical Report · January 2015

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Farès Kessasra
University of Jijel
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République Algérienne Démocratique et populaire

BET SEZA

ETUDE DES GLISSEMENTS DE TERRAIN DANS LA


W. DE MILA PAR APPROCHE GEOPHYSIQUE

Par: Dr Farès KESSASRA

Février 2015
_________________________________________________________________________

BUREAU D’ENGINEERING, ETUDES ET EQUIPEMENTS EN GEOSCIENCES

GEOEXPLO
Adresse : Cité 602 Lgts, Bt.SCB12, N°06, Les Dunes, Cheraga– Alger
Tel/Fax : +213 (0) 21368337
Web site :www.geoexplo.dz
e-mail : geoexplodz@gmail.com
Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

1. Table des matières

INTRODUCTION .................................................................................................................. 4

I. PRESENTATION DE LA REGION D’ETUDE ............................................................... 5

II. APERÇU GEOLOGIQUE ................................................................................... 6

1. Site 1 : Pénétrante Sud : ................................................................................................... 6

2. Site 2 : Evitement de la ville de Mila ................................................................................... 7

3. Site 3 : Route de Tessala (Dj. Dorbane) .......................................................................... 8

III. Cadre hydrogéologique ....................................................................................... 9

IV. Méthodologie géophysique......................................................................................... 10

1. Aperçu théorique ............................................................................................................. 10

L’imagerie électrique : ......................................................................................................... 10

Le Sondage Electrique Vertical (SEV) ................................................................................ 12

2. Acquisition et traitement des données ........................................................................... 12

V. Interprétation des données géophysiques.................................................................... 14

1. Site 1 : Pénétrante Sud : ................................................................................................. 14

2. Site 2 : Evitement de la ville de Mila : ........................................................................... 26

3. Site 3 : Djebel Dorbane, Route de Tessala .................................................................... 30

VI. CONCLUSIONS ............................................................................................................. 33

VII. Bibliographie.................................................................................................................... 36

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

INTRODUCTION

Ce rapport est un compte rendu de la campagne de mesures géophysiques qui a été réalisée
en décembre 2014, dans la région de Mila. L’approche utilisée est l’étude par imagerie
électrique des glissements de terrain qui affectent les principaux axes routiers de la région,
en l’occurrence :
- Site1 : La pénétrante sud,
- Site2 : L’évitement sud de Mila – ville (RN79)
- Site3 : La route de Tessala

Ces mouvements de terrain vont de petites instablités et glissements de terrain à échelle


réduite à de gigantesques coulées avec présence d’une série de bourrelets visible plus ou
moins profond.

Les méthodes électriques mesurent la résistivité électrique qui dépend de nombreux


facteurs comme la teneur en eau, le nature et la quantité des argiles et de la porosité. La
connaissance de la cause de la variation de ce paramètre est essentielle. La mise en
évidence de la géométrie et de la structure des mouvements de terrain peut être réalisée en
mesurant les gradients physiques existant entre une roche en place et une roche remaniée.
Ces différences concernent principalement la compaction, la teneur en eau, la porosité et la
résistivité (Schmutz, 2003).

Les principaux objectifs de cette prospection géophysique appliquée aux glissements de


terrain des argiles du bassin de Mila sont :
- La reconstruction géométrique du corps du glissement (extension latérale et surtout
profondeur),
- L’identification des surfaces de cisaillement entre la masse instable et le
substratum sain,
- L’étude des circulations et des accumulations d’eau souterraine dans le corps du
mouvement de terrain qui contrôlent la mise en mouvement de la masse i nstable.

La géophysique est donc utilisée comme moyen d’investigation principal qui viendra
appuyer la géotechnique comme méthode d’étude. Elle facilitera la prise de décision quant
aux actions, en termes d’ouvrages d’art, que devraient engager les responsables de la

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Direction des Travaux Publics de Mila afin de limiter l’extension de ces terrains instables.
Ces mouvements de terrain qui rentrent dans la catégorie des risques naturels d’ampleur,
endommagent les différentes infrastructures de la région et auront des répercussions
inévitablement préjudiciables sur le développement socio-économique

I. PRESENTATION DE LA REGION D’ETUDE


La ville de Mila est située au Nord-Est de l’Algérie, à 50 km au Nord-Ouest de la
ville de Constantine (figure 1). Elle est au cœur du bassin néogène de Mila. Ce dernier est
limité au Nord par l’arête montagneuse de M’cid Aicha et du Sidi Driss, au Sud par le
Djebel Ossmane et Djebel Grouz, à l’Est par les massifs du Djebel Chettaba, Akhal et
Kheneg et à l’Ouest le Djebel Boucharef et Oukissène (Souiki, 2007). Le bassin de Mila
présente des formations géologiques de nature argileuse et marneuse à caractère détritique,
épaisses de 40 à 50m et entrecoupées de minces passées sableuses dont l’épaisseur varie
de 10 à 20cm. Ces formations argilo-marneuses susceptibles de provoquer des retraits et
gonflement des sols et, par conséquence, peuvent donner lieu à des tassements
différentiels qui se manifestent en désordre, affectent le réseau routier et les constructions
de la région (Athmania et al., 2011).

Figure 1: Localisation d e la ville de Mila (Carte Michelin au 500 000e)

La ville de Mila appartient au bassin versant du Kébir-Rhumel, vaste de 8 815 km2. Le


bassin est drainé par Le Rhumel qui conflue avec Oued Endja pour former Oued El Kebir.
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Ce dernier passe au centre-ouest de Grarem et se jette à la mer à Sidi Abdelaziz dans la


Wilaya de Jijel. Le Nord de la ville de Mila est drainé par Oued Cotton, à proximité de
l’un de nos sites de prospection (RN79). La ville appartient à l’étage bioclimatique semi-
aride doux, caractérisé essentiellement par des précipatations assez importantes, dont la
moyenne est estimée à 582 mm (Mebarki, 2005).

II. APERÇU GEOLOGIQUE


1. Site 1 : Pénétrante Sud :
La majorité des profils d’imagerie électriques de la pénétrante sud sont situés sur le
Mio- Pliocène continental, comme le montre la figure 2. Nos observations de terrain dégagent
les principaux traits de la formation géologique de la région. En effet, ce mio-pliocène est
composé essentiellement d’argiles grises à intercalations riches en sel, de conglomérats et
recouvertes localement par des calcaires lacustres formant les parties supérieures des
versants nord. Ce sont des bancs métriques composés essentielement de calcaires lacustres,
sous lesquels sont interposés plusieurs niveaux d’argiles de gypse (Draidia et al., 2013)

Figure 2: Localisation des sondages d’imagerie électrique (S1, S2, S3, S4, S5, S6, S7, S79) sur un
fond géologique (Cartes au 50 000e, Jacob et Ficheur, 1899 et Kazitani et Oussedik, 1977)

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2. Site 2 : Evitement de la ville de Mila

Les profils d’imagerie électriques réalisés sur l’évitement de Mila-ville, en l’occurrence,


79A et 79C, sont localisés sur des argiles à passées gypseuses (figure 2). En effet, les
terrains du Miocène sont représentés par des formations argileuses à gypse et des argiles
carbonatés grises avec des intercalations de bancs silstones de grès argileus meubles. Il existe
également des poudingues du Koudiat Alg où on y rencontre un conglomérat, des grès, des
micropoudingues, des sables et limons é́pais d’environ 150 m. Ces faciès sont répandus
dans le Nord-Est de la région de Mila. Quant aux marnes à Ostrea crassissima, sont des
marnes argileuses grises à faunes (Ostrea), leur épaisseur oscille entre 100 et 120 m.

Les terrains du Pliocène sont représentés par les calcaires lacustres d’El Noudj-Baba, gris
rosatres, épais de 100 m. Ils forment de hauts plateaux entre les massifs de Chettaba et
Djebel Akhal dans le Sud de la wilaya de Mila. Des éboulis de calcaires pliocènes dans des
formations d’argiles brunâtres sont relevés. Les terrains pliocènes reposent sur la surface
érodée d’argiles du Miocène. Ils sont largement développés dans les parties ouest et sud de
la région de Mila.
Le quaternaire est représenté par des argiles et limons, d’alluvions avec de nombreuses
inclusions carbonatées (Sels gemmes) comme le montre la coupe établie par Vila en 1980
(Figure 3). Son épaisseur atteint localement 4 à 6m aux pieds de pentes.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 3: Coupe descriptive de la région de Redjas El Ferrada (Vila, 1980)

3. Site 3 : Route de Tessala (Dj. Dorbane)

A Djebel Dorbane, les deux panneaux exécutés sont situés sur des formations gypseuses
du Miocène supérieur, des lentilles de gypse dans la série molassique ainsi que des
éboulis plus ou moins homogènes (Figure 4). En effet, le bassin est riche en dépôts
évaporitiques (sel gemme et gypse). Les argiles sont exploitées pour l’industrie de la brique
et de la céramique et le gypse pour fabriquer du plâtre. Nos observations de terrain relèvent
des versants instables tout le long de la route présentant des mouvements de masse dont
l’origine reste à déterminer.
Les accidents dans la région sont dominés par des directions N-S, E-W, NE-SW et
NW-SE qui ont donné naissance à une structure en horst et demi-horst. Cette
morphologie a favorisé un remplissage détritique néogène dans laquelle les accidents
tectonique ont rejoué pour aboutir à la configuration morpho-structurale actuelle. Des
structures chevauchantess, reprises par des accidents verticaux, caractérisent la bordure
septentrio- nale du bassin de Constantine Mila. Elles correspondant, en effet, à des
failles inverses et des décrochements. Une importante faille limite les argiles marines de
Mila des argiles.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 4: Localisation des sondages d’imagerie électrique : D1 et D2 sur un fond géologique


(Carte au 50 000e, Durand-Delga, 1953)

III. Cadre hydrogéologique


Comme le bassin mio-pliocène est à dominante argileuse, ses formations ne présentent
aucun intérêt de stockage hydrogéologique. En revanche, la seule ressource potentiellement
exploitable réside dans les quelques affleurements de calcaires lacustres, des bancs métriques,
qui sont susceptibles de renfermer des ressources exploitées localement. Mais a` condition que
ces calcaires soient suffisamment fracturés pour permettre des circulations d’eau souterraine et
constituer de vraies réserves.
Par ailleurs, émergent de nombreux horsts de calcaires néritiques donnant lieu à des
aquifères karstiques hydrothermaux tel le système de Hamma Bouziane à Constantine
(M´ebarki, 1988). De nombreuses sources ressurgissent également près de Mila, à l’exemple de
la source de Marchau offrant un débit moyen de l’ordre de 13 l/s.
Par ailleurs, les massifs carbonatés du néritique constantinois, émergent en horsts très
karstifiés. Au pied de ces massifs, dans la zone d’éboulis, émergent d’importantes sources
karstiques : Ain Fesguia, Aïn Fourchi au Sud d’Ain M’lila et a` l’Est du Djebel Nif Ennser, Aïn
Bou-Merzoug au Nord du massif du Fortas.
Les formations quaternaires des systèmes alluviaux des différents oueds de la région ou`
différentes plaines quaternaires sont cloisonnées par les djebels calcaires. Elles sont alimentées

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

par les trop-pleins non captés alimentant en premier lieu les oueds (haut-Rhumel et Bou
Merzoug) pour ensuite s’infiltrer dans la nappe. Sur l’ensemble de ces plaines, les nappes du
Quaternaire (Alluvions, sables, graviers et limons) sont activement exploitées pour des besoins
d’irrigation.

IV. Méthodologie géophysique


La prospection géophysique par méthode électrique est considérée comme une
technique non destructive largement employée en gé́otechnique. Elle permet une
investigation rapide et peu coûteuse d’un grand volume de sol. Elle se révèle adéquate
d’une part, pour caractériser des sols et d’autre part, pour détecter des variations latérales à
l’échelle du site étudié. La prospection géophysique, incluant toute ses méthodes, devient
alors un puissant outil pour optimiser les campagnes de forages et réduire leur coût
(Mezzreg et al., 2013).
L’étude a do nc consisté en la réalisation d’une campagne de profils d’imagerie électrique et
un Sondage Electrique Vertical (SEV).
A cet effet, ont été réalisés :
- 11 profils d’imagerie é́lectrique (qui sont appelés en général sondage d’imagerie dans
ce rapport).
- 01 sondage électrique vertical (SEV)

1. Aperçu théorique

L’imagerie électrique :

L’imagerie électrique appelée aussi tomographie électrique ou ERT (Electrical Resistivity


Tomography) est une méthode électrique qui correspond à la conjonction de deux techniques
(trainé et sondage électrique).Voir figure 5. On peut dire qu’un profil d’imagerie résulte d’une
succession de trainés électriques à différentes profondeurs d’investigation. Un profil d’imagerie
est l’équivalent de centaines de mesures de trainées électriques.
Ceci permet d’avoir une image géo-électrique en 2D (ou même en 3D) des variations de
résistivité électrique vraie du sous-sol en fonction de la profondeur comme illustré par la figure
6 (particulièrement, partie C).

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 5: Illustration du principe d'acquisition

Figure 6: Etapes pour l’obtention du modèle d’une imagerie électrique

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Le Sondage Electrique Vertical (SEV)

Le sondage électrique nous renseigne sur la distribution électrique verticale, en un point


donné à la surface. Les SEV ont été réalisés en utilisant un dispositif Schlumberger où l’écart
entre les électrodes de mesure est constant au centre du dispositif et on fait varier l’écart entre
les électrodes d'injection. On obtient ainsi un sondage de la résistivité en profondeur sous le
centre du dispositif. La distance MN est petite par rapport à AB. En général MN ≤AB/5. Pour le
𝐀𝐌 . 𝐌𝐍
dispositif Schlumberger, 𝐊 = 𝛑 𝐌𝐍

2. Acquisition est traitement des données

Les travaux de géophysique sur le site se sont déroulés du 19 au 23 Décembre 2014.


Durant les travaux de prospection, les conditions de terrain ont été plus ou moins favorables au
bon déroulement de l’acquisition des données.
La campagne géophysique réalisée comprend 11 profils d’imagerie électrique et 01
sondage électrique vertical avec AB = 300m.
L’équipe de terrain était composée de 03 ingénieurs géophysiciens.

Le système électrique utilisé pour les profils d’imagerie et le sondage électriques est le
SARIS (Scintrex Automated Resistivity Imaging System) de Scintrex.

Figure 7: Système d'imagerie électrique SARIS

Les accessoires nécessaires sont les suivants :


- 10 câbles d’imagerie électrique de 5 électrodes chacun espacées de 5m.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

- Câblage AB et MN pour le SEV


- Electrodes en acier inoxydable de 55 cm de longueur et de 1,4 cm de diamètre.
- Une alimentation (batterie 12V),
- Marteaux, décamètres.

Le sondage électrique est de type Schlumberger (AB=300m). Les profils d’imagerie électrique
ont été réalisés avec la configuration Wenner-Schlumberger. Chaque profil d’imagerie peut
comprendre 2 à 3 panneaux chevauchants les uns des autres, généralement de deux cables.
Le but est de comprendre l’ampleur des glissements de terrain en les caractérisant
géométriquement afin que les géotechniciens puissent adapter leur solution à région et
d’atteindre surtout des profondeurs intéressantes.
L’interprétation du sondage a été réalisée en utilisant le logiciel « IPI2WIN » (Version 3.0),
élaboré par Moscow State University. Elles sont données sous forme de tableau donnant la
résistivité et l’épaisseur de chacune d’elle.
L’interprétation des profils d’imagerie a été faite avec le logiciel, Res2Dinv de GEOTOMO
SOFTWARE. Le résultat est une image électrique du sous-sol.
Il est à noter que les estimations des épaisseurs et des résistivités dans toute l’interprétation qui
va suivre a été étalonnée avec les sondages des forages.
Afin d’étendre la zone des glissements explorée, nous avons appliqué la méthode du
recouvrement. Après avoir effectué une séquence de mesures avec toutes les électrodes du
cable, ce dernier est déplacé d’un certain nombre d’électrodes dans le sens du profil. C’est
le cas des profils : S3, S5 et S6 qui ont été chevauchés, chacun, de deux cables.
Les erreurs dites aléatoires (bruits et courants parasites ou vagabonds) sont éliminées
systématiquement lors du passage du transfert du fichier depuis le résistivimètre.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

V. Interprétation des données géophysiques

1. Site 1 : Pénétrante Sud :


Notre équipe a réalisé sept (07) sondages d’imagerie électrique au sud de la ville de Mila
(figure8).

Nom Orientation Longueur Observations

S1 S1 SSE-NNW 140
S1b SSE-NNW 140
S2 SSW-NNE 100
S3 S3 S-N 120
S3b S-N 120 Chevauché de 2 câbles
S3c S-N 120 Chevauché de 2 câbles
S4 SW-NE 100
S5 S5 SSW-NNE 140
S5b SSW-NNE 80
S5c SSW-NNE 80 Chevauché de 2 câbles
S6 S6d NE-SW 220
S6e NE-SW 100 Chevauché de 2 câbles
S7 S-N 200
79a N-S 140
79c NW-SE 160
D1b NE-SW 140
D2 NE-SW 100
Tableau 1: caractéristiques des profils d’imageries réalisés sur le site 1 de la pénétrante sud

Les profils réalisés sur ce tronçon sont fortement bruités électriquement car ils sont
situés sur l’axe de la pénétrante sud de Mila, la reliant à la ville de Constantine.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 8: implantation des sondages d’imagerie électriques (site1)

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La lithologie est bien définie a` travers les nombreux logs de sondages disponibles sur cet axe
routier. L’ensemble de ces sondages mécaniques ne dépassant pas 20 m de profondeur, montre
généralement des horizons marneux, argileux avec la présence fréquente de plusieurs passées
gypseuses. Ces dernières affleurent par endroit sur le site. Ces formations sont plus ou moins
humides en surface et présentent des résistivités très disparates en raison de la nature même
du sous-sol prospecté, riche en marnes et argiles. En effet, tous les matériaux qui contiennent
une certaine quantité d’argile possèdent une conductivité électrique plus ´élevée qu’en son
absence. Une argile complétement sèche possède une faible conductivité ´électrique car les
´échanges ioniques sont presque inexistants en absence d’eau.
Du point de vue géomécanique, ces nappes d’argile contiennent des argiles qui s’associent
avec l’eau ce qui leur confère des propriétés colloïdales, leur surface spécifique et leur capacité
d’échange sont ´élevées favorisant le phénomène d’adsorption de l’eau, une capacité de
gonflement et surtout l’´étendu du domaine plastique. Ce dernier élément est important dans la
compréhension des glissements dans les masses argileuses ou à dominante argileuse de la
région de Mila.

Le profil S1 permet la discrimination de deux horizons distincts. Un horizon superficiel


conducteur dont la gamme des résistivités est inférieur à 10 Ohm.m. Elle correspond à des
volumes de terrain broyés renfermant des zones de très fortes conductivités taillées
entièrement dans des argiles et marnes. Elles sont inférieures à 1 Ohm.m et représentées en bleu
sur la figure 10. Ces zones peuvent incarner des zones de glissement qui favorisent les
circulations d’eau dans des terrains suffisamment broyés par les différents mouvements de
cisaillement et dont leur forte porosité ne fait qu’accentuer les infiltrations d’eaux superficielles
(météoriques principalement).
Le premier horizon surmonte un second horizon plus résistant dépassant 100 Ohm.m, mais tout
en restant extrêmement prudent quant a` l’influence d’artefacts souterrains, vu la nature bruitée
du sous-sol du site d’´étude.

Le Profil S1b (figure 11), met en exergue l’amplitude et la profondeur du glissement qui
peut dépasser 15 m. Les résistivités en profondeur demeurent très basses, généralement
inferieures `a 5 Ohm.m et nous renseignent, de ce fait, sur la nature broyée, instable et
humide des terrains prospectés.
A titre indicatif, la série des glissements de terrain qui déstabilisent et endommagent
régulièrement les ouvrages d’art de la majorité des axes routiers de Mila est déclenché suite
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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

aux intempéries de 2012. La succession de mouvements de terrain ne fait qu’empirer la


situation devant l’ampleur des d´dégâts que cela provoque.

Figure 9: Section des profils d’imagerie S1 et S1b - site 1

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Le profil S2 marque une absence d’un véritable plan de glissement, comme celui observé
sur les profils S1 et S1b. Le matériel présente des caractéristiques plus ou moins résistantes en
surface avec en moyenne 45 a` 80 Ohm.m sur environ 10 m de profondeur. Ces résistivités
diminuent progressivement en profondeur pour atteindre 10 Ohm.m mais encore plus en bas à
droite de la section ou` un début de zone se montrant plus conductrice apparaît avec des
résistivités globalement inférieures a` 5 Ohm.m.

Figure 10: implantation des profils S2 et S3

Le profil S3 semble perturbé par des bruits de fond, l’erreur RMS est de l’ordre de 7%.
Néanmoins, il met en évidence plusieurs zones instables du point de vue géotechnique. Ces
dernières semblent très conductrices, situées à l’aplomb du profil et représentées par des plans
plus ou moins individualisés. Ces zones sont provoquées par les circulations d’eau dans le
matériel broyé. L’utilité de cette méthode est de pouvoir mesurer l’amplitude des glissements
parfois mal visible en surface mais suffisamment étendus en profondeur comme c’est le cas dans
ce profil.
En effet, trois grandes zones instables ont été définies par l’imagerie électrique, s’élargissant
davantage en profondeur. La première à gauche du profil semble moins large (environ 15
m) offrant des résistivités de l’ordre de 1 à` 2 Ohm.m. La deuxième zone est située au
milieu du profil, plus large que la précédente avec 35 m environ et la troisième a` droite de la
section dont la largeur ne dépasse pas 20 m.
Ces zones sont renfermées dans une matrice argileuse dont les résistivités sont comprises entre
1 et 100 Ohm.m environ mais les valeurs maximales ne semblent pas réalistes, mais traduisent le
fait que le terrain résistant sur le versant situé à droite du profil marque un contraste intéressant.
Partout ailleurs, le profil montre des résistivités inférieures a` 30 Ohm.m, conséquence directe
de la présence d’argile, d’eau et de gypse dans le sous-sol du site étudie.
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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 11: Pseud-section des profils d’imagerie S2 et S3 – Site 1

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Par ailleurs, la présence de plusieurs sources d’eau pérennes sur ce tronçon, repérées lors de
notre mission de terrain dans la région, et situées principalement à proximité des fronts de
glissement de terrain, constitue d`es lors un facteur catalyseur qui a tendance à accentuer de
plus en plus l’ampleur et la vitesse des mouvements déclenchés, `a la base, par la nature
lithologique du sous-sol. Ce qui rendrait ce tronçon de plus en plus vulnérable aux instabilités
récurrentes du sol et sous-sol.

Le profil S4 montre une zone très conductrice au milieu du transect (représentée en bleu sur
la pseudo-section sur la figure 13 avec des valeurs inférieures a` 1 Ohm.m. Cette zone peut
correspondre à un axe de glissement ou` des terrains instables et en mouvement favorisent des
infiltrations d’eau m´météorique. Cette dernière est responsable de la chute des résistivités.
Les dimensions de la zone montre l’importance du glissement, elle est large d’environ 15 m
et sa profondeur est supérieure a` 18 m, l´légèrement inclinée vers la gauche et dans laquelle les
résistivités se montrent inférieures à 1 Ohm.m.
On dénote également la variation latérale des résistivités de part et d’autre de cette zone
perturbée et circonscrites par de très faibles résistivités, ce qui démontre l’influence de
l’instabilité des terrains sur les mesures de résistivité. En effet, a` gauche de la zone en bleue,
les résistivités remontent légèrement a` environ 5 Ohm.m, en revanche, elles sont plus
importantes a` droite, de l’ordre de 95 Ohm.m en moyenne.
Le glissement observé au droit du profil S5 correspond à un gigantesque désordre,
comparativement aux autres glissements d’une échelle plus réduite et repérés sur le site d’étude
retenu pour mener cette campagne de prospection.
En effet, il prend naissance au niveau de ce profil (S5) et descend progressivement en une
sorte de coulée géante jusqu’à l’emplacement du profil S6. Les observations de terrain,
appuyées par l’analyse des images satellitaires issues de google Earth indiquent la présence
d’une série de bourrelets au pied de la coulée. Ces indices de surface précurseurs révèlent
l’importance de ce glissement sur la pénétrante sud.
Comme la résistivité électrique est inversement proportionnelle au contenu en eau d’un
matériau, les plages bleues sur les profils correspondent à des zones à résistivités très faibles et
coïncident avec des axes de glissement plus ou moins instables. Comme cité précédemment, le
matériau broyé a tendance à laisser circuler l’eau, d’autant plus que la présence de plaques de
gypse conducteur dans le log de sondage PK 9-900 (Figure 14) contribue a` faire chuter les
résistivités ´électriques. En effet, le log PK9-900 montre sur 12 m de profondeur l’existence

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

d’une fine couche d’argile de 1.5 m d’épaisseur, qui surmonte un horizon constitué de marnes
argileuses en présence de passées gypseuses. Lorsque les argiles se retrouvent en présence
d’eau, même en très faible quantité, les ions qui sont contenus dans l’eau peuvent être échangés
avec les cations peu liés `a aux argiles. Le courant électrique peut donc passer librement à la
surface de l’argile et la résistivité électrique est alors très faible.
Par ailleurs, sur le profil S5b, s’individualise nettement une zone d’instabilité dont l’étendu
s’accroit de plus en plus en profondeur jusqu’`a atteindre 25 m de largeur. Les résistivités sont
inférieures a` 1 Ohm.m.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 13: Pseudo section des profils d’imagerie S4, S5 et S5b – Pénétrante Sud

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 14: Log du sondage au PK 9-900 à proximité du profil d’imagerie S5

Les profils S6 et S7 (figure 16) indiquent des contrastes de résistivités assez forts mais
tout en montrant une certaine prudence quant à l’influence d’artéfacts et bruits de fond qui
peuvent nous induire en erreur dans nos interprétations.
Sur le profil S6 se démarque deux principaux horizons. L’un superficiel profond de 6 m environ
et dont les valeurs de résistivités sont comprises entre 50 et 100 Ohm.m, elles se distribuent sur
toute la surface de ce volume de terrain visiblement plus stable. Il surmonte une plage plus
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conductrice, dont les résistivités oscillent entre 3 et 10 Ohm.m, confirmant des circulations
d’eau. Une plage plus conductrice apparaît a` droite de la section a` partir de 5 m de profondeur
avec des résistivités inférieures `a 1 Ohm.m et qui correspondent a` une humidité et porosité
élevée.
En revanche, le profil S7 montre un modèle inverse à deux couches, l’une superficielle
conductrice où les circulations d’eau dans les masses instables favorisent la chute des
résistivités et l’autre profonde et plus ou moins résistante, en guise de substratum
géotechnique.
A la différence des autres profils réalisés sur la pénétrante sud, ce profil montre un fort contraste
électrique entre les valeurs de résistivité du matériau constituant la coulée et celles du matériau
constituant les versants. En effet, une zone d’instabilité moins profonde et superficielle allongée
tout le long du profil et s’étalant sur une profondeur ne dépassant pas 9 m. Vient ensuite un
terrain plus ou moins stable avec des résistivités croissantes en profondeur, elles vont de 50
Ohm.m à 10 m de profondeur, jusqu’à 200 Ohm.m `à 20 m de profondeur. La partie saine du
terrain apparaît ´également a` droite du profil qui surmonte une plage conductrice broyée. La
transition latérale est parfaite mais cette couche n’est épaisse que de 3 m uniquement. En
dessous, les circulations d’eau et les instabilités des masses marneuses fait encore chuter les
valeurs de résistivités.

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Figure 15: Pseudo section des profils d’imagerie S6d et S7 – Pénétrante Sud

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2. Site 2 : Evitement de la ville de Mila :

Notre équipe a réalisé deux (02) sondages d’imagerie électrique et un (01) sondage électrique
vertical (SEV) à l’est de la ville de Mila (figure17).

Figure 16: implantation des profils d’imagerie 79A et 79B et le SEV- Site2

L’évitement de Mila-Ville est le siège de multiples glissements de terrain de taille petite


à moyenne. Ces instabilités en milieu péri-urbain menaceraient une cité d’habitation se trouvant
au-dessus de l’axe, une usine de fabrication des matériaux de construction et un nouveau
Centre d’Enfouissement Technique (CET) destiné aux produits inertes. Ce dernier se trouvant
sur le talus séparant la route de l’oued Cotton.
Pour rappel, l’oued se jette directement dans la cuvette du barrage de Béni Haroune. Et tout
relâchement d’ampleur du sol et du sous-sol peut déclencher une autre catégorie de problèmes
connexes, en l’occurrence, des problèmes d’ordre environnemental. Ils toucheraient directement
la qualité de la ressource en eau du barrage, d’où réside la nécessité de trouver des solutions
adéquates pour stabiliser ces talus en mouvements. L’imagerie électrique est en phase de
fournir les premières indications relatives a` la profondeur des glissements de terrain
observés.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Les deux sondages carottés retenus dans cette ´étude (PK 2+200 et PK 2+300) montrent la
prédominance d’argile marneuse et limoneuse sur une profondeur de 20 m. Nous relevons que
le site est bruité en raison des travaux de confortement en cours et la présence de lignes de haute
tension qui n’arrangent pas nos interprétations.
Les plages de résistivité correspondant a` 200 Ohm.m sur les deux profils (figure 18) sont
issus des bruits de fonds artificiellement provoqués. Partout ailleurs, les résistivités sont trop
basses en raison de la présence d’argiles humides.
En effet, les travaux de reconnaissances géotechniques montrent une succession de
couches d’argile encroûtée, d’argile limoneuse et parfois marneuse comme le montre ces logs
de sondage :
- de 0 a` 0,40 m : Terre végétale.
- de 0,4 a` 2,5 m : Argile encroutée a` trace de graves, marron beige.
- de 2,5 a` 4,5 m : Argile encroutée a` trace de graves, marron noirâtre.
- de 4,5 a` 8,5 m : Argile limoneuse encroutée, ferme, beige.
- de 8,5 a` 20 m : Argile marneuse, ferme, grisâtre.
Il en est de même pour le deuxième sondage ou` les argiles demeurent prédominantes :
- de 0 a` 1 m : Terre végétale.
- de 1 a` 3 m : Argile limoneuse à trace de graves, noirâtre.
- de 3 a` 4,5 m : Argile limoneuse, marron.
- de 4,5 a` 11,5 m : Argile limoneuse encroutée, blanchâtre.
- de 11,5 a` 16 m : Argile marneuse, ferme, grisâtre.
- de 16 a` 20 m : Argile marneuse, ferme, grisâtre à verdâtre.
L’hétérogénéité des argiles de Mila (figure 19) a rendu très dispersés les paramètres de
cisaillement, issus des essais au laboratoire (Boudlal, 2012). Benaissa et Belaouar en 008, ont
déterminé que les essais inclinométriques n’ont pas montré de mouvements profonds et que
la géométrie de surface de glissement est simple (plane ou circulaire) au niveau de la zone des
185 logements.

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Figure 17: Aspects de l’évitement sud de Mila-Ville (Kessasra, 2014)

Sur notre site d’étude au milieu du profil 79 a, apparaît une zone d’infiltration de
forme allongée et réduite où les résistivités sont plus faibles qu’ailleurs. Cela pourrait
correspondre à un axe de glissement très instable et suffisamment broyé avec des infiltrations
d’eau. Les résistivités en surface passent de 30 Ohm.m à environ 1 Ohm.m au niveau de l’axe.
Un autre axe apparaît également à gauche du profil, plus profond avec des résistivités très
basses, de moins de 1 Ohm.m. On peut considérer une succession de glissements de terrain au
niveau du profil exploré.
Par ailleurs, cet axe s’individualise et s’approfondit considérablement sur le profil 79c, la zone
est plus allongée et se développe depuis la surface jusqu’en profondeur. En effet, la zone
d’alimentation occupe le milieu du profil sur toute sa profondeur (23 m) ou` les résistivités
chutent progressivement jusqu’`a moins de 1 Ohm.m, comparativement aux terrains adjacents
dont les résistivités sont comprises entre 10 et 30 Ohm.m.
Ces zones conductrices correspondent à des zones perméables ou d’infiltration préférentielle qui
provoquent une diminution systématique de la résistivité. Elles correspondent également
à des axes de rupture dans les argiles limoneuses et marnes humides et fortement imbibées
d’eau. Ce type de structures broyées favorise l’écoulement des eaux de pluie, l’eau affleure à
même le sol dans deux puits rencontrés et mesurés sur l’axe prospecté.
En résumé, le premier profil montre une succession de petits glissements de terrain dont
la profondeur ne dépasse pas grossièrement 15 m. Le second profil, en outre, indique une
profondeur de la zone instable plus conséquente que dans le précédent et peut atteindre, selon
la pseudo-section traitée, 20 m voire plus.

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Figure 18: Pseudo section des profils d’imagerie S6d et S7 – Pénétrante Sud

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Nous avons réalisé un sondage électrique vertical d’une longueur AB=300m. Le sondage
est orienté N-S, parallèlement au profil d’imagerie 79A et à la RN79A.
L’interprétation quantitative de ce sondage nous renseigne sur la distribution électrique de la
zone d’étude jusqu’à presque 30 mètres de profondeur.
La première formation a une résistivité de 16 Ohm.m et une profondeur de 2m qui correspond
probablement à des argiles graveleuses. Le second terrain est très conducteur (moins de 3
Ohm.m), son épaisseur est estimée à 27m et correspond probablement à des argiles et des
marnes fortement imbibées d’eau. Cette partie est surement la partie instable du glissement de
terrain. Elle surmonte une couche, probablement de même nature et avec une résistivité
légèrement supérieure (7 Ohm.m).

Figure 19: interprétation quantitative du sondage électrique vertical

3. Site 3 : Djebel Dorbane, Route de Tessala


Notre équipe a réalisé deux (02) sondages d’imagerie électrique à l’ouest de la ville de
Mila.
La route de Tessala est une route escarpée, reliant la ville de Mila à la ville de Djimla (Jijel) en
passant par des villages montagneux comme Tessala et Fdouless. Le Col de Fdouless est
célèbre pour son gigantesque glissement de terrain. Donc, l’axe est en proie régulièrement a`
des mouvements de sol favorisés par la présence de plusieurs failles actives affectant la région et
la rendant de plus en plus vulnérables. La pluviométrie y est très abondante et soutenue par de
fréquentes chutes de neige en hiver, en raison de son altitude croissante. Les précipitations
atteignent 1000 mm par année humide.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Les modèles proposés (figure 21) montrent globalement des gammes de résistivités très
basses inférieures à 30 Ohm.m. Elles oscillent entre 1 et 26 Ohm.m. Elles diminuent depuis la
surface où l’on enregistre des résistivités de l’ordre de 20 à 26 Ohm.m jusqu’en profondeur (à 23
m) ou` elles baissent à moins de 1 m. Cette baisse est liée principalement à la présence de
passées gypseuse comprises dans la matrice argileuse qui constitue le sous-sol du site, comme
le montre la figure 22. L’eau de pluie favorise la dissolution du gypse et engendre des
écoulements d’eau salée, d’où l’apparition de ces larges plages conductrices représentées en
bleu sur la figure 21. D’autant que la région est connue pour ses exploitations de gypse en
plusieurs points de carrières.
Au milieu du profil D1b semblent se dégager deux petits axes de rupture, ils disparaissent
rapidement d`es 5 m de profondeur en raison de la forte conductivité qui caractérisent les
gypses. Il en est de même sur le profil D2 ou` se dessinent en surface deux petits axes situés au
milieu du profil mais décalés horizontalement d’environ 20 m de ceux relevés sur le profil
précédent. Ces structures matérialisent une rupture mais disparaissent a` environ 7 m de
profondeur au profit des plages de conductivités très élevées de la matrice argileuse.
En revanche, la transition est nette entre la coulée du glissement et le versant stable et sain
représentée par des résistivités comprises entre 15 et 45 Ohm.m. Elle est observable de part et
d’autre du profil D1b et a` gauche du profil D2. Il s’agit d’une variation latérale de résistivité
qui délimite la langue du glissement. Le contraste latéral des résistivités est plus prononcé que
le contraste vertical. La présence de gypse offrant de basses résistivités nous rend
l’interprétation compliquée afin d’estimer la profondeur de la langue du glissement.
Nous ne sommes pas donc en mesure d’avancer des profondeurs qui pourraient être erronées,
vu le contexte géologique souterrain. La confusion est, d`es lors, fortement probable dans ce
contexte géologique très particulier.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

Figure 20: Pseudo section des profils d’imagerie D1b et D2 – Site 3

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Figure 21: Aspect du site de Djebel Dorbane et Banc de gypse, route de Tessala (Kessasra, 014)

VI. CONCLUSIONS
A l’issue de cette étude géophysique, les glissements de la région de Mila ont été bien
mis en évidence par la méthode d’imagerie électrique. Hormis quelques profils où la
lithologie interne (D1 et D2) et la multiplication des perturbations externes (sur les axes
routiers) ont joué en défaveur d’une bonne discrimination des zones instables des zones stables.

Partout ailleurs, la méthode électrique a permis de faire clairement la différence entre une zone
de coulée et une zone d’argiles ou de marnes en place.

Le seul SEV réalise lors de cette campagne, sur l’´evitement de Mila-Ville montre des
résistivités similaires à celle enregistrées sur les profils d’imagerie voisins (79A et 79B).

Nous pouvons envisager de classer les glissements dans les argiles de Mila en deux catégories
:

1. Les glissements d’une échelle réduite : sont observables sur les profils suivants :
- Profils S1 et S2 : S1 présente un horizon superficiel conducteur dont la gamme des
résistivités est inférieure a` 10 Ohm.m et un second horizon plus résistant dépassant 100
Ohm.m. Les glissements possèdent une profondeur approximative comprise entre 10 et
16 m. S2 marque une absence d’un véritable plan de glissement.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

- Profil S7 : ce profil montre un fort contraste électrique entre les valeurs de résistivité du
matériau constituant la coulée et les versants. En effet, une zone d’instabilité moins
profonde et superficielle allongée et s’étalant sur une profondeur ne dépassant pas 9 m.
Vient ensuite un terrain plus ou moins stable avec des résistivités croissantes en
profondeur.

- Profil 79a : ce profil montre une succession de petits glissements de terrain dont la
profondeur ne dépasse pas 14 m.

- Profils D1 et D2 : le contexte géologique très particulier rend l’interprétation difficile.


La profondeur du glissement se confond avec les larges plages de conductivités qui
caractérisent les gypses souterrains de Djebel Dorbane.

2. Les glissements de grande échelle : sont observables sur les cinq profils suivants :

- Profil S3 : trois grandes zones instables ont ´été définies. La première à gauche du profil
semble moins large (environ 15 m) offrant des résistivités de l’ordre de 1 à 2 Ohm.m. La
deuxième zone est située au milieu du profil, plus large que la précédente avec 35 m
environ et la troisième à droite de la section dont la largeur ne dépasse pas 20 m. Leur
profondeur semble dépasser 18 m chacune ;

- Profil S4 : montre une zone très conductrice au milieu du transect qui peut
correspondre a` un axe de glissement ou` des terrains instables favorisent des
infiltrations d’eau. Les dimensions de la zone montre l’importance du glissement, elle
est large d’environ 15 m et sa profondeur est supérieure a` 18 m ;

- Profil S5 : Le glissement observé au droit du profil S5 correspond à un gigantesque


désordre ou` s’individualise une zone d’instabilité dont l’étendu s’accroit de plus en plus
en profondeur jusqu’à atteindre 25 m de largeur. Sa profondeur peut localement dépasser
20 m environ ;

- Profil S6 : sur lequel se démarquent deux principaux horizons. L’un superficiel profond
de 6 m environ et dont les valeurs de résistivités sont comprises entre 50 et 100 Ohm.m.
Il surmonte une plage plus conductrice, confirmant des circulations d’eau.

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- Profil 79 : ce profil indique une profondeur de la zone instable plus conséquente que
dans le profil 79a et peut atteindre, selon la pseudo-section traitée, 20 m voire plus.

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Etude de Glissements de Terrains à Mila par la Géophysique

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