1 Trois barriéres métalliques de 6 métres de haut se dressent entre son enfer
tchadien, les limbes marocains et le paradis espagnol qu'il convoite. Un lundi
de la mi-février, 4 6 heures et quart du matin, nu et mouillé pour étre glissant
quand les agents essaieraient de le tirer vers le bas, 'homme a escaladé cette
5 frontiére pour la quatriéme fois. Contrairement aux fois précédentes, ot il
avait aussitdt été ramené de autre cété, cette fois-ci, il n'a pas été arrété par
la Garde civile, Aujourd’hui, une partie de son voyage s’achéve et une autre
commence.
George, immigré de fait, mais ingénieur de formation, est désormais un
:2 homme heureux, méme si son bonheur n’est pas complet : «J'ai Lesoin de mon
Jils ici. Das que je le pourrai, je le ferai venir prés de mai. » Ta une photo de lui
dans sa poche. « Sans lui, je ne serais pas arrivé & Melilla, ajoute-t-il. Powvoir
laider, cest ce qui me donne du courage. »
Tales yeux qui brillent, mais assure qu'il est fatigué. I a passé les derniers
15 jours sans manger, adossé un arbre pour se protéger de la pluie [...]. Nous
sommes dans le périmétre du Centre de séjour temporaire dimmigrés (Ceti).
George bavarde avec un groupe de Gabonais qui ont sauté avec lui dans la
matinée.
« Ca &é un saut difficile, raconte George. D'abord, une barritre, puis une
2 autre... Quand on arrive & la derniére, on est déja épuisé. Au loin, on 4 wu une
voiture de la Garde civile et on a courn comme des fous jusqu'ici, » Les 150
hommes qui ont sauté avaient si peur qu’on les renvoie de Pautre cété qu’en
se pressant contre la porte du garage du Ceti ils ont enfoncée.
Alberto Rojas, E/ Mundo, « Immigration : le triple saut de Georges »,
paru dans Courrier internaticnal, 27 mars 2014.