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PROTHÈSES ET RECHERCHE
Édentement
et prothèse
adjointe sans
apport de
Coordination Marie-Violaine Berteretche
l’implantologie ?
PU-PH, Université Paris Diderot-Paris 7
Point de vue du patient.
Étude sur un groupe
de 52 patients
MATÉRIELS ET MÉTHODES
Les patients
Les patients inclus dans l’étude venaient consulter pour
une réhabilitation prothétique pour laquelle une solution
et 8). La dernière question concerne la sensibilité ther- tion), esthétiques et fonctionnelles (dimension verticale
mique, ou la sensibilité aux aliments sucrés des dents d’occlusion).
naturelles. Elle a été rattachée à la notion de confort ou Un point a été attribué à chaque critère biomécanique
d’inconfort. s’il était satisfaisant, ainsi qu’à l’évaluation de l’occlusion
Pour chaque question, un score de 1 à 5 est attribué selon et du montage antérieur et postérieur des dents, ce qui
la réponse apportée par le patient. Le score GOHAI découle donne un ensemble noté sur 5 points. Les scores sont
de la somme des scores obtenus au niveau des 12 items. positifs entre 4/5 et 5/5 ; modérés à 3/5 ; faibles entre
Cette somme « GOHAI add » permet d’évaluer la qualité de 0/5 et 2/5.
vie des patients interrogés. Le total s’élève à 60. Entre 57 Ce score a permis d’établir une relation entre qualité de la
et 60, la qualité de vie liée à la santé orale est considérée prothèse et refus du traitement implantaire.
comme satisfaisante, entre 51 et 56 comme moyenne. Un
score inférieur à 50 correspond à une mauvaise santé
buccale.
RÉSULTATS
Le score obtenu au GOHAI participera à la compréhen-
sion des raisons du refus de certains patients pour le traite- Indicateur de qualité de vie en relation avec la santé
ment implantaire, aux dépens d’un traitement de prothèse orale : le questionnaire GOHAI
adjointe classique. Le score moyen du GOHAI obtenu est de 37,11 ± 4,15.
Aucun patient n’a obtenu un score élevé ; 2 patientes
2e Item : les raisons du refus des implants présentaient un score modéré (patientes portant une pro-
Le questionnaire a été élaboré d’après une étude de thèse adjointe, l’une interrogée au cabinet obtenant un
Müller et coll. portant sur les différents motifs des patients score de 51, l’autre interrogée à l’hôpital avec un score
relatifs au refus du traitement implantaire [5]. de 52). 49 patients présentaient un score faible (entre 22
Huit motifs d’objections potentielles à un traitement et 50).
implantaire ont été choisis, car les plus fréquemment rap-
portés : n Scores GOHAI en fonction du sexe
– Le coût ; Le score total au GOHAI s’élève à 39,27 chez les
– N’en voit pas l’intérêt ; hommes et à 36,31 chez les femmes ; la différence est
– Se considère trop vieux ; non significative (fig. 1). Dans le domaine fonctionnel et
– La peur de l’intervention ; dans celui de l’inconfort ou de la douleur, les résultats
50
NS
45
40
35
Score GOHAI
30
25
NS
20
NS
15
10 NS
5
0
D. Fonc onnel D. Psychosocial D. Douleur Gohai
Figure 1 - Scores GOHAI en fonction
du sexe : les 3 domaines du GOHAI Homme 14,15 17,26 7,84 39,26
et score du GOHAI add Femme 13,96 15,19 7,15 36,30
(NS : non significatif).
sont quasiment similaires. En fait, quel que soit le par rapport à celui des non-porteurs de PA (13,7,
domaine considéré, les scores du GOHAI ne diffèrent p < 0,01 ; test de Student). Dans le domaine fonctionnel,
pas en fonction du sexe. si leur score est aussi supérieur, cette différence n’est
pas significative (fig. 2).
© Initiatives Santé 2018
50
**
45
40
35
Score GOHAI
30
25
**
20
NS
15
10 NS
mauvaise expérience (13,4 %). Enfin, avec moins de 10 % de Des différences très nettes sont rencontrées entre les
réponse, les raisons sont : le temps de cicatrisation trop long patients porteurs et non porteurs d’une PA.
(9,6 %), la crainte du sentiment de corps étranger (5,7 %). Les patients porteurs d’une PA se considèrent trop âgés-
pour avoir recours au traitement implantaire (15,4 % des cas)
n Raisons du refus en fonction du sexe par rapport aux non-porteurs de PA (2 % des cas). De même,
Le coût est un motif de refus du traitement implantaire les patients porteurs d’une prothèse ne voient pas l’intérêt
objecté par 34 % des patientes et 30 % des patients. De du traitement implantaire avec 15,4 % contre 2 % (fig. 4).
Raisons du refus
20
18 17,3
Pourcentage des raisons du refus
16
14
11,5
12
9,6
10
7,6 7,6 7,6 7,6 7,7
8
5,7 5,7 5,7
6
3,8 3,8
4
1,9
2
0
J'ai peur de Je n'en vois pas Je me considère Je crains un J'ai un os de Le temps de Amis qui ont eu
l'interven on l'intérêt trop âgé sen ment de mauvaise qualité cicatrisa on est une mauvaise
corps étranger trop long expérience
Figure 3 - Raisons du refus du traitement
hommes femmes
implantaire en fonction du sexe.
Raisons du refus
18
16 15,4
12 11,5
9,6 9,6
10
7,7 7,7
8
6
3,8 3,8 3,8
4
2 2 2
2
0
J'ai peur de Je n'en vois pas Je me considère Je crains un J'ai un os de Le temps de Amis qui ont eu
l'interven on l'intérêt trop âgé sen ment de mauvaise qualité cicatrisa on est une mauvaise
Figure 4 - Raisons du refus du traitement corps étranger trop long expérience
implantaire et port d’une prothèse Pa ent porteur d'une PA Pa ent non porteur d'une PA
adjointe.
thèse à complément de rétention implantaire est une offerts. L’objectif de l’étude était, en supprimant le paramè-
obligation légale, quel que soit le type d’édentement. De tre financier, de déterminer les raisons du choix ou du refus
plus, l’avancée des techniques chirurgicales, entre autres de ce type de traitement [2]. Ainsi plusieurs facteurs influant
d’augmentation du volume osseux, permet de traiter le choix de ne pas réaliser ce traitement ont été mis en
« presque » tous les cas cliniques [7-9]. Toutefois ces techni- évidence, parmi lesquels l’anxiété et la crainte du geste
ques, en raison de leur complexité et de la durée du traite- chirurgical.
ment, ne sont pas toujours indiquées ou acceptées par les
patients. Mais, au-delà des situations complexes, un nombre L’anxiété, la crainte du geste chirurgical
réduit d’implants permet le plus souvent d’améliorer les Dans l’étude présentée, la peur de l’intervention est la
résultats des traitements, aussi bien sur le plan biomé- première raison du refus du traitement implantaire (25 %),
canique que cosmétique. Enfin, l’apport des traitements après le « coût de l’implant ». Puis un temps de cicatrisation
implantaires dépasse le domaine fonctionnel, apportant long et la crainte d’un sentiment de corps étranger viennent
des bénéfices socio-psychologiques indéniables [10]. renforcer l’anxiété liée au geste chirurgical. L’ensemble de
C’est pourquoi la question du refus des patients vis-à-vis ces arguments revient de façon récurrente et constitue une
de ce type de traitement interpelle. des causes majeures du non-traitement par la thérapeu-
tique implantaire.
Le coût Ces objections (la peur de la chirurgie, le temps de cica-
La raison principale du refus du traitement implantaire trisation, la crainte d’un sentiment de corps étranger et la
est en premier lieu le coût (52 % des patients interrogés) et peur du rejet de l’implant) sont retrouvées dans plusieurs
ceci quel que soit le groupe de patients considéré. études et mettent en exergue cette frontière représentée
Ce frein aux traitements implantaires est déjà connu. Une par le geste chirurgical.
étude suédoise sur l’évolution de la demande et de l’intérêt Les résultats rapportés par Walton et Mc Entee avaient
des patients pour ce type de traitement à 10 ans d’intervalle mis en évidence les raisons de l’acceptation et du refus des
(1989-1999) a permis de mettre en évidence un souhait et implants : pour 101 patients auxquels la pose de deux
une demande significativement augmentés pour ces théra- implants symphysaires était offerte, après acceptation ini-
peutiques ; néanmoins, le coût restait la raison principale de tiale de 79 % des volontaires, seuls 64 % ont finalement
leur non-réalisation [11]. De façon similaire, cette même accepté après réflexion [2]. Les raisons invoquées pour le
raison était la plus fréquemment objectée lors d’une étude refus du traitement étaient les risques chirurgicaux (43 %),
conduite chez des sujets âgés édentés [5]. le risque de complication (implant rejeté) 26 %, et le temps
plus forte sur leur prise de décision. avec des différences significatives statistiquement.
Dans le même esprit, les raisons évoquées pour le refus De façon similaire, Müller et coll. montrent qu’un tiers
du traitement implantaire et ainsi formulées : « je n’en vois des patients édentés qui ont l’expérience d’un déficit fonc-
pas l’intérêt » sont de 11,5 % chez les hommes contre 5,7 % tionnel avec une prothèse complète refusent la PAC à com-
chez les femmes. S’appuyant sur les résultats obtenus au plément de rétention implantaire [5]. Le mauvais état de la
GOHAI dans le domaine psychosocial, le score plus élevé prothèse laisserait présager une attitude négative envers les
obtenu pour les hommes dans ce domaine peut être inter- implants ! Une évaluation menée à l’aide d’un questionnaire
prété par le moindre intérêt qu’ils porteraient à leur santé sur l’attitude des patients vis-à-vis d’un traitement implan-
bucco-dentaire et au sourire par rapport aux femmes. taire avait déjà mis en évidence que les patients présentant
Une différence est également relevée dans la raison un mauvais état buccodentaire étaient les moins intéressés
du refus quant à la peur de l’intervention, plus souvent par un traitement implantaire. La satisfaction obtenue avec
évoquée chez les femmes, plus craintives que les hommes. une prothèse adjointe existante, à laquelle le patient est
De façon similaire, des études dont l’objectif était d’éva- « habitué » constitue aussi un non-intérêt pour un traite-
luer l’impact de l’anxiété pré-opératoire sur la douleur ment associé à une thérapeutique implantaire [19].
dans la chirurgie implantaire ont montré que les femmes Il faut cependant remarquer que les résultats obtenus
sont significativement plus anxieuses [5, 14]. Enfin, il apparaı̂t dans l’étude présentée dans cet article mettent en évidence
qu’elles ont davantage peur du rejet de l’implant et d’avoir que les meilleurs scores du GOHAI sont obtenus par les
un os de mauvaise qualité, l’ostéoporose étant plus élevée patients dont la PA avait été évaluée positivement. Il est
chez les femmes [5]. important de signaler enfin que la majorité des patients
porteurs de PA ont un âge très avancé plus de 80 ans en
Influence de l’âge moyenne. Les facteurs âge et port d’une prothèse adjointe
Parmi les raisons du refus d’un traitement implantaire, se combinent ainsi dans le refus d’un traitement implantaire.
l’âge intervient pour 15,4 % des patients interrogés, et 53 %
des patients pensent que l’âge est un facteur déterminant. Incidence du lieu de soin
Cette « croyance » qu’une limite d’âge existe pour un traite- Les scores GOHAI obtenus sont indifférents au lieu de
ment implantaire est connue [5]. Mais, sur un plan objectif, soin. Cependant, concernant la connaissance des implants,
aucune confirmation d’une incidence de l’âge sur ces théra- les seules réponses au questionnaire rapportant une « non-
peutiques et sur leur succès chez des patients âgés n’a été connaissance » des implants concernaient des patients
démontrée. ayant consulté à l’hôpital. De plus, la majorité des patients