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Le Loup et le Chien

Introduction
Le Loup et le Chien est une fable, écrite au XVIIe siècle (1668) durant le
règne de Louis XIV par Jean de La Fontaine, grande figure du classicisme.
C’est la cinquième fable du livre I des Fables de La Fontaine. Jean de La
Fontaine est un auteur qui utilise souvent des animaux comme personnages
pour dénoncer les injustices de son temps.

Le Loup et le Chien est un récit dynamique composé de 41 vers et de rimes


de nature variée.
Il met en scène deux animaux très différents ; un Loup maigre, misérable,
mais libre, et un chien gras, vivant confortablement, mais privé de liberté.

Comment cette fable est-elle une réflexion sur la société ?

Nous étudierons d’abord les différentes étapes du récit, puis les personnages
pour, enfin, nous interroger sur les différentes interprétations/réflexions que
cette fable peut nous suggérer.

Développement

Je vais d’abord développer la structure de ce récit, le schéma narratif.

La situation initiale se déroule des vers 1 à 2. Elle introduit le


personnage du Loup, décrit comme maigre «n’avait que les os et la
peau» (v.1) à cause des chiens «tant les chiens faisaient bonne garde.».

Des vers 3 à 4, c’est l’élément perturbateur : le Loup rencontre le


second personnage principal, le Chien. Ce dernier est un chien de
garde, valorisé lors de sa description ; « aussi puissant que beau, gras,
poli»(v.3-4).

Les péripéties s’étendent du vers 5 au vers 31.


1ère péripétie : Le premier réflexe du Chien en voyant le Loup est de
« l’attaquer, le mettre en quartiers » (v.5), ce qui souligne sa nature
agressive mais il s’est vite résolu en l’observant et en déduisant que le
Chien était de taille à se défendre si jamais il l’attaquait. Il aborde donc
une autre stratégie, la flatterie et complimente le Chien « sur son
embonpoint » (v.12), donc son apparence saine, pour l’amadouer.
2ème péripétie: Le Chien reprend lui même les propos du Loup « Il ne
tiendra qu’à vous beau sire, d’être aussi gras que moi » (v.13-14) et
cherche à convaincre le Chien de le suivre. Dans un premier temps, il lui
décrit sa situation ‘misérable’ « Vos pareils y sont misérables, cancres,
haires, et pauvres diables, dont la conditions est de mourir de faim.»
(v.16-18) et la compare a sa situation, qu’il valorise de « bien meilleur
destin » (v.21). On remarque que la stratégie argumentative du Chien se
repose sur la comparaison et la forme superlative.

3ème péripétie: Le Loup est convaincu et demande au Chien ce qu’il


doit faire afin d’obtenir un meilleur mode de vie. Le Chien lui répond qu’il
n’a presque pas d’efforts à faire ; « donner la chasse aux gens portant
bâtons, et mendiants ; flatter ceux du logis, à son Maître complaire »
(v.23-25), donc juste servir ses maîtres. Il assure aussi une récompense
« votre salaire sera force reliefs […] : os de poulets, os de pigeons, sans
parler de mainte caresse. » (v.26-29). L’argumentation du chien est
convaincante, les vers 30 et 31 montre la façon dont le Loup est
rapidement passé d’un loup cruel à un loup doux comme un agneau.

L’élément de résolution, vers 32 à 40 présentent un retournement de


situation.Alors que le Loup suit le Chien, il remarque le collier qu’il porte
autour de son cou le peler. S’ensuit donc un dialogue entre les deux
personnages ou le Loup, devenu suspicieux, commence à poser des
questions « Qu’est-ce là ? » « Mais encor ? »(v.33 et 34).Le Chien,
habituellement imbu de lui-même, répond brièvement, comme si il
voulait cacher quelque chose. « Rien.» « Peu de chose. »(v.33-34) Le
Loup, qui donne beaucoup d’importance à la liberté lui demande donc si
il est attaché et si il a la liberté de courir ou il veut. Le Chien minimise et
lui répond « pas toujours ; mais qu’importe ? » . Le Chien préférant la
liberté lui répond donc que peu importe les repas et les attentions qu’il
pourrait recevoir, il ne le suivra jamais.

Le récit se termine vers 41, avec la fuite du Loup.

Je vais ensuite étudier les caractéristiques des personnages du Loup et


du Chien.

Le Chien est décrit comme fort, « beau, gras »(v.3-4). Le mot « « gras »


symbolise la grosseur de ce Chien et sa puissance. Le Chien parle
beaucoup, il a la parole et donc le pouvoir. Son discours exprime son
autosuffisance, son autosatisfaction « D’être aussi gras que moi » (v.14)
« Vos pareils y sont misérables »(v.16). C’est donc un animal affable,
imbu de lui même, il est fier de lui car il est bien nourri et vit
confortablement, et c’est tout ce qui compte à ses yeux .Cependant, sa
qualification du Loup « beau sire »(v.13), par le jeu de l’hyperbole,
montre qu’il n’a pas perdu son instinct et qu’il cherche, par ce qualificatif,
à amadouer le loup afin d’éviter une lutte. On apprend aussi que le
Chien est assez paresseux, cela se confirme quand il utilise
l’expression « presque rien » (v. 23) pour décrire ses devoirs.
En revanche il est attaché et dépendant du maître pour sa nourriture et
son affection. Il appartient au monde des domestiques, de la
servitude. Cela apparaît dans le vers 25 «  Flatter ceux du logis, à son
maître complaire » et également aux vers 34, 35 et 37 « Le collier dont
je suis attaché est peut être la cause. » «Pas toujours : mais
qu’importe ? ».

Le Loup est totalement opposé au chien sur le plan physique : il est


famélique et n’a « que les os sur la peau » (V.1). Il est présenté comme
un animal cruel, féroce mais intelligent. Au vers 5, sa première réaction,
« L’attaquer, le mettre en quartiers » montre son agressivité, son envie
de tuer. C’est aussi un animal flatteur, on le voit dès son adresse au
Chien : « beau sire » (v.13). Autre trait de caractère du
loup : l’impulsivité. Elle se manifeste quand il se met à « pleurer de
tendresse »(v.31) en imaginant sa félicité future. Malgré son envie de
confort et de nourriture, le Loup attache une très grande importance à la
liberté : « Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous
voulez? » (v.36-37).

Je vais finalement proposer diverses interprétations de cette fable et


conclure.

L'argumentation du chien échoue puisqu'il néglige les contraintes liées à


sa servilité et il insiste trop sur les avantages purement matériels. Il
manque de tolérance vis-à-vis des autres modes de vie. Le loup reste
fidèle à sa nature et opte pour la liberté. La morale serait là que le
bonheur n’est pas essentiellement matériel et que le véritable bonheur
se trouve dans la liberté.
On peut aussi penser qu’à travers cette fable, La Fontaine dénonce la
flatterie à la cour de Louis XIV. Le Chien représenterait donc les
personnes dont le besoin de confort et d’argent ne s’étanche que par la
perte d’indépendance. Mais, au-delà, la fable pose la question de la
condition humaine et de ce choix, un parmi d’autres.

On peut conclure que cette fable est fondée sur un dialogue qui laisse le
lecteur tirer la morale. C’est une critique de la société qui transmet une
réflexion sur la nature humaine, les contraintes qu’on peut croiser au
cours de notre vie et l’importance de nos choix vis à vis de ces
contraintes. On voit que La Fontaine laisse deviner sa préférence pour
le loup,et met évidemment en avant l’amour de la liberté, valeur
supérieure, selon lui, au confort et à la richesse.

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