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CENTRE INTERNATIONAL IGNORAMUS


LETTRE MENSUELLE N° 23
Srne ANNÉE - JANVIER 1961

DE LA SANTÉ A LA PAIX

SOMMAIRE :
- lettre de Tokio
- Chronique de la Spirale embrou:l~ée.
- 6 kilos en 6 jours.
- En plein Essor.
(Fondation d'une société coopérative).

et

Par autorisation spécial e


première publication

-LE ZEN
DANS l'ART CHEVALERESQUE
DU TIR A L'ARC

2 NF

Institut de Philosophie et des Sciences d'Extrême-Orient - i 0 bis rue, Lamartine, Paris 9°


1961
Mes chers amis,
. ~n ce début de cycle 1961, puisque voici venu le moment des vœux,
Je VIens vous apporter ceux des membres du Conseil de notre Centre
Ignoramus.
~.Jou~ vous souhaiton~ bien autre chose que la santé, le bonheur,
la reussite dans vos affaires ... pour vous et votre famille.
Nous vous souhaitons à tout et de tout notre cœur la Liberté infi-
nie, la Justice absolue, le Bonheur éternel... qui sont et ;estent à jamais
les objectifs de notre macrobiotique.
Nous vous souhaitons le Jugement de la dernière étape d'où se
trouvent exclus : toute conception étroite, tout calcul égoïs te toute
pensée mesquine et destructrice. '
Nou~ vou~ s<;>uhaitons de réaliser pleinemen t vos possibilités sans
fin en Dieu, l Umversel sans commencement, puissance génératrice de
tout mouvement et de toute pensée et qui s'exprime en tout forme finie
par ses deux pôles Yin et Yang.
Nous vous souhaitons cette découverte merveill euse de l'identité
absolue de l'Energie qui vous anime avec l'Energie universelle en qui
nous avons l'Etre et le Respir.
~ous vous souhaitons du fond du cœur enfin la découverte et l'im-
m ersiOn dans l'Amour Infini qui unit tous les homm es de bonne volonté
et donne cette Paix éternelle en parfait identité avec l'ensemble du
Cosmos.
. Nous souhaito~s à Senséi _la. Route qu'il jugera bonne pour
repandr~ l~ connaissance du Pnncrpe Unique et en ce début d'année
nous. l~I re~ffirm<?ns notre ardente résolution de collaboration sans
restnctwns a la tache entreprise.
Nous souhaitons à tous Joie de Vivre.
J. L. RocHE.

CONFERENCES DU
CENTRE IGNORAMUS
Mois de Janvier-Février 1961
Au Restaurant « Longue Vie ,,
6, me Lamartine, Paris (9') à 21 heures
Vendred~ 27 {anyier : Présence de Senséi par son fils, René OHSAWA.
Vendred~ 3 fe";rt~r : Macrobiotique et politique, J.L. RocHE.
Vendredz 10 fevner : La Macrobiotique en 1800. Propos sur le docteur
Huffeland, René LÉVY.
Vendredi 17 février : Conférence par M. EUKSUSIAN.
Vendredi 24 février : Conférence par M. GAUTIER WALTER.

REABONNEZ-VOUS SANS TARDER . C.C.P. PARIS 15998-91


Numéro de propagande décembre 1960
Prix spécial 5 numéros : 5 NF - franco
1961
Chère amie macrobiotique
Cher ami macrobiotique,
Je vous souhaite une nouvelle année beaucoup plus amusante,
beaucoup plus merveilleuse avec la Spirale Logarithmique qui n'est
autre chose que le Principe Unique, c'est-à-dire le compas universel,
logique, biologique et physiologique symbolisé, et la Macrobiotique.
L'an dernier, j'ai visité les Etats-Unis deux fois et j'ai vu que ma
mission se réalise pour ma stupéfaction pour la première fois depuis
48 ans. N'est-ce pas intéressant?
Maintenant, je suis au Japon avec votre Japonaise. Je reçois chaque
jour de grandes et de bonnes nouvelles de tous les coins elu monde, de
tous nos amis et amies macrobiotiques. J'attends les vôtres.
Votre macrobiotique.
Georges et Lima.

Mes chères amies et mes chers amis,


Ces jours-ci à Toyo, j'ai reçu deux tristes lettres, l'une de Stras-
bourg c t l'aut re de Paris. M. R ... et Mme W ... sont gravement souffrants .
A ce propos, je dois répéter ce que je vous ai dit à plusieurs reprises.
On peul guérir n'importe quelle maladie ou n'importe quel mal-
heur en très peu de temps, souvent miraculeusement avec la macro-
biotique et Je Principe Unique. Vous le savez tous. Mais si vous n'avez
pas étudié Je Principe Unique de la science et de la philosophie d'Ex-
trême-Orient, le Principe Unique de la liberté infinie, du bonheur éter-
nel et de la justice absolue, autrement dit la clef du royaume des cieux
et sa justice (la constitution-ordre de l'Univers et la loi unique Yin-
Y:mg) en lisant e t relisant mes publications, vous retomberez malade
ou vous redeviendrez malheureux immanquablement. Et cela signifie
que vous êtes inattentif, exclusif, orgueilleux ou que vous manquez du
sens de la précision et de la gratitude.
Vous êtes orgueilleux ou trop superficiel, ou trop crédule, ou
superstitieux. Vous avez cru avoir tout appris et tout compris à propos
du Principe Unique qui nous ga ran tit la liberté infinie, le bonheur éter-
nel et la justice absolue. Au lieu de cela, vous vous égarez complète-
ment. La médecine officielle qui ne peut guérir ni un cor, ni l'eczéma,
ni un simple rhume, ni le diabète, ni l'asthme, ni l'acné (que vous pou-
vez guérir complètement et une fois pour toujours avec le Principe
Unique el la macrobiotique en très peu de temps) demande au moins
JO à 20 ans d'études et d'apprentissage, et une fortune.
La médecine macrobiotique et miraculeuse n'exige pas autant. Elle
demande l'étude quotidienne à table et la méditation incessante du
Yin-Yang jusqu'à ce que vous puissiez contrôler votre santé, votre
beauté , votre jeunesse, votre intellect et enfin votre jugement parfai-
tement, en choisissant votre boire et votre manger.
Vous êtes infidèle à vous-même, exclusif ou ingrat, ou vous man-
quez du sens de la gratitude et a ussi de joie. Vous avez la même consi-
dération pour la médecine macrobiotique et la philosophie d'Extrême-
Orient que pour la connaissance et la technique que des professeurs-
esclaves vendent comme des petits pains à l'université. Alors qu'elles
vous ont donné le plus grand trésor dans cet univers, infiniment plus
grand que la terre entière : Vie et Ame. Que fera-t-on si l'on a reçu un
grand cadeau si merveilleux et sans PAREIL? L'on dansera, chantera

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de joie et distribuera ce~te _joie; puisque ce cade~u étant !nfini est
inépuisable. Si J'on ~e dJstnb!fe par celte « .JOie-~adeau » a travers
toutes les difficultés JOUr et nmt, on e?t e_xcll}Sl [ el mgrat. Ce que vou~
avez devient vôtre quand vous l'avez distnbue. Ce que. vou~ gardez poUI.
vous devient sans exception votre fardeau, ou chagrm. Cest pot;rqum
il est dit : Celui qui a recevra en abondance, ma1s celUI qUI na pas
perdra tout. ,
II y a quelques années, en 1958, JY!me Z.;·. est t~mbee dans la rue,
frappée d'apoplexie, de trombo-embol!e ou d evanoUissement (tous _des
symptômes Yin, manq~e _de Na_Cl dans le sang). Et e_lle a acclfse la
macrobiotique et Je PnnCipe Umque du , ~-oxaun:e des. cieux dep_uiS son
lit. Mais d'après l'analyse de son sang, c etai l tres clair. Il y avait, da_ns
son sang, un excès d'éléments Yin , surtout le pl:~sphore, le ylu? Ym:
C'est dire qu'elle n'avait pas le sens de la prccJsiOn. E_lle. n ava1~ ~a~
étudié suffisamment le Principe Unique Ym-Yang . Elle etait en reahte
une des plus ingrates ou ignorantes. L'i~l gralituclc,"' l'ig_noranc~ et l'm-
compréhension sont une même chose. S1 el le est f·achee en hs_ant ~e~
lignes, je ne le ser~lis jamais ~~:mr m_a part, car .JC con nais cette Identite
de J'incompréhension et de l mgratitude. . ,
Un bel après-midi, il y a 5 ans, j e donn_a iS une ct;mferencc au cen tre
des Quakers à Paris. Dès le début j e fus Im portune par Mme Z ... Elle
présenta son mari. Je le vis ~e lo!n . Il, ~ta it gravcme.nt ma~ade et ne
pouvait pas rester. Il nous qUitta Immeclwtemcnt ap:es avmr, enten.1~
mes conseils extraordinaires, aidé par sa femme . Apres son depart, J ~I
dit à tout Je monde : " Mes chers amis, vous a vez vu un malade tr~s
grave . Il a été t_raité p~r. plu~ieurs médecin s, il a tout es:~yé ~ans .avmr
même une petite amelioratiOn. Il v~ mou ni-. Il moun ~ b1entot. Je
souhaite qu'il observe absolument, stnctemcnl, mes conse1ls ...." .
A ma grande stupéfaction, il était sauvé au _h?ul d'ur: m?JS, mira:
culeusement. C'était vraiment miraculeux. Auss1lot sa uve, m e lle, n1
lui n'ont plus suivi mes cours, et n'ont pas él~.l(lié le Pri~cip~ Uni9ue
malgré mes consei ls si souvent répétés : Guénr l<1 maladie n est nen .
Rien n'est plus facile que guérir la m<~l acl i e elite incurable avec le
Pri ncipe Unique et la macrobiotique. ETUDIEZ LE PRINCIPE
UNIQUE JUSQU 'A CE QUE VOUS PUISSIEZ CONTROLER VOTRE
SANTE TOUT D'ABORD. ET ENSUITE ETUDIEZ PLUS PROFO NDE-
MENT 'LE PRINCIPE UNIQUE QUI N'EST QUE YIN-YANG POUR
ASSIMILER LA LIBERTE INFINIE, LE BONHEUR ETERNEL ET
LA JUSTICE ABSOLUE - SATORI.
Mme z... e t son mari ont complètement n ég ligé ces conseils, les plus
importants, ou bien ils considèrent le Principe U niqu ~ et la macro~io­
tique comme la médecine-médicament qui est l'm ve ntwn de la MAGIE
NOIRE d e Satan à la mode du xx' siècle.
· Mme z... , ravie de la guérison de son m_ari, a ensei~né le \~incipe
Unique, ou plutôt la technique de la macrobiOtique, au lieu de l et!fclier
plus profondément pour elle-même, non seulement en France, m ~ 1 s en
Suisse et en Italie . Ceci plus de deux ans. Avec 100 % de sucees . Et
elle croyait avoir compris tout ce qui concerne cette MEDECINE
DIVINE. Quelle arrogance !
L'incompréhension aveugle. La compréhension elu royaume des
cieux et de sa justice est la réalisation d e SOI, la joie de vivre, J'é ter-
nité de la vie la base fondamentale de la liberté infinie et la gratitude
infinie. La gr~titude est la reconnaissance de J'ord re de l'univers infini.
L'homme moderne est complètement d épourvu de la connaissance de
l'ordre de J'univers infini, par la magie noire, dite technologie scienti-
fique occidentale, qui nous fournit le confort et le plai~ir apparen~s,
qui nous chasse vers les misères de la guerre, de la maladie, de la folle,
des crimes infernaux de jour en jour et de plus en plus avec une
vitesse formidable.

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Ici, au Japon, c'est pareil, car Je Japon est européanisé depuis
80 ans environ. 80 ans suffisent pour détruire une civilisation et la rem-
placer par une a utre. La civi lisation est con tagieuse comme la siphylis.
C'est la loi de Gresham.
Le Japon d'aujourd'hui est la rhapsodie de la décadence d'une
civi lisation cruelle, prosaïque, érotique, sentimentale, sensorie lle et
chaoti que.
EN CONCLUSION, je répète la parole cl'Epictète que vous avez
écoutée tant de fois :
<< Tout Je monde est heureux, s inon c'est de sa faute. »
J'ajoute :
« Si vous êtes malheureux, mécontent, malade, esclave, prisonnier,
<< vol é, trompé, c'est dire que vous ignorez le Principe Unique (la Jus-
<< tice) de l'univers infini et que vous n'observez pas elu tout les prin-
cipes de la macrobiotique qui sont si simples, si faciles à comprendre
<< et à pratiquer, et si économiques que tout le monde peut les obser-
ver, n'importe où, n'importe quand, s'il le veut. »
Si vous ne pouvez pas comprendre cette philosophie, vous n 'avez
qu'à manger uniquement et 100 % de riz intégral avec quelques cuille-
rées de Tamari ou Gomasio en buvant peu. Rien n'est plus facile, n'est-
cc pas? POURQUOI NE POUVEZ-VOUS PAS ME COMPRENDRE?
\ JE VOUS AI DONNE TOUS MES SECRETS INAPPRECIABLES. Et
vous ne pouvez pas vous sauver ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
f Pourquoi ne guérissez-vous pas, M. R. .. et Mme W ... comme vous
\. l'avez été par moi? Le plus grand dan ger est Je plus f<~c ile à sauver.
Je vous ai sauvé en 10 heures et sauvé plusieurs dizaines de cas sem-
blables aux Etats-Unis. Et je m'efforce de sauver plus vite encore en
une heure, n'importe quel cas. '
J e. le répèt~. Prenez 100 % de riz intégral avec un petit p eu de
Taman, Gomasw ou Tekka clans un cas extrêmem ent difficile. Vous
pouvez le remplacer par de la crèm e de ri~. ~0 jours ou 100. Jusqu'à
c;:e ql:le vous compremez la grandeur du PnnCipe Unique de l'univers

r
mfim.
Pourquoi ne pouvez-vous pas recomman der une méthode aussi
simple? Vous n'avez pas encore la FOI. Des révolutionnaires sans la
Foi ! Si vous n'avez pas la foi, ce n'est pas la peine de vivre dans ce
pauvre et misérab]e monde.
Allez, guérissez tout le monde. Le monde est malade .
Georges 0HSA WA.
COMMUNIQUE IMPORTANT
La directio n de Lima à Latem Saint-Martin (Belgique) est heureuse
de_ vous ann_onccr que. la ~ab..ricatio~ du Mi~o ~t Tamari (ex-s~uce japo-
naise) a plcm_cment reussi. Ce sucees est du dune part au devouement
et aux connaissances de nos amis Japonais qui travaillent ici à J'usine
d'autre part c'est grâce à la qua li lé des céréales du pays et des fève~
de SOJa dont ces produits sont composés. Maître Ohsawa trouve notre
Miso et TaJ?ari meillc~r que celui fabriqué au Japon. II est seulement
un peu moms fort (_n101ps dense) e~ n'~st pas ~ncore aussi foncé. L'âge
seulement peut paill er a cela. Celui qui est mis en vente maintenant a
1 an. Si au-dessus elu Miso et Tamari se forment des petits flocons
blan~s, cela n'altère en _rien ce produit naturel, on peut les faire c!is-
par.mtre de la façon SUivante : m ettre le Miso clans un end roit plus
frais, tourner dedans. Quant <Ill Tamari on peut le faire bouillir
quelques minutes.
Pierre GEVAERT.
Actuellement, en vente à Sésam, 41, rue des Artistes, P aris (14' ),
la racine de Bardane (très yang) qui remplace avantageusement les
légumes en période hivernale.

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Chaque jour, peut apporter une lumière nouvelle et peut éteindre
ce qui la veille encore nous apparaissait comme une trouvaille sensa-
tionnelle.
Aujourd'hui, je me sens illuminé.
J'ai trouvé que manger n'était pas se nourrir.
Nous choisissons ce que nous mangc:ons mais nous ne sommes
pour rien dans la nourriture de notre an atom ie.
Pour se no u rrir, notre corps se passe lie notre jugement qu'il
doit trouver un peu trop voilé et i! vit sur ses r0serves.
Malh eureus~ment, les réserves dont dispose notre corps dépendent
des aliments que nous choisissons avec notre jugement.
Toute la difficulté est là.
Lorsque le corps n'est pas sa tisfait des rC·s..: rves, il le manifeste
tout d'abord doucem ent, puis avec violen ce.
Le plus souvent nous ne comprenons ri e n à ces ré::tctions, et nous
ingurgitons une infinie variété d e produits qui les par::tlysent parfois
et notre corps se tait et prépare une réaction encore plus violente car
il n'a pas d'autres moyens d'exprimer sa fureur.
Alors notre petit jugement, toujours p lus pudique, se voile davan-
tage et nous avalons cette fois la plus haute dose possible de la toute
dernière création des magiciens modernes.
Notre pauvre carcasse suffoquée se recroqueville ~~ nouveau et
rengaine ce que n ous nommons pompeusement des sym ptômes e t ainsi
de suite en at tendant le dernier sursaut qui précipitera à la fois notre
pauvre jugement satisfait dans un trou que l'on recouvrira avec soin
d'une superbe dalle décorée, il y aura mêm e peut-ê tre de la musique
et des fleurs.
Quand je prépare ma nourriture, quand j e m ange, j e pense mai n-
tenant à ces réserves que mon corps attend .
Si ce que je mange n'est pas destiné à faire de bonnes réserves,
mon corps essaie d'éliminer au plus tôt avant que les sucs ne soient
installés dans les divers garde-mangers de ma constitution. Je
comprends et je l'aide tout en cherchant ce qui a suscité mon erreur.
Je prends un esprit de magasinier. Je r especte mes stccks, j'essaie de
savoir ce qu'il y m a nque et ce qu'il y a en excès.
C'est plus amusant que de penser que la nourriture de chaque
jour correspond aux besoins de chaque jour.
Cela prend un caractère d'entreprise de longue haleine. Je deviens
un chef d'entreprise dont le but est ma santé.
C'est une société à responsabilité totale, don t le fonctionnement
est assuré par Madame YIN e t Monsieur YANG.

Signé POTASSIUM
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6 kilos en 6 jours
Ceci est le résultat du jeûne macrobiotique que j'ai effectué du
6 au 11 décembre pour la seule raison que j'avais trop engraissé :
1 rn 65 e t ... 76 kilos 200 le 5 décembre nu, vers 8 heures du matin.
47 ans, bonne santé. Gros travail intellectuel (médecin) sans possi-
bilité, hélas ... , de travailler manuellement puisque pris que je suis
par des malades à mon cabinet du matin au soir.
Nourriture équilibrée mais, jusqu'à cette époque seulement
réglée par mon seul appétit, puisque depuis mon jeûne macrobiotique
du printemps dernier je m e portais parfaitement bien. J'appliquai le
PRINCIPE UNIQUE et m'en trouvais heureux au maximum .
DONC LE 6 DECEMBRE : 76 K 200
Début de j eûne macrobiotique s tric t (que j'applique aux gros
malades) jusqu'au 13 décembre au matin.
Pas de petit déjeuner.
A 13 heures : céréales 80 %, légumes yang : seulement 20 %.
Pas de pain .
Pas de boisson autre que elu thé Mù, 2 tasses par jour.
Graines de pot iron g ri liées en bouche pour saliver.
Vers 21h30 pet it re pas, t rès peu abondant :céréales 80 %, légumes
20 % .
Sommei l très lége r.
Aucu ne sensa tion de faiblesse.
LE 6 DECEMBRE : 76 KG 200 A 22 HEURES
LE 7 DECEMBRE : 75 KG A 22 HEURES
Journée excellente sauf la soif, mais c'est le paiement « cruel >>,
« LIT 0 E » moral si je puis dire (les acupuncteu rs m e compren-
dront j 'espère).
LE 8 DECEMBRE A 8 HEURES : 73 KG 850
J'ai passé une excellente nuit, 5 heures d'un très reposan t sommeil,
j'ai travaillé en acupuncture de nouveaux poin ts, que je pratique
depuis peu, avec une lucidité extraordinaire, me semble-t-il.
Pour m'amuser, j'ai appris par cœur et sans aucune difficulté un
texte en allemand (langue que j'ignore totalement) en 10 minutes
(5 lignes) et ai pu le réciter à l'endroit et à l'envers.
Il y a du bon, la m émoire revient, le Yin s'en va. L'eau aussi, car
j'ai uriné plus de 3 li tres clans les 24 heures.
(Voir exam ens cl 'urine plus bas) .
Grosse journée, malades graves, nouveaux, souven t ennuyeux par
la complexité de leur cas, toujours touchants de confiance e t de gra-
titude.
LE 8 DECEMBRE A 22 HEURES : 70 KG 700
Il y a toujours du bon, je vais dormir 6 heures et reviens da ns mon
bureau frais, peut-être rose, j'avoue ne pas m'ê tre regardé dans une
glace, mais je sens ma peau moins grasse , mes vêtements flottent.
Que je suis bien, détendu et dispos.
Je m'attaque à la matière médicale Homéopatique et en étudie
pendant 2 heures de nouveaux e t rares remèdes, dans une publication
reçue le jour même avec l'avidité, pour la connaissance, d'un enfant
de 10 ans.
Je passe à mon courrier auquel je réponds avec facilité.
LE 9 DECEMBRE A 4 H 30 JE ME PESE : 70 KG 500
Je vais redormir puisque j 'ai sommeil, ô vertu du Principe Unique
et de la Joie de Vivre ...
Je dors comme un enfant et vers 8 h 10 le matin je ne pt:se plus
que 69 kg 900.
Je travaille et le soir vers 22 heures, 69 kg 900 toujours.
J'ai uriné 2 litres et demi d'une urine qui brüle : j'élimine donc
des cristaux.
LE 10 DECEMBRE A 8 H 20 DU MA TIN : 69 KG 200
Après 5 heures de sommeil et le reste de travail personn el clans
mon bureau.
Je décide de faire analyser mon urine par simple et occidentale
(je l'avoue) curiosité. Voici la copie des résultats d'analyse :
Couleur très foncée . Réaction acide, Albumin e 0,40 par litre.
Cytologie : absence de leucocytes, d'hémati es; etc rares cellules de
l'épithélium vésical.
Très abondants cristaux d'Urat e de soude.
Bactériologie négative.
Le 10 décembre toujours, mai s vers 13 heures, mes urines analysées
à nouveau donnaient ces résultats :
Réaction acide, Albumine 0,50 par litre.
Cytologie : absence de leucocytes d'hémati es; de rares cellules de
l'épithelium vésical.
Cristaux d'urate de soude encore plus abondant s.
Quelques urates d'amonium.
Bactériologie négative.
Le 10 décembre à 19 heures, nouvelle a na lyse d'urines qui ne
brülent plus, réaction acide albumine 0,50 par litre (pas é tonnant cette
albumine étant donné mon rapide amaigrissement 7 kg en 5 jours ...
aucune méthode ne m'aurait permis cela en conservant mon activité
et sans aucune autre gêne qu 'un peu de so if et je vous l'assure, sans
faim aucune) . '
Même cytologie. Bactériologie toujours négative .
A 20 heures je me pèse : 69 kg 800 . J'ai repris 600 grammes dans
la journée en ayant toujours observé mon jeûne tout relatif. 0 m ys tère
de la Vie ...
, , J~ travail~e jusqu'à 21 h 30. Puis je vais à une réunion corporative
cl ou Je sors a 23 h 30. Je fais mon courriet· avec une ex traordinaire
lucidité et prends le train pour Paris à 2 h 13 je ne dors absolument
pas ( pas sommeil) mais je médite comme souvent je le fais en
posture orientale sur ma banquette ayant la chance d'être seu l clans
mon compartiment . Si je n'avais pas été seul , je crois que j'aurais
pns une pos~ure favorite de méditation tout de même, tant j'étais
heureux de vrvre et de pouvoir méditer à l'Eternité. Quel calme
heureux ...
A Paris, je me couche en arrivant, vers 6 heures, près de ma
femme. et s~ns dormir, je bavarde avec elle jusqu'à 9 heures. Alors,
notre fille vient nous trouver et ce sont les jeux et les rires habituels
de trois êtres heureux .
Je bois une tasse de thé Mü sans sucre bien sùr (le sucre c'est

G
pour les non initiés ou les volontaires de la mort) et pars à mes
affaires.
A 13 heures, je retrouve ma femme et ma fille clans un restaurant
chinois (je déplore qu'aucun restaurant macrobiotique ne soit ouvert
à Paris le dimanche) et, je me régale d'une soupe aux légumes et de
pousses de soja avec, hélas ... elu riz blanc.
Le jeûne est fini. Je suis heureux car je me sens libéré de tout
et sur tout rajeuni (la peau du visage s'est éclaircie elle n'est plus
grasse du tout).
L'après-midi nous nous promenons à trois joyeusement elevant les
magasins où le Père Noël a entassé de quoi faire rêver enfants et,
peut-être encore plus, parents.
A 18 heures, nous accompagnons notre fille à son pensionnat . J e
prends ma voiture que j'avais laissée à Paris le dimanche d'avant
pour révision et, en 3 heures nous rentrons ma femme et moi chez nous
(240 kilomètres de Paris) heureu x et détendus d'avoir vu notre fille
grandie et studieuse.
A 21 h 30 je pèse 70 kg 300. Je dors détendu et le 12 décembre je
me lève à 4 heures, heureux de vivre, je travaille pour moi et ne pèse
que 69 kg 950.
J'ai pourtant dîné la veille ,mais en mangeant comme habituelle-
ment ce que j'avais envie. Plus de la Macrobiotique pure. Pourquoi
faire ... ? je ne m e sens plus gêné alors pourquoi se contraindre? Ne
suis-je pas libre ,libre comme le Professeur Ohsawa nous le révèle?
LE 12 DECEMBRE : JE PESE 69 KG 200 A 8 H 30
Après, depuis 4 heures du matin, un travail intellectuel acharné
sur les pouls chinois.
Mon urine ne brüle plus à la miction, voici les résultats d'analyse :
Couleur foncée.
Réaction acide, absence d'albumine.
Cytologie : rares cellules épithéliales.
Rares polynucléaires.
Nombreux cristaux d'urate de soude.
Pas d'hématies ni de microbes visibles à la coloration.
Bactériologie négative.
Travail habituel de praticien, consultant, régime ordinaire : ce
qui me fait envie (quand j'écris cela, c'est, bien sûr, d'un régime quasi
végétarien et céréali en qu'il s'agit, a u goüt elu moment et boisson à la
demande : thé Mü ou thé de 3 ans) quelle différence entre les deux
goüts, quand Je jeünc vous a purifié ... Parfois, du poulet, parfois elu
poisson, mais très peu et très rarement.
LE 13 DECEMBRE : 69 KG 400 A 8 H OS
Après une bonne nuit de 6 heures . Je me sens heureux de vivre et
attaque ma journée avec optim isme et courage.
LE 14 DECEMBRE A 9 HEURES DU MATIN 69 KG 100
LE 15 DECEMBRE : A 5 HEURES DU MATIN 69 KG 350
LE 15 DECEMBRE : A 7 HEURES DU MATIN 69 KG 100
J'arrête là ce bavardage qui vous a sûrement rebuté mais, s i j'ai
couché noir sur blanc cette auto-observation c'est, non pas par exhibi-
tionnisme moral, mais pour vous convaincre que le jeüne Macrobioti-
que est bon souverain pour maigri.r donc pour rajeunir et surtout
pour guérir.
Dr X. X. X.

7
EN PLEIN ESSOR
APPEL A TOUS NOS AMIS PROCHES ET LOINTAINS
En vue de la constitution de la Société Coopérative à respon sabi-
lités limitées : « La Macrobiotique "·

Mes chers amis,


Au mois de mai 1960, nous avons fait appe l à votre générosité en
vue de doter notre Institut de Philosophie cL des Sciences d'Extrême-
Orient (Centre lgnoramus) d'un local afin d'y ins taller un secrétariat
valable et efficace.
Vous avez répondu avec élan à cet appe l c t, grâce à celui-ci, nous
avons la joie de vous annoncer que notre Ccn Lrc s'est rendu acquéreur
elu fonds de commerce situé au 10 bis, de la ru e La martine, tout proche
du Restaurant Longue-Vie que vous connaissez Lous si bien.
Mais il ne suffit pas de loger notre Centre. 11 faut encore, pour que
celui-ci puisse intensifier son action, se déve loppe!·, améliorer la valeur
des conférences, la tenue de notre revue La Joie de Vivre, intensifier
les contacts avec les autres nations touchées par la macrobiotique ,
doter le Centre de finances suffisamment importantes pour que c ette
action si nécessaire soit menée à bien .
C'est pourquoi le conseil du Centre Ignoramus a pensé qu'il serait
possible de créer, parallèlement au Centre Int e rn a tio nal qui est une
association sans but lucratif régie par la loi de 190 1, un e Société Coopé-
rative propre à assurer parmi ses membres c t p~1rmi leurs amis les
produits diététiques, ouvrages et publication s philosophiques, aliments
spécifiques de notre régime, bref tout ce qui nou s a pp araît nécessaire
pour permettre la pratique de notre ma crobiot ique . C'est ainsi qu'est
née l'idée de notre association coopérative que nous avon s a ppe lée tout
simplement << LA MACROBIOTIQUE ''· .
Maintenant que nous voici possesseurs elu l'oncls de comme rce elu
10 bis, de la rue Lamartine, cette réalisation es t é minemment souhai-
table car elle permettra, nous l'espéron s, grâce à votre fidélité et à
votre compréhension, une amélioration cons id é ra ble de J'aspec t finan-
cier de notre activité.
Ce n'est donc pas pour Lill don ou pour un prêt que nous faisons
appel cette fois à votre compréhension et à votre générosité, mais à un
véritable invest!ssement dans une affaire qui vous touche de près, qui
sera votre affaire et gérée par vous-mêm es pour votre bénéfice per-
sonnel ainsi que pour le bénéfice du << Centre I gnoramus >>. Dans cette
société, en effet, le Centre Ignoramus sera p rop riétaire d'un nombre
important de parts sociales grâce à l'apport tall[!ib le du fonds de com-
merce elu 10 bis, rue Lamartine. ~

Quand l'individu humain, sourd, aveugle comme les taupes, avec


son amour impropre, commencera à voir, à entendre, à comprendre
l'éthyque cellulaire, planétaire, universelle, il deviendra un homme.
A. SALMANOFF.

8
C'est sur cette valeur sûre que nous basons l'appel lancé a ujou r-
d'hui en espérant que beaucoup d 'entre vous l'entendrons . La société
coopérative << LA MACROBIOTIQUE >> met en vente auprès de tous ses
amis des parts sociales au prix de 100 N.F. donnant droit à la fin de
chaque exercice à une portion de dividendes cor-respondant au nombre
de parts possédées par chaque sociétaire. Nous précisons que, dans le
style coopérative que nous avons choisi, sera réglée en nature, c'est-à-
dire en marchandises prises dan s le magasin de la coopérative.
Pour la première fois donc une entreprise commerciale va être
mise à la disposition de nos ami s et a dhérents non plus au bénéfice de
l'un d'entre nous, mais pour le bien commun. Garantie par un fonds
de commerce actuellement existant et déjà actif, fondé sur l'expé-
rience des membres du conseil qui s 'engagent à ne mettre à la dispo-
sition des clients de notre soci é té que des produits particulièrement
frais, contrôlés et équilibrés, l'achat des parts de la société macrobio-
tique représente donc pour chacun d'entre nous, non seulement un pla-
cement sûr, mais encore un acte de foi dans l'avenir de notre associa-
tion et dans sa réussite et son expansio n.
En effet, le succès de notre pe tite coopérative du 10 bis, de la rue
Lamartine, nous encouragera à diffu se r auprès de nos amis de pro-
vince et auprès des maisons de régime, à la fois et la théorie et la
méthode ainsi que les produits pour le plus grand bien de toutes les
personnes qui, autour de nous, soufl'rcnt et attendent dans l'anxiété la
lueur d'espoir qui leur p ermettra de sortir des griffes du malheur.
De plus, la bonne march e de la socié té << LA MACROBIOTIQUE >>
permettra au Centre Ignoramu s, lui-même possesseur d'un nombre
important de parts sociales, de réa liser chaque année le bénéfice qui
permettra à tous nos membres d'intensifier leur action par des contacts
de plus en plus fréquents avec nos amis de province et par la création
de nouveaux centres, d'entreprendre une campagne de propagande par
voies d'affiches ou articles de journ aux afin de toucher un public de
plus en plus nombreux, d'améli orer la présentation et la qualité de
notre revue, enfin de faire de celle-ci un mensuel de grande diffusion
qui apportera lui-même un concours précieux à la marche du Centre.
Enfin, nous espérons que la forme coopérative de la société non direc-
tement basée su r Je profit personnel permettra, par des marges béné-
ficiaires plus étudiées, de m ettre à la disposition de nos adhéren ls ct
de nos clients des produits ci e qualité toujours supérieure, à des prix
de plus en plu s jus tes.
Mes chers amis, notre cher fon dateur Georges Ohsawa a souven t
déploré, dans tous les pays oü il est passé, d'avoir assisté à d'exce l-
lentes réussites i[]divicluelles m a is jamais à une réussite coll ec tive,
c'est-à-dire gérée pour le bien de tous. Il a souvent critiqué les Fra n-
çais de n'avoir pas su profiter des précieux enseignements qu'i 1 no us a
apportés par des réalisations valables. Donnons-lui l'imm e nse satisfac-
tion et la grande joie de voir pou r la première fois, et en Fran ce , se
réaliser l'un de ses rêves les plus chers e t nul doute qu'al ors, h e ureux
de voir les fruits portés par les graines qu'il a semées, nous ne Je
revoyons parmi nous, souriant et détendu, plus conf1ant que j <tm ais
clans la mission qui est la sienne et que nous a urons e n!in confirmée
par notre action.
Le conseil du Centre Ignoramus, composé de personnes particuliè-
rement averties des questions sociales et financières, et dont l'honnê-
teté et le parfait désintéressement ne peuvent pas être mis en doute
vu leurs positions sociales, personnes que vous connaissez bien et en
qui vous avez la plus parfaite confiance, vous lancent un vibrant appel
en vue de répondre avec abondance e t générosité à la composition de
cette société.
Vous trouverez ci-dessous un bulletin de souscription que nous
vous prions de vouloir bien remplir au plus tôt et retourner au siège du
Centre à l'appui d'un mandat, chèque ou vireme nt à notre C.C.P.
Dès que les statuts de notre société auront é té définitivement mis
au point et les premières souscriptions encaissées, nous provoquerons
une Assemblée générale constitutive qui en p e rm et tra l'installation défi-
nitive.
A titre personnel, et en tant que préside nt du Ce ntre Ignoramus, je
vous prie, mes chers amis, d'e bien comprendre c t de bien peser toute
l'importance de l'acte de souscription que vous ne manquerez pas de
faire et je vous affirme qu'alors notre Centre Ig noramus, tant sur le
plan international que national, prendra sous ce tte impulsion et grâce
à notre dévouement, tout l'importance qui lui a ppar tient dans notre
société moderne si assoiffée d'équilibre et d e jo ie de vivre.
Mes chers amis, mes chères amies, le mom e nt es t venu d'apporter
la deuxième pierre à l'édification de ce grand Cen tre Ingoramus dont
nous avons toujours rêvé et que nous désiro ns construire tranquille-
ment et avec certitude. Notre but reste le m ê me : un centre interna-
tional à Paris, pourvu de toutes les derni è res pe rfec ti ons de la tech-
nique, accueillant, agréable, possédant biblioth èque , sa ll e de réunions,
magasin de produits, chambres, salle de judo, de yo ga, etc ... , etc ... Vous
voyez que nous ne perdons point de vue nos rêves les plus chers, mais
que nous désirons y parvenir par un travail arden t, confiant et en nous
basant sur des possibilités solides et non po int s u r des u topies sans
fonclemen t.
C'est clone la deuxième pierre de l'édifice qu e nous a ll on s mainte-
nant tous ensemble sceller dans la joie et cl a ns l'a mi tié.
Le Prés id e nt : J .L. ROCHE.
A découper et expédier

BULLETIN DE SOUS CRIP T ION


à la Société " LA MACROBIOTI Q UE ,

Je soussigné

Demeurant à . . .. . .... ... . ..... . ......... . .. .. . ... . . .

Souscrit à la Société dite ,, LA MACROBIOTIQUE ,, . ... . ..... parts à


100 N.F. dont je règle le montant par le moye n suivant . .. .. . . . .. .. . .
Fait à .. .. ... .... ... .. le .... . .. . . . .... 1961
Signature :

Centre Ignoramus, 10 bis, rue Lamartine,


Paris (9' ) - C.C.P. PARIS 15998-91

10
La Rédaction de la Joie de Vivre est heureuse d'offrir à s es abou-
nés la lecture complète d'un ouvrage recommandé par G. Oh sm\'a el
dont elle a pu obtenir les droits de reproduction auprès d e l'édil eu r.
tPaul DERAIN -Lyon)

LE ZEN
DANS L'ART CHEVALERESQUE

DU TIR A L'ARC
par E. HERRIGEl

Préface du Professeur D. T. SUZUKI


Un de s caract ères qui rwu s fra ppen/ le plus dans l'exercice du tir à
l'arc, et en fait de lous les art s t els qu'on les étudie au Japon- et
probablement aussi dans d'au/ res pays d'Extrême-Orient - c'est qu'a ,~
n'en at/end pas des résult ais sùn plem enl utilitaires ou des jouissances
uniquement esthétiques mais qu'o r1 y voit un moyen de former le me n-
tal, et même de le mettre en con /ac t avec la réalité ultime. Aussi le
tireur à l'arc ne se propose-t-il pas seulelllenl de toucher la cible ; l'es-
crimeur ne manie pas so>1. épée u niquement pour triompher de son
adversaire; le danseur ne danse pas s implement pour exécuter avec so11
corps certains mouvements rythm és. Il faut d'abord que le mental se
mettre au diapason de l'inconscienl .
Si l'on veut vraiment maîtriser un art, les connaissances techniques
ne suffisent pas. Il faut passer cw-delà de la technique, de telle sort e
que cet art devienne « un art san s artifice >>, qui ait ses racines da ns
l'Inconscient.
Dans le cas du tir à l'arc, celui qui lance el celui qui reçoit ne sou/
plus deux entités opposées, mais u ne seule et même réalité. L'archer
n'a plus conscience de lui-même comm e d'un être occupé d'atteindre le
centre de la cible devant lui. Et cet é tat de non-conscience ne s'ob lient
que lorsque l'archer, parfaitement vidé et débarrassé de son ego, ue
fait plus qu'un avec l'arnélioration d e son habileté t echnique - bien
qu'il y ait dans cette habileté quelque chose d'un ordre tout cliffére rr l
que ne peut donner aucune étude méthodique du tir à l'arc.
· Ce quelque chose d'un ordre différent est ce qu'on c~ppe ll e le salo ri .
C'est âe l'intuition, mais c'est autre chose que l'inluilion ord inaire; je
l'appelle intuition prajnique. On peut traduire pra jn :î pa r sagesse
transcendentale, mais cela ne rend pas to~1tes les rrwu1 ces rlu se ns, c"r
prajnâ est une intuition qui s'aisit à la fois la totalit é el l'iu divi âualil é
des choses. C'est une intuition qui, sans médiation d'aucu11e so rt e, voi t
que zéro est l'infini et que l'infini est zéro. Et cela ne cons titu e pas une
indication symbolique ou math ématique , mais un fait d "cxpé rie12Ce

J1
résultant d'une perception direct e. Psychologiquement parlant , le satori
consiste donc en w1 outre passement des limites de l'ego; logiquement,
c'est voir la synthèse de l'affirmat ion et de la négation; métaphysique-
ment, c'est savoir par intuition que le devenir est l'être et l'être le
devenir.
La différence la plus caractéristique entre le Zen et tous les a ut res
enseif?nements religieux, philosophiques et mystiques, c'est que sans
}amms sortzr de notre vie quotidienne, avec tout ce qu'elle a de concret
et de pratique, le Zen a en lui quelque chose qui le fait se tenir à
l'écart de la scène où se déroule tout ce que Le monde a de sordide et
d'agité.
Et cela nous amène aux rapports entre le Zen et le tir à l'arc - et
d'autres arts tels que l'escrime, l'arrangement des fl eurs, la cérémonie
du thé, la danse, les beaux-arts.
Le Zen est « l'esprit de tous les jours », comme l'a défini
Ma-t-sou (1), et cet « esprit de tous les jours » n'es t pas twtrc chose que
« _do;mir quand ?J? c:- sommeil, manger quand on a faim ». Dès qu e nous
reflechzssons, delzberons, conceptualisons, l'inconscience originelle se
perd et une pensée s'interpose. Nous ne mangeo us plu s lorsque nous
ma_ng_eons, nous ne . dormons plus lorsque nous dorm ons. La flèche a
quztte la corde, mazs elle 11c vole pas directem ent ve rs la cible ct la
cible n'est plus où elle est. Le calcul qui est faux-calcul s'e n· mêle. Tout
le ti,r à l'arc en est _faussé. La confusion qui s'es t glissée dans l'esprit
de 1 archer se traduzt dans tous les sens et dans tous les domaines.
L'homme est bien un roseau pensant, mais ses plus grandes œuvres
se font quand il ne pense ni ne calcule. Il nous faut red evenir<< comme
des enfants » par de longues années d'entraînem ent à l'art de l'oubli de
~oi. Quand cela est réalité, l'homme pense el pourlai7 t il ne pense pas;
zl pense comme les ondées qui tombent du ciel ; il pense comme les
vagues qz:i déferlent su_r l'océan; il pense comme les étoiles qui illwni-
nent le eze~ nocturne:· ll pense comme le v ert feu illage qui bourgeonne
dans la pazx de la brzse ven-raZe . En vérité, il es t les ondées , l'océan, les 1
étoiles, le feuillage.
Lor_squ'un homme est parvenu à cet état d e dévelop pement << s piri-
tuel », zl ~st un ar~zst e Zen de la vie . Il n'a pas beso in , com me le pein-
;:-e, de to~les, de p1~1cea ux et_ de couleurs ; il ne lui faut pas , comm e à
'archer, l arc, la fleche, la ctble et tous les accessoires. Il a ses mem-
bres, son corps, sa tête et tout ce qui s'y rattache. Sa vie de Zen
s'ex_prime au n~oyen de tous ces << outils », important s pour sa manifes-
tatwn. Ses mams et ses pzecls sont les pinceaux; l'univers ent ier est la
tozle sur laquelle il peint sa vie pendant 70, 80 ou m ême 90 ans. Ce
tableau s'appelle << l'histoire >> .
Hôyen de Gosozen (2) disait : << 1/oici w 1 homme qui verse la
vacuité de l'e.space cla1-rs une feuille de papier, les vagues de l'océan
clans w1 encrzer et le mont Sumeru dans un p inceau en écrivant ce s

(1) En japonais Baso. Mort en 788.


(2) Mort en 1104.

12
cinq caractères : so-shi-saï-raï-i (3). Devant lui j'étale mon zagu (4) et je
me prosterne >>.
On peut fort bien se demander ce que signifie cette façon fantas-
tique d'écrire et pourquoi celui qui accomplit une telle. prouesse est
digne d'un immense respect. Un maître Z en répondrait peut-être : << Je
mange quand j'ai faim, je dors quand j'ai sommeil >>. Si son esprit est
tourné vers la nature, il peut au ssi elire : << Hie r il faisait beau et
aujourd'hui il pteut >>. Mais pour le /ec;teu r, la questio;·I peut continuer
de se poser : << Où est l'arclzer? >> .
Dans cet admirable petit liv re, M . l:l errige l, philosophe allemand
qui est venu au Japon ct s'es t adon né au tir à l'arc pour arriver à com-
prendre le Zen , donne clc sa propre ex périence un récit qui nous éclaire .
Dans sa manière de s'e x prim er, le lec teur occidental trouvera une façon
moins étran ge et plus familière d'abord er le problème de cette expé-
rience orientale quelqu e peu. iuu u.:ess ih!e.
Da isetz T. SuzuKr.
Ma i 1953.
E tablir un pa rall è le c nL1 e le tir à l'arc c t le Zen (quelque image
que J'on s 'e n rasse) doit 1 a raî trc cie prim e abord une intolérable dépré-
ciation cie ce de rni cr.
Düt-on mêm e adrn c lt rc , d a ns le plu s la rge espr it de compréhension,
que l'on qua lifie d'a r t la p r~1 t iq uc d u tir à l'arc , o n se r ésoudra diffici-
lement à chercher en ce t ~Hl a ut re c hose qu'u11e pe rfor li1arzce de carac-
tère nettement sportif.
Le lecteur s 'attendra do nc ;:1 cntc nclrc parle r ici des étrJ nnants
exploits de maîtres archers j a pona is jouissant elu pri vilègè de pouvoir
s'appuyer sur une tradi tion vé né ra bl e c t ininter rompue du rnaniement
de l'arc et de la flèche .
Depuis quelques génér atio ns st: ul e rne nt, J'Extrêm e-Orient a rem-
placé par des armements muck rnes ses anciens moyens de combat.
Toutefois, la pratique de ces de rnie rs n'en disparut pas pour autant,
mais se perpétua et intéressa des cercles toujours plus larges.
Faut-il alors s'attendre à u ne description de la façon dont se pr a-
tique de nos jours le tir à l'arc comme sport national au Japon? Rien
ne saurait être plus éloigné de la réalité.
Dans le tir à l'arc au sens tradi tionnel, qu'il estime en tant qu'art
et vénère en tant qu'héritage du passé, k Japonais ne voit pas un
sport, mais bien la pratique d'un cu] te, quelque étrange que cela puisse
paraître au premier abord. Ainsi donc, celui-ci conçoit l'art clÙ tir à
l'arc non pas comme une capacité spor tive que l'on acquiert par un
en traînement physique progressif, mais bien comme un pouvoir spin-
tue] découlant d'exercices où c'est l'esprit qui ajuste le but, de sorte

(3) Ces cinq caractères signifient en chinois, si on les traduit litté-


ralement : << La raison pour laquelle le premier patriarche est venu de
l'Occident [l 'Inde ] >>.C'est un thème fréquen t de mondo. (Voir D.T. Su-
ZliKI, Ess.ais sur le Bouddhisme Zen, vol. 1, pp. 302 sq.) . Cela revient à
demander la chose la plus essentielle du Zen. Lorsque cela est compris,
le Zen est notre corps.
( 4) Le Zagu est l'un des accessoires que transporte le moine Zen.
Le moine l'étend devant lui lorsqu'il se prosterne devant le Bouddha
ou devant son maître.
13
qu'à bien le mirer l'archer sc vise aussi lui-même et que peut-être il
parviendra à s'atteindre.
Assurément, cela paraîtra sibyllin. Comment, dira-t-on, le tir à l'arc,
auquel on s'entraînait jadis en vue de la lutte à mort, n'aurait-il pas
même survécu comme sport physique, mais sera it devenu un exercice
spirituel ? Qu'est-il besoin, alors, d'arc et de flèche ? N'a-t-on pas renié
ainsi l'art viril des ancêtres, la claire et honnête significa tion du tir à
l'arc, pour le remplacer par une chose imprécise, voire complètement
fa ntastique ?
Il faut cependant considérer que, depui s que ce t art n'a plus à
s 'affirmer dans des compétitions sanglantes, son esprit particulier ne
s 'en est manifesté que plus spontaném ::nt c t avec une force plus con-
vaincante; il n 'a pas été nécessaire d'introdu ire ,-écc mm en t e t artificiel-
lement clans la pratique elu tir à l'arc cc l esprit q ui depu is longtcmp~
y est associ é.
On ne saurait don c prétendre que la tec hniqu e tTacl ilionnc ll e du
tir à l'arc, depuis qu'il ne joue plus aucu n rô le à la guerre, ait été
convertie en un aimable passe-temps vidé de sen s. La « grande doc-
trine , du ti r à l'arc nous donne une toute a u trc réponse. D'après e lle,
aujourd'hui comme jadis, le tir à l'arc de m eu re a ffaire de vie et de
mort, dans la mesure où i] est un combat de l'·m.: he r contre lui-même·
cette form ~ d'assaut n'est pas une médiocre contrefa çon , mais bien c~
qui inspire et soutient toute lutte contre un e nn em i extérieur, contre
un adversaire en chair et en os par exempl e.
La nature mystérieuse de cet art se révè le u niquement dans ce
combat de l'archer contre lui-même, et il e n rés ult e que l'enseignement
qui y conduit ne sacrifie rien d'essentiel, lo rsqu'il re non ce à l'utilisation
effective autrefois nécessaire clans le comba t de c heva lerie .
L'évolution historique de cet art procure clon e it ce lui qui s'y
adonne de nos jours l'incontestable avantage qu'i l ne succom bera pas à
la tentation de troubler ou même de tout à fait e mpêcher la comp ré hen-
sion de la « Grande Doctrine » par la pours uite d'objectifs pratiques,
même s'il ne les avoue pas . Car, cette co mpré he nsion - Lous les "
maîtres de l'arc l'ont toujours soutenu - est réscrvéc à ceux-là seuls
qui ont le cœur pur c t inaccesible à toutes préocc up ~1t io n s su bs idi aires .
Partant de là, voyons comment les Maî t1·es j ::t ponais du tir à l'arc
conçoivent et dépeignent cette lutte de l'archer contre lui-même.
Leur réponse paraîtra certes tout à fait én igma ti que, ca r, d'après
eux, le combat consiste dans le fait que l'a rc her sc vise e t que cepen-
dant il ne se pointe pas, et que parfois aussi il pe ul s'atte indre sans se
toucher.
Ainsi il vise et es t la cible, il tire et i l est Louché tout à la fois.
Le problème est là : malgré toute son a c ti on, il faut que l'archer
devienne un centre immobile, pour employer encore une expression
ch_ère à ces maîtres, et c'est alors que se produit le grand événement, le
faJt ultime ...
L'art est dépoui]]é de son art, le tir cesse d 'ê tre un tir, le moniteur
devient élève, le mgître redevient un débutant, la fi n devient le com-
mencement, et le début est achèvement.
Notre esprit, habitué à des concepts plu s clairs, est désorienté par
ces formules d'apparence hermétique qui sont fami lières ct transpa-
rentes à l'homme d'Extrême-Orient, et c'est pour cette raison qu'i l faut
remonter à une origine plus lointaine.

14
Les Européens n'ignorent pas qu'au Japon les arts se rattachent à
la racine commune elu Bouddhisme. Cette constatation est valable
dans la même mesure et dans le même sens, qu'il s'agisse de l'art elu
tir à l'arc aussi bien que de p eindre au lavis, d'art drama tique ou
d'escrime , tout au tan t q ue pour la cérémonie du thé ou l'art des arran-
gements floraux.
En premier li eu, ce la s ignifi e q ue l'action n'est au fond que le
r eflet d'une attitu de m e ntal e c ul tivée se lon le caractère propre à cha-
que activité , mainti e n qui d;1ns sa forme la plus parfaite est particu-
lière au Boudd hi s m e c l définit les traits essen tiels de l'homme
officiant a u sacr ifi ce en La nl que prêtre .
En Europe o n ne conn<:~î t guère qu e le Bouddhisme spécula tif et
l'on prétend mê me ê tre arT ivé à le comp ren dre au travers de ses écrits
en appare nce accessibl es; en réali té, il ne s'agi t pas de ce lui-là, mais
elu Dhyâ na-Boucl clh isrne conn u a u J apon sou s la dénomination de Zen .
Même s i on suppose le comprendre en se basant sur des expériences
qu'on i m<:~g in c nettes et irrésis tibles, les organes habituels de com-
préhension ne peuvent le saisir, car il n'est pas spéculation, mais expé-
rience elu fond insondable de l 'être et que l'entendement ne peut con-
cevoir. On le sait en tant qu 'on l'ignore .
La découverte au p lus profond de l'âme de l'essence sans fond et
sans forme, ou mieux encore, son identification avec elle, découlent
d'une méditation dirigée avec méthode, clans les voies propres au Zen
et suivies en vue de parvenir à ces expériences décisives .
Ramené au tir à l'arc, cela signifie - pour employer une formule
toute provisoire et sans doute d iscutable pour cette même raison- que
les exercices spirituels susceptibles de faire un art de la technique elu
tir à l'arc, et éventuellement un art dépouillé d'art, sont des exercices
mystiques. C'est-à-dire que le tir à l'arc n e consiste nullement à pour-
suivre un résultat extérieur avec un ar c e t des flèches, mais unique-
ment à réaliser quelque chose e n soi-même.
Voie conduisant à un but, arc et flèch es ne sont que simples auxi-
liaires en vue du saut ultime e t décisif, prétextes à un évènement qui
pourrait tout aussi bien survenir sa ns leur concours.
Pour comprendre ce qui précède de manière plus approfondie, il
serait souhaitable de nous référer aux propres exposés de bouddhistes-
Zen - dont nous ne m a nquon s p as. C'est ai nsi par exemple que
D. T. Suzuki en ses Essais su r le Bouddhisme Zen (5) a pu fournir la
preuve que la culture j aponaise c t le Zen ont entre eux les plus étroits
rapports, que, pour cette ra ison, les arts du Japon, l'attitude mentale
du Samouraï, le mode de vie japonais, la vie morale, esthétique et,
jusqu'à un certain point a ussi, la vie intellectuelle des Japonais doivent
leur originalité à cc fo ndement Zen.
Au ss.i, ce lui qui n'est pas familiarisé avec lui ne peut-il suffisam-
m e nt les comprend re.
Les écrits très sign ificatifs de Suzuki, accessibles maintenant en
frança is, ai ns i que les recherches d'autres spécialistes en questions
japonaises ont fait justement sensation. On accorde sans difficulté que
le Bouddhisme de Dhyâna, né dans l'Inde, parvenu en Chine à sa pleine

(5) Tr aduction française sous la direction de Jean Herbert, 3 volu-


mes (Paris, Albin Michel).

15
JJJ ;ilurii C·, <1CL'c p l0 lill 'il t: JII t: nl par il: Japon a p rès de profond es tra ns fo r-
ma li o ns c l cultivé jusqu 'à nos jours en une tra dition de meurée vivante,
a d o nné naissance à des modes de vie insoupçonnés jusqu'ici, et avec
lesquel s il faut se féliciter de pouvoir enfin se fami liariser.
En dépit de tous les efforts des vulgarisateurs du Zen, il n'est pas
doute ux que nous, Européens, n'avons pu nous en faire jusqu'ici qu'une
idée nettement insuffisante. Au bout de quelques pas d'une explora-
tion tâ tonnante, d'insurmontables obstacles se dressent, comme si le
Zen se refusait à une pénétration plus profonde.
Il s'impose comme l'énigme la plus étrange que nous ait présentée
la vie spirituelle de l'Extrême-Orient, énigme insoluble et cependant
d'une irrésistible attraction malgré les impénétrables ténèbres dont il
s'enveloppe.
Le style des présentations du Zen qui nous ont été données jusqu'à
présent est une des raisons de cette difficulté d'accès .
L'homme raisonnable n'exigera pas du Bouddhiste Zen, qui vit
désormais dans la vérité inconcevable et inexp r imabl e, qu 'il tente d'es-
quisser vaguement les expériences qui l'ont tra ns fo rmé el libéré.
A ce point de vu e, le Zen s'apparen te à la pure m ystique d e
« l'absorption " et quoi que fasse celui qui n'a vécu a ucune expérience
mystique, il est et restera en dehors. Cette loi à laque lle obéit toute
mys tique véritable ne souffre aucune except ion , cl le fait que l'on
dispose d 'une extrême abondance de textes tenu s pour sacrés n 'est pas
en contradiction avec ladite loi. A celui qui a é té jugé cligne cie toutes
les expériences décisives, ces textes ont en effet la commune propriété
de révéler leur sens vivifiant.
Par suite, tout ce qu'il est, tout ce qu'il possède déjà indépendam-
m ent d'eux, s'y trouvera confirmé. Par contre, pou r J'homme qui n'a
pas vécu ces mêmes expériences, les textes r es te nt muets, puisqu'il
n'est pas capable de lire entre les lignes. Son cs pri t sera de plus attiré
immanquabl ement dans un labyrinthe inextri cabl e , m ême s'il aborde
les écrits avec la circonspection la plus gra nde ct le désintéressement
le p lus total. ..
Comme toute mystique, il résulte que le Zen n 'est donc accessible
qu'au mystique, à celui qui n'est pas exposé à l a tentation de vouloir
comprendre par une voie différente ce que l'expérience mvstique m êm e
lui a refusé. "
Cependant l'existence de l'homme épuré p ar le « feu de la vérité "
et qui est passé par la voie du Zen est trop proba nte pour qu 'ell e puisse
échapper à l'attention.
Il n'est donc pas étonnant que l'homme qui se sent attiré par une
mystérieuse affinité spirituelle et désire a ccéder à la force sans nom
capable de résultats aussi puissants- ne parlons pas du simple curieux
qui n'a aucun titre à une exigence quelconque - attende en retour que
Je Zéniste lui décrive au moins le chemin qui m ène au but.
Mystique ou Zéniste, aucun n'est au commencement celui qu'il est
susceptible de devenir en s'accomplissant. Avant de rencontrer enfin la
vérité, il devra vaincre et dépasser beaucoup d'obstacles. Souvent, en
cours de route, il se heurtera à l'impression désolante de poursuivre
l'impossible ... Et cependant, il arrive qu'un jour cet impossible devient
possib le, réel e t comme a llant de soi. Ne peut-on espérer qu'une des-
cription minutieuse de ce long et difficile chemin n'engage un autre à
se demander si, à son tour, il n'aurait pas la hardiesse de s 'y risquer?

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De telles 1·s ·,·lpli o ii S d11 c hc rnin c t de ~cs diverses s ta tions man-
quent presque lol :il ' IIH'Iil d UliS la litté ralurc zénis tc. Cela découle du
fait que le zé ni s ll" ( prou ve 1111 · g ra nde ré pugn ance à donner une sorte
de guide de la vi· l> il- 1iiH'ur 'li S •. P <.1r expéri e nce p ersonnelle, il sait que
personne n'cs l L'li Jll t'S IIJ'\' cl' ~Jb ortll: r ce lte voie sans la direction d'un
maître expé rilli L' IliL'· ·1 l'O IJ sc iL: ncicux, n i de poursuivre saroutejusqu'au
bout sans l'aïd · d · cc Jll t.: Jn t.: m a î tre. Un facteur qui influence aussi sa
d écision cs l la cl' rlilud · qw.: sa ns cesse il devra surmonter et retraver-
ser ses cxpé ri ·n · •s, s ·s t riomphes e t ses avatars, aussi longtemps qu'il s
sont « sie ns » , jusqu'à cc que s'annihile tout ce qui est « lui ». C'est
à ce prix s ·u l q u 'il pe ut trouver la base d'expériences qui en tant que
« Vérité e mb rassant to ute chose », l'éveilleront à une vie qui ne soit
plus sa p w prc vie quotidienne. Parvenu à ce stade, il vit tandis que cc
n'es t plus lui qui vit.
On comprend aisément la raison qui fait hésiter le zéniste à par-
ler de lui ct de son évolution, et ce n'est par parce qu'il y voit un
bavardage indiscret qu'il s'y refuse, mais bien parce qu'à ses yeux ce
serait une véritable trahison elu Zen. La décision de rendre public quoi
que ce soit au sujet du Zen est déjà pour lui une bien lourde épreuve.
Le souvenir de l'un des plus grands m a îtr es qui, quand on lui demanda
ce qu'était le Zen, resta aussi impertur ba ble que s'il n'avait pas entendu
la question, est déjà pour lui comme un avertissement. Et l'on voudrait
que le zéniste donnât des éclaircissem ents su r ce qu'il a r ejeté et dont
il ne sent plus l'absence ?
Si j'en r estais là, étant donné cc qui précède, on pourrait me repro-
cher de me servir uniquement d'un s tyle pinda rique empli de formules
paradoxales. Mais mon dessein est a u cont rai r e de je ter quelque lueur
sur l'essence elu Zen, en montrant sa m anifes ta tion clans l'un des a rts
sur lesquels il appose sa marque. Au se ns fondamental elu mot, c t
selon le Zen, cette lueur ne sera p as encore « illumination >>, mais elle
fera entrevoir, comme l'éclair d e c haleur annonce la foudre lointaine,
que, cachée derrière la nappe ép ais e des ténèbres, il y a aussi quelque
chose.
L'art elu tir à l'arc ainsi conç u s 'apparente à une sorte de propé-
deutique elu Zen, et p erm e t d'esqui sser, de manière grossière, il est
vrai, et aussi de rendre plus tra nsp arents des processus encore entière-
ment saisissables, mais deve nus in compréhen sibles par eux-mêmes.
Partant de chacun dcs arts qu e nous avons mentionnés, il ser ait
matériellement tout à f a it poss ible de tr acer un sentier conduisant au
chemin du Zen. Décrire la ro ute que doit parcourir un disciple qui
apprend Je tir à l'arc mc semble Je moyen le plus simple de réaliser
mon proj e t.
Durant près etc six a nnées de séjour au Japon, je fus instruit par
l'un des plus émin e nts pa rmi les m a îtres en cet art, et je vais m'effor-
cer d'exposer cc l e nseignem e nt le plus clairement possible, puisque j e
puis parler par expérien ce .
Pour être certa in d'êt re compris, je pense qu'il serait sage de
rappeler le détail des obs ta cles que j'ai dû surmonter, et les entraves
desquelles il a fallu que je m e libère avant de pouvoir pénétrer dans
l'esprit de la Grande Doc trine. Cette première initiation offre déjà pas
mal d'énigmes. Atteindre le but que je me propose sans parler de moi
est impossible, je me bornerai à l'essentiel pour en accuser le relief.
Ce sera donc volontairement que je ne décrirai ni le cadre où je
reçus l'enseignement, ni le souvenir des scènes qui se sont gravées en
moi et, malgré l'intérêt que cela pourrait présenter, je renoncerai aussi
à tracer un portrait du maître. Ici, il ne sera question que de tir à
l'arc. Souvent, j'ai l'impression que l'apprendre est moins difficile que
d'en faire un exposé. Ma présentation vous conduira donc jusqu'à la
limite où poindront les horizons au-delà desquels vit le Zen.
Il faut que j'explique pourquoi je me suis tourné vers le Zen et
pourquoi, afin de m'en faciliter l'étude, j'ai voulu précisément m'initier
à l'art du tir à l'arc. Déjà, étant étudiant, et bien que l'esprit de l'épo-
que fût peu favorable à de telles poursuites, j'obéissais à une force
mystérieuse qui me poussait vers l'étude de la mystique. Cependant, en
dépit de mes efforts, je me rendais compte de plus en plus nettement
que je ne pouvais abor der les écrits mystiques que de l'extérieur.
J'étais capable, il est vrai, de circonscrire ce qu'on peut appeler le fait
mystique primitif ; toutefois, je ne pouvais fra nchir le cercle qui,
comme d'une haute muraille, entourait l'impénétrable.
(A SU!Vl(E)

Les recettes de Mme Bisch


GNOCCHI DE SEMOULE
Dans un litre d'eau bouillante salée, verser en pluie 250 g de
semoule de blé fine en tournant rapidement, afin d'éviter les grumeaux.
Couvrir la casserole et laisser gonfler une dizaine de minutes. Couler
la masse chaude dans un grand plat ou dans deux assiettes, mouillées à
l'eau froide, et laisser refroidir complètement; découper ensuite en
carrés ou en losanges, faire dorer dans une poêle avec un p eu d'huile
chaude. ..
POIREAUX BECHAMEL
Faire blanchir du poireau coupé en tronçons dans de l'eau salée
pendant quinze minutes. Laisser égoutter. Préparer une sauce blanche
avec l'eau de cuisson ; ajouter les poireaux, laisser cuire doucement

l
quelques instants . Servir avec un peu de sauce japonaise.

TARTE AUX OIGNONS


Faire une pâte à tarte avec deux bols de farine complète, une cuil-
lerée à café de sel fin, six cuillerées à soupe d'huile de sésame, bien
mélanger le tout, verser peu à peu de l'eau froide et faire une pâte
assez souple, sans trop la travailler. Etendre au rouleau et en garnir un
moule à tarte.
Dans deux cuillerées à soupe d'huile chaude, faire revenir six beaux
oignons émincés, saler, couvrir et laisser mijoter environ 15 minutes.
Après cuisson ajouter une cuillerée de tahin, un œuf battu et une demi-
cuillerée de farine. Bien mélanger le tout, verser sur la pâte et faire
cuire à four chaud pendant 30 minutes environ.

CENTRE IGNORAMUS · Responsable :Jean-Louis ROCHE - Imp. LIENHART & C 0

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