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Chapitre 1

INTRODUCTION À
L’ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE

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1.1. INTRODUCTION

1.1 Introduction

1.1.1 Définition

L’électronique de puissance est la partie du génie électrique qui traite des modifications
de la présentation de l’énergie électrique afin de l’adapter aux multiples utilisations. Elle
permet de convertir cette énergie disponible sous une forme donnée (continue, alternative,
basse ou haute tension, etc..) en une autre pour satisfaire les besoins de la charge à
alimenter.

Source :

Energie Electrique Electronique de puissance


(des convertisseurs statiques)

Energie électrique mise en


forme : utilisable de façon
optimale par la charge

Donc, l’électronique de puissance permet de faire le lien entre les différentes natures
des sources et la grande diversité des récepteurs qui les utilisent.

4 Chapitre 1
1.1. INTRODUCTION

Générateurs

Electronique
de
puissance

Récepteurs

Exemples :

• lorsqu’on désire alimenter les moteurs synchrones triphasés de traction d’un métro
à partir du rail alimenté en continu, on doit convertir la tension continue du rail en
un système triphasé de tensions alternatives d’amplitude et de fréquence variables.
Cette modification est assurée par un convertisseur statique.

• Pour alimentater une carte d’ordinateur à partir d’un secteur (220V/50Hz), on doit
convertir la tension alternative en tention continue. Cette modification est également
assurée par un convertisseur statique.

La gamme de puissance des montages de l’électronique de puissance va de quelques


VA (variateur de vitesse de moteur de ventilateur électrique présent dans les ordinateurs
domestiques) jusqu’à la centaine de MVA pour les applications les plus puissantes (par
exemple les fours à arc électriques). De même, on peut s’apercevoir que les domaines d’uti-
lisation s’étendent de la dizaine de Hz pour les applications fonctionnant à la fréquence
du réseau à plusieurs centaines de kHz pour les applications utilisant les transistors MOS
les plus rapides.

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1.2. CONVERTISSEURS STATIQUES OU ÉLECTRONIQUES

Différents domaines d’aplication de l’électronique de puissance

1.2 Convertisseurs statiques ou électroniques

Problème

Le moteur de la mini-perceuse fonctionne sous une tension de 18V en courant continu.


La tension utilisée est celle du réseau (220V/50Hz) qui fournit une tension de 220V en
courant alternatif. Qu’utilise-t-on pour exploiter la tension du secteur ?

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1.2. CONVERTISSEURS STATIQUES OU ÉLECTRONIQUES

Solution

On utilise un convertisseur électrique qui permet de convertir la tension alternative


du réseau en une tension continue très basse tension pour la rendre compatible avec les
caractéristiques du moteur de la mini-perceuse.
Un convertisseur statique est une interface entre la source d’énergie électrique et son
utilisation (la charge).

Convertisseur

Source d’entrée Statique Charge

CVS

1.2.1 Différents types de sources

La source est le dispositif qui va apporter l’énergie électrique. On distingue deux types
de sources de tension : L’énergie électrique est disponible soit sous forme :

• Alternative : réseau de distribution électrique, alternateurs.

• Continue : Les dispositifs électrochimiques (batterie, pile), génératrice à courant


continu, cellules photovoltaïques, pile à combustible,....

1.2.2 Charges

Il s’agira de moteurs électriques (alternatifs ou continus) et de divers appareils élec-


triques (dont l’entrée comporte souvent un ou plusieurs convertisseurs)... La charge peut
nécessiter une alimentation en alternatif ou en continu. Il existe donc quatre fonctions de
base des convertisseurs statiques

1.2.3 Différents types de convertisseurs

Ce sont des dispositifs qui transforment de l’énergie électrique disponible en une forme
appropriée à l’alimentation de la charge. Il peut s’agir de changer le type de source (DC

7 Chapitre 1
1.3. COMPOSANTS DE L’ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE

vers AC ou AC vers DC, changement de valeur efficace, moyenne, de fréquence,...).


On distingue plusieurs familles de convertisseurs statiques (schéma ci-dessous) :

Source continue Hacheur Charge continue


(=)
(=)

Charge alternative
Source Alternative
(~)
(~) Gradateur

+ on transforme l’alternatif en continu : montages redresseurs,

+ on transforme le continu en alternatif : montages onduleurs,

+ on modifie la valeur efficace d’une tension alternative : montages gradateurs.

+ on modifie la valeur moyenne d’une tension continue : montages hacheurs

+ on modifie la frequence d’une tension alternative : montage cycloconvertisseurs

1.3 Composants de l’électronique de puissance


L’électronique de puissance fait appel à des interrupteurs électroniques fonctionnant de
manière périodique en régime de commutation. Ils sont à l’état d’interrupteurs fermés (ou
l’état passant) ou d’interrupteurs ouverts (ou l’état bloqué). Seuls les interrupteurs sta-
tiques à base de semi conducteurs sont utilisés. On trouve : Diodes, Thyristors, Thyristors
GTO (gate turn off) , Transistor Bipolaire, Transistor MOS et IGBT.... Ces composants
présentent l’avantage de consommer une puissance négligeable :

• lorsqu’ils sont équivalents à un interrupteur ouvert, même soumis à une tension


élevée, le courant qui les traverse est négligeable (pas de puissance consommée)

• lorsqu’ils sont équivalents à un interrupteur fermé, même traversés par un courant


élevé, la tension à leurs bornes est négligeable (pas de puissance consommée)

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

1.3.1 Interrupteur idéal

Un interrupteur K peut être considéré comme un dipôle réalisant une connexion "de
type binaire" (état ouvert ou bloqué d’une part, état fermé ou passant d’autre part) entre
une source et un récepteur. L’interrupteur idéal est un élément sans dissipation d’énergie
(voir figure suivante) :
K K
i i

u u
Fonctionnement bloqué (ou ouvert) Fonctionnement fermé (ou saturé)
P=0.u=0 P=u.i=0

• chute de tension nulle à l’état fermé,

• courant nul à l’état ouvert,

• énergie dissipée nulle en passant d’un état à l’autre : pas de pertes de commutation.

1.4 Rappels sur les interrupteurs à semi-conducteurs

1.4.1 Diode

Présentation :

La diode s’obtient en reliant les deux côtés d’une jonction P-N à des électrodes (anode
et cathode).

=VA-VK

Symbole Quelques photos de diodes


Structure

La diode est un composant non commandable (c’est à dire qu’elle passe naturellement
de sa position bloquée à sa position passante sous certaines conditions de tension à ses
bornes).

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

Fonctionnement du composant réel :

Une diode :
Devient passante si la tension à ses bornes devient positive VAK ≥ V seuil.
Devient bloquée si la tension à ses bornes devient négative VAK < V seuil. C’est ce
qu’illustre la figure suivante :

VAK

En conduction la tension directe aux bornes de la diode est de l’ordre de 0.8 à 1 volt.
On trouve des diodes qui supportent un courant direct : Id = 2000 A, et des tensions
inverse allant jusqu’à 4000 volts.

Fonctionnement du composant parfait :

En électronique de puissance, on emploie que le modèle le plus simple de la diode (le


modèle parfait ou idéal), celle-ci est un interrupteur qui se ferme si VAK > 0 (VA > VK )
et qui est ouvert si VAK < 0 (VA < VK ). C’est ce qu’illustre la figure suivante

VAK=VD

En résumé, la diode est un interrupteur électronique :

• unidirectionnel en courant (un seul sens de conduction).

• non commandable (la conduction et le blocage sont imposés par reste du circuit)..

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

Critère de choix d’une diode :

Les principaux critères de choix sont : Pour lire les caractéristiques d’une diode dans
un document constructeur, nous devons connaître la norme employée. Les grandeurs sont
désignées par une majuscule, V pour la tension, I pour l’intensité. Ces majuscules sont
accompagnées d’une suite d’indices précisant les conditions de mesure de ces grandeurs.
Le premier indice est : F pour Forward s’il s’agit d’un fonctionnement en polarisa-
tion directe et R pour Reverse s’il s’agit d’un fonctionnement en polarisation inverse. Le
deuxième indice indique la caractéristique de la grandeur :AV pour AVerage = valeur
moyenne, RMS = valeur efficace, RM =Repetitive Max s’il s’agit d’une valeur maximale
que l’on peut répéter périodiquement, SM =Surge Max s’il s’agit d’une valeur maximale
accidentelle que l’on ne doit pas répéter.

Par exemple pour une diode BYX 67-600, on lira :

• VF=1.5V : tension directe.

• IF=30A : courant direct permanent admissible par la diode à la température maxi


de fonctionnement.

• IFSM=600A : courant temporaire de surcharge (courant direct accidentel maximal)


pandant 10 ms.

• VRRM=600V : tension inverse maxi (répétitive maximale) admissible par la diode


(avant l’avalanche) .

• IR=10mA : courant inverse de la diode.

Exemple d’une fiche d’information (datasheet) sur une diode de redressement

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

1.4.2 Transistor bipolaire

Présentation :

Transistor PNP Transistor PNP

En électronique de puissance, on utilise essentiellement des transistors NPN. La jonc-


tion située entre la base (B) et le collecteur (C) est polarisée en inverse. Au repos, il n’y
passe donc pas de courant. Si on polarise l’autre jonction dans le sens passant, le cou-
rant de cette dernière continue jusqu’au collecteur. Un petit courant de base suffit donc à
contrôler un fort courant entre le collecteur (C) et l’émetteur (E). Le transistor possede
deux types de fonctionnement :

• le mode en commutation (ou non lineaire) est employé en electronique de puissance.

• le fonctionnement lineaire est plutot utilise en amplification de signaux..

Symbole et quelques photos :

12 Chapitre 1
1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

C’est un composant totalement commandé à la fermeture et à l’ouverture. Il n’est pas


réversible en courant, ne laissant passer que des courants de collecteur IC positifs. Il n’est
pas réversible en tension, n’acceptant que des tensions VCE positives lorsqu’il est bloqué.

Fonctionnement du composant parfait :

Transistor bloqué (B) : état obtenu en annulant le courant IB de commande, ce qui


induit un courant de collecteur nul et une tension VCE non fixée. L’equivalent est un
interrupteur ouvert entre le collecteur et l’émetteur.
Transistor saturé (S) : ici, le courant IB est tel que le transistor impose une tension
VCE nulle tandis que le courant IC atteint une valeur limite dite de saturation, ICsat .
L’equivalent est un interrupteur fermé.
Transistor saturé
Transistor bloqué (Interrupteur fermé)
(Interrupteur ouvert)

En résumé, le transistor en commutation (bloqué-saturé) est un interrupteur électro-


nique :

• Transistor bloqué (OFF) (interrupteur ouvert) : IC = 0 et VCE > 0

• Transistor passant (ON) (interrupteur fermé) : IC = ICsat = et VCE ≈ 0 (très faible)

Changements d’états (transition) :

• OFF-ON : mise en conduction ou amorage iB > iBsat

• ON-OFF : Blocage : iB = 0.

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

Critère de choix d’un transistor

Le choix d’un transistor se fera en considérant les paramètres essentiels suivants : .

• VCEMax que peut supporter le transistor.

• ICMax courant de collecteur maxi.

• PTmax puissance maxi que le transistor pourra dissiper.

• β ou hFE gain en courant

A titre d’exemple, voici ce qu’on peut trouver dans un catalogue de constructeur :

1.4.3 Transistor MOSFET

Le transistor à effet de champ à grille isolé (Metal Oxyde Semiconductor Field Effect
Transistor). Ces transistors, plus performants, ont le même comportement que le bipolaire
à la différence qu’ils se commandent avec une tension. Le circuit de commande est branché
entre la grille G et la source.

Caractéristique MOSFET :

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

• Commandé à la fermeture (OFF-ON) à l’ouverture (ON-OFF),

• Courant de drain positif exclusivement,

• Non réversible en tension,

• Tension VDS positive seulement supportée

1.4.4 Transistor IGBT

Le transistor IGBT (Insulated Gate Bipolar Transistor) est l’association d’un transis-
tor bipolaire et d’un transistor MOSFET.

Symbole
IGBT

Il s’agit d’un composant de structure proche de celle du MOS et qui s’emploie dans
les mêmes conditions. La commande se fait notamment par l’intermédiaire d’une tension
VGE (le circuit entre la grille et l’emetteur). Il associe les performances en courant entre
collecteur et emetteur (la faible chute de tension collecteur emetteur V CE 0,1 V) et la
commande en tension par sa grille qui necessite un courant permanent quasiment nul.

1.4.5 Thyristor
C’est un composant semiconducteur qui com-
portent 4 zones. On appelle A l’anode, K la ca-
thode. L’électrode de commande, G, s’appelle la
gâchette (Gate en anglais).

15 Chapitre 1
1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

Présentation :

Le thyristor est un composant commandé à la fermeture, mais pas à l’ouverture. Il


est réversible en tension et supporte des tensions VAK aussi bien positives que négatives
lorsqu’il est bloqué. Il n’est pas réversible en courant et ne permet que des courants IAK
positifs, c’est-à-dire dans le sens anode cathode, à l’état passant.

Circuit de

commande

Fonctionnement :

Un thyristor :
Devient passant si la tension à ses bornes est positive et qu’un signale est appliqué sur
la gâchette (courant de gâchette suffisant (amorçage)).
Devient bloqué si le courant qui le traverse s’annule.
Remarque : Une fois le thyristor amorcé, on peut supprimer le courant de gâchette.

C’est ce qu’illustre la figure suivante.

Commande
d’amorçages

En résumé, le thyristor est un interrupteur électronique unidirectionnel en courant


commandable à la fermeture en injectant un courant de gâchette. Le thyristor n’est pas
commandable à l’ouverture.

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1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

Thyristor GTO :

Il existe une évolution du thyristor appelée thyristor GTO (Gate Turn Off) qui est un
thyristor commandable à la fermeture mais également à l’ouverture. Il suffit d’injecter un
courant dans la gâchette :

• Positif pour l’amorçage,

• Négatif pour le blocage.

Commande
d’amorçages
et de blocage

Caractéristique
Symbole
Ce composant a permis la motorisation des TGV transmanche par des machines asyn-
chrones.

TRIAC :

On obtient un TRIAC ((TRIode for Alternative Current) en associant en anti-parallèle


deux thyristors symétriques (deux thyristors tête bêche). Le Triac est un composant per-
mettant la réalisation de gradateurs pour les puissances jusqu’à 30 kW environ (limite
maximum : 50 A et 800 V). On le trouve surtout dans les réalisations domestiques : ré-
glage de luminosité des lampes à incandescence, réglage de la puissance des radiateurs
électriques... Le triac est, comme le thyristor, un composant que l’on peut commander
uniquement à la mise en conduction : il ne se bloque que lorsque le courant s’annule.
Comme le thyristor, le triac est bloqué dans les deux sens en l’absence de commande.
Cependant, contrairement à celui-ci, il est bidirectionnel : la commande peut le rendre

17 Chapitre 1
1.4. RAPPELS SUR LES INTERRUPTEURS À SEMI-CONDUCTEURS

conducteur aussi bien dans un sens que dans l’autre. En outre, l’impulsion de commande
peut être aussi bien positive que négative.
Commande
d’amorçage
s

Commande
Structure Symbole d’amorçag Caractéristique
es

Critère de choix d’un thyristor :

Les thyristors et triacs ont des critères de choix similaires, leur choix s’effectue en
fonction des besoins principaux :

• tension inverse VRRM ou directe VDRM maximale de vAK (à l’état bloqué) ;

• courant moyen I0 (=< iAK > à l’état passant) ;

• courant efficace IAKef f (à l’état passant).

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