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CHAPITRE 3 : L’EAU

3.1. Rôle de l’eau

L’eau joue un double rôle dans la technologie du béton. D’une part, elle permet
l’hydratation du ciment –constituant actif- et d’autre part, elle est indispensable pour
l’ouvrabilité (consistance et viscosité et un bon compactage du béton).

Ceci à comme conséquence que la quantité d’eau totale dans un béton dépasse
nettement les vingt-cinq pourcents (25%) de la masse du ciment nécessaire pour la réaction
d’hydratation.

En effet pour assurer la maniabilité du béton l’eau doit entourer, chaque grain entrant
dans le mélange, d’un film plus ou moins important selon la consistance désirée. Ce qui amène
à une quantité totale d’eau d’environ cinquante pourcents (50%) de la masse du ciment. L’eau
supplémentaire, dont une partie serait liée physiquement au ciment (eau colloïdale) plus ou
moins quinze pourcents (± 15%) de la masse du ciment et l’autre partie constitue eau dite
capillaire ou libre, peut donc disparaitre dans le temps (séchage progressif de la pâte du ciment)
et laisser des vides qui affaiblissent le ciment durci.

On conseille par conséquent de limiter la quantité d’eau au strict minimum compatible


avec les conditions de mise en œuvre.

3.2. Qualité d’eau

L’eau utilisée pour le gâchage ne peut contenir en quantités appréciables, des


substances susceptibles de réagir avec le béton ou l’armature : Il faut veiller à ce que l’eau ne
puisse pas contenir ou seulement en quantité suffisamment faible des matières susceptibles de
nuire à l’hydratation, au durcissement ou à la bonne conservation du béton ou à l’armature.

Ces substances peuvent induire en particulier :

Une accélération ou un ralentissement de la prise et du durcissement (par ex. : sucre,


acides humides,…).
Un entrainement excessif d’air non contrôlé, par conséquent perte de résistance (par
ex. :micro-organismes, huiles, graisses, suspensions, certains sels minéraux).
La corrosion des armatures.

Une règle simple consiste à dire qu’une eau potable convient également à la
confection du béton (mais l’inverse n’est pas vrai).
L’aptitude à l’emploi de l’eau de gâchage d’autre provenance (eau de surface, eau
souterraine, eau de processus industriel) peut être démontrée par une analyse de celle-ci, selon
les recommandations de la norme NBN EN 1008 ou NF EN 1008.

En contrôle préliminaire, il faut s’assurer que l’eau est claire et inodore, exempte de
matières organiques, son Ph doit être ≥ 4 et elle ne doit pas former de mousse persistante après
agitation.

3.2.1. Caractéristiques physiques de l’eau

En général selon les normes, l’eau doit être propre c’est-à-dire ne pas contenir de
matières en suspension. Il faudra que la quantité de matières en suspension soit :

- ≤ 2 g/l, pour un béton de haute qualité (très bonne résistance).


- ≤ 5 g/l, pour un béton courant.
3.2.2. Caractéristiques chimiques l’eau
1. L’eau ne doit pas contenir des matières dissoutes.

En général, si ces matières dissoutes ne sont pas nocives, elles ne doivent


pas dépasser les valeurs ci-dessous :

- ≤ 15 g/l, pour un béton de haute qualité ;


- ≤ 30 g/l, pour un béton courant ;
2. Une eau ne doit pas contenir des acides (organiques ou inorganiques).

Parce que les acides décomposent le ciment qui est basique. Il faut avoir
de préférence une eau dont pH est supérieur à 4 (pH ≥ 4, cas strict).

Dans le cas où le pH est inférieur à 4, ne pas utiliser une telle eau. Par contre pour le pH
compris entre 4 et 7 c’est-à-dire 4≤ pH ≤ 7, il faut étudier le problème de façon particulière.

3. Une eau ne doit pas contenir du sucre et ses dérivées. Parce qu’ils peuvent
empêcher la prise.
4. Les caractéristiques suivantes doivent être vérifiées :
Teneur en alcalis ≤ 1,5 g/l
Teneur en sulfates ≤ 2,0 g/l
Teneur en chlorures :
- ≤ 0,5 g/l pour le béton précontraint
- ≤ 1g/l pour le béton armé
- ≤ 4,5 g/l pour le béton non-armé

Pour les teneurs en chlorures et en alcalis, l’eau peut éventuellement


dépasser ces limites si le bilan en chlorures et en alcalis de la formule de béton est conforme.

Finalement l’eau doit être analysée pour détecter la présence


d’éventuels contaminants qui risquent de perturber ou affecter la prise ou/et compromettre la
résistance : les sels de cuivre, de Zinc, de plomb, de carbonates et bicarbonates. La teneur
maximale admissible de ces produits est environ 1 g/l.

5. Les sulfates, on ne peut pas les avoir dans l’eau parce qu’ils donnent lieu
à la formation du sel de CANDLOT, très expansifs lors de sa cristallisation et provoquent ainsi
une chute de résistance : le sulfate de calcium agit comme régulateur de prise en retardant
l’hydratation des aluminates (C3A) qui trop rapide figerait la pâte. Si l’eau contient de sulfate
de calcium, il y en aura en excès. Le sulfate de calcium peut nuire à certain ciment en réagissant
avec les aluminates hydratés déjà cristallisés, dans ce cas il se forme du sulfo-aluminate de
calcium hydraté et expansif, susceptible de rompre le réseau cristallin.

Ce sulfo-aluminate de calcium port le nom de sel de CANDLOT ou bacille de ciment.

3.2.3. Remarques

En cas de doute, quant à la qualité de l’eau de gâchage on peut procéder comme


suit :

Effectuer une analyse chimique de l’eau et titrer les matières nocives dont on
suspecte la présence dans celle-ci.
Effectuer des essais comparatifs entre deux mortiers normalisés l’un
confectionné avec de l’eau dont on sait qu’elle convient à cet usage (mortier
témoin) et l’autre confectionné avec l’eau dont on veut vérifier la qualité. Une
différence notable dans les résultats (temps de prise modifié, chute de résistance
supérieure entre 10 et 15%) indique qu’il s’agit d’une eau suspecte voir nocive
pour le ciment.

En dehors de l’action des matières nocives sur le ciment, il faut également tenir
compte de leur action sur les armatures éventuelles. A cet égard, on est nettement plus sévère
pour le béton précontraint dont les armatures tendues à des contraintes élevées (>1000N/mm²)
sont très sensibles à la corrosion.

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