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2.1 Introduction
Les montages redresseurs sont des convertisseurs alternatif – continu. Il s’agit de la
transformation la plus fréquente. En effet, l’énergie électrique est d’ordinaire disponible en
alternatif. Or, pour de nombreuses applications, le continu est mieux adapté. Ils utilisent
presque essentiellement des composants non commandés (redresseurs à diodes) ou semi
commandés (redresseurs à thyristors). Les applications de ces dispositifs pour le
raccordement sur un réseau monophasé ou triphasé sont nombreuses, surtout en petite et
moyenne puissances. De plus, le passage par la forme continue est souvent nécessaire pour
alimenter d’autres types de convertisseurs (hacheurs ou onduleurs autonomes). Comme
domaines d’applications, citons par exemple la traction ferroviaire, le transport d’énergie à
tension continue (HVDC – High Voltage Direct Current), les alimentations sans interruption
(ASI), la production d’électricité photovoltaïque, l’industrie électrochimique, etc.
Dans l’étude des redresseurs, on peut, du moins dans un premier temps, supposer les
composants parfaits. S’il s’agit de diodes, on néglige la chute de tension directe et le courant
inverse. La caractéristique tension – courant est celle de la figure 1.1c. La diode entre en
conduction dès que sa tension directe est positive ; elle se bloque spontanément dès que son
courant direct s’annule.
2.2.2.2 Source
Dans le cas le plus usuel, le réseau est vu comme est un générateur de forces
électromotrices (f.e.m.) équilibrées sinusoïdales et d’impédance constante. On néglige cette
impédance dans les étapes 1 et 2 de la démarche que nous venons de présenter.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-3
2.2.2.3 Récepteur
Dans un grand nombre de cas, on peut représenter le récepteur par une charge ohmique
(Ru) et inductive (Lu) présentant aussi, éventuellement, une force contre-électromotrice E0
(f.c.e.m.) en série. Cette dernière est constante en fonction du temps pour un certain point de
fonctionnement. En effet, dans le cas d’une machine à courant continu, Ru et Lu représentent
la résistance et l’inductance du circuit d’induit, tandis que E0 est donnée par la tension
d’induit, qui dépend de l’état d’excitation et de la vitesse de rotation de la machine.
Souvent l’inductance Lu du circuit est augmentée artificiellement par une self de lissage,
pour réduire l’ondulation du courant continu lorsqu’elle est trop forte. Aussi, on effectue
l’étude générale en supposant le courant redressé parfaitement constant : il est donc permis de
confondre sa valeur instantanée iu avec sa valeur moyenne Idc. On dit que le courant est
complètement lissé, c’est-à-dire constant en fonction du temps.
2.2.3.1 Montage
Le schéma du montage triphasé avec source en étoile est donné à la figure 2.1. Il est
composé d’un transformateur triphasé et de trois diodes D1, D2 et D3. Cette disposition est
souvent appelée montage triphasé à point neutre.
Chaque diode est branchée en série avec une des phases du secondaire du transformateur,
lequel délivre des tensions alternatives sinusoïdales formant un système symétrique équilibré :
2π 2π
ea = E M sin ωt , eb = EM sin ωt − , ec = EM sin ωt + .
3 3
Les cathodes de ces diodes sont réunies au point P et forment la borne positive de la sortie
du convertisseur. La tension redressée apparaît entre ce point commun et le point neutre n du
secondaire. Ce point neutre constitue la borne négative de la sortie du convertisseur. Le
récepteur, supposé infiniment inductif – on parle aussi de parfait récepteur de courant, − est
branché entre les deux bornes + et −.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-4
Notons que le montage triphasé avec source en étoile se prête particulièrement bien à
l’étude des divers phénomènes régissant le fonctionnement d’un convertisseur. Les résultats
peuvent être facilement étendus aux autres montages, plus spécialement au montage en pont
triphasé, encore appelé pont de Graetz, qui est à l’heure actuelle le plus employé (voir
paragraphe 2.2.4).
2.2.3.2 Fonctionnement
Seule la diode dont l’anode est au plus haut potentiel peut conduire.
Supposons qu’à un instant donné, la tension ec est la plus élevée. La diode D3 est passante
(uD3 = 0, uu = ec) ; D1 est polarisée sous tension directe uD1 = ea−uu = ea−ec. Comme cette
tension devient positive en ωt = π/6, D1 entre en conduction alors que D3 conduit un courant
non nul Idc. Il s’ensuit un transfert du courant redressé entre les deux composants, appelé
commutation naturelle libre. C’est l’évolution naturelle des tensions alternatives du circuit
qui contraint au blocage la diode D3, suite à l’entrée en conduction de D1 sans commande
extérieure (donc de façon libre). Le transfert du courant suppose le débit simultané, pendant
un temps généralement court, de la diode qui va cesser de conduire (D3) et de celle qui vient
de devenir passante (D1) ; on dit qu’il y a empiétement des intervalles de conduction.
Comme dans l’étude générale, on néglige les inductances de la source et des éléments du
montage, les courants peuvent varier instantanément. Cela revient à faire l’hypothèse de la
commutation instantanée : l’entrée en conduction de D1 entraîne la coupure simultanée de D3.
Quand D1 conduit, il vient uD1 = 0 et uD3 = ec−ea<0. La diode D1 reste passante pour
π/6 < ωt < 5π/6. Ensuite, il y a commutation entre D1 et D2. Etc.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-5
La figure 2.2a illustre les formes d’ondes de tension redressée et de tension inverse aux
bornes d’un composant. Le courant complètement lissé n’est pas représenté.
D’après le diagramme des conductions, chaque diode conduit pendant T/3. Les trois
diodes D1, D2 et D3 forment un groupe de commutation. Dans ce groupe de commutation, le
courant Idc commute trois fois d’une diode à une autre pendant une période T. Ceci peut être
caractérisé par l’indice de commutation q. Pour le montage étudié, on a q = 3.
La tension uD1 aux bornes de la diode D1 par exemple, toujours égale à ea−uu, a pour
expressions successives :
− uD1 = 0, quand D1 conduit ;
− uD1 = ea−eb, quand D2 conduit ;
− uD1 = ea−ec, quand D3 conduit.
Elle est donc successivement égale aux différences de tensions entre ea et la plus positive
des tensions secondaires du transformateur.
Tension redressée
A tout moment, la tension redressée est égale à la plus élevée des tensions ei (i = a, b ou
c). On dit que le convertisseur fonctionne sur l’alternance positive des tensions secondaires.
Elle est formée de trois sommets de sinusoïdes d’amplitude EM par période T. Sa période
fondamentale est égale à T/3.
5π / 6
3 3 3
U dc 0 =
2π π
∫E
/6
M sin ωt dωt =
2π
EM . (2.1)
Son développement en série de Fourier comprend aussi des termes de pulsation 3ω, 6ω,
etc. … ou d’une façon générale nω avec n = 3k (k, nombre entier strictement positif). On écrit
de manière abrégée :
u u = U dc 0 + ∑ H 3k . (2.2)
Indice de pulsation
Quel que soit le convertisseur qui délivre la tension redressée, l’importance relative de
l’ondulation de celle-ci et des harmoniques qu’elle contient ne dépend que du nombre de
sommets de sinusoïdes formant uu par période T. Ce nombre p est appelé indice de pulsation.
La tension inverse maximale aux bornes d’une diode est égale à l’amplitude de la plus
grande des tensions composées :
,inv =
u Dmax 3E M . (2.3)
I dc
I D ,moy = , (2.4)
3
I dc
I D ,eff = . (2.5)
3
Courants secondaires
Le tracé des courants secondaires est donné à la figure 2.2b. Il s’agit aussi des courants
dans les composants.
Ceux-ci valent Idc pendant une fraction 1/3 de la période T. Le développement en série de
Fourier du courant ia par exemple comprend :
− une valeur moyenne Idc/3 ;
− des termes de rang n = 3k±1, de valeur efficace :
2 I dc nπ 6 I dc
I 2 n ,eff = sin = . (2.6)
nπ 3 2 nπ
Courants primaires
La figure 2.2c illustre les formes d’ondes de courants primaires (courants de phase iAB, iCA
et courant de ligne iA).
La force magnétomotrice secondaire par noyau (N2ia par exemple) présente une
composante continue que les ampères-tours primaires ne peuvent compenser. Par conséquent,
au primaire, on obtient :
i A = i AB − iCA ,
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-8
avec
N2 I N I
i AB = ia − dc , iCA = 2 ic − dc .
N1 3 N1 3
6 mI dc
I 1n ,eff = mI 2 n ,eff = , (2.7)
2 nπ
D’après (2.7), on montre aisément que celui-ci est inversement proportionnel au rang
d’harmonique, donc égal à 1/n.
Le courant de ligne n’est pas sinusoïdal ; il a la forme d’une onde alternative rectangulaire
d’amplitude √3/3 mIdc en phase avec la tension primaire (celle-ci est déphasée de π/6 en
arrière par rapport à la tension secondaire ea). Vu du réseau, le convertisseur se comporte
comme une charge non linéaire, donc polluante.
On définit le coefficient :
puissance apparente Si
ci = = , (2.9)
puissance active max. Pi
ϕi =0
1
Pour un redresseur à diodes, ces grandeurs sont toujours en phase (ϕi = 0) ; la puissance active transférée est
donc d’office maximale.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-9
2π
1 2 6 mI dc
I 1,eff = ∫i dω t = mI dc , I 11,eff =
2
;
2π 2 π
A
0
3
− côté secondaire :
S 2 = 3U 2,eff I 2,eff , P2 ≅ U dc 0 I dc ,
I dc
I 2,eff = I D,eff = .
3
2π 2π
c1 = = 1,21 , c 2 = = 1,481 .
3 3 3 2
Pour conclure l’étude du montage triphasé à point neutre, soulignons ses principaux
inconvénients :
1. Les courants secondaires possèdent des valeurs moyennes non nulles. Celles-ci créent
chacune un flux constant dans un des trois noyaux, qui peut saturer le circuit magnétique.
Cette saturation se traduit par une augmentation du courant magnétisant primaire et des
pertes fer supplémentaires.
2. Le taux d’harmonique de rang bas du courant primaire est particulièrement élevé. Pour
n = 2 par exemple, on trouve un taux égal à 50 % !
3. Le coefficient de surdimensionnement moyen du transformateur est important, égal à
1,346, ce qui constitue un handicap.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-10
Le schéma du montage triphasé en pont, encore appelé pont de Graetz, est donné à la
figure 2.3a. Il s’agit du montage le plus utilisé aujourd’hui. Celui-ci comprend trois
branches, possédant chacune deux diodes en série. Entre ces deux diodes, on connecte une
phase du secondaire. Les cathodes des diodes supérieures D1, D3 et D5 sont reliées ensemble,
elles forment la borne positive de la sortie du convertisseur. La borne négative correspond à
la connexion des anodes des diodes inférieures D4, D6 et D2.
2.2.4.2 Fonctionnement
L’existence d’un courant continu constant Idc à la sortie exige à chaque instant la
conduction de deux diodes, chacune d’elles appartenant à un groupe de commutation
différent. La règle pour déterminer les diodes passantes est la même que pour le montage
triphasé à point neutre :
− pour le groupe de commutation formé de D1, D3 et D5, c’est la diode dont l’anode est
au potentiel le plus élevé qui conduit ; on dit que le groupe travaille sur l’alternance
positive, c’est-à-dire sur les maxima de tensions secondaires ;
− pour le groupe de commutation formé de D4, D6 et D2, c’est la diode dont la cathode
est au potentiel le plus bas qui conduit ; on dit que le groupe travaille sur l’alternance
négative, c’est-à-dire sur les minima de tensions secondaires.
On a ainsi :
− uu = ea−eb, quand D1 et D6 conduisent ;
− uu = ea−ec, quand D1 et D2 conduisent ;
− uu = eb−ec, quand D3 et D2 conduisent ;
− uu = eb−ea, quand D3 et D4 conduisent ;
− etc.
Au sein d’un groupe de commutation, chaque diode conduit pendant T/3. L’indice de
commutation vaut 3.
La figure 2.4a donne le tracé des formes d’ondes de tension redressée, ainsi que de la
tension aux bornes d’une diode.
La tension aux bornes de D1, par exemple, est égale à ea−(VP−Vn). Elle prend les mêmes
expressions successives que pour le montage triphasé à point neutre :
− uD1 = 0, quand D1 conduit ;
− uD1 = ea−eb, quand D3 conduit ;
− uD1 = ea−ec, quand D5 conduit.
De même, la tension uD4 aux bornes de D4, donnée par (VN−Vn)−ea, prend successivement
les expressions ea−ea = 0, eb−ea et ec−ea. A une demi période près, elle est identique à uD1.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-12
Tension redressée
A tout moment, la tension redressée est égale à la différence entre la plus positive et la
plus négative des tensions secondaires. Elle est formée de six sommets de sinusoïdes
d’amplitude √3EM par période T. On obtient donc un indice de pulsation p = 6. Sa période
fondamentale est égale à T/6.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-13
La tension (VP−Vn) est la tension redressée que donnait, à partir des mêmes tensions
alternatives, le montage triphasé à point neutre. Formée de trois sommets de sinusoïdes par
période T, elle a pour valeur moyenne [voir (2.1)] :
3 3
(VP − Vn )moy = EM .
2π
La tension (VN−Vn), formée par les minima et non plus les maxima des tensions
secondaires, a une valeur moyenne égale et opposée à celle de (VP−Vn). Par conséquent, il
vient pour la tension moyenne entre les bornes P et N :
3 3
U dc 0 = 2U dc 0,triphasé = EM . (2.11)
π
u u = U dc 0 + ∑ H 6 k . (2.12)
A tensions secondaires données, les tensions aux bornes des diodes ont même forme
d’onde et même valeur de crête que pour le montage triphasé à point neutre. On a donc
toujours :
,inv =
u Dmax 3E M . (2.13)
Chaque diode, quel que soit le groupe de commutation auquel elle appartient, conduit
pendant un tiers de période du réseau. Ses courants moyen et efficace ont donc mêmes
expressions que pour le montage triphasé à point neutre [voir (2.4) et (2.5)].
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-14
Courants secondaires
Chaque enroulement secondaire est parcouru par Idc pendant l’intervalle de durée T/3 où
une diode du groupe de commutation supérieur conduit, et par −Idc pendant l’intervalle de
durée T/3 où c’est une diode du groupe de commutation inférieur qui conduit. Ainsi, on a par
exemple pour ia = iD1−iD4 :
− ia = Idc, quand D1 conduit ;
− ia = −Idc, quand D4 conduit.
6 I dc
I 2 n ,eff = . (2.14)
nπ
Encore une fois, les rangs d’harmoniques de courants secondaires diffèrent de ceux se
rapportant à la tension redressée (n = 6k).
Courants primaires
Dans le montage en pont de Graetz, tous les courants secondaires ont une valeur moyenne
nulle ; par conséquent, les ampères-tours secondaires par noyau du transformateur ont
forcément une valeur moyenne nulle également. A la différence du montage triphasé à point
neutre, il n’y a pas de problème de non compensation de la composante continue.
6mI dc
I 1n ,eff = mI 2 n ,eff = , (2.15)
nπ
avec
2π
1 2 6mI dc
I 1,eff = ∫i d ωt = mI dc , I 11,eff =
2
,
2π π
A
0
3
2
I 2,eff = 2 I D ,eff = I dc .
3
π
c1 = c 2 = = 1,047 .
3
2.2.4.6 Commentaires
Pour obtenir une tension redressée d’indice de pulsation égal à 12, on peut ajouter les
tensions redressées de deux montages en pont de Graetz, l’un avec source en étoile, l’autre
avec source en triangle. Un tel dispositif est illustré à la figure 2.5.
Les deux secondaires sont alimentés par le même primaire en triangle et fournissent des
tensions alternatives sinusoïdales décalées de π/6. Le transformateur triphasé porte sur
chaque noyau un enroulement primaire de N1 spires et deux enroulements secondaires, l’un de
N2 spires, l’autre de N2’ spires. Pour que les tensions redressées délivrées par les deux ponts
de Graetz aient la même valeur moyenne, il faut que les tensions des deux secondaires
possèdent la même valeur efficace. On s’arrange donc pour avoir :
N 2′
= 3. (2.16)
N2
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-16
A la figure 2.6a, on a représenté les formes d’ondes de tensions redressées des deux ponts
de Graetz, ainsi que la tension redressée totale.
Tension redressée
A tout moment, celle-ci est égale à la somme des tensions redressées partielles des deux
ponts. A cause du déphasage de π/6 entre celles-ci, la tension totale est formée de 12
sommets de sinusoïdes par période T. On a donc un indice de pulsation p = 12. Sa période
fondamentale est égale à T/12.
La tension moyenne redressée vaut le double de celle fournie par un seul pont de Graetz
alimenté par les mêmes tensions alternatives :
6 3
U dc 0 = 2U dc 0,Graetz = EM . (2.17)
π
u u = U dc 0 + ∑ H 12 k . (2.18)
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-17
Aux bornes d’une diode, on obtient la même tension inverse que pour le montage en pont
de Graetz (donc que pour le montage triphasé à point neutre) alimenté par les mêmes tensions
secondaires [voir (2.13)].
Les diodes sont soumises aux mêmes contraintes en courant que le montage en pont de
Graetz (donc que pour le montage triphasé à point neutre) alimenté par les mêmes tensions
secondaires. Les relations (2.4) et (2.5) restent donc valables.
A la figure 2.6b, on donne les formes d’ondes des courants secondaires de ligne ia et ic (y
compris leur différence ia-ic) ainsi que ia’. On montre également l’allure du courant primaire
de ligne iA. Les courants secondaires ont les formes d’ondes déjà vues lors de l’étude du
montage en pont. Il est important de voir que ia’ est déphasé de π/6 en retard par rapport à ia.
i A = i AB − iCA , (2.19)
N 1i AB = N 2 ia + N 2′ ia 'b ' ,
avec
1
ia 'b ' = (ia ' − ib ' ) .
3
m 3
i AB = ia + (ia ' − ib ' ) .
3 3
m 3
iCA = ic + (ic ' − ia ' ) .
3 3
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-18
3
i A = m (ia − ic ) + ia ' . (2.20)
3
2 6mI dc
I 1n ,eff = , (2.21)
nπ
On tire la même conclusion que celle déjà évoquée pour les montages précédents : les
rangs d’harmoniques de courants primaires diffèrent de ceux se rapportant à la tension
redressée (n = 12k).
S1 3U 1,eff I 1,eff
c1 = = ,
P1 3U 1,eff I 11,eff
avec
2π
1 4 2 3 2 6mI dc
I 1,eff = ∫i dωt = mI dc + , I 11,eff =
2
.
2π π
A
0
3 3
π 4 2 3
c1 = + = 1,012 .
2 6 3 3
Pour les montages alimentés par le réseau triphasé, ces imperfections ne sont pas
indépendantes l’une de l’autre. En effet, les harmoniques des courants de ligne sont d’autant
plus réduits que l’indice de pulsation p de la tension redressée est grand. Cette dernière se
rapproche alors d’autant plus d’une constante.
Le problème des courants harmoniques est particulièrement important pour deux raisons.
D’une part, ces courants créent de nombreux effets nocifs : interférences avec les réseaux de
télécommunications, pertes supplémentaires dans les machines tournantes, augmentation des
pertes dans les condensateurs, etc. D’autre part, en circulant à travers l’impédance de la
source, les courants harmoniques donnent des tensions harmoniques ; il s’ensuit une
déformation de la tension du primaire qui n’est plus tout à fait sinusoïdale !
Pour ces diverses raisons, il existe des limites imposées par les fournisseurs d’électricité
sur la teneur en harmoniques du courant pris au réseau. Il faut donc piéger ces courants
harmoniques à l’aide de filtres. D’ordinaire, on ne met que trois filtres. Les deux premiers,
de type shunt résonnant, ont des fréquences de résonance égales à celles des harmoniques de
rangs les plus bas, par exemple n = 5 et 7 pour le montage en pont de Graetz. Le troisième est
un circuit résonnant amorti qui présente une impédance faible dans une large bande de
fréquences ; on situe le minimum vers n = 12. Il est important de noter que les filtres
accordés sur les basses fréquences sont des éléments volumineux et coûteux. On a donc tout
intérêt à utiliser des convertisseurs avec un indice de pulsation élevé pour rejeter les
harmoniques vers les rangs plus élevés. Ceci explique d’autre part l’utilisation de filtres en
nombre limité.
Le taux global d’harmoniques (en anglais Total Harmonic Distorsion) est défini comme
suit :
∑I
n≥ 2
2
1n , eff
THD = . (2.22)
I 11,eff
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-21
I 11,eff
fd = < 1, (2.23)
I 1,eff
où
I 1,eff = ∑I
n ≥1
2
1n , eff . (2.24)
Compte tenu de la définition (2.22) du taux global d’harmoniques, on écrit aussi à la place
de (2.23) :
1
fd = . (2.25)
1 + (THD) 2
P1
FPgl = . (2.26)
S1
En négligeant toutes les pertes du système, il est permis de confondre P1 avec la puissance
moyenne transférée côté continu. On a alors par exemple pour le montage en pont de Graetz :
U dc 0 I dc 3
FPgl ≅ = = 0,955 .
3U 1,eff I 1,eff π
P1
FP1 = . (2.27)
S11
La différence avec (2.26) est que l’on ne considère que la puissance apparente liée au
fondamental du courant primaire.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-22
En triphasé, on a :
Quand on considère le montage en pont de Graetz à diodes, ou plus généralement l’un des
montages étudiés plus haut, raccordé à un récepteur de courant parfait, les ondes
fondamentales des grandeurs électriques au primaire du transformateur sont en phase
(ϕ1 = 0) ; le facteur de puissance fondamental est donc égal à 1. Ce résultat n’est plus valable
lorsqu’on étudie les montages à thyristors commandés avec un angle de retard à l’allumage
différent de zéro (voir ci-après).
D’après ces définitions, on montre que le facteur de puissance global est égal au produit
du facteur de distorsion harmonique par le facteur de puissance fondamental :
Comme fd est inférieur à l’unité, il s’ensuit l’inégalité FPgl < FP1 ; autrement dit, les
harmoniques de courant primaire ont un effet nuisible sur le facteur de puissance global dont
elles réduisent la valeur par rapport au facteur de puissance fondamental.
Les redresseurs à thyristors utilisent les mêmes schémas que les redresseurs à diodes.
Leur étude fait référence dans une large mesure aux résultats obtenus pour ces derniers. Pour
cette raison, dans cette partie, on s’intéressera uniquement au montage triphasé à point neutre
et au montage en pont de Graetz. On en profitera pour étudier les chutes de tension en charge
et l’influence de la nature du récepteur sur le fonctionnement d’un montage.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-23
La caractéristique tension – courant d’un thyristor est celle montrée à la figure 1.3c. Il
présente le comportement idéal suivant :
− le thyristor s’allume instantanément quand, sa tension anode-cathode étant positive, il
reçoit une impulsion de gâchette. On néglige alors la chute de tension directe ;
− le thyristor s’éteint quand son courant direct passe par zéro ;
− le thyristor étant bloqué, on néglige les courants de fuite direct et inverse.
2.3.2.1 Fonctionnement
On étudie le fonctionnement lorsque tous les thyristors sont commandés avec le même
angle de retard à l’allumage α.
A un instant donné, on suppose que T3 est passant (uT3 = 0, uu = ec) ; le thyristor T1 est
polarisé sous tension directe uT1 = ea−ec. En ωt = π/6, ea devient supérieure aux autres
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-24
tensions secondaires ce qui rend uT1 positive ; T1 est susceptible de conduire dès qu’on envoie
une impulsion de commande sur sa gâchette.
Le déblocage s’effectue avec un temps de retard α/ω par rapport à l’instant d’allumage
naturel correspondant à ωt = π/6. Ce dernier correspond à l’instant où la diode D1 dont le
thyristor a pris la place entrait en conduction. Le montage étudié, comme son équivalent à
diode, fonctionne en commutation naturelle. C’est l’évolution naturelle des tensions
alternatives du circuit qui contraint au blocage le thyristor T3, suite à l’amorçage commandé
(donc non libre) de T1 en ωt = α. Il vient uT1 = 0 et uT3 = ec−ea<0 (pour autant que α soit
inférieur à π). Le thyristor T1 conduit pour π/6+α < ωt < 5π/6+α. Ensuite, il y a
commutation entre T1 et T2. Etc.
Chaque composant conduit pendant T/3. Les trois thyristors T1, T2 et T3 forment un
groupe de commutation dans lequel le courant Idc commute trois fois d’un thyristor à un autre
pendant une période T.
La tension uT1 par exemple, toujours égale à ea−uu, a pour expressions successives :
− uT1 = 0, quand T1 conduit ;
− uT1 = ea−eb, quand T2 conduit ;
− uT1 = ea−ec, quand T3 conduit.
Suivant que α est inférieur ou supérieur à π/2, le sens du transfert de la puissance change.
Quand α croît, la tension redressée uu est formée de trois portions de sinusoïdes par
période T. Le tracé des formes d’ondes pour α = π/4 est donné à la figure 2.8a. Durant
l’intervalle de conduction d’un thyristor, la puissance instantanée pu = uu⋅Idc est tantôt
positive, tantôt négative. Le courant de sortie, dont le sens est imposé par l’orientation des
composants (Idc>0), passe par le dernier thyristor en débit même si cela entraîne une valeur
négative pour uu, donc pour pu, durant une partie de son intervalle de conduction. En
moyenne, la tension redressée reste positive (Udc0>0), de même que la puissance :
U dc 0 I dc > 0 .
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-25
Celle-ci est donc transférée du réseau triphasé vers la sortie. Le montage fonctionne en
redresseur ; l’appareil placé à la sortie est récepteur.
Figure 2.8 Formes d’ondes de tensions et de courants lors de la marche en redresseur (α = π/4)
et à mesure que l’on se rapproche de π. Le courant débité gardant forcément le même sens
positif, la puissance moyenne fournie à la sortie est négative :
U dc 0 I dc < 0 .
Figure 2.9 Formes d’ondes de tensions et de courants lors de la marche en onduleur (α = 3π/4)
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-27
Tension redressée
L’allure de la tension redressée est montrée aux figures 2.8a et 2.9a pour la marche en
redresseur et pour la marche en onduleur non autonome.
Quel que soit le mode de fonctionnement, la tension moyenne redressée est donnée par
α + 5π / 6
3 3 3
U dc 0 =
2π ∫E
α π
+ /6
M sin ωt dωt =
2π
E M cos α . (2.31)
Il s’agit de l’expression déjà établie pour le montage à diodes, multipliée par le cosinus de
l’angle de retard à l’allumage des thyristors. En faisant varier α de 0 à π, on peut
théoriquement faire passer Udc0 de +3√3EM/(2π) à −3√3EM/(2π).
Les harmoniques du développement en série de uu, de rang n = 3k, ont une amplitude qui
croît au fur et à mesure que |cos α| diminue.
Comme pour le montage à diodes, la tension inverse maximale aux bornes d’un thyristor
est donnée par :
,inv =
u Tmax 3E M . (2.32)
La tension aux bornes d’un thyristor bloqué devient positive à partir de l’instant où la
diode correspondante entrait en conduction. La valeur maximale que peut présenter la tension
directe est égale au maximum de la différence ea–ec par exemple (tension aux bornes de T1
quand T3 conduit). La valeur maximale que peut présenter la tension directe est donc égale à
la tension inverse maximale :
, dir = u T ,inv
u Tmax max
(2.33)
Il est important que le convertisseur puisse bloquer cette tension directe sans qu’il n’y ait
d’amorçage intempestif d’un thyristor.
A même valeur de Idc, les courants moyen et efficace dans un thyristor ont mêmes
expressions que pour le montage à diodes.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-28
A même valeur de Idc, les courants primaires et secondaires ont mêmes formes d’ondes et
mêmes valeurs que pour le montage équipé de diodes ; ils présentent entre eux les mêmes
déphasages ; ils sont simplement tous décalés de α (voir figures 2.8b et 2.9b). Le courant pris
au réseau contient les mêmes harmoniques que pour α nul. La valeur relative de ces
harmoniques est la même.
U dc 0 < 0 , I dc > 0
Pour que ces deux inégalités soient compatibles entre elles, il faut que le générateur
présente une force électromotrice continue E0 dite "favorable", c’est-à-dire qui tend à pousser
un courant dans le sens direct des thyristors. Comme la résistance interne Ru du générateur
est faible en pratique, il faut aussi que E0 ait une valeur suffisante, proche de Udc0 en valeur
absolue, pour que le courant ne devienne pas trop élevé.
Condition de stabilité
Quand α augmente, supérieur à π/2, la tension Udc0 croît en valeur absolue. En théorie, il
est permis d’augmenter l’angle de retard à l’allumage jusque π ; au maximum de tension
redressée correspond alors le maximum de puissance active renvoyée au réseau. Cependant,
d’un point de vue pratique, on est contraint de limiter α à une valeur inférieure à π. La raison
en est la suivante.
7π π
ω (t 2 − t1 ) = − + α + µ ≥ ωt q (2.34)
6 6
α + µ +δ ≤π (2.35)
Elle permet de déterminer l’angle critique α au-delà duquel on ne peut plus garantir la
sécurité de fonctionnement de l’onduleur.
Remarquons que la condition précédente peut être mise en défaut en cas de creux de
tension du réseau. En effet, la tension moyenne redressée Udc0 chute alors de manière
anormale suite à la diminution des tensions secondaires, tandis que la force électromotrice E0
du générateur reste constante ; il s’ensuit une augmentation importante du courant Idc.
Comme l’empiétement µ croît lorsque le courant augmente, la condition de stabilité de
l’onduleur risque de ne plus être satisfaite, en particulier si α est élevé.
∆U = ∆U X + ∆U R + ∆U 0 , (2.36)
avec
On écrit :
U dc = U dc 0 − ∆U ( I dc ) (2.37)
Il s’agit du terme prépondérant dans (2.36). En effet, surtout pour les montages de forte
puissance, c’est le phénomène de commutation qui est à l’origine de la principale chute de
tension.
En se référant toujours au montage triphasé à point neutre, la figure 2.11 montre le schéma
du circuit de commutation lorsque T3 s’éteint et T1 s’allume. Comme les deux thyristors sont
simultanément en débit, les tensions secondaires ea et ec sont court-circuitées via les deux
inductances de commutation Lc. Celles-ci regroupent chacune, par phase, l’inductance du
réseau et l’inductance totale des fuites du transformateur, toutes deux ramenées au secondaire.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-31
dia
u u = ea − Lc , (2.38a)
dt
dic
u u = ec − Lc , (2.38b)
dt
ia + ic = I dc . (2.38c)
e a + ec di di
uu = − Lc a + c
2 dt dt
(2.39)
e + ec
= a .
2
La tension redressée s’établit au niveau moyen entre les deux tensions secondaires ea et ec,
au lieu d’être égale à ea comme dans le fonctionnement idéalisé (commutation instantanée),
d’où une diminution de la tension moyenne redressée :
π/6 +α + µ
3 e + ec
∆U X =
2π ∫
π α
/6 +
ea − a
2
dωt
π/6 +α + µ
3 3E M
=
4π ∫
π α
sin(ωt-π / 6) dωt
/6 +
(2.40)
3 3E M
=− [cos(α + µ ) − cos α ] ,
4π
La figure 2.12 montre les modifications de formes d’ondes de tension uu et des courants
dans les thyristors, dues aux commutations. Chaque aire hachurée contribue pour un tiers à la
chute de tension moyenne ∆UX. Les courants ia et ic varient quasi linéairement sur la durée
µ/ω d’une commutation. En réalité, on a pour le courant du thyristor T1 par exemple, une
évolution de la forme :
3E M
ia = − [cos(ωt − π / 6) − cos α ] . (2.41)
2ωLc
dia 1
= (e a − ec ) , (2.42)
dt 2 Lc
obtenue en remplaçant uu par son expression (2.39) dans (2.38a), avec la condition initiale
ia(π/6+α) = 0.
2ωLc I dc
cos(α + µ ) − cos α = − . (2.43)
3E M
En remplaçant dans l’expression de ∆UX [voir (2.40)] le terme entre crochets par le
membre de droite de l’équation ci-dessus, la chute de tension par empiétement du
convertisseur triphasé à point neutre s’écrit finalement :
3
∆U X = ωLc I dc . (2.44)
2π
On voit que ∆UX est d’autant plus grande que l’inductance de commutation Lc est élevée
et le courant à commuter important.
A Idc donné, la façon dont varie l’empiétement s’explique aisément si l’on se réfère à la
tension de commutation, c’est-à-dire à la différence de tensions ea−ec. C’est elle qui fait
croître (décroître) le courant dans T1 (T3) [voir (2.42)] et ce, à une vitesse d’autant plus grande
que sa valeur est élevée pendant le déroulement de la commutation. A partir de l’angle
d’allumage naturel π/6 du thyristor T1, pour α < π/2, ea−ec augmente en même temps que
l’angle de retard à l’allumage ; la durée d’empiétement est ainsi réduite. Pour α > π/2, la
tendance est inversée car la tension de commutation diminue quand α augmente.
De même que la chute de tension due aux commutations a été calculée en négligeant les
résistances et la chute de tension dans les composants, on peut calculer les diminutions de
tension dues aux résistances et aux thyristors en débit sans tenir compte du phénomène
d’empiétement.
∆U R= RI dc .
A chaque instant, le circuit du courant Idc passe par un thyristor. La chute de tension
correspondante ∆U0 a pour valeur la chute de tension directe lue pour le courant Idc sur la
caractéristique statique des thyristors utilisés.
Ensuite, pour corriger les résultats obtenus, on a calculé la chute de tension totale lorsque
le convertisseur est en débit sur un récepteur de courant parfait.
Afin de compléter cette étude, l’influence de la charge montée côté continu sur le
fonctionnement et les principales caractéristiques pour un montage triphasé à point neutre va
maintenant être discutée. On supposera comme on l’a fait précédemment que les diverses
impédances sont négligeables.
On se place dans le cas le plus général d’un "récepteur"2 actif du type Ru, Lu, E0 (avec E0
d’un signe ou d’un autre suivant que l’on fonctionne en redresseur ou en onduleur non
autonome) pour montrer surtout les effets de la conduction discontinue. L’équation des
tensions s’écrit :
diu
u u = Ru iu + Lu + E0 . (2.45)
dt
2
On indique ce terme entre guillemets car, lors de la marche en onduleur, l’appareil raccordé aux bornes de
sortie du convertisseur est en réalité un générateur.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-35
En tenant compte de l’inductance finie du "récepteur", le courant redressé est ondulé. Aux
faibles débits (c’est-à-dire aux faibles valeurs moyennes Idc), il est possible que la valeur
instantanée iu devienne nulle avant que le prochain thyristor soit allumé. En effet, le courant
iu ne peut pas devenir négatif vis-à-vis du sens de conduction directe des composants. Le
courant redressé est intermittent en restant pendant une durée plus ou moins longue égal à
zéro.
La figure 2.13 montre les formes d’ondes de la tension et du courant redressés ainsi que le
diagramme des conductions des trois thyristors pour le fonctionnement en conduction
discontinue du montage triphasé avec source en étoile.
Pendant la durée de conduction d’un thyristor, la tension redressée uu est formée d’une
portion de tension secondaire sinusoïdale. Pendant la lacune de courant, la tension uu est
égale à la force électromotrice continue E0 du "récepteur", parce que le convertisseur sans
conduction d’un thyristor ne peut imposer aucune tension. L’indice de pulsation est toujours
égal à trois.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-36
diu
u u = Lu + E0 . (2.46)
dt
Tenant compte du fait qu’en ωt = π/6+α, le courant redressé doit être nul, on tire comme
solution de l’équation différentielle précédente :
EM π E0 π
iu =
ωLu cos 6 + α − cos ωt − ωL ωt − 6 + α , (2.47)
u
quand T1 conduit.
π π
E M cos + α − cos + β = E 0 (β − α ) , (2.48)
6 6
qui permet de déterminer l’angle d’extinction β (repéré par rapport à l’angle d’allumage
naturel π/6).
On obtient la valeur moyenne Idc du courant redressé en intégrant l’équation (2.47) sur
l’intervalle de conduction de T1 et en divisant par 2π/3 :
π / 6+ β
3
I dc =
2π ∫ i dωt
u
π / 6 +α
EM π π π E 0 (β − α )
2
3
=
2π
(β − α ) cos 6 + α − sin 6 + β + sin 6 + α − ωL ⋅
ωLu u 2
3 E M (β − α ) π π π π
I dc = cos + α + cos + β − sin + β + sin + α
2π ωLu 2 6 6 6 6 (2.49)
.
Si l’angle de conduction du courant β−α d’un thyristor est égal à 2π/3, il a atteint la limite
de la conduction discontinue. De l’équation (2.49), on tire pour la valeur moyenne du courant
limite :
3 EM π π π
I dc ,lim =
π ωLu cos 6 − 3 sin 6 sin α . (2.50)
Pour Idc < Idc,lim, la conduction est intermittente, tandis que pour Idc >Idc,lim la conduction
est continue. Le courant limite est maximal pour α = π/2, d’où :
,lim sin α .
I dc ,lim = I dcmax (2.51)
On constate ainsi que pour α nul, le courant limite est égal à zéro. Dans un montage à
diodes, la conduction est donc toujours continue.
La valeur moyenne Udc de la tension redressée est égale à la force électromotrice E0. En
effet, il n’y a pas de chute de tension côté continu car on a négligé la résistance Ru et, aux
bornes de l’inductance Lu, il n’existe aucune chute de tension moyenne.
EM π π
U dc =
β −α cos 6 + α − cos 6 + β . (2.52)
3 3
U dc = E M cos α ,
2π
ce qui correspond bien à l’expression (2.31) de la tension moyenne déjà établie pour le
montage triphasé à point neutre. En effet, lorsque le courant est intermittent, il n’y a pas de
chute de tension par empiétement et la tension Udc est égale à sa valeur idéale Udc0 (si on
néglige les chutes de tension dues aux résistances et aux composants).
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-38
2.3.5.5 Commentaires
Condition d’amorçage
π
E M sin + α = E 0 ,
6
E0 π
α lim = arcsin − . (2.53)
EM 6
Caractéristiques de tension
A partir des relations (2.49) et (2.52), il est possible d’établir les caractéristiques de
tension Udc(Idc) en conduction discontinue pour α donné, en variant β entre α et α+2π/3
(limite de la conduction discontinue). La conduction intermittente est même possible pour la
marche en onduleur non autonome (valeurs négatives pour Udc). La pente de ces
caractéristiques, c’est-à-dire la résistance interne équivalente, est très élevée. Elle est très
supérieure à celle de la conduction en continu [voir la relation (2.44)]. Ce comportement pose
un problème pour les circuits de réglage, parce qu’il faut réadapter le régulateur. En pratique,
on cherche à diminuer le plus possible le domaine de la conduction discontinue en
augmentant l’inductance Lu, si nécessaire par des selfs de lissage supplémentaires.
2.3.6.1 Fonctionnement
− pour le groupe de commutation formé de T1, T3 et T5, le thyristor passant est toujours
celui dont l’anode est au potentiel le plus élevé à partir de son instant d’allumage
naturel, à condition qu’il ait reçu une impulsion de déblocage ;
− pour le groupe de commutation formé de T4, T6 et T2, le thyristor passant est celui
dont la cathode est au potentiel le plus bas à partir de son instant d’allumage naturel, à
condition qu’il ait reçu une impulsion de déblocage.
On a :
− uu = ea−eb, quand T1 et T6 conduisent ;
− uu = ea−ec, quand T1 et T2 conduisent ;
− uu = eb−ec, quand T3 et T2 conduisent ;
− uu = eb−ea, quand T3 et T4 conduisent ;
− etc.
La tension aux bornes de T1 par exemple, donnée par ea−(VP−Vn), prend les mêmes
expressions successives que pour le montage triphasé à point neutre :
− uT1 = 0, quand T1 conduit ;
− uT1 = ea−eb, quand T3 conduit ;
− uT1 = ea−ec, quand T5 conduit.
A une demi période près, la tension uT4 aux bornes de T4, donnée par (VN−Vn)−ea, est
identique à uT1.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-40
Tension redressée
L’allure de la tension redressée est montrée aux figures 2.15a et 2.15b pour la marche en
redresseur (α<π/2) et pour la marche en onduleur (α>π/2). Quel que soit le mode de
fonctionnement, elle est toujours formée de six portions de sinusoïdes d’amplitude √3EM par
période T. Sa période fondamentale est égale à T/6.
La tension moyenne redressée vaut le double de celle du montage triphasé à point neutre :
3 3
U dc 0 = 2U dc 0,triphasé = E M cos α . (2.54)
π
L’ondulation de la tension redressée croît au fur et à mesure que |cos α| diminue. Les
harmoniques du développement en série de uu, de rang n = 6k, ont une amplitude qui croît
lorsque |cos α| diminue.
La tension aux bornes d’un thyristor a la même valeur de crête et la même forme d’onde
que pour le montage triphasé avec source en étoile redressant les mêmes tensions secondaires.
On a donc toujours :
, dir = u T ,inv =
u Tmax max
3E M . (2.55)
Figure 2.15 Formes d’ondes de tension redressée lors de la marche en redresseur (α = π/4) et en
onduleur (α = 3π/4)
Le transfert du courant Idc d’une phase à la suivante quand l’un des thyristors du groupe de
commutation T1, T3 et T5 est débloqué se déroule comme pour le montage triphasé à point
neutre. Par conséquent, les relations (2.43) et (2.44) établies au paragraphe 2.3.4 sont
utilisables.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-42
2ωLc I dc
cos(α + µ ) − cos α = − ,
3E M
3
∆U X ,triphasé = ωLc I dc .
2π
A même valeur de Idc, la chute de tension totale par empiétement est donc le double de
celle obtenue pour le montage triphasé à point neutre :
3
∆U X = 2∆U X ,triphasé = ωLc I dc . (2.56)
π
A même valeur de Idc, on montre facilement que la diminution de tension due aux
résistances et la chute de tension due aux composants valent, elles aussi, le double de celles
obtenues pour le montage à point neutre.
2.3.6.5 Remarque
A la mise en route du montage en pont, pour que la conduction puisse s’établir, il faut
débloquer deux thyristors à la fois, l’un du groupe de commutation T1, T3 et T5, l’autre du
groupe T4, T6 et T2. Une première possibilité consiste à commander les composants par des
signaux (créneaux rectangulaires ou trains d’impulsions) de largeur angulaire égale à
2π/3+∆θ, où ∆θ/ω représente une durée supérieure au temps d’amorçage des thyristors. Si on
ne veut pas recourir à cette forme de signaux, on doit utiliser le procédé de la double
impulsion : en même temps qu’on applique une impulsion sur la gâchette du thyristor à
débloquer, on en envoie une sur celle du thyristor de l’autre groupe de commutation
normalement déjà conducteur puisque débloqué T/6 auparavant. Si ce dernier conduit déjà,
cette impulsion de confirmation est inutile ; sinon elle permet aux deux thyristors d’entrer en
conduction en même temps au démarrage et donc au courant redressé iu de s’établir.
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-43
FPgl = f d FP1 ,
En pratique, on a toujours FPgl ≤ FP1 car le facteur de puissance global tient compte de la
déformation due aux harmoniques du courant primaire (fd ≤ 1).
Dans les redresseurs contrôlables, l’angle de retard à l’allumage α des thyristors est aussi
la grandeur de réglage du transfert de puissance entre la partie alternative et la partie continue
ou vice versa. Quand α varie, le facteur de puissance fondamental FP1 (= cos α) est modifié ;
pour α voisin de π/2, il peut devenir très mauvais, voire même nul si α = π/2.
Une autre possibilité consiste en l’amélioration du facteur de puissance par action sur le
convertisseur lui-même : il s’agit de la commande décalée.
6
I 11,eff = mI dc .
π
6
I 11 = mI dc e − jα . (2.57)
π
∗
P = 3 Re[U 1 I 11 ] = 3U 1,eff I 11,eff cos α , (2.58a)
∗
Q = 3 Im[U 1 I 11 ] = 3U 1,eff I 11,eff sin α , (2.58b)
2
3 6
P + Q =
2 2
U 1,eff mI dc . (2.59)
π
3 6
U 1,eff mI dc .
π
6
I dc e − jα ,
2π
tandis que le groupe formé de T4, T6 et T2 absorbe un courant dont le fondamental possède la
même valeur efficace mais est décalé de π :
6
I dc e − j (α +π ) .
2π
I 11 =
6
2π
[
mI dc e − jα − e − j (α +π ) ]
6
= mI dc e − jα
π
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-45
6 − jα1 6 − jα2
I dc e , I dc e ,
2π 2π
I 11 =
2π
6
mI dc e ( − jα + e − jα )
1 2
6
= mI dc [cos α 1 + cos α 2 − j (sin α 1 + sin α 2 )] (2.60)
2π
6 α −α2 α + α2
= mI dc cos 1 exp − j 1 .
π 2 2
3 6 α1 − α 2 α1 + α 2
P= U 1,eff mI dc cos cos , (2.61a)
π 2 2
3 6 α1 − α 2 α1 + α 2
Q= U 1,eff mI dc cos sin . (2.61b)
π 2 2
Cas 1 : α1 = 0 et α2 variable
Pour imposer α1 nul, il suffit de remplacer une série de thyristors, par exemple ceux du
groupe T1, T3 et T5, par des diodes. Le convertisseur ainsi réalisé porte le nom de pont mixte.
3 6
P= U 1,eff mI dc (1 + cos α 2 ) , (2.62a)
2π
3 6
Q= U 1,eff mI dc sin α 2 . (2.62b)
2π
2 2
3 6 3 6
P − U mI + Q2 = U mI . (2.63)
2π
1, eff dc 2π 1, eff dc
Pour 0 < α2 < π, on obtient un demi cercle centré non plus à l’origine mais au point de
coordonnées :
3 6
2π U 1,eff mI dc , 0 ,
3 6
U 1,eff mI dc .
2π
La figure 2.16 montre que la puissance réactive consommée (Q > 0) par le pont mixte est
fortement réduite par rapport au montage en pont de Graetz. Ceci amène une amélioration
significative du facteur de puissance. On remarque toutefois que :
− d’une part, le dispositif est incapable de fonctionner en onduleur car la tension
moyenne redressée est toujours positive :
3 3
U dc 0 = E M (1 + cos α 2 ) > 0, ∀α 2 ; (2.64)
2π
Cas 2 : α1 = π et α2 variable
3 6
P= U 1,eff mI dc (cos α 2 − 1) , (2.65a)
2π
3 6
Q= U 1,eff mI dc sin α 2 . (2.65b)
2π
2 2
3 6 3 6
P + U mI + Q2 = U mI . (2.66)
2π
1, eff dc 2π 1, eff dc
Pour 0 < α2 < π, on obtient un demi cercle symétrique au précédent par rapport à l’axe de la
puissance réactive.
Comme pour le pont mixte, on constate une nette amélioration du facteur de puissance.
Cependant, la marche en redresseur est maintenant impossible car :
3 3
U dc 0 = E M (− 1 + cos α 2 ) < 0, ∀α 2 . (2.67)
2π
u s = U M sin ωt .
Une bobine "tampon" d’inductance Ls et de résistance propre Rs est placée en série avec la
source de tension us. A la sortie, on suppose un appareil dont le comportement est celui d’un
récepteur ou d’un générateur infiniment capacitif, selon le sens de transfert de la puissance.
On fait donc l’hypothèse que la tension uu aux bornes de sortie est constante, notée Udc
(parfait "récepteur" de tension).
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-48
Les tensions alternatives e1 et e2 sont mesurées par rapport à un point neutre fictif nf ; les
fondamentaux de ces deux tensions forment un système biphasé de déphasage égal à π. La
tension composée e, qui est la tension monophasée à l’entrée du pont d’interrupteurs, est
donnée par la différence des tensions simples e1 et e2. On écrit :
e = e1 − e2 .
Il est important de noter que e1 et e2 ne sont pas sinusoïdales ; leurs formes d’ondes sont
imposées par la commande des interrupteurs.
A la figure 2.18, on montre les formes d’ondes des tensions simples ainsi obtenues, de
même que l’allure de la tension composée e à l’entrée du pont, quand on fait correspondre le
neutre fictif nf avec la borne négative du récepteur. Les formes d’ondes sont constituées de
créneaux d’amplitude fixe, égale à la tension de sortie Udc, et de largeur variable se répétant à
la fréquence fm commune aux deux modulantes.
fp
M = , (2.68)
fm
Am
k= , (2.69)
Ap
En adoptant une notation abrégée pour le terme relatif aux harmoniques de rang n>1, on
obtient pour la tension composée en modulation synchrone :
Phases de fonctionnement
On distingue :
− deux phases actives durant lesquelles la source d’entrée et le récepteur sont connectés
entre eux. Il s’agit des configurations d’interrupteurs S1 et S3 fermés (S2 et S4
ouverts), et, S2 et S4 fermés (S1 et S3 ouverts) ; la tension e vaut respectivement +Udc
et –Udc.
− deux phases "de roue libre" où la source d’entrée est court-circuitée (e = 0) pour
assurer la continuité du courant is ; le récepteur raccordé aux bornes de sortie est
déconnecté de la source d’entrée. Il s’agit de S1 et S2 fermés (S3 et S4 ouverts), et, S3
et S4 fermés (S1 et S2 ouverts).
Un interrupteur fermé doit être capable de conduire le courant alternatif is, quelle que soit
sa polarité. Il est donc bidirectionnel en courant. Un interrupteur ouvert est, quant à lui,
toujours soumis à la même tension +Udc, l’autre interrupteur du même bras étant
obligatoirement fermé. On en déduit le caractère unidirectionnel en tension. D’autre part, la
commande MLI impose l’utilisation d’interrupteurs entièrement commandés, c’est-à-dire
commandés à la fois à l’ouverture et à la fermeture.
Compte tenu de ces considérations, on conclut que les interrupteurs du montage PMCF
peuvent être synthétisés chacun à l’aide d’un transistor (par exemple un IGBT) et d’une diode
montée en tête-bêche (le rôle de celle-ci étant d’assurer la conduction du courant dans le sens
inverse du transistor).
A la figure 2.19, on donne quelques exemples de phases actives et de phases "de roue
libre" qui illustrent le fonctionnement du PMCF (le parcours du courant est indiqué en gras).
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-52
Figure 2.19 Exemples de phases actives [schémas a) et b)] et de phases "de roue libre" [schémas c)
et d)], les flèches indiquent le sens réel du courant
Bien que la mise en œuvre de la modulation de largeur d’impulsion entraîne des formes
d’ondes complexes très différentes de sinusoïdes, le raisonnement qui suit est basé sur les
fondamentaux de ces formes d’ondes. Une étude plus poussée montrerait que les conclusions
tirées ne sont pas modifiées de façon significative.
− ωLs I s1,eff
tan δ = .
U s ,eff − Rs I s1,eff
Am 2 E1,eff
k= = ,
1 U dc
2πf m = ω ,
φm = δ .
Figure 2.20 Diagrammes en substituts complexes dans un cas quelconque et à FP1 unitaire
Chapitre 2 – Conversion alternatif – continu 2-54
A la figure 2.21, on montre quelques formes d’ondes typiques obtenues par simulation,
qui illustrent le fonctionnement du montage en redresseur à facteur de puissance fondamental
unitaire. On constate que :
− La tension de sortie ondule autour de sa valeur moyenne Udc à la fréquence
fondamentale de 100 Hz, c’est-à-dire le double de la fréquence du réseau ; l’amplitude
crête à crête de cette ondulation reste très limitée grâce à la capacité importante du
récepteur ;
− Le courant is est presque en phase avec la tension sinusoïdale à 50 Hz. En raison du
découpage par la MLI, il fluctue rapidement autour de son harmonique fondamentale,
à une fréquence qui varie, proche du double de la fréquence de la porteuse.
L’inductance Ls de la bobine "tampon" joue le rôle de filtre ; son dimensionnement
doit être prévu pour limiter l’ondulation maximale du courant autour du fondamental.
En plus de remédier au problème du facteur de puissance, le montage étudié apporte
donc une solution avantageuse au problème des courants harmoniques rejetés sur le
réseau.
Le montage présenté est réversible en puissance moyenne, c’est-à-dire qu’il est possible
d’échanger de l’énergie entre la partie alternative et la partie continue ou vice versa. On note
cependant que, contrairement aux montages à thyristors où la réversibilité en puissance
découle d’un changement de signe de la tension redressée, dans ce montage elle est obtenue
par la réversibilité en courant du "récepteur", la tension Udc aux bornes de sortie conservant
toujours la même polarité.