ENTREPRISES AU SEIN
DE LA SOCIETE
PRISE DE POSITION
Le document ci-joint présente le point de vue de l’OIE, tel qu'il a été exposé
dans le document "RSE : une approche des employeurs" qui estime que la
responsabilité sociale des entreprises est constituée par «les actions d’entreprises qui
de leur plein gré intègrent des considérations sociales et environnementales dans leurs
activités et dans leurs rapports avec les parties prenantes ». Ce document tente de
refléter sans fard les vues de la communauté internationale des employeurs et, eu égard
à la grande représentativité de l’OIE, il correspond aux points de vue de très nombreux
acteurs économiques nationaux – de la petite entreprise à celle de très grande taille – et
donne la vision des organisations d’employeurs quant au rôle de l’entreprise dans la
société.
Le document répond en partie aux nombreuses questions que ce débat pose aux
entreprises et à leurs associations, et il tente également de rapprocher et de préciser les
opinions variées des différentes parties prenantes.
Il est destiné à la fois aux fédérations membres et au plus grand public intéressé
par la RSE et exprime la vision des entreprises et des organisations qui les
représentent, relativement au rôle joué par le monde économique au sein de la société.
Nous pensons qu’il constitue un apport important au débat actuel au sujet de la RSE.
RESUME SYNTHETIQUE
Les entreprises ont toujours reconnu qu'elles ont un rôle important à jouer aux côtés
d'autres acteurs dans le développement économique et social des communautés dans
lesquelles elles opèrent. Elles font partie intégrante de la société et sont engagées à opérer
de manière responsable et durable. La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est le
terme communément appliqué aux nombreuses initiatives innovantes et positives des
entreprises tant sur le marché du travail que, plus généralement, au sein de la
communauté.
Aujourd'hui, le dynamique débat sur la RSE soulève la question de la frontière entre les
responsabilités des gouvernements et le rôle que les entreprises peuvent jouer par le
biais d'actions sociales volontaires. Les acteurs sociaux attendent de plus en plus des
entreprises qu'elles comblent ce qu'ils perçoivent comme des lacunes ou des échecs de
l'État, tout spécialement en matière d'application des lois.
Cette situation entraîne un situation conflictuelle entre ce qui est attendu des
gouvernements d'une part, et des entreprises d'autre part. Ce conflit a de très larges
implications pour tous les acteurs. Tout d'abord, il déforme la RSE et sape le statut de la
législation. Ensuite, il entraîne des attentes irréalistes et irréalisables au sein de la
société. Enfin, il peut exposer les entreprises à des critiques pour ne pas répondre à ces
attentes et détourner les entreprises de leur rôle premier qui consiste à fournir les
moyens de base à la création des richesses au sein d'une société par le biais d'une activité
profitable.
Toutefois, la question de savoir comment les profits sont générés est de plus en plus
importante et la RSE est née de la nécessité de répondre à la question de la conduite des
entreprises en ce qui concerne leurs opérations et leurs interactions avec les autres.
L'obligation pour les entreprises de respecter la loi est au cœur de la relation avec la
société. D'un autre côté, la RSE est une décision prise par une entreprise pour aller au-
delà des obligations. Elle est décidée pour des raisons propres à l'entreprise et dépend
de la santé économique des entreprises et de ses besoins. Elle est donc volontaire et
variée par nature.
La législation de la plupart des pays reflète les valeurs et les principes reconnus
internationalement qui offrent un cadre de référence approprié à ce que sont les
responsabilités des entreprises. Le problème réside souvent dans l'application
insuffisante de la loi. Il appartient aux gouvernements d'assurer un cadre législatif et de
l'appliquer dans la société.
Alors que la ligne entre les activités d'un gouvernement et des entreprises n'est pas
toujours bien définie, il est important de garder à l'esprit que les gouvernements ont un
rôle précis dans la société à travers la fourniture de services – comme la santé et
l'éducation ou la redistribution des richesses et comme garant de la sécurité entre autres.
Lorsque les gouvernements échouent ou ne peuvent pas remplir leur rôle, les entreprises
peuvent estimer approprié pour leurs affaires de combler certaines lacunes par le biais
d'initiatives volontaires en matière de RSE. Toutefois, il y a des limites à ce que peut
réaliser une entreprise à travers la RSE. Les entreprises ne sont pas une alternative à un
gouvernement et la RSE n'est pas une alternative à une législation adéquate.
De même, les autres acteurs doivent aussi comprendre que la RSE a ses limites pour les
entreprises et devraient formuler leurs attentes sur des bases réalistes.
Dans ce document, l'OIE apporte une réponse des entreprises à la question de savoir où
se situe la limite des responsabilités des divers acteurs du débat sur la RSE et cherche à
clarifier le rôle que les entreprises peuvent jouer aujourd'hui au sein de la société par le
biais d'initiatives dans le domaine de la RSE.
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INTRODUCTION
Depuis quelques années, la manière de faire des bénéfices et la gestion des entreprises
retiennent de plus en plus l'attention. Le terme "responsabilité sociale de l’entreprise (RSE)"
est né de la nécessité de répondre aux questions que pose la gestion des entreprises dans leurs
activités et leur interaction avec d'autres entreprises. On peut affirmer que l’immense majorité
des entreprises sont responsables, qu’elles affectent ou non des ressources à des domaines
précis relevant de la RSE. Une attitude responsable n’est guère fonction de la taille de
l’entreprise et n’appelle aucun investissement spécifique.
Au cœur des relations des entreprises avec la société se retrouvent leurs obligations aux
termes de la loi, y compris celles qui relèvent de la gouvernance. La RSE naît cependant d'une
décision de l'entreprise d'aller au-delà de ces obligations et ne répond qu'à des impératifs liés
aux affaires.
La capacité d'une entreprise de consacrer de l’argent à des activités de RSE dépend de la santé
financière de l’entreprise et de ses besoins, quelle que soit sa taille. Se lancer dans la RSE
sans en avoir les moyens matériels ou sans perspective claire d'amélioration pour l'entreprise
signifie détourner des ressources nécessaires à la bonne santé de la compagnie ; ce ne serait
pas un comportement économiquement sain et c'est pourquoi il est essentiel que chaque
entreprise décide individuellement si son engagement dans la RSE répond à un besoin pour
elle et si elle doit ou non entreprendre de telles activités.
Le débat actuel ignore souvent ces principes fondamentaux et les réalités du fonctionnement
de l'entreprise au sein de la société. Il est trop fréquemment fait mauvais usage du vocable et
de la raison d'être de la RSE par des acteurs extérieurs au monde des affaires qui cherchent à
expliquer les lacunes dans l'application des lois et règlements et faussent le sens de la RSE et
nuisent à l’ordre juridique.
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La RSE est un des moyens pouvant servir à gérer une entreprise, lorsque cette dernière
comprend bien les différentes parties prenantes elle peut mieux diriger son développement et
son impact. Les éléments « moteurs » de la RSE sont donc nombreux et variés. Vus de
l’extérieur, ils sont aussi nombreux que les diverses activités dans le domaine de la RSE et
sont engendrés par les activités et pressions des investisseurs, des consommateurs, des
autorités publiques, des ONG, des syndicats et d'autres. Vus de l’intérieur, ils peuvent être
regroupés sous six grands titres : réputation, marque, rentabilité, efficacité, recrutement, et
compétitivité et gestion des risques qui constituent les notions déterminantes pour se lancer
dans la RSE.
Les attentes diffèrent des obligations. En effet, tous les acteurs sociaux sont tenus de respecter
les obligations qui découlent d’une législation ou d’une réglementation. Toutefois, on attend
aussi de chaque acteur qu'il agisse d'une manière conforme aux valeurs et principes de la
société en question.
Les attentes ne sont pas juridiquement contraignantes mais elles doivent être encadrées. Une
entreprise, à l’égal de tout acteur social, se trouve dans cette situation : elle doit respecter la
loi et prendre certaines mesures, répondre à une « attente » qui dépasse le cadre juridique
signifie pour l’entreprise déterminer les risques qu’elle court au cas où elle ne répondrait pas à
cette attente. C’est ici que les éléments « moteurs », évoqués plus haut, entrent en jeu, ils
contribuent à évaluer dans ce cas précis l’impact à l’intérieur de l’entreprise d’une attente
venant de l’extérieur, et justifient l’engagement de l’entreprise face à une initiative en
appelant à sa responsabilité sociale.
obligation ATTENTE
Respect de la loi Oui Oui
?
RSE Non
C'est précisément le
thème du débat
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DIVERSIFIER LA RSE
Se lancer ou non dans une initiative de RSE, on l’a déjà dit, est une décision que doit prendre
la direction compte tenu de la santé de l’entreprise et de l’int érêt du cas d’espèce ; il faut
toutefois savoir que les entreprises cotées en bourse sont souvent les premières visées par des
initiatives de RSE émanant de l’extérieur.
En fait, les entreprises cotées en bourse s’inscrivent dans un certain contexte légal qu’elles
sont tenues de respecter. Dans le cas des sociétés par actions, les dirigeants ont le devoir de
veiller à ce que leurs décisions renforcent la valeur du titre et le protègent des risques. Pour
ces entreprises, toute décision, y compris celle de se lancer dans une activité socialement
responsable, doit être prise en tenant compte avant tout de ce devoir. Les dirigeants de ces
entreprises sont redevables vis-à-vis des actionnaires, propriétaires de ces entités, ils n’ont pas
le droit d’engager des dépenses importantes si elles n’ont pas été approuvées ou si elles ne
sont pas porteuses d’une amélioration de la valeur des actions. Partant, les dirigeants peuvent
souvent être tenus d’agir avec l’aval des actionnaires ou de déterminer comment une dépense
faite au titre de la RSE est susceptible de renforcer la valeur des actions ; dans le plus clair des
cas il s’agira de raisons liées aux moteurs internes : réputation, éthique, gestion des risques ou
rentabilité et les autres déjà mentionnés. Les dirigeants doivent bien entendu trouver
l'équilibre entre le coût d'un projet de RSE et les résultats qui peuvent avoir ou non un impact
positif pour l'entreprise et sur la valeur des actions à long terme.
Les entreprises privées sans actionnaire public peuvent aussi avoir à décider s'il convient
d'accroître la valeur de l'entreprise par le biais de la RSE, mais les règles de gouvernance et de
responsabilité auxquelles elles doivent répondre peuvent leur laisser davantage le choix de
renoncer au profit si les propriétaires en décident ainsi dans la mesure où c'est eux qui
assument les risques d'une telle décision. Ceci leur permet d'agir selon des voies qui ne
s'ouvrent pas toujours aux entreprises cotées en bourse.
Cette distinction est importante lorsqu'on considère des entreprises cotées en bourse et ce que
celles-ci peuvent faire dans la mesure où dans de nombreux cas, les attentes des divers acteurs
sont tout simplement irréalistes en raison des exigences légales et des pressions liées à la
concurrence couplées au besoin de maintenir ou d'accroître la valeur des actions.
Ainsi, les entreprises cotées en bourse ne peuvent pas être vues comme un groupe homogène.
Aucune entreprise n'est identique à une autre. Pourquoi et comment une entreprise peut
considérer la RSE comme un investissement en plus des coûts normaux de fonctionnement est
une décision qui appartient à chaque entreprise individuelle et sera toujours le reflet des
circonstances et du contexte particulier dans lequel l'entreprise opère.
Les entreprises entretiennent des relations avec la communauté où elles opèrent selon des
modes et des façons diverses ; ces relations mutuelles forment une partie importante de leur
degré d’intégration et de leurs comportements sociaux. Auparavant, cette interaction se
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cantonnait essentiellement au milieu local : l’entreprise y recrutait ses salariés et y effectuait
l’essentiel des ventes et des services ; ces relations se caractérisaient par leur caractère local
et la philanthropie occupait une place importante dans les rapports avec la communauté.
D’aucunes ont été plus loin encore et ont perçu un rôle en matière d’amélioration des
conditions de travail et de développement d’une infrastructure sociale plus vaste, qui
englobait notamment le logement, l’éducation et la santé.
Les entreprises ont donc joué un rôle central dans le développement économique et social des
communautés où elles opèrent. Comme il est souligné plus haut, leurs activités sont source
d’emplois et de bénéfices et contribuent de la sorte à améliorer sensiblement la qualité de la
vie des parties prenantes. Les problèmes rencontrés dans leurs activités sont essentiellement
de nature locale et appellent une solution de la part d’acteurs locaux. Elles ne voient pas cette
interaction sociale comme une responsabilité sociale de l’entreprise mais plutôt comme une
partie des rapports qu’elles entretiennent avec la société.
Pour l’immense majorité des entreprises d’aujourd’hui, le côté local de leur engagement reste
fondamental, et cela vaut même pour un grand nombre d’opérations multinationales. Il s’agit
d’entreprises emploient localement, commercent localement et font partie de la communauté
locale. Ce fait est important lorsqu’il est question d’examiner l’impact économique et social
des compagnies multinationales.
UN ENVIRONNEMENT EVOLUTIF
la manière dont sont perçues certaines entreprises a aussi changé avec l’évolution du monde
économique ces trente dernières années, et ces entreprises ont à leur tour adapté leur façon de
réagir au sein des communautés où elles opèrent. Ce phénomène a coïncidé en grande partie
avec la multiplication du nombre des compagnies multinationales à l’échelle mondiale. Ces
entreprises sont fort diverses : d’aucunes sont de très grande taille mais il en existe d’autres,
petites, qui cherchent des opportunités à l’étranger. Toutes contribuent à l’avancée de la
technologie, à la progression des bonnes méthodes de gestion et à la création de richesses au
niveau mondial.
Le débat portant sur le rôle des entreprises dans la société cible celles d’entre elles dont le
nom est habituellement associé à une marque bien connue.
Cette attitude ne tient compte ni de l’immense majorité des entreprises, ni des réalités de leurs
activités, ni encore de leurs aptitudes, ce qui est sans doute plus grave. Des appels sont
adressés aux « entreprises », au sens large du mot, qui s’inspirent du sentiment de la majorité
de la population quant à ce que les grandes multinationales peuvent ou doivent faire pour la
société. Cette façon de procéder fausse le débat et influe négativement sur les entreprises de
moindre taille qui tentent d’accéder au marché mondial en établissant des liens avec des
multinationales.
Lorsqu’ils traitent de cette question, la plupart des détracteurs arguent que des « outils » sont
nécessaires pour que les PME deviennent des acteurs de la RSE. Tout d'abord, ils ne
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reconnaissent pas que cette capacité réside fréquemment dans la capacité même de
l’entreprise d'entreprendre des activités de RSE et, ensuite, ils font fi également du fait que,
pour nombre d’entre elles, le simple fait de répondre à certaines des attentes en matière de
RSE est dénué de sens économique. L'OIE estime que répondre à l’obligation de respecter
l’ordonnancement juridique devrait en soi suffire. Tout ce qui dépasse ce cadre doit par force
être facultatif et la décision de ne pas répondre à telle ou telle attente n’est pas et ne doit pas
être perçue comme un manquement de la part des entreprises. En revanche, l’OIE reconnaît
qu’une entreprise qui ne respecte pas la législation en vigueur agit de façon irresponsable et
qu'il est fondamental de demander des comptes aux entreprises qui ne respectent pas leurs
obligations légales.
Le niveau de développement économique et social diffère selon les pays et il est fréquent que
l’attitude de leur gouvernement face aux questions locales soit dictée par la coutume ou la
religion. Il importe de tenir compte de ces réalités lorsqu’on examine un ordonnancement
réglementaire ; une règle locale qui semble ne pas être conforme à des règles analogues de
pays industrialisés ne justifie pas que l’on omette de la respecter. La législation de la plupart
des pays reflète des valeurs et des principes internationalement reconnus qui offrent un cadre
de référence adéquat à ce que sont les responsabilités des entreprises. Le principal problème
rencontré dans bien des pays en développement est une application insuffisante de la loi,
quoique cela concerne rarement leur secteur formel. Nombreuses sont les compagnies
multinationales et les acheteurs internationaux qui, par leurs activités, aident les fournisseurs
des pays en développement à honorer leurs obligations juridiques.
Une entreprise peut aller au-delà du respect des lois et adhérer à une initiative en matière de
RSE pour des raisons variées. En cas de mise en doute de ses effets sur l’environnement, sur
le milieu social (droit du travail et droits de l’homme) ou sur l’économie, l’entreprise, dans un
premier temps, agit en vue de protéger la « valeur » (qui peut être définie comme un
accroissement des perspectives de succès pour l'entreprise et comprend les profits, la
réputation, l'image de marque, etc.). Lorsqu’une entreprise se lance dans la RSE de manière
prospective, elle le fait parce que cela revêt un sens économique et que semblable activité
peut renforcer la « valeur » et le plus fréquemment aussi parce que cela renforcera sa position
sur le marché. Il est donc nécessaire que la RSE « ajoute » quelque chose à l’activité
économique et, soit renforce, soit protège cette valeur et la position de l’entreprise.
L’entreprise, tout comme la société, n’est pas statique. La concurrence et les forces du marché
exigent une adaptation aux circonstances changeantes Cette adaptation peut signifier
l'amélioration d'un produit ou d'un service, en créer de nouveaux, ou encore en supprimer.
Des établissements peuvent ouvrir ou fermer leurs portes, grandir ou péricliter, rester dans un
pays ou le quitter. Cette dynamique de l’entreprise s’applique également aux activités en
matière de RSE dans la mesure où elles servent fréquemment à la fois d’outils de gestion, de
vecteurs à la réalisation d’objectifs économiques, ou encore à aider au changement et à
l’innovation dans l’entreprise. Les activités qui ont aujourd’hui un sens pour l’entreprise
peuvent évidemment évoluer au fil du temps et l’apport de l’entreprise en matière de RSE
peut à la longue évoluer. La RSE ne peut être considérée comme un engagement inélastique et
il convient de les situer dans un contexte qui diffère de celui où agissent les pouvoirs publics
pour ce qui touche aux problèmes environnementaux, sociaux ou économiques.
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LES QUESTIONS CONCERNANT LA FILIERE DES
APPROVISIONNEMENTS
Nombreux sont ceux qui croient que le débat actuel relatif à la RSE doit porter
essentiellement sur la mise en oeuvre par les entreprises de normes concernant l’ensemble de
leur filière de l’offre. Dans certains cas, ceci peut d’entraver l’accès de pays en
développement aux marchés mondiaux – ne toucher que les secteurs les plus prospères de
l’économie de ces pays. On risque également de rendre l’entreprise responsable de
l’application de la loi, rôle auquel elle n’est pas préparée. De nombreuses entreprises et leurs
fournisseurs oeuvrent certes en vue de garantir une offre de produits ou de services
correspondants à la législation et aux valeurs locales, mais ce n’est pas la même chose que de
les « responsabiliser » s’agissant de l’application de l’ordonnancement juridique national.
LE ROLE DE L’ENTREPRISE
Chaque entreprise est un univers différent ; on ne peut donc dire catégoriquement de quelle
façon il convient de se lancer dans la RSE. Les considérations suivantes devront être prises en
compte:
• Le rôle premier et le principal objectif d’une entreprise dans la société est de réussir
sur ses marchés et de dégager des produits, de la richesse, de l’emploi et des revenus
pour les personnes qui dépendent d’elle. Les attentes placées dans les entreprises ne
devraient jamais mettre en péril ce rôle ou s’en éloigner.
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• On ne doit toutefois pas attendre de l'entreprise qu'elle se substitue à l’État ni aux
autorités locales ; les autres acteurs doivent également veiller à ce que les attentes à
l'égard des entreprises ne diminuent pas le rôle de l'Etat. C’est dans le cadre de ce
genre d’entente et au cas par cas que les initiatives en matière de RSE peuvent
aboutir et que peut être renforcé le rôle de l’Etat - fournisseur à long terme de biens
publics et initiateur de mesures tendant à un développement durable qui tienne
compte des besoins de tous.
• Lorsque des entreprises se lancent dans une mise en valeur de grande envergure
relevant des domaines de l’infrastructure, de l’éducation ou de la santé ou encore
dans d’autres secteurs dépendant habituellement des pouvoirs publics, les activités
relatives à la RSE doivent tendre à être complémentaires de la politique et du
développement nationaux ; plutôt que d’entrer en concurrence avec les pouvoirs
publics, elles doivent compléter leur action et viser à maintenir un engagement des
pouvoirs publics pour les questions liées au long terme, par exemple : dans le cas de
la construction d’une route il faut en imp uter l’initiative aux pouvoirs publics de
façon à ce qu’ils assurent son entretien à terme.
Les entreprises doivent déterminer si une action particulière dans un contexte particulier peut
encourager le gouvernement à se désengager, notamment dans les questions liées à la santé.
Les gouvernements sont généralement davantage à même que les entreprises d'assurer la
viabilité de la santé publique et du bien-être. Les entreprises vont et viennent avec le temps et
si la viabilité n'est pas prise en charge par le gouvernement, et, si les entreprises disparaissent
ou se dissocient, les initiatives de RSE peuvent ne pas avoir d'effet à long terme et affaiblir,
voire annuler, les améliorations souhaitées.
• L’entreprise doit surveiller sans cesse l’impact de ses activités pour en garantir la
conformité juridique ou, dans les domaines où il existe un vide réglementaire, agir
de manière à ce que ses activités n’influent pas négativement sur la société. Pour bon
nombre de multinationales de grande taille, cela signifie souvent adopter, au niveau
national, des méthodes inspirées de celles préconisées dans le pays de leur siège ou
ailleurs. Pour certaines d’entre elles, rendre compte de manière volontaire de ce
qu’elles font en matière de RSE sera également vu comme un moyen utile d’assurer
la transparence de leur impact. Toutefois, tout comme les initiatives en matière de
RSE elles- mêmes, la manière dont les entreprises rendent compte ou donnent des
informations sur leurs activités en matière de RSE et même tout simplement al
décision de le faire devrait rester une prérogative des seules entreprises.
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• L’entreprise doit répertorier les vraies parties prenantes ; il est fréquent qu’elle soit
en butte à des demandes émanant d’organismes qui n’en sont pas et ne représentent
rien pour son secteur d’activité. S’occuper des parties prenantes appelle une
concentration des engagements à l’endroit de celles avec lesquelles l’entreprise
entretient des relations et dont les attentes revêtent une importance pour ses activités.
Trop souvent, les initiatives de RSE sont un insuccès ou sont diluées du fait
d’engagements extérieurs vis-à-vis d’acteurs étrangers.
• Les gouvernements ont un rôle à jouer dans la promotion et l’adoption par les
entreprises de méthodes et de comportements responsables de manière à rehausser
l’impact de l’action gouvernementale dans divers domaines. Par ailleurs, cette
démarche ne doit pas être porteuse d’une obligation, voire d’une attente, à l’endroit
du secteur privé qui serait tenu de se substituer à terme aux pouvoirs publics dans la
réalisation d’objectifs sociaux.
• D'autres acteurs ont un rôle à jouer pour que les entreprises qui souhaitent s'engager
dans des initiatives de RSE puissent compter sur des partenariats constructifs afin de
maximiser les bénéfices de ces initiatives pour la société
• D'autres acteurs doivent comprendre que la RSE a ses limites pour les entreprises et
formuler leurs attentes en conséquence.
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L’OIE
Le présent document décrit le cadre dans lequel l’OIE poursuivra ses activités avec ses
membres et les entreprises en vue de traiter leurs problèmes de RSE de façon pratique.
• Elle soutient ses membres dans les débats nationaux relatifs à la RSE et leur offre
conseils et assistance pour mettre en place leurs initiatives dans ce domaine.
• L’OIE appuie le rôle que joue l’OIT en vue de renforcer la capacité des
gouvernements à appliquer et à mettre en œuvre la législation nationale.
• Grâce à son groupe de travail chargé de la RSE l’OIE peut conseiller ses membres
dans ce domaine en voyant les questions sous l’angle international et en les tenant
informés de leur évolution.
• L'OIE sera guidée par son document intitulé "RSE : une approche des employeurs" et
continuera à promouvoir la nature volontaire de la RSE : elle s'opposera aux initiatives
qui, par le biais de la conditionnalité ou d'autres mécanismes cherchent à imposer la
RSE aux entreprises.
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ORGANISATION INTERNATIONALE DES EMPLOYEURS (OIE)
26, chemin de Joinville
1216 Cointrin / Genève
Suisse
Téléphone : +4122 929 00 00
Fax : +4122 929 00 01
E- mail : ioe@ioe-emp.org
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