L’argumentateur invoque des valeurs qui correspondent à ce qui est beau ou bien
pour une société donnée, par exemple : le Vrai, la Justice, la Liberté, la Solidarité,
l’Honnêteté.
"Ils changent très fréquemment de femmes, ce qui est un signe très vrai de
sauvagerie. Ils ignorent de toute évidence la noblesse et l'élévation du beau
sacrement de mariage". Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid,
1992, Éd. Presses Pocket.
Le comportement des Indiens illustre, pour l’Inquisition, l’argumentation sur les
valeurs.
LE RECOURS À L'ANALOGIE
L’argumentateur s'appuie sur le bon sens pour faire admettre la thèse qu’il défend.
Il cite un proverbe, une maxime, une idée partagée unanimement.
"Ismène. - Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui dans la ville". Jean Anouilh,
Antigone, 1946, Éd. de La Table Ronde.
« Ils pensent tous comme lui » vient appuyer l’argumentation.
- EXERCICES D'APPLICATION :
Exercice 1 : Quel type d'arguments
Les Lettres persanes développent les thèses politiques de Montesquieu. Dégagez
dans l’extrait la thèse, l’argument, l’illustration. De quel type d’argument s’agit-
il ?
La douceur du gouvernement contribue mer-veilleusement à la propagation de
l'Espèce. Toutes les républiques en sont une preuve constante, et, plus que toutes,
la Suisse et la Hollande, qui sont les deux plus mauvais pays de l'Europe, si l'on
considère la nature du terrain, et qui cependant sont les plus peuplés.
Montesquieu, Lettres persanes, 1721.
Exercice 2 : Distinguer des arguments
Devant la confusion, Théophile Gautier oppose un effort de distinction logique.
Contre quel amalgame s’insurge-t-il ?
Quelle distinction Gautier affirme-t-il ? Quel type d’argument achève le
développement ?
Il est aussi absurde de dire qu'un homme est un ivrogne parce qu'il décrit une
orgie, un débauché parce qu'il raconte une débauche que de prétendre qu'un
homme est vertueux parce qu'il a fait un livre de morale ; tous les jours on voit le
contraire. - C'est le personna-ge qui parle et non l'auteur ; son héros est athée, cela
ne veut pas dire qu'il soit athée ; il fait agir et parler les brigands en brigands, il
n'est pas pour cela un brigand. À ce compte, il faudrait guillotiner Shakespeare,
Corneille et tous les tragiques ; ils ont plus commis de meurtres que Mandrin et
Cartouche. Théophile Gautier, Préface à Mademoiselle de Maupin, 1835.
Exercice 3 : critiquer des arguments
Module /Compréhension et expression écrite Prof /Dr. Yamouna Salma BELDJOUDI
Précurseur des Lumières, Pierre Bayle réfléchit sur les faiblesses de la tradition.
De quel type d’argument, trop souvent mal utilisé, fait-il ici la critique ?
Il paraît de là que les savants font quelquefois une aussi méchante caution que le
peuple, et qu'une tradition fortifiée de leur témoignage n'est pas pour cela exempte
de fausseté. Il ne faut donc pas que le nom et le titre de savant nous en imposent.
Pierre Bayle, Pensées diverses sur la comète, 1682.
Exercice 4 : A quel argument recourir ?
Face aux partisans des Anciens, qui suivent ce que l’Antiquité a légué, Saint-
Évremond, partisan des Modernes, opère une distinction.
En quoi consiste-t-elle ?
À quel autre argument a- t -il recouru ensuite ?
Je sais qu'il y a de certaines règles éternelles, pour être fondées sur un bon sens,
sur une raison ferme et solide, qui subsistera tou-jours ; mais il en est peu qui
portent le carac-tère de cette raison incorruptible. Celles qui regardaient les
mœurs, les affaires, les coutumes des vieux Grecs, ne nous touchent guère
aujourd'hui. Saint-Évremond, Sur les poèmes des Anciens, 1686.
Exercice 5 : Développer une thèse
Avant de présenter sa philosophie, Descartes affirme la nécessité de penser par
soi-même.
Dites à quoi correspondent les deux para-graphes suivants sur le plan de
l’argumentation.
Rédigez vous-même un court texte dévelop-pant la thèse contraire : a) en
affirmant la thèse ; b) en utilisant un exemple ; c) en ayant recours à la distinction.
L'une des premières [pensées] fut que je m'avisai de considérer que souvent il n'y
a pas tant de perfection dans les ouvrages com-posés de plusieurs pièces, et faits
de la main de divers maîtres, qu'en ceux auxquels un seul a travaillé.
Ainsi voit-on que les bâtiments qu'un seul architecte a entrepris et achevés ont
coutume d'être plus beaux et mieux ordonnés que ceux que plusieurs ont tâché de
raccommoder, en faisant servir de vieilles murailles qui avaient été bâties à
d'autres fins. René Descartes, Discours de la méthode, 1637.
soutenue, les arguments et les illustrations, ainsi que les liens logiques qui
structurent le raisonnement.
LA RECHERCHE DE LA SITUATION D'ARGUMENTATION
On appelle thèse du texte l’opinion défendue par l’auteur. La thèse peut être
explicite et exprimée clairement, ou implicite lorsqu’elle est sous-entendue.
"Le droit d’esclavage est nul, non seulement parce qu'il est illé-gitime, mais parce
qu'il est absurde et ne signifie rien. Ces mots, esclavage, et droit, sont
contradictoires." Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social, 1762.
L’auteur affirme explicitement son refus de l’esclavage, répétant la thèse qu’il
défend afin de mieux convaincre son lecteur.
L'ÉTUDE DE L'ORGANISATION DU DISCOURS
et des cieux : il gardera sa douceur et ne perdra que son amertume. Heureux ceux
qui aiment la nature : ils la trouveront, et trouveront seulement elle, au jour de
l'adversité.
François-René de Chateaubriand, Essai sur les révolutions, 1797.
Exercice 4 : arguments, lexique et images
Guy de Maupassant s’élève vigoureusement contre la construction de la tour
Eiffel et expri-me son mécontentement dans les journaux.
Relevez les arguments avancés par l’auteur pour justifier son jugement.
Relevez les mots utilisés pour désigner la tour et classez-les en fonction de leur
champ lexical.
Quel est le rôle de l’image, des comparaisons et métaphores, dans ce texte
argumentatif ?
Sur le modèle de Maupassant et en utilisant les mêmes procédés, défendez la thèse
selon laquelle la tour Eiffel est une œuvre d’art qui fait rêver.
Depuis un mois, tous les journaux illustrés nous présentent l'image affreuse et
fantas-tique d'une tour de fer de trois cents mètres qui s'élèvera sur Paris comme
une come unique et gigantesque.
Ce monstre poursuit les yeux à la façon d'un cauchemar, hante l'esprit, effraie
d'avance les pauvres gens naïfs qui ont conservé le goût de l'architecture artiste,
de la ligne et des pro-portions.
Cette pointe de fonte épouvantable n'est curieuse que par sa hauteur. Les femmes
colosses ne nous suffisent plus ! Après les phé-nomènes de chair, voici les
phénomènes de fer. Cela n'est ni beau, ni gracieux, ni élégant, - c'est grand, voilà
tout. On dirait l'entreprise diabolique d'un chaudronnier atteint du délire des
grandeurs.
Pourquoi cette tour ? Pour étonner ? Pour étonner qui ? Les imbé-ciles. On a
donc oublié que le mot art signifie quelque chose.
Guy de Maupassant, « La tour... Prends garde », Gil Blas , 19 octobre 1886.
- EXERCICES D'APPLICATION
Exercice 1 : identifier le thème
Repérez le thème de ces lignes qui ouvrent un chapitre des Essais.
"Celui me semble avoir très bien conçu la for-ce de la coutume, qui premier
forgea ce conte, qu'une femme de village, ayant appris de caresser et porter entre
ses bras un veau dès l'heure de sa naissance, et continuant toujours à ce faire,
gagna cela par l'accoutumance, que tout grand bœuf qu'il était, elle le portait
encore." Montaigne, Essais, livre 1, 1580.
Exercice 2 : reconnaître la thèse
Montaigne a des idées pédagogiques origi-nales. Quelle thèse soutient-il dans ces
lignes ?
Lisette. - Un mois ! c'est toujours autant de pris. Je connais une dame qui n'a
gardé son mari que deux jours ; c'est cela qui est piquant.
La Marquise. - J'ai tout perdu, vous dis-je. Lisette. - Tout perdu ! Vous me faites
trem-bler : est-ce que tous les hommes sont morts ?" Marivaux, La Seconde
Surprise de l'amour, 1727.
Exercice 5 : thèse et arguments
Dans Intermezzo, un inspecteur s’oppose à la pédagogie d’une jeune institutrice
qui fait cours au milieu de la nature : le plafond de la salle de classe, c’est le ciel
bleu. Identifiez la thèse et l’argument de l’inspecteur.
"Le plafond, dans l'enseignement, doit être compris de façon à faire ressortir la
taille de l'adulte vis-à-vis de la taille de l'enfant. Un maître qui adopte le plein air
avoue qu'il est plus petit que l'arbre, moins corpulent que le bœuf, moins mobile
que l'abeille, et sacrifie la meilleure preuve de sa dignité." Jean Giraudoux,
Intermezzo, Acte I, scène 6, 1933, Éd. Grasset.