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Formation Professionnelle en ligne (FPL)

Bachelor Gestions des Infrastructures et Services (BGIS)

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SUIVI ET REGLEMENTATION SECURITE DE CHANTIER


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Enseignant : Anatole KABORE

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Chapitre préliminaire : CHANTIER – SECURITE ELEMENTS DE DEFINITION
Section 1. La Notion de chantier
Section 2 : Les intervenants dans un chantier
§1. Le maître de l'ouvrage et le maitre de l’ouvrage délégué
I/ Le maître de l’ouvrage

II/ Le maître d'ouvrage délégué


§2. Le maître d’œuvre
§3. Le constructeur de l’ouvrage
§4. Le sous-traitant

§5. Les travailleurs


Section 3. La notion de sécurité du chantier

TITRE 1 – LE REGIME JURIDIQUE DE LA REALISATION DES CHANTIERS


CHAPITRE 1 : LE CADRE JURIDIQUE DE REALISATION DES CHANTIERS PRIVES : LE
CONTRAT D’ENTREPRISE
Section 1. Définition du contrat d’entreprise
Section 2. Formation du contrat d’entreprise
§1. Principe général : le consensualisme
§2. Aspect particulier : l’établissement du prix ou de la rémunération

I/ La détermination du prix par les parties


II/ La détermination du prix par le juge
III/ Le pouvoir de révision judiciaire du prix
Section 3. L’exécution et la fin du contrat d’entreprise
§1. Les obligations nées du contrat d’entreprise
I/ Les obligations de l’entrepreneur
A- L’obligation principale
B- Les obligations accessoires
1/Les obligations accessoires générales
2/ Les obligations accessoires spéciales
II/ Les obligations du maître de l’ouvrage
A- Obligation principale : payer le prix
B- Les obligations accessoires
§2. L’extinction du contrat d’entreprise
I/ Les causes d’extinction relatives au contrat
A- La nullité du contrat
B -La résolution du contrat
II/ Les causes d’extinction inhérentes à l’entrepreneur
A -Le décès de l’entrepreneur
B -La procédure collective

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CHAPITRE 2: LE CADRE JURIDIQUE DE REALISATION DES CHANTIERS PUBLICS : LE MARCHE
PUBLIC
Section 1. Les modes d’exécution des ouvrages, objets des chantiers publics
§1. Généralités sur les modes d’exécution des chantiers publics
§2. L’exécution des chantiers publics par voie de marché public
Section 2 La procédure de passation des marchés de travaux publics
§1. Les modes de passation
I/ La demande de cotations et la demande de prix
II/ L’appel d’offre
III/ L’entente directe
§2. Le prix du marché
I/ Les différents types de prix
II/ L’application et le règlement du prix
A –L’application du prix
B- Le règlement du prix : avances, acomptes et règlement définitif
§3. Les pièces du marché
Section 3. Droits et obligations des parties au marché de travaux publics

CHAPITRE 3 : LA SOUS-TRAITANCE
Section 1. Définition et spécificités de la sous-traitance
Section 2. Formation du sous-traité- Agrément par le maître d’ouvrage
Section 3. Paiement et responsabilité du sous-traitant
§1. Le paiement du sous-traitant
§2. Responsabilité du sous-traitant

CHAPITRE 4 : LA RECEPTION DE L’OUVRAGE


Section 1. Initiative, auteur et caractère contradictoire de la réception
§1. L’initiative et l’auteur de la réception
§2. Caractère contradictoire des opérations de réception
Section 2. Date et contentieux de la réception
§1. La date de la réception
§2. La réception judiciaire
Section 3. Effets de la réception de l’ouvrage
§1. Les effets de la réception prononcée sans réserves
§2. Les effets de la réception prononcée avec réserves
§3. Le point de départ des garanties spéciales

CHAPITRE 5: LA RESPONSABILITE DES CONSTRUCTEURS


Section 1. Responsabilité pour les désordres survenus avant la réception

3
§1. Régime des actions en responsabilité fondée sur les obligations de résultat
§2. Régime des actions en responsabilité fondées sur les obligations de moyens
Section 2. Responsabilité contractuelle en raison de l’inexécution du contrat pour les dommages
n’affectant pas l’ouvrage
§1. Responsabilité contractuelle pour retard dans la réalisation des travaux
§2. Responsabilité liée au risque de perte de la chose avant réception

TITRE 2 : LA REGLEMENTATION RELATIVE AU SUIVI ET A LA SECURIITE DANS LES


CHANTIERS
CHAPITRE 2 : LES PREALABLES A L’OUVERTURE DU CHANTIER
Section 1. Les prescriptions formelles
§1. Le certificat d’urbanisme
§2. Le permis de construire
§3. Le certificat de conformité et le permis de démolir
I/Le certificat de conformité
II/ Le permis de démolir
Section 2. La prescription relative à l’assurance
§1. L’assurance responsabilité civile ( travaux)
§2. L’assurance responsabilité décennale
§3. L’assurance Bris de machine / engins de chantier
§4. L’assurance Transport
§5. L’assurance Tous Risques Chantier

CHAPITRE 2 : LES PRESCRIPTIONS RELATIVES A LA SECURITE DES PERSONNES ET DES


BIENS SUR LE CHANTIER
Section 1. La sécurité du personnel travaillant sur le chantier
§1. Les bénéficiaires et les personnes responsables de l’obligation de sécurité
§2. La sécurité relativement aux machines est aux équipements
§3. Information et formation des travailleurs en matière de sécurité
Section 2. La protection des tiers contre les nuisances sonores, déchets, accidents et les dégradations
§1. Bruits et nuisances
§2. Signalisation et autres mesures

CHAPITRE 3 : LA REGLEMENTATION RELATIVE AU SUIVI DU CHANTIER


Section 1. Le suivi par le maître d’ouvrage
Section 2. Le suivi opéré au moyen d’autres structures
§1. Le suivi opéré par l’architecte
§2. Le suivi opéré par le contrôleur technique
I/ La mission du contrôleur technique
II/ Le déroulement du contrôle technique

4
Section 3. L’abandon de chantier
§1. Notion
§2. Les conséquences de l’abandon de chantier

CHAPITRE 4 : LES SANCTIONS AUX MANQUEMENTS DES REGLES DE SECURITE


Section 1. Responsabilité pénale
§1. Sanctions relatives au non-respect des règles de construction
§2. Sanctions relatives au non-respect des normes environnementales et de santé publique
Section 2. La responsabilité civile délictuelle dans les opérations de construction
§1. Les tiers
§2. Réparation du préjudice des tiers
I/ Réparation du préjudice des véritables tiers
III/ Réparation des dommages subis par les voisins à raison des travaux de construction

5
Chapitre préliminaire : CHANTIER – SECURITE ELEMENTS DE DEFINITION

Section 1. La Notion de chantier


Le mot « chantier » est polysémique. Dans un sens, on peut le définir comme un lieu où
s'effectuent des travaux1 ; dans un autre sens, le chantier renvoie à un lieu où l'on entrepose
des matériaux de construction ; enfin, on désigne par chantier, un endroit mal rangé, en bazar.
Nous retiendrons, en ce qui concerne le présent module, qu’un chantier est un espace sur
lequel ont lieu des travaux de construction ou de démolition. Généralement fermé au public, il
fait l'objet de mesures de sécurité telles que l'obligation de porter un casque. Le chantier, c’est
donc le lieu de déroulement d’une activité intense qui mobilise en un endroit précis :
- du personnel pour l’exécution de tâches prédéfinies ;
- du matériel pour la mise en œuvre des travaux. C’est le terrain où ont lieu des travaux de
construction, de réparation; cela peut aussi désigner une activité en cours (ex : « en chantier »,
synonyme parfois de « en travaux », ou « mettre quelque chose en chantier » pouvant
également signifier « commencer la réalisation »).
Ainsi défini, le chantier est caractérisé par l’ensemble des éléments qui participent à la mise
en œuvre des travaux tels que :
un terrain d’implantation avec des limites précises, c’est le site du chantier ; c’est aussi
le lieu de déroulement ou d’exécution des travaux ;
des panneaux de signalisation, ils servent à indiquer aux riverains et aux usagers de la
route que des travaux sont en cours dans les environs immédiats ;
des matériels (véhicules, grues, brouettes, pelles, etc.) et matériaux (ciments, sable,
gravillons, fers à béton, etc.) divers qui entrent dans l’exécution des travaux ;
des documents de références pour la réalisation (plans, schémas, graphiques, pièces
écrites, etc.) ;
plusieurs acteurs (Maître d’ouvrage, Maître d’œuvre, Entrepreneurs, Sous-traitants,
Personnels, etc.).
Le droit appréhende le chantier sous le vocable de « construction ». Cette dernière notion
recouvre tout ouvrage façonné par l'homme, indépendamment de son caractère immobilier ou
mobilier ou de sa destination, de son implantation au sol ou en sous-sol. On parle de
« secteur de la construction », de « droit de la construction », etc.

1
Le terme peut désigner plusieurs types de travaux: bâtiments, routes, barrages, reboisement, etc.

6
Section 2. La notion de sécurité du chantier
La sécurité peut être définie de deux façons. Dans un sens premier, la sécurité est la situation
de celui ou de ce qui est à l’abri des risques, état qui peut concerner une personne (sécurité
individuelle), un groupe (sécurité publique) ou un bien. Dans une seconde signification, la
sécurité désigne la prévention de tels risques, donc les mesures et les moyens tendant à
prévenir leur réalisation, un ensemble de précautions incombant à certaines personnes envers
d’autres. La sécurité d’un chantier renvoie aux mesures et moyens tendant à prévenir les
risques liés aux installations et aux outils de travail, dans un but de protection du personnel y
œuvrant et des tiers.

Le présent module s’articulera autour des axes suivants:


- le régime juridique de la réalisation des chantiers (Titre 1);
- la règlementation relative au suivi et à la sécurité dans les chantiers
(Titre 2).

7
TITRE 1 – LE REGIME JURIDIQUE DE LA REALISATION DES CHANTIERS
***************

Le chantier est exécuté sur la base d’un cadre juridique : contrat d’entreprise, régie, ou marché
public, selon la qualité du maître d’ouvrage ou de la vocation de l’ouvrage attendu.
Le cadre juridique de réalisation du chantier dépend du but poursuivi à travers sa réalisation ;
ainsi, lorsque les travaux ou les ouvrages sont réalisés dans un but d’intérêt général, le
chantier y relatif est dit chantier public ou de droit public ; en revanche lorsque les travaux ou
ouvrages sont réalisés dans un intérêt privé, le chantier est dit privé ou de droit privé. La
réalisation d’un chantier public se fait dans le cadre d’un marché public; celle d’un chantier
privé se fait dans le cadre d’un contrat d’entreprise. Quel qu’en soit le cadre, l’exécution d’un
chantier peut être sous-traitée. En tout état de cause, le ou les ouvrages doivent être
réceptionnés.
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CHAPITRE 1 : LE CADRE JURIDIQUE CONTRACTUEL PRIVE : LE CONTRAT


D’ENTREPRISE

Section 1. Définition du contrat d’entreprise


Selon l’approche civiliste, par contrat d’entreprise, il faut entendre une convention par
laquelle une personne (l’entrepreneur) s’oblige, contre une rémunération, à exécuter pour
l’autre partie (maître d’ouvrage) un travail déterminé sans la représenter et de façon
indépendante. Le terme entrepreneur est pris, ici, au sens large du terme.
Ainsi, sur le chantier, l’entrepreneur, l’architecte et l’ingénieur sont des entrepreneurs; ils
s’obligent, chacun, à exécuter une prestation, consistant, soit en la conception de la structure,
d'organiser l'agencement des espaces, soit en des activités matérielles d’élévation, de
rénovation ou de destruction d’un immeuble. Comme on le voit, la définition de
l’entrepreneur dans le Code civil est distincte de celui du droit de l’urbanisme et de la
construction.

Section 2. Formation du contrat d’entreprise


§1. Principe général : le consensualisme

8
La conclusion du contrat d’entreprise ne pose aucun problème particulier : il est consensuel; il
naît d’un accord de volonté, ce qui n’interdit pas que le contrat se forme selon certaines
modalités.
Dans le domaine de la construction, le contrat d’entreprise peut se former de plusieurs
manières selon sa complexité : instantanément2, après une phase préparatoire3, après une
procédure d’appel d’offre4.

§2. Aspect particulier : l’établissement du prix ou de la rémunération5


Le contrat d’entreprise est obligatoirement un contrat à titre onéreux. Il suppose donc une
rémunération. La rémunération, qui est pourtant un élément essentiel du contrat sans lequel il
n’y a pas de contrat, n’a pas à être déterminée lors de la formation du contrat. Le contrat n’est
pas parfait dès l’accord des volontés, il faudra attendre que la rémunération soit fixés et
acceptés pour qu’il soit parfait et que la phase de conclusion se termine. La rémunération peut
être fixée par les parties, par le juge (assez extraordinaire), ou réduite par le juge.

I/ La détermination du prix par les parties


Les parties peuvent déterminer le prix de deux manières : par voie de référence ou en
s’accordant sur ce prix postérieurement à l’exécution.

Par voie de référence


Ici, les parties se réfèrent alors à un barème de prix ou d’honoraires (architectes, par
exemple). Le prix sera alors déterminé en référence à ce barème par l’addition des différents
travaux réalisés par l’entrepreneur. A défaut de barème, on utilise deux méthodes : celle du
marché à forfait et celle du marché sur série.

Le marché à forfait (le plus simple)

2
Donc à la suite d’une acceptation conforme à une offre préalable.
3
Qui est souvent ponctuée d’un instrument qu’on appelle les devis ou offres réalisées par le futur entrepreneur à
l’intention du futur client, ils sont négociés jusqu’à l’accord des parties
4
La procédure d’appel d’offres est utilisée pour les contrats d’entreprise les plus importants, on parle d’ailleurs
de « marchés » dans la pratique.
5
On n’utilise de moins en moins le mot « prix » auquel on a préféré celui de « rémunération » pour un contrat
d’entreprise. Toutefois, nous userons du terme prix parfois. Lorsqu’il n’y a pas de rémunération, il ne s’agit plus
d’un contrat d’entreprise mais d’un contrat à titre gratuit qui échappe complètement au régime du contrat
d’entreprise (bénévolat, etc.).

9
C’est un contrat d’entreprise où le prix des travaux est fixé à l’avance, globalement,
fermement et définitivement. Il se réalise souvent suite à un devis ferme et définitif. Dans
cette technique, le prix est dit « intangible », c’est-à-dire que l’entrepreneur a l’obligation de
réaliser la prestation quels que soient les travaux supplémentaires nécessaires à la réalisation
de l’ouvrage.
Le marché sur série
C’est un contrat d’entreprise dans lequel le prix des travaux est défini par rapport au prix
unitaire des matériaux et des heures de main-d’œuvre nécessaires à la réalisation de l’ouvrage.
Le total de la facture intervient donc à la fin de l’ouvrage.

II/ La détermination du prix par le juge


Le juge intervient lorsqu’aucun prix n’a été déterminé par les parties à la conclusion du
contrat ou postérieurement à cette conclusion. Lorsqu’aucun prix n’a été fixé dans le contrat
d’entreprise, le contrat reste licite et valable, il est simplement imparfait; c’est souvent le cas
jusqu’à la fin de la réalisation où un prix est proposé par l’entrepreneur. Si le maître
d’ouvrage est d’accord avec ce prix, le contrat devient parfait. En cas de désaccord, une des
deux parties peut demander au juge de fixer un prix.
Le juge dispose alors d’un pouvoir souverain d’appréciation et de fixation du prix. Il peut,
dans la pratique, commettre un expert qui ira sur place voir l’ouvrage, ou il peut se reporter
aux usages professionnels, ou encore se référer à des barèmes professionnels auxquels les
parties n’ont pas songé à faire référence.

III/ Le pouvoir de révision judiciaire du prix


Ce pouvoir de révision intervient lorsque le prix a effectivement été fixé par les parties. Il
intervient à la demande du maître d’ouvrage et ne concerne que les contrats d’entreprise qui
donnent lieu à des honoraires, c’est-à-dire les contrats d’entreprise réalisés par des
professionnels libéraux exerçant des professions intellectuelles, comme les architectes.

Section 3. L’exécution et la fin du contrat d’entreprise


§1. Les obligations nées du contrat d’entreprise
Le contrat d’entreprise impose des obligations à la charge des deux parties.

I/ Les obligations de l’entrepreneur

10
A- L’obligation principale
L’entrepreneur doit réaliser l’ouvrage qu’il a promis et tous les travaux qu’il s’est engagé à
faire. Il y a une obligation de résultat en ce qui concerne le chantier. Trois remarques :
- la prestation doit être réalisée, par principe, par l’entrepreneur lui-même6. La sous-traitance
est donc par principe interdite. Cependant, le maître d’ouvrage, créancier de cette obligation
peut autoriser, le cas échéant, l’entrepreneur à déléguer l’exécution de sa prestation.
- l’étendue et le contenu de l’obligation de l’entrepreneur dépendent de ce qu’ont convenu les
parties mais aussi des règles de l’art, spécifiques à la prestation. Ces règles de l’art seront, au
besoin, désignées par des experts lors d’une procédure.
- le contrat d’entreprise peut, ou non, indiquer un délai d’exécution. Si aucun délai
d’exécution n’a été prévu, ce sera au juge d’apprécier, en cas de différend, quel aurait dû être
le délai raisonnable d’exécution (au regard des usages, de la nature de la prestation, etc.).

B- Les obligations accessoires


Il existe deux types d’obligations accessoires : les obligations générales qui concernent tous
les entrepreneurs et les obligations spéciales qui n’en concernent que certains.

1/Les obligations accessoires générales


Obligation de renseignement et de conseil
L’obligation de renseignement et de conseil concerne tous les contrats d’entreprise. Elle est
complète, lorsque le maître d’ouvrage est ignorant dans la matière où intervient
l’entrepreneur7. En revanche, elle est amoindrie en considération des compétences du maître
de l’ouvrage.

Obligation de sécurité
Dans l’exécution d’un chantier, une obligation de sécurité pèse sur l’entrepreneur. À cet
égard, il faut préciser qu’avant la réception de l’ouvrage, l’entrepreneur n’est pas tenu d’une
obligation de sécurité envers le maître d’ouvrage. En revanche, après la livraison, il assume
cette obligation lorsque l’ouvrage réceptionné cause un dommage au maître d’ouvrage.

Obligation de prudence et de surveillance

6
Article 1237 du Code civil : « L’obligation de faire ne peut être acquittée par un tiers contre le gré du
créancier, lorsque ce dernier a intérêt qu’elle soit remplie par le débiteur lui-même ».
7
Auquel cas, elle est une obligation de obligation de résultat.

11
Cette obligation n’est pas vraiment autonome ; elle découle de la nature même de la prestation
que l’entrepreneur exécute.

2/ Les obligations accessoires spéciales


Obligation de conserver l’ouvrage
L’entrepreneur doit conserver l’ouvrage qu’il réalise ou qu’il répare. L’obligation s’applique
plus particulièrement aux contrats de rénovation tant que l’ouvrage est détenu par
l’entrepreneur.
Il faut distinguer deux situations en cas de perte totale de la chose :
- la matière est fournie par l’entrepreneur : le moment où les risques sont transférés au
maître d’ouvrage est le moment de la mise en demeure du maître d’ouvrage de réceptionner
l’ouvrage ;
- la matière est fournie par le maître d’ouvrage: la perte est en principe à la charge de
l’entrepreneur sauf si celui-ci démontre son absence de faute.

Obligation de livraison
L’entrepreneur doit livrer l’ouvrage à la date convenue par les parties lors de la conclusion du
contrat. Cette obligation implique pour le maître d’ouvrage l’obligation réciproque de le
réceptionner.

Obligation de garantie des vices cachés


En matière immobilière, le constructeur d’un immeuble est responsable de plein de droit des
dommages causés au maître de l’ouvrage, donc responsable des vices cachés.

II/ Les obligations du maître de l’ouvrage


A- Obligation principale : payer le prix
Le règlement du prix incombe au maître de l’ouvrage qui doit le régler à l’entrepreneur.
Les modalités de règlement du prix : elles découlent du contrat signé par les parties qui
déterminent l’échéancier, le lieu, les moyens de paiements, etc. Traditionnellement, on dit
que l’entrepreneur a droit au solde de sa rémunération à la « réception des travaux ». Le
maître d’ouvrage peut, bien sûr, retenir le prix si les travaux sont mal faits, la chose livrée
avec du retard, etc. : il soulève l’exception d’inexécution.

12
Les garanties de paiement : l’entrepreneur dispose d’un privilège mais uniquement pour les
frais de conservation de la chose qu’il a dû engager. En revanche, ce privilège ne s’applique
pas aux autres dépenses faites pour réaliser l’ouvrage.
La prescription est de cinq (05) ans.

B- Les obligations accessoires


Devoir de collaboration : en matière de contrats de construction, il signifie que le
maître d’ouvrage ne doit pas s’immiscer dans les travaux de l’entrepreneur. Ainsi,
l’entrepreneur peut s’exonérer de sa responsabilité si le maître d’ouvrage a aidé aux travaux
de manière infructueuse.

Devoir de réception du travail : Par la réception, le maître de l’ouvrage reçoit


l’ouvrage à son achèvement et reconnaît que l’exécution est correcte. La réception constitue
pour le maître d’ouvrage une véritable obligation, il ne peut donc la retarder. A défaut de
réception volontaire, l’entrepreneur peut exiger du juge qu’il condamne le maître de l’ouvrage
à recevoir, sous astreinte, ou même que le juge prononce lui-même la réception8.

§2. L’extinction du contrat d’entreprise

I/ Les causes d’extinction relatives au contrat


Le contrat d’entreprise se termine par l’exécution complète de ses obligations : réalisation de
l’ouvrage, sa réception et paiement intégral du prix. Il existe aussi des causes
« pathologiques » d’extinction que sont la nullité et la résolution du contrat.

A- La nullité du contrat
Les causes de nullité du contrat d’entreprise sont celles du droit commun des contrats : vices
du consentement, absence de cause, illicéité de la cause ou de l’objet, etc.

B -La résolution du contrat


Régime général : la résolution du contrat d’entreprise intervient par application de l’article
1184 du Code civil en cas d’inexécution grave par l’une des parties de ses obligations.

8
Voir infra.

13
Cas de résiliation du contrat pour perte de la chose : la résiliation unilatérale du marché à
forfait peut l’être unilatéralement par le maître de l’ouvrage à tout moment. Donc même après
avoir accepté le devis, il peut interrompre à tout moment les travaux et résilier
unilatéralement9. C’est donc une exception importante au droit commun.
Le maître d’ouvrage doit alors verser à l’entrepreneur une somme correspondant à toutes ses
dépenses, ses travaux déjà engagés mais également de tout ce que l’entrepreneur aurait pu
gagner dans cette entreprise.

II/ Les causes d’extinction inhérentes à l’entrepreneur


A -Le décès de l’entrepreneur
Le contrat prend fin par le décès de l’entrepreneur. La solution est justifiée par le très fort
intuitu personae du contrat d’entreprise. Les héritiers de l’entrepreneur n’ont pas à poursuivre
l’exécution du contrat; en revanche, ils peuvent réclamer au maître d’ouvrage la valeur des
travaux et la valeur des matériaux apportés, à la seule condition que les travaux effectués par
le défunt aient été utiles au maître de l’ouvrage.

B -La procédure collective


En cas de procédure de redressement ou de liquidation, l’exécution des contrats d’entreprise
peuvent être poursuivis par l’administrateur ou cédés au repreneur.
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CHAPITRE 2: LE CADRE JURIDIQUE DE LA REALISATION DES CHANTIERS


PUBLICS : LE MARCHE PUBLIC

Section 1. Les modes d’exécution des ouvrages, objets des chantiers publics

Les modes d'exécution des travaux publics sont variables. C'est le maître de l'ouvrage qui
prend la décision soit par des professionnels des travaux publics.

§1. Généralités sur les modes d’exécution des chantiers publics

9
Contrairement au principe d’intangibilité des contrats de l’article 1134 du Code civil.

14
L'exécution par des non-professionnels renvoie à l'exécution par l'administration elle-même
selon la technique de la régie, par l'intervention de collaborateurs bénévoles ou par
l'intervention de permissionnaires de voirie.
L’exécution des chantiers ou travaux publics par des professionnels peut se faire par
l'utilisation de la technique de la délégation de service public dont la forme la plus connue est
celle de la concession ou par le recours aux marchés publics de travaux.
Une délégation de service public est un contrat par lequel une personne morale de droit public
confie la gestion d'un service public, dont elle a la responsabilité, à un délégataire public ou
privé, la rémunération étant substantiellement liée aux résultats de l'exploitation du service.
Le délégataire peut être chargé de construire des ouvrages ou d'acquérir des biens nécessaires
au service.
Quant à la concession, il s’agit du mode de gestion contractuelle d'un service public dans le
cadre duquel un opérateur privé ou public, le concessionnaire, est sélectionné dans les
conditions prévus par les textes10.

§2. L’exécution des chantiers publics par voie de marché public


La réalisation de la construction ou du chantier peut se faire dans le cadre d’un marché public.
Le marché public est défini comme un contrat écrit conclu à titre onéreux par une autorité
contractante pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services.
Le marché de travaux publics est le marché qui a pour objet soit, l’exécution, soit,
conjointement, la conception et l’exécution de travaux ou d’un ouvrage.

Les marchés de travaux publics obéissent à un régime juridique dont on peut retenir les
éléments suivants : procédure de passation et exécution.

Section 2 La procédure de passation des marchés de travaux publics


Par procédure de passation de marché de travaux public, il faut entendre tout processus
réglementaire et formel permettant d’aboutir à la conclusion d’un contrat public de travaux
publics. L’entrepreneur choisi par l’administration pour exécuter le chantier s’appelle le
titulaire.

10
Elle se caractérise par le mode de rémunération du concessionnaire qui est substantiellement assuré par les
résultats de l’exploitation et la prise en charge des investissements initiaux et des gros œuvres par le
concessionnaire. Il est reconnu au concessionnaire le droit d'exploiter l'ouvrage à titre onéreux pendant une durée
déterminée.

15
Les procédures varient selon l’importance du coût financier du marché, de l’urgence, etc.

§1. Les modes de passation


I/ La demande de cotations et la demande de prix
La demande de cotation est une procédure de mise en concurrence simplifiée que l’on
peut utiliser pour les marchés publics d’un certain montant11. La forme écrite de la procédure
de demande de cotations n’est pas obligatoire.
La demande de prix, est une procédure de mise en concurrence accélérée que l’on
peut utiliser pour les marchés publics d’un montant inférieur à un certain montant12. La
procédure de demande de prix revêt la forme écrite et la publicité de l’avis est limitée à une
insertion dans la revue des marchés publics.

II/ L’appel d’offre


L'appel d'offres est la procédure par laquelle la personne publique choisit, sans négociation,
l’offre économiquement la plus avantageuse, en fonction de critères objectifs préalablement
définis et portés à la connaissance des candidats.

III/ L’entente directe


C’est la situation dans laquelle l’autorité contractante engage les discussions qui lui
paraissent utiles et propose à l’autorité compétente l’attribution du marché au soumissionnaire
qu’elle a retenu. L’administration recourt à cette procédure en cas d’extrême urgence, pour les
travaux que l’autorité contractante doit faire exécuter en lieu et place de l’entrepreneur
défaillant ou lorsque les besoins ne peuvent être satisfaits que par une prestation nécessitant
l’emploi d’un brevet d’invention, d’une licence ou de droits exclusifs détenus par un seul
entrepreneur ou encore lorsque la procédure de demande de cotation est infructueuse.

§2. Le prix du marché


Le prix du marché est la somme à payer par l’administration à l’entrepreneur, qui s'exprime
en termes monétaires, en contrepartie de l’ouvrage ou du travail public à réaliser.

I/ Les différents types de prix

11
Inférieur à un million (1.000.000) de FCFA au Burkina Faso.
12
Inférieur à vingt millions (20 000 000) de FCFA au Burkina Faso.

16
Les prix des prestations de travaux faisant l'objet d'un marché sont, soit des prix unitaires
appliqués aux quantités réellement livrées ou exécutées, soit des prix forfaitaires appliqués à
tout ou partie du marché, quelles que soient les quantités livrées ou exécutées. Un marché
peut contenir à la fois des prix forfaitaires et des prix unitaires
Le prix unitaire : ici, la rémunération du prestataire est calculée en multipliant le prix
unitaire par les quantités livrées ou exécutées.

Le prix forfaitaire : par opposition au prix unitaire, le prix forfaitaire est un prix qui
rémunère le prestataire ou l’entrepreneur quels que soient les quantités livrées.
Dans un marché à prix forfaitaire, l’entreprise est responsable de ses estimations; elle ne peut
demander le paiement de prestations supplémentaires qui auraient été mal évaluées. En
revanche, pourront être indemnisés les travaux supplémentaires demandés par le maître
d’ouvrage ou les travaux supplémentaires qui sont indispensables à la réalisation de l’ouvrage.

II/ L’application et le règlement du prix


A –L’application du prix
L’application du prix stipulé aux travaux effectués suppose, d’une part, la constatation desdits
travaux, d’autre part, le calcul de la somme due à l’entrepreneur.
Les constatations : ce sont des opérations matérielles contradictoires qui aboutissent au
constat, document écrit dressé par l’administration contractante ou accepté par elle ;
Le décompte : c’est une procédure de détermination de la créance de l’entrepreneur sur
l’administration, par l’application des prix du marché aux prestations constatées et
susceptibles de rémunération. Une fois, le décompte final fait, l’administration doit régler le
ou les prix du marché à l’entrepreneur.

B- Le règlement du prix : avances, acomptes et règlement définitif


Les marchés de travaux publics donnent lieu à des versements soit à titre d’avances ou
d’acomptes, soit à titre de règlement partiel ou définitif.
Les avances sont des paiements anticipés d’un pourcentage du prix du marché avant le début
d’exécution du marché ;
Les acomptes sont des règlements partiels du prix du marché en rapport avec un taux
d’exécution des travaux;
Le règlement définitif est le paiement correspondant à la réalisation complète des prestations
prévues.

17
§3. Les pièces du marché

Les pièces du marché sont des documents qui contiennent les stipulations que les parties
s’engagent à observer en passant le contrat. Selon les législations, elles comprennent toutes ou
certaines des pièces suivantes:

-L'acte d'engagement : c’est la pièce signée par un candidat à un marché public dans laquelle
il présente son offre ou sa proposition et adhère aux clauses que la personne publique a
rédigées. Cet acte d’engagement est ensuite signé par la personne publique.

- Les cahiers des charges : ce sont des documents contractuels qui déterminent les conditions
dans lesquelles les marchés sont exécutés. Ils comprennent des documents généraux (cahiers
des clauses administratives générales, cahiers des clauses techniques générales) et des
documents particuliers (cahiers des clauses administratives particulières, cahiers des clauses
techniques particulières) .

- Les autres pièces du marché : Il s’agit de l’avant-métré13, du bordereau des prix14 et du


détail (quantitatif) estimatif.

Section 3. Droits et obligations des parties au marché de travaux publics

Dans un marché de travaux publics, les obligations des parties sont pratiquement celles qu’on
rencontre dans le cadre du contrat d’entreprise :
L’entrepreneur adjudicataire s'engage à exécuter un travail de nature publique par
essence ou par destination.
C'est l'entrepreneur qui répond, en principe, de l'organisation générale et de la sécurité du
chantier. Il en conserve donc la surveillance et la police pendant les travaux du
parachèvement, même si ses propres travaux sont terminés.

En en retour il attend de son cocontractant (l'administration) une prestation corrélative


à savoir le paiement d'un prix forfaitaire ou fait.
L'obligation de l'un est un droit pour l'autre.

Toutefois, le maître d'ouvrage public dispose à l'égard de l'entrepreneur, d’un pouvoir de


sanctions, sans avoir recours au juge. Il peut s’agir de:
13
C’est une pièce qui contient l’évaluation des quantités de chaque ouvrage à exécuter. Il peut servir de base
forfaitaire au calcul du prix.
14
Le bordereau des prix est la pièce contenant l’indication des prix applicables à l’entreprise (prix
d’application) ; c’est par conséquent, en ce qui concerne les clauses relatives à la rémunération de l’entrepreneur,
une pièce importante

18
sanctions pécuniaires : pénalités, retenues par retard et retenues pour rémunérations,
charges sociales et impôts impayés, etc.
sanctions coercitives : mesures d'office15, exclusion temporaire ou définitive de
l'entrepreneur défaillant des marchés, par le retrait de l'agréation avec comme conséquence
l'impossibilité de se soumissionner ou de gagner un marché public de travaux.
résiliation ou de modification unilatérale du contrat, moyennant un supplément de
prix pour les travaux supplémentaires. Ce pouvoir cesse toute fois à la limite même de
l'objet sur lequel l'entrepreneur s'est engagé à apporter son concours.
////////////////////////////////////

CHAPITRE 3 : LA SOUS-TRAITANCE

La réalisation d’un chantier peut impliquer d’autres intervenants que l’entrepreneur principal,
parmi lesquels le sous-traitant occupe une place prépondérante. Il est donc important
d’évoquer le régime juridique du contrat par lequel, l’intervention de ce dernier est possible.

Section 1. Définition et spécificités de la sous-traitance

La sous-traitance est l’opération par laquelle un entrepreneur confie, par un sous-traité, et sous
sa responsabilité, à une autre personne appelée sous-traitant, tout ou partie de l’exécution du
contrat d’entreprise ou du marché public avec le maître de l’ouvrage.
L’entrepreneur, qui entend exécuter un contrat ou un marché en recourant à un ou plusieurs
sous-traitants doit, au moment de la conclusion et pendant la durée du contrat ou du marché,
faire accepter chaque sous-traitant et agréer les conditions de paiement de chaque contrat de
sous-traitance par le maître d’ouvrage. En outre, l’entrepreneur principal est tenu de
communiquer le ou les contrats de sous-traitance au maître d’ouvrage lorsque celui-ci en fait
la demande.

Comme on le voit, d’une part, l’entrepreneur n’a pas un véritable droit à la sous-traitance; il
lui faut toujours l’accord du maître d’ouvrage. D’autre part, la nécessité de l’agrément est
destinée à protéger, non seulement, le sous-traitant, en permettant la mise en place des
procédures de paiement direct à son profit, mais aussi à assurer la protection du maître
d’ouvrage qui, ayant choisi un cocontractant, l’entrepreneur principal, peut attendre
l’exécution du contrat ou du marché de sa part et pourrait faire sanctionner une sous-traitance

15
Démolition et reconstruction, mise en régie, marché pour compte (réadjudication à la folle enchère).

19
non autorisée. Ainsi, c’est entre les mains du maître d’ouvrage que les différentes sous-
traitances vont se trouvées centralisées ; ce qui lui permettra éventuellement de vérifier leur
correspondance avec « l’enveloppe» générale du marché ou du contrat d’entreprise. Ce rôle
constitue, en quelque sorte, un rôle de quasi-police du chantier conféré au maître d’ouvrage.

Section 2. Formation du sous-traité- Agrément par le maître d’ouvrage

En principe, le sous-traité est un contrat d’entreprise qui n’est soumis à aucune exigence
particulière.

Toutefois, comme dit plus haut, l’entrepreneur est tenu de soumettre à l’agrément du maître
d’ouvrage, à la fois, la personne du sous-traitant et ses conditions de paiement. Le moment de
l’agrément est, en principe, celui de la conclusion du sous-traité, ou ultérieurement sous
réserve de ratification. Le défaut d’agrément produit des effets différents selon les cas :
Dans les rapports maître d’ouvrage-entrepreneur principale : le défaut d’agrément
caractérise une faute contractuelle de l’entrepreneur ; le maître d’ouvrage peut donc agir, soit,
en exécution16, soit en résolution du contrat17, soit en responsabilité contractuelle18.
Dans les rapports entrepreneur principal-sous-traitant : le défaut d’agrément
caractérise encore une faute contractuelle de l’entrepreneur principal sanctionnable soit par
l’activation de sa responsabilité de droit commun, soit par la résiliation unilatéral du contrat
de sous-traitance par le sous-traitant.
Dans les rapports sous-traitant- maître d’ouvrage : aucun des deux n’est fautif ; ils
sont tous victimes de la faute de l’entrepreneur principal. Toutefois, le sous-traitant non agrée
ne devrait pas disposer de droit à paiement direct ou à une action directe contre le maître
d’ouvrage. En revanche, le maître d’ouvrage peut invoquer le défaut d’agrément. Ce dernier
perd ce droit lorsqu’il avait connaissance de la sous-traitance et n’a pas exigé de
l’entrepreneur qu’il suive la procédure d’agrément.

Section 3. Paiement et responsabilité du sous-traitant


§1. Le paiement du sous-traitant

16
Mettant l’entrepreneur en demeure de lui présenter le(s) sous-traitant(s).
17
Sur le fondement de l’article 1184 du Code civil.
18
Pour obtenir réparation du préjudice causé par cette substitution d’exécutant.

20
En principe, c’est par l’entrepreneur principal que le sous-traitant doit être payé, selon les
dispositions du contrat de sous-traitance19. Cette obligation contractuelle de l’entrepreneur
principal demeure même s’il a été mis en place un système de paiement direct du sous-
traitant par le maître d’ouvrage ; aussi, en cas de défaillance de la procédure de paiement
direct, le sous-traitant conserve-t-il le droit d’agir en paiement contre l’entrepreneur principal.

A l’encontre du maître d’ouvrage, le sous-traitant bénéficie d’une action en paiement directe.

§2. Responsabilité du sous-traitant

La responsabilité du sous-traitant peut être engagée envers l’entrepreneur, le maître d’ouvrage


ou les tiers.

Envers l’entrepreneur principal, le sous-traitant est responsable, dans les termes du


contrat de sous-traitance. Il est responsable selon l’objet précis de sa prestation. Ainsi, il
pourra être appelé en garantie par l’entrepreneur principal, lorsque ce dernier est poursuivi par
le maître d’ouvrage sur des aspects de l’ouvrage qui avaient fait l’objet du sous-traité. En
clair, l’entrepreneur se retournera contre le sous-traitant et son recours pourra donner lieu à un
partage de responsabilités en cas de fautes respectives.

Envers le maître d’ouvrage et les tiers, la responsabilité du sous-traitant ne peut être


engagée que sur le terrain de la responsabilité délictuelle. Ainsi, le maître d’ouvrage est tenu
de prouver la faute du sous-traitant et, en retour, ce dernier ne peut lui opposer les clauses
limitatives de responsabilité qu’il aurait pu introduire dans son contrat avec l’entrepreneur
principal.
Envers les tiers, le sous-traitant répond de ses fautes, sur le terrain délictuel de l’article 1382
du Code civil.
////////////////////////////////////////

CHAPITRE 4 : LA RECEPTION DE L’OUVRAGE

La réception est l’acte par lequel le maître de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage avec ou
sans réserves ; elle est établie à la demande de l’entrepreneur.

19
Il peut, par exemple, être stipulé que le sous-traitant ne sera payé qu’aux dates où l’entrepreneur principal le
sera lui-même par le maître d’ouvrage.

21
Juridiquement la réception se traduit par la constatation de la conformité de l'ouvrage aux
prescriptions contractuelles, plans et métré récapitulatif, et ce, contradictoirement.

Section 1. Initiative, auteur et caractère contradictoire de la réception


§1. L’initiative et l’auteur de la réception
La réception est effectuée à la demande de la partie la plus diligente ; il peut donc s’agir de
l’entrepreneur ou du maître d’ouvrage.
La réception des travaux d’un chantier est souvent précédée d’opérations techniques. C’est sur
la base de ces visites que le maître d’ouvrage va prendre la décision de prononcer ou non la
réception et, s’il la prononce, avec ou sans réserves. La réception relève de la seule décision
du maître d’ouvrage, sauf le cas où le juge prononce judiciairement cette réception.

§2. Caractère contradictoire des opérations de réception


Si la réception est un acte de volonté du seul maître d’ouvrage, les opérations de réception
sont soumises au principe du contradictoire. En principe, le maître d’ouvrage signe un procès-
verbal dit de réception, manifestant ainsi sa volonté de réceptionner l’ouvrage avec ou sans
réserves. Toutefois, la réception peut se traduire, par exemple, par la remise des clés, l'entrée
en possession, etc., selon nature des travaux.
La signature du procès-verbal par les constructeurs n’est en principe pas exigée comme une
condition de validité de la réception.

La réception peut se faire en deux temps : la réception provisoire et la réception définitive.


La réception provisoire : elle a pour objet, non seulement de constater l'achèvement
des travaux, mais encore de vérifier si tous les travaux prévus aux plans et devis ont été
exécutés, et ce, en pleine conformité des clauses et conditions du cahier des charges.
Une fois, la réception provisoire réalisée, n'est plus recevable une réclamation du maître de
l'ouvrage concernant les vices susceptibles d'être constatés parce qu'apparents lors de la
réception provisoire.
La réception définitive : elle est l'acte par lequel l'administration s'approprie
définitivement les ouvrages, après avoir constaté que l'entrepreneur a satisfait aux obligations
d'entretien et de réparation lui incombant pendant le délai de garantie. Elle peut être expresse
on tacite.

Section 2. Date et contentieux de la réception

22
§1. La date de la réception
La date de la réception dépend du type de réception. Si la réception est expresse, la date est,
en principe, celle du procès-verbal de réception; toutefois, les parties peuvent décider d’une
autre date, notamment antérieure à l’acte de réception. Si la réception est tacite, on retient la
date de la manifestation non équivoque de recevoir l’ouvrage; cette date est propre à chaque
cas.

§2. La réception judiciaire


C’est la réception prononcée. par le juge. La réception judiciaire n’est possible qu’en
l’absence de toute réception par les parties. Concrètement, elle intervient dans deux (02)
hypothèses :
-lorsque le maître d’ouvrage a refusé la réception de l’ouvrage et que le ou les constructeurs
contestent le bien-fondé de ce refus;
-lorsqu’un litige naît à propose de désordres et qu’il est demandé au juge de déterminer si une
réception est intervenue et, dans l’affirmative, à quelle date.
La réception judicaire ne peut être prononcée d’office par le juge ; elle doit être demandée par
une ou les parties. Ensuite, l’ouvrage doit être en état d’être reçu20. Par ailleurs, cette
réception doit être prononcée au jour où l’ouvrage était en état d’être reçu. Enfin :
*c’est le juge administratif qui est compétent pour connaître des demandes en réception,
lorsqu’il s’agit d’un ouvrage réalisé dans le cadre d’un marché public ;
*c’est le juge judiciaire qui est habilité à trancher s’il s’agit d’un ouvrage privé.

Section 3. Effets de la réception de l’ouvrage


Il faut distinguer selon que la réception a été faite avec réserve ou non.

§1. Les effets de la réception prononcée sans réserves


La réception marque la fin du contrat d’entreprise ou du marché, à tout le moins lorsqu’elle
est prononcée sans réserve. Ainsi, la réception sans réserve en présence de vices apparents21,
voire de simples non conformités contractuelles, produit un effet de purge. Le maître
d’ouvrage ne pourra plus agir en justice pour demander réparation de ces vices ou désordres,
et ce quel que soit le fondement envisagé à son action. Toutefois, il y a deux exceptions ; en
effet, il est admis:
20
C’est le cas, par exemple, lorsque l’ouvrage est habitable s’il s’agit d’une maison d’habitation.
21
Il faut préciser que le vice doit avoir, à la date de réception, produit ses effets de sorte que le maître d’ouvrage
puisse apprécier l’étendue de son acceptation.

23
-le maître d’ouvrage peut agir contre l’architecte22 pour manquement de son obligation de
conseil lors des opérations de réception. L’architecte a pour mission de conseiller le maître
d’ouvrage pendant les opérations de réception, ce dernier s’en remettant nécessairement et
légitimement à ses compétences de professionnel quant aux réserves à émettre. Ainsi,
l’architecte engagerait-il sa responsabilité s’il n’a pas formulé des réserves à propos de
défauts de conformités apparents affectant l’ouvrage, ou de désordre affectant sa couverture,
etc ;
-lorsque l’acceptation émise par le maître d’ouvrage est viciée. Ici, on fera application de la
théorie des vices de consentements ; cela suppose qu’il y ait eu erreur, dol ou violence subie
par le maître d’ouvrage.

§2. Les effets de la réception prononcée avec réserves


Par réserve, il faut entendre une déclaration faite par le maître d’ouvrage, lors de la réception
d’un ouvrage, et tendant à indiquer que certaines parties ou aspects dudit ouvrage ne sont pas
conformes aux spécifications contractuelles. Le but est d’obtenir que l’entrepreneur se
conforme auxdites spécifications.
Lorsque la réception a été faite avec réserves, le régime postérieur à cette réception est
maintenu. La réparation des désordres ou vices, objet des réserves, pourra néanmoins
intervenir sur le fondement de la garantie contractuelle de droit commun. Sur le plan
assurantiel, c’est l’assurance dommages-ouvrages qui sera activée23.
La levée des réserves peut être formelle ou tacite. Dans tous les cas, elle découle de la
volonté du maître d’ouvrage manifestée de manière non équivoque, de renoncer aux réserves
formulées. Dès lors que les réserves ont été levées, la réparation des désordres qui
surviendraient postérieurement relève des garanties légales ou de la responsabilité de droit
commun des constructeurs.
§3. Le point de départ des garanties spéciales
La réception, qu’elle soit prononcée avec ou sans réserves marque le point de départ des
différents délais d’actions permettant la réparation de l’ouvrage, notamment :
- Le délai de dix (10) ans de la garantie décennale;
- Le délai de dix (10) ans de la responsabilité contractuelle de droit commun des constructeurs.
/////////////////////////////////////

22
Ou du maître d’œuvre, dans le cadre d’un chantier réalisé dans le cadre d’un marché public.
23
Pour plus de détails sur la typologie et le régime juridique des assurances, voir la section intitulée : La
prescription relative à l’assurance.

24
CHAPITRE 5: LA RESPONSABILITE DES CONSTRUCTEURS

La responsabilité des constructeurs est envisageable lorsque leurs obligations n’ont pas été
exécutées ou ont été mal exécutées. Elle se conçoit différemment selon le moment où elle est
invoquée.

Section 1. Responsabilité pour les désordres survenus avant la réception24


Il faut distinguer entre la responsabilité contractuelle des entrepreneurs, qui est fondée sur une
obligation de résultat de celle des architectes, ingénieurs, et autres techniciens, qui est fondée
sur une obligation de moyens.

§1. Régime des actions en responsabilité fondée sur les obligations de résultat
Pour engager la responsabilité contractuelle de l’entrepreneur
1ère condition : preuve d’une différence entre l’ouvrage promis et l’ouvrage réalisé;
L’entrepreneur est tenu, à l’égard du maître d’ouvrage, d’une obligation de résultat. En effet,
en présence du maître d’œuvre, il est tenu de se renseigner sur la finalité des travaux qu’il
accepte de réaliser.
En conséquence, le maître d’ouvrage n’est tenu que de démontrer la différence entre le
résultat promis et le résultat réalisé pour engager la responsabilité de ce dernier.
L’entrepreneur ne peut s’exonérer de cette responsabilité qu’en démontrant qu’il y a eu force
majeure ou cause étrangère.
2ème condition: existence d’un dommage même mineur ou sans gravité;
La responsabilité contractuelle, avant réception, des entrepreneurs est engagée quelle que soit
la gravité du dommage subi par le maître d’ouvrage.

3ème condition : preuve de l’imputabilité du dommage à l’entrepreneur

24
Article 1147 du Code civil « Le débiteur est condamné, s'il y a lieu, au payement de dommages et intérêts, soit
à raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, toutes les fois qu'il ne justifie
pas que l'inexécution provient d'une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu'il n'y ait aucune
mauvaise foi de sa part. »
Art. 1788. « Si, dans le cas où l'ouvrier fournit la matière, la chose vient à périr, de quelque manière que ce soit,
avant d'être livrée, la perte en est pour l'ouvrier, à moins que le maître ne fût en demeure de recevoir la chose. »
Art. 1789. « Dans le cas où l'ouvrier fournit seulement son travail ou son industrie, si la chose vient à périr,
l'ouvrier n'est tenu que de sa faute. »

25
La responsabilité de l’entrepreneur n’est engagée que s’il est démontré un lien causal entre le
dommage et l’exécution contractuelle de l’entrepreneur.

§2. Régime des actions en responsabilité fondées sur les obligations de moyens
S’agissant des intervenants « intellectuels » à l’acte de construire, leur responsabilité est
fondée sur une obligation de moyens. Il s’agit :
-de l’architecte chargé de la conception de l’œuvre, da sa fonctionnalité, de son esthétique, de
l’harmonie des formes et des couleurs ; sa la responsabilité peut donc être engagée,
notamment :
*lorsqu’il n’a pas informé le maître d’ouvrage des contraintes techniques inhérentes
aux travaux envisagés;
*lorsqu’il s’est abstenu de préconiser dès l’origine un matériau adapté à l’usage de la
construction ou d’avertir le maître d’ouvrage sur les risques de mise en œuvre d’un produit
non courant ;
*lorsqu’il n’a pas avisé le maître d’ouvrage des difficultés relatives à la mise en œuvre
de son projet;
*lorsqu’il n’a pas adapté le projet de construire aux normes juridiques, administratives
ou urbanistiques;
*etc.
-des contrôleurs techniques et des bureaux de contrôle ou d’étude.
Pour tous ces intervenants, il ne suffit pas de démontrer que les travaux préconisés ou ceux
réalisés n’ont pas donné satisfaction pour que leur responsabilité contractuelle soit engagée. Il
faut, d’une part, démontrer une faute à eux imputable, un dommage subi par le maître
d’ouvrage, d’autre part, et, enfin, un lien de causalité entre la faute et le dommage.

Section 2. Responsabilité contractuelle en raison de l’inexécution du contrat ou du


marché pour les dommages n’affectant pas l’ouvrage
§1. Responsabilité contractuelle pour retard dans la réalisation des travaux
Ce retard est apprécié différemment selon que :
-dans le contrat d’entreprise ou dans un avenant ultérieur, les parties envisagent la réalisation
dans un délai précis. Là, le non-respect du délai par le constructeur constitue une faute
contractuelle appelant réparation;
-aucun délai précis ; ici, le contrat doit être exécuté dans un délai raisonnable.

26
§2. Responsabilité liée au risque de perte de la chose avant réception
La réalisation de l’ouvrage immobilier est une opération qui s’inscrit dans la durée, période
pendant laquelle une multitude de dommages peut survenir ; ces dommages peuvent affecter
l’ouvrage lui-même, entrainant sa détérioration voire sa destruction, ou les matériaux ou
équipements, parfois couteux, qui ont vocation à être mise en œuvre par le maître d’ouvrage.
Qui doit supporter le risque de la perte des matériaux destinés à la réalisation de l’ouvrage ?

Le Législateur, depuis le Code civil de 1804, distingue entre deux (02) situations :
1ère situation : les matériaux sont fournis par l’entrepreneur
L’entrepreneur assume le risque de perte de la matière qu’il apporte, et ce, hors considération
de l’importance des travaux qu’il entreprend. En conséquence, le maître d’ouvrage est admis à
agir contre l’entrepreneur. Ce dernier pourra être condamné au coût total de la construction
s’il avait la charge de l’ensemble de la réalisation ou, inversement, in solidium avec les autres
entrepreneurs ayant réalisé d’autres parties de l’ouvrage. Dès lors qu’il s’agit de l’ouvrage qui
lui incombe et qu’il n’a pas été réceptionné, l’entrepreneur assume la charge du risque, quel
que soit l’origine du sinistre ayant conduit à la perte de l’ouvrage.
2ème situation : l’entrepreneur ne fournit que son travail
Dans ce cas, l’entrepreneur n’est tenu que de sa faute, si l’ouvrage périt. Autrement dit, le
maître d’ouvrage devra démontrer :
-que l’entrepreneur a commis une faute ;
-un lien de causalité entre la faute invoquée et le dommage.
//////////////////////////////

27
TITRE 2 : REGLEMENTATION RELATIVE AU SUIVI ET A LA
SECURIITE DANS LES CHANTIERS

CHAPITRE 2 : LES PREALABLES A L’OUVERTURE DU CHANTIER

Ces préalables s’adressent tantôt au maître d’ouvrage (section 1), tantôt aux constructeurs
(section 2).

Section 1. Les prescriptions formelles


L’acte de construire est contrôlé sur la base des documents suivants :
Le certificat d’urbanisme
Le permis de construire
Le certificat de conformité
Le permis de démolir

§1. Le certificat d’urbanisme


Le certificat d’urbanisme est un document d’information officielle sur les caractéristiques du
terrain et les servitudes existantes sur ledit terrain ; il est délivré par le maire de la commune
de la commune territorialement compétent. Il indique des prescriptions du schéma directeur
d’aménagement et d’urbanisme ou du plan d’occupation des sols, des règles spécifiques d’une
zone et, en fonction des motifs de la demande, si le terrain peut être affecté à la construction
et/ou être utilisé pour la réalisation d’une opération déterminée.

§2. Le permis de construire25

25
En droit burkinabè, Il existe trois (03) catégories de permis de construire ; ce sont :
Le permis de construire de catégorie A : il est requis pour les maisons à usage d’habitation en rez-de-
chaussée dont la surface totale de plancher hors œuvre ne dépasse pas cent cinquante (150) mètres carrés ;
Le permis de construire de catégorie B : il est nécessaire pour les maisons d’habitation dont la surface
totale de plancher hors œuvre dépasse cent cinquante (150) mètres carrés ainsi que pour les maisons à usage
autres que d’habitation en rez-de-chaussée, dont la surface totale de plancher hors œuvre ne dépasse pas cent
cinquante (150) mètres carrés ;
Le permis de construire de catégorie C : il est prescrit pour les bâtiments à plus d’un niveau, les maison
à usages autres que d’habitation en rez-de-chaussée dont la surface totale de plancher hors œuvre dépasse cent
cinquante (150) mètres carrés et les établissements recevant du public.
Sont exemptés du permis de construire les travaux de ravalement, l’installation des dispositifs publicitaires régis
par le code de la publicité, les constructions et travaux couverts par le secret de la défense nationale, les travaux
sur les immeubles classés autorisés par le service chargé du patrimoine culturel et les murs de clôtures dont la
hauteur ne dépasse pas deux (02) mètres.

28
Avant d’entreprendre un chantier de construction sur un terrain sis en zone urbaine aménagée,
le maître d’ouvrage doit préalablement obtenir un permis de construire. Cela permet à
l'administration de vérifier qu'un projet de construction respecte bien les règles d'urbanisme
en vigueur. Il est généralement exigé pour tous les travaux de grande importance.
L’obligation d’obtenir, au préalable, un permis de construire existe, en outre, lorsque :
la construction est envisagée en zone non aménagée et concerne un établissement
destiné à recevoir un public, ou une maison d’habitation dont la surface de plancher dépasse
cent (100) mètres carrés;
les travaux doivent être exécutés sur des constructions existantes, dans la mesure où ils
auront pour effet d’en changer la destination, de modifier leurs aspects extérieurs ou leur
volume, leur structure ou de créer des niveaux supplémentaires.

La demande de permis de construire doit comporter un projet architectural établi par un


bureau d’étude d’architecture ou un architecte. Néanmoins, le demandeur peut recourir à
d’autres spécialistes participant à la conception pour les ouvrages en rez-de-chaussée de faible
importance, les maisons à usage d’habitation dont la surface maximale de plancher hors
œuvre ne dépasse pas cent cinquante (150) mètres carrés, ou dans les cas où les travaux
concernent seulement l’aménagement et l’équipement des espaces intérieurs sans défiguration
du volume extérieur.

Le permis de construire est délivré :


En principe, par le maire de la commune, après instruction du dossier de demande par
les services chargés des domaines, de la sécurité incendies, de la prévention des risques, de
l’urbanisme et de l’architecture territorialement compétents ;

Exceptionnellement par le ministre en charge de l’urbanisme et de la construction


lorsqu’il s’agit de:
• Constructions ou ouvrages à réaliser pour le compte de l’Etat, de la région, des
organisations internationales et des Etats étrangers;

• Constructions ou ouvrages à l’intérieur des périmètres d’opérations d’intérêt national.

29
La durée du permis de construire est de cinq (05) ans, renouvelable une fois. Il est périmé si
les travaux n’ont pas débuté dans un délai d’un (01) an à compter de sa délivrance et de six
(06) mois dans l’hypothèse d’une seconde demande de permis pour le même projet, ou encore
si les travaux sont interrompus pendant au moins deux (02) années consécutives sans motif
valable.

§3. Le certificat de conformité et le permis de démolir


I/Le certificat de conformité
C’est un document délivré au maître de l’ouvrage après des travaux et avant toute occupation
ou exploitation d’une construction. L’objet du certificat de conformité est d’attester de la
conformité de la construction aux règles d’urbanisme et de construction. A cet effet, celui-ci
est tenu de faire une déclaration d’achèvement des travaux au maire ou au ministre en charge
de l’urbanisme. Toutefois, le maître d’ouvrage d’une permis de construire de la catégorie A
en est exempté.

II/ Le permis de démolir


La démolition désigne l’exécution de tout travail qui aurait pour effet de rendre l’utilisation
des locaux impossible ou dangereuse. La démolition est conditionnée par l’obtention d’un
permis de démolir si elle concerne:
-des ouvrages situés dans des zones de protection du patrimoine architectural ;
-des ouvrages situés dans les zones à restaurer délimitées par le schéma directeur
d’aménagement et d’urbanisme et/ou par le plan d’occupation des sols ;
-des immeubles dont la démolition peut causer des nuisances au voisinage.

Le permis de démolir est accompagné d’une note d’instruction sur les dispositions
particulières à observer compte tenu du caractère de l’ouvrage, de sa situation et de l’impact
des travaux sur l’environnement.
Sont exemptes du permis de démolir :
-les démolitions exécutées en application d’une décision de justice devenue définitive ;
-les démolitions de bâtiments frappés de servitude de recul en exécution de plan d’urbanisme
opérationnel ;
-les démolitions effectuées sur des clôtures de moins de deux (02) mètres de hauteur dont
l’intérêt architectural n’est pas reconnu ;

30
-les démolitions effectuées sur des bâtiments menaçant de ruine ou insalubres détectés par la
Commission nationale de sécurité.

Section 2. La prescription relative à l’assurance


En vertu de la législation en vigueur au Burkina, le constructeur, à l’ouverture de tout
chantier, doit souscrire un contrat d’assurance couvrant les risques encourus26.
En réalité, dans la vue de couvrir sa responsabilité civile pour dommages causés dans le cadre
des travaux en chantier, le constructeur peut contracter :
Une assurance Responsabilité Civile Travaux
Une assurance Responsabilité Décennale
Une assurance Bris de machine / engins de chantier
Une assurance Transport
Une assurance Tous Risques Chantier.

§1. L’assurance responsabilité civile ( travaux)


Elle a pour objet de couvrir la responsabilité civile de l’entrepreneur pour les dommages
causés aux « tiers » dans le cadre de ses activités.
Cette assurance a vocation à s’appliquer :
quel que soit le fondement juridique de la responsabilité d’une part, à l’exception
toutefois des réclamations liées à la réalisation de l’objet même du marché pour lequel la
responsabilité contractuelle de l’entrepreneur serait recherchée, et
quelle que soit l’origine du sinistre d’autre part, que celle-ci soit imputable aux travaux
réalisés, aux personnels employés, aux matériels et engins dont l’entrepreneur a la garde,
voire aux produits fabriqués et commercialisés.

Dans le cadre de la responsabilité civile travaux, sont considérés comme «tiers»:


les personnes physiques ou morales extérieures à l’entreprise susceptibles de subir un
préjudice du fait de ses activités, qu’il s’agisse des voisins, des riverains, des autres
intervenants sur le chantier, mais aussi des clients et plus généralement tous ceux qui
viendraient à présenter une réclamation directe ou indirecte;

26
Article 53 de la Loi n°17-2006 du 18 mai 2006 portant Code de l’urbanisme et de la construction au Burkina
Faso.

31
les sous-traitants ou les cotraitants pour les dommages qui peuvent leur être causés par
l’entreprise.

Les types de dommages couverts par l’assurance responsabilité civile sont :


• Les dommages corporels : c’est-à-dire, ceux qui portent atteinte à l’intégrité physique
ou mentale d’une personne.
• Les dommages matériels : c’est-à-dire, ceux affectant les biens meubles ou
immeubles.
• Les dommages immatériels : les préjudices résultant de la privation de la jouissance
d’un bien ou d’un droit, de l’interruption d’un service rendu, et ayant entraîné une perte
pécuniaire. Ils peuvent être consécutifs ou non à un dommage corporel ou matériel.

§2. L’assurance responsabilité décennale


Elle couvre la responsabilité des constructeurs telle que définie par le Code civil pour les
dommages de nature décennale affectant les ouvrages réalisés par l’assuré et survenant
pendant le délai légal de dix (10) ans à compter de leur réception.
Un dommage est considéré comme de nature décennale dès lors qu’il affecte la solidité de
l’ouvrage réalisé, ou qu’il porte atteinte à sa destination.
L’assurance décennale ne couvre pas les désordres qui ont fait l’objet de réserves à la
réception, sauf s’il est établi que l’entreprise est intervenue pour y remédier et qu’un procès-
verbal de levée de réserves, en bonne et due forme, a été établi.

§3. L’assurance Bris de machine / engins de chantier


Elle couvre les pertes et dommages liés à un bris ou une destruction accidentelle ou fortuite
subis par les matériels et engins de chantier (grues, tunneliers, pelles, etc.).
Il peut s’agir de machines fixes ou de matériels mobiles qui seront garantis en tous lieux sous
certaines conditions dont l’assuré est propriétaire ou locataire en vertu d’un contrat de
location ou de prêt.
La garantie peut couvrir tous les dommages selon le contrat :
- Une cause interne: bris, incendie dus à un défaut de matière, à un vice de construction;
- Une cause externe: collision, choc, chute, déraillement, éboulement et/ou affaissement
de terrain, renversement, vandalisme, vol, attentats, émeutes et mouvements populaires,
forces naturelles (inondation, tempêtes, catastrophes naturelles, etc.)

32
§4. L’assurance Transport
Elle a pour but de couvrir les dommages et les pertes qui peuvent être occasionnés à un ou à
plusieurs biens durant une opération de transport.
En principe, les transporteurs sont responsables des dommages et des pertes affectant les
marchandises qui leur sont confiées.
Toutefois, les entreprises de travaux publics peuvent avoir un intérêt à souscrire elles-mêmes
une assurance « Transport »27. Il s’agira, dans ce cas, de se prémunir des dommages et des
pertes pouvant affecter leur parc matériel qu’elles sont amenées à transporter elles même ou
par le biais de transporteurs extérieurs.

§5. L’assurance Tous Risques Chantier


Elle est destinée à couvrir un ouvrage, durant sa phase de construction, contre les pertes et
dommages susceptibles de l’affecter, jusqu’à la date de réception des travaux.
Cette assurance apporte aux constructeurs une couverture des risques liés à leur marché,
jusqu’à leur transfert effectif au maître d’ouvrage par les effets de la réception.
Elle s’applique en dehors de toute recherche de responsabilité des constructeurs, ce qui évite
un arrêt du chantier en cas de litige entre eux, et/ou avec le maître d’ouvrage, sur les causes
d’un sinistre et son imputation. .
Elle a donc vocation à être souscrite pour l’opération de construction prise dans sa globalité,
tous corps d’état confondus, et non isolément, pour un lot donné.
////////////////////////////////

CHAPITRE 2 : LES PRESCRIPTIONS RELATIVES A LA SECURITE DES


PERSONNES ET DES BIENS SUR LE CHANTIER
Section 1. La sécurité du personnel travaillant sur le chantier

L’article 35 du Code du travail met à la charge de l’employeur l’obligation de se « conformer


les conditions d’hygiène et de sécurité aux normes prévues par la réglementation en

27
L’assurance « Transport » ne couvre généralement pas les sinistres dont l’origine est directement imputable à
la marchandise transportée et à son conditionnement (exemple du défaut d’emballage à la charge de l’expéditeur
: casse, corrosion, etc.), ni les dommages immatériels consécutifs (retard de livraison, conséquences de
l’indisponibilité d’un bien après sinistre, etc.).

33
vigueur ». Dans le cadre d’un chantier, cette règle s’applique avec rigueur à la situation des
travailleurs, au regard des risques que ceux-ci encourent.

§1. Les bénéficiaires et les personnes responsables de l’obligation de sécurité


Les bénéficiaires de cette obligation sont les employés. Sur un chantier, elle est très stricte,
au regard de la nature et de la gravité des risques que ceux-ci peuvent encourir.

Le principal débiteur de la sécurité des travailleurs employés sur le chantier est l’employeur ;
il doit assurer la prévention des risques. A cet effet, il doit prendre :
des mesures techniques appliquées aux nouvelles installations ou aux nouveaux
procédés lors de leur conception ou de leur mise en place ou par des adjonctions techniques
apportées aux installations ou procédés existants;
des mesures d’organisation de la sécurité au travail ;
des mesures d’organisation de la santé au travail ;

Lorsque les mesures prises pour la protection collective des travailleurs ne sont pas suffisantes
pour garantir leur sécurité ou leur santé, des mesures de protection individuelle contre les
risques professionnels doivent être mises en œuvre.
Lorsque les travailleurs de plusieurs entreprises sont présents sur un même chantier, leurs
employeurs doivent coopérer à la mise en œuvre des prescriptions relatives à la sécurité et à la
santé au travail.
Ils sont tenus de s'informer réciproquement et d’informer leurs travailleurs respectifs des
risques professionnels et des mesures prises pour les prévenir.

L’employeur peut déléguer ou se faire substituer ou représenter par d’autres personnes, tel
que le chef d’établissement28. Ce dernier est tenu à l’obligation de prendre toutes les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs de
l’établissement y compris les travailleurs temporaires, les apprentis et les stagiaires. Il doit
notamment prendre les mesures nécessaires pour que le chantier, les machines, les matériels,
les substances et les procédés de travail placés sous son contrôle ne présentent pas de risques
pour la santé et la sécurité des travailleurs29.

28
L'établissement désigne une unité géographique de techniques de production dépourvue de personnalité
juridique28. La personne physique placée par l’entrepreneur à la tête de cette unité, en est le « chef ».
29
Ces prescriptions relèvent de l’article 236 du Code du Travail.

34
§2. La sécurité relativement aux machines est aux équipements
Au regard des risques que présentent les conditions de travail sur un chantier, les mesures de
protection requièrent, très souvent, l’utilisation par le travailleur d’un équipement approprié.
Cet équipement ainsi que les instructions nécessaires pour son port et son entretien optimal
sont fournis par l’employeur. Aucun travailleur ne doit être admis à son poste de travail que
revêtu de son équipement de protection individuelle.
L’utilisation des procédés, substances, machines ou matériels spécifiés par la réglementation
et entraînant l’exposition des travailleurs à des risques professionnels, doit être portée par
écrit à la connaissance de l’inspecteur du travail. Il en est de même chaque fois que des
machines ou des installations nouvelles sont mises en service, qu’elles ont subi des
modifications importantes ou que de nouveaux procédés sont introduits.

Toute machine, tout matériel ou équipement du chantier dont une défectuosité est susceptible
d’occasionner un accident, doit faire l’objet d’une vérification au moins une fois par trimestre.
Le résultat des vérifications est consigné sur le registre de sécurité30. La liste des équipements
soumis aux vérifications périodiques est fixée par voie réglementaire par le ministre chargé du
travail après avis de la commission consultative du travail.
Le chantier lui-même, lieu de travail, doit être soumis à des surveillances régulières dans les
conditions et modalités fixées par l’autorité compétente en vue notamment, d’y vérifier la
sécurité des équipements, des installations et d’y surveiller les risques pour la santé.

§3. Information et formation des travailleurs en matière de sécurité


Les travailleurs doivent être informés et instruits de manière complète et compréhensible des
risques professionnels existant sur le chantier et recevoir des instructions adéquates relatives
aux moyens disponibles et la conduite à tenir pour les prévenir. A ce titre, l’employeur doit
leur assurer une formation générale minimale en matière de sécurité et de santé au travail.

Tout employeur doit organiser une formation pratique et appropriée en matière de sécurité et
santé au travail au profit des travailleurs nouvellement embauchés, de ceux qui changent de
poste de travail ou de technique de travail et de ceux qui reprennent leur travail après un
congé, sur le chantier.

30
Il s’agit d’un registre ouvert par l’employeur et tenu constamment à la disposition de l’inspecteur du travail.

35
En général, l’inspecteur du travail est chargé du contrôle du respect par l’employeur des
dispositions en matière de sécurité. Ainsi, il peut effectuer des visites et des inspections des
chantiers pour s’assurer que les mesures relatives à la sécurité des travailleurs y sont
respectées. Lorsqu’il constate une infraction aux normes ou prescriptions édictées, met en
demeure l’employeur de s’y conformer. La mise en demeure de l’inspecteur du travail est
immédiatement exécutoire

Section 2. La protection des tiers contre les nuisances sonores, déchets, accidents et les
dégradations
§1. Bruits et nuisances
Les bruits et les nuisances du chantier portent atteinte à la tranquillité et à la santé des
riverains. L’entrepreneur des travaux en est le garant31. Il doit prendre les mesures destinées à
prévenir et à réduire les effets préjudiciables liés à ces bruits et nuisances.

Les chantiers sont parfois sources de pollution pouvant atteindre l’air, l’eau et le sol. Ainsi, en
est-il des salissures (poussière, boue) qui atterrissent sur la voie publique, et dans les
propriétés voisines. Cette pollution peut résulter de la nature même des travaux, des matériaux
utilisés ou des déchets engendrés par les travaux. Le principe est que l’entrepreneur doit tenir
la voie publique en état de propriété, aux abords du chantier ayant été salies par suite de ses
travaux. Il est tenu d’effectuer les transports de chargement et de déchargement dans des
conditions à garantir la propriété de la voie publique tout en évitant d’incommoder les
passants et les riverains32.

§2. Signalisations et autres mesures


Le démarrage des travaux de construction est impérativement signalé par un panneau de
chantier. Le panneau de chantier mentionne obligatoirement en caractères lisibles les
références du permis de construire, la nature et la durée des travaux, la source de financement,
les acteurs intervenants : maître de l’ouvrage, maître d’œuvre, contrôle, entreprise(s).

La réglementation prescrit à la charge de l’entrepreneur l’obligation de prendre, sur ses


chantiers, toutes les mesures d'ordre et de sécurité propres à éviter des accidents. Il est tenu

31
Article 27 de la Loi n°23/94/ADP portant Code de la sante publique: « Les mesures de prévention et de lutte
contre le bruit et autres nuisances doivent être observées dans les locaux à usage d’habitation, sur les lieux de
travail et dans les artères des agglomérations. »
32
Articles 30 et suivants de la Loi n°005/97/ADP portant Code de l'environnement au Burkina Faso.

36
d’assurer l'éclairage et le gardiennage de ses chantiers, ainsi que leur signalisation tant
intérieure qu'extérieure, la clôture de ses chantiers.
Ce dernier est tenu, en outre, de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que les
travaux ne causent un danger aux tiers, notamment pour la circulation publique si celle-ci n'a
pas été déviée. Ainsi, les points de passage dangereux, le long et à la traversée des voies de
communication, doivent être protégés par des garde-corps provisoires ou par tout autre
dispositif approprié. Ils doivent être éclairés et, au besoin, gardés.
///////////////////////////////

CHAPITRE 3 : LA REGLEMENTATION RELATIVE AU SUIVI DU CHANTIER

IL n’existe pas à proprement parler de définition précise du suivi de chantier. Il peut donc être
défini comme représentant l’ensemble des mesures et des paramètres à prendre et surveiller
afin que la réalisation d’une prestation de l’entreprise se réalise de la meilleure manière. Le
suivi peut être organisé par l’entreprise, en interne, ou par des structures ou services externes.
Dans le présent chapitre, il s’agira d’évoquer les aspects juridiques liés au suivi technique
externe du chantier.

Section 1. Le suivi par le maître d’ouvrage


Avant la construction, le maître de l’ouvrage doit définir le programme de l’opération et son
budget et préparer la passation de contrat. Pendant la construction, il doit coordonner les
travaux, utiliser ses pouvoirs de direction et de contrôle par des ordres de service.
Il doit approuver les documents remis par le maître d’œuvre, assurer le suivi des dossiers
transmis par l’architecte, s’occuper des relations avec les administrations et les différents
intervenants.

Le maître d’ouvrage peut déléguer le suivi du chantier à un maître d’œuvre. Ce dernier sera
alors chargé de concevoir le projet, d’assurer la conformité architecturale, technique et
économique de la réalisation du projet objet du marché, de diriger et de contrôler l’exécution
des travaux et de proposer leur réception et leur règlement, d’assister le maître de l’ouvrage
pendant la période de parfait achèvement33.

33
La coordination est la mise en œuvre de la planification avant que commence l’exécution et afin d’en assurer
un contrôle efficace. Le contrôle sur le chantier comprend essentiellement des visites périodiques au chantier

37
Spécifiquement, le suivi du chantier par le maître d’œuvre va consister à vérifier que les
prestations réalisées par le titulaire du marché ou ses sous-traitants sont conformes aux
prescriptions techniques prévues au marché.
Le suivi du chantier opéré par le maître d’œuvre l’amène à émettre des ordres de services à
l’attention de l’entrepreneur. Les ordres de service peuvent, notamment, servir à fixer la date
de démarrage des travaux, à notifier à l’entrepreneur des modifications dans l’importance ou
la nature des travaux, à demander la reprise de malfaçons, etc.

Section 2. Le suivi opéré au moyen d’autres structures


§1. Le suivi opéré par l’architecte
L’architecte est responsable de la conception de l’œuvre, de sa fonctionnalité, de son
esthétique, de l’harmonie des formes et des couleurs.
En plus de cette mission, l’architecte peut être chargé du suivi du chantier.

§2. Le suivi opéré par le contrôleur technique


I/ La mission du contrôleur technique
Le contrôleur technique a pour mission de contribuer à la prévention des différents aléas
techniques, susceptibles de se présenter pendant la réalisation des ouvrages.

Il intervient à la demande du maître de l’ouvrage à qui il donne son avis sur les questions
d’ordre technique concernant la solidité, la stabilité de l’ouvrage et la sécurité des personnes
et des biens.
Le contrôle technique est obligatoire pour :
-tout immeuble comportant un étage ou un sous-sol ou une toiture terrasse ;
-tout immeuble complexe, à usage industriel ou commercial ;
- tout établissement recevant du public ;
-toute autre construction qui, en raison de sa nature ou de son importance, présente des risques
particuliers pour la sécurité des personnes et des biens.

En dehors de ces cas, le maître d’ouvrage peut toujours faire appel à un contrôleur technique
afin de réduire les risques. Il sera alors libre de l’étendue de la mission qu’il entend confier à

pour contrôler les travaux exécutés par le ou les entrepreneurs. La direction du renvoie aux instructions et
informations que le maître d’œuvre doit donner à l’entrepreneur en cours d’exécution des travaux.

38
celui-ci. Le contrôle pourra alors porter sur tous les autres éléments de la construction dont la
réalisation risque de présenter des aléas techniques particuliers contre lesquels le maître
d’ouvrage estime utile de se prémunir

II/ Le déroulement du contrôle technique


Les avis du contrôleur technique sont formulés :
- en phase conception sous la forme d’un rapport initial de contrôle technique;
- en phase exécution, lors de l’examen des documents d’exécution et des visites de chantier;
- en phase réalisation sur les ouvrages exécutés, sous la forme d’un rapport final de contrôle
technique. Lors de ce rapport final, le contrôleur technique transmet au maître d’ouvrage un
compte-rendu de sa mission et signale les avis qui, à sa connaissance, n’ont pas été suivis
d’effets.
Il y a deux types d’avis que le contrôleur technique peut émettre :
Les avis favorables : ils peuvent être tacites. Si un avis défavorable se révèle erroné, la
responsabilité du contrôleur technique pourra être retenue.
Les avis défavorables : ces avis doivent être exprès et non tacites. Si le maître
d’ouvrage ne suit pas un avis défavorable et qu’un dommage se produit par la suite, le
contrôleur technique pourra échapper à la présomption de responsabilité.

Section 3. L’abandon de chantier


§1. Notion
L'abandon de chantier est le fait pour l'entrepreneur de ne plus réaliser les travaux ou d'en
paralyser l'achèvement en retirant ses matériels et/ou son personnel. Il se caractérise par une
interruption injustifiée et une durée anormalement longue des travaux. Un abandon de
chantier peut être dû à un cas de force majeure, un cas fortuit, des intempéries une période de
congés ou au non-respect par le maître d'ouvrage de ses obligations.

L’abandon de chantier ne doit pas être confondu avec l’interruption de chantier qui s’entend
comme l'abandon de chantier reposant strictement sur des considérations purement
matérielles. L'interruption des travaux est donc synonyme d'absence d'activité sur le chantier.

§2. Les conséquences de l’abandon de chantier


Si l’abandon du chantier n’est pas dû à une faute de l’entreprise, celui-ci doit en informer le
maître d’ouvrage. Les relations contractuelles sont alors suspendues à la fin de l’évènement

39
qui en est la cause. La persistance de l’évènement et la gravité de ses effets sur la suite des
travaux peuvent conduire à une fin anticipée desdites relations : le contrat d’entreprise ou le
marché sera résilié.

Dans le cas contraire, et en l’absence d’une faute du maître d’ouvrage, ce dernier dispose d’un
recours contre l’entrepreneur.
Mais, avant toute action, le maître d’ouvrage, dans un premier temps, de mettre l’entrepreneur
en demeure, par lettre recommandée avec accusé de réception ou par une sommation
d’huissier l’entrepreneur défaillant de reprendre l’exécution des travaux dans un délai
déterminé. À défaut, le maître d’ouvrage peut faire constater l’abandon de chantier et les
éventuelles malfaçons dans la construction.
Si l’abandon de chantier est avéré, le maître d’ouvrage disposera de différents recours contre
l’entrepreneur défaillant. En effet, en fonction de l’avancement du chantier, de la situation
économique de l’entrepreneur et des malfaçons constatées, il pourra demander en justice, soit
l’exécution en nature du contrat par l’entrepreneur lui-même ou la résiliation du contrat, soit
l’exécution du contrat par un tiers aux frais de l’entrepreneur.

//////////////////////////////////////

CHAPITRE 4 : LES SANCTIONS AUX MANQUEMENTS DES REGLES DE SECURITE

Le manquement par les personnes impliquées aux activités d’un chantier, de leurs obligations
respectives en matière de sécurité conduit à des sanctions sur les plans pénal et civil.

Section 1. Responsabilité pénale


Le non-respect des prescriptions relatives à la sécurité des chantiers est sanctionné
pénalement.

§1. Sanctions relatives au non-respect des règles de construction34

34
Voir les articles 220 à 228 de la Loi n° 017-2006/an portant code de l’urbanisme et de la construction au
Burkina Faso.

40
-Quiconque fait entreprendre, implanter, modifier ou fait modifier des constructions ou
installations sans permis de construire ou en violation des dispositions législatives ou
réglementaires en vigueur, est puni d’une amende de deux cent mille (200.000) à deux
millions (2.000.000) de francs CFA. Les constructeurs ou toute autre personne ayant
concouru à l’exécution desdites constructions ou installations sont punis des mêmes peines.
Lorsque les infractions sont constatées dans une zone non encore aménagée ou lorsqu’il s’agit
d’un établissement recevant du public, les peines sont une amende de cinq cent mille
(500.000) à un million cinq cent mille (1.500.000) francs CFA et/ou d’un emprisonnement de
six mois à deux ans.

En plus de cette peine, l’autorité administrative compétente pour la délivrance du permis de


construire peut ordonner la démolition des constructions édifiées en violation des dispositions
applicables et la remise en état des lieux aux frais du contrevenant.

-Tout intervenant dans l’acte de construire, coupable de faux dans l’établissement d’une
attestation de conformité est puni d’une amende de cinq cent mille (500.000) à un million
cinq cent mille (1.500.000) francs CFA et/ou d’un emprisonnement de un (01) an à trois (03)
ans.

-L’administration peut procéder d’office, après sommation, à la démolition et à la remise en


état des lieux, aux frais de l’intéressé dans les cas suivants :
* lorsque la construction ou l’ouvrage est édifiée sur un terrain occupé sans droit ni titre, sur
un terrain de l’Etat, d’une collectivité publique, d’une personne privée;
* lorsqu’il s’agit d’une construction réalisée en matériaux précaires dans les cas des
établissements recevant du public.

- Quiconque démolit ou fait démolir des constructions ou installations sans permis de démolir
ou en violation des dispositions législatives ou réglementaires en vigueur, est puni d’une
amende de deux cent mille (200.000) à deux millions (2.000.000) de francs CFA. Lorsque les
infractions sont constatées dans une zone de préservation du patrimoine ou lorsqu’il s’agit
d’un immeuble classé, les peines sont une amende de un million (1.000.000) à cinq millions
(5.000.000) de francs CFA et/ou d’un emprisonnement de un (01) an à cinq (05) ans.

41
L’autorité administrative compétente pour la délivrance du permis de démolir peut ordonner
la réhabilitation des constructions démolies en violation des dispositions applicables et la
remise en état des lieux aux frais du contrevenant.

35
§2. Sanctions relatives au non-respect des normes environnementales et de santé publique36
-Quiconque est à l'origine d'une nuisance est puni d'un emprisonnement de un (01) à six (06)
mois et/ou d'une amende de cinquante mille (50.000) à cinq millions (5.000.000) FCFA37.
-Quiconque entreprend, occupe ou exploite des aménagements paysagers est puni d'un
emprisonnement de six (06) mois à un (01) an et/ou d'une amende de cinq cent mille (500.000) à
(500.000 à cinq millions (5.000.000) FCFA.
La juridiction saisie peut ordonner la cessation ou la suspension des activités, la fermeture de
l'établissement, la remise en état et l'assainissement des lieux. Elle peut en outre ordonner la
publication de la condamnation.

- Quiconque, par négligence ou incurie, dégrade des ouvrages publics ou commerciaux


destinés à recevoir ou à conduire des eaux d’alimentation ou laisse introduire des matières
excrémentielles ou tout autre matières susceptibles de nuire à la salubrité de l’eau, des
sources, fontaines, puits, citernes, conduits, aqueducs, réservoirs servant à l’alimentation
publique, est punis d’une amende de cinq mille (5 000) à cinquante mille (50 000) francs CFA
et/ou d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) jours.

-Toute personne qui par son action pollue l’air, l’atmosphère et l’environnement38 est punie
d’une amende de deux cent mille (200 000) à cinq millions (5 000.000 ) de francs CFA et/ou
d’un emprisonnement de un (01) mois à deux (02) ans.

Section 2. La responsabilité civile délictuelle dans les opérations de construction39

35
Voir notamment les articles 96 à 100 de la loi n°005/97/ADP portant Code de l'environnement au Burkina
Faso.
36
Voir notamment les articles 12 à 18 de la loi n° 23/94/ADP portant Code de la santé publique.
37
Bruits et émissions sonores, odeurs incommodantes, émissions lumineuses vives, les fumées de cigarettes, cigares
et pipes, lorsque ceux-ci sont de nature à nuire au repos, à la tranquillité, à la santé, à la sécurité publique ou
à d'autres égards.
38
On entend par pollution atmosphérique la présence dans l’air et dans l’atmosphère de fumée, poussières ou gaz
toxiques, corrosifs, odorant ou radio-actifs dus au hasard de la nature ou du fait de l’homme et susceptibles de
porter atteinte à l’hygiène de l’environnement et à la santé de la population.
39
Art. 1382 du Code civil « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par
la faute duquel il est arrivé à le réparer. »

42
§1. Les tiers
Il y a plusieurs catégories de tiers, en matière de construction. On distingue, ainsi, entre :
Le véritable tiers, pénitus extranei, qui subirait un dommage à raison de l’ouvrage de
manière totalement fortuite ;
Les tiers intéressés par l’ouvrage que sont les voisins susceptibles de subir les
dommages à raison de la réalisation des travaux ou encore à raison de l’ouvrage lui-même ;
Les tiers concernés que sont les fabricants de matériaux/éléments d’équipement mis
en œuvre dans l’ouvrage ;
Les tiers impliqués que sont les titulaires du droit de jouir, d’utiliser l’ouvrage sans
être contractuellement en lien avec les constructeurs et/ou les sous-traitants.

§2. Réparation du préjudice des tiers


I/ Réparation du préjudice des véritables tiers
Le véritable tiers, qui subit un préjudice à raison de l’ouvrage40, peut être dédommagé, au
moyen, soit de la mise en œuvre de la responsabilité du fait personnelle, soit de la mise en
œuvre de la responsabilité du fait des choses, soit de celle de la responsabilité du fait des
immeubles en ruines.

III/ Réparation des dommages subis par les voisins à raison des travaux de construction
Le tiers voisin, victime d’un dommage résultant des travaux de construction, peut être
dédommagé sur le fondement de la théorie des troubles anormaux du dommage.
Les débiteurs de cette réparation seront :
soit le maître d’ouvrage,
soit l’acquéreur de l’ouvrage,
soit le constructeur, considéré comme un voisin occasionnel du ou des propriétaires
lésés pendant le chantier.
Le tiers voisin doit établir que l’ouvrage en lui-même ou les travaux réalisés en vue de son
édification lui causent un trouble dépassant les inconvénients normaux du voisinage.
L’anormalité du trouble doit s’apprécier en fonction de son intensité et de sa durée et,

Art. 1383 du Code civil « Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais
encore par sa négligence ou par son imprudence. »
40
Cas d’un passant qui reçoit une brique en chute libre du chantier.

43
précisément, du voisinage, de l’environnement ou de la situation dans lequel ledit trouble se
réalise41.

41
Ainsi, peuvent être qualifiés de troubles anormaux de voisinage :
Les dommages causés par l’action d’une pelle mécanique ayant éventré le mur de la cuisine du voisin ;
Les infiltrations au travers du mur mitoyen ;
Les fissures engendrées par les travaux à l’immeuble voisin ;
Les coupures d’électricité dues à l’arrachage d’un câble électrique par le constructeur ;
La pénétration du béton dans le local voisin ;
Les bruits de la poussière générés par le chantier ;
L’encombrement de la rue à raison des travaux ;
Le risque de glissement de terrain présentant un danger pour le fond voisin ;
L’empiétement sur le terrain voisin d’une importante masse de béton constituée par le débord des
fondations de l’ouvrage réalisé.

44
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

Conventions internationales

Convention (no. 17) sur la réparation des accidents du travail, 1925


Convention (no. 47) des quarante heures, 1935
Convention (no. 62) concernant les prescriptions de sécurité (bâtiment), 1937
Convention (no. 81) sur l’inspection du travail, 1947
Convention (no. 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981
Convention (no. 167) sur la sécurité et la santé dans la construction, 1988

Législation nationale (Burkina Faso)

Code civil de 1804


Loi N° 043/96/ADP du 13 Novembre 1996 portant Code Pénal
Loi n°17-2006 du 18 mai 2006 portant Code de l’urbanisme et de la construction au Burkina Faso.
Loi n°23/94/ADP portant code de la sante publique
Loi n°005/97/ADP portant Code de l'environnement au Burkina Faso.
Loi n°028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail
Décret N°2008- 374 /PRES/PM/MEF du 2 JUILLET 2008 portant réglementation générale de la
maitrise d’ouvrage publique déléguée
Décret N°2012-123/PRES/PM/MEF du 02 mars 2012 modifiant le décret n°2008-
173/PRES/PM/MEF du 16 avril 2008 portant règlementation générale des marchés publics et des
délégations de services publics;

Ouvrages (doctrine)

D. CHABANOL, J-P. JOUGUELET et F. BOURRACHOT, Le régime juridique des marchés


publics, Imprimerie nationale, 2007
MAURICE PICARD et ANDRE BESSON, Les assurances terrestres, t. 1, « Le contrat d'assurance
», 5e éd., Paris, L.G.D.J., 1982
S.-C. CHETIVAUX-DAVID, Les assurances obligatoires des travaux de bâtiment, Delmas, 1990.
J.-P. KARILA, Les responsabilités des constructeurs, Éd. Delmas, 1991
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P. KIEMDE, Droit du Travail et de la Sécurité Sociale (Collection Précis de droit burkinabè),
Imprimerie Presses Africaines, 2006
A. MAZEAUD, Droit du travail, Montchrestien, 7ème éditions 2010

45

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