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Il s'agit de terres appartenant à des collectivités ethniques et régies par une législation

particulière qui définit les règles de gestion de ces terres³. Les membres de la collectivité sont
les ayants-droit appelés collectivistes. Chaque ayant droit détient dans l'indivision une quote-
part indéterminée et variable. En effet, la terre collective ne s'hérite pas, c'est l'appartenance à
l'ethnie qui s'hérite et donne droit à l'exploitation d'une quote-part de la terre collective. Il est
certain que ce régime collectif grégaire a été mis en place alors que le facteur terre abondait
et que la pression démographiqueétait très faible.

A-L'organisation juridique des terres collectives :

Il faut remontrer au premier novembre 1912 pour trouver le premier texte intéressant cette
catégorie d'immeubles. Il s'agit d'une circulaire du Grand vizir prévoyant que l'aliénation des
biens collectifs est subordonné à l'autorisation du gouvernement et que ces biens <<
continueraient d'être régis par les anciens usages sans pouvoir être vendus ni partagés ».
Ensuite, la confrontation du protectorat avec ce genre de propriété «< sui generis » et les
hésitations qui s'en sont suivies ont donné lieu à de nombreux textes. Parmi la Profusion de
textes inhérents à ce type de terres, le dahir du 27 Avril 1919 reste fondamental³. Il prévoit les
règles de bases suivantes :

Le droit de propriété des tribus sur les terres dont elles ont la jouissance à titre collectif ne
peut s'exercer que sous la tutelle de l'Etat ; - La tutelle de l'Etat est assurée par le ministère de
l'intérieur assisté d'un conseil de tutelle; - La jouissance s'effectue suivant les modes
traditionnels d'exploitation et d'usage local; - Les terres collectives sont imprescriptibles,
inalienables et insaisissables'.

En effet, sous le protectorat, les terres de tribu ont subi de nombreux prélèvements au
bénéfice de la colonisation, soit par expropriation pure et simple avant l'adoption du dahir du
27 Avril 1919, soit par expropriation partielle des Guiches transformées en collectifs, soit
enfin par application de l'article 10 du dahir de 1919 pour créer des périmètres de
colonisation, ou de son article 8 pour procéder à des «< aliénations perpétuelles de jouissance
>> au profit des colons. A l'indépendance, le gouvernement abrogea les articles 8 et 10 et
résilia les dites aliénations le 9 Mai 19592. Mais la transformation la plus profonde est venue
de la législation du code des investissements agricoles (25 juillet 1969): le Dahir n° 1.69.30
relatif aux terres collectives situées dans les périmètres d'irrigation transforma celles- ci en
propriétés Melk indivises?. Toutefois, Malgré l'ampleur du processus d'individualisation de
fait (Melkesation) qui a affecté les terres collectives, elles représentent encore une réserve
foncière non négligeable avec une superficie qui dépasse 11 millions hectares dont plus de 6
millions hectares sont des terres agricoles représentant ainsi 46,1% de la superficie agricole
utile nationale. La gestion desdites terres collectives est assurée par des conseils de
représentants élus à partir des collectivistes, qui les mettent à la disposition des membres de
leurs collectivités reconnus comme ayant droit par voie de partage répandant à des règles
coutumières". Ces derniers en jouissent sans pouvoir les aliéner au profit d'autrui. Le partage
est refait à chaque fois que des membres de la collectivité atteignent l'âge majeur qui leur
confère le droit d'avoir une part indivise sur ces terres. Chose qui donne lieu à une multitude
de difficultés.
B- Difficultés inhérentes au statut des terres collectives:

Deux problèmes essentiels caractérisent ce statut: 1) L'apparition continue d'ayant droits


(enfants des collectivistes ayant atteint l'âge majeur) entraîne une diminution régulière de la
quote-part revenant à chaque ayant droit, ce qui se traduit par une exploitation ne répondant
pas aux normes d'une mise en valeur rationnelle.

2)- Le simple droit de jouissance conféré aux ayants-droits fait que ce statut ne donne pas la
stabilité et la garantie nécessaires à une mise en valeur intensive de la part des exploitants et
ne permet aucun investissement durable de leur part;

Un troisième problème est à ne pas négliger, il s'agit de la nature de tutelle à laquelle est
soumise la propriété collective. En effet, certains prétendent que cette tutelle administrative
exercée par le ministère de l'intérieur n'envisage aucun rôle économique. A ces problèmes, il
faut ajouter les difficultés que trouvent les collectivistes pour recourir aux crédits en vue de
financer leurs projets.¹ Force donc est de constater que l'intervention du législateur, pour
régler une telle situation et surmonter de tels problèmes, s'est avérée nécessaire voire
éminente. En effet, la stabilité et la garantie du droit de propriété sont indispensables à la
mise en valeur et à l'intensification des cultures et de l'élevage.

C'est ainsi que le dahir nº 1.69.30 du 25 juillet 1969 relatif aux terres collectives situées dans
les périmètres d'irrigation prévoit la melkisation de ces terres aux ayants droits en inaugurant
le passage de la propriété collective à la propriété privée. Désormais, aux termes dudit dahir,
les terres collectives n'appartiennent plus à la collectivité en tant que personne morale mais
appartiennent dans l'indivision aux personnes physiques figurant sur la liste des ayants droits';
malgré que l'expérience tentée dans quelques périmètres d'irrigation (Gharb et Haouz) a mis
en lumière des difficultés d'application parfois insurmontables. Le processus de privatisation
reste tributaire de la situation juridique de l'immeuble collectif à melkiser dont l'épuration par
l'immatriculation ou la délimitation nécessitera parfois de longues instances judiciaires. Ce
changement ne concerne qu'une petite partie des terres collectives, mais il est envisagé d'en
étendre l'application à l'extérieur des périmètres d'irrigation. Ceci dit, les propriétés
collectives représentent encore, malgré les nombreux prélèvements dont elles ont fait l'objet
depuis le protectorat et l'ampleur du processus d'individualisation de fait <<< melkisation »
qui les affecte, un domaine non négligeable.
le bornage est le moyen le plus efficace de publicité au cours de la procédure
d'immatriculation et ce malgré le qualificatif dit "provisoire" qui lui était collé dans l'ancienne
législation. un En effet, ce qualificatif signifie que le bornage a un caractère temporaire dont
les effets vont s'éclipser après une période déterminée, toutefois, le bornage est une opération
qui préfigure le titre foncier¹. Certes, c'est un projet qu'on peut modifier en procédant à des
bornages complémentaires ou rectificatifs, mais il ne faut pas oublier qu'on l'absence
d'opposition, le bornage devient définitif

A-caracterisque du bornage

Ceci dit, le bornage est une opération d'une nature complexe opération topographique, acte de
publicité et enquête juridique. 

1- Le bornage est une opération topographique:

L'article 19 du dahir du 12 Août 1913 prévoit que le conservateur de la propriété


foncière dirige les opérations de bornage dont l'exécution est déléguée à un ingénieur
géomètre topographe assermenté du cadastre, inscrit au tableau de l'ordre national des
ingénieurs géomètres topographes. En effet, cet agent place les bornes, tant pour
délimiter le périmètre indiqué par le requérant que, le cas échéant, pour préciser les
parties comprises dans ce périmètre qui font l'objet d'opposition de la part de
tiers...une borne est placé à chaque changement de direction, si la ligne droite est
longue tous les cent cinquante à deux cents mètres. Ces opérations topographiques
sont constatées par un plan sommaire, dit croquis de bornage². Ce plan doit donner
une description détaillée et précise de l'immeuble, sa contenance, sa superficie, sa
forme, sa situation et généralement toutes les particularités du terrain notamment les
pistes, les rivières, les cimetières, etc

2- Le bornage est un acte de publicité:

Par suite de l'arrivée sur les lieux du géomètre et de ses aides, avec leurs instruments
de topographie, de la réunion des personnes convoquées ou avisées, l'opération de
bornage est un événement local qui constitue un acte de publicité effectif.

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20- Le bornage est une enquête juridique

Cette enquête est faite par le topographe ès qualité de délégué du conservateur. Aux
termes de l'article 20 du dahir sur l'immatriculation foncière, cet agent interroge le
requérant d'immatriculation, les riverains, les opposants, les intervenants et les
titulaires de droits réels et charges foncières qui se seraient régulièrement révélés qui
font leur observations et constatations. Il constate également le fait et la durée de la
possession, ainsi que l'état des lieux et procède à toutes autres constatations et
mesures d'enquêtes utiles'. A cet égard, on peut considérer le géomètre comme le
premier "magistrat- instructeur" de l'affaire. Il dresse un procès-verbal de bornage qui
fait foi de son contenu jusqu'à preuve contraire (art 36 de l'arrêt viziriel du 03/06/1915
édictant les détails d'application du régime foncier de l'immatriculation). Si ce procès
verbal constate l'absence du requérant, la réquisition est considérée comme non
avenue et la procédure est classée sans suite (article 23 du dahir du 12 Août 1913)

D- Avis de clôture de bornage

: Après l'établissement des plans, le conservateur ordonne la publication et l'affichage, dans


les formes prescrites à l'article 18 du dahir sur l'immatriculation foncière, d'un avis portant
que, pendant un délai de deux mois qui part du jour de son insertion au bulletin officiel, les
oppositions à l'immatriculation seront reçues (article 23 du dahir sur l'immatriculation). Pour
le reste de la procédure on distingue deux cas:

- S'il n'y a pas opposition: le conservateur décide de la donner à la réquisition


d'immatriculation dès l'expiration des délais légaux. En principe c'est la décision
d'immatriculation qui prononcée si toutes les démarches sont parfaites'. suite à va être Ceux
—S'il y a opposition: le dossier est envoyé par le conservateur au tribunal de première
instance en annonçant le début de la phase judiciaire. Le conservateur ne procède à la
décision d'immatriculation qu'après purge définitive du litige juridique.
La procédure de l'immatriculation est administrative, avec toutefois des phases judicaires en
cas d'oppositions ou en cas de refus d'immatriculation

Sous section 1- La phase administrative:

Le législateur a, conformément à la philosophie du système des livres fonciers, essayé


d'éviter que la procédure d'immatriculation se déroule dans la clandestinité. Pour ce faire, il a
prévu une publicité de la procédure dés le dépôt de la réquisition. Cette publicité se réalise en
deux phases: D'abord par publication au bulletin officiel et par affichage en divers lieux d'un
extrait de la réquisition d'immatriculation; ensuite, par le bornage de la propriété à
immatriculer

A- Le dépôt de la réquisition

Le déclenchement de la procédure d'immatriculation s'opère par le dépôt de la


réquisition à la conservation foncière. Aucune condition n'est requise pour la
recevabilité de celle-ci. Certes, parmi les indications que doit contenir la déclaration
du requérant, en vertu de l'article 13 du dahir du 12 Aout 1913 tel qu'il est modifié et
complété par la loi n° 14-07, figure celle de l'origine de propriété¹. en dresse extra Or,
force est de constater que le dépôt de la réquisition est, à lui seul, considéré comme
une présomption de propriété. Ceci est conforté par le fait qu'en cas d'opposition, le
requérant n'aura pas à apporter les preuves de son droit. Il est considéré comme
défendeur²

B-Publicité de la réquisition d'immatriculation:

Cette publicité se fait par la publication de l'extrait de réquisition au bulletin officiel et


par son affichage dans divers lieux.

1- La publication au bulletin officiel : Aux termes de l'article 17 du dahir sur


l'immatriculation foncière, une fois la réquisition d'immatriculation est reçue par
la conservation foncière, et dans les dix jours de ce dépôt, le conservateur en
dresse extrait qui fera l'objet d'une publication au bulletin officiel, En effet, ce
délai de dix jours n'était auparavant que rarement respecté vu le manque du
personnel et celui des moyens
2- Les affichages: En effet, aux termes de l'article 18 du dahir du 12 Août 1913,
l'extrait de réquisition et l'avis contenant la date et l'heure de bornage' doivent être
placardés à la conservation foncière, au tribunal et au siège de la commune ainsi
C-le bornage

le bornage est le moyen le plus efficace de publicité au cours de la procédure


d'immatriculation et ce malgré le qualificatif dit "provisoire" qui lui était collé dans l'ancienne
législation. un En effet, ce qualificatif signifie que le bornage a un caractère temporaire dont
les effets vont s'éclipser après une période déterminée, toutefois, le bornage est une opération
qui préfigure le titre foncier¹. Certes, c'est un projet qu'on peut modifier en procédant à des
bornages complémentaires ou rectificatifs, mais il ne faut pas oublier qu'on l'absence
d'opposition, le bornage devient définitif

D- D- Avis de clôture de bornage

: Après l'établissement des plans, le conservateur ordonne la publication et l'affichage, dans


les formes prescrites à l'article 18 du dahir sur l'immatriculation foncière, d'un avis portant
que, pendant un délai de deux mois qui part du jour de son insertion au bulletin officiel, les
oppositions à l'immatriculation seront reçues (article 23 du dahir sur l'immatriculation). Pour
le reste de la procédure on distingue deux cas:

- S'il n'y a pas opposition: le conservateur décide de la donner à la réquisition


d'immatriculation dès l'expiration des délais légaux. En principe c'est la décision
d'immatriculation qui prononcée si toutes les démarches sont parfaites'. suite à va être Ceux
—S'il y a opposition: le dossier est envoyé par le conservateur au tribunal de première
instance en annonçant le début de la phase judiciaire. Le conservateur ne procède à la
décision d'immatriculation qu'après purge définitive du litige juridique.

E- Les oppositions pendant la phase administrative :

L'opposition est une contestation de la réquisition élevée țiers soit sur l'existence ou
l'entendue du droit de propriété du requérant ou sur les limites de la parcelle en cause, soit sur
l'exercice d'un droit réel susceptible de figurer sur le titre foncier à intervenir ou encore en cas
de contestation d'un droit publié suivant l'article 84 de la loi foncière². C'est donc le moyen
légal qui est mis à la disposition de tout intéressé pour faire valoir ses droits à l'encontre, le
plus souvent, du droit de propriété prétendu par le requérant à l'immatriculation³

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