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Review

Author(s): Pierre Burgelin


Review by: Pierre Burgelin
Source: Revue d'Histoire littéraire de la France, 78e Année, No. 5 (Sep. - Oct., 1978), pp.
836-837
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40526192
Accessed: 22-06-2016 20:16 UTC

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Revue d'Histoire littéraire de la France

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836 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE

de Satan. Les auteurs terminent par des considérations générales sur l'étude
des périodiques des points de vue du quantifiable, de la typologie et de la
morphologie.
Le problème des archives fait l'objet de deux articles trop brefs, l'un de
J.-R. Armogathe sur les archives romaines de la Compagnie (à signaler l'absence
des registres des lettres envoyées en France par les généraux à partir de 1696),
l'autre du P. Dehergne, conservateur des archives de la province de Paris à
Chantilly. Sinisant réputé et auxiliaire généreux de diverses publications de
correspondances (nous pouvons l'attester), le Père possède l'inventaire dressé
après 1763 par le président Rolland d'Erceville. Cest une preuve nouvelle que
ce dernier n'avait pas exécuté l'ordre de verser au greffe civil du Parlement
toutes les pièces saisies au collège de Clermont (cf. Marcel Thomas dans Rev.
Hist. Egl. France, 1953, p. 67). Il y en a d'autres, en particulier le fait que la
célèbre Histoire de l'abbé Blache a passé en vente avec diverses autres pièces
de même origine le 3 juin 1833 (B.N., A. 10143). Le recours à Fr. Clément,
à L. Delisle, à G. Dupont-Ferrier et surtout une recherche méthodique feraient
sans doute découvrir d'autres épaves, mais l'incendie du greffe sous la Révo-
lution interdit les trop grands espoirs.
Le n° 8 de Dix-huitième Siècle contient en outre deux cents pages traitant
d'autres sujets. Celui de John Woodbridge, Censure royale et censure epis-
copale : le conflit de 1702, explique comment, en dépit de la victoire apparente
de Bossuet sur R. Simon, la censure fut au xvnr3 siècle le monopole des autorités
civiles. Cest donc avec celles-ci que les Philosophes eurent surtout à compter.
A signaler aussi un article essentiel de Corrado Rosso : Montesquieu présent :
Études et travaux depuis 1960.
J. Orcebal.

B. Munteano, Solitude et Contradictions de J.-Jacques Rousseau.


Paris, Nizet, 1975. Un vol. in-8° de 224 p.

Ce recueil reprend d'abord une étude publiée sous ce titre au tome XXI
des Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau. Mais M. Munteano avait
repris et enrichi ces thèmes sous le titre : Les Contradictions de Jean-Jacques
Rousseau. Leur action expérimentale. Leur portée connaissante. Étude beaucoup
plus importante et qui nous conduit au seuil de ce qu'on pourrait appeler
la métaphysique de Rousseau. Malheureusement, M. Munteano nous a quittés
ce texte à peine achevé et n'en aura pas vu la diffusion. Ce n'étaient à ses
yeux que des « essais », souvent écrits d'ailleurs au conditionnel et indiquant
des champs de recherche. A ses yeux, Rousseau restait encore mystérieux.
Ce mystère est d'abord celui de ses contradictions, si apparentes que l'on a
souvent parlé de folie. C'est un aspect qui appelait en effet une mise en ordre.
Pour commencer par le plus simple, on s'exprime avec les mots de tout le
monde, chargés d'histoire. Et nul n'a mis plus de subtilité dans ce domaine.
Que recèlent au juste le sentiment, la raison, le bon sens, la société, la bonté,
l'amour? Vers quoi sont-ils infléchis? A quels contre sens ne prêtent-ils pas?
Pour lui-même, pour les hommes, il cherche le bonheur. Les vérités qu'il
cherche sont infiniment complexes. Il se connaît lui-même changeant, fugitif,
partagé, multiple. Il est corps et âme, social et sauvage. Il est homme comme
nous tous et unique. Dans l'instant, il se sent la proie d'un temps qui l'em-
porte et le change. Il se sent la proie des milieux où il vit : pour s'y adapter,
il faut se montrer comme tenant d'un rôle, bref paraître ce qu'on n'est pas.
La solitude nous devient nécessaire pour tenter de découvrir la vérité de notre
être. Tout cela, qui le situe dans la ligne de Montaigne et de Pascal, il l'éprouve

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COMPTES RENDUS 837

mieux que quiconque. Il recherche une unité qui le fuit et qui, sans doute,
serait le bonheur.
Son œuvre aussi est singulièrement diverse. Ce sont des tentatives de tous
ordres qui tournent autour du thème qu'il faut pouvoir adhérer à sa propre
existence, sans regrets, sans remords.
On peut présenter l'entreprise dans sa véracité vécue, tant en se confessant
qu'en se faisant accompagner dans ses rêveries solitaires, montrer l'unité de
sa propre multiplicité. On peut se dédoubler et offrir Jean-Jacques au juge-
ment de Rousseau. On peut s'installer dans quelque héros imaginaire ; la
technique romanesque permet cet écart et donne ainsi le pouvoir de s'incarner
en quelque aspect de soi. On sera Saint-Preux, Julie, Wolmar, éducateur
d'Emile, Vicaire savoyard, voire sauvage de quelque Polynésie. On ne fait
point un système : on propose au lecteur un échantillon de situations qui
suscitent notre réflexion.
Munteano analyse tous ces thèmes à partir d'innombrables références avec
la plus grande perspicacité. Il use librement de l'immense littérature sur
Rousseau. Mais il a pensé qu'on devait aller plus loin. Parce que Rousseau
est parfaitement conscient des oscillations de sa conscience et de ses divi-
sions et s'oppose ainsi à lui-même, ne pourrait-on voir dans ces tentatives
l'ébauche d'une méthode que l'on pourrait presque qualifier de scientifique.
La doctrine expérimentale de Claude Bernard servirait alors de référence. Le
savant rassemble des faits et conçoit une hypothèse qui en permet l'interpré-
tation. Sans une telle concentration, comment ne pas se perdre dans l'extraor-
dinaire complexité des faits? Rousseau ne s'est pas satisfait de la multipli-
cité et de la discontinuité qu'il vivait, il a voulu la comprendre et la mise en
scène de ses héros est comme une tentative de vérification de sa pensée. Mais
le cœur humain est plus compliqué que des états physiques.
Enfin, comment le mot contradiction n'appelle-t-il pas, en notre siècle, le mot
dialectique? Entre le corps et l'âme, le sentiment et la raison, l'être et le
paraître, comment ne pas concevoir une sorte d'action réciproque ? Ce ne
sont pas des domaines juxtaposés, mais des fonctions qui s'exercent pour
tenter de constituer un ordre. La dialectique n'est-elle pas d'abord un dia-
logue ?
Sur cette lancée, il est permis d'exprimer un regret. Dans l'essai de M.
Munteano, le thème de l'éducation tient fort peu de place, et l'œuvre poli-
tique est totalement absente. C'est dans ces deux domaines que la difficulté
de la doctrine se montre le mieux au grand jour. Ni l'éducation, ni la vie sociale
ne peuvent se satisfaire des diversités de la conscience. Elles appellent la
continuité et l'unité. L'état conjugal comme l'état politique supposent un
vouloir qui organise dans le temps. Le contrat est un serment, celui de
continuer malgré les changements. Comment est-ce possible ? Rousseau a
médité sur ces thèmes et ils tiennent une part importante de son œuvre, elles
en sont l'aspect le plus systématique. L'homme est invité à se surmonter. Il
n'est pas douteux que si Munteano avait pu disposer d'une plus longue durée,
il aurait encore enrichi sa réflexion.
Pierre Burgeltn.

Pierre Barbéris, A la recherche d'une écriture. Chateaubriand.


Paris, Marne, 1976. Un vol. in-8° de 742 p.

Après Balzac et Stendhal, c'est à Chateaubriand que Pierre Barbéris a consacré


ses derniers travaux, personnellement ou en collaboration avec les participants
de son séminaire de l'E.N.S. de Saint-Cloud. Deux petits livres parus chez
Larousse {René, un nouveau roman et Chateaubriand, une réaction au monde

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