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16 01 2026

Chère Camarade,
Tenant compte des principes démocratiques, progressistes et humanistes qui nous unissent
et des valeurs de coopération, d'ouverture et de transparence qui caractérisent nous
échanges, je vous adresse ce courrier en réaction au dépôt d’une proposition de résolution
par le groupe de la Gauche et une seconde par le Groupe Renew Europe concernant « La
situation du journalisme au Maroc et en particulier le cas de Omar Radi ».
Tout d’abord, permettez-moi chère camarade de rappeler le contexte de renforcement des
relations entre le Maroc et l’Union Européenne notamment dans la suite des multiples
visites de hauts responsables européens dans différents domaines de coopération.
Cependant, alors que le Maroc mobilise tous les moyens nécessaires (législatifs, budgétaires,
de gouvernance) pour renforcer ce partenariat, nous constatons un acharnement de certains
parlementaires aux agendas spécifiques pour nuire à nos relations bilatérales.
Ainsi, aussi bien la proposition verbale du groupe « Gauche » que la proposition écrite du
groupe « Renew Europe » démontrent une réelle méconnaissance de la situation de la
liberté de la presse au Maroc.
Je me permets donc de vous apporter des éléments d’explications, lesquels éléments – je le
précise- sont recueillis auprès de nos camarades militants au sein d’associations des
journalistes et des patrons de presse ainsi qu’auprès du Conseil National de la Presse
(organisme indépendant, président par le camarade Younes Moujahid membre du bureau
politique de l’USFP et ex-détenu politique pendant les années de plomb). Il en ressort ce qui
suit pour le cas spécifique de Monsieur Omar Radi (objet de la résolution) :
i. Mr. Omar Radi est un journaliste ayant exercé depuis de nombreuses années tout à
fait librement sans jamais avoir été inquiété de quelque façon que ce soit dans le
cadre de son travail ou de ses activités.
ii. Il a été effectivement condamné à plusieurs reprises pour différents motifs :
o Le 17 mars 2020, condamnation à 4 mois de prison avec sursis et à une
amende de 500 dirhams pour outrage à Magistrat ;
o Le 05 août 2021, condamnation à 03 mois de prison avec sursis et à 1000
dirhams d’amende pour violence, insultes et enregistrement vidéo d’autrui
sans consentement ;
o Le 19 juillet 2021, condamnation par la Chambre criminelle de la Cour d’Appel
de Casablanca à six ans de prison fermes assorties d’une amende de 200 000
dirhams, pour viol et atteinte à la sécurité intérieure de l’État dans deux
affaires instruites séparément mais jugées ensemble. Sa condamnation a été
prononcée à l’issue d’un procès équitable durant lequel tous les droits de la
défense ont été garantis et ce conformément aux dispositions du Pacte
International relatif aux Droits Civils et Politique auquel le Maroc est parti.
L’audience d’appel du 03 mars 2022 a confirmé la peine prononcée en
première instance.
Nous considérons ainsi, que les allégations tendancieuses selon lesquelles les autorités
marocaines instrumentalisent le droit commun pour restreindre l’espace d’expression et des
libertés sont dénuées de fondement et témoignent d’une méconnaissance de la réalité
politique du Maroc.
En effet, au-delà même de l’abolition en 2019 du ministère de la communication, l’Etat
n’exerce plus de tutelle sur les médias et ce conformément à la Constitution de 2011. Dans
ce cadre et depuis la réforme du Code de la Presse en 2017 ainsi que l’institution du Conseil
National de la Presse en 2018, les journalistes bénéficient d’un environnement propice à
l’exercice de leur profession en toute liberté.
De plus, j’attire votre attention sur un fait grave que sous-entend ce projet de résolution, à
savoir une remise en question de la parole de la victime du viol uniquement parce que
l’agresseur est un journaliste connu. En effet, certaines associations et les parlementaires
qui sont derrière ce projet de résolution choisissent de donner du crédit à la parole d’un
homme parce qu’il est connu et jouit d’un certain statut-social, au détriment de la parole de
sa victime. Ce genre de pratiques sont malheureusement légion dans certains partis qui se
disent de Gauche. Mais j’espère que nos camarades socialistes et démocrates sauront faire
la part des choses et défendre les droits des victimes de viol pour encourager les femmes
et les jeunes filles à sortir du silence et à s’affranchir du dictat patriarcal qui donne
toujours raison à l’homme.
Enfin, une éventuelle résolution qui remet en cause une décision de justice dans une affaire
de droit commun serait difficile à comprendre pour l’opinion publique marocaine et les
décideurs politiques et mettrait à mal la coopération entre l’UE et le Maroc dans ce domaine
précis. En effet, un des domaines d’accompagnement de l’UE au Maroc est celui de la justice
pour renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire. Comment donc devrions nous
interpréter cet appel de certains parlementaires européen à enfreindre les décisions de
justice ?
Par ailleurs, nous sommes comme vous témoins de sérieuses limitations de l’espace de
liberté ainsi que de mise sous-tutelle du pouvoir judiciaire dans plusieurs pays du pourtour
méditerranéens qui malheureusement n’intéressent apparemment pas les parlementaires
européens.
Le Maroc étant de loin le pays le plus sûr, le plus progressiste et le plus avancé sur le
processus démocratique et en matière de respect des droits et libertés au sud de la
Méditerranée, nous souhaitons que nos camarades progressistes et socio-démocrates
œuvrent pour que nous puissions travailler ensemble pour renforcer le partenariat UE-
Maroc au lieu de le fragiliser. De notre point de vue, la première étape serait donc de voter
contre ces résolutions.
Chère camarade, un courrier ne saurait expliquer tout le champ politique marocain ni
exposer tout l’arsenal législatif en place pour la protection des droits et libertés et
principalement la liberté d’expression. Pour cela, nous restons à votre disposition pour de
plus amples informations et sommes ouverts à tout cadre que vous jugerez adéquat pour
échanger entre parlementaires progressistes, socialistes et démocrates sur le modèle de
développement et le processus démocratique marocain. Notre objectif étant de rapprocher
les points de vue et les positions et de lever les malentendus notamment en ces temps de
grandes incertitudes et de crises.

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