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Cartographie du risque : recherche méthodologique pour la mise en


adéquation des besoins, des données et des méthodes

Article · January 2003

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2 authors:

Marielle Jappiot Raphaele Blanchi


French National Institute for Agriculture, Food, and Environment (INRAE) The Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation, Melbourne, …
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Les travaux du GIS “Incendies de forêt”

Cartographie du risque
d’incendie de forêt :
besoins, méthodes et données
Essai de normalisation

par Marielle JAPPIOT, Raphaële BLANCHI et Daniel ALEXANDRIAN

Afin de mieux orienter les actions Il existe à l'heure actuelle une multiplicité de méthodes d'évaluation
de gestion forestière, ou encore et de cartographie du risque d'incendie de forêt. Cette diversité traduit,
entre autres, la très grande variété des besoins.
établir des réglementations L'expression de ces besoins est souvent confuse et les concepts
d’urbanisme par rapport employés peuvent recouvrir des significations très différentes. Le voca-
aux contraintes des incendies bulaire lui-même est entaché d’un flou important. On parle de risque,
de forêts... il est nécessaire de danger, de sensibilité, d’aléa, d’enjeu, d’endommagement, de vulné-
rabilité...
de bien connaître le risque
Lorsque les études de risque restent cantonnées à un contexte tech-
d’incendie de forêt. nique (aide à la décision), cette imprécision n’a pas d’autres consé-
Or aujourd’hui, il existe quences que de rendre difficilement comparables les approches menées
une grande variété de méthodes de manière désordonnée. Mais lorsque ces études revêtent un caractère
réglementaire (cas des Plans de prévention des risques naturels prévi-
d’évaluation et de cartographie sibles), cette hétérogénéité peut être à l’origine d’incompréhension de la
de ce risque. Cet article a pour part des non-techniciens (élus, population concernée...) et aboutir à un
objectif de clarifier aussi bien contentieux en cas de situation de restriction forte du droit à
les besoins que les méthodes construire.
Il devient donc nécessaire de clarifier les connaissances en matière
d’évaluation du risque, d’évaluation du risque. Pour ce faire une analyse de l’existant a été réa-
et d’identifier les données lisée en utilisant deux supports de travail : les études antérieures et
actuellement disponibles. des enquêtes auprès des utilisateurs.

t. XXIV, n° 4, décembre 2003 427


Les enseignements tirés de cette analyse Analyse de l'existant
conduisent ensuite à proposer une démarche
d’évaluation du risque. Destinée à normali- et proposition d'une démarche
ser les approches, sans pour autant imposer
une méthode unique d’évaluation du risque, L'analyse des études antérieures a montré
la démarche décrite dans cet article se que la démarche adoptée par la plupart des
décompose en trois étapes : auteurs était une démarche ascendante, que
* Définition des besoins auxquels doit l’on peut qualifier de "tirée par les données".
répondre la cartographie projetée (objectifs, Cela apparaît clairement à la lecture des
échelle) ; études d'évaluation du risque et lors des
* Détermination d’une méthode pour satis- entretiens menés avec les différents acteurs
faire ces besoins, ce qui conduit à : du domaine “feux de forêt”. De façon schéma-
- déterminer les éléments du risque (aléa, tique, les données disponibles sont transfor-
enjeux…), mées en paramètres utiles au calcul du
- sélectionner les paramètres requis, risque en utilisant telle ou telle méthode ;
- choisir le mode de représentation de puis les paramètres obtenus sont combinés
chaque élément du risque (probabiliste, en un ou plusieurs indices, élaborés spécifi-
déterministe…) ; quement pour refléter le risque d'incendie
dans la zone étudiée, en fonction du besoin
* Obtention des données nécessaires à la
particulier de l'étude.
fabrication des paramètres, ce qui nécessite
leur acquisition et la mise en œuvre d’outils La démarche proposée, radicalement oppo-
d’analyse spatiale. sée, est une démarche descendante, que l’on
peut qualifier de "partant des besoins" ; de
façon également schématique, le besoin par-
ticulier à l'étude est analysé pour être
décomposé en éléments du risque ; chaque
Le support de travail élément du risque est évalué après avoir
choisi un mode de représentation faisant
intervenir un ensemble de paramètres, eux-
Parmi les nombreuses études de risque
mêmes obtenus à partir des données dispo-
existantes, et après interrogation des ser-
nibles, en utilisant telle ou telle méthode
vices concernés (D.D.A.F., D.D.E., S.D.I.S.,
d'analyse spatiale.
Préfectures)1, nous avons choisi 50 études
recouvrant les différentes préoccupations Cette nouvelle démarche, destinée à nor-
passées. Une grille d'analyse a été constituée maliser les approches, est détaillée dans les
afin de permettre une lecture simplifiée et paragraphes suivants.
homogène de chaque étude.
Des entretiens individuels sont venus com-
pléter cette analyse. Les acteurs visés par
ces entretiens étaient des intervenants (le
plus souvent publics) susceptibles d’exprimer Définition des besoins
des besoins en matière de cartographie du auxquels doit répondre
risque. L'ensemble échantillonné devait donc
être représentatif à la fois de différentes la cartographie projetée
échelles de travail (Europe, État, massif
forestier, commune, …) et de différentes pré- Les objectifs des études de risque se scin-
occupations (prévention, lutte, équipement dent en deux catégories principales : les
1 - D.D.A.F. : Direction de terrain, mobilisation préventive,...). Un besoins réglementaires (urbanisme) et les
départementale ensemble de 57 personnes a ainsi été besoins techniques (aménagement, préven-
de l’agriculture contacté soit par téléphone, soit par courrier tion…). D'autres besoins ont été recensés à
et de la forêt (questionnaire), soit par entretien direct. la lecture des études antérieures, pressentis
D.D.E. : Direction
départementale
Enfin, une réflexion plus générale a été au cours des entretiens ou identifiés pour
de l’équipement menée sur l’ensemble des situations où les l'avenir. Citons pour mémoire : la politique
S.D.I.S. : Service notions de risque peuvent (ou pourraient) forestière, l'information préventive, les assu-
départemental être intégrées dans les processus de décision rances. Cet article se focalise sur les deux
d’incendie et de secours afin d’en accroître l’efficacité. principaux besoins actuels.

428
Les travaux du GIS “Incendies de forêt”

Urbanisme Détermination d'une méthode


Ce besoin se décline en deux niveaux : pour satisfaire les besoins
- le niveau départemental (voire régio-
nal). L’objectif de la carte est d'établir un La démarche est fondée sur trois étapes.
zonage prioritaire pour l’établissement de Dans un premier temps la notion de risque a
futurs Plans de prévention des risques natu- été clarifiée ; cette étape conduit à distinguer
rels majeurs (P.P.R.) afin de concentrer les différents éléments du risque. Ensuite cha-
financements des collectivités locales pour la cun de ces éléments sera modélisé en sélec-
mise en sécurité des zones à risque subi. Les tionnant des composantes et paramètres
besoins futurs en matière d'urbanisme à ainsi qu'un mode de représentation.
cette échelle concerneront probablement les
projets de planification devant prendre en
compte le risque d’incendie : infrastructures
de desserte, D.T.A.2… Détermination des éléments
- le niveau local (une ou plusieurs com- du risque à intégrer
munes). Le besoin est essentiellement celui
généré par les P.P.R., réalisés à l’intérieur
en fonction des besoins
des « bassins de risque » théoriquement défi- Le risque n'existe que du fait de la pré-
nis au niveau départemental. L'un des objec- sence humaine ; en effet, il existe seulement
tifs est d’élaborer la carte d’aléa et le zonage dans la mesure où il affecte les populations à
réglementaire. Un autre objectif consiste à travers la manifestation du phénomène.
analyser les dispositifs actuels de prévention Dans la pratique, risque et aléa sont fré-
et de lutte (étude des équipements collectifs quemment confondus. En réalité, la notion
ou privé, obligation de débroussailler). de risque est celle d'une « espérance mathé-
matique », tout à fait comparable à celle des
jeux d'argent (produit entre la probabilité de
gagner et le montant des gains potentiels).
Aménagement D.F.C.I.3 De la même façon, tout risque naturel
recouvre à la fois :
Ce besoin se décline en deux niveaux.
- la probabilité qu'un événement se pro-
- Le niveau départemental. L’objectif de
duise : l'aléa. Plus précisément, l’aléa se
la carte est d'établir un zonage prioritaire
définit comme « la probabilité qu’un phéno-
pour la prévention des incendies de forêts :
mène naturel d’intensité donnée se pro-
sont donc concernés à la fois la résorption
duise en un lieu donné ». Il est donc lui-
des causes accidentelles, la surveillance des
même fonction de deux éléments :
massifs forestiers, la mobilisation préventive
l’occurrence et l’intensité,
et l’équipement (ou l’entretien) des aménage-
ments destinés à lutter contre le feu. Il s'agit - et les conséquences particulières décou-
donc de concentrer les financements sur des lant de cet événement : la vulnérabilité. La
opérations de nature à protéger la forêt, vulnérabilité correspond aux « consé-
notamment dans les zones à risque induit. quences prévisibles d’un phénomène naturel
Les besoins futurs à cette échelle concerne- d’intensité donnée sur les enjeux ». Elle est
ront probablement aussi les obligations donc fonction de deux éléments : les enjeux
réglementaires, notamment celles liées à et les parades (dispositifs de prévention ou
l’octroi d’aides européennes. de lutte).
- Le niveau local (une ou plusieurs com- En matière d'incendie de forêts, il est en
munes). À l’intérieur des massifs forestiers, outre devenu d'usage de considérer les deux
le besoin est identique, avec des aspects plus aspects de l'aléa :
opérationnels, généralement inscrits dans un - l'aspect « naturel », où l'aléa est, comme
document de type P.I.D.A.F. (Plan intercom- pour les autres phénomènes naturels, la
2 - D.T.A. : Directive
munal de débroussaillement et d'aménage- combinaison entre probabilité d'incendie
territoriale
ment forestier). Par exemple, aide à la mise et intensité de l'incendie (on parle parfois d’aménagement
en place de nouveaux équipements, détermi- d'aléa subi), 3 - D.F.C.I. : Défense
nation des circuits des patrouilles, position- - l'aspect « technologique », où l'aléa est, des forêts
nement des coupures… comme pour les accidents industriels, la com- contre l’incendie

429
(types de combustible, pente, …) puis à utili-
RISQUE
ser un mode de représentation du risque afin
Aléa Vulnérabilité
de « mesurer » le risque.
Occurrence Intensité Enjeu Parade
Probabilité Probabilité Surface Intensité Sélection des composantes
d'éclosion d'incendie menacée de l'incendie
et des paramètres requis
par chaque élément
Les paramètres sont les facteurs du
Tab. I : binaison entre probabilité d'éclosion et milieu naturel et anthropique qui influen-
Les différents éléments surface menacée (on parle alors d'aléa cent l'éclosion, la propagation et l'intensité
du risque induit). d'un feu, ainsi que son déroulement (aspects
Le risque est ainsi composé de différents liés à la lutte). Par exemple, les principaux
éléments imbriqués, Cf. Tab. I. paramètres topographiques utilisés dans les
études d'aléas sont la pente et l'exposition.
Ainsi chaque besoin peut être traduit en
éléments du risque, comme illustration Les familles de paramètres sont appelées
reprenons les deux besoins principaux. composantes. Elles sont au nombre de
cinq : végétation (combustibilité, inflamma-
Urbanisme : la probabilité d'incendie
bilité, biomasse…), topographie (pente, expo-
est la caractéristique dominante de l'aléa à
sition…), climat (humidité de l'air, insola-
prendre en compte (la probabilité d'éclo-
tion, pluviométrie…), activités humaines
sion n'est utile que si le calcul de la probabi-
(occupation du sol, foncier, point d'eau…),
lité d'incendie l'intègre). L'intensité peut
historique (surface brûlée, point d'éclosion).
être prise en compte au niveau local. Les
La composante activité humaine peut être
enjeux doivent être inventoriés de manière
utilisée dans trois aspects des éléments du
assez précise au niveau local. Il est possible
risque : sources de départ de feu, enjeux
de prendre en compte les parades pour
(personnes, biens, installations), moyens de
déterminer les zones défendables.
lutte.
Aménagement D.F.C.I. : le calcul de la
probabilité d'éclosion est indispensable.
En effet, les sources potentielles de départ de Choix du mode
feu représentent un élément du risque très de représentation
important pour définir les priorités départe- de chaque élément du risque
mentales ou l'aménagement des massifs. La
probabilité d'incendie peut éventuelle- On peut distinguer trois types de représen-
ment servir pour définir des ratios d'équipe- tation de chaque élément du risque (modéli-
ment au niveau départemental, ou localiser sation) :
des coupures. La surface menacée est un - Le mode probabiliste. Ce mode de
élément particulièrement adapté à ce besoin représentation se base uniquement sur des
lorsque la stratégie d'aménagement a pour données statistiques pour représenter un
priorité la prévention des éclosions et la maî- élément du risque. On utilisera par exemple
trise des feux naissants. Les enjeux sont en les seules données historiques pour évaluer
général limités aux seuls enjeux forestiers. Il la probabilité d’éclosion. Les données histo-
est recommandé d'intégrer le dispositif riques sont très souvent géographiquement
actuel de prévention et de lutte dans l'éva- référencées sur des limites administratives,
luation de l'aléa pour estimer les secteurs ce qui conditionne leur mode de représenta-
insuffisamment équipés. tion : généralement par canton ou commune
au niveau départemental, par commune ou
carré D.F.C.I. au niveau communal.
Modélisation des éléments - Le mode semi-probabiliste. Ce mode
du risque de représentation utilise essentiellement les
données historiques pour « caler » les compo-
Pour évaluer le risque, il est ensuite néces- santes non historiques mais également l'ex-
saire de modéliser chacun des éléments du pertise, l'expérimentation. Il permet d'appré-
risque. Cette étape consiste à sélectionner hender certains aspects des incendies sans
les paramètres propres à chaque élément toutefois connaître intégralement les méca-

430
Les travaux du GIS “Incendies de forêt”

nismes physiques des feux. On utilisera par Obtention des données


exemple les statistiques disponibles pour
connaître la probabilité d'éclosion correspon- nécessaires à la fabrication
dant à chaque type de formation végétale ou des paramètres
à chaque type d'activité humaine.
- Le mode déterministe. Ce mode de
Les données correspondent aux informa-
représentation suppose de bien connaître les
tions destinées à être traitées pour modéliser
mécanismes liés au feu : éclosion, propaga-
un paramètre ou directement un élément du
tion, parades… Compte tenu des connais-
risque. Elles peuvent être plus ou moins
sances actuelles, ce mode de représentation
proches des paramètres selon les outils de
n’est pas envisageable pour tous les éléments
modélisation mis en œuvre.
du risque. En matière d’enjeux et de
parades, l’absence de données et de modèles
rend par exemple très difficile la conception
d’un tel mode de représentation ; dans la Acquisition des données
pratique, on lui préférera alors dans ce cas
un mode semi-probabiliste. de différents types
Les données se répartissent en six grands
Mise en adéquation types selon leur facilité d’utilisation.
entre éléments du risque, - Les données prêtes à l’emploi.
L’information est thématique et numérisée.
modes de représentation
Ces données peuvent facilement être trans-
et composantes formées en paramètres : par exemple, les
Dans de nombreux cas, le choix des modes modèles numériques de terrain fournissent
de représentation des éléments du risque est classiquement les paramètres pente, exposi-
surtout fonction des moyens et des données tion et altitude.
disponibles. Un certain nombre de principes Ces données sont en général disponibles
méritent cependant d’être respectés. Pour auprès des producteurs nationaux
chaque élément du risque, on peut dresser d’information numérisée mais ne sont pas
un tableau croisé des composantes et du forcément adaptées aux besoins car le cahier
mode de représentation (Cf. Tab. II). des charges de leur constitution était indé-
Dans le mode probabiliste, le R.M.A. pendant de l’étude. Elles ont cependant le
("Risque moyen annuel") est calculé en divi- mérite d’exister, de façon homogène, sur de
sant la surface moyenne détruite annuelle- grandes surfaces.
ment dans une zone donnée par la surface - Les données sur cartes papier.
potentiellement combustible de cette même L’information doit être d'abord sélectionnée Tab. II :
zone. Le calcul est réalisé au niveau des et/ou interprétée puis numérisée (par digita- Exemple
"objets" qui servent à comptabiliser les don- lisation des contours sur la table à digitali- des composantes
nées historiques (très souvent des limites et modes
ser, ou par scannage des plans et vectorisa-
administratives). La végétation n'intervient de représentation
tion à l’écran). L’information descriptive est à prendre en compte
que par sa seule présence. ensuite rajoutée dans une deuxième étape pour la probabilité
Dans le mode semi-probabiliste, les com- (carte thématique). d'incendie
posantes non historiques dont on dispose
(végétation, topographie, climat, parades)
sont traduites en probabilité d'incendie en
utilisant les statistiques disponibles : par
exemple, probabilité d'incendie de chaque
type de formation végétale ou de chaque type Modes Composantes
de topographie. de
représentation Végétation Topographie Climat Activités Historique
Un mode entièrement déterministe
humaines
implique deux choses : disposer d'une repré-
sentation de la probabilité d'éclosion et simu- Probabiliste ! !
ler la propagation de chaque éclosion en Semi-probabiliste ! ! ! ! !
fonction des conditions du milieu et des Déterministe ! ! ! !
parades existantes.

431
- Les données spatialisées devant être Combinaison de couches
interprétées. Ce sont les photographies de données
aériennes et les images satellitaires, et
récemment les orthophotos. L’information Elle met en œuvre des outils de la géomé-
est continue et fournit une vision globale de trie analytique tels que des opérateurs de
l’occupation de l’espace. Elle permet d'accé- combinaison entre les objets spatiaux (par
der aux composantes végétation, topologie et superposition, intersection ou union). Cette
activités humaines. technique nécessite en général le recours à
- Les données ponctuelles, localisées. un outil S.I.G. Chaque paramètre est décrit
Une interpolation est nécessaire pour en dans une couche de donnée séparée. Les dif-
obtenir une représentation continue sur la férentes couches peuvent être combinées de
zone d’étude. Les données des stations plusieurs manières :
météorologiques par exemple, permettent de - soit de façon empirique en faisant inter-
cartographier les variations des paramètres venir des experts (pondération, tableau
climatiques. croisé…),
- soit en utilisant des relations mathéma-
- Les données statistiques. Ce sont des tiques déterministes entre les paramètres,
fichiers de recensement dont l’objectif pre- en général tirées de la littérature (par
mier est de proposer des renseignements exemple effet de la pente, surface du feu à
d’ordre statistique sur certaines portions du l’attaque…).
territoire.
On retrouve dans cette catégorie les
Ces données peuvent fournir une informa- méthodes mettant en œuvre une combinai-
tion spatialisée si elles sont rattachées à une son classique de différents facteurs : la com-
surface, comme par exemple la commune, les binaison se fait de façon courante sur un for-
carrés D.F.C.I. La base de données mat raster. Tous les pixels se correspondant
Prométhée est souvent utilisée pour décrire géographiquement sont alors combinés.
les paramètres historiques.
- Les données peu ou pas localisées.
Ces données ne comportent pas de référence
spatiale précise. Elles apportent un complé-
ment d’information qualitative. Il peut s’agir Interactions spatiales
de sources bibliographiques, d’archives ou
d’abaques. Elles relèvent d'une analyse topologique
L’expérimentation constitue également un qui replace les objets (vecteur ou raster)
mode important d’obtention de ces données. dans une structure spatiale permettant de
Celle-ci s’effectue en laboratoire (banc les mettre en relation. Elle utilise les notions
d’essai, épiradiateur) ou sur le terrain (feux de voisinage, d'adjacence, de connectivité…
réels ou brûlage dirigé). Les paramètres les Le cas de la simulation de la propaga-
plus couramment décrits par expérimenta- tion des feux est le plus connu. Un ou plu-
tion sont les paramètres physiques du feu, sieurs départs de feu sont simulés à l'inté-
l’inflammabilité et la combustibilité. rieur du bassin de risque et l'on observe où
et comment le feu se propage. Les modèles
les plus couramment utilisés sont semi-empi-
riques : ils reposent à la fois sur des observa-
tions de feux expérimentaux ou réels, ou sur
des expérimentations en laboratoire, et sur
la prise en compte partielle de la représenta-
Mise en œuvre des outils tion physique et chimique du comportement
du feu. Exemple de simulateur : Farsite (uti-
d’analyse spatiale lisant Behave), Geofeu, Cardin, simulateur
Les techniques d’analyse spatiale sont EMP.
nombreuses et les logiciels du marché offrent Il existe d'autres exemples d'interaction
de plus en plus de fonctionnalités. Quatre spatiale prenant en compte les objets et leur
grandes familles de techniques sont fré- voisinage : citons les zones d'influence, le cal-
quemment utilisées dans la cartographie des cul sur réseau (notion de proximité, de dis-
risques. tance), l'interpolation.

432
Les travaux du GIS “Incendies de forêt”

Extraction d'informations besoin en matière d'évaluation du risque Marielle JAPPIOT


peut être analysé puis défini par les élé- Ingénieur de
L'information brute est souvent très ments du risque, qu'il faut modéliser (de recherche
détaillée. Elle doit être synthétisée afin manière probabiliste, semi-probabiliste ou Cemagref
d'être exploitable dans la caractérisation déterministe). Ces formes de modélisation Le Tholonet, BP 31,
d'un paramètre ou d'un élément du risque. prennent en compte un ensemble de para- 13612
Cette simplification peut se faire de deux mètres obtenus à partir de données au Aix-en-Provence
manières : par regroupement de classes moyen d’outils d’analyse spatiale (combinai- Cedex 1
(quelques types de peuplements forestiers son, simulation, interpolation, zone d'in-
peuvent suffire à décrire le paramètre de fluence...). Raphaële BLANCHI
combustibilité) ou par traitement d'images École des Mines
de télédétection (regroupement des valeurs M.J., R.B., D.A. de Paris
de réflectance des images en relation avec BP207, 06904 Sophia
Antipolis Cedex
une classification de l'occupation connue par
ailleurs).
Daniel ALEXANDRIAN
Remerciements Agence MTDA
238 avenue du Club
Cette étude a reçu le soutien financier du
Hippique 13090
Analyse statistique classique Ministère de l'agriculture et de la pêche, et du
Aix-en-Provence
Ministère de l'aménagement du territoire et de
Le même objet (par exemple l’objet défini l'environnement, dans le cadre du Groupement
par le contour des communes) est décrit par d'Intérêt Scientifique "Incendies de forêt". Elle a
plusieurs paramètres. Les analyses sont réa- fait l'objet d'une présentation, outre lors du col-
lisées sur cet objet, elles peuvent être de loque de restitution du G.I.S. Incendie (4
simples opérations algébriques, une typolo- décembre 2002, Marseille), lors des Rencontres
gie pour répartir les situations en classes, européennes Feux de Forêt (octobre 2000).
une régression multivariable... Elles ne
nécessitent pas forcément l’emploi d’un
S.I.G. On retrouve dans cette catégorie les
méthodes calculant le risque moyen annuel
(R.M.A. : pourcentage moyen de surface com-
bustible brûlée chaque année), la pression Références
moyenne annuelle (nombre d’éclosions de bibliographiques
feux ramené à l'unité de surface).
Il s'agit ici d'une sélection des études les
plus représentatives.
ADES. 1995. Évaluation du risque incendie -
Conclusion Commune de Mimet (Bouches-du-Rhône),
32 pages.
Blanchi R. 1996. Impacts des aménagements
L'état de l'art a montré la diversité des sur le risque d'incendie de forêt. Proposition
méthodes d'évaluation et de cartographie du d'une méthode d'évaluation appliquée à la
risque d'incendie existantes. L'expression commune de Valbonne. Mémoire de DEA
des besoins en la matière est souvent confuse Université de Nice Sophia Antipolis, 89
et les concepts employés peuvent recouvrir pages.
des significations très différentes. Il ressort Jappiot M. 1998. Évaluation et cartographie
cependant que deux types de besoins sont du risque d'incendie de forêt. Vers une
application sur le massif des Maures à
actuellement prépondérants : un besoin lié
l'échelle des P.P.R. Ingénieries EAT,
aux problèmes d’urbanisme en zone à risque, n°spécial, pp 105 - 114
et un besoin lié à l'aménagement des forêts MTDA, ARMINES. 1998. Comparaison des
contre les incendies. Ces besoins existent à méthodes de cartographie du risque « feu de
une échelle locale et départementale. forêt » destinées aux P.P.R. D.D.A.F. des
Ce constat a orienté les axes de recherche alpes maritimes, 25 pages.
vers une mise en adéquation des besoins, des MTDA. 1999. Plan de prévention des risques
– Presqu’île d’Arvert (Charente-Maritime).
méthodes et des données.
SCP, CRPF. 1998. Schéma de DFCI du
Une nouvelle démarche fondée sur les Diois. Propositions d'aménagement des
besoins exprimés est proposée. Ainsi chaque espaces forestiers et ruraux.

433
Résumé
Il existe à l’heure actuelle une très forte demande en matière de cartographie du risque d’incendie de
forêt. Cette demande est le reflet de besoins très divers en termes d’application (urbanisme, aménage-
ment …). Cependant les études en la matière sont assez hétérogènes, les concepts employés peuvent
recouvrir des significations très différentes (notion de risque, d’aléa, de vulnérabilité…). De ce fait, il
est apparu nécessaire de s’interroger sur les demandes et les besoins en matière de connaissance et de
cartographie du risque, puis sur les modalités des réponses apportées et les enseignements tirés de ces
réponses. L’objectif de l'étude présentée dans cet article s’attache ainsi à :
- clarifier les concepts relatifs au risque d’incendie,
- lister de manière exhaustive tous les besoins en matière d’évaluation et de cartographie,
- inventorier les méthodes utilisées jusqu’à ce jour, y compris pour d’autres risques naturels,
- identifier les données et les systèmes d’information actuellement disponibles.

Summary
Mapping wildfire risk : needs, methods and data
An attempt at normalisation

Nowadays, there exists a great demand for fire risk maps. This demand is reflected in a wide variety of
needs, depending on the application (urban, rural, construction, farmland...). However the studies on
the matter are rather heterogeneous, the concepts used cover different meanings (concept of risk, of
hazard, and vulnerability...). As a result, it has become necessary to clarify such aspects. Thus, the aims
of the present study have been to :
- clarify the concept of wildfire risk
- make an exhaustive list of all the needs for risk assessment and mapping
- inventory the methods used so far, including those applied to other natural risks
- identify the data and information systems currently available.

Riassunto
Cartografia del rischio d’incendio di foresta : bisogni, metodi e dati
Prova di normalizzazione

Esiste attualmente una fortissima domanda in materia di cartografia del rischio d’incendio di foresta.
Questa domanda è il riflesso dei bisogni assai diversi in termine di applicazione (urbanistica, pianifica-
zione...). Tuttavia gli studi in questa materia sono abbastanza eterogenei, i concetti impiegati possono
ricoprire significati molto differenti (nozione di rischio, di alea, di vulnerabilità...). Perciò, è risultato
necessario di interrogarsi sulle domande e i bisogni in materia di conoscenza e di cartografia del rischio
poi sulle modalità delle risposte recate e gli insegnamenti tratti di queste risposte. L’obiettivo dello stu-
dio presentato in questo articolo si impegna così a :
- chiarire i concetti relativi al rischio d’incendio,
- fare la lista in modo esauriente di tutti i bisogni in materia di valutazione e di cartografia,
- inventoriare i metodi utilizzati fino a oggi, compreso per gli altri rischi naturali,
- identificare i dati e i sistemi d’informazione attualmente disponibili.

434 t. XXIV, n° 4, décembre 2003

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